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  • Un monde sans douleur est proche
    La Tour de Garde 1980 | 15 juillet
    • et de la violence il rachètera leur âme, et leur sang sera précieux à ses yeux.” (Ps. 72:12-14). Pouvons-​nous encore douter un seul instant que la douleur engendrée par l’oppression appartiendra alors au passé?

      La maladie, également source de souffrances morales et affectives, ne viendra plus jamais troubler la quiétude et le bonheur des familles craignant Dieu qui vivront sous l’égide du Royaume. Jéhovah Dieu possède le pouvoir de faire disparaître les maladies (Ex. 15:26; 23:25; Deut. 7:15). Selon ce qu’écrivit son prophète Ésaïe, le temps viendra où “aucun résident ne dira: ‘Je suis malade.’” (És. 33:24). Ôter toutes les douleurs d’origine physique, morale ou affective ne posera aucun problème insurmontable au Médecin divin.

      La mort, cet ennemi redoutable qui aura tant fait souffrir l’humanité, “ne sera plus” lorsque la volonté de Dieu se fera pleinement au ciel et sur la terre (I Cor. 15:26; Rév. 21:4; Mat. 6:9, 10). Deuils, cris et douleurs ne seront assurément plus de mise quand, au lieu de tristes enterrements, on assistera à de joyeuses résurrections et quand ‘la mort et l’Hadès rendront les morts qui sont en eux’. — Jean 5:28, 29; Rév. 20:13.

      VOUS POUVEZ CONNAÎTRE CES BÉNÉDICTIONS

      Oui, un monde sans douleur est proche. Il est à votre portée, en ce sens que vous pouvez nourrir une telle espérance. L’absence de douleur provoquée par l’adversité, l’oppression, la maladie et la mort sera l’une des nombreuses bénédictions dont jouira alors l’humanité obéissante qui marchera dans la crainte de Dieu.

      Ceux qui vivent actuellement peuvent-​ils embrasser cette espérance avec la plus grande confiance? Oui, car celui qui en a fait la promesse est le seul Être capable de la réaliser, savoir Jéhovah, “le Très-Haut sur toute la terre”. — Ps. 83:18.

  • La foi en Dieu m’a soutenu
    La Tour de Garde 1980 | 15 juillet
    • La foi en Dieu m’a soutenu

      Raconté par Harald Abt

      EN SEPTEMBRE 1940, j’ai été envoyé dans le camp de concentration de Sachsenhausen, en Allemagne. Les officiers SS (les Milices noires, la garde d’élite de Hitler) me firent un accueil très “chaud”: ils me battirent à plusieurs reprises et me menacèrent. L’un d’eux, me montrant la cheminée du four crématoire voisin, m’avertit en disant: “Si vous gardez votre foi, dans moins de deux semaines vous monterez par là retrouver votre Jéhovah.”

      On m’a alors conduit aux baraquements qu’occupaient mes frères chrétiens, d’autres Témoins de Jéhovah détenus dans le même camp, et l’on m’a ordonné de m’accroupir en gardant les bras tendus devant moi. Pendant quatre heures, je suis resté dans cette posture inconfortable; puis, à six heures de l’après midi, j’ai eu la joie de voir les Témoins revenir de leur dure journée de travail.

      Ils m’ont dit qu’ils étaient environ 400 au début, mais que 130 des leurs avaient succombé aux traitements inhumains au cours de l’hiver. Ceux qui restaient avaient-​ils peur? Non, ils étaient au contraire déterminés, tout comme moi, à rester fidèles à Dieu.

      Mais avant de vous en dire plus sur mes presque cinq années de détention dans les camps de Sachsenhausen et de Buchenwald, permettez- moi de vous raconter brièvement ce qui m’avait amené là.

      NOUS DEVENONS CHRÉTIENS À UNE ÉPOQUE TROUBLÉE

      Je suis né dans le sud de la Pologne, dans une région qui appartenait jadis à l’Autriche. Dès mon plus jeune âge, j’ai donc parlé le polonais et l’allemand. En 1931, à l’âge de 19 ans, je suis entré à l’Institut polytechnique de Dantzig (en polonais, Gdansk), une ‘ville libre’ d’expression allemande, sur la Baltique. C’est là qu’en 1934 j’ai rencontré Elsa, une jeune fille qui allait jouer un grand rôle dans ma vie.

      En 1936, à l’époque où je préparais mes examens de fin d’études, Elsa a commencé à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah. Quelques Témoins ayant déjà été arrêtés, ces réunions se tenaient clandestinement. Je n’ai pas caché à Elsa que je la trouvais folle de fréquenter ces gens-​là. Mais elle finit par me convaincre de l’accompagner à l’une de leurs réunions. Loin de pouvoir trouver à redire, j’ai été impressionné par la connaissance que les Témoins avaient de la Bible

      Lorsque j’ai eu terminé mes études universitaires, et vu qu’il n’y avait aucun emploi intéressant en Pologne, j’ai envisagé d’aller travailler en Allemagne. Mais Elsa m’a dit: “Si tu y vas, tu partiras sans moi.” Les Témoins de Jéhovah étant cruellement persécutés en Allemagne, Elsa ne voulait pas s’exposer inutilement à ces persécutions. Sa décision m’a fait réfléchir, et j’ai commencé à étudier la Bible de façon plus régulière. En juin 1938, nous nous sommes mariés, et, en 1939, Elsa et moi nous sommes fait baptiser, pour symboliser l’offrande de notre personne à Jéhovah Dieu

      Dans l’intervalle, j’avais trouvé une bonne place en tant qu’ingénieur à l’administration du port de Dantzig. Nous habitions dans un appartement joliment meublé, et les réunions chrétiennes se tenaient chez nous. Vers cette époque-​là, les imprimés bibliques que la filiale de la Société Watch Tower en Pologne nous envoyait ont été interceptés à Dantzig. Convaincu qu’il fallait faire quelque chose, j’ai écrit aux frères de Lodz (là où se trouvait la filiale) pour leur demander d’envoyer les publications à une adresse située juste en dehors de Dantzig; Elsa et moi nous chargerions d’aller les chercher et de les faire passer dans la ville.

      Elsa était alors enceinte, et il lui arrivait de passer 100 exemplaires de La Tour de Garde attachés autour d’elle, sous ses vêtements. Une fois, un officier des douanes a dit en plaisantant: “Ma parole, vous allez avoir des triplés!” Mais jamais Elsa n’a été fouillée. Nous avons continué à faire ainsi passer des publications dans la ville jusqu’au jour où l’Allemagne a attaqué la Pologne, le 1er septembre 1939, après quoi nous n’avons plus été libres de passer la frontière à notre guise. Notre fille Jutta est née le 24 septembre.

      ALLIONS-​NOUS HONORER HITLER?

      Une fois que la garnison polonaise se fut rendue aux Allemands, j’ai pu retourner à mon travail. Quand je leur ai dit: “Bonjour!”, tous mes collègues m’ont regardé; désormais, nous étions censés dire: “Heil Hitler!”

      J’ai demandé à parler au sous-directeur du port et je lui ai expliqué qu’en tant que chrétien, je ne pouvais pas saluer à l’hitlérienne. “Moi aussi, je suis chrétien”, m’a-​t-​il répondu. J’ai alors ajouté que j’étais chrétien au plein sens du terme et que je ne trouvais pas convenable d’attribuer tant de gloire à un homme. Le sous-directeur m’a renvoyé sur-le-champ en me prévenant que si je persistais à ne pas dire: “Heil Hitler!”, je finirais en prison.

      Quelques jours plus tard, en ce même mois de septembre, après que les armées allemandes eurent conquis la Pologne, Hitler vint à Dantzig. Il clama sa victoire dans un discours fougueux qu’il prononça sur la grande place, près de chez nous. Chaque habitant devait normalement suspendre un drapeau à sa fenêtre, mais nous ne l’avions pas fait.

      Soucieux de notre sécurité, les frères nous conseillèrent alors de nous réfugier dans l’est de la Pologne, ce qui signifiait abandonner tous nos biens. Nous sommes donc partis pour ce long voyage avec Jutta enveloppée dans un oreiller et, pour tout bagage, une valise et une voiture d’enfant. Nous étions au mois de décembre, et les trains étaient bondés et irréguliers.

      Nous sommes finalement arrivés à Lodz, à la maison dans laquelle étaient aménagés les bureaux de la filiale. Quand elle vit l’enfant immobile dans les bras d’Elsa, la sœur qui était venue nous ouvrir se sauva en pleurant. Puis elle revint quelques instants plus tard et, voyant le bébé remuer, elle s’exclama: “Oh! Elle vit, elle vit!” Alors seulement elle nous invita à entrer. Nombre d’enfants étant morts de froid dans les moyens de transport, la sœur avait cru qu’il était arrivé la même chose à Jutta. Le mari de cette sœur se trouvait déjà en prison.

      ARRESTATION ET EMPRISONNEMENT

      Pour nous, l’hiver fut pénible. Nous n’avions pas de charbon pour chauffer la maison ni pour faire cuire nos maigres repas. J’ai finalement réussi à trouver du travail, mais, un beau jour de juillet 1940, la Gestapo (la police secrète nazie) est venue à la maison en pensant trouver quelqu’un d’autre, et les policiers nous ont ordonné, à Elsa et à moi, de nous présenter à leurs bureaux.

      Le lendemain matin, je suis allé au travail, j’ai rassemblé mes affaires personnelles, puis j’ai dit à mon patron que je devais me présenter à la Gestapo et que je ne reviendrais pas. “Vous racontez n’importe quoi, m’a-​t-​il répondu. Vous serez de retour à midi, ne vous en faites pas.” Quelques minutes plus tard, Elsa et moi nous sommes retrouvés devant les bureaux de la Gestapo, et nous avons monté l’escalier.

      “Veuillez vous asseoir, nous dit l’officier. Nous connaissons la raison de votre présence ici.” Il nous a rappelé que la Pologne était maintenant gouvernée par le Troisième Reich et il a fait mention de ce qui était arrivé aux Témoins de Jéhovah en Allemagne. Il a ajouté: “Si vous continuez à parler de votre foi, vous serez envoyés dans un camp de concentration.”

      Puis il s’est assis devant une machine à écrire et s’est mis à taper. Lorsqu’il est revenu, il m’a tendu un papier qui disait entre autres: ‘Je soussigné, Harald Abt, promets de ne plus parler du Royaume de Dieu.’ “Je suis désolé, dis-​je, mais je ne peux signer cela.”

      Il m’a répondu que j’étais bête de ne pas vouloir signer, et l’on m’a emmené à l’écart. L’officier a alors interrogé Elsa. Elle mentionna notamment que nous avions un bébé de dix mois à la maison et que personne d’autre ne pouvait le nourrir, car elle l’allaitait. Pensant à l’enfant, l’officier décida d’être bref.

      Il rédigea à la hâte un document différent de celui que j’avais refusé de signer et qui disait simplement qu’Elsa savait qu’elle irait en camp de concentration si elle continuait à pratiquer sa religion. Elsa le sachant effectivement, elle s’est sentie autorisée à signer le papier. Mais elle a soudain eu peur. N’allais-​je pas croire, en la voyant repartir, qu’elle avait fait un compromis? Aussi me cria-​t-​elle très fort de l’autre bout de la pièce: “Je n’ai pas fait de compromis! Je n’ai pas fait de compromis!”

      Après avoir été détenu sur place pendant quelques semaines, j’ai été envoyé en prison à Berlin, puis transféré à Sachsenhausen.

      LA VIE À SACHSENHAUSEN

      Après nous avoir “accueillis”, les officiers SS nous emmenèrent pour nous donner nos habits de prisonniers. On nous a rasé la tête, puis on nous a donné un matricule: j’étais le numéro 32 771. J’ai aussi reçu un triangle violet, l’insigne des Témoins de Jéhovah, à coudre sur mes vêtements. Les autres détenus portaient des triangles d’autres couleurs: rouges pour les prisonniers politiques, jaunes pour les Juifs, verts pour les criminels, roses pour les homosexuels, et ainsi de suite. Mais j’étais le seul Témoin de mon groupe.

      Les Témoins de Jéhovah étaient enfermés tous ensemble dans l’un des baraquements qui, à Sachsenhausen, étaient disposés en demi-cercle autour d’une vaste place d’appel. Sur les façades des baraquements qui donnaient sur la place s’étalait une inscription qui disait à peu près ceci: ‘Le chemin de la liberté passe par la fidélité, le courage, le travail et l’amour de la patrie.’ Il y avait un ou deux mots de cette phrase écrit sur chaque baraque, et le mot AMOUR figurait justement sur celle des Témoins. C’est là que je suis resté accroupi dans le froid pendant quatre heures.

      Ces immenses baraquements — il y en avait plus de soixante — se composaient de deux dortoirs avec, entre deux, une pièce qui faisait office de salle à manger, les toilettes et de quoi se laver. Les dortoirs qui se trouvaient de part et d’autre n’étaient pas chauffés, et les lits étaient superposés par groupes de trois. L’hiver, la température descendait souvent jusqu’à moins 18 degrés, et nous n’avions que deux fines couvertures par personne. L’air que nous expirions se condensait sur le plafond, et alors l’eau gouttait et gelait sur la couverture de ceux qui occupaient les couchettes du haut.

      Nos repas se composaient essentiellement d’une soupe aux navets avec, parfois, de la tête de cheval bouillie dedans. Il arrivait que nous ayons de la soupe au poisson, mais elle sentait si mauvais que, ce jour-​là, tout le camp empestait. Le soir, on nous donnait un peu de pain. J’en gardais toujours un peu pour le lendemain matin, car je souffrais facilement de la faim, et le petit déjeuner consistait uniquement en un semblant de café.

      Nous devions nous lever à six heures du matin, faire nos lits, nous laver, nous habiller, puis nous rendre à l’appel et partir au travail. Le plus gros du travail se faisait hors du camp. Pour ma part, on m’a d’abord affecté à la construction de routes, mais, par la suite, grâce à ma formation d’ingénieur, je me suis vu confier la tâche d’inspecteur technique dans la construction de nouveaux ateliers.

      Nombre d’officiers SS étaient cruels et ne pensaient souvent qu’à nous faire souffrir. L’un d’eux visitait parfois notre baraque pendant que nous étions au travail et cherchait où il pouvait y avoir de la poussière. Il était bien rare qu’il n’en trouvât pas sur les chevrons, ce qui n’a rien de surprenant dans une pièce où il y a 80 paillasses. Quand nous revenions du travail, l’officier nous annonçait alors: “J’ai trouvé de la poussière dans vos baraquements, ce matin. Vous serez donc privés de repas aujourd’hui.” Les gardiens soulevaient les couvercles des marmites pour que chacun de nous puisse sentir l’odeur de la nourriture, puis ils les remportaient. La moindre plainte était sanctionnée par la peine de mort.

      À Sachsenhausen, vous n’étiez jamais sûr de rester en vie. Il suffisait que vous vous fassiez un tant soit peu remarquer des gardiens pour risquer une punition. Dans ce cas-​là, on pouvait vous obliger à rester toute une journée debout, en face des baraques, dans le froid glacial de l’hiver. Si vous aviez de la fièvre — beaucoup ont contracté une pneumonie — et si vous ne pouviez pas aller travailler, le gardien SS s’exclamait: “Oh, il a de la fièvre! Qu’il se tienne donc debout dans le froid! Cela fera baisser sa température.” De nombreux détenus n’ont pas survécu à ce traitement.

      Voici comment on en a tué d’autres: En plein hiver, on ordonnait à des prisonniers de s’asseoir dans une grande bassine d’eau froide, et on dirigeait un jet d’eau froide vers la région du cœur. Avec des traitements aussi inhumains, nous ne savions jamais si nous allions survivre jusqu’au printemps suivant.

      Quantité de gens m’ont demandé: “N’aviez-​vous pas peur?” Non, car lorsque vous vous trouvez dans ce genre de situation, votre foi vous rend fort. Jéhovah vous aide à vous en sortir. Au réfectoire, quand les autres étaient trop loin pour nous entendre, nous avions l’habitude de prier ensemble et même de chanter à voix basse. Quand nous apprenions qu’un de nos frères était mort par suite de sévices ou de privation, nous chantions un cantique avec détermination. Notre devise était: Rester fort et courageux. Sachant que nous pouvions mourir à notre tour, nous voulions exprimer notre ferme décision de rester fidèles.

      LA NOURRITURE SPIRITUELLE ET LA PRÉDICATION

      La situation s’améliora un peu en 1942. Cette année-​là, un nouveau commandant a pris la direction du camp et nous a laissé un peu plus de liberté. Par exemple, nous n’étions plus obligés de travailler le dimanche. C’est vers cette époque-​là que nous avons pu nous procurer sept numéros de La Tour de Garde qui traitaient des prophéties de Daniel et que nous avons aussi obtenu quelques Bibles. Le dimanche après-midi, nous étions presque 200 à nous réunir dans une aile du baraquement pour étudier la Bible, tandis que quelques-uns se postaient dehors pour signaler l’approche d’un gardien SS. Ces réunions m’ont beaucoup marqué et ont affermi ma foi.

      “Comment faire pour se procurer sept exemplaires de La Tour de Garde?”, demanderez-​vous. Il est vrai que ce fait constitue à lui seul une merveille de foi et de courage. Des prisonniers Témoins de Jéhovah qui travaillaient à l’extérieur du camp sont entrés en contact avec des frères qui n’avaient pas encore été arrêtés et ont donc pu se procurer secrètement quelques publications qu’ils ont rapportées dans le camp. Frère Seliger, qui était en quelque sorte notre surveillant dans le camp, travaillait à l’infirmerie de la prison et les cachait dans la salle de bains, derrière un carreau de céramique.

      Cependant, les autorités ont fini par découvrir à quel point nous étions bien organisés et elles ont même trouvé quelques Bibles dans notre baraque. Environ 80 des nôtres ont donc été affectés à un commando de travail et ont quitté Sachsenhausen. Quant à ceux qui restaient, ils ont été dispersés dans différents baraquements. Cette mesure a mis fin à nos grandes réunions, mais elle nous a donné davantage d’occasions de prêcher aux autres prisonniers.

      Plusieurs jeunes d’origine russe, ukrainienne et polonaise ont réagi favorablement à la “bonne nouvelle” et sont devenus Témoins. Certains ont même été baptisés à l’intérieur du camp, dans la baignoire de l’infirmerie. Je me souviens en particulier de deux jeunes Ukrainiens. Un jour, ils ont entendu un frère siffler un cantique du Royaume et lui ont demandé de quel air il s’agissait. “C’est un chant religieux”, a répondu le frère. Ils ont été frappés d’apprendre que des gens avaient été internés en raison de leurs convictions religieuses. Après la libération, l’un d’eux a organisé l’œuvre de témoignage quelque part dans l’est de la Pologne et il s’est fait tuer par des gens hostiles aux Témoins de Jéhovah alors qu’il s’en allait conduire une réunion chrétienne.

      Un jour de 1944, je rentrais au camp avec mon commando de travail pour le repas de midi quand j’ai vu mes frères rassemblés dans la cour. Voyant que j’étais Témoin, on m’a dit de les rejoindre. Les SS avaient appris que nous correspondions en secret avec l’extérieur ainsi que d’un camp à l’autre, et que nous nous réunissions en petits groupes de deux ou de trois sur la place d’appel pour discuter chaque jour d’un texte biblique. Ils nous ont donc ordonné de mettre un terme à cette activité illégale; mais nous étions tous déterminés à continuer d’affermir mutuellement notre foi. Lorsqu’on a demandé à frère Seliger, qui était l’un des principaux maillons de notre service “postal”, s’il allait continuer à prêcher dans le camp, il a répondu: “Oui, c’est ce que je vais faire; et non seulement moi, mais tous mes frères.” Il était évident que les nazis n’avaient pas triomphé de la foi ni du courage des Témoins de Jéhovah et ils se sont rendu compte, une fois de plus, qu’il n’y avait rien à faire pour briser notre intégrité envers Dieu.

      BUCHENWALD ET LA LIBÉRATION

      Vers la fin d’octobre 1944, on m’a envoyé au camp de Buchenwald avec un commando de spécialistes de la construction. Nous étions chargés de reconstruire plusieurs ateliers que l’aviation américaine avait bombardés. Les frères de Buchenwald ont très vite pris contact avec moi et m’ont invité à venir me fortifier spirituellement en leur compagnie. Maintenant, j’avais le matricule 76 667.

      Les premiers mois de 1945 apportèrent la certitude que le régime nazi allait s’effondrer. Quand les avions anglais passaient au-dessus du camp, ils nous saluaient en se balançant d’une aile sur l’autre, pour essayer de nous donner courage. Les deux dernières semaines qui ont précédé notre libération, les prisonniers n’allaient même plus travailler.

      Le 11 avril 1945, nous nous sommes réunis pour écouter un frère prononcer un discours qui reprenait tous les textes bibliques annuels, depuis 1933, année où Hitler était venu au pouvoir, jusqu’en 1945. Nous entendions les combats se rapprocher petit à petit, et, soudain, en plein milieu du discours, un prisonnier ouvrit la porte toute grande et cria: “Nous sommes libres! Nous sommes libres!” Tandis que la confusion régnait dans le camp, nous avons remercié Jéhovah dans la prière et nous avons continué notre réunion.

      Il restait alors plus de 20 000 prisonniers à Buchenwald. Les gardiens SS ôtèrent leur uniforme et tentèrent de s’échapper, mais nombre de prisonniers en profitèrent pour se venger. L’un d’eux m’a dit plus tard qu’il avait plongé un couteau dans le ventre d’un SS. Bien sûr, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pris part à ces actes de violence.

      J’ai retrouvé Elsa environ un mois plus tard. Elle avait été détenue à Auschwitz et dans d’autres camps de concentration, mais elle aussi avait survécu. En août 1945, nous sommes retournés chez nous et nous avons retrouvé notre fille ainsi que quelques frères qui s’étaient occupés d’elle. Jutta avait maintenant près de six ans et, d’ailleurs, elle ne nous a pas reconnus.

      NOUS N’AVONS ACCEPTÉ AUCUN COMPROMIS

      Une fois libérée de l’occupation allemande, la Pologne est devenue une république populaire. Elsa et moi avons aussitôt posé notre candidature pour travailler à la filiale de la Société Watch Tower, à Lodz. Nous y sommes restés cinq ans, durant lesquels nous avons eu la joie de voir le nombre des Témoins de Jéhovah passer de 2 000 en 1945 à presque 18 000 en 1950. Depuis lors, nous n’avons cessé de servir là où l’organisation de Jéhovah nous a nommés, résolus à toujours rester forts dans la foi.

      En tout, j’ai passé 14 années de ma vie dans les camps de concentration et les prisons à cause de ma foi en Dieu. On m’a demandé: “Votre femme vous a-​t-​elle aidé à endurer toutes ces épreuves?” Sans aucun doute. Je savais dès le début qu’elle ne ferait jamais aucun compromis avec sa foi, et cette certitude m’a soutenu. Je savais qu’elle préférerait me voir mort sur une civière que libéré par suite d’un compromis. Un conjoint aussi résolu est une aide précieuse. Elsa a enduré elle aussi de nombreuses épreuves au cours des années qu’elle a passées dans les camps de concentration allemands, et je suis sûr que vous puiserez du courage dans la lecture de son propre récit.

      [Illustration, page 9]

      Camp de concentration de Sachsenhausen

      Quartiers SS

      Place d’appel

      Chambre à gaz

      Prison cellulaire

      Blocs d’isolement

      Poste d’épouillage

      Lieu d’exécution

      [Photo d’Harald Abt, page 6]

  • J’ai gardé la foi aux côtés de mon mari
    La Tour de Garde 1980 | 15 juillet
    • J’ai gardé la foi aux côtés de mon mari

      Raconté par Elsa Abt

      À SACHSENHAUSEN, Harald recevait de temps en temps la permission de m’écrire une courte lettre de cinq lignes. Ces lettres m’arrivaient avec la mention suivante imprimée au tampon: ‘Vu son entêtement à rester Étudiant de la Bible, le détenu se voit refuser le privilège d’entretenir une correspondance normale.’ Quant à moi, j’interprétais toujours ce tampon comme un encouragement, puisqu’il m’apportait la preuve que mon mari demeurait ferme dans la foi.

      Un jour de mai 1942, en rentrant du travail, j ai trouvé des hommes de la Gestapo qui m’attendaient. Après avoir fouillé la maison, ils m’ont ordonné de prendre mon manteau et de les suivre. Jutta, notre petite fille, s’est approchée de l’un des agents, un homme d’une taille exceptionnelle, s’est accrochée à l’une de ses jambes de pantalon et lui a dit: “S’il vous plaît, laissez ma maman ici!” Comme il ne réagissait pas, elle est passée de l’autre côté et l’a supplié en disant: “S’il vous plaît, laissez ma maman ici!” Mal à l’aise, l’homme ordonna d’une voix dure: “Emmenez cette enfant. Prenez aussi son lit et ses vêtements.” La petite fut confiée à une autre famille de l’immeuble, les scellés furent apposés sur la porte, et l’on me conduisit au siège de la Gestapo.

      J’y ai retrouvé de nombreux autres Témoins qui avaient été arrêtés eux aussi ce même jour. Nous avions été trahis par une personne qui s’était fait passer pour un Témoin et qui avait gagné notre confiance. Quand la Gestapo nous interrogea pour savoir où se trouvait notre duplicateur à stencils et qui dirigeait l’activité de prédication clandestine, j’ai fait celle qui ne savait rien. On nous a alors jetés en prison.

      Notre foi inébranlable tenait la Gestapo en échec. Un jour, au cours d’un interrogatoire, un officier s’est approché de moi, les poings serrés, et s’est exclamé: “Mais qu’est-​ce qu’on va faire

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