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L’obéissance, source de riches bénédictionsLa Tour de Garde 1964 | 1er novembre
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L’obéissance, source de riches bénédictions
Raconté par Heinrich Dwenger
J’HABITAIS en Allemagne, à Hambourg, et j’avais à peine dix-sept ans quand je commençai à m’intéresser à la Bible et à la lire régulièrement. Il y a soixante ans de cela. Comme je suis heureux d’avoir, tout jeune, apprécié la Parole de Dieu au point de chercher à la comprendre ! En suivant docilement ses instructions, j’ai été comblé de bénédictions, ayant été dirigé par Dieu à travers l’époque la plus troublée de l’histoire humaine.
Toutefois, mes premiers efforts pour comprendre la Bible ne furent guère récompensés. J’examinai les doctrines des Églises orthodoxes et appris qu’elles accordaient plus de valeur aux traditions religieuses qu’à la Parole de Dieu et que les paroissiens, pour la plupart, étaient indifférents aux enseignements de la Bible. Où pourrais-je trouver l’aide dont j’avais besoin pour comprendre la Parole de Dieu ? J’étais à la recherche de conseils.
Un jour de l’année 1907, en ouvrant le journal hambourgeois General Anzeiger, un tract intitulé “Il vendit son droit d’aînesse”, glissa à terre. À Barmen [qui fait partie du Wuppertal depuis 1929], la Société avait distribué un grand nombre de ces tracts bibliques par l’intermédiaire de ce journal. Je lus avec un grand intérêt celui que je ramassai ce jour-là et, comme il invitait les lecteurs à écrire à la Société pour obtenir les Études des Écritures, je répondis avec plaisir à cette invitation. Quelle joie j’éprouvai à lire ces ouvrages ! J’avais enfin trouvé l’aide que j’attendais pour comprendre la Bible.
J’ACCEPTE DES RESPONSABILITÉS
Aussitôt, je souscrivis un abonnement au périodique La Tour de Garde, et répondis à l’invitation de distribuer des tracts de maison en maison. Je le fis avec l’espoir qu’un grand nombre d’autres personnes obtiendraient la compréhension de la Bible et seraient aussi heureuses que moi. Mais je m’aperçus bientôt que peu de gens recherchaient la connaissance exacte de la Bible. Quand je remis les Études des Écritures et les tracts bibliques à mes parents et aux autres membres de ma famille, au lieu de les accepter avec joie ils manifestèrent de l’opposition. Pourtant, je ne fus pas découragé par leur attitude, car j’étais convaincu d’avoir trouvé la vérité et persuadé que d’autres seraient également heureux de la connaître.
J’écrivis donc à la Société et elle me mit en rapport avec trois ou quatre autres personnes intéressées de Hambourg. Peu de temps après, nous commençâmes à nous réunir pour étudier les Études des Écritures. Vers cette époque, le frère de la filiale chargé de la direction de l’œuvre de prédication en Allemagne, nous conseilla d’organiser des réunions publiques sur la Bible à Hambourg. Nous le fîmes avec joie, avec le concours de frères qualifiés envoyés par le siège de la Société à Barmen.
L’année suivante, en 1909, je visitai le Béthel de la Société à Barmen et eus l’occasion de symboliser le don de ma personne à Jéhovah par le baptême d’eau. Quel beau jour ! Mais, j’eus alors une décision à prendre. Le serviteur de filiale me conseilla d’entrer dans le service à plein temps. Je savais que mes parents seraient profondément déçus si j’abandonnais mon travail profane. Néanmoins, après avoir considéré cette question avec soin et dans la prière, j’acquis la conviction que c’était la volonté du Seigneur que j’entreprenne le service de pionnier. Le 30 septembre 1910 je quittai mon emploi et, le lendemain, j’entrai dans l’œuvre de prédication à plein temps à Hambourg.
Le Seigneur bénit nos efforts ; d’autres vinrent se joindre à notre petit groupe d’étude. Je travaillai aussi dans d’autres villes de la province de Schleswig-Holstein. Puis, au cours de l’été de 1911, la Société m’invita à devenir membre de la famille du Béthel de Barmen ; j’acceptai avec joie.
LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Les années qui précédèrent la Première Guerre mondiale furent pour moi des années heureuses. Je pris un vif plaisir à travailler avec les frères du Béthel et à participer au ministère du champ, le dimanche, en distribuant des tracts de porte en porte. Nous avertissions les gens qu’un temps de grande détresse allait commencer en 1914, “les temps fixés des nations” devant prendre fin cette année-là (Luc 21:24, MN). En 1910, le serviteur de filiale avait prononcé un discours public sur ce sujet dans une grande salle de Barmen, et les auditeurs y prêtèrent une vive attention. Cela excita nos adversaires qui se moquèrent ; force leur serait, disaient-ils, de nous supporter jusqu’en 1914. Mais, quand la Première Guerre mondiale éclata soudainement, les moqueurs se turent.
L’ŒUVRE RENAÎT
Après la guerre, Jéhovah fraya la voie pour une nouvelle et grande œuvre de prédication. L’issue de la guerre avait considérablement déçu le peuple allemand, et l’influence du clergé avait sensiblement diminué. Aussi n’y avait-il guère d’opposition à notre prédication, même dans les quartiers où les catholiques prédominaient et, bientôt, de petites congrégations se formèrent dans toute l’Allemagne. Je fus désigné par la Société pour faire des conférences publiques sur la Bible dans de nombreuses villes de l’Allemagne méridionale, et aider les congrégations établies dans cette région. Quelle joie ce fut pour moi de voir que l’œuvre de témoignage, momentanément arrêtée et semblable à un cadavre étendu dans la rue était restaurée ! — Rév. 11:8, MN.
Par suite de l’expansion de la prédication, les locaux de Barmen devinrent bientôt insuffisants. Il fallut emménager dans des locaux plus grands, à Magdebourg, où on installa une imprimerie. En 1931, le nombre sans cesse croissant des ministres prédicateurs atteignait plus de 10 000, et les presses de Magdebourg leur fournissaient des millions de publications à répandre. Les deux années suivantes virent de nouveaux accroissements et, au début de 1933, un merveilleux maximum de plus de 19 000 participants à l’œuvre de prédication en Allemagne fut atteint.
Pendant cette période, nous fûmes fortifiés en vue des grandes épreuves qui commencèrent après la venue au pouvoir d’Adolf Hitler. L’adoption, en 1931, du nom de “témoins de Jéhovah”, nous incita vraiment à rester fermes du côté du grand Dieu Jéhovah ; aussi les frères virent-ils la nécessité d’un combat intrépide lorsque l’interdiction frappa l’œuvre en Allemagne en 1933. Les nombreuses exhortations : “Ne crains point !”, contenues dans la Bible, commencèrent à exercer une grande influence sur notre vie.
J’ACCEPTE UNE TÂCHE EN DES TEMPS PÉRILLEUX
En 1933, quand les difficultés surgirent, on me demanda d’aller en Hongrie pour apporter mon aide à l’œuvre de prédication. À ma grande surprise, la police de Magdebourg m’octroya un laissez-passer et je partis bientôt pour la Hongrie.
À Budapest, Jéhovah fit en sorte que La Tour de Garde et différentes publications fussent imprimées en hongrois. Pendant un certain temps, les autorités n’essayèrent pas d’intervenir, et les frères de Hongrie participaient activement à la diffusion des publications. De nombreuses personnes de bonne volonté se joignaient aux témoins de Jéhovah. Durant deux années, la propagation du message du Royaume en Hongrie m’apporta de nombreuses bénédictions.
Puis un jour j’appris que le serviteur de la filiale d’Allemagne avait été arrêté à Magdebourg par la Gestapo, et on me pria de revenir pour continuer l’œuvre. Cependant, les frères de Budapest protestaient : “Si tu retournes en Allemagne, on t’arrêtera probablement, alors que tu peux encore nous être utile ici.” La question n’était pas de savoir si je serais arrêté ou non, leur répondis-je, mais puisque j’avais reçu des instructions par l’intermédiaire de l’organisation de Jéhovah, j’ajoutai qu’il est toujours préférable d’obéir.
De retour à Magdebourg, j’appris que la Gestapo avait découvert que la Société avait loué une chambre où elle conservait les adresses des nombreux lecteurs de La Tour de Garde ainsi que d’autres documents. En fouillant ce local, elle espérait découvrir des preuves qui lui auraient fourni un prétexte pour confisquer nos biens. Sans tarder, je déménageai tout ce qui se trouvait dans la chambre et, quand elle vint, elle ne trouva que des rayons vides. Grande fut sa déception !
La Gestapo de Berlin décida alors de prendre des mesures rigoureuses contre nous. Un matin, ses hommes arrivèrent au Béthel, apposèrent les scellés sur les presses et fouillèrent les chambres. Ce jour-là, je m’étais proposé d’aller à Halle voir l’avocat de la Société, mais la Gestapo arriva au Béthel avant que j’aie eu le temps de partir. J’avais aussi rendez-vous à Berlin le lendemain, avec le serviteur de la filiale de Suisse, afin de régler avec lui d’importantes questions, car ce serviteur était chargé en ce temps-là de la responsabilité de l’œuvre en Allemagne.
Mais il devenait évident que la Gestapo allait déranger ces plans. Quand ses hommes surgirent, je me trouvais dans l’un des salons du Béthel. Dans l’impossibilité de fuir, je fermai la porte à clé de l’intérieur. Plusieurs fois, la poignée fut secouée vigoureusement, mais la porte ne fut pas forcée. Combien de fois l’ennemi passa tout près de nous ! Plusieurs frères étaient avec moi et nous avions des publications qu’ils cherchaient. C’était comme si Dieu les avait frappés de cécité. C’est ainsi que nous fûmes épargnés cette fois-là.
Trois heures plus tard, je parvins à sortir, sans être vu, par une autre porte. Comme il n’avait pas réussi à m’appréhender, le chef de la Gestapo de Magdebourg reçut l’ordre de se rendre chez notre avocat, à Halle, afin de m’arrêter. Pendant ce temps, des sentinelles étaient postées au Béthel pour me prendre dans le cas où je reviendrais. J’appris tous ces détails à Halle deux jours plus tard, de la bouche de notre avocat. J’appris aussi qu’à la suite de ces incidents on m’avait retiré la nationalité allemande. Lorsque je pus enfin rejoindre le serviteur de la filiale suisse à Berlin, il fut décidé qu’on m’enverrait à Dantzig, en Pologne, puisque je ne pouvais plus faire grand-chose en Allemagne.
Par la suite, ce serviteur fut arrêté aussi par la Gestapo et détenu pendant une semaine. Après sa mise en liberté, il me fit venir à Berne, en Suisse.
En 1936, on m’assigna pour tâche de travailler au Béthel de Prague, en Tchécoslovaquie. J’y restai pendant près de trois ans, et Jéhovah bénit abondamment l’œuvre dans ce pays. Les congrégations participaient joyeusement à la prédication du message du Royaume, et nous n’avions guère d’ennuis avec les autorités. Mais, après l’annexion du pays des Sudètes par les Allemands, en 1938, il fut manifeste que les frères de Tchécoslovaquie seraient bientôt tous entre les mains des Nazis. En 1939, ces derniers entrèrent soudainement à Prague ; aussitôt, nous démontâmes les machines de l’imprimerie et parvînmes à expédier le matériel en Hollande par voie maritime. Puis nous entrâmes dans la clandestinité. Je reçus des instructions pour rentrer à Berne aussitôt que l’œuvre de prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu aurait été organisée dans la clandestinité.
Je quittai Prague à une heure tardive ; le lendemain, de bonne heure, un officier de la Gestapo se présentait au Béthel pour m’arrêter. J’étais surpris qu’on ne l’eût pas envoyé plus tôt, car la Gestapo était installée à Prague déjà depuis deux semaines. Après une journée au cours de laquelle je fus exposé à bien des dangers, j’arrivai sain et sauf en Suisse, en passant par la Hongrie.
JE PASSE DE NOMBREUSES ET HEUREUSES ANNÉES À BERNE
La guerre menaçait ; les autorités suisses désiraient vivement le départ de tous les étrangers. Cela concernait même les frères qui étaient au Béthel depuis longtemps. La Société avait pris des dispositions pour que ces frères aillent au Brésil pour y entreprendre le service de pionnier. Nous avions achevé nos derniers préparatifs, retenu nos couchettes, fixé le jour et l’heure du départ. Mais, une heure avant de quitter Berne, nous fûmes informés que le bateau ne quitterait pas le port de Gênes, l’Italie étant entrée en guerre. Force nous fut de rester à Berne.
J’ai servi au Béthel de Berne pendant de nombreuses années et reçu d’abondantes bénédictions. Quelle ne fut pas ma joie quand un frère de Suisse m’invita à assister à l’assemblée internationale de New York, en 1950 ! D’autres riches bénédictions m’attendaient encore : la Société m’invita à assister à d’autres congrès, encore plus importants, qui se tinrent à New York en 1953 et 1958. Comme j’appréciais cette bonté imméritée de Jéhovah qui m’avait permis d’assister à ces assemblées internationales !
Quand je revois mes cinquante-trois années et demie de service à plein temps, marquées au début par mon service de pionnier à Hambourg, je suis heureux d’avoir pris au sérieux la responsabilité scripturale de prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. J’ai passé maintes années de ma vie à servir dans les Béthels de différents pays, où je n’eus pas à choisir le travail qui me plaisait mais où j’ai accompli les tâches qu’on me confiait. Comme je suis heureux de m’être sans cesse efforcé de suivre les instructions que Jéhovah me transmettait par son organisation terrestre, en accomplissant ces tâches fidèlement ! Car, en vérité, c’est cette obéissance qui a été la source des riches bénédictions que j’ai reçues.
[Illustration, page 669]
Béthel de Berne, en Suisse.
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Ami de l’empereurLa Tour de Garde 1964 | 1er novembre
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Ami de l’empereur
◆ Dans Actes 18:12-16, il est relaté comment l’apôtre Paul, au temps où il était à Corinthe, fut amené devant Gallion, “proconsul de l’Achaïe”. Le siège de justice devant lequel Paul comparut est certainement celui qui a été découvert par des archéologues ; on a également trouvé une lettre de l’empereur Claude qui dit : “Ainsi que Lucius Junius Gallion, mon ami, et proconsul d’Achaïe, l’écrivit.” La lettre indique que Gallion vint à Corinthe en 51 de notre ère, ce qui s’accorde avec la date de la venue de Paul dans cette ville, comme l’indique la Bible.
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