Sauriez-vous répondre?
Est-il mal de jouer?
LES loteries, les différentes formes de paris, les jeux d’adresse et de hasard font partie de la vie de millions de nos contemporains. Certes, le jeu a toujours été présent dans toutes les sociétés humaines, mais, aujourd’hui, il occupe une place plus importante que par le passé.
D’OÙ VIENT LA POPULARITÉ DU JEU?
Il y a à cela plusieurs raisons essentielles. En un siècle qui met tant l’accent sur la possession de biens matériels et sur la technique, une foule de choses deviennent disponibles comme jamais auparavant. En outre, l’avion raccourcit les dimensions de notre planète. Mais tout cela exige de l’argent. Or, le jeu fait miroiter la perspective de gagner facilement de l’argent, beaucoup d’argent.
Cette perspective de décrocher le gros lot exerce une influence énorme. C’est ainsi que la plus importante loterie du monde, El Gordo, en Espagne, verse chaque année l’équivalent de quelque deux milliards de francs français au tirage de Noël. L’an dernier, les membres de l’Église catholique de Granollers ont empoché l’équivalent de quatre milliards de francs français à la suite de la vente de ces billets de loterie par leurs prêtres. En Grande-Bretagne, on a payé la somme record d’un million de livres en février dernier au gagnant d’un concours de pronostics sur les matches de football. Plus les lots sont élevés, plus la tentation de jouer est forte.
Il y a aussi l’excitation liée au jeu même. Dans un monde où les problèmes se font de plus en plus pesants, certains trouvent qu’une petite excursion imaginaire dans le monde des riches ajoute du piment à la vie. Après tout, il faut bien qu’il y ait des gagnants. “Et ce pourrait très bien être moi!”, se dit chaque joueur.
EN RÉALITÉ, QUI GAGNE?
Quelle que soit l’importance des lots, il est évident que les organisateurs des jeux sont toujours gagnants, sinon ils seraient obligés de fermer boutique. C’est ce qu’illustre le cas d’un Anglais qui, après avoir gagné plusieurs milliers de livres à la suite de paris heureux sur les chevaux, se vit interdire à vie l’accès du bureau de pari local. Pourquoi? Le bookmaker donna cette explication: “Il ne devenait plus rentable pour nous.”
“Et alors, pendant toutes les années où je perdais, rétorqua le client, on a accueilli mon argent à bras ouverts...” Ah! dans ces conditions, ce n’était plus pareil!
Même un gain important ne procure pas forcément le bonheur. Une fois que la nouvelle se répand, les “amis” et les lettres de sollicitation affluent. Un couple qui venait de remporter le plus important gros lot jamais versé par la Loterie nationale française avait décidé de faire profiter sa famille de sa chance. À chacun ils offrirent une somme d’argent importante. Mais des disputes naquirent sur la façon dont l’argent avait été partagé, si bien que la famille finit par être complètement divisée. Un peu plus tard, soucieux de protéger ses biens, le mari ne dormit plus sans un revolver sous son oreiller. Réveillé en pleine nuit, il aperçut une silhouette dans l’axe de la fenêtre. Prenant sa femme pour un cambrioleur, il tira et la tua.
“Jamais plus je n’achèterai un seul billet de loterie”, jura notre homme, qui se retrouvait veuf. L’argent ne procure ni le bonheur des familles ni la paix.
Bien évidemment, tout le monde ne devient pas forcément un joueur acharné. Néanmoins, ce danger existe. C’est ce que souligne une association d’aide pour les joueurs qui veulent se débarrasser de leur vice: “Une fois qu’un homme s’adonne à ce vice [le jeu], il perd toute maîtrise, tout sens moral.” À tous points de vue, cette personne est perdante. Quand on voit ce qui est en jeu, la sagesse dicte de ne pas mettre le doigt dans un tel engrenage.
POURQUOI LE JEU EST-IL MAL VU?
Même si beaucoup de gens envient les gagnants, ils sont plus enclins à respecter quelqu’un qui travaille dur et à lui accorder leur confiance. Cette attitude est en effet le fruit de l’expérience. La Bible conseille de travailler dur plutôt que de compter sur la chance. “As-tu contemplé un homme habile dans son travail? C’est devant les rois qu’il se placera”, écrivait le sage roi Salomon. — Prov. 22:29.
Dans le même ordre d’idées, l’apôtre Paul, dans son épître aux Éphésiens, conseilla au chrétien de ‘faire de ses mains ce qui est de la bonne besogne, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin’. Qu’il vaut mieux donner de cette façon plutôt qu’avec de l’argent gagné grâce au hasard! — Éph. 4:28.
Dans de nombreux pays, le jeu attire les malfaiteurs, si bien qu’il se déroule dans un milieu très corrompu. Même quand ce n’est pas le cas, la tentation d’être malhonnête se présente toujours à un moment ou à un autre. Comme l’a dit un savant, ‘il est facile de frauder à la loterie, pour peu que l’on ait quelques connaissances scientifiques’. Le fait est que partout où la chance entre en jeu, il est impossible d’éliminer le risque de tricherie.
L’opprobre rattaché au jeu ressort clairement de la Mishna juive. Parmi les personnes disqualifiées pour juger ou témoigner à un procès figurait le “joueur de dés”. D’où venait une telle interdiction? Tout simplement de ce que ce genre de personne n’était pas jugée sûre, au sens moral, et risquait donc d’avoir un sens de la justice faussé. Dans presque toutes les couches de la société, le jeu reste un vice.
USE-T-ON SAGEMENT DE SES BIENS EN S’ADONNANT AU JEU?
À vouloir être vite riche, on en arrive à tordre son propre jugement. Même quand l’argent devient plus abondant, les liens familiaux en pâtissent très souvent.
L’argent est un bien, au même titre que le temps, la santé et les compétences. Même si l’on n’est pas animé par la cupidité et que l’on ne pense pas que le jeu risque de causer de privations à sa famille, il reste encore un facteur moral à considérer. En effet, la Bible incite chacun à ‘travailler au bien, à être riche en belles œuvres, généreux, disposé à partager’. C’est seulement de cette façon, dit-elle, que l’on ‘se saisit résolument de la vie véritable’. (I Tim. 6:17-19.) Le chrétien cherche à user de son temps et de son argent du mieux qu’il peut. Voilà une raison suffisante pour rejeter le jeu, quelle qu’en soit la forme et quels qu’en soient les enjeux.