-
Je ne vivais que pour la musiqueRéveillez-vous ! 1977 | 22 novembre
-
-
Il me semblait que Billie était victime des circonstances. Elle était exploitée non seulement par les hommes peu intéressants qui était mêlés à sa vie privée, mais aussi par un mauvais impresario. Par exemple, lorsqu’elle enregistra “Travellin’ Light”, chanson que je lui avais écrite et qui se vendit à des millions d’exemplaires, tout ce que chacun de nous reçut fut soixante-quinze dollars. Nous ne connaissions rien à nos droits et on nous a exploités.
Ma carrière cinématographique contribuait, elle aussi, à saper mes forces. Nous commencions à tourner le plus tôt possible afin de profiter au maximum de la lumière du jour. Puis, nous continuions tard le soir pour les scènes nocturnes. Pour tenir devant les caméras, je prenais des amphétamines. Ensuite, ce fut la télévision pour laquelle nous montions des spectacles. Les répétitions étaient longues et épuisantes, ce qui explique que je me sois mis à faire de l’hypertension.
Ma famille d’un côté, et Louis Armstrong de l’autre
J’ai décidé de partir pour Hawaii où, en 1947, j’ai rencontré Sally. Nous nous sommes mariés et, en 1948, nous avons eu une petite fille. Ma femme étudiait la Bible et, bien que mon travail ne me permît pas d’y consacrer autant de temps qu’elle, je l’accompagnais aux réunions tenues à la Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah. Puis, en 1952, Louis Armstrong m’a invité à travailler avec lui et j’ai quitté Hawaii. J’ai poursuivi ma carrière avec lui pendant douze ans.
Ma famille s’efforçait de me suivre dans mes déplacements, mais ce n’était pas l’ambiance qui lui convenait, ne serait-ce qu’à cause de la fumée de la marijuana qui nous entourait, du langage grossier et des heures tardives auxquelles jouait l’orchestre. Habituellement, je retenais une suite dans un hôtel puis j’envoyais ma femme et ma fille faire des courses. Pendant ce temps-là, je m’enfermais et je répétais au trombone pendant cinq ou six heures. Je ne vivais que pour mon instrument ; lui et l’argent qu’il me rapportait étaient devenus mon dieu.
Finalement, j’ai installé ma femme et ma fille à Los Angeles où j’avais acheté une maison. Mais j’étais absent la plupart du temps, passant parfois jusqu’à six ou sept mois d’affilée en Afrique ou ailleurs, par exemple en Europe, où nous avons fait de nombreux films. Je me disais que puisque j’envoyais beaucoup d’argent à ma femme, je n’avais rien à me reprocher. Pourtant les membres de ma famille ne s’intéressaient pas à toutes ces choses matérielles ; c’est moi qu’ils désiraient voir. Mais je ne voulais pas m’en rendre compte. Ma fille grandissait sans même connaître son père.
Il y a une telle compétition dans mon métier que je répétais constamment, souvent à longueur de journée, pour rester au sommet. Mais je me sentais de plus en plus malheureux parce que toute ma vie consistait à répéter, à voyager, à donner des spectacles et à envoyer de l’argent à la maison. Comme il était agréable de travailler avec Armstrong, cela m’empêchait en quelque sorte de voir certaines choses qui devaient plus tard s’imposer à mon attention.
Mme Fitzpatrick étudiait avec Louis Armstrong quand elle pouvait le contacter. Ce n’était pas facile, mais quand nous jouions dans un théâtre new-yorkais elle étudiait avec Louis et avec moi entre les spectacles. Alors que je jouais à Las Vegas, vers la fin des années 1950, ma femme est venue me voir et j’ai été très étonné d’apprendre qu’elle était allée prêcher avec Mme Fitzpatrick. Ida me demanda par la suite : “M. Young, qu’est-ce que vous attendez ? Vous connaissez quantité de vérités bibliques, mais vous ne les mettez pas en pratique. C’est dangereux !”
Chaque fois que je retournais à Los Angeles, je reprenais mon étude de la Bible et j’allais aux réunions avec ma famille. Ma femme était maintenant un Témoin baptisé et ma fille étudiait également. J’étais touché par la gentillesse des Témoins à l’égard de Sally et de notre fille Andrea. Ils passaient régulièrement voir si tout allait bien, sachant que j’étais en tournée.
La musique perd son emprise
Au début de 1964, un événement vint enfin me secouer. Ma femme me téléphona pour m’apprendre qu’elle était malade. Auparavant, chaque fois que j’avais manifesté le désir de partir, on m’avait offert une augmentation. Cette fois ne fit pas exception. Mais, maintenant, rien n’allait me séparer des miens.
J’ai prié Jéhovah Dieu et je sais que c’est lui qui m’a donné la force de rompre. Ma décision ne faisait pas l’affaire des commanditaires de l’orchestre qui étaient furieux, car l’argent avait toujours eu raison de moi jusqu’à présent. Mais plus maintenant ! Mme Fitzpatrick avait dit vrai. Qu’est-ce que j’attendais ? Je n’avais pas apprécié la valeur du proverbe biblique qui déclare : “Acquérir la sagesse, oh ! combien cela vaut mieux que l’or ! Et acquérir l’intelligence est préférable à l’argent.” — Prov. 16:16.
Je n’ai pas tardé à retourner à Los Angeles où je me remis sérieusement à étudier la Bible. Alors mes yeux ont fini par s’ouvrir et j’ai compris la futilité de la vie que j’avais menée jusque là, alors que j’avais fait de mon trombone et de l’argent mon dieu. J’étais atterré de voir à quel point j’avais manqué à mes responsabilités envers ma famille. Après avoir médité profondément sur ces questions, je me suis fait baptiser quelques mois plus tard en tant que Témoin de Jéhovah.
L’état de santé de Sally s’aggravait et après bien des examens, on diagnostiqua un cancer. Ce fut un choc terrible ! Nous projetions de retourner à Hawaii, mais le docteur insista pour qu’elle entre immédiatement à l’hôpital pour être traitée au cobalt. La série de traitements prit fin en août 1964, mais je la conduisis ensuite régulièrement à l’hôpital pour des examens.
Franchement, ce fut l’époque la plus éprouvante de ma vie. J’ai pu me rendre pleinement compte qu’il est vain de poursuivre la gloire et la richesse et de négliger les choses vraiment importantes de la vie. Quand Sally est tombée malade, vers qui me suis-je tourné ? Vers Jéhovah Dieu, par la prière. Je suis heureux d’avoir enfin compris qu’entretenir des relations étroites avec lui est beaucoup plus précieux que les choses matérielles.
Par la suite, je suis retourné à Hawaii avec ma famille. Ma femme s’est remise et maintenant elle est en bonne santé.
Plus heureux que jamais
Depuis plusieurs années, j’ai mon propre petit orchestre et je joue dans un des plus grands hôtels d’Honolulu. Mais la musique occupe désormais la seconde place dans ma vie ; elle passe après mes intérêts spirituels. Plusieurs membres de mon orchestre ont accepté d’étudier la Bible avec moi. et l’un d’entre eux est devenu Témoin de Jéhovah. Ma fille et son mari, également Témoin, forment un couple chrétien heureux. Ma femme et moi assistons régulièrement aux réunions en compagnie de nos frères chrétiens et nous participons à l’œuvre de prédication, annonçant à notre prochain les merveilleuses bénédictions que le Royaume de Dieu apportera bientôt à l’humanité.
Je quitte rarement Honolulu dans le cadre de mes activités musicales, bien que j’aie reçu de nombreuses propositions. J’ai accepté une offre de l’Institut Smithsonian (Service des spectacles) qui, en septembre dernier, a enregistré une interview de six heures sur ma vie et ma carrière.
Quand je pense à mes tournées avec Louis Armstrong, un épisode particulier me revient en mémoire. C’était au Japon en 1961. Bien que n’étant pas encore Témoin de Jéhovah, j’ai parlé à un groupe de jeunes musiciens des activités chrétiennes des Témoins. Mes paroles ont touché des cœurs réceptifs, car j’ai appris plus tard que plusieurs de ces jeunes gens étaient devenus Témoins.
Je m’adresse souvent aux jeunes musiciens ambitieux et je leur dis : “Calculez bien ce que vous faites.” Celui qui laisse la musique dominer sa vie, comme c’était le cas pour moi, court au désastre. Ce n’est qu’en appréciant chaque chose à sa juste valeur que l’on connaît le vrai bonheur. Je suis heureux d’y être parvenu. — D’un de nos lecteurs.
-
-
La sélection de fruits nouveauxRéveillez-vous ! 1977 | 22 novembre
-
-
La sélection de fruits nouveaux
De notre correspondant en Grande-Bretagne
IL EXISTE aujourd’hui une étonnante variété de fruits. Et quelles différences de saveur ! Nous avons par exemple la pomme sauvage ‘sure au point d’emporter le tranchant d’un couteau’, comme disait il y a deux mille ans le naturaliste Pline. Cependant, de nombreuses autres variétés de pommes sont un véritable délice. Il y a plus de cent ans, un livre sur les fruits publié aux États-Unis en dénombrait 1823. Et tous ces fruits, avec leurs caractéristiques propres, descendaient d’ancêtres communs. Les nouvelles sortes de fruits proviennent en effet de variétés anciennes. Comment les obtient-on ?
À mesure que les hommes acquéraient plus d’expérience en matière d’agriculture, ils choisissaient mieux les semences à conserver. Ils gardaient celles qui provenaient des plus grosses grappes de raisins, des pommes les plus sucrées, des olives les plus grosses, etc. Progressivement, ils ont produit des variétés qui différaient de plus en plus des variétés sauvages.
Plus récemment, on a opéré des croisements afin de combiner les caractéristiques intéressantes de parents différents.
-