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D’où vient le danger ?Réveillez-vous ! 1976 | 8 mars
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de crimes ont été signalés à la police en 1974, et le chiffre pour 1975 approchera sans doute les 12 millions. Mais, comme on le dit souvent, il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. Selon une étude du Bureau du recensement, plus de deux crimes graves sur trois ne sont jamais signalés, généralement parce que les victimes ont l’impression qu’on ne fera rien.
La conclusion atterrante de l’étude précitée est la suivante : Chaque année, 37 millions de crimes graves sont commis aux États-Unis, ce qui représente plus de trois fois le nombre signalé. Cela fait soixante-dix meurtres, viols et agressions de tous genres chaque minute, soit plus d’un par seconde.
Un pays après l’autre connaît ce raz-de-marée de crimes. Concernant la situation en Italie, le journal The Guardian a écrit : “À Rome, il semble que tout le monde ait quelqu’un dans sa famille qui a été dévalisé.”
Le quotidien français L’Aurore a dit que ‘le climat n’est plus le même. Les honnêtes gens ne se sentent plus à l’aise dans le métro la nuit. Ils se pressent (...). Dans la rue, ils regardent souvent par-dessus leur épaule’.
La protection — le souci du jour
Assurer leur sécurité et celle de leurs biens est à présent un des principaux soucis des gens. Le commentaire de ce commerçant new-yorkais est caractéristique : “J’ai ouvert mon commerce il y a 30 ans, et alors je ne pensais qu’aux bénéfices ; maintenant je m’inquiète surtout de savoir comment passer la journée sans être cambriolé ou assassiné.”
À Louisville, un restaurateur a été cambriolé trois fois en six mois, aussi a-t-il engagé des gardes armés. “On en est réduit à payer pour assurer sa protection”, dit-il. Les autres citoyens également prennent des mesures semblables et ils achètent toutes sortes de dispositifs de sécurité.
Il en est résulté un grand essor de l’industrie des antivols. On compte actuellement 6 000 fabricants d’appareils de ce genre aux États-Unis, alors qu’il y a cinq ans on n’en comptait que 1 000. Leur chiffre d’affaires annuel est estimé à un milliard de dollars.
De nombreux foyers ont pris l’apparence de forteresses. Les propriétés sont éclairées par des projecteurs et des barreaux ont été mis aux fenêtres. “J’ai fait garnir ma maison de grilles”, dit une veuve de Detroit, qui ajouta : “Au début je me sentais un peu enfermée, mais je me suis habituée.” De plus en plus de gens agissent de la sorte.
D’autre part, nombreux sont ceux qui craignent de quitter leur maison, comme l’a fait remarquer cet habitant de Californie. Il dit en effet : “Dans notre ville (de 25 000 âmes), vous n’oseriez pas laisser longtemps votre maison sans protection. Il ne se passe pas de jour sans qu’un habitant ne soit entièrement dévalisé.” C’est pourquoi, dans certains endroits, les gens paient quelqu’un pour garder la maison quand ils vont en vacances.
Souvent, on voit clairement d’où vient le danger, mais ce n’est pas toujours le cas.
Dangers inattendus
La plupart des meurtres, par exemple, ne sont pas le fait d’“éléments criminels” tels que des cambrioleurs. Au contraire, près d’un tiers des victimes sont apparentées à leur meurtrier. Un autre tiers sont tuées par des amis ou des relations. Donc, seulement une victime sur trois est assassinée par un étranger.
Autre chose digne de remarque : les meurtres sont courants pendant les périodes de vacances, à l’époque de Noël notamment. En outre, au cours d’une étude concernant 588 meurtres à Philadelphie, le sociologue Martin Wolfgang a découvert que deux tiers des victimes sont tuées pendant le week-end. À ce sujet, l’ouvrage Psychologie d’aujourd’hui (angl.) déclare : “Il n’est pas étonnant que nous soyons assassinés pendant nos moments de détente. Après tout, nous sommes alors avec ceux qui sont le plus susceptibles de nous tuer, nos parents, amis et compagnons de plaisir.” Aviez-vous pensé à cela ?
Vous serez peut-être étonné d’apprendre aussi que la plupart des crimes sont commis par les jeunes. En 1974, aux États-Unis, 45 pour cent des crimes graves — meurtres, viols, cambriolages, etc. — ont été le fait de jeunes de moins de dix-huit ans. Les enfants au-dessous de quinze ans commettent plus de crimes que les adultes au-dessus de vingt-cinq ans.
Même les criminels plus âgés craignent les plus jeunes. L’auteur d’un hold-up à Chicago a dit : “Ces jeunes criminels sont fous. On ne voit pas à quel mobile ils obéissent.” Un New-Yorkais qui a été attaqué six fois en quatre ans a donné l’avertissement suivant : “Prenez garde aux gosses, ce sont les plus dangereux.”
Les délits commis par les employés, quoique moins visibles, nous touchent plus encore, sur le plan financier, que le crime traditionnel. Norman Jaspan, une autorité en la matière, a déclaré qu’il “faisait monter de 15 pour cent le prix des marchandises et des services”. Mais il y a aussi le prix que nous coûte le crime organisé. À en croire Maurice Nadjari, procureur spécial de New York, “23 pour cent de chaque dollar que nous dépensons s’en vont dans les caisses du crime organisé”.
Ainsi, le crime ne menace pas seulement notre sécurité, il nous dépouille à notre insu. Cependant, Robert DiGrazia, commissaire de police de Boston, a reconnu dernièrement : “Nous ne pouvons pas éliminer ou réduire la criminalité. C’est au-dessus de nos possibilités.”
Pourquoi ceux qui sont chargés de faire respecter la loi sont-ils aussi impuissants dans la lutte contre le crime ? Le récit suivant, fait par un officier de police d’une grande ville, vous donnera un aperçu du problème.
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La bataille perdue contre le crimeRéveillez-vous ! 1976 | 8 mars
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La bataille perdue contre le crime
Lisez le récit d’un policier chevronné
DANS aucune autre ville il ne se commet autant de crimes qu’à New York. Au cours d’une année récente, on y a assassiné plus de gens — 1669 — qu’il n’en a été tué durant sept années de conflit en Irlande du Nord.
Depuis quatorze ans que j’exerce les fonctions de policier à New York, j’ai pu constater l’échec de tous les efforts visant à endiguer la criminalité. Maurice Nadjari, procureur spécial de l’État de New York, avait raison de dire : “Nous ne sommes
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