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  • Comment nous savons que nous sommes dans les “derniers jours”
    La Tour de Garde 1968 | 1er mars
    • annonce la fin de celui-ci. Qui croirez-​vous ? Pour votre bonheur éternel, écoutez Dieu, apprenez et faites ce qu’il exige de vous, car “le monde passe et son désir aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais”. — I Jean 2:17.

      RÉFÉRENCES

      1 Life, 13 mars 1964, p. 45.

      2 The World Book Encyclopedia, 1966, tome XX, p. 377.

      3 Evening Star de Londres, citation parue dans le New Orleans Times-Picayune, 5 août 1960.

      4 West Parker de Cleveland, 20 janvier 1966, p. 1.

      5 U.S.News & World Report, 13 septembre 1965, p. 20.

      6 The World Book Encyclopedia, 1966, tome XX, p. 379, 380, 410.

      7 Ibid., p. 410, 411.

      8 U.S.News & World Report, 1er août 1966, p. 5, 46, 47.

      9 Weekly Graphic des îles Philippines, 13 mai 1964.

      10 Cosun Daily de la Corée du Sud, 14 avril 1964.

      11 Becko-Journalen de Stockholm, 14 mai 1964.

      12 Look, 24 septembre 1963.

      13 U.S.News & World Report, 1er novembre 1965, p. 80.

      14 Ibid., 19 septembre 1966, p. 43.

      15 Science News Letter, 18 mai 1963, p. 309.

      16 Look, 14 juillet 1964.

      17 U.S.News & World Report, 25 juillet 1966, p. 67, 69.

      18 Intelligence Digest, septembre 1966, p. 4.

      19 Dispatch de St-Paul, 19 janvier 1963, p. 2.

      20 U.S.News & World Report, 11 octobre 1965, p. 144.

      21 New York Times du 19 février 1965, p. 1.

  • “Un spectacle théâtral au monde, tant aux anges qu’aux hommes”
    La Tour de Garde 1968 | 1er mars
    • “Un spectacle théâtral au monde, tant aux anges qu’aux hommes”

      Raconté par Maxwell G. Friend

      “VENEZ, écoutez, vous tous qui craignez Dieu, et je raconterai ce qu’il a fait à mon âme.” (Ps. 66:16). C’est là précisément ce que je désire faire à présent.

      J’ai Abraham pour ancêtre. Comme lui, mon plus cher désir a toujours été d’avoir à jamais Jéhovah pour Ami et de rester éternellement près de lui.

      Je suis né en Autriche, en 1890, de parents juifs pieux, qui eurent neuf enfants. Élevé dans la religion juive orthodoxe, je n’avais pas l’âge d’aller en classe que déjà je savais lire l’hébreu. C’est à mes parents, et non à mes rigides maîtres de religion, que je dois d’avoir été attiré à Dieu dès mes jeunes années. Tout l’enseignement de ces professeurs se limitait à des rites absurdes et à des prières formalistes, rabâchées en hébreu.

      En 1897, ma famille est allée s’installer en Suisse, à Zurich. C’est là que, durant ma première année d’école, j’ai entendu parler pour la première fois de l’histoire de la naissance de Jésus. J’étais charmé. À peine savais-​je lire l’allemand qu’un vieux livre religieux, tout abîmé, écrit et illustré pour enfants, est entré chez nous. Imprimé en gros caractères, il racontait de charmantes histoires tirées des Écritures hébraïques et grecques. Je l’ai lu et relu péniblement avec un intérêt passionné. Les récits, tant des Écritures hébraïques, qui m’étaient familières, que ceux, plus récents, relatifs au Messie et à ses premiers disciples, prenaient vie à mes yeux et m’enthousiasmaient. J’y croyais du plus profond de mon cœur. Plus tard, je me suis passionné pour des ouvrages de vulgarisation scientifique, et plus particulièrement pour ceux qui traitaient de biologie et de cosmologie. Ces lectures élargissaient mon horizon, si bien qu’à l’âge de quatorze ans, j’abandonnais la religion formaliste.

      J’ATTEINS L’ÂGE ADULTE

      L’instruction prétendue supérieure de mes années universitaires, jointe à un examen plus approfondi du formalisme abject, des credos absurdes et de l’hypocrisie révoltante qui caractérisaient les religions que je voyais pratiquées autour de moi, m’avaient fait perdre la foi sincère de mes jeunes années. J’étais devenu un malheureux sceptique, agnostique et évolutionniste. Mais pas pour longtemps. J’éprouvais un amour intense pour les beautés de la création depuis ma plus tendre enfance. L’admiration des œuvres de Dieu m’a ramené à lui. Un jour de 1912, après avoir reçu pendant plus de trois ans une solide formation dans l’art dramatique au célèbre théâtre de la ville de Zurich, je m’étais assis au bord du magnifique lac qui s’étend non loin de là, et me livrais à la méditation. Et là, mes yeux furent de nouveau ouverts à une évidente réalité : toutes les merveilles de la création sont l’œuvre d’un Créateur infiniment plus merveilleux.

      Peu de temps après cet incident, la mère d’un de mes amis intimes, qui avait remarqué ma foi en Dieu, m’a remis une traduction moderne des Écritures grecques chrétiennes. Tandis que je lisais cet ouvrage avec un plaisir croissant, je sentais la chère foi en Christ de mon enfance se réveiller en moi. Grâce à une compréhension plus mûre, je croyais maintenant que Jésus de Nazareth était mon Sauveur en même temps que le Messie promis et le Roi du Royaume de son Père.

      L’OFFRANDE DE MA PERSONNE

      Après en avoir calculé le prix, les dépenses prévisibles et imprévisibles, j’ai pris la décision de marcher fidèlement sur les traces de mon grand Maître, qui m’avait acheté au prix de sa précieuse vie terrestre. J’ai décidé de vouer ma vie à Dieu et au service de son Royaume, quel qu’en soit le prix.

      Mais les Écritures contenaient encore bien d’autres choses que je voulais comprendre. J’éprouvais les mêmes sentiments que l’eunuque éthiopien qui dit à Philippe : “Réellement, comment le pourrais-​je jamais, à moins que quelqu’un ne me guide ?” (Actes 8:31). À qui m’adresser ? Je n’avais pas confiance dans les faux chrétiens et je me fiais encore moins à leurs enseignants religieux. Le Maître avait dit : “À leurs fruits vous les reconnaîtrez” comme étant un arbre pourri, qui produit du “fruit sans valeur”. (Mat. 7:15-20.) Leurs annales honteuses et tachées de sang, ainsi que leurs impitoyables massacres des Juifs durant toute l’histoire de la chrétienté, témoignaient contre eux et les condamnaient.

      Où me diriger ? À qui demander d’autres éclaircissements ? Par les Écritures j’avais déjà compris qu’il devait se trouver dans le monde, au milieu des mauvaises herbes spirituelles, un peu de véritable blé spirituel (Mat. 13:24-30). Mais comment le trouver ? J’ai alors imploré l’aide de Dieu, et il m’a répondu.

      En 1912, il y avait à Zurich environ une douzaine de chrétiens sincères qui proclamaient le Royaume de Dieu sans que je le sache. On les appelait alors les “Étudiants de la Bible”. Le groupement auquel ils adhéraient est actuellement connu sous le nom de témoins de Jéhovah. Au cours d’une visite chez des amis, j’ai aperçu, dans leur salle de musique, un tract intitulé Les trois mondes. La bonne venait de le retirer de la boîte aux lettres. Il était publié en allemand par l’Association internationale des Étudiants de la Bible. Comme il avait éveillé mon intérêt, j’ai demandé l’autorisation de l’emporter pour le lire chez moi. Le soir même, je le lisais attentivement jusqu’à une heure tardive, et après en avoir achevé la lecture, j’avais la conviction que c’était la vérité. J’étais persuadé qu’il était publié par les véritables disciples de Jésus-Christ. J’avais l’intention de le relire le lendemain et d’écrire aux éditeurs en Allemagne, pour leur demander d’autres publications. Mais le lendemain, le précieux opuscule n’était plus sur mon bureau quand je suis rentré chez moi. La bonne, le prenant pour un bout du journal de la veille, l’avait brûlé. J’ai eu à ce moment-​là l’impression de perdre un inestimable trésor. En dépit de mes efforts, il m’était impossible de me souvenir du nom ou de l’adresse des éditeurs de ce tract. Une fois de plus, je me suis adressé à mon Ami dans le ciel, et de nouveau il a exaucé ma prière.

      CHARLES T. RUSSELL VIENT À ZURICH

      Peu de temps après, tous les murs de la ville de Zurich étaient couverts de grandes affiches annonçant la conférence publique qu’allait faire un Américain, Charles T. Russell, enseignant de la Bible et grand voyageur. Son discours aurait pour thème “Par-delà la tombe”. Les affiches représentaient une image très grande et très impressionnante de la Bible enchaînée, d’où sortait l’esprit du Christ, dirigeant un doigt accusateur vers une longue et solennelle procession d’ecclésiastiques de toutes sortes. Il les accusait en disant : “Malheur à vous (...) parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance.” (Luc 11:52). Je me disais : “Comme cela est vrai !” J’ai attendu avec une impatience, difficilement contenue, le soir où, dans la plus belle salle de concert de Zurich, la Tonhalle, cette conférence publique allait être prononcée. Quand j’arrivais sur les lieux, une foule immense attendait devant l’entrée. À ma cruelle déception, la salle était déjà pleine et les portes fermées. Puis on nous a informés que la conférence serait redonnée la semaine suivante par l’interprète de Russell. La foule s’est alors dispersée.

      Ce soir-​là, je suis arrivé le premier à la salle de concert, et dès l’ouverture des portes, je suis entré dans le hall et me suis procuré le livre Le divin Plan des Âges. C’était le premier volume d’une série d’ouvrages dus à la plume de Russell. Je me suis aussitôt plongé dans la lecture ; j’étais émerveillé. Je n’ai refermé le livre qu’au moment où le président introduisait l’orateur. J’étais convaincu d’avoir enfin trouvé ce que je cherchais de tout mon cœur.

      Je buvais chaque parole de l’orateur. L’heure pendant laquelle il a parlé m’a paru courte. De retour à la maison, je me suis absorbé pendant des heures dans la lecture de l’ouvrage que j’avais acheté. J’avoue sans aucune honte que son contenu m’écrasait parfois et faisait couler des larmes de mes yeux. Ce n’est que le lendemain, à l’aube, que j’ai pu me résoudre à me séparer du livre, parce qu’il m’apportait la compréhension de la Bible. J’avais besoin d’un peu de repos en prévision de la journée de travail qui m’attendait.

      Ce matin-​là, la répétition portait sur “Hamlet”, la célèbre tragédie de Shakespeare. Mais je ne pouvais y mettre mon cœur. Pourrais-​je, contrairement à la Parole de Dieu, exprimer publiquement la croyance selon laquelle le roi, mon père, mort assassiné, continuait à vivre sous la forme d’un esprit revenant ? Serais-​je capable de jurer de le venger dans le sang, de dialoguer avec l’“âme immortelle” du roi défunt, de parler du purgatoire et de l’enfer comme s’ils étaient des réalités ? Aurais-​je le courage de répéter ces vers : “Quels rêves peut-​il nous venir dans ce sommeil de la mort ?” Pourrais-​je confesser “la crainte de quelque chose après la mort” ou “cette région inexplorée, d’où nul voyageur ne revient”, quand je savais que ces déclarations étaient antibibliques ? Je comprenais que la plupart des drames dans lesquels je jouerais soumettraient ma conscience à d’autres luttes. Je savais qu’il me serait désormais impossible de jouer le rôle d’un menteur impie. J’étais comme un enfant qui court joyeusement après une bulle de savon et l’attrape, pour la voir crever dans sa main.

      JE FRÉQUENTE POUR LA PREMIÈRE FOIS UNE CONGRÉGATION

      J’ai fini par découvrir le lieu et l’heure où les Étudiants de la Bible tenaient leurs réunions. C’était dans une chambre d’hôtel à Zurich. La douzaine de personnes qui s’y rassemblaient m’a accueilli avec une cordialité sincère et désarmante. Grâce à l’étude passionnante de la Bible qu’ils ont faite avec moi, j’ai appris à connaître les figures du tabernacle de mes ancêtres dans le désert, ainsi que leur signification prophétique. Les portes d’une vie nouvelle et véritable s’ouvraient devant moi, et je me sentais irrésistiblement attiré vers ce groupe de gens aimables et pleins d’amour appartenant au peuple de Dieu. Je me sentais à l’aise avec eux. Encore maintenant j’éprouve la chaleur de ce sentiment quand je me trouve dans les réunions des témoins de Jéhovah, partout où je vais dans le monde.

      Pour ce qui concerne la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, j’avais les mêmes sentiments que Jérémie quand il dit : “Il y a dans mon cœur comme un feu dévorant qui est renfermé dans mes os.” (Jér. 20:9). Il m’était impossible de la contenir. Il me fallait absolument la proclamer. Mon cher père était très versé dans les Écritures hébraïques ; il écoutait mon message sans parti pris, mais il parlait peu. Ma mère aussi était une âme craignant Dieu, et ce que je lui apprenais lui était assez agréable. Pour ce qui concerne Jésus, tous les deux ont été obligés d’avouer : “C’est peut-être vrai qu’il est le Messie.” Des années plus tard, à son lit de mort, ma mère bien-aimée lisait pieusement la Bible et notre livre La Harpe de Dieu. Comme je soupire après cette résurrection promise, qui permettra à mes parents d’acquérir une parfaite connaissance, et de recevoir la récompense de la vie éternelle !

      Pour ce qui les concerne, mes quatre frères et mes quatre sœurs n’adhéraient à aucune religion. Très larges d’idées, ils toléraient ma nouvelle foi et l’attaquaient rarement. Quant à mes amis intimes, dont aucun n’était religieux, ils ont essayé avec acharnement de me dissuader de ce qu’ils appelaient des “visions idéalistes”. À mon profond chagrin, j’ai perdu leur amitié, mais depuis Dieu les a remplacés par “cent fois autant” d’amis, selon sa promesse consignée dans Marc 10:29, 30.

      La congrégation de Zurich m’a remis des publications à distribuer gratuitement. Au début, je glissais un grand tract en yiddish dans les boîtes aux lettres de nombreuses maisons juives. Puis j’ai reçu des tracts en allemand à répandre parmi les Gentils. De cette façon et de vive voix, je participais à la diffusion de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu et de l’avertissement énergique relatif à 1914, l’année marquant le commencement du “temps de la fin” du présent désordre de choses mauvais, période qui verrait l’ébranlement du monde. — Dan. 12:4.

      SERVICE À PLEIN TEMPS

      Maintenant que j’avais trouvé ce que la Bible appelle un précieux “trésor caché dans le champ”, le Royaume de Jéhovah, je comprenais clairement qu’il me fallait, pour ‘acheter le champ’, abandonner tous mes désirs matérialistes ainsi que mes aspirations profanes, et renoncer à l’espoir d’être acteur (Mat. 13:44). J’étais par contre impatient de jouer un rôle humble de second plan, en étant ce que l’apôtre appelle “un spectacle théâtral au monde, tant aux anges qu’aux hommes”. (I Cor. 4:9.) Ce serait, non pas à ma gloire, mais à celle de Jéhovah. Mon directeur, un athée, était littéralement atterré quand je lui ai révélé mes intentions et mes mobiles. Il a essayé de me dissuader mais sans y parvenir. Jusqu’à sa mort, qui est survenue des années plus tard, il a continué d’espérer que, pour employer ses propres termes, “le temps et les réalités” me feraient revenir de mes “songes idéalistes”.

      Au début du printemps de l’année suivante, en 1913, j’ai été baptisé en symbole de l’offrande de ma personne à Jéhovah et à son service éternel. Le baptême a eu lieu près du théâtre de la ville, dans les eaux glacées du lac de Zurich. Ensuite, j’ai écrit à la filiale de la Watch Tower en Allemagne, afin de me mettre à sa disposition pour tout service que je serais en mesure d’accomplir ; j’ai alors été invité à venir travailler au bureau de la filiale, qu’on appelait Béthel. Mes parents étaient atterrés. Néanmoins, généreusement ils désiraient me voir faire ce qui contribuerait à mon bonheur.

      Dans le beau Béthel allemand de Barmen, j’ai trouvé une ambiance chaude et agréable. Je me suis rendu utile par de multiples et humbles services. À ce moment-​là, la famille du Béthel était encore peu nombreuse ; elle se composait d’une quinzaine d’adultes et de deux enfants, les aimables fillettes du serviteur de la filiale. La plus jeune de celles-ci, Phoebe Koetitz, vit encore, et depuis de nombreuses années, elle sert avec un dévouement sincère aux États-Unis, en qualité de pionnier, c’est-à-dire de proclamateur à plein temps. Un autre membre de la famille du Béthel de ce temps-​là, Heinrich Dwenger, est toujours fidèle dans le service ; il travaille à Berne, à la filiale suisse. Débordante d’activité, cette première année de ma nouvelle vie a passé très vite.

      Quand J. F. Rutherford, le président de la Société Watch Tower, est venu nous voir, il m’a demandé s’il me plairait d’être envoyé en Autriche-​Hongrie, afin d’y répandre la bonne nouvelle du Royaume messianique parmi les nombreux Juifs qui s’y trouvaient (la plupart de ces Juifs, ainsi que trois de mes frères charnels et une belle-sœur qui habitait la France, ont été massacrés par les Nazis). J’ai accepté avec joie cette invitation, et au début de 1914, j’étais en route pour Prague, en Tchécoslovaquie. Là, j’ai distribué des tracts en yiddish de maison en maison, dans les grands quartiers juifs de cette ville ancienne. Puis je suis allé effectuer le même travail à Vienne, en Autriche. En ce temps-​là, je travaillais encore absolument seul. Il n’y avait à Vienne que quatre abonnés à La Tour de Garde ; je les visitais à maintes reprises, développant l’intérêt qu’ils portaient à la Parole de Dieu. J’ai ensuite conduit chaque semaine une étude de la Bible avec deux d’entre eux, puis la Société m’a envoyé un compagnon. Il est évident que deux valent mieux qu’un dans cette œuvre (Eccl. 4:9-12). À nous deux, il nous était possible de faire un travail beaucoup plus important que celui que j’accomplissais tout seul.

      Les Juifs ne réagissaient guère à la prédication de la bonne nouvelle, parce qu’ils nous confondaient avec les missionnaires de la chrétienté. Ils n’éprouvaient aucun amour pour cette dernière, car ils se souvenaient des nombreux siècles au cours desquels elle les avait chassés de pays en pays et fait périr sans pitié par le feu et par l’épée. Même à ce moment-​là, ils étaient encore l’objet, en Russie tsariste, de pogromes ou massacres inhumains dirigés par le clergé. Après avoir prospecté les quartiers juifs de Vienne, nous sommes allés à Poszony (Presbourg), en Slovaquie. Là, un jour, tandis que nous distribuions des tracts dans les rues, des Juifs fanatiques et outragés se sont attroupés pour nous molester. Nous prenant pour des missionnaires de la chrétienté, ils nous ont malmenés puis nous ont chassés de la ville, mais grâce à l’aide de Dieu, nous sommes sortis vivants de cette épreuve. Il n’en a pas été ainsi de ces pauvres gens aveuglés. Plus de vingt ans après cet incident, la quasi totalité de la population juive de Poszony a été exterminée par les Nazis possédés des démons. Après Poszony, nous avons visité le territoire juif de Budapest, en Hongrie.

      Notre impatience ne cessait de croître au fur et à mesure que nous approchions de l’automne de 1914, car nous prévoyions pour cette époque-​là la fin des temps fixés des nations, mentionnés dans la prophétie biblique. Aujourd’hui, lorsque nous songeons au passé, nous comprenons pourquoi cette année-​là fut un tournant dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes retournés à Vienne, et c’est alors que nous nous trouvions dans cette ville que la Première Guerre mondiale a éclaté. Nous avions le cœur déchiré à la pensée des souffrances que ce conflit apporterait aux hommes. Pourtant nous éprouvions une joie indicible, car nous assistions à l’accomplissement, depuis longtemps attendu, de la prophétie biblique relative à la fin des temps fixés des nations.

      Puis ce furent, pour le reste des membres oints du corps du Christ sur la terre, les trois années et demie d’humiliation, une époque où ils furent symboliquement revêtus de sacs (Rév. 11:2, 3, 7-11). En 1919, lorsque Jéhovah commença à délivrer son peuple captif de l’esclavage “babylonien”, l’“esprit de vie, venant de Dieu, entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds”. Je me suis réveillé en même temps qu’eux, pour reprendre avec une vigueur redoublée l’activité à plein temps dans la “glorieuse liberté des enfants de Dieu”. (Rom. 8:21.) Je suis retourné en Suisse, où, en raison de mon inébranlable intégrité, j’ai traversé des épreuves cruelles et déchirantes.

      C’est dans la congrégation du peuple de Jéhovah à Zurich, que j’ai rencontré Irma, celle qui est devenue ma compagne fidèle et attentionnée. Ensemble, nous avons servi d’abord à Zurich, où se trouvait le siège de la Société pour l’Europe centrale, et plus tard à Berne, au Béthel de Suisse. Ce furent là des années de grande activité qui se sont révélées fécondes, éclipsant les dures épreuves causées par des hommes infidèles qui occupaient des positions de responsabilité au sein de la Société. Pour éprouver mon humilité, Dieu leur permit de me tenir à l’écart et de me faire passer “par le feu et par l’eau”, mais il m’a apporté ensuite un grand soulagement. — Ps. 66:12.

      JE SERS AU SIÈGE PRINCIPAL

      Au printemps de 1926, frère Rutherford nous a invités à venir au siège mondial de la Société à Brooklyn. Là, j’ai continué de servir en qualité de traducteur, et j’ai vu mes privilèges augmenter sous ce rapport. Ma femme aidait aux travaux du ménage, faisant bon usage de son sens inné de la propreté, du bon goût et du confort, qui caractérise les Suisses. Outre mon travail en tant que traducteur de livres, j’avais le privilège entre-temps de visiter les congrégations de langue allemande en qualité de pèlerin, c’est-à-dire de représentant itinérant et orateur public de la Société, dans différentes régions des États-Unis. J’allais parfois au Canada. Occasionnellement, je diffusais à la radio la bonne nouvelle du Royaume messianique en allemand et en yiddish.

      Jéhovah m’a alors accordé un privilège de service inattendu : il s’agissait de créer et de diriger des représentations bibliques émouvantes, ainsi que de reproduire d’une façon réaliste des procès révoltants au cours desquels des juges et le Ministère public, pleins de préjugés et influencés par le clergé, s’étaient prononcés contre les témoins de Jéhovah en Amérique. Ces représentations dramatiques exposaient ces adversaires de la vérité à la honte publique et justifiaient l’œuvre des serviteurs de Jéhovah. Le groupe d’acteurs et de musiciens qui avaient été formés pour jouer ces drames à la radio étaient connus sous le nom de “Théâtre du Roi”. Leurs pièces ont été pendant des années retransmises par la WBBR, station de radio de la Société, et par d’autres stations des États américains de New York, du New Jersey et de Pennsylvanie.

      GALAAD

      En 1943, la Société a ouvert Galaad, l’École biblique de la Watchtower, école reconnue par l’État et dispensant une instruction supérieure à des missionnaires et à des représentants ministériels en vue d’un service spécial à accomplir dans les territoires étrangers. Cette école a joué un rôle considérable dans le grand accroissement du nombre des proclamateurs du Royaume qui a été enregistré depuis 1943, et Jéhovah m’a témoigné une faveur imméritée en permettant que je fasse partie du corps enseignant de cette école : je faisais des cours sur les recherches bibliques et l’art oratoire. Grâce à l’appui et à la direction célestes, j’ai exercé cette fonction, en y mettant tout mon cœur, pendant plus de dix-sept ans, enseignant trente-quatre classes de missionnaires et dix cours du Ministère du Royaume.

      À l’âge de soixante-dix ans, je me suis vu obligé d’alléger ma tâche. Plein de considération, le président de la Société, N. H. Knorr, m’a déchargé de mes fonctions à l’école et m’a ramené, avec Irma, au Béthel de Brooklyn. Là, il nous a assigné une tâche plus facile. Cela nous a fait de la peine de quitter notre belle ferme du Royaume, où était située l’école de Galaad. Nous avions appris à aimer beaucoup ce lieu et ses habitants. Mais nous avons trouvé que le Béthel était réellement, et même plus qu’auparavant, un lieu “absolument en dehors du monde”, selon l’expression de certains. Il faut y vivre et y travailler pour apprécier pleinement le fonctionnement harmonieux et le bel esprit chrétien qui caractérisent son organisation. On ne pousse personne, les surveillants restent dans l’ombre, et pourtant ce lieu est bourdonnant d’activité, et il est étonnamment productif.

      Jusqu’à présent, tous les changements survenus dans les multiples et différentes tâches qui nous ont été assignées depuis 1913 se sont révélés, avec le temps, agréables et salutaires. Jamais autant que maintenant nous ne nous étions sentis aussi bien dans notre cher foyer du Béthel. À notre avis, il ne peut désormais y avoir d’autre changement en bien que le ciel lui-​même.

      À présent j’ai soixante-dix-sept ans, et comme cela se comprend sans peine, je me fatigue vite, mais je n’ai pas du tout envie de prendre ma retraite, ni maintenant, ni plus tard. Mon esprit a gardé sa vivacité et son enthousiasme pour tout ce qui est vrai, bon, aimable et beau. Il est écrit : “Le juste croîtra comme le palmier (...). Ils porteront encore des fruits dans la vieillesse (...) pour proclamer que Jéhovah est juste.” (Ps. 92:12-15, AC). Il m’est impossible de faire de grandes choses, mais je peux continuer à en faire de petites, avec dévouement. J’ai pleinement conscience de n’avoir été qu’un esclave ‘propre à rien’, et ce que j’ai fait dans le service du Maître, c’est ce que je devais faire. — Luc 17:10.

      Quand je revois le service du Royaume que j’ai accompli au cours des années écoulées, je me rends compte qu’il y a eu des hauts et des bas, des joies et des peines, mais tout cela a servi à m’éprouver et à me purifier. L’éprouvante ascension de la Montagne de Dieu a parfois été rude et périlleuse. À la vérité, il m’est arrivé de trébucher et de me faire mal, mais avec l’aide puissante de notre miséricordieux Guide de montagne, je me suis toujours relevé, et j’ai poursuivi l’ascension en redoublant de courage et de prudence. En toute loyauté, je puis affirmer que des bonnes promesses que Dieu a prononcées pour moi, aucune n’est restée vaine. Toutes se sont réalisées (Josué 23:14). Je considère comme un inestimable et indicible privilège le fait de jouer un rôle humble et secondaire dans le grand drame universel de la justification de Jéhovah. Je me rends compte que je tâtonnais dans les ténèbres de la vallée de la mort, et me contentais d’exister avant que la lumière de la vérité de Dieu ne commençât à briller pour moi. Depuis l’instant où j’ai voué ma vie à notre grand Père céleste, par le mérite de mon Sauveur et Roi, j’ai réellement vécu une vie pleine et joyeuse, une vie qui en valait la peine. Mon plus vif désir et mon espoir le plus ardent, c’est, non pas d’être grand dans le Royaume des cieux, mais de voir Dieu et d’être à jamais tout près de lui et de mon Sauveur. C’est pourquoi j’ai abandonné le peu de choses que j’avais, afin de remporter la couronne de vie, et par-dessus tout, d’avoir Jéhovah pour Ami éternel.

  • Questions de lecteurs
    La Tour de Garde 1968 | 1er mars
    • Questions de lecteurs

      ● La prophétie consignée dans Jérémie 22:30 veut-​elle dire que le roi Jojakin ou Conia n’eut pas d’enfant ?

      Non, Jojakin engendra des enfants. Il convient de noter exactement ce que dit la prophétie : “Inscrivez cet homme comme privé d’enfants, comme un homme dont les jours ne seront pas prospères ; car nul de ses descendants ne réussira à s’asseoir sur le trône de David et à régner sur Juda.” La dernière partie du verset indique que, bien qu’inscrit comme “privé d’enfants”, Jojakin, qui s’appelait encore Conia ou Jéconia, aurait des descendants. En fait, le premier livre des Chroniques (3:17, 18) nomme sept de ses enfants.

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