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Le problème de la drogue vous concerneRéveillez-vous ! 1974 | 8 mars
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Le problème de la drogue vous concerne
MÊME si vous n’êtes pas vous-même toxicomane, le fait que tant de gens le sont ne peut vous laisser indifférent.
Les toxicomanes sont un objet de terreur aussi bien dans les rues que dans les maisons. Ils sont, dit-on, responsables de la moitié des crimes commis dans les villes des États-Unis. Aussi, beaucoup de gens craignent-ils de s’aventurer hors de chez eux après la tombée du jour.
On rapporte également que les toxicomanes commettent des vols à l’étalage pour une valeur de 2 000 000 000 de dollars (environ 9 000 000 000 de francs français) par an. Les magasins augmentent donc leurs prix pour compenser les pertes. En outre, l’usage de la drogue parmi les employés coûte des milliards de dollars par an aux sociétés américaines, ce qui, pour le consommateur, se traduit par des prix plus élevés. On dépense aussi des centaines de millions de dollars pour lutter contre la drogue. Le citoyen paie donc plus d’impôts.
Mais la toxicomanie peut encore avoir d’autres conséquences pour vous. Vous pouvez être victime d’un accident causé par un drogué au volant de sa voiture. Un membre de votre propre famille peut devenir toxicomane, vous causant d’indicibles chagrins.
Une effroyable épidémie
La toxicomanie a manifestement atteint les proportions d’une crise. Selon le rédacteur scientifique Alton Blakeslee, “le champ d’action de la drogue englobe en réalité des millions d’Américains, y compris les adultes qui abusent de l’alcool et du tabac, de somnifères, de stimulants ou de tranquillisants”.
Mais la jeunesse est plus particulièrement touchée. Selon une commission de parlementaires chargée d’enquêter sur le crime, la toxicomanie est devenue “une épidémie mortelle” dans les écoles américaines. La commission s’est exprimée en ces termes :
“Nos recherches ont démontré que la crise de la drogue dans nos écoles dépasse de loin nos prévisions les plus sombres (...). Elle corrompt notre jeunesse, contamine nos écoles et provoque de nombreux ravages.
“Seul l’enfant particulièrement bien doué et maître de lui est capable de résister à une forme quelconque de toxicomanie.” — Times de Los Angeles, 30 juin 1973.
Consterné par le problème, le président Nixon déclara : “L’ennemi public no 1 de l’Amérique est la toxicomanie.” Le Dr Mitchell S. Rosenthal, directeur d’un centre de désintoxication de New York, a dit : “L’usage de la drogue est une pandémie [une épidémie très étendue] qui n’épargne aucune partie de la société.”
Quelle est la situation autour de vous ?
La situation autour de vous
Les habitants de New York n’ont aucun doute quant à l’ampleur du problème de la drogue. Ils voient régulièrement des drogués déambuler dans les rues. S’ils vont encore à l’école, ils sont sollicités pour acheter de la drogue.
Charles B. Rangel, membre du Congrès, de New York, écrivit : “L’héroïne a détruit le fonctionnement de notre système scolaire. (...) On se procure de la drogue comme du chewing-gum ; des jeunes filles se droguent dans les vestiaires et des jeunes de 13 ans achètent des stupéfiants à des pourvoyeurs de 15 ans.” Mais qu’en est-il dans les autres villes ?
Le problème de la toxicomanie y est présent également. Nate Archibald, joueur de basket professionnel, fit la remarque suivante : “La drogue est partout ; elle n’est pas seulement à New York. Je vois des toxicomanes dans toutes les villes où nous jouons. Si vous allez au fond des choses, vous y trouvez la drogue.” Voici quelques rapports :
✔ Une sous-commission, nommée par la commission parlementaire sur le commerce, fit ce rapport après une enquête sur le monde du sport : “La drogue existe, à divers degrés, dans tous les sports et dans les compétitions à tous les niveaux, à peu d’exceptions près.” — Herald Examiner de Los Angeles, 12 mai 1973.
✔ “La Marine a révélé hier que le problème de la drogue a atteint des proportions telles qu’on le retrouve sur tous les navires et dans toutes les bases navales. ‘Un grand nombre de cas sont très graves.’” — Union de San Diego, 21 juillet 1971.
✔ “La toxicomanie, qui coûte souvent 200 dollars [900 francs français] par jour, a engendré une vague de crimes. Les autorités attribuent à ce phénomène 70 pour cent des vols à main armée de Detroit, qui représentent 90 pour cent des hold-up dans les banques.” — Newsweek, 28 février 1972.
✔ “La toxicomanie a augmenté de façon spectaculaire à Oklahoma City, (...) et aucune amélioration n’est en vue.” — The Daily Oklahoman, 17 avril 1971.
✔ “Une étude de l’État du Massachusetts sur l’usage de la drogue chez les adolescents a montré que près de 40 pour cent des élèves du secondaire ont pris de la drogue l’année dernière.” — Sunday Herald Traveler and Sunday Advertiser de Boston, 27 août 1972.
✔ Une enquête approfondie auprès de plus de 15 000 élèves du secondaire à Anchorage, en Alaska, a révélé que plus de 41 pour cent d’entre eux emploient des drogues autres que le tabac et l’alcool. — Journal of the American Medical Association, 5 février 1973.
✔ “En Californie du Sud, la brigade des stupéfiants relate que 80 pour cent au moins de tous les élèves des écoles secondaires ont essayé des drogues illicites. Déjà à partir de l’école primaire, les jeunes sont exposés au danger des stupéfiants.” — Up-Look, vol. I, No 1.
Où que vous alliez, à l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud, et même dans les petites villes, la drogue est présente. À Palm Springs, en Californie, par exemple, le problème des stupéfiants est tel que certains parents ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école. La drogue est partout présente, et dans nombre d’endroits on en use librement en public.
Même si certains ne le croient pas, la toxicomanie sévit probablement autour d’eux. Au Texas, Fred Hilligiest, dont le fils de treize ans a disparu, s’en est rendu compte. ‘Je n’avais, dit-il, aucune idée de ce qui se passait et ne pensais pas que tant de gosses erraient sans but et se droguaient. Mais pendant les trois premières semaines que nous avons commencé à rechercher David, j’ai appris bien des choses !
‘Je croyais que peut-être 10 pour cent seulement des enfants de ce milieu prenaient de la drogue, dit encore Hilligiest, mais j’ai bientôt eu le sentiment que presque tous les gosses y étaient adonnés, peut-être plus de 80 pour cent.’ C’est bien comme le disait Archibald : Si vous allez au fond des choses, vous y trouvez la drogue.”
Mais la toxicomanie n’est-elle qu’un problème américain ? Que se passe-t-il dans les autres pays ?
Un phénomène universel
Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies, déclara : “La toxicomanie (...) prend de l’extension et de nouvelles formes. Dans certains pays, elle a pris les dimensions d’une catastrophe nationale.” Le Medical Tribune du 22 novembre 1972 portait le titre suivant : “L’USAGE DE LA DROGUE EST COURANT CHEZ LES ENFANTS DU MONDE ENTIER.”
La toxicomanie est aussi un problème en Grande-Bretagne. Le Daily Mail de Londres déclara : “L’usage de la drogue est aujourd’hui pratiquement impossible à maîtriser.” Le Dr H. Dale Beckett, président de l’Association britannique pour la prévention de la toxicomanie, a reconnu : “Dans tout le Royaume-Uni, il n’y a probablement pas une seule école où les élèves n’ont pas essayé la drogue.”
La situation est la même en Australie. Le ministre de la Douane, D. L. Chipp, donna l’avertissement suivant : “Si vous avez un enfant qui entre dans l’adolescence cette année, je puis vous garantir qu’il se verra offrir des drogues dangereuses ou des stupéfiants quelconques avant qu’il n’ait 18 ans.”
On pouvait lire cette manchette dans The Spectator, quotidien d’Ontario, au Canada : “L’HÉROÏNE, UNE MENACE ÉPIDÉMIQUE — ON ENVISAGE DES CONFÉRENCES À L’ÉCHELON NATIONAL.” En Colombie britannique, le marché noir de l’héroïne est, dit-on, l’une des dix industries principales de la province. L’héroïnomanie est si répandue que le maire de Vancouver a dit : “Il nous faudrait une année pour en venir à bout.”
Il en va ainsi dans tous les pays. Tel un gigantesque et affreux raz-de-marée, la drogue a inondé le monde.
Quelle en est la raison ? Pourquoi s’adonne-t-on à la drogue ? Quelle est vraiment la gravité du danger ?
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Pourquoi ils se tournent vers la drogueRéveillez-vous ! 1974 | 8 mars
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Pourquoi ils se tournent vers la drogue
IL N’Y a pas de réponse simple à la question de savoir pourquoi on s’adonne à la drogue. Quelques experts pensent qu’il existe autant de raisons que de drogués. Il y a néanmoins une raison fondamentale.
C’est qu’on peut obtenir des drogues très facilement. Par exemple, on produit chaque année aux États-Unis plus de 525 tonnes de barbituriques. La plus grande partie se vend sur ordonnance médicale. Selon le Dr Mitchell Rosenthal, en 1971, les médecins ont prescrit assez de médicaments psychotropes “pour stimuler, calmer ou endormir chaque homme, femme et enfant [des États-Unis] pour un bon mois”.
Ces prescriptions “licites” présentent-elles un danger ? Sont-elles un facteur important dans l’actuelle crise de toxicomanie ?
Drogues employées en médecine
Les barbituriques sont des sédatifs que les médecins prescrivent couramment pour favoriser le sommeil. Il en existe quelque vingt-six sortes. Pratiquement tous les barbituriques sont produits par des établissements pharmaceutiques légaux, mais une grande partie est détournée vers des voies illégales. Dans les rues, on vend de tels comprimés. Ces tranquillisants ont créé un problème d’une telle ampleur que certaines autorités ont appelé 1972, “l’année des tranquillisants”.
Quand on emploie régulièrement ces médicaments, pour dormir, l’accoutumance s’installe. Beaucoup de gens en prennent sans nécessité réelle et deviennent ainsi des drogués. Aux États-Unis, environ un million de gens s’adonnent aux barbituriques. Un toxicomane est celui qui a besoin de sa drogue pour éviter les souffrances dues au manque. Un manque soudain peut même être mortel pour quelqu’un qui est adonné aux barbituriques. En outre, chaque année, aux États-Unis, plus de 3 000 personnes meurent d’une dose excessive de barbituriques.
Il existe aussi toute une gamme de stimulants dont le principal est l’amphétamine. Les médecins en prescrivent souvent pour supprimer l’appétit, diminuer la fatigue ou soulager la dépression. Cependant, on estime que la moitié des amphétamines fabriquées légalement sont vendues illégalement. Ces drogues aussi sont dangereuses et ont déjà tué bien des gens ou ruiné leur vie.
Donc, des médicaments “licites” prescrits par des médecins sont un facteur important dans la crise actuelle de la toxicomanie. Cependant, les drogues qui font l’objet de la plupart des manchettes des journaux constituent vraisemblablement un problème encore plus grave.
Drogues qui ne sont pas employées en médecine
L’héroïne est la plus dangereuse de toutes. On rapporte que dix ou douze tonnes entrent chaque année en fraude aux États-Unis. Environ 560 000 Américains sont des héroïnomanes, près de dix fois plus qu’au début des années 60. L’héroïne est véritablement un fléau mortel.
Dans la seule ville de New York, à peu près quatre personnes meurent chaque jour à la suite de l’absorption d’héroïne. Son vice coûte à un héroïnomane une moyenne de 40 à 50 dollars (environ 200 francs français) par jour. Pour trouver cet argent, les drogués volent ; à New York, ils dérobent chaque jour des marchandises d’une valeur de 3 000 000 de dollars (14 000 000 de francs français). Il n’est pas étonnant que Newsweek écrive : “La ville de New York (...) est tuée par l’héroïne.”
Le LSD (lysergamide) est la drogue hallucinogène la plus puissante parmi les dizaines qui existent. Ces dernières années, de nombreux laboratoires clandestins ont commencé à en produire. Malgré la demande importante, le prix d’un comprimé est dix fois moins cher qu’il y a quelques années. Quoiqu’il ne crée pas d’accoutumance comme l’héroïne ou les barbituriques, le LSD produit des effets étranges sur celui qui en prend.
Fondamentalement, la drogue perturbe le fonctionnement des sens. La vision surtout est atteinte. Le drogué peut avoir des hallucinations, même des mois après avoir pris la dernière dose. Lors d’un “mauvais voyage”, on perçoit des images terrifiantes. En outre, sous l’effet du LSD, on est beaucoup plus accessible aux influences extérieures. Aussi lit-on souvent dans les journaux d’horribles récits concernant des drogués au LSD. Par exemple, le Daily Mail de Londres, du 26 avril 1973, rapportait le cas d’un professeur qui, sous l’empire de cette drogue, voulut marcher sur la Tamise. Il se noya sans lutter le moins du monde.
Avec la marijuana, la crise de la drogue prend de l’extension. Quoique cette drogue soit interdite, on estime que vingt-quatre millions d’Américains l’ont essayée et que peut-être huit millions l’emploient régulièrement. Ses effets sont plus doux que ceux du LSD, mais elle perturbe aussi les sens. Quand on fume de la marijuana, cinq minutes peuvent sembler une heure. Les sons et les couleurs paraissent plus intenses. Les habitués ont une démarche chancelante, les mains tremblantes, des pensées désordonnées et des réactions psychotiques.
La fumée inhalée fait-elle du tort au corps ? Il est intéressant de lire ce que disait une lettre écrite récemment par des médecins au Collège des médecins et chirurgiens de l’université Columbia, à New York. Nous citons : “La fumée de marijuana occasionne le cancer sur des tissus pulmonaires humains en culture.” Le Dr Morton A. Stenchever, qui dirige une équipe de chercheurs à l’Université de l’Utah, a conclu : “La marijuana est peut-être une drogue bien plus dangereuse que nous ne le pensions.”
Cependant, malgré tout le tort que font les stupéfiants, quantité de gens continuent à s’y adonner. Pourquoi ? Pourquoi, chaque année, des millions de gens se tournent-ils vers la drogue ?
Une société esclave des médicaments
De nombreuses autorités rejettent la faute sur notre société moderne trop dépendante des médicaments. Un médecin s’exprime comme suit : “Quiconque écoute la publicité ou lit les réclames au sujet des médicaments, sait qu’il peut se calmer, se remonter, s’endormir, perdre du poids et soulager quantité de maux et de malaises en prenant tel ou tel comprimé.” On prescrit souvent des médicaments pour n’importe quel symptôme.
Le Dr Matthew Dumont, directeur d’un comité chargé de réhabiliter les médicaments et dépendant du service de la santé du Massachusetts, déclara : “Quant à la cause de la menace que fait peser la drogue sur l’Amérique d’aujourd’hui, c’est chez mes confrères, les médecins, qu’il faut la chercher (...). Chaque année, les médecins prescrivent 13 milliards de comprimés d’amphétamine et de barbiturique.” La commission de parlementaires chargée d’enquêter sur le crime exprima la même opinion : “On peut franchement incriminer l’industrie pharmaceutique, les grossistes et les détaillants en médicaments, ainsi que les médecins.”
Ces personnes ne sont cependant pas seules responsables ; les consommateurs adultes le sont également. Ils devraient comprendre que les médicaments sont des poisons et qu’il ne faut en absorber que si les bienfaits espérés sont plus grands que le tort qu’ils peuvent causera. Mais si les adultes prennent des médicaments pour surmonter la moindre difficulté ou la moindre tension, voire pour en retirer un certain plaisir, pourquoi les jeunes agiraient-ils autrement ? Est-il étonnant que la jeunesse se dise : “Si les adultes fument du tabac, s’enivrent et se bourrent de comprimés, pourquoi ne pourrions-nous pas fumer de la marijuana ou prendre des tranquillisants ?”
Diverses études ont montré que l’usage irréfléchi de médicaments par les parents encourage la toxicomanie chez les enfants. Par exemple, une importante étude canadienne parle de l’usage abusif de drogues comme d’un “comportement acquis”. “Les adolescents imitent leurs parents”, expliquent les psychiatres de la Fondation de recherches en toxicomanie de Toronto. Par conséquent, si vous ne voulez pas que vos enfants se droguent, vous ne devriez ni fumer, ni abuser d’alcool, ni prendre de médicaments sans nécessité réelle.
Mais il faut plus qu’un excellent exemple de la part des adultes. Il faut aussi de bonnes fréquentations en dehors du foyer. Une étude faite par les Amis de la recherche psychiatrique permit de découvrir que quatre-vingt-quatre toxicomanes sur cent ont connu la drogue par l’intermédiaire d’“amis”. Beaucoup de jeunes à qui l’on offre de la drogue acceptent par curiosité. Au début, ils trouvent peut-être l’effet agréable. Ensuite, ils sont “accrochés” et connaissent bientôt de terribles difficultés.
Néanmoins, la toxicomanie a encore d’autres causes que la facilité avec laquelle on obtient de la drogue et la surabondance de médicaments dans notre société. Voyons ces raisons.
Insatisfaction et frustration
Le Dr James E. Anderson, spécialiste des problèmes de la drogue, donna une raison fondamentale : “L’usage de la drogue par un individu est un signe qu’il existe un vide dans sa vie. Le Dr Matthew Dumont fit une remarque semblable : “Nous devons rechercher ce qui manque dans la vie des jeunes gens qui s’adonnent à la drogue.”
Très souvent le problème est d’ordre familial. C’est ce que révéla une étude entreprise par des enseignants et des conseillers, en Floride. De plus, le Dr L. James Grold, assistant de clinique et professeur à l’Université de la Californie du Sud, s’exprima comme suit : “Je me suis aperçu que le problème fondamental est presque toujours au foyer.” Et il ajouta : “L’adolescent commence fréquemment à tâter de la drogue en puisant dans la pharmacie familiale pour se soustraire aux tensions et aux frustrations qui existent au foyer.” Quelles sont donc les causes de ces difficultés ?
Souvent le père ne songe qu’à faire son chemin dans le monde. La mère se sent négligée et ne voit plus clairement quel est son rôle dans la vie. Il y a peu de communication entre les membres de la famille qui ne se voient pas beaucoup et n’ont pas de véritable considération les uns pour les autres. Aussi, même si les enfants ont tout ce qu’il faut sur le plan matériel, ils se sentent frustrés et insatisfaits, ou tout simplement ils s’ennuient. Ils prennent alors de la drogue pour remplir le vide, recherchant le plaisir et les sensations fortes, ou pour adoucir les blessures affectives.
Pour certains adolescents, l’usage de la drogue est une façon de se venger de leurs parents. Le fils d’une célèbre actrice de cinéma expliqua ainsi son cas : “Je voulais choquer ma mère, la frapper droit entre les yeux. Je voulais attirer son attention, même si cela devait lui faire mal. J’étais blessé et je voulais qu’elle soit blessée elle aussi.”
Mais ce n’est pas seulement à cause des problèmes familiaux que la jeunesse se tourne vers la drogue. Beaucoup de jeunes gens se rendent compte que tout le système est en train de s’effondrer. Ils voient la guerre, le meurtre, l’avidité, l’hypocrisie et, de tout côté, la poursuite effrénée des biens matériels. Ils sont écœurés et rejettent ce genre de vie. Leur attitude peut se résumer en ces termes : ‘Mangeons, buvons et amusons-nous, car demain nous serons peut-être morts.’ Ils se tournent donc vers la débauche et la drogue, afin d’exciter leurs sens.
Où donc est la solution ?
L’éducation est-elle la solution ?
On a institué des programmes éducatifs dans de nombreuses écoles, mais sans succès réel. En fait, ces programmes ont souvent excité la curiosité des adolescents, qui ont essayé les drogues pour voir quels effets elles avaient vraiment. Le Dr Helen Nowlis, pionnier de ce genre d’éducation, en a illustré l’échec. Tandis qu’elle éteignait une cigarette, elle déclara : “Voyez, je suis un exemple. Je sais le tort que le tabac peut me faire et pourtant je fume.”
Il faut donc plus que des programmes expliquant les conséquences néfastes de la drogue. Mais quel mobile donner aux adolescents, qui puisse les empêcher de se droguer ou qui soit capable de les aider à se libérer de leur vice ?
Un éditorial du Spectator, journal canadien, indiquait une solution. Dans un commentaire sur l’usage très répandu de la marijuana, il dit : “L’humanité a toujours recherché l’excitation des sens. La loi ne peut rien contre cette tendance. La seule arme efficace est la religion, mais le triste état de celle-ci dans notre société se passe de commentaires.”
Pourquoi la religion a-t-elle si tristement échoué en ce qui concerne le problème de la drogue ? Une des raisons principales, c’est qu’elle a repris à son compte le style de vie, la philosophie et les buts du présent système de choses, tout ce que la jeunesse a rejeté comme vide de sens. Il y a néanmoins une solution au problème de la drogue. Elle a pour base une éducation qui permet d’adopter une conception de la vie entièrement différente et de poursuivre des buts n’ayant rien de commun avec ceux qui sont impopulaires aujourd’hui.
De nombreux jeunes toxicomanes ont trouvé la solution et sont maintenant heureux de vivre. Ils se rendent utiles et aident leurs semblables à trouver un mode de vie ayant un sens. Écoutez l’un deux raconter comment il a sombré dans la toxicomanie puis a trouvé le moyen de sortir de l’abîme.
[Note]
a Dans le livre Les drogues (angl.), dans la collection scientifique publiée par Time-Life, on lit à la page 9: “Toutes les drogues sont des poisons, et tous les poisons sont des drogues (...). Dans le sens le plus large, une drogue, ou un poison, est une substance chimique qui produit une modification dans la fonction ou la structure d’un tissu vivant.”
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Comment j’ai vaincu la drogueRéveillez-vous ! 1974 | 8 mars
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Comment j’ai vaincu la drogue
LE 6 DÉCEMBRE 1968, une manchette à la première page du Vindicator, journal de Youngstown, aux États-Unis, disait ceci : “LA POLICE DE LIBERTY A ARRÊTÉ UN JEUNE HOMME DE 18 ANS QUI VENDAIT DU LSD.”
Ce jeune homme, c’était moi. Le tribunal me condamna à dix mois de prison. Cependant, au bout de trente jours, j’étais libre et j’avais repris mon trafic. J’avais besoin d’argent pour satisfaire mon propre vice, car je prenais toutes sortes de drogues, surtout du LSD.
Cependant, j’avais encore un long chemin à parcourir pour atteindre l’abîme où l’héroïne plonge souvent ceux qui s’y adonnent. J’ai été en prison plus de vingt fois ; trois fois on m’a envoyé dans un hôpital psychiatrique. À maintes reprises, j’ai été enfermé nu dans une cellule capitonnée où j’ai enduré les affres du sevrage brutal. La dernière fois, on m’a retiré de la cellule dans un état critique et on m’a envoyé à l’hôpital. On m’a même administré l’extrême-onction. Mais je m’en suis sorti, et j’ai été accusé de cambriolage et finalement envoyé au pénitencier d’État de l’Ohio.
Néanmoins, tout cela est du passé. J’ai vaincu la drogue. Il y a près de quatre ans que je n’ai plus touché aux stupéfiants et je suis sûr que je n’y toucherai plus jamais. J’ai trouvé la véritable solution au problème de la drogue.
Avant de vous expliquer ce qui s’est passé, je vous raconterai brièvement ma vie. Cela vous donnera peut-être une indication sur les circonstances qui conduisent souvent à la toxicomanie. Si vous voyez une situation semblable se développer dans votre famille, il serait bien de prendre des mesures avant qu’il ne soit trop tard.
Gâté depuis l’enfance
Mes parents ont divorcé en 1951 alors que j’avais tout juste huit mois. Une bataille s’engagea autour de ma personne et, chose curieuse, c’est mon père qui reçut l’autorisation de me garder. Je pouvais voir ma mère une fois par semaine. Quant ma mère se remaria, la bataille se poursuivit, chacun de mes parents s’efforçant de me gagner par des cadeaux. J’étais donc très gâté.
Puis, ma mère cessa d’essayer d’“acheter” mon affection. Elle avait commencé à étudier la Bible avec les témoins de Jéhovah. Bientôt, les querelles, l’usage du tabac et d’autres mauvaises habitudes disparurent. Lors de mes visites, ma mère et mon beau-père m’emmenaient à des réunions où l’on étudiait la Bible. Rentré à la maison, je racontais à mon père ce que j’avais appris, mais cela ne lui plaisait pas. Sa famille lui disait : “Tu devrais l’empêcher de voir sa mère. Les témoins de Jéhovah tordent le sens de la Bible ; ils sont fous.”
On s’efforça donc de me détourner de ma mère. On me circonvenait par des cadeaux coûteux, et mon père me laissait faire tout ce que je voulais. Aussi, un jour que ma mère est venue me chercher, je lui ai dit : “Maman, je ne veux plus te voir.” Ma mère s’est tournée vers mon père en disant : “Tu lui as fait la leçon, n’est-ce pas, Jean ?” J’avais neuf ans à ce moment-là et, pendant des années, je n’ai plus revu ma mère.
Mon père s’est remarié en 1960. J’étais vraiment gâté et je rendais la vie difficile à mon père et à ma belle-mère. Cependant, je ne recevais jamais de correction d’aucune sorte. J’ai commencé à fumer en cachette quand j’avais sept ans ; vers dix ou onze ans, je m’enivrais. En outre, je respirais de la colle et je goûtais à la marijuana. Le manque de discipline et un usage précoce de la drogue avaient déformé mes pensées.
J’avais environ treize ans quand une fille m’a remis à ma place ; j’ai alors versé de l’essence dans l’allée de son jardin et j’y ai mis le feu, ce qui fit quelques dégâts au garage. Mon père dut payer 800 dollars (environ 3 500 francs français) comme amende et dédommagement. À peu près à ce moment-là, on m’a aussi pris à voler dans les magasins. Mais les ennuis ne faisaient que commencer.
Immoralité sexuelle et prison
Tandis que j’étais à l’école secondaire de Liberty, on me découvrit avec une élève, dans une situation embarrassante, dans les toilettes des filles. J’ai été mis à la porte de l’école pour deux semaines. Cet été-là, j’ai brûlé mes vêtements “bourgeois” dans le jardin, en signe de protestation. Ma belle-mère et mon père étaient furieux et ils m’ont poursuivi jusque dans ma chambre. J’ai pris un fusil à gaz lacrymogène et j’ai tiré sur mon père, puis je me suis enfui par la fenêtre. On a appelé la police, et l’officier de police Fred Faustino est venu me chercher sur le toit et m’a arrêté. Ce fut mon premier emprisonnement.
Plus tard, cette année-là, le père de mon amie nous a surpris au lit, après l’école. Nous nous sommes tous retrouvés au bureau de police de Liberty. Mais le lendemain, je recommençais. J’avais vraiment peu de respect pour l’autorité et pour tout ce qu’on pouvait me dire. Deux semaines plus tard, quand l’oncle de la jeune fille voulut intervenir, un jeune ami et moi-même avons projeté de l’assassiner, mais le projet avorta.
J’étais devenu un rebelle aux cheveux longs, un véritable fauteur de troubles. Et pourtant j’étais à la recherche de quelque chose, quelque chose à quoi m’accrocher, un avenir quelconque. Je voulais être quelqu’un, attirer l’attention. J’ai pensé que le mariage était peut-être la solution. Nos parents en ont parlé entre eux, mais ils ont décidé que nous étions trop jeunes et que nous n’avions l’un pour l’autre qu’une toquade.
Nous avons alors envisagé de nous enfuir ; c’est ce que nous avons fait en février 1967. Nous nous sommes dirigés vers l’ouest avec 420 dollars (2 000 francs français environ) que nous avions volés. Notre voyage s’est terminé brusquement quand nous avons été appréhendés à Los Angeles et renvoyés dans l’Ohio. La police, qui m’attendait, m’a mis les menottes et m’a emmené en prison, où j’ai passé deux semaines.
Désormais, aucune école des environs ne voulait plus de moi. À force de supplier le directeur, mon père parvint à me faire admettre à l’école secondaire catholique John F. Kennedy, où j’ai terminé ma troisième année. Pendant ce temps, je sombrais de plus en plus dans la toxicomanie. Cet été-là j’ai été arrêté pour m’être introduit dans plusieurs maisons.
Ma quatrième année fut un désastre. Récemment, j’ai revu les rapports de l’école avec le principal, Frank Lehnerd, et nous avons découvert que je m’étais absenté soixante-quinze jours durant l’année ! En février 1968, j’ai caché mon amie dans ma chambre pendant trois jours, espérant ainsi faire pression sur nos parents et les amener à consentir à notre mariage. Mais tout ce que j’ai récolté, c’est trois mois dans une maison de correction. J’ai été relâché à temps pour passer, et réussir, mon examen de fin d’études.
À la première occasion, j’ai encouragé mon amie à quitter de nouveau la maison et à prendre un flacon d’aspirine pour simuler une tentative de suicide. Je pensais qu’après cela nos parents seraient sûrement convaincus que nous nous aimions. S’étant traînée jusque chez elle, tout en vomissant le sang, elle s’est finalement détournée de moi quand sa mère lui a dit : “Il ne t’aime pas, tu n’es qu’un jouet pour lui. Il veut te voir six pieds sous terre !” Je n’ai plus jamais fréquenté cette jeune fille, mais cette tragique affaire m’a enfoncé plus profondément encore dans la dépravation, d’autant plus que je m’adonnais de plus en plus à la drogue.
Je sombre dans la toxicomanie
Je n’étais pas encore un véritable toxicomane, mais je faisais un grand usage de drogues et j’en vendais. J’ai même été en chercher à New York. Puis, grâce à un effort concerté, la police a fini par m’arrêter. Je vendais de la drogue à un agent en civil quand je fus pris avec l’argent sur moi. C’est alors qu’un titre à la première page du journal relata mon arrestation. Mais mon père a pris un bon avocat et j’ai été libéré le 15 janvier 1969.
Bientôt, je vendais de nouveau des drogues et je gagnais beaucoup d’argent. Mais j’en avais besoin, car je commençais à m’injecter de l’héroïne par piqûre intraveineuse. Pendant plusieurs mois, j’ai dépensé 40 à 50 dollars (environ 200 francs français) par jour pour de la drogue. Mon père a essayé de m’aider. Il m’a trouvé des emplois, mais je ne les gardais que quelques semaines. J’en étais arrivé au point de me faire des injections de drogue pendant mon travail.
Ce n’était pas difficile. Je transportais la drogue dans un compartiment de ma bague. J’allais aux toilettes et, à l’aide d’une seringue, je m’injectais le stupéfiant. Mais pour être sûr de ne rien perdre, je retirais la seringue, la remplissais avec du sang et repiquais de nouveau. Je faisais cela jusqu’à dix fois.
Alors la réaction commençait. J’éprouvais un “choc” comme si je tombais brusquement du haut d’un immeuble. Puis je me sentais tout engourdi, même mes cheveux étaient flasques. Le degré de toxicomanie auquel on atteint se mesure au nombre de “chocs” qu’on parvient à éprouver.
À d’autres moments, je prenais un mélange de méthédrine et d’héroïne, un excitant et un tranquillisant. Le corps ne sait plus que faire alors, se détendre ou s’emballer ; il est en pleine agitation.
Le LSD produit un effet entièrement différent. Quand j’en prenais, je me croyais capable de faire n’importe quoi, je pensais être comme Dieu et pouvoir contrôler ma destinée. Joe Schovoni, mon avocat, m’a dit récemment qu’un jour où j’étais sous l’emprise du LSD, je l’avais réellement effrayé en prétendant que je pouvais accoucher une femme. C’est terrible ce que les drogues vous font penser et faire. En tout, j’ai certainement pris 200 comprimés de LSD.
Pendant plus d’un an, je n’ai vécu que pour la recherche des sensations fortes, prenant des drogues, vivant avec des filles et m’efforçant d’échapper à la police. J’allais d’un taudis à un autre, ‘d’un trou à rats à un autre trou à rats’, comme disait mon père avec à-propos. La police m’a même accusé d’avoir cambriolé la maison de mon père. Mes “amis” y avaient volé des biens pour une valeur de plusieurs milliers de dollars. En août 1969, nous sommes partis pour l’infâme festival de Woodstock où j’ai vendu de nombreuses drogues, du LSD notamment, et où j’ai gagné beaucoup d’argent. Je suis monté dans les tribunes près de la scène pour avoir une vue d’ensemble sur les exécutants et la foule. Je me rappelle avoir eu l’impression que chacun était animé d’une force mystérieuse.
Peu après mon retour à la maison, j’ai commencé à récolter ce que j’avais semé. J’ai vraiment touché le fond et je n’ai survécu que par miracle.
Sauvé de justesse
Nous étions le 5 septembre 1969. J’éprouvais un terrible besoin de drogue. Je suis donc entré par effraction dans une pharmacie de la petite ville de Vienna. Me faufilant à l’intérieur, j’étais en train de rassembler divers articles quand j’ai entendu les sirènes. Cerné par des policiers armés, j’ai perdu la tête et j’ai couru vers eux en criant : “Tuez-moi, tuez-moi !”
J’ai été accusé de vol avec effraction. On a décidé d’une caution de 5 000 dollars (plus de 20 000 francs français), après quoi j’ai été envoyé dans ma prison habituelle. J’y avais été si souvent que mon nom était inscrit sur une des cellules. On m’a dépouillé de mes vêtements et on m’a jeté dans la petite cellule capitonnée, un endroit si minuscule que je ne pouvais même pas m’y étendre entièrement. J’ai alors commencé à souffrir du manque. Dernièrement, Harold Post, un surveillant, montra la cellule à un ami et à moi-même en disant : “Je pensais que vous alliez mourir là. Je ne voulais pas avoir à faire avec vous.”
Je ne pouvais pas l’en blâmer. J’étais absolument corrompu. Je me roulais dans mon urine et mes excréments, comme un animal. Je cherchais à grimper aux murs et tapais contre le rembourrage de vinyl. Post dit encore : “Il priait ; il me suppliait de lui donner de la drogue, même à genoux. Mais il refusait les médicaments qu’on lui donnait.”
Le sheriff Richard Barnett se trouvait là à cette époque. Quand je lui ai rendu visite, l’année dernière, il m’a rappelé combien mon état était devenu critique. Il m’a dit : “Vous refusiez tout médicament par voie orale, vous les recrachiez. Vous étiez un vrai sauvage. On vous a donc prescrit des suppositoires que j’étais chargé de vous mettre.” Comme je n’allais pas mieux, on m’a envoyé dans un hôpital psychiatrique de Youngstown.
À quatre heures du matin, mon père a reçu un coup de téléphone d’une infirmière. Elle lui a dit : “Votre fils est malade, il a besoin de vous... Il est mourant.” Mon père s’est mis immédiatement en rapport avec le Dr Bert Firestone et il m’a fait transporter à l’hôpital Sainte-Elisabeth. Pendant des jours, mon état est resté critique. Le Dr Firestone a déclaré à mon père qu’il s’efforcerait de me tirer d’affaire, mais qu’il ne pouvait lui garantir que je vivrais. On peut lire dans les rapports de l’hôpital Sainte-Elisabeth : “Ce malade a été admis (...) à cause de graves symptômes de manque dus à l’usage de stupéfiants.”
Mon père a envoyé la caution de 5 000 dollars, et, trois semaines plus tard, je quittais l’hôpital. L’expérience que je venais de vivre ne m’a pas fait changer, malgré les nombreuses promesses faites à mon père. J’avais toujours de longs cheveux et bientôt je recommençais à prendre toutes sortes de drogues. Vous vous demandez peut-être comment on peut retourner à la drogue après les terribles épreuves que provoquent le manque d’héroïne et les “mauvais voyages” au LSD.
Dès que je me suis senti mieux, j’ai de nouveau pensé aux filles, aux “plaisirs” et à tous mes compagnons, hippies et partisans de l’amour libre, ainsi qu’à nos randonnées à motocyclette. De plus, le genre de musique que j’écoutais agissait sur mes instincts les plus bas. Et puis je me disais que ‘ce n’est pas si mal de recommencer’. Cependant, les quelques dernières fois que j’ai pris du LSD, les “voyages” ont été de plus en plus mauvais. Puis, en désespoir de cause, je me suis adressé à ma mère, mettant ainsi fin à une séparation de plusieurs années. Mon beau-père, aîné dans une congrégation de témoins de Jéhovah, prit des dispositions pour que je puisse étudier la Bible là où j’habitais.
Le dur chemin vers la guérison
En mars 1970, j’ai commencé à étudier la Bible avec un témoin de Jéhovah. J’ai également visité la Salle du Royaume de Girard. Je portais des vêtements de cuir noir et de grosses lunettes rondes, et j’avais les cheveux longs. Je voulais prouver que les témoins de Jéhovah étaient comme les autres, des hypocrites. Mais j’ai été impressionné. Ils s’intéressaient sincèrement à moi et tous répondaient de la même façon à mes questions. Mais mon cœur n’était pas encore réellement touché, car cette nuit-là je suis retourné vers les lieux fréquentés par les hippies et je me suis de nouveau fait une injection d’héroïne.
Cependant, comme par intervalles je continuais à étudier la Bible, je me rendais compte qu’elle enseignait la vérité. Mais je ne pouvais pas ou du moins je ne voulais pas rompre avec la drogue et l’immoralité. Puis, le dernier week-end d’avril, une dose de LSD me valut un “voyage” affreux. Je “voyais” ma compagne se décomposer dans la voiture à côté de moi. J’éprouvais une horreur et une terreur indescriptibles. Je pensais que c’était la fin, que j’allais sûrement me tuer. Mais j’ai appelé Jéhovah, en employant son nom, et je l’ai supplié de m’aider.
Bien qu’il fût 3 heures du matin, j’ai téléphoné au témoin avec qui j’étudiais. Il m’a rassuré en me disant que Jéhovah m’aiderait certainement si, cette fois, je maintenais fermement mes bonnes résolutions. Je fis le vœu de ne plus jamais toucher de drogue et je n’en ai plus jamais touché. Il ne se passe pas de jour que je ne remercie mon Créateur pour m’avoir aidé à survivre à ces épreuves.
La semaine suivante, j’ai été jugé pour le cambriolage de la pharmacie en septembre. Comme l’opinion publique était contre moi à cause de mes crimes répétés, le juge m’a envoyé au pénitencier d’État de l’Ohio pour un délit qui pouvait me valoir une condamnation de quinze ans de prison. Quelques jours plus tard, j’ai commencé à purger ma peine. Ce fut pour moi une véritable bénédiction.
Cela me donna en effet le temps de méditer et d’étudier. J’ai analysé ma vie et je me suis rendu compte combien elle avait été stérile et que je n’avais fait que détruire. J’ai prié Jéhovah de me pardonner et je lui ai dit que je voulais faire sa volonté de tout mon cœur. Je me suis plongé entièrement dans l’étude de la Bible avec l’aide des publications des témoins de Jéhovah. Ensuite, grâce aux efforts de mon père, j’ai été relâché vers la fin de juin. Environ deux semaines plus tard, le 10 juillet 1970, j’ai symbolisé par le baptême dans l’eau l’offrande de ma personne à Jéhovah.
J’aide d’autres drogués
J’ai alors commencé à rechercher mes anciens compagnons, non pour prendre de la drogue avec eux mais pour leur expliquer pourquoi j’avais changé et comment j’avais été capable de le faire. Je me sentais responsable, car j’avais entraîné nombre d’entre eux à prendre de la drogue, après quoi ils étaient devenus mes clients. Je dois avoir contacté au moins trois cents anciens amis, et je pense que finalement certains réagiront favorablement aux vérités bibliques.
Une des premières personnes avec qui j’ai étudié la Bible était l’un de mes principaux clients. Je lui avais montré comment s’injecter de l’héroïne par voie intraveineuse, tenant son bras et lui faisant moi-même les premières piqûres. Les membres de sa famille étaient si impressionnés par mon changement qu’eux aussi participaient à l’étude. Cependant, mon ancien compagnon ne voulut pas quitter sa mauvaise voie. Jusqu’ici, six au moins de ceux que j’ai fréquentés autrefois sont morts à cause de la drogue. Mais un autre a bien réagi. La façon dont nous nous sommes retrouvés est d’ailleurs assez curieuse.
Je participais à la prédication de porte en porte et je venais juste de quitter une maison quand un garçon aux cheveux longs remonta l’allée en courant. Je me suis présenté, après quoi il m’a dit immédiatement : “Quel est votre nom, dites-vous ?” Lorsque je l’ai répété, il s’est exclamé : “Non, ce n’est pas possible, vous n’êtes pas celui de Murray Hill Drive !” Son visage me semblait familier, mais je n’arrivais pas à me le remettre avec précision, quand il m’a dit son nom. Mais oui ! C’est avec lui que j’avais projeté de tuer l’oncle de mon amie. Il refusa de croire que j’étais bien son ancien compagnon tant que je n’eus pas ouvert mon portefeuille pour lui prouver mon identité. Mon aspect avait complètement changé.
J’ai finalement commencé une étude avec lui. Il a bien progressé, a cessé de se droguer et a été baptisé au début de 1972. L’été dernier, nous avons raconté notre histoire à l’assemblée des témoins de Jéhovah de Pittsburgh. Nous avons aussi eu l’occasion de parler du problème de la drogue dans des écoles et d’expliquer pourquoi il fallait s’en garder. Des adolescents, qui connaissaient mon passé de toxicomane, avaient demandé à leurs professeurs d’organiser ces conférences.
Par exemple, en novembre 1972, nous avons parlé devant plus de 600 élèves d’une école professionnelle. Ils furent très attentifs et acceptèrent plus de cent livres et une centaine de périodiques, qui expliquaient davantage encore la foi et l’espérance qui nous ont permis de vaincre la drogue. Le 5 décembre 1972, j’ai reçu une chemise contenant une soixantaine de lettres provenant de ces étudiants. Ils étaient favorablement impressionnés, mais la plupart ne pouvaient croire que nous avions été des toxicomanes aussi invétérés. Il leur semblait que personne ne pouvait opérer un pareil changement.
Les preuves
C’est là l’opinion courante. Par exemple, Charles O’Toole, responsable de la sécurité à l’école primaire de Seattle, affirma : “On ne guérit pas de la toxicomanie.” De même, William A. Friednamer, chef de la Section des stupéfiants, à Youngstown, m’a déclaré que durant toutes ses années de service, il n’avait jamais vu un héroïnomane abandonner la drogue pendant plus de trois ou quatre mois. “Mais maintenant, il y a vous”, ajouta-t-il presque incrédule.
Il est donc compréhensible que beaucoup de gens soient sceptiques quand je raconte comment j’ai pu m’affranchir de l’esclavage de la drogue. C’est pourquoi, dans le courant de l’année passée, j’ai rendu visite à quantité de gens qui m’avaient connu en tant que toxicomane, y compris des officiers de police, des délégués à la liberté surveillée, des surveillants de prison, des juges, des avocats, des psychologues, des psychiatres, des médecins, etc. Je leur ai expliqué pourquoi j’étais venu les voir et je leur ai demandé leur opinion.
La plupart ne pouvaient pas croire que j’étais la personne qu’ils avaient connue. Ils connaissaient mon nom, bien sûr, il était tristement célèbre. Néanmoins, à maintes reprises, j’ai dû prouver mon identité. Presque tous m’ont posé des questions du genre de celles-ci : “Depuis combien de temps avez-vous cessé de faire usage de la drogue ? Comment est-ce possible ? Qu’est-ce qui vous a fait changer ?” J’étais heureux d’avoir l’occasion de le leur expliquer.
La véritable solution
Denny Corodo est l’un des officiers de police que j’ai visités. Il était présent lors de mon arrestation pour le cambriolage de la pharmacie. Il est maintenant capitaine et il s’occupe uniquement de donner des conférences sur le problème de la drogue, dans les écoles secondaires et autres communautés. “Vous avez vraiment changé ; je n’arrive pas à le croire, ne cessait-il de dire. Quelque chose a dû vous arriver, quelque chose que vous avez soudain compris et qui vous a influencé mentalement.”
Je lui ai dit qu’il avait raison et que j’en étais venu à comprendre que j’avais des comptes à rendre à mon Créateur. Cette conviction n’a pas seulement pénétré mon esprit, lui ai-je dit, elle s’est implantée dans mon cœur. Le désir de servir Dieu en a chassé l’immoralité, la toxicomanie et d’autres choses semblables ; il est pour moi un mobile puissant qui me donne la force de faire ce qui est bien.
Le 1er mars 1973, j’avais rendez-vous avec le Dr Firestone, le médecin de l’hôpital Sainte-Elisabeth qui m’avait soigné pendant que je souffrais des symptômes du manque. Quand il m’a vu, il s’est exclamé : “Je ne peux pas croire que c’est vous !” Il m’a demandé s’il pouvait aller chercher d’autres médecins de l’hôpital, qui connaissaient mon cas. Eux aussi étaient stupéfaits. “Comment avez-vous fait pour sortir de ce pétrin ?”, m’ont-ils demandé.
Je leur ai expliqué que j’avais finalement compris que je n’étais pas le maître de ma destinée. Trop souvent je m’étais retrouvé dans une impasse. Je suivais mes propres conceptions ; j’avais l’impression que j’étais comme Dieu, que je pouvais établir mes propres lois et faire tout ce que je voulais, en recherchant uniquement les plaisirs. Puis, ai-je ajouté, grâce à une étude de la Bible, j’ai appris à avoir une crainte salutaire de mon Créateur. J’ai aussi constaté qu’il existe un groupe de gens qui vivent réellement selon les enseignements de la Bible ; ce sont les témoins de Jéhovah.
“En quoi les témoins de Jéhovah sont-ils différents des autres religions ?”, m’a-t-on demandé ensuite. J’ai expliqué qu’en étudiant la Bible avec les témoins de Jéhovah, j’ai pu voir clairement quel est le merveilleux dessein de Dieu à l’égard de l’humanité. J’ai compris, par exemple, quelle est la condition des morts, que nous pouvons attendre avec confiance la résurrection et que la terre redeviendra un paradis sous la direction du Royaume de Dieu. C’est la foi absolue en ces choses qui m’a permis de vaincre la drogue.
J’ai encore déclaré aux médecins que j’avais examiné d’autres religions, y compris le bouddhisme, et que j’avais été élevé dans la religion catholique. Mais on ne trouve vraiment rien de solide dans ces religions : ni conviction, ni espoir réel, ni véritable foi dans le Créateur, Jéhovah Dieu. C’est pourquoi elles sont incapables de donner à la jeunesse les mobiles indispensables pour renoncer à la drogue.
Depuis environ trois ans, je sers comme prédicateur à plein temps et je me suis aperçu que je ne suis pas le seul à avoir effectué pareil changement. J’ai de nombreux vrais amis qui, après avoir étudié la Bible avec les témoins de Jéhovah et appris à connaître leur Créateur, se sont libérés de l’esclavage de la drogue. Puisqu’ils ont pu le faire, d’autres toxicomanes peuvent à leur tour vaincre la drogue. Manifestement, la pratique de la vraie religion est la solution au problème de la drogue. — D’un de nos lecteurs.
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Seringues infectéesRéveillez-vous ! 1974 | 8 mars
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Seringues infectées
L’épidémie de toxicomanie a eu pour résultat un accroissement du nombre des maladies infectieuses. La cause en est l’usage d’aiguilles et de seringues contaminées. Des piqûres répétées détruisent la barrière protectrice de la peau et ouvrent la voie aux germes pathogènes. Dans une ville, vingt-quatre jeunes adultes moururent en un an d’une maladie cardiaque infectieuse. Dans le cas d’une jeune fille, qui s’était piquée au moyen d’aiguilles contaminées, les bactéries traversèrent la peau et, passant dans les veines, allèrent se loger dans une valvule du cœur. Malgré un traitement massif aux antibiotiques, elle succomba.
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