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Les vraies valeurs de la vieRéveillez-vous ! 1978 | 8 décembre
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Les vraies valeurs de la vie
Quelles sont nos valeurs personnelles? Beaucoup seraient à revoir.
CE QUE nous jugeons important est fonction de nos besoins. En principe, nous n’attachons pas de prix à ce qui, selon nous, ne répond à aucune nécessité. Plus nos besoins sont puissants, plus nous nous attachons à les satisfaire, et ces besoins sont multiples et changeants. Ils diffèrent suivant les circonstances et les individus. Ils peuvent être soit inhérents à la nature humaine, soit acquis. Tous ne sont pas essentiels et certains sont même néfastes. N’étant pas pleinement conscients de tous nos besoins, nous les négligeons parfois jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Tout ceci fait que chacun détermine dans la vie sa propre hiérarchie des valeurs. Avez-vous récemment considéré la vôtre? Les valeurs correspondant à vos besoins les plus fondamentaux sont-elles vraiment celles auxquelles vous attachez le plus de prix?
Certaines nécessités de base s’imposent à tous: l’air, l’eau, la nourriture, la chaleur ou le sommeil sont indispensables à la vie. Quand ces besoins se font impérieusement sentir, tout le reste doit passer au second plan jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits. Il est vrai que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais, s’il est près de mourir de faim, le besoin alimentaire devient prioritaire. Il en va de même de toutes les autres nécessités vitales. Par contre, une fois que ces besoins sont satisfaits, nous pouvons diriger notre attention sur d’autres pôles d’intérêt.
À la différence de certains animaux solitaires, l’homme aime à vivre en société. Il a besoin de la compagnie de ses semblables. Toutefois, il ne peut s’y complaire que s’il se sent accepté, et ce besoin revêt pour lui tant d’importance qu’il peut aller jusqu’à étouffer certaines préférences personnelles pour mieux s’intégrer à son groupe social Ces contacts se révèlent parfois difficiles, néanmoins il les préfère à la solitude. Il s’agit là d’un besoin si puissant que certains sont capables d’oublier leurs propres principes et leur sens des valeurs pour se sentir acceptés. On dit que les gens s’efforcent d’obtenir ce à quoi la société dont ils sont membres attache le plus de prix, attitude qui découle en droite ligne de ce besoin d’approbation. Beaucoup accordent plus de valeur à l’estime de leur entourage qu’à leur intégrité personnelle, et c’est cette tendance qui donne tout son poids à la mise en garde biblique suivante: “Les mauvaises compagnies gâtent les saines habitudes.” — I Cor. 15:33.
Sachez garder votre propre estime
Si nous renonçons à notre intégrité ou à nos valeurs personnelles pour gagner la popularité, ce ne sera pas sans dommages. Nous y perdrons le respect de nous-mêmes et le sentiment de notre valeur individuelle. Nous subirons sur le plan psychologique un préjudice grave, lourd de conséquences. On trouve, tant dans les Écritures hébraïques que dans les Écritures grecques, des exhortations à aimer son prochain comme soi-même. Par amour de soi-même, il ne faut pas entendre complaisance, égoïsme ou égotisme; il s’agit plutôt de vivre selon certaines valeurs propres à nous faire gagner et conserver l’estime de nous-mêmes. Pour pouvoir aimer les autres, il faut déjà s’aimer soi-même. Celui qui ne s’aime pas éprouve un sentiment d’insécurité et de jalousie qui peut le pousser à critiquer autrui et à colporter des médisances. Les manquements de son prochain lui donnent l’impression d’être supérieur. La Bible nous exhorte pourtant en ces termes: “Ne faites, rien par esprit de rivalité, rien par vanité, mais, avec humilité d’esprit, considérez les autres comme supérieurs à vous”, et: “Gardez en vous cette attitude d’esprit qui était aussi en Christ Jésus.” (Phil. 2:3, 5; Jean 13:5). N’essayons donc pas de nous mettre en valeur aux dépens des autres. Cette attitude abaisse celui qui l’adopte et lui fait perdre le respect de lui-même.
Nous devrions attacher du prix à notre travail. Jéhovah Dieu, le Créateur qui nous a faits à son image et à sa ressemblance, est lui-même un grand travailleur. Il prend plaisir à contempler le produit de ses œuvres et les déclare bonnes (Gen. 1:10, 12, 18, 21, 25, 31). L’homme a besoin de travailler pour se sentir bien dans sa peau. Un ouvrage réussi témoigne des capacités de son auteur et le persuade de sa propre valeur. L’oisiveté engendre en l’homme un sentiment d’inutilité qui le diminue à ses propres yeux, alors qu’une activité utile donne à sa vie un but et un sens. N’entendons-nous pas souvent ce genre de doléances: “La vie n’a pas de sens. À quoi bon tout cela?” Ceux qui s’expriment ainsi sont découragés. L’existence leur paraît vaine.
Il se peut pourtant qu’ils travaillent dur et amassent des richesses. Mais cela ne les satisfait pas pleinement. “Celui qui aime l’argent n’est pas rassasié par l’argent, et celui qui aime la fortune n’est pas rassasié par le revenu. Cela aussi est vanité.” (Eccl. 5:10). Ces gens donnent la prééminence à des valeurs d’ordre matériel, “le désir de la chair, le désir des yeux et l’exhibition de ses ressources”. (I Jean 2:16.) Accaparés par la poursuite des biens de ce monde, ils négligent leurs besoins spirituels. Sachant qu’ils disposent d’un capital limité de temps et d’énergie, ils l’investissent tout entier dans ce qui a pour eux le plus de prix, à savoir la richesse, la position sociale ou le prestige. Mais leur but, une fois atteint, ne leur paraît plus aussi essentiel. Tout leur dur travail aboutit à une désillusion, parce qu’ils ont vécu en fonction d’une mauvaise appréciation des valeurs. Ils n’ont pas pris conscience de leurs besoins spirituels.
La valeur suprême
“Heureux ceux qui sont conscients de leurs besoins spirituels”, a dit Jésus (Mat. 5:3). Trop de gens ne prennent conscience de ces besoins que vers la fin de leur vie, quand leurs forces ont décliné et qu’il ne leur reste que peu de temps. Le prix que nous attachons à la satisfaction de nos besoins physiques, mentaux ou affectifs, tout au long de notre existence, ne devrait pas nous faire oublier qu’aucune de ces choses ne pourra sensiblement prolonger la durée de notre vie au delà du terme de soixante-dix à quatre-vingts ans. Elles n’assurent que notre survie immédiate. Par contre, une juste appréciation de nos besoins spirituels peut signifier notre survie éternelle. À propos des biens matériels, on entend souvent dire: “Vous ne les emporterez pas avec vous.” Il est cependant une chose, et de bien plus grande valeur, que vous pourrez emporter avec vous: un beau nom devant Dieu. On lit en Ecclésiaste 7:1: “Une bonne réputation vaut mieux que le bon parfum, et le jour de la mort que le jour de la naissance.” — Segond.
Comment cela? Comment le jour de votre mort serait-il meilleur que celui qui vous a vu naître? Ce ne sera le cas que si vous avez devant Dieu, au moment de votre mort, un nom dont il se souviendra favorablement lors de la résurrection. Vous serez alors rendu à une vie qui pourra durer éternellement si vous savez la vivre selon les vraies valeurs. Nous avons tendance à considérer comme normales les bénédictions multiples dont nous jouissons, telles que la vue, l’ouïe, la santé et jusqu’à la vie même. C’est lorsque ces bienfaits nous échappent que nous prenons brusquement conscience de leur valeur. Quand une personne est sur le point de mourir, on entend parfois dire qu’elle “a eu une longue vie bien remplie”, comme si cette constatation rendait la mort plus acceptable. Ce n’est pas l’avis de celui qui se meurt. Pour lui, le passé ne compte pas, c’est dans le présent et dans l’avenir que se situe son besoin réel. Efforçons-nous donc dès aujourd’hui de nous faire un beau nom devant Dieu.
En êtes-vous bien conscient? Ne devriez-vous pas réexaminer l’échelle des valeurs sur lesquelles vous avez fondé votre vie? C’est ce qu’a fait, pour son bonheur, la personne dont il sera question dans l’article suivant.
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Notre fils m’a aidée à réviser ma notion des valeursRéveillez-vous ! 1978 | 8 décembre
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Notre fils m’a aidée à réviser ma notion des valeurs
Le jour de la naissance de notre premier enfant fut l’un des plus beaux de ma vie. À cet instant, la joie de mon mari et l’avis du médecin selon lequel le bébé était bien constitué et en bonne santé revêtaient pour moi une valeur immense. Mais ce bonheur ne dura guère. Nos amis essayèrent bientôt de me faire comprendre que notre fils présentait une déficience visuelle. Le médecin qui l’examina nous assura que l’enfant n’avait rien de grave, mais, une semaine après cette consultation, une cataracte importante se déclarait sur l’un de ses yeux. Notre petit garçon de trois mois était à demi aveugle!
Un ophtalmologue nous dit que nous formions malheureusement un couple génétiquement incompatible, car l’affection dont souffrait notre fils était héréditaire. L’idée d’avoir un fils à moitié aveugle était en soi suffisamment pénible, mais voilà qu’on me disait que j’avais mal choisi mon mari! La semaine suivante, une deuxième cataracte obscurcissait complètement l’autre cristallin du bébé. Quatre mois après sa naissance, il était complètement aveugle.
Après bien des larmes et bien des discussions, mon mari et moi sommes allés consulter un spécialiste de la nutrition. Pour lui, le problème était dû à un médicament que j’avais pris sur prescription médicale pendant environ trois mois de ma grossesse. Il nous avertit que si le nourrisson ne réagissait pas au traitement dans le trimestre qui allait venir, nous ne pourrions pratiquement plus rien pour lui. Comment décrire l’angoisse que je ressentais alors pour notre petit garçon, l’avenir affreux que j’entrevoyais en tant que mère?
Ce coup m’amena aussi à douter de la justice divine. Si Dieu avait permis qu’il perdît l’un de ses yeux, pensais-je, j’aurais sans doute pu surmonter l’épreuve. Mais les deux yeux! C’était inhumain. Pourquoi un petit enfant sans défense devait-il souffrir? N’avais-je pas scrupuleusement pris soin de ma santé avant et après la grossesse? Je connaissais d’autres mères qui, elles, ne s’étaient pas ménagées, allant jusqu’à tenter de se faire avorter, et qui pourtant avaient mis au monde des enfants en parfaite santé. Pourquoi fallait-il qu’une telle chose m’arrive, à moi qui avait tant d’amour, tant de tendresse à donner à un enfant?
Je découvre d’autres valeurs
Et pourtant je devais vite m’apercevoir que mon fils était en train d’enrichir considérablement ma vie. Son état s’aggrava au point que j’eus à craindre non plus seulement pour sa vue, mais aussi pour sa vie. C’est alors que je compris que nous jouissions d’autres dons précieux, dont le plus grand était la vie elle-même. C’était si bon de le savoir vivant!
Mon mari me répétait souvent que notre imperfection physique, les effets secondaires imprévisibles de certains médicaments et les conditions de vie de plus en plus difficiles étaient autant de facteurs à incriminer dans notre cas. Nos amis me citaient de nombreux exemples d’enfants aussi gravement handicapés que le mien et qui pourtant avaient appris à surmonter de grandes difficultés.
Mon mari et nos amis n’ont cessé de me rappeler au fil des ans que Dieu promet d’enlever leurs handicaps physiques à tous ceux qui vivront sur la terre dans son nouveau système de choses juste (II Pierre 3:13; Rév. 21:3, 4). Ils m’ont aidée à discerner les nombreuses qualités qui se dessinaient peu à peu chez notre enfant, à commencer par sa bonne composition et l’amour pour Jéhovah qui débordait de son jeune cœur. C’étaient là de vraies bénédictions. Souvent aussi, je méditais sur le défi que Satan lança à Dieu à propos de Job, prétendant que nous ne nous montrerions disposés à servir Jéhovah que dans la mesure où il comblerait tous nos désirs. — Job, chap. 1 et 2.
Je réagis en consacrant plus de temps à parler avec les gens du voisinage de tous les enseignements de la Bible. Cela m’aida à garder constamment présentes à l’esprit toutes les promesses encourageantes renfermées dans la Parole de Dieu. Certes, cela me coûta des efforts, mais mes rapports avec Dieu en furent améliorés.
Une qualité indispensable: la patience
Notre fils est resté un enfant fragile et sensible. Bien qu’ayant plus de cinq ans, il ne peut toujours pas marcher sans aide. Comme la vue joue un rôle essentiel dans le développement du sens de l’équilibre, il est handicapé dans ce domaine. Il est suffisamment fort pour marcher, mais préfère rester assis en boule, position, qui lui donne un sentiment de sécurité.
Nous passons des heures à tenter d’obtenir de notre fils qu’il fasse quelques pas, l’assurant que nos bras étendus le rattraperont en cas de chute. Nous le félicitons chaleureusement chaque fois qu’il fait un effort, mais le plus souvent il revient à la position assise et persiste à se déplacer en s’appuyant aux meubles. Nous ne pouvons ni le corriger ni le brusquer sous peine de perdre rapidement le terrain conquis. La lenteur de ses progrès nous a enseigné la patience.
La communication verbale fut elle aussi difficile à établir. Au début, notre petit garçon nous avait semblé particulièrement vif d’esprit. Il répétait très facilement les mots et les questions comme un petit perroquet. Mais avec le temps, nous nous sommes aperçus qu’il était incapable de former des phrases cohérentes. Nous commencions à nous faire à l’idée que notre enfant serait peut-être retardé sur le plan mental.
Heureusement, nous nous mîmes en rapport avec un institut pour aveugles où l’on nous aida à comprendre ce qui se passait. Une personne douée de la vue s’imagine peut-être qu’il lui suffit de fermer les yeux pour savoir ce qu’un aveugle peut ressentir. Mais elle a toujours la ressource de s’appuyer sur sa mémoire visuelle. En fait, on ne peut se mettre à la place d’un aveugle de naissance en fermant simplement les yeux. Nous avons ainsi compris que le problème ne venait pas de notre fils, mais de nous, qui n’avions pas veillé à toujours lui décrire verbalement les choses qu’il ne pouvait observer par la vue.
Les enfants doués de la vue sont de grands imitateurs. Mais comment un petit aveugle apprendra-t-il à reproduire certains gestes, par exemple à prendre sa cuiller à l’heure du repas, à fermer une porte, à tourner les pages d’un livre? Il ne voit ni l’objet ni le mouvement. Comment lui expliquer ce qu’est le vol d’un oiseau, le galop d’un cheval?
Mais désormais je savais comment procéder. Il me faudrait parler beaucoup plus souvent à mon petit garçon et lui dire quels gestes j’accomplissais en vaquant aux travaux du ménage. À présent je m’efforce, dans la mesure du possible, de lui faire tâter, goûter ou sentir les choses que je manipule, puis de l’aider à prendre conscience du mouvement que je leur imprime.
Quand je ferme une porte, je lui décris d’abord mon geste, puis je l’invite à toucher la porte, à reconnaître le léger froissement de l’air qui se déplace quand elle tourne sur ses gonds et le déclic qu’elle fait en se fermant. Après quoi je répète mon geste, mais sans lui faire toucher la porte, et je lui demande de décrire ce que je suis en train de faire. Cette méthode l’aide à comprendre ce qu’est le mouvement en relation avec les objets ou les personnes qui le produisent. Sa compréhension et son langage en ont été grandement améliorés. Ainsi sommes-nous largement récompensés de notre persévérance et de notre patience.
Une sensibilité accrue
Comme notre fils est très impressionnable, nous avons compris que nous assurerions le succès de son éducation en usant de douceur et de compréhension. Cet enfant est étonnamment sensible à l’ambiance qui règne dans un foyer. Même tout petit, il sentait si l’atmosphère d’un foyer était électrique ou au contraire agréable et détendue. Il nous était impossible de le confier à un foyer tant soit peu troublé, même s’il s’agissait de nos amis. Par contre, il s’adapte sans difficulté aux personnes douées d’un tempérament calme et paisible. Nous avons donc été amenés, mon mari et moi-même, à veiller tout particulièrement sur la qualité de nos relations familiales. S’il nous arrive d’échanger des propos un peu vifs, notre fils est troublé, mais il s’épanouit dès qu’il nous sent tranquilles et détendus.
Comme le sens de la vue contribue à exciter celui du goût, notre enfant a eu beaucoup de mal à accepter des aliments nouveaux. Il fut un temps où il refusait tous les légumes. Ce n’est qu’à force de persévérance et d’imagination que nous avons pu introduire de la variété dans ses menus.
Il paraît également doté d’un odorat très sensible. Il n’a aucun mal à localiser des denrées alimentaires qui n’ont pour nous pratiquement pas d’odeur. Nous l’encourageons à se servir de son odorat. Il peut identifier n’importe quel aliment en l’effleurant du bout de ses doigts qu’il porte ensuite à son nez.
Comme beaucoup de petits aveugles, notre garçon est sensible à la musique. Cela l’aide à se détendre quand il est fatigué ou énervé. Mais d’un autre côté, trop de musique pourrait l’inciter à la passivité, comme c’est le cas pour les enfants qui regardent trop longtemps la télévision.
La discipline
Nous ne voulons pas prendre prétexte du handicap de notre fils pour en faire un enfant gâté. S’il pique une colère, le ton de notre voix lui fait bien comprendre que cela ne nous plaît pas. Dans notre cas, une bonne modulation de la voix s’avère indispensable, puisqu’il ne peut voir les expressions de notre visage.
Sur ce chapitre de l’éducation, nous veillons scrupuleusement à ce que notre petit garçon saisisse toujours le rapport entre ce qu’il aime et Dieu. Puisque à présent il aime le raisin, nous lui disons: “Sais-tu qui a fait le raisin? C’est Jéhovah.” Et nous faisons de même pour tout ce dont il raffole. Quand nous nous retrouvons entre amis autour du barbecue et que nous le voyons se régaler d’une côtelette ou d’une saucisse, nous lui expliquons grâce à qui il peut profiter de toutes ces bonnes choses.
Il lui arrive de s’allonger sur le sol et d’écouter avec un petit rire joyeux les bruits que font les oiseaux, notamment notre cacatoès australien, un kookaburra. Il est également conquis par le glouglou des dindons. Quand nous le voyons heureux en compagnie de ces animaux, nous lui expliquons que c’est Jéhovah qui les a faits, et nous le lui faisons répéter. Pour notre fils, c’est bien Jéhovah l’auteur de tout ce qui est bon. Nous l’invitons à toucher l’herbe, le chat, le chien, notre chèvre, les roses du jardin, puis nous lui demandons de nous dire qui les a faits. Son petit sourire en coin témoigne de sa joie d’avoir accédé à une autre dimension de la connaissance. Nous espérons ainsi l’encourager à établir, dans son petit univers personnel, une relation entre le Créateur et toutes les choses qui contribuent au bonheur.
Ses jouets
Au début, ce fut une gageure de trouver des occupations à notre enfant. Bien que nous n’en soyons pas toujours conscients, le spectacle des faits et gestes accomplis par ceux qui nous entourent stimule notre esprit. Comme il n’en va pas de même pour notre fils, il risquerait de se replier sur lui-même. Ses jouets remédient à cette tendance.
Il ne fut guère facile non plus d’amener notre petit garçon à reconnaître les dimensions et les formes des différents objets. Comment faire comprendre à un enfant aveugle à quoi ressemble un bâtiment élevé? Un grand arbre? Un long convoi? Pour lui faire saisir la plupart de ces notions tout en le distrayant, nous utilisons des jouets de dimensions et de formes variées. Les objets usuels font les meilleurs jouets: une cuiller, une casserole, des boîtes en carton, une balle de caoutchouc, une chaussure, un sac à main, un bout de ficelle, un seau rempli d’eau et tout ce qui se tire ou se pousse, pour n’en citer que quelques-uns.
J’apprécie mieux certains dons
Mon cher petit garçon m’a appris à mieux apprécier quantité de choses qui passent ordinairement pour banales. Autrefois, je croyais estimer à sa valeur le don de la vue, mais je ne suis plus si certaine d’en avoir eu la juste notion. Le vol d’un oiseau, un coucher de soleil radieux, un sourire éclairant un visage heureux, les mots imprimés sur les pages d’un bon livre, la couleur d’une fleur, une jolie robe et tous les menus détails de la vie quotidienne ont pris pour moi une signification beaucoup plus profonde que par le passé.
Voyant combien cet enfant se fiait à son sens de l’ouïe, j’en suis venue moi-même à faire plus grand cas de ce don et à mieux apprécier la diversité des sons. Qui attacherait du prix au bruit d’une porte qui se ferme? Au déclic d’une lampe qui s’allume? À un pas familier? Au timbre d’une voix? Au tic-tac d’une pendule? Au froissement d’une page que l’on tourne? Au glouglou de l’eau qui sort d’une bouteille? Au flic flac des gouttes de pluie? Des sons qui nous paraîtraient peut-être inutiles ou importuns évoquent cependant pour notre enfant la vie, la sécurité, le plaisir. Ils sont les couleurs de son univers.
Et que dire de tous les parfums agréables, de l’infinie variété des saveurs, des merveilles inépuisables que nous côtoyons chaque jour? J’ai aussi appris à apprécier profondément certaines formes de beauté qui ne nous sont perceptibles ni par la vue, ni par l’oreille, ni par le toucher, ni par le goût, et qui pourtant font tous les jours les délices de chacun de nous, surtout des aveugles. J’entends par là la bonté, la patience, la sécurité d’un environnement, paisible, l’amour, la confiance et l’intérêt sincère, généreux que certains portent à leurs semblables. Oui, notre petit garçon aura contribué à embellir notre vie dans tous les domaines que je viens d’évoquer, et surtout, à l’enrichir jour après jour de sa chère petite présence si affectueuse.
Notre fils n’avait guère que neuf mois quand il commença à fredonner en mesure de petites mélodies. Aujourd’hui, il a mis beaucoup de chants à son répertoire, notamment les cantiques entendus aux réunions chrétiennes. Que nous soyons à la maison, en courses, en voiture ou en visite chez des voisins, notre joyeux petit bonhomme y va souvent de sa chansonnette. Il est surprenant de voir l’effet que ses chansons exercent sur les gens qui nous entourent. Même des inconnus croisés au marché se dérident comme si notre fils leur avait communiqué son entrain.
Notre enfant est très attentif, et donc plus réceptif à ce qu’on lui enseigne, même si, comme je l’ai dit plus haut, il lui faut davantage de temps pour établir une relation entre le mouvement et la personne ou l’objet qui l’imprime. À l’âge de deux ans et demi il énumérait de mémoire et dans l’ordre les treize premiers livres des Saintes Écritures et savait répondre à de nombreuses questions touchant les personnages dont parle la Bible. Durant la prière, il se montre si attentif qu’il passe pour être toujours le premier à la ponctuer d’un “Amen!” bien assuré lors de nos réunions chrétiennes. Il en va de même à la maison lors de la prière d’action de grâces qui précède les repas. Son amour pour Dieu et les bonnes dispositions qu’il manifeste à un âge aussi tendre sont pour nous une source de réels encouragements.
Un jour qu’un peu déprimée je parlais de rester à la maison au lieu d’aller à la réunion, mon petit garçon resta tout l’après-midi sur mes talons, disant: “Allez, on va à la Salle du Royaume pour dire bonjour aux frères et chanter des cantiques à Jéhovah!”
À d’autres moments, quand nous nous sentons fatigués, il nous encourage d’un mot: “Chantez!” “On va chanter un cantique à Jéhovah”, ou encore, il demande: “Qui a fait l’orange? Qui a fait le soleil?” Et le résultat ne se fait pas attendre.
Au début, je n’ai vu dans le handicap de mon fils que son côté dramatique. Pourtant, l’épreuve est loin d’être intolérable. Au lieu de me désoler que mon enfant ait perdu la vue, j’ai appris à attribuer aux autres dons qui nous ont été faits une valeur accrue. Maintenant que l’enfant a cinq ans et qu’il a pris des forces, nous nous sommes mis en rapport avec un chirurgien ophtalmologue. L’un de ses yeux a partiellement recouvré la vue grâce au port de verres correcteurs très puissants.
Comme notre fils, nous vivons dans l’attente du jour où il pourra nous voir distinctement. Il en va de même de son petit frère, doué d’une vue normale, et qui, tout bébé qu’il est, se montre déjà impatient de faire de lui son compagnon de jeux. — D’une de nos lectrices.
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La vérité sous un fer à repasserRéveillez-vous ! 1978 | 8 décembre
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La vérité sous un fer à repasser
UNE Italienne était employée dans une clinique tenue par des religieuses à Manfredonia, dans les Pouilles. “Un jour que j’étais à la cuisine, raconte-t-elle, la mère supérieure me dit d’aller chercher à la buanderie un livre qu’elle avait laissé tremper plusieurs jours dans l’eau, et de le mettre à la poubelle.” Cette femme alla chercher le livre, mais décida d’y jeter tout d’abord un coup d’œil. La couverture, qui avait gardé sa couleur orange, portait ce titre: Du paradis perdu au paradis reconquis.
“Je le pris avec précaution, poursuit-elle, et me rendis sur la terrasse pour le faire sécher afin de l’emporter à la maison. Soigneusement, j’en repassai les pages au fer chaud. Je le montrai ensuite à ma mère, et tous les soirs nous en lisions quelques pages. Nous rencontrions souvent dans le texte le nom Jéhovah, sans savoir que c’était là le nom de Dieu. Quelque temps après, une dame vint nous voir avec son bébé pour nous proposer une discussion sur la Sainte Bible. Je lui demandai de m’expliquer ce que signifiait le nom Jéhovah.”
Cette Italienne sincère accepta d’emblée l’étude biblique et se rendit sans attendre aux réunions tenues par les Témoins de Jéhovah.
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