Coup d’œil sur le monde
Revers pour les États-Unis
Les récents événements au Viêt Nam et au Cambodge ont constitué un “coup dur” pour la politique américaine en Extrême-Orient. Rappelant toutefois que les Américains n’ont fait qu’hériter d’une situation qui existait bien avant leur entrée en scène dans cette région, Le Monde a fait ce commentaire : “La guerre qui débouche sur ce monumental gâchis, c’est la France qui l’a commencée, il y aura bientôt trente ans, après l’occupation japonaise, en s’efforçant, après la Seconde Guerre mondiale, de rétablir un ordre colonial dépassé. (...) L’erreur fatale — endossée, sinon inspirée, par Washington — fut de faire fi du sentiment national. Pour les Américains, le Viet-Nam du Sud n’était qu’une base du Pentagone dans le ‘bon combat’ contre le ‘camp communiste’ en Asie (...). Ainsi, lorsque le Vietcong prit le relais du Vietminh, les États-Unis confondirent-ils avec une agression du communisme du Nord ce qui était pour une grande part une insurrection nationaliste du Sud.” De son côté, le journal britannique Guardian a écrit : “Le gouvernement américain a eu le tort d’aller au Viêt Nam avec plus de cœur que d’esprit. Les réfugiés et les morts d’aujourd’hui et d’hier sont le résultat d’une erreur : celle d’avoir interprété la lutte d’un communisme national contre des maîtres colonialistes comme un épisode de la guerre froide.” N’oublions pas que l’Église catholique n’a pas été étrangère à cette erreur d’interprétation d’abord des Français puis des Américains. En effet, pour défendre ses intérêts non négligeables dans cette région, elle a tout fait pour présenter cette guerre comme une croisade contre le communisme.
La réouverture du canal de Suez
À la différence de ce que l’on pourrait croire, la réouverture du canal de Suez ne devrait pas bouleverser le transport maritime intercontinental. En effet, l’avènement des pétroliers géants, amené dans une large mesure par la fermeture du canal, fait que beaucoup de tankers ne pourraient pas emprunter cette voie d’eau. Or, en 1966, dernière année complète avant la fermeture, le pétrole représentait presque les trois quarts du trafic du canal. Aussi les armateurs estiment-ils que le trafic maximum susceptible d’emprunter le canal ne dépasserait pas, du moins jusqu’à l’élargissement de ce passage maritime, 170 millions de tonnes, soit 5 pour cent du total du trafic mondial. Bien entendu, si les conditions politiques sont favorables, le gouvernement égyptien compte élargir et approfondir le canal pour permettre, dans un premier temps, le passage de navires jaugeant 150 000 tonnes et, par la suite, le transit de pétroliers jaugeant 270 000 tonnes. Les travaux seraient échelonnés sur deux périodes de trois années chacune. Encore faut-il que la situation au Proche-Orient soit assez calme pour que les travaux puissent se poursuivre et, en tout premier lieu, pour que les armateurs acceptent d’engager leurs navires dans cette voie d’eau longue de 161 kilomètres.
L’Euphrate — un sujet de controverse
L’Euphrate, fleuve long de quelque 2 800 kilomètres, naît en Turquie, traverse le nord de la Syrie et tout l’Irak, avant de se réunir au Tigre pour former le Chatt al-Arab, qui se jette dans le golfe Persique. Or ce cours d’eau, mentionné déjà dans la Genèse, constitue actuellement une pomme de discorde entre l’Irak et la Syrie. Le gouvernement irakien accuse la Syrie de faire baisser dangereusement le débit du fleuve. La Syrie vient en effet de construire à Tabqa un immense barrage destiné à doubler la superficie des terres cultivables dans ce pays. Le ministre irakien de l’irrigation prétend que depuis le début d’avril le débit de l’Euphrate est tombé à 197 mètres cubes par seconde, alors qu’il serait de 920 mètres cubes en amont du barrage de Tabqa. De ce fait, les villages irakiens du bassin de l’Euphrate souffriraient d’un manque d’eau potable. Bagdad a décidé de porter l’affaire du partage des eaux de l’Euphrate devant la Ligue arabe.
“Saints” au secours du tourisme
L’un des attraits touristiques de Naples est le phénomène des “miracles”. Il y aurait neuf “saints” napolitains dont le sang se liquéfie tous les ans. Mais le périodique italien Epoca demande : “Jusqu’à quel point doit-on croire à (...) l’origine surnaturelle de cette liquéfaction ?” Le rédacteur cite “sainte” Bernadine qui, déjà au quinzième siècle, se plaignit du nombre inconsidéré de “gouttes de lait de la Madone conservées un peu partout”. Elle aurait ajouté : “Même une vache n’aurait pas pu donner tant de lait.”
Quant au tourisme en Orient, des dépliants préviennent les pèlerins qui envisagent de se rendre à Goa, sur la côte occidentale de l’Inde, que “cette année pourra être la dernière” où il sera possible de voir les restes du “saint” François Xavier, à cause de leur mauvais état. Cette relique catholique n’est exposée qu’une fois tous les dix ans. Mais la revue Newsweek n’a pu s’empêcher d’écrire : “Gageons que d’ici dix ans les restes seront de nouveau exposés pour le bien spirituel des fidèles — et au bénéfice du tourisme indien.”
Les géants de l’acier
En 1974, les plus grosses sociétés de l’industrie sidérurgique ont toutes été obligées de baisser leur production. Les “géants” de cette industrie se nomment Nippon Steel, société japonaise qui a été en 1974 le premier fabricant d’acier du monde (38,48 millions de tonnes), U. S. Steel, société américaine (30,75 millions de tonnes), Bethlehem Steel, également américaine (20,21 millions de tonnes) et la société d’État britannique British Steel Corporation (19,3 millions de tonnes). Les “quatre grands” sont suivis de la société allemande Thyssen (16,88 millions de tonnes), les sociétés japonaises Nippon Kokan (16,24 millions de tonnes), Kawasaki Steel Corporation (14,91 millions de tonnes) et Sumtomo Metal (14,59 millions de tonnes), enfin par la société italienne Finsider (13,56 millions de tonnes). Bien entendu, ces statistiques ne concernent que les grandes sociétés de l’industrie sidérurgique. Elles ne donnent pas une idée exacte de la production totale de chaque pays, dont les plus grands producteurs d’acier sont, par ordre décroissant : États-Unis, URSS, Japon, Allemagne fédérale, Grande-Bretagne, France, Chine et Italie.
Marais dépolluants
En 1957, une chercheuse allemande a constaté que certains joncs et roseaux poussent mieux dans l’eau polluée. Elle a donc aménagé un marais artificiel en se servant de l’eau très polluée du Rhin. Au bout de quelques semaines, elle a découvert que l’eau souillée qui était passée par les plantes du marécage était purifiée et fortement oxygénée. Les polluants chimiques avaient été absorbés par les plantes. Depuis cette expérience, des marais dépolluants ont été créés en Afrique, au Japon, au Canada, aux États-Unis, en Finlande et en Roumanie. Des expériences analogues sont actuellement en cours en France. Encore une preuve, si besoin était, que les marais ne sont pas inutiles (voir notre numéro du 8 juin).
Baptême et catéchisme œcuméniques
Conformément à deux accords doctrinaux, remontant à 1972, au sujet du baptême et du mariage, un comité mixte catholique-protestant a publié dernièrement en France une note sur la célébration œcuménique des baptêmes d’enfants. On sait qu’il y a peu de temps encore, l’Église catholique exigeait que les enfants des foyers mixtes soient élevés dans la religion catholique. Or, d’après le document qui vient d’être publié, elle semble admettre que de tels enfants puissent être baptisés dans l’une ou l’autre religion des parents. Le baptême œcuménique serait célébré soit par un prêtre catholique, soit par un pasteur protestant, mais non par les deux ensemble. Le document précise que rien ne s’oppose à une double inscription sur les registres baptismaux des deux religions. D’autre part, un catéchisme œcuménique intitulé Un livre sur la foi chrétienne vient d’être préparé par vingt théologiens catholiques et vingt théologiens protestants. Ainsi, le catholicisme et le protestantisme essaient — tardivement — de faire des mélanges pour garder les foyers mixtes. Encore faut-il que la mixture soit valable !
Le baptême des nouveau-nés est-il valable ?
Que le baptême des tout-petits soit purement catholique ou œcuménique, il s’agit d’abord de savoir si ce genre de baptême est bibliquement valable. Il semble que certains ecclésiastiques commencent à se rendre compte que non. À ce propos, Le Monde écrivit dernièrement : “Les positions traditionnelles [de l’Église] sont de moins en moins défendables. Le Père [jésuite] Moingt part d’un constat : les sacrements de baptême et de mariage sont devenus impuissants à assurer la transmission de la foi. (...) Le baptême exprime souvent non pas l’adhésion à la foi de l’Église, mais la conservation d’un héritage familial, l’adhésion à un ‘passé tribal’. Sans songer à condamner le baptême des petits enfants, le Père Moingt estime que le report de ce sacrement à un âge où il puisse être demandé par l’intéressé, en connaissance de cause, devrait être considéré comme normal.” En fait, le baptême des tout-petits n’a rien de biblique. Jésus s’est fait baptiser à l’âge adulte, et les autres baptêmes chrétiens mentionnés dans la Bible concernent tous des gens en âge de comprendre ce qu’ils faisaient.