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Le culte du moiRéveillez-vous ! 1979 | 8 août
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Le culte du moi
“M’ADORER moi-même? Mais c’est ridicule!”, direz-vous. Peut-être est-ce le cas pour vous, mais de plus en plus de personnes en jugent autrement. Cette tendance à l’égotisme est en effet si marquée que l’on parle de notre génération comme de celle de l’individualisme, ce qui n’est pas faux quand on voit dans quel sens vont les faits.
“Admettons que l’égoïsme passe un peu les bornes. Mais n’exagérez-vous pas en affirmant que l’on s’adore soi-même?” Cette objection ne tient qu’à première vue; mais pas lorsqu’on examine de près tous ces mouvements qui prônent l’individualisme.
Certes, il importe de s’intéresser aux individus. On ne saurait être indifférent au sort des gens avec qui l’on vit, aussi bien ses parents que ses voisins ou les habitants de la même agglomération, voire quiconque réside sur cette planète où la notion de distance perd de plus en plus de son importance. Nos préoccupations incluront bien évidemment aussi ce qui nous touche de près: nos pensées, nos actes; nos besoins et nos obligations.
Mais l’individualisme prôné à l’heure actuelle par les gourous de la psychologie se ramène à une doctrine si simpliste qu’on peut la résumer ainsi: “Moi d’abord! Toi, que tu sois le second, le sixième ou plus loin, peu importe; mon auguste Personne n’en a cure.” Les adeptes de ces mouvements ne vont évidemment pas tous à de tels extrêmes, mais, même si ce n’est pas toujours de façon aussi explicite, quantité de gens tiennent ce raisonnement.
D’où vient ce raz-de-marée d’égotisme?
Ce n’est pas le hasard si notre époque voit se développer un mouvement qui met l’accent sur l’individualisme, alors que les anciennes valeurs sont battues en brèche et que la plupart des religions traditionnelles ne les défendent plus. Les psychologues et les psychiatres ont proposé une nouvelle hiérarchie des valeurs qui ne satisfait pas l’esprit humain, d’autant plus qu’elle se montre souvent contradictoire. Aussi des millions de nos contemporains mènent-ils leur barque à la dérive, spirituellement parlant, par défaut de point de repère fixe.
Leurs illusions perdues, ils constituent un terrain favorable à l’éclosion des doctrines qui prêchent l’individualisme. “Selon leurs propres désirs, ils se donneront des enseignants en quantité pour se faire chatouiller les oreilles; et ils détourneront leurs oreilles de la vérité, et se tourneront vers les fables”, manipulés qu’ils sont “au moyen de la philosophie et de vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon les choses élémentaires du monde”. — II Tim. 4:3, 4; Col. 2:8.
Ont-ils seulement trouvé une réponse?
Beaucoup s’imaginent avoir trouvé une réponse à leurs interrogations au sein de ce qu’il est convenu d’appeler des “Centres pour le développement du potentiel humain”. Figurément parlant, ils pensent avoir trouvé le gouvernail et l’ancre de salut qui leur permettront de mener leur barque à travers les courants les plus agités. Mais est-ce bien le cas? Sont-ils seulement heureux et satisfaits, au terme d’une démarche spirituelle qui ne laisse plus aucune question dans l’ombre?
Il existe de bonnes raisons d’en douter. Les articles qui suivent examinent en profondeur sur quoi repose cette attitude, afin d’en peser le pour et le contre.
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La nouvelle règle d’or: “Moi d’abord!”Réveillez-vous ! 1979 | 8 août
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La nouvelle règle d’or: “Moi d’abord!”
Nombre de nos contemporains ont perdu la foi dans les institutions humaines, aussi bien dans les gouvernements et les lois que dans la science, la religion et même le mariage; ils ne croient plus en l’homme. Comment combler cette lacune? Si beaucoup se replient sur eux-mêmes, le phénomène n’est pas nouveau. L’introversion ne date pas d’aujourd’hui.
L’ÉGOÏSME qui prévaut aujourd’hui dans les mentalités est quelque chose de relativement nouveau pour notre XXe siècle. Dans le temps, on s’intéressait plus à autrui; mais, aujourd’hui, c’est tout le contraire. Au lieu de penser à son prochain, de lui faire du bien, de lui prodiguer des encouragements et de s’entendre avec lui, l’égoïste prend le contre-pied de toutes ces valeurs. S’il peut sembler étonnant de tomber dans de tels extrêmes en notre XXe siècle, ce phénomène n’est pourtant pas vraiment nouveau; c’est de l’histoire ancienne qui se répète.
Voici, glanés dans la masse des ouvrages consacrés au développement et à l’épanouissement de la personnalité, un échantillon des principes qui découlent de cette nouvelle morale:
“Penser d’abord à soi.”
“La victoire par l’intimidation.”
“Rares sont ceux qui savent se servir du monde au lieu d’être à son service.”
“S’il vous est dans certains cas possible d’agir pour le bien d’autrui, retenez bien que votre objectif essentiel n’est pas là.”
“L’honnêteté n’a pas grand-chose à voir avec la réussite.”
“Vous êtes seul juge de votre conduite.”
“Réglez votre vie d’après votre propre code moral et non d’après celui des autres.”
“La culpabilisation est un esclavage qui exerce autant de ravages destructeurs que l’héroïne.”
“Vous laissez-vous marcher sur les pieds?”
“Nouveaux procédés révolutionnaires pour parvenir à ses fins.”
La brutalité de ces affirmations est tempérée par le contexte dans lequel elles apparaissent à l’intérieur des livres. Ces ouvrages renferment également des suggestions saines et utiles qui empêchent de ne voir dans cette littérature que l’expression d’un égoïsme outrancier. Néanmoins, la liste précitée reflète très bien la teneur de ces livres, dont la publicité s’effectue également à partir de ces idées. La philosophie qu’ils expriment se retrouve sur la jaquette des livres, dans les titres ainsi que dans l’impression générale qui s’en dégage. L’état d’esprit qui transparaît derrière cette tendance consiste à élever l’individu au-dessus de la société, attitude d’égocentrisme que l’on retrouve au cinéma, à la télévision, dans le sport ainsi que dans les quotidiens et les revues.
Les centres pour le développement du potentiel humain
Ces multiples groupements, dont la naissance se situe en 1962, en Californie, ont pour objectif d’explorer ce qui se passe au-dedans de l’individu et de l’extérioriser, de le “libérer”, comme ils disent. Voici d’ailleurs en quels termes le romancier F. Knebel décrit l’un des exercices de défoulement auxquels se livrent les participants:
“L’un des exercices m’a particulièrement traumatisé. Silencieux, les yeux bandés, les mains derrière le dos, nous étions deux douzaines de participants qui cherchaient à communiquer par les épaules, les bras, les jambes et les hanches au son d’une musique orientale. Cette quête tâtonnante de tous ces gens muets qui cherchaient à communiquer en se frottant gauchement les uns aux autres semblait résumer à mon sens tout le drame de l’existence humaine: Nous nous cherchons mutuellement avec désespoir, mais nos contacts restent éphémères et maladroits. Je m’écartai du groupe, m’assis par terre et éclatai en sanglots. Peut-être pleurais-je sur ma douleur et sur ma solitude. En tout cas, je n’ai jamais oublié cette expérience.”
Tout en soutenant que ses stages dans des centres pour le développement du potentiel humain lui avaient apporté quelque chose, Knebel trouva tout de même à redire sur certains aspects, tels que ceux-ci:
“La vulgarité du vocabulaire employé dans ces mouvements n’est pas sans évoquer le langage d’un corps de garde. Certains moniteurs énoncent plus d’obscénités que d’avis perspicaces. (...) La prise de conscience intérieure n’est pas facile quand un moniteur emploie le mot de Cambronne à tout bout de champ.
“En Amérique, trop de gourous modernes promettent la lune, alors qu’ils ne dispensent qu’une pâle clarté. (...) Les effets de tout un week-end de révélations psychologiques ne sont guère plus durables que ceux d’un repas dans un restaurant chinois.
“À mon sens, le principal défaut de ces mouvements réside dans leur manque d’intérêt pratique. (...) Essayez un peu d’organiser un week-end d’éveil sensoriel avec des bergers maliens affamés, dans les chambres de torture d’un camp d’internement militaire ougandais ou encore à Moscou, dans une rue proche du KGB. Le développement du potentiel humain n’est pas brillant dans ces pays en proie à la misère ou à la tyrannie.”
Un nouveau slogan télévisé: “Sentez-vous bien dans votre peau!”
Le Washington Post a publié sous la plume de Tom Shales un article consacré aux séquences de publicité télévisée. En voici quelques extraits:
“Jamais peut-être dans toute l’histoire humaine tant de gens n’ont été invités à se sentir à l’aise pour si peu de chose. Cela provient de ce que les annonceurs publicitaires, qui ont toujours su exploiter le filon de l’égoïsme, ont découvert un nouvel instrument de propagande, qui consiste en l’occurrence à inviter les gens à se sentir à l’aise, bien dans leur peau, et à apprécier tout ce qui concourt à leur bien-être, aussi bien un déodorant qu’une pâtisserie, voire un nouveau train de pneus à carcasse radiale. (...)
“Il y a indéniablement une ferveur religieuse dans ce baratin. (...) Mais, en réalité, c’est le téléspectateur/consommateur lui-même que ce nouveau type d’annonces est en train de déifier. (...) L’idée, c’est que l’égotisme, même dans sa forme extrême, n’est pas un vice; on en fait même une vertu. (...)
“La télévision vous incite à satisfaire tous vos désirs. Jamais elle ne laisse entendre que ces désirs risquent d’aller à l’encontre de ceux d’autrui. Elle se contente de vous dire de ne rien laisser passer et de sauter sur toutes les occasions, si vous ne voulez pas le regretter par la suite. (...)
“Le meilleur vendeur de tous les temps, le petit écran, n’a sans doute que trop réussi à nous vendre nous-mêmes. Si jamais nous devions nous retrouver un jour en plein marasme économique, je me demande si nous serions encore à la hauteur d’une qualité aussi inconcevable que l’abnégation.”
Le néo-narcissisme
Dans la mythologie grecque, Narcisse était le fils du dieu-fleuve Céphise et de la nymphe Liriope. Il était, dit-on, extrêmement beau. Un jour que les eaux lui renvoyaient le reflet de sa beauté, il s’éprit de lui-même. Incapable d’aimer qui que ce soit d’autre, il fut si fasciné par sa propre image qu’il ne se releva même plus pour manger. Il se mit à dépérir et finit par mourir. Aujourd’hui, les psychiatres appellent narcissisme une forme de l’amour de soi particulièrement intense, lorsque le patient se montre indifférent envers tout le monde, sauf lorsqu’il parvient à se faire remarquer et admirer.
L’égotisme qui prévaut aujourd’hui a souvent été qualifié de néo-narcissisme. Dans un article intitulé “L’ère de Narcisse: Regardez-moi, vous tous!”, N. Fain décrit cet engouement comme “un véritable raz-de-marée de narcissisme, tel que la nation n’en avait encore jamais connu”. Il évoque aussi “l’industrie qui a pris dernièrement le plus d’extension aux États-Unis: le repli sur soi”, avant d’ajouter:
“C’est la dernière frontière, peut-être l’ultime. En dépit des campagnes d’inspiration fondamentaliste pour culpabiliser les gens, engendrer la crainte et, d’une façon générale, refréner leurs pulsions, le narcissisme des Américains est entré dans sa période classique.”
Est-ce bien de l’égotisme?
On a décrit cette exaltation du moi comme une nouvelle forme de religion: le culte du moi. Beaucoup de ceux qui prônent l’individualisme ne vont pas si loin; néanmoins certains le font.
La Bible révèle que l’égocentrisme peut constituer une forme de culte. “La convoitise, dit-elle, est une idolâtrie.” ‘L’avidité est une idolâtrie.’ (Col. 3:5, MN, Dhorme). Le terme grec rendu ici par “convoitise”, ou “avidité” suivant d’autres traductions, est pléonéxia. Voici ce qu’en dit le commentaire de Barclay:
“Au départ, pléonéxia est le désir d’en avoir plus. Les Grecs eux-mêmes le définissaient comme un désir insatiable, aussi difficile à satisfaire que de remplir d’eau un récipient percé d’un trou. Ils le classaient comme le désir coupable de posséder ce qui appartient à autrui, la passion du gain. On l’a décrit comme la satisfaction impitoyable de ses propres intérêts.”
De ceux qui se laissent aller à cette mentalité, Philippiens 3:19 dit que “leur dieu, c’est leur ventre”, ou, selon la traduction Kuen, “ils ont leurs appétits pour dieu”. Ce genre de personne s’obstine à n’en faire qu’à sa tête, rendant un véritable culte à ses désirs. Cela s’appelle de l’idolâtrie, et la Bible en parlait bien avant Jésus Christ, en ces termes: “La rébellion est comme le péché de divination, et l’obstination comme une idolâtrie.” — I Sam. 15:23, Darby.
Cette forme particulière de l’idolâtrie remonte au premier couple humain. Nos premiers parents voulaient en effet juger par eux-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal. C’est ainsi que la femme aspira à être “comme Dieu, connaissant le bon et le mauvais”. Son mari ne mit pas longtemps avant d’adopter la même ligne de conduite, erreur qui leur fut fatale à tous deux.
Si l’égoïsme est érigé aujourd’hui en philosophie, cela n’a donc rien de nouveau. L’Histoire ne fait que se répéter. Cette attitude remonte aussi loin que l’homme, et il était prédit qu’elle subsisterait jusque dans les derniers jours, car “dans les derniers jours (...) les hommes seront amis d’eux-mêmes”. — II Tim. 3:1, 2.
[Encadré, page 5]
LE CREDO DE L’ÉGOÏSTE
Aime-toi toi-même.
Aime ce que tu ne possèdes pas.
Donne libre cours à tes sentiments.
Défoule-toi.
Montre-toi agressif.
Ne te laisse pas culpabiliser.
Juge toi-même de ce qui est bien ou mal.
N’en fais qu’à ta tête.
Si ça va chez toi, ça doit aller chez les autres.
Ne juge pas.
Ne prêche pas.
Prends les gens de haut.
Ne vis que pour le présent.
Tout est là!
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Tout le monde pâtit de l’égoïsmeRéveillez-vous ! 1979 | 8 août
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Tout le monde pâtit de l’égoïsme
On ne saurait minimiser la portée de l’égocentrisme. Les fruits produits par ce mauvais arbre nous causent malheureusement du tort à tous.
L’AMÉRIQUE est-elle une puissance sur le déclin? C’est la question que souleva l’hebdomadaire U.S.News & World Report du 27 novembre 1978. L’auteur de l’article résumait en ces termes la raison de son inquiétude: “Du point de vue moral, les idéaux traditionnels tels que l’ardeur au travail, la maîtrise de soi et l’esprit de sacrifice s’effritent devant la marée montante de l’égoïsme. Déjà en partie responsable de l’augmentation de la délinquance, des foyers brisés et de bien d’autres troubles, le phénomène s’accompagne d’une décadence qui s’observe aussi bien à l’école qu’au travail et qui met en péril la compétitivité des États-Unis dans le monde.”
Le slogan cher aux égoïstes est: “N’en faites qu’à votre tête.” C’est celui qu’a adopté un habitant de Chicago, dont les goûts le portaient vers la sodomie. Trente-deux jeunes gens l’ont payé de leur vie. Il les tuait, puis jetait leurs cadavres à la rivière ou bien les enterrait sous sa maison ou sous son garage, où l’on a retrouvé les restes de 28 d’entre eux. Déjà, en 1968, l’homme avait été convaincu d’actes homosexuels sur la personne d’un adolescent de 16 ans et condamné à 10 ans de prison, peine dont il ne fit que 18 mois. Si la sentence avait été intégralement appliquée, 32 jeunes gens seraient encore en vie aujourd’hui. Mais ils ont été les victimes de ce vice prétendu inoffensif qu’est l’homosexualité.
À Houston, il y a cinq ans, 27 jeunes gens périrent, victimes du sadisme d’une bande d’homosexuels. Cela n’empêche pas la société de considérer, dans l’ensemble, l’homosexualité sous un jour plus favorable. En tout cas, ce n’est pas la position de H. Richardson, sénateur de l’État de Californie, pour qui “les homosexuels s’efforcent de recruter ce qu’ils appellent des ‘poulets’, lesdits poulets étant pour la plupart des jeunes adolescents influençables qui deviennent victimes de pratiques qui ne leur seraient jamais venues à l’esprit en d’autres circonstances. Je considère que ces enfants ainsi que leurs parents sont à tous points de vue des victimes”.
L’homosexualité est-elle une bonne ou une mauvaise chose? Voici ce qu’en pense Dieu: “Dieu les a livrés à des appétits sexuels honteux, car leurs femelles ont changé l’usage naturel de leur corps en celui qui est contre nature; de même aussi les mâles ont délaissé l’usage naturel de la femelle et se sont mis à brûler d’une vive ardeur dans leur désir les uns pour les autres, mâles avec mâles, faisant des choses obscènes et recevant en eux-mêmes la rétribution intégrale qui leur était due en raison de leur égarement. (...) ceux qui pratiquent de telles choses méritent la mort.” — Rom. 1:26, 27, 32.
Le rapport du sénateur Richardson montrait également que d’autres personnes sont les victimes de cette débauche. “Partout où l’on considère avec indifférence l’homosexualité, les films pornos et la prostitution, la criminalité grimpe de façon vertigineuse, disait-il. Le meilleur exemple en est Hollywood, dont certains quartiers sont devenus un cloaque que les citoyens et les hommes d’affaires normaux sont obligés de quitter.” Il va sans dire qu’en de tels cas les pertes financières peuvent être considérables.
“La pornographie est génératrice de déviances sexuelles”, déclare le psychologue Victor Cline, qui ajoute:
“Sans aller jusqu’à invoquer le Premier Amendement en faveur de la pornographie, ses défenseurs la font passer pour une diversion inoffensive dotée de vertus thérapeutiques, comme si elle servait d’exutoire aux viols et aux perversions sexuelles. (...) Or, la littérature psychologique et médicale fourmille de données qui attestent que les perturbations du comportement sexuel peuvent résulter non seulement de l’exposition à des actes réels, mais aussi à la pornographie. (...) Ainsi, tout en admettant que dans une société libérale, chacun a le droit de décider de courir les risques inhérents à la pornographie, il faut également prendre en compte les droits de la victime involontaire des fantasmes d’un détraqué sexuel, qui, de son côté, n’a peut-être adopté un tel comportement que parce que l’occasion lui a été donnée de goûter aux ouvrages érotiques.
“De tout cela il ressort que la société se doit de fixer les limites au-delà desquelles le risque n’est plus tolérable. Avec la pornographie, le cap a depuis longtemps été dépassé, à mon sens. Quiconque prétend que l’exposition et la vente d’articles pornographiques ne constituent qu’un ‘délit inoffensif’ se fourvoie. C’est là en tout cas mon avis, d’autant plus que les preuves scientifiques qui s’accumulent parlent dans le même sens.”
L’effondrement des mœurs ne se limite pas, loin s’en faut, au domaine sexuel. Il nous touche tous de maintes façons. Ainsi, il est responsable de l’augmentation des impôts qui servent à couvrir les dépenses de police et à financer l’appareil judiciaire ainsi que les prisons. Lorsqu’il était dit plus haut que le déclin de l’Amérique était dû aux mauvais fruits produits par l’égoïsme, cela nous amène à évoquer une autre racine du mal:
La diminution de la conscience professionnelle
Tout le monde a constaté à ses dépens que les produits mis sur le marché sont d’une qualité de plus en plus douteuse. Un fabricant qui ne voit que son intérêt utilise des matières premières de piètre qualité. Animés du même état d’esprit, ses ouvriers exigeront des salaires de plus en plus élevés pour un travail de plus en plus médiocre effectué dans un temps de plus en plus réduit. Et ce n’est pas tout, car nombre d’entre eux sont des voleurs cupides.
“Un inspecteur chargé d’enquêter sur les détournements commis par les employés est d’avis que c’est le vol, et non le base-ball, qui constitue le passe-temps favori des Américains.” C’est du moins ce qu’on pouvait lire dans un article de magazine intitulé “Le délinquant en col blanc — pris ou pas pris, il reste coupable”. L’article commençait par ces mots: “En Amérique, l’escroc le plus habile, celui à qui tout réussit, porte un col blanc”, et il poursuivait en ces termes:
“Il s’agit le plus souvent d’un employé respectable, travailleur, croyant et pratiquant, (...) et non violent. Il n’en est pas moins un malfaiteur. Son crime? Il vole l’entreprise, les clients et l’État. Le total de ses larcins s’élève au chiffre astronomique de 40 milliards de dollars par an, soit dix fois plus que les pertes consécutives aux délits contre les biens.” — U.S. Catholic de janvier 1979.
La plupart des gens reconnaissent, du moins en paroles, qu’il faut faire aux autres ce qu’on voudrait qu’ils nous fassent. Mais quand il s’agit de mettre cette règle d’or en pratique, c’est une tout autre question. Chacun se justifie alors à sa manière. D’aucuns se tiennent le raisonnement suivant: “Pourquoi ne prendrais-je pas de l’argent dans la caisse du magasin, puisque ces pertes sont comptées à l’avance dans les prix affichés?” “Pourquoi ne me servirais-je pas sur les stocks de mon employeur? De toute façon, il ne me paie pas mon dû.” “Tout le monde le fait, pourquoi pas moi?” Les employés de bureau ainsi que les ouvriers considèrent le produit de ces larcins comme un petit bénéfice supplémentaire. L’employeur, lui, appelle cela du vol. Quoi qu’il en soit, c’est le public qui en fait les frais, autrement dit: nous.
Nombre d’hommes d’affaires vont encore plus loin, comme l’atteste cette remarque d’un fonctionnaire chargé de veiller à l’application des lois criminelles: “Les escrocs de la bourse et les manipulateurs de la haute finance, tous ceux qui monnayent illégalement des informations auxquelles ils ont accès, les hommes d’affaires qui ne déclarent pas au fisc l’intégralité de leurs bénéfices, ainsi que l’énorme masse des actionnaires qui ouvrent des comptes dans des banques étrangères afin de dissimuler leur fortune et d’échapper à l’impôt, tous ces gens seraient les premiers à pousser les hauts cris si un cambriolage ou un vol était commis près de chez eux.”
La névrose procédurière
On évalue à plus de sept millions le nombre des procès entamés chaque année rien qu’aux États-Unis. Les tribunaux croulent sous cette avalanche de dossiers. Beaucoup de ces procès sont légitimes, d’autres sont ridicules, d’autres enfin ne sont dictés que par la cupidité. Un homme de loi a comparé cette épidémie de procès à une arme à feu prête à partir au moindre frôlement. Les malades attaquent leur médecin, les inculpés attaquent leur avocat, les employés attaquent leur patron, les clients attaquent les fabricants, tout le monde attaque tout le monde. Même dans les familles, la maladie exerce ses ravages: “Les enfants traînent leurs parents devant les tribunaux, les maris intentent des procès à leur femme, les femmes à leur mari, et l’on se chicane en justice entre frères ou amis.” — U.S.News & World Report du 4 décembre 1978.
L’article citait même un certain nombre de cas qui illustrent jusqu’où peut aller ce goût de la procédure. Un ex-étudiant, par exemple, réclamait 853 000 dollars à l’université du Michigan à titre de dommages et intérêts pour réparer l’angoisse morale où l’avait plongé le fait d’avoir obtenu un “D” en allemand au lieu du “A” qu’il escomptait. Repris après une tentative d’évasion, un détenu réclama un million de dollars au shérif et au gardien pour l’avoir laissé s’échapper, ce qui lui avait valu une prolongation de peine. Une mère a attaqué en justice les fonctionnaires municipaux qui l’empêchaient d’allaiter son bébé au bord d’un bassin public. Elle leur réclamait 500 000 dollars. Un jeune homme réclame 350 000 dollars à ses parents, sous prétexte qu’ils ne l’ont pas élevé convenablement et que cela l’empêche de s’intégrer dans la société. Parce que leur fille s’était cassé le doigt en essayant d’attraper au vol une balle lors d’un jeu organisé à l’école, ses parents se sont retournés contre le professeur en alléguant qu’il n’avait pas montré à l’enfant comment attraper la balle convenablement.
De l’avis de certaines personnes autorisées, il est à craindre que la “hantise du procès ne sape à la fois la productivité, la créativité et l’esprit de confiance et ne crée une sorte de ‘crainte d’agir’ dans de nombreux secteurs de la société”. On peut redouter également que tous ces procès ne contribuent à précipiter la dégradation des relations humaines et des institutions qui maintenaient jusqu’à présent une certaine cohésion dans la société.
Ainsi, tous ces gens qui n’en font qu’à leur tête et imposent aux autres les conséquences de leurs actes voudraient semer la folie et laisser leur prochain récolter à leur place les problèmes. C’est là-dessus que repose l’égoïsme, et tout le monde en subit les conséquences.
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Le péché? — Mais qu’est-ce que c’est?Réveillez-vous ! 1979 | 8 août
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Le péché? — Mais qu’est-ce que c’est?
“Cessez de vous culpabiliser, disent les partisans de l’individualisme, c’est une notion qui a fait son temps!” En réalité, on n’est pas normal si l’on ne se sent jamais coupable.
SUFFIT-IL de décréter que le péché n’a plus cours pour qu’il disparaisse? Cela reviendrait à vouloir couper une fièvre en cassant le thermomètre ou bien à mettre un terme à la criminalité en abolissant toutes les lois. Ce n’est pas en rejetant le Livre qui en donne la définition que l’on éliminera le péché. Celui-ci n’a pas besoin que la Bible en parle pour exister. D’ailleurs, les hommes en sont tellement conscients, que, parlant de ceux qui ignorent les lois de Dieu, la Bible déclare:
“Les peuples païens, qui n’ont pas la Loi, en observent souvent naturellement les préceptes. Ils trouvent en eux-mêmes ce qu’il convient de faire et obéissent aux impératifs de leur sens moral. Ils démontrent par leur comportement que l’essence de la Loi est gravée dans leur cœur. Leur conscience et leur discernement moral en témoignent: de là ces raisonnements par lesquels on se cherche des excuses, ces pensées qui tantôt accusent, tantôt absolvent; de là aussi ces jugements qui approuvent ou condamnent la conduite d’autrui.” — Rom. 2:14, 15, Kuen.
On a beau dire, on est esclave de ce que l’on suit. Il en va de même si l’on suit quelqu’un: “Vous devenez ainsi effectivement les esclaves du maître auquel vous vous êtes voués et que vous avez choisi de servir. Il en est de même de vos relations avec le péché ou avec Dieu: ou bien vous servez le péché — et vous allez à la mort — ou bien vous obéissez à Dieu — et vous trouvez une nouvelle vie.” — Rom. 6:16, Kuen.
Tout le monde commet des péchés et le sait. L’exemple de la femme dont parle Proverbes 30:20 ne modifie rien à ce fait: “Voici la voie de la femme adultère: elle a mangé et s’est essuyé la bouche, et elle a dit: ‘Je n’ai fait aucun tort.’” On retrouve chez les individualistes contemporains la même attitude de refus du péché et de négation de tout sentiment de culpabilité. Comme le rappelle la couverture du livre du docteur Karl Menninger Qu’est-il arrivé au péché? (angl.), “le mot ‘péché’ a pratiquement disparu de notre vocabulaire, mais dans notre esprit et notre cœur le sentiment de culpabilité subsiste”.
L’avantage de se sentir coupable
À en croire le psychanalyste W. Gaylin. “certaines gens n’éprouvent jamais le moindre sentiment de culpabilité. Ce n’est un avantage ni pour eux ni pour nous qui devons vivre avec eux. Le premier défaut du psychopathe et de l’élément asocial réside dans cette absence de sentiment de culpabilité”. Ainsi, ce praticien ne se montre pas de l’avis des gourous de l’individualisme à tous crins pour qui le sentiment de culpabilité relève des émotions inutiles. “Le sentiment de culpabilité, poursuit Gaylin, n’est pas seulement une caractéristique propre aux humains. Sa présence en nous, de même que le sens de ce qui est honteux, sert les traits de caractère les plus nobles, les plus généreux et les plus humains qui distinguent notre espèce.”
Dans notre for intérieur, nous nous formons une certaine image ou idée de nous-mêmes, image qui devient un critère, un idéal auquel nous nous référons. Nous savons très bien quand nous sommes en accord ou en désaccord avec elle. Cette image se forme à travers nos relations avec nos parents ainsi que par l’enseignement et l’exemple qu’ils nous donnent. À cette influence s’ajoute celle d’autres personnes que nous estimons ou admirons ainsi qu’un certain nombre de principes que nous avons pu analyser ou dont nous avons découvert l’existence. L’étude de la Bible nous permet de conformer à Jéhovah Dieu cette image ou idéal, puisque la Bible reflète des principes inhérents à la personne de Dieu, qu’il s’agisse de la justice, de l’amour et de la sagesse ou bien de la puissance et de l’activité, sans parler de la ténacité et de bien d’autres qualités. Plus nous vivons en accord avec ces critères qui font partie de nous, plus nous grandissons dans l’estime que nous avons de nous-mêmes.
Lorsqu’on ne se montre pas à la hauteur de son idéal, on se sent coupable. À quoi ce sentiment sert-il? Redonnons la parole au docteur Gaylin:
“Loin d’être une ‘émotion inutile’, le sentiment de culpabilité est à la base de la bonté et de la générosité. Il nous avertit que nous nous sommes écartés de notre ligne de conduite et que nous ne nous montrons plus à la hauteur de notre idéal.”
Le propre de l’homme: la conscience morale
De toutes les créatures terrestres, seul l’homme possède une conscience morale. Celle-ci opère en fonction de critères ou d’idéaux personnels. Lorsqu’on suit la Bible, on se modèle sur Dieu et l’on peut se laisser guider en toute sécurité par sa conscience. Que l’on manque de se conformer à la volonté de Dieu et l’on se sent coupable, tenaillé par sa conscience.
L’animal, lui, ne dispose pas d’une conscience pour se sentir coupable. Si un chien prend un air fautif quand il a désobéi, c’est seulement parce qu’il craint la colère de son maître. Il en va différemment des humains, dont la conduite fait périodiquement l’objet d’un examen de conscience. “Leur conscience rend en même temps témoignage [de ce qu’ils devraient être] et ils sont, entre leurs propres pensées, accusés ou aussi excusés.” — Rom. 2:15.
Pour ne plus se culpabiliser, les gens endurcissent leur conscience afin de la rendre insensible et de la faire taire. Ils deviennent “marqués au fer rouge dans leur conscience”. Ils doivent également remplacer l’image qu’ils se faisaient d’eux-mêmes par un nouvel idéal, des critères moins élevés, si tant est qu’il y en aient. La dépravation est vieille comme le monde, mais elle s’abrite aujourd’hui derrière le paravent de la “nouvelle morale”. Ce faisant, “leur esprit et leur conscience sont souillés”. — I Tim. 4:2; Tite 1:15.
La faculté de se reconnaître coupable est donc précieuse. Pour ne pas l’amoindrir, “gardez une bonne conscience”. Si une conscience est faible, ne la souillez pas en lui faisant violence, mais fortifiez-la en amenant à maturité chrétienne la “personne cachée du cœur”, en vous appuyant pour cela sur la Parole de Dieu. — I Pierre 3:4, 16; I Cor. 8:7.
Assumez vos fautes
“Tous en effet ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu”, à l’image duquel l’homme a été créé (Rom. 3:23; Gen. 1:27). Tout le monde a donc des motifs de se sentir coupable. Ne pas le reconnaître, c’est appliquer la politique de l’autruche.
Après son péché, le premier couple humain se sentit coupable et se cacha. Voyons comment, une fois découverts et mis en présence de Dieu, nos premiers parents essayèrent de faire retomber leur faute sur un autre, attitude qu’ils ont léguée à nombre de leurs descendants: “L’homme dit: ‘La femme que tu as donnée pour être avec moi, elle m’a donné du fruit de l’arbre et ainsi j’ai mangé.’ Alors Jéhovah Dieu dit à la femme: ‘Qu’est-ce que tu as fait?’ À quoi la femme répondit: ‘Le serpent — il m’a trompée et ainsi j’ai mangé.’” — Gen. 3:12, 13.
La responsabilité d’un crime est, paraît-il, moins lourde lorsqu’on est plusieurs à la partager. Voici ce qu’en pense le docteur Menninger:
“Quand des gens arrivent à se regrouper pour partager la responsabilité de ce qui serait un péché si un seul individu l’avait commis, la culpabilité est réduite en proportion chez toutes les personnes concernées. Que d’autres portent leurs accusations: du moment que la culpabilité se répartit entre plusieurs individus, elle s’efface pour chacun d’eux.” — Qu’est-il arrivé au péché?, p. 95.
Jusqu’où cette attitude peut-elle conduire? Sous le titre “Le péché de guerre”, l’auteur déclare: “Toutes les conduites considérées d’ordinaire comme criminelles, comme des péchés graves, reçoivent tout d’un coup le sceau de l’approbation, aussi bien les meurtres que la violence gratuite, les incendies criminels, le pillage, la fraude, les violations de propriété, le sabotage, le vandalisme et les atrocités.” — P. 101.
L’auteur dépeint ensuite le péché en termes énergiques, puis il soulève ces quelques questions:
“L’image d’un enfant atrocement brûlé en train de hurler ou bien celle d’une femme éventrée ou taillée en pièces soulève notre émotion et nous révolte sans que nous ayons besoin d’entendre les cris et les gémissements des victimes. Mais nous ne sommes pas témoins de l’affliction de la mère au cœur brisé. Pour nous, le désespoir, la détresse et la désolation ne sont que des mots. Nous n’allons pas dans les hôpitaux avec les victimes, pour observer les plaies béantes, les brûlures horribles et les membres estropiés. Pourtant, tout ceci n’est qu’un point minuscule sur une carte immense qui en comporte des millions d’autres. Le tout est indescriptible, inexprimable, inimaginable.
“Or, qui est responsable de tous ces maux? Ils correspondent indéniablement à un péché; mais à qui l’imputer? Personne ne veut en endosser la responsabilité. C’est toujours quelqu’un qui a dit à quelqu’un d’autre de dire à quelqu’un qu’Untel fasse ceci ou cela. Pourtant il y a bien eu au départ quelqu’un pour déclencher cette réaction en chaîne et une autre personne a bien été d’accord pour la financer. Mais qui? Et moi, quel parti ai-je pris? (...) Il m’arrive de penser que les seules personnes logiques avec elles-mêmes et dont la vertu soit authentique sont celles qui refusent en bloc de prendre part à tout cela.” — Pp. 102, 103.
Faire face à ses propres manquements
L’honnêteté exige que chacun regarde ses péchés et ses fautes en face. Mais notre équilibre mental exige aussi que nous ne les ayons pas toujours présents à l’esprit. Aussi Jéhovah a-t-il pourvu à un moyen de concilier ces deux nécessités.
La Parole de Dieu souligne que la seule bonne réaction qui doit suivre un péché consiste à le regarder en face: “Si nous déclarons: ‘Nous n’avons pas de péché’, nous nous égarons, et la vérité n’est pas en nous.” (I Jean 1:8). “Celui qui couvre ses transgressions ne réussira pas.” (Prov. 28:13). Confessez à Dieu vos péchés: “J’ai dit: ‘Je ferai la confession de mes transgressions à Jéhovah.’” (Ps. 32:5). La confession est suivie du pardon: “Si nous confessons nos péchés [à Dieu], il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés.” (I Jean 1:9). Le sentiment de culpabilité disparaît alors totalement: Dieu accorde son pardon par l’entremise du Christ, et ce pardon ‘purifie notre conscience des œuvres mortes’. (Col. 1:14; Héb. 9:14.) Dès lors, notre conscience n’a plus à se sentir coupable.
Ne passez donc pas sur vos péchés; reconnaissez-les, confessez-les à Dieu et recherchez son pardon. Il arrive qu’un châtiment s’ensuive, mais le plus souvent la confession est suivie du pardon, et tout en reste là.
Les champions de l’individualisme s’efforcent de faire table rase des sentiments de culpabilité en déniant toute existence au péché. Mais “pécher” signifie à la lettre “manquer le but”. À en juger par ses fruits, la “nouvelle morale” a sans nul doute manqué le but. Quand la psychologie behavioriste prétend que nous ne prenons aucune décision personnelle et que nous ne sommes de ce fait nullement responsables de notre comportement, elle ne fait qu’escamoter le problème sans le résoudre. Dans cette perspective déculpabilisante, nul n’a tort, nul n’est responsable, nul n’est à blâmer, nul n’est coupable, nul ne pèche. Voilà exactement le galimatias psychologique que les champions de l’individualisme vont revendiquer, et à l’abri duquel ils demanderont, d’un air ingénu: “Le péché? mais qu’est-ce que c’est?”
Si l’on a un sain état d’esprit, on reconnaîtra l’existence du péché et l’on en tiendra compte. La clé qui permet d’y parvenir, c’est la Parole de Dieu. Elle montre que l’on doit s’intéresser non seulement à soi, mais aussi aux autres et, par-dessus tout, aimer Jéhovah Dieu, le Créateur, en acceptant de se laisser guider par ses principes. Ce sont d’ailleurs les aspects que va aborder l’article suivant.
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Une prise de conscience nécessaire: Dieu, son prochain, soi-mêmeRéveillez-vous ! 1979 | 8 août
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Une prise de conscience nécessaire: Dieu, son prochain, soi-même
“Tu dois aimer Jéhovah, ton Dieu (...). Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” — Marc 12:30, 31.
IL FAUT nous regarder tels que nous sommes, tels que la nature et la vie nous ont faits, et déterminer quel aspect de notre conduite s’est révélé pratique et utile.
Ce n’est pas parce que nous sommes charnels que nous n’avons pas aussi un côté spirituel. Allons-nous, comme les épicuriens, nous livrer aux plaisirs de la chair, ou bien, comme les ascètes, mortifier la chair pour que l’esprit s’élève?
Sans prendre position en faveur de l’épicurisme, la Bible n’encourage pas non plus l’ascétisme, contrairement à ce qui se voit dans certaines religions. “Les prescriptions de ce genre ont, il est vrai, bonne réputation et paraissent renfermer une grande sagesse. Elles semblent dénoter de la part de ceux qui s’y soumettent beaucoup de dévotion spontanée, d’humilité et de mépris de ce corps que l’on ne craint pas de mortifier sévèrement. En réalité, aucune de ces règles n’a la moindre valeur devant Dieu. Elles n’aboutissent qu’à nourrir l’orgueil des gens qui veulent se mettre en valeur.” — Col. 2:23, Kuen.
Au fanatisme, la Bible préfère l’équilibre et la raison. “Que votre comportement de personnes raisonnables, dit-elle, soit connu de tous les hommes!” (Phil. 4:5). La satisfaction à outrance de la chair s’opère aux dépens de l’esprit. Inversement, lorsque la vie spirituelle tombe dans le fanatisme, c’est la chair qui en pâtit. Il faut donc s’occuper de la chair, mais sans tomber dans le matérialisme, comme il est écrit: “Si donc nous avons nourriture et vêtement, nous nous contenterons de cela.” La chair a son importance, mais pas autant que l’esprit. En effet, “l’esprit de l’homme peut endurer sa maladie; mais quant à l’esprit abattu, qui peut le supporter?”. Aussi est-il indispensable de prendre conscience de ses besoins spirituels: “Heureux ceux qui sont conscients de leurs besoins spirituels.” — I Tim. 6:8; Prov. 18:14; Mat. 5:3.
L’amour de soi
“L’amour de soi”, voilà une formule qui sent son individualisme. Mais il ne s’agit pas ici du sentiment égocentrique qui animait le Narcisse de la mythologie, sentiment qui élimine tout amour sincère pour autrui. Si l’on veut aimer son prochain, il faut commencer par s’aimer soi-même. C’est un fait reconnu aussi bien par la psychologie moderne que déjà, il y a 35 siècles, par Moïse, en Lévitique 19:18: “Tu devras aimer ton prochain comme toi-même.” Ainsi, il faut s’aimer soi-même et aimer son prochain comme soi-même.
S’aimer soi-même, c’est prendre soin de soi, se respecter, savoir ce que l’on vaut. Cela exige que l’on se montre à la hauteur de ce que l’on sait être juste aux yeux de Dieu et que l’on respecte les impératifs d’une conscience scrupuleuse et convenablement éduquée. En cas d’échec, on n’est pas content de soi, on se sent coupable et répréhensible. Dans son dépit, on s’efforce de faire retomber la faute sur autrui, ce qui ne peut qu’envenimer les relations que l’on entretient avec son prochain.
Le cas d’Adam et Ève en donne une bonne illustration. Au courant de la conduite qu’ils devaient tenir, ils se sont cachés après avoir fait tout le contraire, conscients qu’ils étaient coupables devant Dieu. Lorsqu’ils se retrouvèrent en sa présence, ils essayèrent tous deux de faire retomber leur faute sur un tiers: Adam s’en prit à sa femme et à Dieu qui lui avait donné un tel conjoint; quant à Ève, elle incrimina le serpent (Gen. 3:12, 13). Adam ne pouvait plus se regarder avec autant de sympathie et garder l’estime de lui-même, et cela eut des répercussions aussi bien dans ses relations avec sa femme qu’avec son Créateur. Pour garder le respect d’elle-même, Ève tenta de la même façon de se justifier. Mais, tant que la conscience fonctionne encore un peu chez quelqu’un, il n’est pas si facile d’étouffer tout sentiment de culpabilité. Même si l’on essaie, on ne saurait se tromper soi-même, si bien que le sentiment de malaise intérieur qui s’ensuit nuit à l’amour que l’on a envers son prochain. C’est en ce sens qu’il est nécessaire de s’aimer soi-même.
L’amour de son prochain
Là encore, c’est un besoin dont la psychologie moderne a pris conscience. Dans la revue Atlantic de janvier 1979, on lit ce qui suit sous la plume du psychiatre W. Gaylin:
“La survie de l’individu à lui tout seul n’existe pas. Ce qui fait l’être humain, c’est l’intérêt que lui prodiguent les autres humains, intérêt sans lequel il ne survivrait pas. En l’absence de cet amour et de cet intérêt, l’homme peut survivre en tant qu’entité biologique, mais sans les caractéristiques humaines qui l’élèvent au-dessus du lot des animaux. Même une fois adulte, si l’on se trouve à un moment donné privé de contact avec d’autres humains et que l’on recrée par l’imagination un certain nombre de relations sociales, celles-ci sont de quelque secours pendant un temps, mais, à la longue, on court le risque de tomber à l’état animal.”
Dans le numéro de juin 1978 de Psychology Today, Otto Kernberg, psychanalyste, déclare:
“Toutes choses égales par ailleurs, un courant passe quand on entretient des relations très étroites avec quelqu’un, courant qui procure une profonde satisfaction personnelle. (...) Si rien ne se passe, on ressent un vide et une impression de frustration permanente.”
Nous éprouvons le besoin de susciter l’intérêt de notre semblable et d’être accepté par lui. Comme Jésus l’a montré, la meilleure façon de recevoir consiste à donner: “Appliquez-vous à donner, et l’on vous donnera. On versera dans votre giron une belle mesure, pressée, secouée et débordante. Car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour.” (Luc 6:38). S’il y a du bonheur à recevoir, il y en a encore plus à donner. Donner de notre affection nous fait exercer l’amour et augmente en nous cette qualité. Notre faculté d’aimer autrui s’en trouve grandie, et, en retour, nous récoltons l’affection de notre prochain. Commencez donc par aimer et vous serez payé de retour. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit entre Jéhovah et certains humains remplis de gratitude pour l’amour qu’il leur a témoigné. “Quant à nous, disent-ils, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier.” — I Jean 4:19; Actes 20:35.
Un petit enfant doit apprendre ce qu’est l’altruisme. C’est tout l’intérêt des jeux qu’il pratique avec d’autres enfants de son âge: il se rend compte qu’il ne peut pas toujours faire ce qu’il veut, que tout ne se passe pas comme il a décidé et qu’il ne peut pas penser uniquement qu’à lui. Le jeune enfant a tendance à se montrer exigeant, mais il apprend rapidement que s’il ne veut pas se retrouver tout seul, il doit céder de temps en temps la place aux autres. Celui qui ne pense qu’à lui finit par se trouver isolé de tous.
L’amour de Dieu
Comparés à notre planète, nous ne sommes rien, un petit rien sur une planète minuscule par rapport au soleil qui n’est lui-même qu’une petite étoile par rapport aux milliards d’astres de notre Voie lactée. Quant à la Voie lactée, ce n’est qu’une galaxie parmi des milliards d’autres dans l’univers. Dans toute cette immensité, nous sommes ridiculement petits, insignifiants, sauf dans la mesure où le Créateur de l’univers nous aurait nous aussi créés, en prenant soin de nous et en concevant un dessein à notre sujet. Comme c’est justement ce qu’il a fait, rien que pour cela notre vie a un but et un sens. Dieu nous aime; aussi devons-nous l’aimer. C’est un thème qui revient fréquemment dans la Bible. À ce sujet voici un parallèle établi par L. Tarr entre le christianisme et l’individualisme érigé en philosophie.
“Ce [nouvel] évangile de l’intérêt égoïste frappe en plein cœur tout ce qu’il y a de noble dans notre culture et il se trouve aux antipodes de l’évangile chrétien. Aujourd’hui, les barbares ont un nouveau cri de guerre: s’occuper uniquement de soi. L’évangile nous entraîne dans une tout autre direction. Son message est de se renier soi-même, de porter sa croix, (...) de tendre l’autre joue et de faire des concessions. Combien ce slogan de ‘ne penser uniquement qu’à soi’ rend un son creux par comparaison! (...) Ce nouvel évangile égocentrique est, sous sa forme religieuse ou profane, à cent lieues du message qui nous incite à nous tourner en premier lieu vers Dieu et ensuite vers notre prochain.” — Toronto Star du 25 novembre 1978.
Après avoir évoqué l’effondrement moral dont nous sommes témoins, le célèbre historien Arnold Toynbee parla de la science en ces termes:
“Elle n’a pas aidé l’homme à se dégager du carcan de ses intérêts égoïstes et à entrer en communion, en union, avec d’autres réalités plus grandes, plus importantes, de plus de prix et bien plus durables que l’individu lui-même.” — La survie du futur (angl.).
Les gourous modernes de l’individualisme ont beau poursuivre en vain leurs chimères avec leurs livres sur l’art de se réaliser, plusieurs milliers d’années d’Histoire nous enseignent que les philosophies humaines ne se sont avérées d’aucune utilité durable. “La sagesse se révèle juste par ses œuvres.” (Mat. 11:19). Les hommes ont beau se gausser de la sagesse de la Bible et la juger impossible à mettre en pratique, il n’en reste pas moins que le monde n’a jamais essayé de l’adopter, ni quant à l’amour de Dieu ni en ce qui concerne l’amour du prochain ni même pour ce qui est d’un amour de soi bien compris. Sans parler de cette règle d’or léguée par Jésus: “Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous devez, vous aussi, le faire de même pour eux.” — Mat. 7:12.
Dans son ouvrage Qu’est-il arrivé au péché? (angl.), Karl Menninger, psychiatre, a dit: “Sortir de sa coquille égocentrique n’est pas une vertu, c’est une nécessité salvatrice.”
Ainsi, il faut prendre conscience de soi, de son prochain et bien entendu de Jéhovah Dieu. C’est précisément ce sur quoi Jésus a attiré l’attention lorsqu’on lui a demandé: “Enseignant, quel est le plus grand commandement de la Loi?” Il répondit: “‘Tu dois aimer Jéhovah, ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit.’ C’est là le plus grand et le premier commandement. Voici le second, qui lui est semblable: ‘Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.’ À ces deux commandements toute la loi est suspendue, et les Prophètes.” — Mat. 22:36-40.
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Comment l’égoïsme mène les foyers à la ruineRéveillez-vous ! 1979 | 8 août
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Comment l’égoïsme mène les foyers à la ruine
“Pensez-vous que la vague d’égocentrisme qui s’est abattue sur notre société puisse augmenter le nombre des foyers brisés?” Telle fut la question posée par un enquêteur au docteur Robert Taylor, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. “Oui, répondit-il, je crois que l’égoïsme érigé en philosophie est en train de contribuer à l’augmentation alarmante du nombre des divorces.”
Voici ce que déclarait un éditorial de la revue U.S.News & World Report: “L’engouement actuel pour le développement du potentiel humain a conduit une foule de gens à reléguer au second plan, voire à abandonner leur emploi, leurs activités politiques, leurs devoirs civiques et leurs responsabilités familiales, tout cela pour aller suivre des cours de développement du potentiel humain et s’adonner à des exercices exotiques au cours desquels ils se font caresser avec des plumes de paon et des gants de fourrure, prennent des bains chauds en commun, recherchent des sensations extra-conjugales et se livrent à bien d’autres activités censées leur procurer un bonheur sans mélange.”
“Les parents modernes ne sont plus du tout proches de leurs enfants.” Un rapport publié par l’hebdomadaire Newsweek en donne l’explication suivante: “Ils estiment n’avoir pas grand-chose à transmettre à leur progéniture et considèrent en tout état de cause que le droit qu’ils ont de se réaliser prime désormais tout le reste.”
“En un temps où l’on met de plus en plus l’accent sur l’expression et la satisfaction de ses désirs, de nombreux parents ne sont plus disposés à se sacrifier tant soit peu pour leurs enfants, qu’ils considèrent comme un fardeau. De ce fait, ou ils refusent carrément de s’occuper d’eux, ou ils leur imposent de rester tranquilles et de ne pas se faire remarquer. (...) On est plus égocentrique de nos jours qu’il y a 20 ans.” — Homemaker’s Magazine de juin, juillet et août 1976.
En décembre dernier, la chaîne de télévision américaine CBS a diffusé un reportage sur les conséquences désastreuses que la désunion des familles avait sur les enfants. La mère militant au MLF, le divorce n’en avait été que précipité. Les enfants exprimèrent leur regret d’être si souvent privés de leur mère, à cause de son travail, et de leur père, parce qu’il vivait séparé.
En ce qui concerne la psychiatrie, la revue U.S.News & World Report déclarait: “Certaines pratiques psychiatriques pourraient bien avoir causé du tort à la société tout entière. Qu’elle soit fondée ou non, l’idée fait son chemin que les angoisses de l’Amérique moderne ont été aggravées par les conseils des psychiatres qui incitent leurs patients à satisfaire leurs envies, même si cela doit briser une famille.”
Sous le titre “Moi! Moi! Moi!”, l’hebdomadaire Newsweek a publié un article consacré au livre d’un professeur d’histoire, C. Lasch, et intitulé “La culture du Narcissisme”. L’auteur est d’avis que lorsque les parents suivent la tendance qui accorde la priorité au droit de se réaliser, leurs enfants souffrent de graves problèmes psychologiques ainsi que de l’absence de tout code moral. Ces nouveaux mouvements qui prônent l’individualisme “offrent des solutions qui vont à l’encontre de leur but en incitant les gens à ne pas trop s’engager sur la voie de l’amour et de l’amitié”.
À l’origine, les magazines féminins traitaient de la vie au foyer, de la cuisine et des enfants. Puis apparurent les revues consacrées aux femmes qui travaillent et, un peu plus tard, les journaux inspirés par les mouvements féministes. La dernière-née de ces revues s’appelle Self. Consacrant un éditorial à cette nouvelle publication, le Wall Street Journal concluait que le souhait des éditeurs était “que les lectrices se consacrent non à leurs enfants, à leur vie sexuelle ou à la politique, mais à leur propre petite personne! Décidément, ajoutait le journal, cette décennie ne se termine pas par un message bien encourageant”.
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