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  • Un adopté à la recherche de ses “racines”
    Réveillez-vous ! 1979 | 8 mars
    • Un adopté à la recherche de ses “racines”

      Mur du secret légal

      L’AN dernier, ma femme et moi avons pu voir à la télévision certains épisodes de la série intitulée “Racines”, dont la diffusion dura toute une semaine. J’étais peut-être encore mieux placé que la plupart des autres téléspectateurs pour comprendre pourquoi tant de gens cherchent à découvrir leurs “racines”. Il est tout à fait naturel de se demander d’où l’on est issu et de vouloir connaître son père, sa mère et ses autres parents. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les gens s’interrogent de plus en plus sur leurs origines.

      “Ce besoin de découvrir ses origines personnelles devient proprement phénoménal”, affirme un article paru dans Newsweek, et le représentant d’une bibliothèque généalogique ajoute que “la raison invoquée pour se livrer à de telles recherches est presque invariablement celle-ci: ‘Je veux simplement savoir qui je suis.’”

      Mais il est une catégorie de gens, dont je fais partie, pour qui cette quête présente un intérêt particulier. Il s’agit de ceux qui ont grandi auprès de parents adoptifs. Le plus souvent, les adoptés qui ont, comme moi, essayé de découvrir l’identité de leurs parents naturels, ont échoué dans presque toutes leurs démarches.

      Savez-​vous qui dresse devant nous ce mur de silence? Existe-​t-​il une bonne raison à cela?

      Le mur du secret légal

      La loi américaine prescrit le silence. En cas d’adoption, on établit pour l’enfant un nouvel acte de naissance; il s’agit en quelque sorte d’une “seconde naissance”. Les renseignements qui touchent le premier état civil de l’adopté sont gardés secrets et le restent presque toujours, quoi que l’intéressé puisse faire pour y avoir accès. Des amendes et des peines de prison sanctionnent quelquefois les infractions à cette consigne du silence imposée par la loi.

      Dans pratiquement tous les États-Unis, les adoptés ne peuvent avoir accès à leur premier état civil, même s’ils ont atteint l’âge adulte. D’autres pays ont une législation différente. En Israël, en Finlande et en Écosse, par exemple, l’adopté peut, une fois adulte, se faire délivrer un extrait de naissance mentionnant son identité d’origine.

      Les lois américaines sur l’adoption touchent l’existence de millions de gens, y compris celle des quelque trois à cinq millions d’adoptés ainsi que leurs parents naturels ou leurs adoptants. On dit que le nombre des adoptions pour ce seul pays surpasse le chiffre total relevé pour tout le reste du monde. Aux États-Unis, 1970 constitua une année de pointe avec 175 000 adoptions, mais ce nombre tend maintenant à décroître.

      Origine de la législation actuelle

      Il y a quelques années, je ressentis le désir d’en savoir plus sur cette question de l’adoption. Ma lecture de la Bible m’avait appris qu’il s’agit là d’une procédure fort ancienne. On peut en donner pour exemple le cas de Moïse, ce bébé israélite sauvé de la noyade dans les eaux du Nil par la fille de Pharaon, qui l’adopta ensuite, “de sorte qu’il devint pour elle un fils”. (Ex. 2:5-10.) Je devais apprendre plus tard que l’antique recueil de lois babyloniennes, dit “Code d’Hammourabi”, et le “Code des lois de Manu”, en Inde, de même que les lois assyrienne, égyptienne, grecque et romaine, prévoyaient déjà des procédures d’adoption.

      Ces lois avaient notamment pour but de prévenir l’extinction de certaines lignées et d’instituer des héritiers légitimes. Sous ce rapport il est intéressant de rappeler qu’Abraham, dont est issue la nation israélite, considérait de toute évidence que son esclave Éliézer pouvait prétendre à une position équivalente à celle d’un fils adoptif. En effet, Abraham dit un jour: ‘Je m’en vais sans enfant, et celui qui possédera ma maison est un homme de Damas, Éliézer.’ — Gen. 15:2-4.

      À une époque plus récente, les lois civiles anglaises sur lesquelles se base le code américain ne prévoyaient aucune mesure d’adoption. C’est ainsi que l’adoption légale ne put avoir cours aux États-Unis avant la seconde moitié du dix-neuvième siècle, époque à laquelle les différents États commencèrent à mettre en place des lois qui l’autorisaient localement. Il fallut attendre 1926 et le décret sur les adoptions, pour que l’adoption devienne légalement possible en Angleterre. Une fois adopté, l’enfant n’est plus membre de sa famille de sang, mais appartient exclusivement à celle de ses parents adoptifs.

      Des dispositions humanitaires

      Je peux témoigner personnellement en faveur des avantages que comportent les dispositions actuelles sur l’adoption. Autrefois, les bébés dont les parents ne pouvaient ou ne voulaient pas s’occuper étaient généralement confiés à des institutions. Ces enfants s’adaptaient souvent très mal à leur sort et les taux de mortalité étaient élevés. Il est infiniment préférable de permettre à des couples qui ont réellement envie d’avoir des enfants d’adopter ces tout-petits et de leur donner l’affection et les soins dont ils ont besoin.

      C’est une telle attention pleine d’amour que m’ont témoignée mes parents adoptifs, et je leur en serai toujours reconnaissant. Ils m’ont vraiment élevé comme leur propre enfant. Cela ne les a toutefois pas empêchés de me dire très tôt que j’étais un petit garçon adopté. Ce fut une sage précaution. Quand les parents adoptifs ne disent rien à l’enfant, celui-ci risque fort d’être mis au courant par d’autres personnes. Outre le choc que lui occasionne cette révélation, il a le plus souvent l’impression d’avoir été trompé par ses parents adoptifs, qui ont tenté de lui cacher la vérité. Il est bon, cependant, d’attendre pour parler à l’enfant qu’il ait atteint un niveau de compréhension suffisant; le meilleur moment doit se situer aux alentours de six ou huit ans.

      J’ai compris ces dernières années toute l’importance que revêt l’environnement dans le développement du jeune enfant, et cette découverte n’a fait qu’accroître ma reconnaissance envers mes parents adoptifs. Par exemple, il est flagrant qu’aux États-Unis les enfants noirs ne bénéficient pas des mêmes avantages que les enfants blancs dans le domaine de l’éducation et de la culture. C’est pour cette raison que les enfants de couleur élevés dans des foyers blancs se trouvent favorisés sur le plan de l’éducation par rapport aux autres petits Noirs, ce qui leur permet d’atteindre un meilleur quotient intellectuel.

      D’où viennent les bébés à adopter?

      Durant la fin des années 60 et le début des années 70, de nombreux parents blancs ont adopté des enfants noirs. En fait, plus d’un tiers des enfants noirs adoptables étaient accueillis dans des familles blanches. Mais les leaders noirs ont par la suite élevé de vigoureuses protestations, arguant que ces enfants risquaient en grandissant, d’avoir plus de mal que les autres à faire face aux réalités de la vie. Ils seraient rejetés à la fois par les Blancs, à cause de la couleur de leur peau, et par les Noirs. à cause de leur éducation et de leur comportement par trop différents.

      Mais vous vous demandez peut-être pourquoi tant de parents blancs ont envie d’adopter des bébés noirs ou métis. C’est que l’on trouve de moins en moins d’enfants blancs susceptibles d’être adoptés. Les bureaux spécialisés ont des listes d’attente portant sur des années et refusent même, dans certains cas, d’enregistrer de nouvelles demandes. Pourquoi ce manque? Puisque les bébés adoptables sont pour la plupart recrutés parmi les enfants nés hors du mariage, comment se fait-​il que, malgré l’accroissement considérable des naissances illégitimes, les possibilités d’adoption aillent en diminuant?

      Ceci provient principalement du fait que notre société ne marque plus de désapprobation à l’égard des mères célibataires. On voit des célébrités du rock et des étoiles de cinéma élever des enfants illégitimes, et certaines chansons à succès confèrent à cette nouvelle tendance une sorte de prestige factice. C’est ainsi que, si voici quelques années quatre-vingts pour cent des mères célibataires américaines confiaient leur bébé à l’adoption, il n’en va plus de même aujourd’hui, où le taux d’abandon est descendu à vingt pour cent. Il y a de ce fait moins d’enfants à adopter.

      Les mères qui renoncent ainsi à leurs enfants se demandent-​elles jamais ce qu’ils deviennent? Et pourquoi les adoptés tiennent-​ils tant à retrouver leurs parents de sang?

      Le besoin de savoir

      J’ai ressenti dès l’enfance le besoin de savoir à quoi ressemblaient mon père et ma mère, et ce malgré les bonnes relations que j’entretenais avec mes parents adoptifs. J’ai appris depuis lors que la plupart des adoptés éprouvent un sentiment analogue, comme s’il leur manquait “une partie d’eux-​mêmes”. Le docteur Arthur Sorosky, qui étudia longuement la question, la résume ainsi:

      “Nous avons pu constater que cette curiosité dont fait montre l’enfant adopté n’est pas fonction des relations bonnes ou mauvaises qu’il entretient avec ses parents nourriciers. Elle correspond à un besoin simple et universel: celui de connaître ses racines. Le désir ressenti par l’adopté de recueillir des informations généalogiques, voire de rencontrer ses parents naturels, ne peut être vraiment compris par une personne non adoptée. Il ne doit pas non plus être pris à la légère et systématiquement interprété comme la manifestation d’un déséquilibre psychologique.”

      J’ai également appris que, bien souvent la mère naturelle s’interroge par la suite au sujet de l’enfant qu’elle a abandonné. Je me souviens que ma mère adoptive, une femme fine et sensible, me disait le jour de mon anniversaire: “Où qu’elle soit, ta mère pense probablement à toi aujourd’hui.” Je suis reconnaissant à Papa et à Maman de s’être montrés si compréhensifs. Quand finalement je me suis décidé à faire mon enquête, ils m’ont même apporté leur aide.

      Une étude a fait apparaître que les adoptés qui parviennent à retrouver leurs parents de sang sont presque toujours heureux d’avoir fait les recherches nécessaires. Même quand ce qu’ils apprennent n’a rien de bien plaisant ils estiment que le fait de ne rien savoir du tout l’était encore moins. C’est aussi mon avis.

      J’ai cependant compris que retrouver mes origines n’était pas essentiel pour me permettre d’accéder au vrai bonheur. Tout bien considéré, si l’on remonte suffisamment loin dans le temps, on constate que les racines de toute la famille humaine conduisent au patriarche Noé, qui survécut au déluge universel. Par conséquent, la seule découverte vraiment vitale que nous puissions faire n’a pas trait à nos origines physiques, mais à ce qui peut nous permettre d’entretenir de bonnes relations avec Dieu, notre Père spirituel. Toutefois, tout en accordant la première place dans ma vie à mes relations avec Jéhovah Dieu, je conservais le désir de retrouver mes parents naturels. Permettez-​moi donc de vous dire maintenant à quoi mes recherches ont abouti.

  • Ma patience est récompensée
    Réveillez-vous ! 1979 | 8 mars
    • Ma patience est récompensée

      TOUS les renseignements concernant ma personne et ma famille se résumaient, à ma connaissance, à quelques documents légaux. Quand mes parents me les montrèrent pour la première fois, j’avais sept ou huit ans. On les leur avait délivrés au moment de l’adoption, alors que je n’étais qu’un bébé. Quand j’atteignis l’âge adulte, ils me les remirent. Tout l’héritage venu de ma famille tenait en deux noms inscrits sur une feuille de papier, le mien et celui de ma mère.

      Bien que le désir de découvrir mes origines ne me quittât plus depuis l’enfance, je ne fis rien pour le satisfaire avant d’avoir atteint la trentaine. Entre-temps, mon étude de la Bible avait entièrement modifié le cours de mon existence.

      Vers l’année 1967, j’ai organisé ma vie de manière à disposer de plus de temps pour partager mes connaissances bibliques avec d’autres personnes. Je devais ensuite servir durant près de quatre ans en qualité de missionnaire dans les îles du Pacifique, à Truk, Kosrae et Ponape. Enfin, en 1973, je fus invité à faire partie du personnel du bureau central des Témoins de Jéhovah à Brooklyn, dans l’État de New York.

      C’est alors que j’entrepris de faire le point sur mon passé et que certaines questions prirent un tour obsédant. Qui sont mon père et ma mère? Ai-​je des frères et sœurs? Suis-​je d’origine espagnole, française ou autre? Et j’avais une autre raison, plus importante encore, d’identifier les membres de ma famille de sang: leur faire connaître la “bonne nouvelle du royaume”. — Mat. 24:14.

      Mais par où commencer mon enquête?

      Premières recherches

      Les papiers qu’on m’avait remis indiquaient en tout et pour tout les nom et prénom de ma mère, le nom que j’avais reçu en venant au monde, le nom du bureau d’adoption, ma date de naissance et le nom de l’hôpital où j’avais vu le jour. Pour commencer, j’écrivis au bureau d’adoption de la Californie, l’État où j’étais né.

      Ce fut ma première déception et mon premier heurt contre le mur du silence absolu. Tenu au respect du secret légat le bureau ne pouvait me dire si le nom que j’indiquais était ou non celui de ma mère. Toutefois, on me précisa que la femme en question était originaire de l’Orégon. On me donna aussi quelques menus détails à son sujet: elle était d’ascendance franco-allemande, avait obtenu des résultats moyens en classe et avait joué d’un instrument dans l’orchestre de son lycée.

      J’écrivis ensuite à la section des statistiques démographiques de Portland, dans l’Orégon, en joignant le montant des frais et les quelques renseignements dont je disposais concernant ma mère. La réponse me parvint au bout de quelques jours. Une personne de ce nom était effectivement née dans cet État, vingt-quatre ans avant ma naissance. On me précisait toutefois qu’il n’était pas possible de me faire parvenir un extrait de son acte de naissance, car c’eut été contraire à la loi.

      Je poursuivis mes recherches en me creusant la tête durant quelques jours, après quoi je décidai de récrire au même organisme pour demander copie de la loi qui m’interdisait d’obtenir cet extrait de naissance, copie que je reçus dans les délais prévus. La loi stipulait qu’un tel document ne pouvait être délivré qu’à un parent par le sang, à l’intéressée elle-​même ou à un homme de loi. Par chance, on m’avait envoyé copie d’une page où ce texte de loi figurait en entier. Parcourant le reste du texte, je découvris une autre loi disant qu’un particulier pouvait, en cas de contestation, présenter une requête au tribunal de grande instance, afin d’obtenir des renseignements généalogiques.

      Fort de cette disposition, je fis établir une copie conforme, dûment notariée, de mes papiers d’adoption que j’adressai au tribunal en demandant que me soit délivrée la pièce dont j’avais besoin. Quel fut le résultat? Eh bien, au bout de quelques semaines, je recevais ce fameux extrait de naissance. Le nom qu’il portait Grace Faulman, était bien celui de ma mère tel qu’il figurait sur mes papiers d’adoption. En outre, les noms de ses parents étaient également mentionnés.

      J’avais toutes raisons de penser que Grace Faulman était bien ma mère, car il était peu probable qu’une autre femme portant le même nom ait donné naissance à un bébé prénommé comme moi ce même 23 mai 1939. Mais comment en acquérir la certitude absolue? Et comment retrouver Grace Faulman et ses parents, à supposer qu’ils soient toujours en vie? Après tout, il s’était écoulé près de soixante ans depuis que cet acte de naissance avait été établi. Je décidai de poursuivre mes recherches.

      J’écrivis au directeur de l’école d’Astoria, dans l’Orégon, la ville natale de Grace, ainsi qu’au receveur du bureau de poste de l’endroit, pour tenter d’obtenir des renseignements sur la famille Faulman. Mais tous ces efforts pour retrouver ma mère n’aboutirent à rien. Apparemment, la famille de Grace avait quitté la région peu de temps après sa naissance. Il ne me restait plus qu’à trouver une autre piste.

      Une lueur apparaît

      Notons au passage que c’est l’expansion vers l’ouest qui a déterminé le peuplement des États-Unis. À partir de 1790, date du premier recensement fédéral, des familles entières, isolément ou en groupe, ont émigré dans cette direction. C’est ce qui explique comment Grace Faulman a pu naître dans l’Orégon, en bordure du Pacifique, alors que son père et sa mère étaient tous deux originaires du Michigan.

      Je tentai, mais sans succès, d’obtenir un extrait de l’acte de naissance du père de Grace Faulman. Il semble qu’il n’y en ait jamais eu un. Par contre, je pus me procurer celui de sa mère. J’appris ainsi le nom des grands-parents de Grace, puisque ce nom figurait sur l’extrait de naissance de leur fille.

      Je demandai ensuite, en joignant le montant des frais, copie de l’acte de mariage des grands-parents de Grace. Je fournis leurs noms en me servant de l’extrait de naissance de la mère de Grace. Le document que je reçus portait la date du 3 février 1894. Il m’était désormais possible de tirer parti d’une disposition spéciale prise lors du recensement fédéral de 1880. En effet, les résultats de ce recensement furent consignés à l’époque dans un index alphabétique, de sorte que les noms de tous les chefs de famille qui avaient en 1880  des enfants âgés de moins de dix ans figurent sur cette liste, avec d’autres renseignements les concernant.

      J’adressai donc une requête au département des Archives nationales de Washington où sont conservées des copies de ce recensement. J’indiquai le nom du grand-père de Grace, Henry Monroe (né en 1871, il avait moins de dix ans en 1880), en demandant que des recherches soient faites dans l’index. Peu de temps après, j’eus la satisfaction de recevoir copie de la page de l’index où figuraient les noms d’Henry Monroe et de sa famille. Détail important cette page mentionnait aussi qu’Henry Monroe habitait à l’époque la ville d’East Jordan dans le Michigan.

      C’est grâce à ce simple document et à un acte de bonté dont j’allais faire l’objet que je devais plus tard trouver la clé qui ouvrirait la porte de mon passé. Mais, sur le moment, je ne vis pas en quoi ces renseignements pouvaient m’être utiles. Je me lançai donc, à grand renfort de lettres et d’écritures, à la recherche d’autres branches de cette famille que je supposais être la mienne.

      Comme j’habitais à Brooklyn, tout près de la Société d’Histoire de Long Island, je décidai de m’y rendre un certain temps chaque samedi pour examiner les listes de recensement et les autres documents généalogiques. Bientôt, en retraçant la lignée de Henry Monroe, je trouvai trace d’une femme qui, selon moi, pouvait avoir été l’une de mes arrière-grands-mères. Elle avait vécu à Cobleskill, petite ville du nord de l’État de New York. Curieux de savoir si des membres de sa famille y habitaient encore, j’écrivis au petit hebdomadaire local et j’eus la surprise de recevoir, une semaine plus tard, une réponse à ma lettre. La femme qui l’avait écrite était la nièce de celle que je pensais être mon aïeule.

      Cette personne m’invitait à lui rendre visite à Cobleskill. Je passai là-bas un week-end très agréable, au cours duquel on me dressa un historique de la famille portant sur deux cents ans. Il fallait croire que j’étais vraiment sur la bonne piste, puisque au dire de toutes les dames qui me reçurent j’avais hérité le nez de la famille! Autre élément encourageant, je devais apprendre que trois de leurs petits-fils partageaient mes convictions religieuses.

      Malheureusement, depuis cinquante ans, les membres de la famille qui résidaient au nord de l’État de New York avaient perdu tout contact avec la branche à laquelle appartenait Grace Faulman et ignoraient tout d’elle. Ainsi, en dépit des résultats obtenus, mes chances de retrouver ma mère restaient plutôt minces. C’est alors que j’eus une idée.

      Le fil qui me relie à mon passé

      Je me souvins de ce papier, relégué au fond d’un tiroir, qui me donnait des renseignements sur le grand-père de Grace, Henry Monroe, à partir des listes du recensement de 1880. Je me dis: “Si j’ai pu obtenir des résultats en écrivant à un journal local à propos de mes parents de Cobleskill dans l’État de New York, pourquoi n’écrirais-​je pas au receveur des postes de la petite ville d’East Jordan, dans le Michigan, où vivaient Henry Monroe et sa famille?”

      Et c’est ce que je fis, disant au receveur que j’essayais de retrouver la trace de parents éloignés. Je lui demandai s’il connaissait en ville une personne répondant au nom de Monroe, tout en le priant de lui remettre une lettre le cas échéant. Et j’oubliai cette lettre sitôt envoyée.

      Environ quinze jours plus tard, en triant mon courrier aux alentours de midi, je tombai sur une enveloppe écrite de ma propre main (je joignais toujours à mes demandes de renseignements une enveloppe timbrée pour la réponse). En l’ouvrant, je découvris à ma grande surprise qu’elle m’était renvoyée par la propre cousine germaine de la mère de Grâce. Le receveur des postes avait eu l’obligeance de la lui transmettre. Transporté de joie, j’eus le plus grand mal ce jour-​là à garder l’esprit au travail.

      Après avoir établi une correspondance amicale avec cette dame, qui, j’en étais pratiquement sûr, était l’une de mes parentes, j’entrepris de lui poser quelques questions prudentes au sujet de la mère de Grâce. Oui, me répondit-​elle, elle vit toujours, et elle a un petit-fils qui habite en Alaska. C’était là une nouvelle de tout premier ordre. J’avais un frère! Mais j’appris également, au cours de cet échange de correspondance, que Grâce était morte. Que faire donc?

      Ignorant les circonstances qui entouraient ma naissance, je savais devoir me montrer prudent. Finalement, je décidai de révéler toute la vérité à la cousine de ma grand-mère. Je lui écrivis en joignant à ma lettre la copie de mes papiers d’adoption et en la priant de bien vouloir faire office d’intermédiaire. “Accepteriez-​vous de révéler mon identité à ma grand-mère?”, demandais-​je.

      Je retrouve ma famille de sang

      Les jours se succédaient lentement, quand enfin je reçus une lettre de ma grand-mère. Elle était au comble de la joie. Oui, il y avait bien un “petit-fils manquant”, mais elle le croyait décédé, sa fille lui ayant dit qu’il était mort en bas âge. Oui, la personne dont le nom figurait sur mes papiers légaux était bien sa fille. Ma grand-mère m’indiquait par ailleurs le numéro de téléphone de mon frère en Alaska, me recommandant de l’appeler sans tarder. “Et quand, oui, quand pourras-​tu venir me voir en Californie?”, demandait-​elle.

      Je joignis donc mon frère au téléphone. Mes premiers mots furent: “Mon frère!” et les siens: “Je n’arrive pas à y croire!”

      Ma mère lui avait dit à lui aussi que j’étais mort en bas âge, mais par la suite, il y a une quinzaine d’années, notre père lui avait révélé que j’avais été adopté. Il avait essayé de me retrouver, mais toutes ses tentatives s’étaient heurtées au mur du silence dressé par la loi.

      Le voyage en Californie puis la rencontre avec ma famille furent sans contredit l’un des moments les plus heureux de ma vie. Certes, je fus attristé d’apprendre que ma mère et mon père (dont je sus qu’il s’appelait John Rapoza-Vierra) étaient morts tous les deux depuis quelques années. Mais je pus passer de nombreuses heures en compagnie de ma grand-mère, de mon frère et également de mes parents adoptifs qui, depuis le début m’avaient encouragé dans tous mes efforts. D’ailleurs, eux-​mêmes avaient fait de leur côté tout ce qu’ils avaient pu pour se renseigner. J’ai plaisir à dire qu’il m’a également été possible de rencontrer des membres de la famille de mon père naturel, qui m’ont fait le récit de leurs migrations depuis les Açores jusqu’à Hawaii et d’Hawaii en Californie. Mon père était portugais.

      Ainsi, j’avais réussi. Ma patience trouvait sa récompense. “Mais quel a été le coût de tous ces efforts?” vous demandez-​vous peut-être. Eh bien, il faut ajouter aux lettres écrites de ma main et aux plus de quatre cents réponses affranchies par mes soins le montant des frais de poste et des taxes administratives ainsi que la valeur de tous les samedis après-midi que j’ai passés à la bibliothèque.

      Un espoir pour l’avenir

      J’ai éprouvé une joie toute particulière à parler aux membres de ma famille de l’espérance réconfortante que la Bible nous donne concernant l’avenir. Je leur ai montré que nous avions de bonnes raisons de croire que Jéhovah Dieu accorderait à Grace et à John la possibilité de vivre à nouveau sur la terre par le moyen de la résurrection (Jean 5:28, 29; Actes 24:15). Quelle joie ce sera pour moi de pouvoir enfin les connaître! Bien sûr, je n’ignore pas qu’ils ont commis de graves erreurs, et même qu’ils ont vécu dans la débauche, mais je sais aussi que ceux qui bénéficieront de la résurrection se verront offrir la possibilité d’être instruits des commandements divins et de se soumettre au Royaume de justice qui administrera alors les affaires humaines.

      Pour ma part, j’estime que le fait d’avoir retrouvé mes racines justifie largement la peine que j’ai prise. Il est d’ailleurs intéressant de noter que certaines généalogies ont été consignées dans la Bible de façon très détaillée. Il est évidemment normal que les humains s’interrogent sur leur ascendance. Toutefois, je n’ignore pas que ce n’est pas là le plus important et qu’il serait dangereux de porter un intérêt excessif à des questions de ce genre. — I Tim. 1:3, 4; Tite 3:9.

      En une certaine occasion, Jésus Christ démontra de façon péremptoire qu’il existe des relations encore plus importantes que celles qui découlent de la parenté charnelle. Comme on lui parlait des membres de sa famille, il demanda: “Qui est ma mère, et qui sont mes frères?” Puis, étendant la main vers ses disciples’ il dit: “Voici ma mère et mes frères! Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est au ciel, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.” — Mat. 12:48-50.

      J’ai pu constater par moi-​même qu’il en était bien ainsi. Le fait de partager la même foi et la même espérance en la promesse divine tisse des liens d’amour encore plus étroits que les liens du sang. Ma femme et moi venons juste de suivre les cours de la 65e classe de Galaad, l’École biblique de la Watchtower. Nous aurons bientôt l’immense privilège de partir pour un autre pays, afin d’instruire de nouvelles personnes dans la foi chrétienne qui leur permettra d’entretenir à leur tour de bons rapports avec leurs frères humains, et surtout d’excellentes relations avec Jéhovah Dieu. — D’un de nos lecteurs.

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