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Vivre sans souffrir — est-ce vraiment possible?Réveillez-vous ! 1978 | 8 mai
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ici même sur la terre, quand l’ancien ciel et l’ancienne terre auront cédé la place à une société humaine régénérée, sous la direction du Royaume de Dieu.
Mais à quoi ressemblera la vie quand “la douleur ne sera plus”? Ne connaîtra-t-on plus du tout la douleur? N’arrivera-t-il jamais que l’on verse des pleurs ou que l’on ait du chagrin?
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Vous pouvez connaître une vie sans souffrancesRéveillez-vous ! 1978 | 8 mai
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Vous pouvez connaître une vie sans souffrances
QUEL paradoxe que la douleur! Certaines fois, c’est une affection pénible, alors qu’autrement c’est une merveilleuse protection.
C’est elle qui nous fait retirer instantanément notre main lorsque nous touchons un objet brûlant. Ce remarquable signal d’alarme de notre organisme ne disparaîtra donc pas quand, selon la promesse biblique, ‘la douleur ne sera plus’. — Rév. 21:4.
Dans ce passage, la Bible fait allusion à ces douleurs lancinantes et continuelles qui rendent la vie si pénible à des centaines de millions de gens, qui dépensent une véritable fortune pour ne plus souffrir. Quel bonheur ce sera de ne plus voir personne souffrir de rhumatismes, de migraines, de rages de dents ou de maux d’oreilles, ou encore d’une maladie ou d’une lésion quelconque! Mais comment cela se pourra-t-il?
Les changements à venir
L’article précédent montrait qu’il faut un changement radical du présent ordre de choses, changement que Dieu a absolument promis d’opérer. En effet, il a pour dessein d’établir son propre gouvernement et de supprimer définitivement tous les royaumes ou gouvernements actuels qui constituent notre “terre”. Sa Parole déclare en effet: “Le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais supprimé. Et ce royaume (...) écrasera et mettra fin à tous ces royaumes [actuels], et lui-même subsistera jusqu’à des temps indéfinis.” — Dan. 2:44.
Mais quel rapport y a-t-il entre un changement de gouvernement et le soulagement des souffrances qui nous accablent si souvent? Eh bien, Jésus Christ, nommé par Dieu à la tête de son gouvernement, déploiera sa sagesse et sa puissance, en harmonie avec cette prophétie biblique: “La domination princière sera sur son épaule. (...) À l’abondance de la domination princière et à la paix il n’y aura pas de fin.” (És. 9:6, 7). Ce personnage possède suffisamment d’autorité et connaît assez nos besoins pour employer sa science à ce que les affections douloureuses disparaissent.
Au dix-huitième siècle, la marine britannique connut un problème qui illustre comment un tel changement peut intervenir. Une redoutable “infection scorbutique” exerçait ses ravages chez les marins et faisait des milliers de victimes chaque année. La maladie s’accompagnait d’inflammation et de saignements des gencives avec déchaussement des dents, ainsi que de douleurs et de raideurs aux articulations et aux extrémités des membres inférieurs. Plus tard, on découvrit que ces marins souffraient d’une carence alimentaire en vitamine C. Dès qu’on ajouta du jus de citron, puis plus tard du jus de limette, au régime habituel des marins britanniques, le scorbut ne fit plus une seule victime.
On pourrait en dire autant du béribéri, maladie redoutable et douloureuse. Il y a quelques années, on découvrit que chez les peuples qui mangent principalement du riz, ceux qui utilisaient du riz décortiqué attrapaient le béribéri, mais pas ceux qui mangeaient du riz complet. On s’aperçut plus tard que l’enveloppe du riz contient une substance indispensable à l’organisme, substance que l’on a identifiée depuis comme la thiamine et grâce à laquelle on put enrayer les signes douloureux et le pronostic souvent fatal du béribéri.
Mais la connaissance et la sagesse de Jésus Christ dépassent de loin celle de n’importe quel médecin, car il comprend parfaitement le fonctionnement de notre organisme. D’ailleurs, il l’a prouvé, il y a dix-neuf siècles, lorsqu’il était sur terre et qu’il guérissait les maladies et les affections les plus graves. Il démontrait par là ce qu’il ferait sur une plus vaste échelle en tant que chef du Royaume de Dieu. D’après le témoignage de la Bible, voici ce qui s’était passé en une certaine occasion:
“Alors de grandes foules s’avancèrent vers lui, ayant avec elles des boiteux, des estropiés, des aveugles, des muets, et beaucoup d’autres malades, qu’on alla même jeter à ses pieds, et il les guérit; de sorte que la foule était dans la stupeur en voyant les muets qui parlaient, et les boiteux qui marchaient, et les aveugles qui voyaient.” — Mat. 15:30, 31.
Quel remarquable changement! Quand il gouvernera au nom de Dieu, Jésus Christ éliminera non seulement le scorbut, le béribéri et bien d’autres affections que les hommes ont su vaincre avec leur peu de connaissance, mais aussi tous les maux, oui, toutes les maladies des hommes, et cela non pas dans telle ou telle région, mais partout, sur toute la terre, comme l’annonçait cette promesse du Créateur: “Aucun résident ne dira: ‘Je suis malade.’” (És. 33:24). Quand le Royaume de Dieu régnera, la promesse selon laquelle ‘la douleur ne sera plus’ s’accomplira bel et bien. — Rév. 21:4.
Quelques détails sur le processus de la douleur nous permettront de mieux saisir comment, alors qu’on pourrait normalement s’attendre à souffrir, Jésus Christ, le grand médecin, veillera à ce qu’il n’en soit rien.
Qu’est-ce que la douleur?
La nature de la douleur est moins simple qu’il n’y paraît à première vue. Le docteur J. Bonica, anesthésiste et spécialiste du traitement de la douleur, a déclaré: “Demandez ce qu’est la douleur à cent spécialistes différents et vous obtiendrez cent réponses différentes.” Pour quelle raison?
Voici l’explication parue dans la revue Science News du 26 octobre 1974: “Les cliniciens ne savent toujours pas ce qu’est la douleur ni comment la traiter.” Récemment, le docteur P. Dyke, professeur de neurologie à la Faculté de médecine Mayo, a reconnu ceci: “Nous ne prétendons pas savoir comment la douleur agit.”
Les chercheurs se sont aperçus que le processus de la douleur est bien plus complexe qu’ils ne l’avaient cru. On a appris beaucoup, il y a vingt ans, grâce à une femme qui n’avait jamais connu la douleur. Des médecins canadiens de la Faculté de médecine du Saskatchewan essayèrent d’en trouver la raison. Selon le compte rendu paru dans The Star Weekly Magazine, “ils ont cherché du côté des terminaisons nerveuses, car si la patiente n’en avait pas, cela aurait expliqué pourquoi elle ne sentait rien. Mais tout était normal et apparemment sans lésion.
“Les médecins ont examiné ensuite les fibres sensitives qui relient les terminaisons nerveuses au cerveau, s’attendant bien à trouver une anomalie, mais il n’y en avait toujours pas. Autant qu’on pouvait en juger, les fibres étaient en parfait état, à part les dégénérescences consécutives aux divers traumatismes.
“Pour finir, on fit des examens du cerveau de la patiente qui ne révélèrent, eux non plus, rien d’anormal. Ainsi, d’après les connaissances et les théories de l’époque, cette personne aurait dû ressentir la douleur comme tout le monde. Mais elle ne réagissait même pas au chatouillement.” Toutefois, elle sentait les pressions appliquées sur sa peau et savait faire la différence entre le contact d’une tête d’épingle et celui de la pointe, bien qu’elle fût insensible à la piqûre de l’épingle.
Avant cette étude menée au Saskatchewan, on pensait le plus souvent que la douleur était un de nos sens, un peu comme la vue, l’ouïe ou le toucher. On croyait que les terminaisons nerveuses de la peau enregistraient les stimuli douloureux et qu’ils étaient conduits ensuite jusqu’au cerveau par des fibres sensitives spécialisées. En somme, on voyait l’organisme comme une sorte de central téléphonique de la douleur, et les influx qui se propagent le long des nerfs comme des messages téléphoniques. Mais le cas de ces gens qui, normaux sous tous les rapports, ne ressentent pourtant pas la douleur, montra que la réalité était plus complexe, comme l’ont d’ailleurs également rappelé d’autres phénomènes.
Ainsi, les amputés souffrent parfois comme si le membre qu’on leur a enlevé leur faisait mal. Il y a aussi le cas des “douleurs projetées”, c’est-à-dire des maladies internes qui se traduisent par une douleur externe située sur une région du corps éloignée de l’organe atteint (par exemple, un cardiaque aura mal au bras). Enfin, avec l’acupuncture, le problème de la douleur est devenu encore plus compliqué.
L’acupuncture est une approche thérapeutique qui consiste à enfoncer des aiguilles de l’épaisseur d’un cheveu dans certains points du corps déterminés à l’avance. En Chine, où l’on emploie couramment cette technique en anesthésie, on réussit de graves interventions chirurgicales avec l’acupuncture pour tout analgésique.
Dans la revue Medical Tribune, il était écrit: “Les docteurs White et Dimond, tous deux cardiologues, ont assisté à une opération à cœur ouvert, pour laquelle l’anesthésie était obtenue par l’acupuncture. Ils ont raconté que le patient était parfaitement conscient et détendu, et que l’intervention s’est déroulée aussi bien que toutes celles auxquelles ils avaient assisté auparavant.”
Tentatives d’explication
On a proposé une théorie pour expliquer certains aspects déconcertants de la douleur. Cette théorie fait intervenir un signal prioritaire qui, au niveau de la moelle épinière, bloque le passage de tous les autres stimuli envoyés en direction du cerveau. L’action antalgique de l’acupuncture, qu’on a pu observer même chez des patients restés parfaitement éveillés au cours d’une intervention à cœur ouvert, s’expliquerait ainsi: les influx nerveux déclenchés par l’action de l’aiguille occupent une situation dominante dans la moelle épinière, et ce blocage empêche les signaux douloureux de parvenir au cerveau. Bien que cette théorie soit très prisée, ses auteurs sont les premiers à reconnaître qu’elle ne rend pas compte de toutes les manifestations de la douleur.
À présent, de nouvelles découvertes viennent compléter ces explications. Au cours des deux dernières années, des chercheurs se sont aperçus que le corps humain fabrique ses propres analgésiques, les encéphalines et les endorphines. Le docteur Snyder, de l’Université Johns Hopkins, explique que “le cerveau humain fabrique, semble-t-il, sa propre morphine”.
La découverte du premier analgésique naturel remonte à décembre 1975. Il s’agissait d’une encéphaline isolée à partir de l’encéphale du porc. Au début de l’année 1976, on isola la première endorphine, substance voisine des encéphalines. Sur un échantillon desséché d’hypophyse de chameau, on découvrit un second type d’endorphine, la bêta-endorphine, qui est, dit-on, “au moins 20 à 40 fois plus efficace que la morphine dans le traitement de la douleur quand on l’injecte directement dans le cerveau de rats ou de souris”.
Personne ne sait expliquer exactement comment les encéphalines et les endorphines dépriment ou suppriment la douleur. D’après le docteur Goldstein, de l’université de Stanford (Californie), “il est possible que les encéphalines ne soient sécrétées que par intermittence et gardées en réserve pour les cas d’urgence”, lorsque l’organisme demande à être soulagé d’une douleur particulièrement intense.
Bruce Pomeranz, chercheur à l’université de Toronto (Canada), pense que l’action antalgique de l’acupuncture s’explique par les endorphines. À son avis, l’aiguille excite des nerfs qui déclenchent la libération d’endorphines par les cellules de l’organisme, et l’endorphine agit à son tour sur les nerfs responsables de la sensation de douleur.
On pense que ces substances résoudraient également le mystère des gens qui ne ressentent pas la douleur. Un chercheur a fait cette réflexion: “Si leur cerveau ou bien leur flux sanguin renferme une concentration élevée de l’une ou l’autre de ces substances, cela expliquerait peut-être pourquoi ils sont insensibles à la douleur.”
L’importance de l’esprit et des émotions
Il faut ajouter au dossier de la perception de la douleur le rôle du psychisme et des émotions. On sait qu’un sportif sérieusement touché durant un match, ou bien un soldat grièvement blessé dans le feu de la bataille, ne ressentent parfois que peu ou pas de douleurs sur l’instant. Il y a aussi le cas des femmes qui se sont préparées à l’accouchement pour savoir rester calmes et se détendre. Elles mettent leur enfant au monde avec bien moins de peine que les femmes anxieuses à qui il faut administrer des sédatifs, tellement elles souffrent.
Le docteur J. Bonica fit cette réflexion sur le caractère polymorphe des réactions des gens à la douleur: “Leur réaction est fonction de l’éducation donnée dans la petite enfance, du contexte culturel, de la personnalité individuelle, de leur caractère plus ou moins influençable, de leur concentration d’esprit, de leur tempérament et bien d’autres facteurs. En outre, la peur et l’angoisse exacerbent ces réactions. (...) Nous pensons que l’angoisse amène le cerveau à envoyer des messages jusqu’à la moelle épinière, messages qui abaissent le seuil de la douleur et qui font que le patient souffre encore plus.”
La douleur peut donc devenir un réflexe conditionné. C’est une question d’apprentissage. À titre d’exemple, le docteur Diamond, spécialiste des céphalées à la Faculté de médecine de Chicago, dit que 90 pour cent des maux de tête sont dus à des facteurs émotifs ou psychologiques et que 10 pour cent seulement reposent sur une cause organique. Le docteur W. Fordyce, professeur de psychologie et spécialiste du problème de la douleur, explique ainsi le rapport qui existe entre la douleur et l’apprentissage ou mise en condition:
“Il ne s’agit pas de savoir si la douleur est réelle, car elle l’est, mais plutôt d’identifier les facteurs décisifs qui jouent sur elle. Si, juste avant de manger, je vous parle d’un sandwich au jambon, vous salivez et c’est normal. Mais ce n’est qu’un réflexe conditionné, car le sandwich au jambon n’existe pas. L’homme est extrêmement sensible à ces réflexes conditionnés, et cela se voit dans quantité de choses, telles que la conduite en société, la salivation, la tension artérielle, la vitesse de la digestion, la douleur, etc.”
Tout comme les émotions et le psychisme peuvent intensifier la douleur, ils peuvent aussi l’atténuer ou la supprimer, comme nous l’avons déjà vu dans le cas du sportif ou du soldat touchés dans le feu de l’action. De même, le serviteur de Jéhovah qui, durant une épreuve, se tourne vers Dieu avec calme, en lui faisant totalement confiance et en se reposant sur lui, connaît, lui aussi, cette sensation de ne plus avoir mal. Dans un pays où l’on persécutait intensément les chrétiens, un Témoin de Jéhovah, surveillant itinérant, écrivit: “Peu importait la quantité de coups et d’insultes que nous recevions, nos souffrances disparaissaient quelques secondes plus tard, même si les coups continuaient de pleuvoir.”
La Bible relate que les apôtres du Christ ont dû faire la même expérience. En effet, elle déclare: “Ayant rappelé les apôtres, ils les firent flageller et leur ordonnèrent de ne plus parler en se servant du nom de Jésus, puis ils les relâchèrent. Eux donc s’en allèrent de devant le Sanhédrin en se réjouissant d’avoir été jugés dignes d’être déshonorés pour son nom.” — Actes 5:40, 41.
Vous pouvez connaître une vie sans souffrances
En dépit des efforts entrepris pour la comprendre, il règne encore bien des mystères autour de la douleur. Le problème nous dépasse. Toutefois, ce que les hommes ont appris là dessus nous permet de voir que la promesse biblique selon laquelle ‘la douleur ne sera plus’ ne pourra s’accomplir que par l’intermédiaire du chef du Royaume de Dieu, Jésus Christ (Rév. 21:4). Mais la remarquable fonction de signal d’alarme remplie par la douleur ne disparaîtra pas; elle continuera de s’exercer pour le bien des humains.
Une question se pose néanmoins: Comment le Christ affranchira-t-il ses sujets de toutes les douleurs inutiles? Nous savons déjà qu’il entre dans le dessein de Dieu que Christ libère les hommes de leur condition de pécheurs et qu’il rende une santé parfaite aux humains obéissants. Le facteur qui jouera le rôle essentiel dans le soulagement de la douleur sera la guérison du cerveau de ses sujets, guérison qui sera poursuivie jusqu’au rétablissement parfait de leur équilibre psychique et affectif. Bien sûr, la guérison de l’organisme compte aussi et, sous la domination du Royaume, toutes nos fonctions qui commandent la douleur seront convenablement rétablies, même la fabrication d’analgésiques par l’organisme. Ainsi, la douleur ne fera plus souffrir personne.
Vous pouvez jouir de la vie sous la domination du Royaume de Dieu, domination durant laquelle on ne connaîtra plus les souffrances qui affligent des millions de nos contemporains. Il est même promis que “la mort ne sera plus”. (Rév. 21:4.) Toutefois, vous ne connaîtrez ces bienfaits qu’en faisant un effort. Oui, vous devez agir pour remplir cette exigence que Jésus a soulignée dans une prière adressée à Dieu: “Ceci signifie la vie éternelle: qu’ils apprennent à te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.” — Jean 17:3.
Les Témoins de Jéhovah se feront un plaisir de vous aider à acquérir cette connaissance vitale. Il vous suffit de vous adresser à ceux de votre localité ou bien d’écrire aux éditeurs de ce périodique, en faisant connaître votre désir d’étudier la Bible à votre domicile ou à tout autre endroit qui vous convient. Des dispositions seront prises sans retard pour vous permettre d’en savoir plus sur le dessein de Dieu envers l’humanité, car ce dessein est de voir les hommes jouir de la vie sans souffrir.
[Entrefilet, page 7]
“Les cliniciens ne savent toujours pas ce qu’est la douleur.”
[Entrefilet, page 8]
Le corps humain fabrique ses propres analgésiques.
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La chaleur qui vient de la terreRéveillez-vous ! 1978 | 8 mai
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La chaleur qui vient de la terre
De notre correspondant au Salvador
Le 7 août 1975 fut un jour mémorable pour un petit pays d’Amérique centrale qui a une population d’un peu plus de quatre millions d’habitants et une superficie de 21 000 kilomètres carrés. Ce jour-là entra en service une centrale thermoélectrique qui n’employait ni le charbon ni le pétrole. Le pays n’avait donc plus besoin d’importer du combustible pour produire de l’énergie électrique. Qu’est-ce qui faisait fonctionner les générateurs? De la vapeur venant des profondeurs de la terre.
LE SALVADOR compte de nombreux volcans. Le long d’un axe presque longitudinal qui suit également une ligne de failles géologiques, on dénombre 18 volcans. Au moins quatre d’entre eux sont entrés en éruption dernièrement. L’activité volcanique se manifeste aussi sous forme de vapeur, de geysers et de cavités dans la terre (appelées ausoles par les Indiens).
Comment cette vapeur est-elle produite? La science nous apprend que l’eau de pluie s’infiltre dans le sol à travers les cratères et d’autres zones très perméables, pour atteindre finalement les roches. Parfois, surtout dans les régions volcaniques, ces roches chauffées par la lave se trouvent suffisamment près de la surface pour que l’eau soit transformée en vapeur. À Ahuachapan, dans la partie occidentale du Salvador, il s’est formé depuis quelque temps des cavités de huit à dix mètres de diamètre remplies de boue en ébullition. Cette boue, dont la teinte varie du brun rougeâtre au jaune, dégage des vapeurs qui ont une forte odeur de soufre. Pendant plusieurs années, ces cavités étaient simplement une attraction touristique; on ne pensait pas qu’elles pouvaient avoir une utilité quelconque.
Le début des études géothermiques
Dans les années 50 cependant, le CEL (Comision Ejecutiva Hidro-electrica del Rio Lempa), office gouvernemental indépendant et préposé au développement de l’énergie hydroélectrique, entendit parler de la récupération de l’énergie endogène (intérieure) de la terre que l’on faisait, pour la première fois, dans la région de Larderello en Italie. La Nouvelle-Zélande essayait également de produire de l’électricité à partir de ressources de ce genre à Wairakei.
Cette nouvelle suscita beaucoup d’intérêt, car le Salvador commençait juste à développer son énergie hydroélectrique. Mais, pour en tirer le meilleur parti, il était nécessaire de produire de l’énergie thermique. Faire appel aux combustibles fossiles aurait exigé l’importation de pétrole ou de charbon. Par contre, on pouvait obtenir les mêmes résultats en mettant en valeur la vapeur naturelle.
C’est en 1953 qu’on entreprit les premières recherches géothermiques dans la région d’Ahuachapan. En 1958, on creusa un puits d’exploration peu profond dans la campagne de Playon d’Ahuachapan et d’El Salitre. Puis en 1966, on intensifia les recherches géologiques, géophysiques et géochimiques, qui couvrirent une zone de 200 kilomètres carrés.
Ces recherches suscitèrent des espoirs sérieux. Aussi, en 1968, on fora des puits expérimentaux profonds de 865, 981 et 1 192 mètres. L’un d’eux ne donna rien, mais les deux autres commencèrent à produire de la vapeur respectivement à la température de 231 et 208 degrés et à la pression de 10 kilos au centimètre carré. Ces puits furent maintenus en pleine production pendant plus d’un an pour s’assurer que la pression et la température restaient stables. En janvier 1970, on creusa six autres puits entre 700 et 1 400 mètres de profondeur dans la région de Playon d’Ahuachapan. On désirait savoir si techniquement et économiquement, il était possible de créer une première centrale géothermique de 30 mégawatts. Celle-ci était considérée comme la première étape vers la pleine utilisation de la réserve, estimée à 100 mégawatts, de la région d’Ahuachapan.
Des centrales sans combustibles
C’est en 1974 qu’on commença à construire cette première centrale de 30 mégawatts. Elle fut inaugurée et mise en service en août 1975. Puis, en 1975 également, on se mit à bâtir une deuxième centrale de 30 mégawatts, ce qui nécessita le forage de cinq autres puits entre 600 et 850 mètres de profondeur. Cette deuxième usine fut mise en service en 1976. Une troisième usine, d’une capacité de 35 mégawatts, actuellement en construction, utilisera la vapeur des deux premières. Donc, à partir de cette année, la région géothermique d’Ahuachapan produira en permanence une énergie de 95 mégawatts. Le fait de ne pas employer de combustibles fossiles représente pour le pays une économie annuelle d’environ 57 millions de francs.
Les bons résultats obtenus ont suscité l’élaboration d’un programme intensif d’exploration et de recherches dans la partie est du pays, où l’on a creusé de nouveaux puits.
La pollution
Les centrales électriques qui utilisent les combustibles fossiles, tels que le charbon ou le pétrole, ou bien l’atome, donnent lieu à des problèmes de pollution. Les cendres, la fumée et les gaz contaminent l’atmosphère, et les eaux qui ont servi au refroidissement peuvent polluer les lacs et les fleuves. Quant à l’élimination des résidus de ces centrales, elle pose, elle aussi, un grave problème pour la communauté.
D’autre part, on pourrait penser que les centrales géothermiques ne polluent pas, puisqu’elles n’emploient pas de combustibles. Or, la vapeur, les gaz et l’eau produits par les puits causent certains dégâts au milieu.
Dans le cas de production géothermique de vapeur sèche ou surchauffée, il y a dégagement de fortes concentrations de sulfates, d’acide et de traces de chlorure. Les eaux sont parfois alcalines, avec une prédominance de sulfates et de bicarbonates. Il peut aussi y avoir une forte concentration de gaz carbonique, de bore et d’ammoniac. Un autre corps très toxique, l’hydrogène sulfuré, risque de susciter des problèmes écologiques.
Les terres qui donnent de la vapeur d’eau produisent de grandes quantités d’eaux résiduelles. Celles-ci ont en général une forte teneur en sel et sont donc nuisibles à la vie végétale et animale. La teneur en bore excède toujours ce que peuvent tolérer les cultures résistantes. Ces eaux contiennent aussi de l’arsenic, ce qui les rend impropres à la consommation humaine.
Se débarrasser des eaux résiduelles pose donc un sérieux problème. Jusqu’à présent, on a essayé les méthodes suivantes: 1) Les diluer dans la mer, 2) les diluer dans les rivières, 3) les injecter de nouveau dans le sous-sol et 4) les faire évaporer dans des bassins.
Diluer ces eaux dans la mer peut être coûteux et difficile si les terrains géothermiques sont loin de la côte. On ne peut les diluer dans les rivières que si leur débit est suffisant, afin que la concentration d’éléments toxiques ne soit pas nuisible. Pendant la saison sèche, les rivières manquent souvent d’eau. Il est parfois difficile d’injecter de nouveau ces eaux dans le sous-sol à cause du sel qu’elles contiennent et qui se dépose sur les parois des puits. L’évaporation en bassin n’est possible que si l’on dispose de grandes étendues de pays plat pour construire ces bassins et si les précipitations sont réduites.
À la centrale géothermique d’Ahuachapan, les eaux résiduelles sont envoyées à la mer par un canal à ciel ouvert. On parvient également à les réinjecter dans le sol.
Les aspects économiques
Il est intéressant de comparer les prix d’une centrale géothermique avec ceux des centrales classiques, hydroélectriques ou thermiques, qui emploient des combustibles fossiles. Les frais de construction de la centrale géothermique d’Ahuachapan (d’une capacité de 95 mégawatts) ont été estimés à environ 3 500 F par kilowatt. Quant aux frais d’exploitation, le kilowattheure revient à 0,025 F, alors qu’à la plus grande centrale hydroélectrique du Salvador, à Cerron Grande, il coûte 0,020 F. Cependant, dans les centrales qui emploient le pétrole, le kilowattheure coûte 0,120 F, soit près de cinq fois plus que dans les centrales géothermiques. Il n’est donc pas étonnant que le Salvador désire fortement mettre en valeur son énergie endogène.
À présent que la crise de l’énergie s’aggrave dans le monde, de nombreux pays recherchent de nouvelles sources d’énergie pour remplacer le pétrole importé, devenu plus rare et plus cher. L’énergie endogène, la chaleur qui vient des couches profondes de l’écorce terrestre, est certainement très utile et l’on peut s’attendre à ce que d’autres pays qui possèdent dans leur sol des cavités qui émettent de la vapeur ou qui présentent d’autres signes d’activité volcanique, se mettent à puiser dans ces trésors cachés.
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Dans les profondeurs de la TerreRéveillez-vous ! 1978 | 8 mai
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Dans les profondeurs de la Terre
Les hommes ont marché sur la Lune, mais nous ne savons que peu de choses concernant les profondeurs de la Terre. Le sol sur lequel nous marchons est une “membrane rocheuse” ou écorce d’environ 32 kilomètres d’épaisseur. En dessous se trouvent le manteau, le noyau externe et le noyau interne. L’homme n’a jamais traversé l’écorce et nous devrions en être heureux.
La chaleur à l’intérieur de la Terre est de plus en plus intense à mesure qu’on s’enfonce. Au centre, elle serait de l’ordre de 5 000 degrés. Alors qu’on dit que le noyau externe est fait de “métal liquide”, les hommes de science pensent que le noyau interne (fer et nickel) est solide, sans doute à cause de l’intensité des pressions qui s’y exercent.
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