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Les assemblées du “ Royaume triomphant ” de 1955La Tour de Garde 1956 | 15 août
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troisième fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’il était question des témoins de Jéhovah à la radio des Pays-Bas.
Samedi soir, le vice-président de la Société arriva par avion à Amsterdam et en voiture à La Haye pour succéder à d’autres membres du Béthel de Brooklyn, à des diplômés de Galaad et à des orateurs de souche hollandaise sur le programme de la journée. Son discours ayant pour thème “ Prenez garde à la cuve de la colère divine ” fut traduit en hollandais et se termina par la présentation de la nouvelle brochure en hollandais Raisons de croire en un monde nouveau. Celle-ci fut accueillie avec une vive appréciation par les 9 604 assistants. Durant la journée, 2 272 des congressistes participèrent au service dans le champ.
Le soleil et la chaleur baignèrent la dernière journée de l’assemblée. Il y eut, le dimanche matin, une belle assistance de 8 844 personnes ; elles entendirent les quatre discours prévus, précédés d’une demi-heure consacrée à la discussion du texte biblique du jour, aux cantiques et expériences. Des messages d’autres pays (Corée du Sud, etc.) furent lus à la joie de l’assistance.
L’agitation grandissait au fur et à mesure que le grand événement public approchait. La conférence “ Conquête prochaine
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J’ai vécu en exil en SibérieLa Tour de Garde 1956 | 15 août
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voix forte qu’ils chantaient les cantiques du Royaume, mais, plus tard, les soldats soviétiques interdirent même cela.
Au bout de treize jours, voyageant jour et nuit, tous les témoins de Jéhovah arrivèrent à destination. Là, on leur fit savoir : “ En tant qu’ennemis de l’État, vous êtes exilés pour la vie en Sibérie. Abandonnez tout espoir de retourner jamais dans votre pays natal. ”
Les témoins de Jéhovah furent alors dispersés, en qualité d’esclaves de travail, dans différentes fermes collectives, entre Tomsk et Irkoutsk, et quelques-uns même au delà de ce territoire. Ce fut seulement la protection et l’aide de Jéhovah qui nous donnèrent la force de faire face à cette situation. Devant nous s’offrait une vie hantée par la faim. Les provisions que certains de nous avaient emportées furent bientôt épuisées. Les fermes collectives ne se trouvaient pas en bon état. Les chefs de ces centres d’agitation soviétiques ne furent pas disposés à fournir du pain aux victimes sous-alimentées avant la nouvelle moisson. Des œuvres de bienfaisance n’existent pas dans le “ paradis soviétique ”.
Cependant, en pareilles circonstances, l’amour fraternel intervient parmi les témoins de Jéhovah. C’est ainsi que même les plus malheureux reçurent une part de la maigre nourriture que nous avions. Au cours des deux premières années, un certain nombre des exilés moururent par suite des cruelles souffrances qui leur furent imposées. Un travail très pénible incombait aux femmes. Pendant l’hiver, la neige couvrant le sol, on les envoyait couper du bois dans la forêt, parce que le temps manquait pour faire ce travail pendant la courte saison d’été. En Sibérie, les hivers durent sept mois sans interruption. On ne connaît ni le printemps ni l’automne. À cela viennent s’ajouter les périodes de froid, où la température descend à 45 degrés (Celsius) au-dessous de zéro. On a un grand besoin de combustible dans cette région, c’est l’un des grands problèmes pour les exilés en Sibérie. Il existe d’immenses forêts dans ce pays, mais c’est une tâche très difficile d’amener le bois de la forêt jusqu’à votre demeure. En réalité, pour ramasser le bois de chauffage, une personne doit avoir un cheval et un traîneau, mais ces malheureuses gens déplacées devaient prier, supplier même le chef de la ferme collective pour qu’il leur accordât une aide de ce genre. Pareille vie est presque insupportable pour les plus âgés. Leur force ne leur permet pas d’accomplir le travail de la ferme, et, lorsqu’on a soixante ou soixante-dix ans, porter jusqu’à la maison une charge de bois de chauffage sur le dos n’est pas une besogne facile.
Cela me fait mal de parler de la question du logement en Sibérie. Pendant la majeure partie de mon temps passé en exil, j’ai vécu dans une seule pièce, avec quatre familles, y compris les enfants. En dehors de cela, nous avions une petite cuisine avec un poêle de fortune, en fer blanc, sur lequel nous devions cuire nos aliments. Quand la neige fondait, notre maison était inondée. Dans toutes ces afflictions, les témoins de Jéhovah en exil s’aidaient les uns les autres chaque fois qu’ils le pouvaient. Certains d’entre eux se mirent à construire leurs propres petites huttes en dehors des heures de travail dans les fermes. Bien qu’ils fussent en mesure de bâtir leurs propres maisons et de les rendre un peu plus habitables, il y avait encore beaucoup à désirer.
Tandis que je me trouvais dans l’un de ces camps d’esclaves en Sibérie, les deux premières années, le salaire journalier d’un ouvrier, homme ou femme, dans une ferme collective, était de un demi à un kilo de grain. Depuis la mort de Staline, le niveau de vie s’est amélioré quelque peu. La portion de grain a augmenté et une petite somme d’argent a été allouée aux travailleurs-esclaves, de sorte que maintenant ils n’ont plus à souffrir de la faim et du gel autant qu’autrefois. Au milieu de ces conditions, les témoins de Jéhovah continuent cependant à étudier la Parole de Dieu quand ils en ont l’occasion, et ils comptent beaucoup sur leur mémoire, se parlant les uns aux autres et se réconfortant quand cela leur est possible. Notre supplication reste la suivante : “ Si seulement nous avions des Bibles et des Tour de Garde récentes ! ”
Tous les témoins de Jéhovah de ces camps d’esclaves, de toute la Russie, ne cessent de prier Jéhovah Dieu et de croire fermement qu’un jour ils seront affranchis de ces conditions. Dans ces camps de prisonniers et à l’extérieur, dans tout le pays, le peuple russe accepte la vérité en nombre sans cesse croissant. Une sœur rapporte : “ J’ai à m’occuper d’environ trente étudiantes qui boivent avidement chaque parole que je prononce sur le Royaume. ” Aujourd’hui, beaucoup de gens en Russie veulent être renseignés au sujet du royaume de Dieu et sont avides d’entendre la vérité. C’est toujours une joie de lire une lettre d’autres proclamateurs de Russie et d’entendre leurs expériences dans les camps de prisonniers. Le fait qu’ils ont été condamnés à la prison les a rapprochés plus étroitement les uns des autres et de Jéhovah. De jour en jour, chacun reçoit une meilleure compréhension de l’organisation théocratique de Jéhovah, et tous sont plus que jamais résolus à présenter au grand Juge la preuve de leur fidélité dans la prédication. Par la bonté imméritée de Jéhovah, ils sont déterminés à maintenir leur intégrité et à se montrer dignes de la vie éternelle.
Je sais que ces personnes déplacées dans les fermes collectives ne cachent pas leur lumière sous un boisseau. Ils la laissent plutôt briller.
En novembre 1954, le journal la Pravda de Moscou fit paraître la déclaration suivante d’un chef bien connu du parti communiste : “ Aujourd’hui, le communisme s’est tellement implanté à travers le monde qu’on peut cesser le combat contre les différentes religions. Dans le passé, après notre ascension au pouvoir, ce combat était nécessaire. Maintenant cependant, depuis que la jeunesse a été convenablement éduquée, chacun doit assurément en venir à la conclusion que le communisme seul peut apporter la paix véritable et la prospérité à l’humanité. ” Mais les témoins de Jéhovah sont fermement convaincus que la paix véritable et la prospérité pour toute l’humanité ne seront réalisées que par le royaume de Dieu, maintenant proche, sous la domination de leur grand Prince de paix, Jésus-Christ.
J’aurai bientôt soixante-dix-sept ans. Je fus touché par la Société, par l’intermédiaire de ses ministres, quelques mois avant le commencement de la Première Guerre mondiale en 1914. J’ai eu le privilège d’être l’un des ministres de Dieu au cours de toutes ces années, et maintenant que je suis rentré de Russie mon seul désir est de passer le reste de ma vie terrestre dans le service de Jéhovah.
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