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Le monde est-il en pleine décadence morale?Réveillez-vous ! 1984 | 8 janvier
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Le monde est-il en pleine décadence morale?
“LA PETITE fille fluette à l’écran doit avoir 6 ans. Elle a une chevelure courte et brillante. Sa robe de coton, ses chaussettes et ses souliers lacés lui donnent l’air (...) d’une écolière habillée pour son premier jour de classe. Pourtant, elle est malgré elle la vedette d’un film pornographique dans lequel jouent des enfants.” — Toronto Star.
Consternant? Certes! La victime, cette “petite fille fluette”, aurait pu être votre voisine de palier ou un membre de votre famille. Est-ce un incident isolé? Pas du tout! On estime que chaque année, rien qu’aux États-Unis, 300 000 enfants se font prendre au piège de la pornographie. ‘Oui, mais la situation en général n’est tout de même pas aussi grave, diront certains. Il ne faut pas en conclure que le monde entier est décadent.’
Toutefois, prenons un exemple: Votre voisin, n’ayant pas le sens des affaires, subit un revers financier; il est ruiné et se met en faillite. Mais, pour sauver les apparences, il cherche à donner autour de lui l’impression que tout va bien — jusqu’à ce que brusquement ses créanciers demandent la saisie de ses biens. C’est exactement le cas du présent système de choses. En surface, il donne l’illusion d’être moralement sain, mais un examen plus attentif révèle que des fissures irréparables sapent profondément jusqu’à ses fondations.
Signes indicateurs de la débâcle des mœurs
Le monde est dans l’indigence morale, il est décadent et sur le point de s’effondrer complètement. Qu’est-ce qui nous fait dire cela? Tout en examinant les signes indicateurs de la faillite morale dont nous avons dressé une liste ci-dessous, voyez qui est impliqué dans ces affaires et l’étendue des faits. S’agit-il de personnes sans éducation, de pauvres, de criminels endurcis ou d’esprits irréligieux? Ou bien l’appauvrissement moral mine-t-il à ce point la société que le système tout entier, depuis les chefs jusqu’aux plus humbles, est gagné par la corruption?
● Un nombre inquiétant de scientifiques, de médecins et de journalistes sont convaincus de supercherie après avoir publié leurs travaux.
● À Mexico, plus de 17 000 policiers corrompus ont été relevés de leurs fonction depuis 1976.
● En Italie, deux prêtres, plus de 500 hommes d’affaires et des dizaines de fonctionnaires du fisc ont été accusés d’avoir détourné pour 17 milliards de francs français de taxes pétrolières.
● Un récent sondage révèle que 200 cadres supérieurs des plus grandes sociétés commerciales dans le monde considèrent que le respect des règles morales ne joue pas sur l’image de marque en affaires.
● Les contribuables italiens fraudent le fisc pour un montant égal à 20 pour cent des impôts réels. En Allemagne, cette somme est évaluée à 75 milliards de francs. En moyenne, chaque Suédois adulte vole l’équivalent de 5 400 francs d’impôts par an au gouvernement. Aux États-Unis, la fraude sur les taxes fédérales, qu’elle soit délibérée ou non, s’élevait à environ 200 milliards de francs il y a dix ans, elle se chiffre aujourd’hui à 750 milliards de francs. “Si la situation s’aggrave encore, elle pourrait perturber notre économie et même provoquer l’effondrement de notre société”, affirme l’Association professionnelle américaine des comptables agréés.
● Le directeur de la Commission des stupéfiants, laquelle dépend des Nations unies, qualifie la montée alarmante de la demande de la drogue de “miasme néfaste de contrebande et de crime, de fraude fiscale, de subornation et de corruption”.
● L’Organisation mondiale de la santé estime que chaque année 500 000 personnes sont intoxiquées dans le monde par les pesticides, souvent en raison de la distribution sans scrupules de produits chimiques dangereux. On sacrifie la sécurité au profit des bénéfices des compagnies. Beaucoup de sociétés étrangères de produits chimiques ‘écoulent’ les pesticides frappés d’interdiction dans les pays du tiers monde, ce qui amena le ministre adjoint de l’Environnement du Kenya à s’exclamer: “Nous sommes victimes du monde industriel!”
● La Fédération internationale du planning familial estime que chaque année 55 millions de femmes se font avorter. Cela équivaut virtuellement à décimer plus d’habitants que n’en comptent des pays pris isolément comme l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, le Canada, la France, la Pologne et 145 autres nations.
● À une époque, les maladies vénériennes ne constituaient une menace que dans certains milieux. Aujourd’hui, elles prolifèrent en raison du mode de vie licencieux. Des millions de personnes en sont atteintes chaque année, y compris des enfants. D’étranges et nouvelles maladies sexuellement transmissibles apparaissent soudain, gagnent rapidement du terrain et déconcertent les médecins.
● Dans leurs lettres pastorales, les prêtres catholiques d’Allemagne de l’Ouest et des États-Unis donnent leur adhésion à la théorie de la “guerre juste”.
● On gaspille des surplus alimentaires considérables alors que la malnutrition tue des millions d’hommes. Bien des nations du tiers monde négligent leur production vivrière au profit de récoltes destinées à l’exportation, de tabac ou de café par exemple, ce qui permet souvent à l’élite de se remplir les poches.
● Sur 164 nations, 45 sont engagées dans diverses formes de conflits armés auxquels participent plus de quatre millions de soldats. Et qu’est-ce qui fait la différence entre les guerres modernes et celles du passé? L’augmentation tragique du nombre des victimes civiles. On déplore en moyenne la perte de trois civils pour chaque combattant tué.
● Selon le secrétaire général des Nations unies, “environ 500 000 scientifiques dans le monde mettent leur savoir au service de la recherche militaire pour créer un armement plus sophistiqué et plus meurtrier”.
● Le monde dépense chaque année près de 150 000 francs par soldat, mais seulement 2 850 francs par enfant en âge d’aller à l’école. Dans le même temps, 25 000 personnes meurent chaque jour faute d’eau potable, et 100 000 enfants deviennent aveugles chaque année par suite d’une carence en vitamine A dans leur régime alimentaire.
● Les nations industrialisées s’enrichissent en exportant leurs armes aux pays les moins aptes à se les payer — les pays envoie de développement trop ambitieux — et qui s’en servent souvent contre leur population pauvre. “Aucune forme d’exploitation, qu’elle soit impérialiste ou non, a déclaré l’ancien ambassadeur américain John Kenneth Galbraith, n’est aussi néfaste ou dangereuse que celle-là.”
Oui, une personne — un homme politique, un homme d’affaires, un de vos voisins ou quelqu’un d’autre — peut très bien avoir personnellement au départ un haut niveau de moralité. Toutefois, à moins qu’il n’ait de fortes motivations l’incitant à résister au système qui l’entoure, il risque de finir par adopter une attitude dénuée de tout principe et de devenir prisonnier du système. Un proverbe ancien résume ainsi la situation morale: “Ce qui devient tortueux ne peut être redressé, et ce qui manque ne saurait être compté.” Comme une tige fragile qui pousse tordue, les principes moraux du monde sont si tortueux qu’il n’est d’autre solution pour les remettre droits que de les briser. — Ecclésiaste 1:15.
Les divertissements offrent un autre indice de la décadence morale. La culture d’une société, et notamment ses loisirs, peut nous apprendre beaucoup sur sa morale. Quelle image des principes moraux actuels les distractions de notre époque nous donnent-elles?
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La corruption morale a gagné les divertissementsRéveillez-vous ! 1984 | 8 janvier
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La corruption morale a gagné les divertissements
“Les bons auteurs aussi, qui savaient jadis des mots plus nobles,
N’usent aujourd’hui que des plus vils
Pour rédiger leur prose...
Tout est permis.
Aujourd’hui le monde est fou
Et le bon est mauvais
Et le noir est blanc
Et le jour, maintenant, c’est la nuit...
Tout est permis.” — Cole Porter, parolier américain, 1934.
“Malheur à ceux qui disent que le bon est mauvais
Et que le mauvais est bon,
À ceux qui mettent les ténèbres pour la lumière
Et la lumière pour les ténèbres.” — Ésaïe, prophète israélite, 732 avant notre ère. — Ésaïe 5:20.
PLUS de 26 siècles séparent les deux citations ci-dessus. Chacune d’elles fut rédigée pour des raisons différentes, l’une pour l’agrément du public de Broadway, l’autre pour sonder l’iniquité des habitants de l’ancien pays de Juda. Pourtant, toutes deux s’appliquent bien à notre décennie. De nos jours, où les concepts du bien et du mal changent sans cesse, il semble que ‘tout soit permis’.
Peut-être n’est-ce nulle part aussi évident que dans la corruption qui a gagné les divertissements. Les loisirs constituent une partie de la culture, et la culture, c’est l’acquis caractéristique d’une société sous le rapport du comportement, du mode de pensée et de la sensibilité. C’est la manière de vivre d’un peuple, considérée globalement. Aussi les principes moraux d’une société transparaissent-ils dans sa culture.
Aucun autre art sans doute n’a autant progressé au cours de ce siècle et n’est aussi populaire ou influent que le cinéma et les films à la télévision. Certains disent que les films sont le miroir de la vie. Or, dans le même temps, comme les vedettes du cinéma sont les idoles des gens, les films peuvent amplifier, imposer et consacrer de nouvelles habitudes morales. L’industrie cinématographique a conscience de ce formidable pouvoir de manipulation. Son “Code de production” déclare ce qui suit: “Les spectacles peuvent exercer une action soit BÉNÉFIQUE, soit DESTRUCTRICE sur la race humaine.” Qu’apprenez-vous aujourd’hui sur les vertus morales du monde et sur la direction qu’il prend en considérant ses divertissements?
En 1939, le film Autant en emporte le vent, qui reçut ensuite plusieurs oscars, contenait un mot grossier qui a beaucoup choqué. Cela ne soulèverait même pas un murmure aujourd’hui. Quelques décennies ont suffi pour que les divertissements, naguère simples moments de détente familiale, soient réservés maintenant aux “adultes seulement”. Certains ne voient dans ce changement radical qu’un besoin d’évasion bien innocent. Mais est-ce le cas? Les faits révèlent que trois fléaux ont balayé les valeurs morales qu’on pouvait encore trouver dans les divertissements il n’y a pas si longtemps: il s’agit de la drogue, de la violence à outrance et de la pornographie.
La drogue et la violence
Pendant des dizaines d’années, la radio et la télévision ont diffusé des feuilletons. Ces derniers portent maintenant sur la drogue. Le théâtre, le cinéma et la télévision nous dépeignent la pénétration rapide de la drogue dans toutes les couches de la société comme une chose normale, comme faisant partie de la vie de tous les jours. On n’identifie plus automatiquement les drogués et les pourvoyeurs de drogue aux perdants, à des dégénérés et à des scélérats. Au contraire, ils sont souvent devenus les héros, les vainqueurs, les vedettes qu’on pose en modèles aux jeunes et aux moins jeunes. Les réalisateurs de ces spectacles rejettent sur le public la responsabilité d’un tel changement et ils s’écrient: “Nous ne lui donnons que ce qu’il nous demande!”
Le monde des divertissements se complaît aussi dans tout ce qui est sanglant. Jamais encore dans l’histoire du cinéma la violence n’avait atteint à ce réalisme ni autant glacé d’horreur. Le sang gicle à flots sous les yeux des spectateurs. On mutile des corps à la tronçonneuse, on perfore à la perceuse le crâne des victimes dans un jaillissement d’hémoglobine, un bruit de mastication évoque des actes de cannibales. À ces abominables carnages se mêlent souvent certaines situations érotiques. Des scènes de ce genre et d’autres plus révoltantes encore constituent les divertissements dont se repaissent nombre de nos contemporains.
Les gens n’ont plus besoin de se glisser subrepticement dans une salle de cinéma pour voir ce type de films d’horreur. S’ils ont chez eux un magnétoscope, ils peuvent louer les films ou les acheter en cassettes vidéo. La publicité pour un certain film vidéo le définissait comme “92 minutes de viols et de massacres”! Le marché de ces films violents et avilissants est en pleine expansion. Ainsi, après avoir raconté un nouveau film d’horreur dans lequel les victimes sont taillées en pièces, une revue britannique de vidéo ajoutait: “Chaque fournisseur devrait s’en munir. Il ne fera pas long feu sur les rayons.”
Quelle image les spectateurs assidus de ces films sanglants peuvent-ils se forger de la vie de tous les jours, sinon celle d’un monde où la violence est habituelle et banale? Peut-on s’étonner qu’un nombre croissant de personnes trouvent plus facilement acceptables les réalités violentes de notre monde? En bref, ce type de distractions est ce qu’on appelle la pornographie violente.
La violence du rock vidéo
Il existe maintenant, principalement aux États-Unis, des spectacles de rock vidéo. Dans de plus en plus de villes, les abonnés de certains réseaux de télévision peuvent non seulement écouter du hard rock au rythme inquiétant, mais encore suivre simultanément des scènes de violence. Cette forme de rock vidéo est disponible en cassettes ou projetée sur grand écran dans des clubs de rock.
Abasourdi par le programme vidéo de musique rock auquel il venait d’être soumis, un spectateur l’a décrit dans le Wall Street Journal comme “la scène de sadisme la plus vile et la plus révoltante que j’aie jamais vue”. L’article ajoute: “Entre chaque morceau de rock, il y avait de courts intermèdes, dont l’un montrait une femme, hurlant comme une hystérique, et qu’on forçait à ingurgiter un rat crevé.” Peu de spectateurs s’en plaignent.
Étant donné que la musique éveille les émotions, cette forme nouvelle de musique rock est capable d’amplifier une vision déformée de la vie. Pourquoi cela? C’est parce que deux des sens de l’homme sont directement sollicités: l’ouïe et la vue. Lorsqu’il écoute de la musique, l’auditeur se fait une idée personnelle de ce que cette musique signifie. Quand l’image est associée à la musique, il se départit de sa propre imagination et accepte les valeurs morales d’un tiers — le créateur du rock vidéo. Le magazine Newsweek fait ce commentaire: “Un des pouvoirs remarquables de la musique, c’est sa force d’évocation de sensations profondes, indicibles, dont l’effet varie d’un auditeur à l’autre. La vidéo décide de vos fantasmes et les fixe sur l’écran chaque fois que le thème est repris.”
La pornographie
Les spectacles qui mettent le sexe en vedette sont une autre forme de titillation dégradante. La pornographie n’est pas nouvelle. Mais le fait de l’étaler est nouveau. Les paravents qui la masquaient aux gens en général ont commencé à tomber dans les années 60, lorsque le Danemark est devenu la première nation à légaliser la pornographie sous toutes ses formes. Depuis lors, comme du pus suintant d’une plaie infectée, la tache hideuse de la pornographie s’étend à travers le monde.
Dans certains pays, la pornographie reste cachée, bien qu’elle soit une entreprise lucrative. Dans d’autres, on l’exhibe à tous, même aux jeunes. Les romans décrivent avec force détails des scènes de dépravation sexuelle; les magazines, la télévision et le cinéma les montrent en images, et cette tendance s’accentue à une allure vertigineuse. Les gens s’agglutinent bien souvent aux portes des cinémas exaltant l’immoralité sexuelle comme des mouches sur des excréments.
En Espagne, par exemple, les publications érotiques abondent dans les kiosques. Et certains journaux contiennent des publicités à caractère pornographique de ce genre: “Sexe, dépravation et aberrations dans un film qui semble avoir été tourné par le Diable.” En Grande-Bretagne, le Daily Telegraph fait cette constatation: “Le fait est que les sex-shops constituent aujourd’hui à peu près la seule industrie florissante en Grande-Bretagne.” Et au Japon, d’après le Mainichi Daily News, “les entreprises pornographiques sont en progression constante. Elles proposent des services de plus en plus corsés”. On estime que l’an dernier, rien qu’aux États-Unis, la pornographie a rapporté environ 7 milliards de dollars de recettes brutes (plus de 50 milliards de francs français).
Pourquoi la pornographie prospère-t-elle? Cela tient à l’antique loi de l’offre et de la demande. Dans le Manchester Guardian Weekly, une ancienne vedette française de films pornographiques a répondu ce qui suit: “La pornographie, même médiocre, a de l’avenir parce que la demande est là.” Et maintenant, ceux qui auraient eu des scrupules à se rendre dans un cinéma porno par crainte d’être vus peuvent se repaître avidement de ce genre de films dans l’intimité de leur propre foyer grâce aux cassettes vidéo. Il apparaît donc que la demande justifie l’offre.
La décadence sexuelle prend même les jeunes dans ses filets — aussi bien des enfants que des adolescents. Le Daily News de New York rapporte que “des actes sexuels pratiqués jusque sur des bébés de huit mois sont filmés et photographiés par des vendeurs clandestins qui répondent à la demande d’une sous-culture avide de pornographie enfantine et en pleine expansion”. La même source ajoute qu’aux États-Unis “environ 50 000 enfants disparaissent chaque année et ne sont jamais retrouvés”. Beaucoup sont victimes de l’exploitation sexuelle et de la pornographie. Les films pornographiques sont envoyés dans les pays scandinaves où ils sont tirés, puis diffusés dans le monde entier pour satisfaire les appétits répugnants d’un nombre grandissant de dépravés.
Par conséquent, en dépeignant impudiquement les relations sexuelles entre adultes ou entre jeunes, ou en présentant de la violence, les divertissements font paraître “bon”, ou acceptable, ce qui est “mauvais”, parce que avilissant.
Le système de choses a-t-il une chance de survie quand de telles influences corruptrices sapent ses fondements? “Un homme peut-il amasser du feu dans son sein sans que ses vêtements soient consumés?” (Proverbes 6:27). Où, au juste, la morale actuelle mène-t-elle le monde?
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La décadence morale — Où mène-t-elle?Réveillez-vous ! 1984 | 8 janvier
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La décadence morale — Où mène-t-elle?
C’ÉTAIT dans la nuit du 25 juillet 1956. Un grand navire blanc, aux lignes pures, le Stockholm, quittait New York et mettait le cap à l’est pour sa cent troisième traversée de l’Atlantique Nord. Les hauts-fonds de Nantucket étaient noyés dans le brouillard, mais cela n’avait rien d’anormal.
Le plus fameux des paquebots italiens, l’Andrea Doria, arrivait en sens inverse, se frayant une route dans le brouillard. Comme les deux bateaux étaient équipés de radars, personne ne s’inquiétait outre mesure. Du reste, la plupart des passagers étaient couchés. Les officiers de quart étaient à leur poste. L’Andrea Doria progressait à la vitesse de 22 nœuds. Soudain, le capitaine italien vit surgir le Stockholm. Il hurla un ordre: “Bâbord toute!” Mais, étant donné la vitesse et le poids de l’Andrea Doria, il était trop tard.
À 23 h 09, le Stockholm heurtait par le milieu le paquebot italien. Seuls quelques officiers et quelques marins avaient eu conscience du drame imminent, et leur vague intervention s’était avérée inutile. Ils n’avaient pu empêcher la collision. Onze heures plus tard, l’Andrea Doria, réputé “insubmersible”, sombrait dans l’abîme.
De la même façon aujourd’hui, l’état moral du monde mène celui-ci au désastre. Quelques personnes ayant encore des principes s’en rendent compte. Aussi tentent-elles de changer le cap des événements. Mais c’est insuffisant et trop tard. La corruption générale entrave les dirigeants mondiaux qui comprennent qu’ils ne peuvent plus contrôler la vitesse et la direction que prend le système actuel. D’autres ne voient aucune altération dans le climat moral de notre monde; il en est même qui se complaisent dans ce milieu.
Devant une telle situation, quelle espérance les personnes au cœur honnête peuvent-elles entretenir? Deux modèles du passé nous donnent la réponse à cette question.
Un exemple des choses à venir
Le monde antédiluvien du temps de Noé et les habitants de Sodome et Gomorrhe nous laissent l’exemple de deux sociétés immorales et de ce qui leur est arrivé. Les paroles de Jésus contenues en Luc 17:26-30 indiquent que ces exemples ont un pendant moderne. En tant que principal Agent d’exécution de Dieu, Jésus fera rendre des comptes au monde entier. Voici ce que nous lisons dans ce texte:
“D’autre part, comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’homme [Jésus Christ]: ils mangeaient, ils buvaient, les hommes se mariaient, les femmes étaient données en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et le déluge arriva et les détruisit tous. Pareillement, comme il advint aux jours de Lot: ils mangeaient, ils buvaient, ils achetaient, ils vendaient, ils plantaient, ils bâtissaient; mais le jour où Lot sortit de Sodome, il tomba du ciel une pluie de feu et de soufre, qui les détruisit tous. De même en sera-t-il le jour où le Fils de l’homme doit être révélé.”
Dans les deux cas, le fait que ces hommes se livraient à des activités normales telles que manger, boire, se marier, bâtir, et d’autres encore, tout en ignorant les avertissements divins, était de mauvais augure. Ils ne surent pas discerner la signification de la dégradation de leur environnement moral. Pour eux, tout ‘était normal’. Examinons de plus près ces deux modèles.
“Aux jours de Noé”
Au vingt-quatrième siècle avant notre ère, la méchanceté avait envahi la terre. Les règles morales étaient en perdition. Le récit historique de Genèse 6:5 rapporte ce qui suit: “En conséquence, Jéhovah vit que la malice de l’homme était abondante sur la terre et que toute inclination des pensées de son cœur n’était toujours que mauvaise.” En quoi consistait le mal, et pourquoi?
La méchanceté se manifestait principalement de deux façons. D’abord par la violence. Ensuite par les dépravations sexuelles. Remarquez comment Genèse 6:4 fait allusion à ces deux choses: “Les Néphilim se trouvaient sur la terre en ces jours-là, et aussi après cela, quand les fils du vrai Dieu continuèrent d’avoir des rapports avec les filles des hommes et qu’elles leur donnèrent des fils: ils furent les puissants du temps jadis, les hommes de renom.”
Le nom “Néphilim” signifie “celui qui fait tomber” ou “abatteur”. Les Néphilim étaient des tyrans. Ils faisaient tomber autrui par la violence. Nul doute que beaucoup d’hommes ont suivi leur exemple de violence ou se sont joints à eux pour piller des victimes sans défense. Les Néphilim étaient la progéniture hybride des anges rebelles matérialisés, qui étaient jadis des “fils du vrai Dieu”, et des filles des hommes auxquelles ces anges mauvais s’étaient unis. Les relations sexuelles entre des anges et des humains constituaient des actes contre nature, une perversion. (Pour plus de détails, veuillez lire I Pierre 3:19, 20; Jude 6, 7.)
À quoi cette décadence morale a-t-elle mené? “Aussi Jéhovah dit-il: ‘Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés, depuis l’homme jusqu’à l’animal domestique, jusqu’à l’animal qui se meut et jusqu’à la créature volante des cieux, car je regrette de les avoir faits.’ Mais Noé trouva faveur aux yeux de Jéhovah.” (Genèse 6:7, 8). Jéhovah est intervenu contre ce système de choses moralement dégénéré au moyen du plus grand cataclysme de toute l’histoire humaine jusqu’à cette époque-là. Noé et ses proches furent les seuls humains qui échappèrent au déluge.
Pourquoi lui et les siens ont-ils trouvé faveur aux yeux de Dieu? “Noé était un homme juste. Il se montrait sans défaut parmi ses contemporains”, nous dit Genèse 6:9. Que faisait-il pour cela? “Noé marchait avec le vrai Dieu”, précise la dernière partie du verset. Il était courageux, et sa famille et lui se distinguèrent de leurs contemporains débauchés en ce qu’ils se laissèrent guider par les principes moraux de Jéhovah durant leur vie. Noé n’a en aucun cas permis au monde de le couler dans le moule de sa conduite corrompue.
“Aux jours de Lot”
Le second cas s’est produit plus de 400 ans plus tard. Les villes de Sodome et de Gomorrhe, qui pour certains seraient englouties dans la partie sud de la mer Morte, ont persisté dans une conduite défiant les principes moraux de Dieu. Aussi lit-on en Genèse 18:20: “Le cri réprobateur au sujet de Sodome et de Gomorrhe, oui, il est grand, et leur péché, oui, il est très lourd.”
En quoi ces habitants étaient-ils blâmables aux yeux de Jéhovah? Ils étaient moralement pervertis. Des pratiques sexuelles dégradantes tenaient une très large place dans leur mode de vie. “Depuis le garçon jusqu’au vieillard, (...) ils appelaient vers Lot et lui disaient: ‘Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fait-les sortir vers nous pour que nous ayons des relations avec eux [‘que nous en abusions’, Jérusalem].”’ (Genèse 19:4, 5). Le “nous” comprenait aussi bien des garçons que des adultes.
Lorsque Jéhovah est intervenu contre ce système de choses moralement corrompu, trois âmes seulement ont échappé à la destruction ardente: Lot et ses deux filles. Pourquoi eux? Parce que Lot était un “juste” qui “tourmentait de jour en jour son âme juste en raison de leurs actes [ceux des humains immoraux] commis au mépris de la loi” et qui refusait de copier leur mode de vie dépravé. — II Pierre 2:7, 8.
De nos jours
Au point de vue moral, le ‘compte’ du présent monde n’est plus créditeur et sera bientôt définitivement clos. Le système ne peut absolument pas redresser ses principes moraux. ‘Le chef de ce monde immoral’, Satan le Diable, a amené la majorité des hommes à s’enfermer dans un mode de vie impur (Jean 12:31). Ces derniers ressemblent aux passagers d’un navire en passe d’entrer en collision avec un autre. Leurs chefs, comme le capitaine du bateau, tentent d’éviter le désastre, mais en vain. L’élan qui a été imprimé au monde contrôlé par Satan rend la catastrophe inévitable.
Mais les amis de la justice, à l’image de Noé et de Lot, peuvent choisir un mode de vie différent, agréable à Dieu, en adoptant les principes moraux définis dans la Bible. Quand Jéhovah et son Fils Jésus Christ interviendront prochainement contre le présent système immoral, le ‘compte’ de ceux qui pratiquent la justice sera en leur faveur. Jéhovah leur accordera alors le droit de vivre éternellement dans un monde juste. Ce que vous aurez fait vous désignera-t-il comme juste? — Psaume 37:27-29; II Pierre 2:9.
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