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‘Nous t’aimions avant même ta naissance’Réveillez-vous ! 1984 | 8 octobre
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comme le sont Carlo et Fiorella, des parents qui aiment leurs enfants au point d’être prêts à mourir pour eux (Jean 15:13). Les journaux ont signalé que de tels parents avaient refusé que des médecins administrent à leurs enfants des transfusions de sang. Pourquoi donc? On ne peut les accuser de dureté, car à l’évidence il s’agit de parents aimants.
Dans nombre de cas, les tribunaux ont été appelés à se prononcer sur des affaires qui concernent les droits des parents. Cela peut avoir une incidence sur la façon dont vous prenez soin de vos enfants, des enfants que vous devez avoir aimés, même avant leur naissance. En réfléchissant sur ces points, sans doute lirez-vous avec beaucoup d’intérêt l’article suivant.
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Des parents aimants ou cruels?Réveillez-vous ! 1984 | 8 octobre
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Des parents aimants ou cruels?
LA QUESTION des droits des parents sur les soins médicaux destinés à leurs enfants a été soulevée dans de nombreux pays. Un cas en particulier retiendra notre attention, celui de Giuseppe et Consiglia Oneda, un couple de Sarroch, une petite ville proche de Cagliari, en Sardaigne.
Peut-être connaissez-vous déjà la triste aventure qu’ils ont vécue, car elle a fait le tour du globe. Ce périodiquea et d’autres médias en ont souvent parlé.
Une maladie mortelle
Isabella, la petite fille des Oneda était atteinte d’un mal redoutable, la thalassémie majeure [ou maladie de Cooley], une affection du sang qui est héréditaire et pour laquelle on ne connaît pas de moyen de guérison. Cette maladie est mortelle. Dans certains cas, des transfusions de sang peuvent repousser pendant quelques années l’issue fatale, mais les autorités médicales reconnaissent l’absence de guérison véritable. Ainsi, on lit dans l’ouvrage Principles of Internal Medicine (Principes de médecine interne), édition de 1980: “Les patients atteints de thalassémie majeure [Bêta] ont une espérance de vie réduite. Il est rare pour un malade atteint de la forme la plus grave de cette maladie d’arriver à l’âge adulte.” Dans des cas gravissimes, comme celui d’Isabella, la mort survient généralement au cours des trois premières années de vie. Qu’auriez-vous fait si votre enfant avait été atteint d’une telle maladie?
Bien que Giuseppe et Consiglia aient connu le caractère inéluctable de la mort d’Isabella, ils l’amenaient dans une clinique de Cagliari où on administrait périodiquement à l’enfant des transfusions de sang. Si cette thérapeutique la soulageait de façon temporaire, elle n’était pas sans poser de problèmes. En effet, les transfusions provoquaient une surcharge en fer. Une publication médicale, Clinical Hematology (Hématologie clinique), dans son édition de 1981, reconnaît que ‘la plupart des patients atteints de thalassémie majeure’ qui sont régulièrement transfusés ‘meurent de complications dues à une surcharge en fer’. Ce texte médical admet que “plusieurs des méthodes thérapeutiques décrites sont peu commodes pour une utilisation à grande échelle. Le coût habituel du traitement [le plus efficace] pour un patient est de l’ordre d’environ 40 000 francs français par an”.
Des médecins présentent avec optimisme la possibilité de procurer une existence normale à des enfants atteints de thalassémie. Cela n’a rien de surprenant, car qui aime admettre l’absence de tout espoir, surtout lorsqu’un médecin a un patient qui se repose sur lui pour entretenir cet espoir? Malgré tout, il est des maladies incurables, au nombre desquelles figure la thalassémie majeure. Des opinions contradictoires peuvent être émises sur la valeur d’une thérapie et même sur les résultats des différents traitements, mais aucun d’eux ne provoque une réelle guérison.
La médecine ne peut non plus garantir qu’un enfant aussi gravement atteint que la petite Isabella survive de nombreuses années, même s’il reçoit des transfusions de sang. Les statistiques sur la thalassémie majeure révèlent la vérité telle qu’elle est. On ne peut la nier. Ainsi, la revue Minerva Medica (72, 1981, pages 662 à 670) a présenté des tableaux dressés par l’ISTAT (l’Institut italien de la statistique); on y apprenait que sur 147 enfants morts de cette maladie en 1976, 35 sont morts au cours des quatre premières années de leur vie.
Pourquoi qualifier de “meurtriers” des parents aimants?
L’article d’introduction nous a montré comment un couple d’Italie a goûté à un plus grand bonheur familial en étudiant la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Giuseppe et Consiglia Oneda ont vécu la même expérience; elle a pris encore plus de sens lorsqu’ils ont appris cette assurance donnée par Jésus: Celui qui est approuvé par Dieu, “même s’il meurt, viendra à la vie”. (Jean 11:25.) Il n’était pas du ressort des médecins d’assurer la vie et la santé à Isabella, mais le Fils de Dieu, lui, en a le pouvoir.
Lorsqu’au cours de l’été 1979 les Oneda prirent la décision de devenir Témoins de Jéhovah, ils firent connaître aux médecins d’une clinique de médecine infantile de Cagliari leur refus de voir administrer des transfusions de sang à Isabella. Sur la base des Écritures, ils avaient appris que Dieu a ordonné aux apôtres et aux chrétiens fidèles de ‘s’abstenir de sang’. (Actes 15:28, 29; voir aussi Genèse 9:3, 4.) À la suite de quoi les médecins saisirent de l’affaire le tribunal pour enfants. Cette juridiction ordonna aux parents de faire administrer du sang à leur enfant et elle enjoignit aux médecins de s’assurer que les transfusions de sang étaient administrées régulièrement.
Pendant toute cette période, alors que les Oneda consultaient d’autres médecins pour trouver des thérapeutiques de remplacement, leur fille fut enlevée de force et reçut du sang. Toujours est-il que la maladie s’aggrava. L’état des organes vitaux d’Isabella empira progressivement. Au mois de mars 1980, les médecins arrêtèrent les transfusions. Cette interruption allait durer plusieurs mois. Pourquoi négligèrent-ils de s’acquitter de l’injonction du tribunal? Le mystère reste entier et jusqu’à ce jour les autorités n’ont pas tenté de l’élucider.
Au cours de ces mois-là, les Oneda firent tout ce qui était en leur pouvoir pour leur petite fille; ils se procurèrent un traitement que l’enfant pouvait suivre à la maison et, en dépit de leurs ressources limitées, ils lui donnèrent la meilleure alimentation qu’ils pouvaient trouver. Ils ne perdirent jamais espoir et écrivirent même à des spécialistes en Allemagne, en France et en Suisse.
Fin juin, l’état d’Isabella connut une brusque aggravation, sans doute en raison d’une infection des bronches qui peut être fatale chez les enfants atteints de thalassémie majeure. À ce degré ultime de la maladie, la police vint une nouvelle fois pour conduire l’enfant à la clinique où elle mourut tandis qu’on lui administrait de force une transfusion de sang.
Imaginez-vous la tristesse et le sentiment de perte que les Oneda ressentirent ce 2 juillet, même s’ils connaissaient le caractère fatal de la maladie de leur enfant âgée de deux ans et demi. Mais autre chose allait venir s’ajouter à leur chagrin. Trois jours plus tard, le 5 juillet 1980, deux carabiniers vinrent les arrêter chez des amis. Ils eurent juste le temps de confier Ester, leur deuxième enfant, âgée de trois mois, à des amis.
On les conduisit à la prison de Cagliari, appelée Le Droit Chemin (quelle ironie!), l’un des plus infâmes lieux de détention de toute l’Italie. Ils furent enfermés dans deux cellules éloignées l’une de l’autre.
Comment pouvait-on les accuser de meurtre?
Ce couple de condition modeste est resté enfermé pendant vingt mois, puis un procès s’est tenu. Le 10 mars 1982, la cour d’assises de Cagliari a rendu public son scandaleux verdict: La cour tenait Giuseppe et Consiglia Oneda pour coupables de meurtre avec préméditation. Quelle fut la peine requise? Quatorze ans d’emprisonnement, soit une sanction plus lourde que celle infligée à de nombreux terroristes.
Vous comprendrez aisément pourquoi ce jugement fit sensation en Italie et pourquoi il fut réprouvé par de nombreux juristes. Les Oneda interjetèrent appel, mais le 13 décembre 1982, la cour d’appel de Cagliari entérina le précédent jugement. Tout ce qu’elle fit fut de ramener la condamnation à neuf ans en prétendant que les Oneda bénéficiaient de circonstances atténuantes pour ‘avoir agi avec des mobiles relevant d’une morale exigeante’.
Il restait un unique recours devant des tribunaux humains: le pourvoi en cassation devant la juridiction suprême. Le 8 juillet 1983, Giuseppe Oneda fut mis en liberté surveillée, trois années de prison ayant dangereusement miné sa santé. Quant à Consiglia, elle restait en prison.
La Cour de cassation
Cette cour qui siège à Rome est la juridiction suprême de la justice italienne. Elle juge les questions relatives à l’application et à l’interprétation de la loi, se livre à un nouvel examen des jugements rendus par des tribunaux de moindre importance, lorsqu’un recours a été formé. Si la Cour de cassation détermine que la loi n’a pas été respectée ou qu’elle a été appliquée à tort, elle détient le pouvoir d’annuler le jugement précédent et celui de désigner un autre tribunal chargé du réexamen de l’affaire. En la circonstance, l’affaire Oneda a été entendue le 13 décembre 1983.
La Cour de cassation annule peu souvent les jugements qui lui sont soumis. De plus, les verdicts précédents, tous deux défavorables, auraient un poids considérable. Dans ce cas, y avait-il un espoir pour les Oneda d’être reconnus comme des parents attentionnés, ce qu’ils sont dans la réalité?
Les événements prennent une tournure spectaculaire
Laissez-nous vous décrire cette journée passée au tribunal: Après un préambule dit par l’un des cinq juges rapporteurs qui retraça les points saillants de l’affaire, la parole fut donnée à l’accusation.
L’avocat général est particulièrement redoutable pour la défense, car il est très difficile de faire annuler ses requêtes. Et en la circonstance, l’avocat général était un juriste éprouvé qui avait tenu ce rôle dans bon nombre de causes célèbres. Qu’allait-il donc dire?
Chose surprenante, il demanda: “D’après les faits mis en lumière lors du procès, la mère ou le père de l’enfant ont-ils manifesté à un moment quelconque le désir de voir mourir leur enfant? Le tribunal de Cagliari a-t-il donné une réponse approfondie à cette question?” Le juge ajouta: “Le tribunal pour enfants a laissé aux parents la garde de leur petite fille parce qu’il les tenait pour des parents aimants et considérait que l’environnement familial était ce qu’il y avait de mieux pour l’enfant.” Puis il fit remarquer que ‘les juges, les experts et les sociologues concernés avaient été les mieux placés pour déterminer si les parents méritaient d’avoir la garde de leur enfant’.
Que dire de la plainte selon laquelle les Oneda avaient causé intentionnellement la mort de leur enfant? L’avocat général poursuivit en ces termes: “Chez les parents, on ne relève aucun indice dans le comportement ni la moindre trace de preuve nous permettant de parler tranquillement d’intention criminelle. (...) Pour cette raison, nous estimons que les juges de Cagliari n’ont pas fourni de réponse satisfaisante à ces questions.”
L’avocat général soumit ensuite cette requête étonnante: “En conséquence, je demande à la cour de casser le verdict sur ce point: la préméditation ou l’intention criminelle.”
En effet, rien ne prouvait l’intention criminelle. Cela signifiait que les Oneda n’étaient pas des homicides volontaires. En outre, l’avocat général réclamait l’annulation pure et simple du précédent jugement.
La cour entendit ensuite les avocats de la défense, des juristes connus dans tout le pays. Ils soulignèrent les incohérences de la procédure du tribunal qui avait statué sur l’affaire et l’absurdité des jugements prononcés.
La cour se retira. Après quoi le président du tribunal donna lecture de la décision de la cour: Le jugement précédent était cassé et l’affaire était renvoyée pour un nouvel examen devant la cour d’appel de Rome qui se prononce sur les jugements d’assises.
Lors de l’énoncé des motifs qui dictaient sa décision, la Cour de cassation fit ressortir entre autres choses les défaillances graves de la clinique de médecine infantile et des autres institutions de services publics. ‘Sans aucun doute (...) les institutions des services publics ont révélé des carences graves; (...) après leur action préliminaire (...) elles ont montré un total manque d’intérêt, en dépit de la requête explicite formulée en vue de trouver une solution permanente et définitive au problème posé par les croyances idéologiques de l’accusé.’ Voilà la décision de la Cour de cassation, à la page 30 du compte rendu.
Enfin réunis
Consiglia Oneda a été maintenant libérée à l’expiration de sa détention préventive. Après une épreuve qui aura duré trois ans et demi, les Oneda sont finalement réunis. Giuseppe et Consiglia connaissent la joie d’être ensemble et de donner à leur petite Ester des soins pleins d’amour. Laissons-les nous raconter ce qu’ils ont vécu:
Giuseppe: “Nous nous sommes mariés en 1976 et Isabella est née un an plus tard. Nous avions attendu avec impatience sa naissance, mais peu après nous avons pris conscience qu’il se passait quelque chose. Isabella était blême et maladive. À six mois, les médecins ont décelé le terrible mal qui allait l’emporter. Vous imaginez quelle fut notre tristesse quand nous avons appris ce diagnostic fatal.”
Consiglia: “Bien entendu, nous nous sommes attachés encore plus à notre bébé. Je pense que c’est la réaction normale de tous les parents envers un enfant faible qui souffre d’une maladie mortelle. Tout de suite, nous avons fait hospitaliser Isabella dans une clinique de médecine infantile où on lui a administré des transfusions de sang. Néanmoins son état a empiré. Je me souviens qu’après avoir reçu des transfusions pendant une année elle avait un ventre énormément gonflé. Son foie et sa rate avaient augmenté de volume. Elle souffrait beaucoup quand on la transfusait. Une fois, il fallut une heure aux médecins pour trouver une veine; ma petite fille hurla de douleur pendant tout ce temps.”
Giuseppe: “Pendant ces tristes moments, nous avons puisé un réconfort véritable dans notre étude de la Bible. Nous avons été particulièrement frappés par la promesse contenue en Révélation 21:4, selon laquelle Dieu essuiera bientôt les larmes de douleur de ceux qui souffrent et fera aussi disparaître la mort.”
Consiglia: “Pour nous, cela signifiait que grâce à la résurrection nous pourrions retrouver Isabella en bonne santé, même si elle devait mourir, cette issue paraissant malheureusement inévitable. Alors, lorsque nous avons appris dans la Bible le commandement de Dieu ordonnant de s’abstenir de sang [Actes 15:20; 21:25], nous avons pris la décision...”
Giuseppe: “de respecter les principes bibliques. C’était pour nous la seule manière d’espérer retrouver Isabella en bonne santé le jour où Dieu la ressuscitera d’entre les morts. Nous nous rendions compte que les transfusions ne provoquaient pas la rémission de la maladie, nous savions aussi qu’en Sardaigne beaucoup d’enfants mouraient précocement de cette maladie, malgré les transfusions. Par ailleurs, nous avons appris que bon nombre de parents dont les enfants avaient subi des transfusions pendant des mois sans laisser apparaître d’améliorations, ces parents avaient préféré garder chez eux leurs enfants malades en ayant recours à des traitements moins traumatisants et moins douloureux.”
Consiglia: “Comment pouvions-nous refuser la seule possibilité de retrouver Isabella en bonne santé, une perspective basée sur la promesse divine? De ce que nous avions lu au sujet des résultats de ce traitement médical, nous avons compris que les transfusions n’étaient pas une bonne chose. Nous avons appris qu’elles provoquaient souvent des lésions mortelles.”
Giuseppe: “Aussi avons-nous fait connaître notre décision aux médecins, et de là toute l’histoire a commencé.”
Consiglia: “Isabella était très sensible, affectueuse et intelligente.”
Giuseppe: “Elle avait à peine plus de deux ans; pourtant elle savait bien des choses sur le livre Recueil d’histoires bibliques. Elle connaissait le nom de Dieu, Jéhovah. Elle était capable de reconnaître et de commenter des illustrations correspondant aux personnages des histoires de la Bible.”
Consiglia: “C’est un sentiment terrible pour une mère de n’avoir pu donner la santé à son enfant. Ma fille Ester me rappelle tant Isabella. À présent, je veux donner à cette enfant en bonne santé tout l’amour que j’aurais aimé donner à Isabella. Je suis heureuse d’être de retour dans ma famille et parmi mes frères et sœurs chrétiens qui nous témoignent tant d’amour. Je n’oublierai jamais les trois ans et demi passés en prison, y compris le jour où ma compagne de cellule a tenté de se suicider par désespoir. Bien que j’aie été en mesure de lui sauver la vie, ce furent des moments dramatiques. Toutefois, cela m’a aidée à me reposer davantage sur Jéhovah Dieu.”
Giuseppe: “Mes compagnons de cellule ont fait tout leur possible pour briser mon intégrité chrétienne, en ayant recours à la violence, aux pratiques homosexuelles et à d’autres formes de corruption. Ma plus grande crainte était de perdre mon intégrité et la possibilité de connaître le bonheur dans le nouveau système de choses de Dieu. Parfois, il m’est arrivé de céder au désespoir, par exemple lorsque la cour d’appel a confirmé la condamnation. Dans ces moments-là, j’aurais voulu n’avoir jamais vu le jour. Malgré cela, j’ai reçu un réconfort de Jéhovah lors de prières ferventes. Je suis aussi reconnaissant à Dieu d’avoir inclus le livre de Job dans la Bible, car j’ai pu établir des comparaisons entre le sort de cet homme et le mien. Bien sûr, Dieu a répondu à Job en lui donnant la force d’endurer l’épreuve et de trouver ‘l’issue’.” — I Corinthiens 10:13.
“Même dans les plus tristes moments du cauchemar de mon emprisonnement, Jéhovah demeura mon unique point de repère. [I Jean 1:5.] Par ailleurs, les lettres de mes compagnons chrétiens de nombreux pays furent pour moi une source de grand réconfort. Leur intérêt plein d’amour était la confirmation que Dieu ne nous abandonne pas. Des passages comme Romains 1:12 et Marc 13:13 m’ont aidé à tenir bon. Je suis sorti de prison, ‘renversé’ comme dit Paul, ‘mais non détruit’.” — II Corinthiens 4:9.
Consiglia: “J’ignore si Giuseppe et moi obtiendrons l’acquittement lorsque l’affaire sera totalement terminée. Cependant, nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui nous ont aidés et qui s’efforcent de faire annuler la fausse accusation de meurtre qui pèse sur nous. Le meurtre d’un enfant est bien l’accusation la plus terrible qui puisse accabler des parents.”
Giuseppe: “Nous sommes heureux d’avoir traversé ces moments sans éprouver de haine envers quiconque pour ce qui s’est produit. L’amour de Dieu et de notre prochain nous a certainement aidés à compter de nombreuses bénédictions. Nous avons notre famille, nos frères spirituels, notre foi et notre espérance.”
Vous en conviendrez probablement, ces parents de condition modeste ont fait l’objet d’une accusation injuste et les souffrances qu’ils ont subies ont sans doute suscité votre compassion. Toutefois, il est possible que, par certains aspects, la question du rôle joué par les parents dans les traitements médicaux destinés aux enfants ait suscité chez vous un certain étonnement. Mais il s’agit là d’un problème qui peut toucher directement n’importe lequel d’entre nous ou de nos proches.
[Note]
a Voir l’édition française du 22 janvier 1983 et l’édition italienne du 22 mai 1983.
[Encadré, page 10]
La petite Jane Doe — Que feront ses parents?
Des parents sont parfois confrontés à des décisions angoissantes. Qu’auriez-vous fait à la place des parents de la petite Jane Doe? Voici ce qu’on a pu lire dans l’édition du New York Times du 1er novembre 1983:
“Il y a trois semaines, un couple de Long Island a eu une petite fille, l’enfant n’est pas née en bonne santé. Elle était atteinte d’un spina-bifida, son crâne était anormalement petit et on décela une hydrocéphalie ainsi que d’autres malformations. Même si on l’avait opérée, elle serait restée gravement retardée et confinée au lit durant toute sa vie qui n’aurait pas dépassé une vingtaine d’années. Après avoir consulté leurs médecins, des assistantes sociales et des membres du clergé, les parents de la petite Jane ont fait un choix douloureux: renoncer à l’opération et laisser la nature faire les choses.”
Cela n’a pas plu à tout le monde et l’affaire a été portée devant les tribunaux. Mais quand elle est arrivée devant la Cour suprême des États-Unis, celle-ci a refusé d’entendre l’affaire. Ce cas illustre bien les problèmes auxquels sont confrontés des parents.
[Illustration, page 9]
Consiglia Oneda retrouvant sa fille Ester à sa sortie de prison.
[Photo de Giuseppe, Isabella et Consiglia Oneda, page 6]
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Refus d’un traitement ou refus de vivre?Réveillez-vous ! 1984 | 8 octobre
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Refus d’un traitement ou refus de vivre?
DEMANDEZ-VOUS: “Ai-je le droit de décider du traitement médical que je vais accepter?” C’est là une importante question, car certains prétendent qu’un patient méprise sa vie s’il refuse une thérapeutique préconisée par les médecins. De plus, on peut demander si des parents manquent vraiment d’amour lorsque, après avoir évalué les risques encourus, ils refusent qu’on administre à leur enfant malade un certain traitement.
Ceux qui parlent de ce sujet sur un ton péremptoire s’en tiennent souvent à l’affirmation suivante: “Refuser une thérapeutique, c’est refuser qu’un enfant vive.” Mais il est aisé de constater combien ces propos relèvent d’une simplification excessive et d’une approche pour le moins superficielle. Pareille démarche fait appel aux émotions tout en faisant fi 1) de la conscience et des fondements mêmes de l’éthique, 2) de vos droits personnels et familiaux et 3) des aspects médicaux et juridiques d’une question qui a suscité l’attention du monde entier.
La conscience est un élément intime et intangible de votre personne et de tout être humain doté d’un sens moral. Le cardinal Newman soutenait que ‘le chemin de la lumière doit être trouvé par l’obéissance à la conscience’. Lorsque les criminels nazis expliquèrent qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres, il y eut des humains réfléchis pour leur répondre que, malgré les ordres, ils auraient dû écouter leur conscience. Dans ce même ordre d’idées, le pape Jean-Paul II a prié Dieu en janvier 1982 ‘afin que les consciences ne soient pas étouffées’. Il déclara que forcer quelqu’un à transiger avec sa conscience “est le coup le plus douloureux infligé à la dignité d’un individu. Dans un certain sens, c’est pire que de donner la mort”.
Les observations du pape rejoignent peut-être vos convictions sur le rôle que la conscience doit jouer dans les questions médicales.
La conscience et les questions médicales
En voici un exemple: Quelle que soit votre foi, vous savez sans doute que la doctrine catholique condamne toute tentative d’avortement même quand la grossesse présente un risque pour la mère ou l’enfant. Imaginez le problème que cela pose à un médecin catholique dans un pays où l’avortement est légal, comme c’est le cas en Italie depuis la publication de la loi numéro 194 du 22 mai 1978. Cette loi tient compte des scrupules de conscience du personnel médical à l’égard de l’avortement. Toutefois, l’article 9 spécifie que “les scrupules de conscience ne peuvent être invoqués” par un médecin lorsque la vie d’une femme est peut-être en danger. Face à une pareille situation, que fera un médecin catholique sincère et pratiquant?
Si, en l’absence de tout autre médecin, ce docteur prodigue ses soins sans toutefois transiger avec sa conscience, l’accuserons-nous d’être un meurtrier? Au contraire, forcer ce médecin à violer sa conscience sous la pression d’une patiente ou des autorités serait ‘pire que de lui donner la mort’. Cet exemple illustre bien comment les exigences de la conscience peuvent influencer les décisions relatives à la santé.
Les parents, les enfants et la vie
Dans ce domaine, les manières d’agir des premiers chrétiens constituent un excellent exemple. Vous savez probablement qu’ils refusaient de brûler de l’encens devant la statue de l’empereur, estimant que c’était là un acte d’idolâtrie. Pourtant, leurs opinions religieuses et leurs scrupules de conscience eurent une incidence directe sur leur vie et sur celle de leurs enfants. Pour quelles raisons? Eh bien, lorsque les chrétiens furent contraints de choisir entre ‘offrir de l’encens ou voir leur famille mourir dans l’arène’, ils ne renièrent pas leurs convictions. Ils restèrent fidèles à leur foi, même lorsqu’une telle entreprise était pleine de risques ou fatale pour eux et pour leurs enfants.
Les chrétiens étaient également mis à l’épreuve avec la question du sang, puisque la Bible leur ordonnait de s’en abstenir (Actes 15:20). Tertullien, un théologien du IIIe siècle, rapporte qu’en guise de traitement, des épileptiques buvaient le sang encore chaud des gladiateurs tués dans l’arène. Mais les chrétiens prendraient-ils du sang pour une telle raison “médicale”? En aucun cas. Tertullien ajouta que les ‘chrétiens ne mangeraient même pas le sang des animaux’. En fait, quand des dignitaires romains voulaient s’assurer que quelqu’un était vraiment chrétien, ils le forçaient à manger de la saucisse gonflée de sang, tout en sachant pertinemment qu’un chrétien authentique n’en mangerait pas, même sous peine de mort. Cela mérite d’être noté, puisque les Témoins refusent aujourd’hui de consommer du sang.
À présent, demandons-nous: Ces premiers chrétiens méprisaient-ils la vie ou bien briguaient-ils l’auréole du martyre? Non, car c’étaient les dignitaires romains qui les livraient à la mort, eux et leurs enfants. Ne respecterons-nous pas la mémoire de ces chrétiens dévoués pour qui (nous reprenons les propos récents tenus par le pape) le viol de leur conscience était pire que la mort?
Si quelqu’un estime qu’il s’agit là d’un domaine bien différent de celui des décisions médicales, qu’il considère alors les propos du docteur Goldstein; nous citons:
“Les médecins qui prennent cette position [imposer un traitement par la force] désavouent le sacrifice de tous les martyrs qui ont glorifié l’histoire par leur attachement extrême aux principes, au prix même de leur vie. Car les malades qui préfèrent mourir plutôt que de faire taire leurs scrupules religieux, ceux-là sont de la même étoffe que ceux qui payèrent de leur vie (...) leur refus de se laisser baptiser [de force]. (...) Un médecin ne doit pas rechercher l’assistance de la loi pour pouvoir sauver un corps tout en détruisant une âme. La vie du patient lui appartient.” — The Wisconsin Medical Journal.
Choisir la vie véritable
La plupart d’entre nous reconnaîtront volontiers que le mot “vie” ne désigne pas la seule existence physique. La vie, c’est l’existence organisée autour d’idéaux et de valeurs (politiques, religieux, scientifiques, artistiques, etc.); sans eux, l’existence semble dénuée de sens. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des patriotes ont risqué leur vie pour défendre des idéaux politiques,
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