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Des Cubains en quête d’une terre d’asileRéveillez-vous ! 1981 | 22 juin
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Des Cubains en quête d’une terre d’asile
AU DÉBUT de l’année 1980, un groupe de Cubains à bord d’un camion pénétrèrent de force dans l’ambassade du Pérou à La Havane. Ils se réfugiaient là pour obtenir asile et tenter de quitter par la suite le pays. Peu de temps après, le gouvernement cubain annonça que quiconque désirait partir au Pérou serait libre de le faire.
En 48 heures, plus de 10 000 personnes envahirent le périmètre de l’ambassade avec l’espoir de quitter Cuba. Pendant des semaines, l’actualité internationale traita ce sujet tandis que des dizaines de milliers d’autres personnes étaient autorisées à partir. À eux seuls, les États-Unis ont accueilli environ 120 000 Cubains.
Le problème des réfugiés cubains n’est pas récent. Depuis des années, des centaines de milliers de personnes ont quitté l’île et plusieurs pays leur ont offert asile: la Bolivie, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, l’Espagne, les États-Unis, le Pérou et le Venezuela. D’autres nations se sont également proposé de les accueillir.
Pourquoi quittent-ils leur pays?
Pourquoi ces réfugiés ont-ils fui Cuba? Pour bien des raisons. Certains d’entre eux pensaient connaître une vie meilleure sous d’autres cieux. D’autres se sont attirés des difficultés parce qu’ils ne se ralliaient pas à la politique du régime, et ils ont fui le pays pour échapper aux ennuis qui s’ensuivraient.
Au cours de l’année dernière, le gouvernement cubain a saisi l’occasion de se débarrasser massivement de ceux qu’il jugeait indésirables. Après que le flot des réfugiés eut commencé à partir, on fit sortir de prison les malfaiteurs et on les embarqua de force sur des bateaux pour leur faire quitter le pays. D’autres personnes, jugées politiquement dangereuses, vécurent cette même expérience. Certains qui étaient connus comme homosexuels furent également contraints de partir.
D’autres réfugiés
Cependant, parmi les personnes qui quittèrent Cuba en 1980, environ 3 000 furent chassées pour une tout autre raison. À ce sujet, voici ce que précise un journal de York (News-Times) dans le Nebraska (États-Unis): “L’arrivée aux États-Unis des groupes de malfaiteurs et d’homosexuels cubains à bord de bateaux de réfugiés, a eu un grand retentissement, mais il existe un autre groupement resté plus anonyme dont le seul crime est de continuer d’adorer Dieu à sa manière malgré l’interdiction qui a frappé leur secte, voilà cinq ans.”
Ce journal identifia ce groupement aux Témoins de Jéhovah et il ajouta: “Précédemment, les Témoins de Jéhovah ont souffert cruellement sous des dictatures parce qu’ils ont refusé de porter les armes et de participer à la politique, leurs croyances ne leur permettant pas de faire ces choses. Sous l’Allemagne nazie, les Témoins connurent les chambres à gaz tout comme les Juifs et ceux dont l’existence était jugée ‘indésirable’.”
Mais dans quelles circonstances ont-ils dû quitter Cuba? Quelles conditions ont-ils endurées? Qu’abandonnent-ils derrière eux? Laissons ces réfugiés conter leur histoire.
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Le récit de réfugiés cubainsRéveillez-vous ! 1981 | 22 juin
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Le récit de réfugiés cubains
JOSÉ Tunidor est le cas type du Témoin de Jéhovah qui a été contraint de quitter Cuba. Voici ce qu’il raconte:
“En décembre 1978, je reçus la visite de la police qui m’embarqua sans aucune explication. Je me retrouvai en prison avec un autre Témoin de Jéhovah, Ernesto Alfonso. Lui aussi ignorait pourquoi on l’avait mis là.
“Puis, on me ramena chez moi et la maison fut fouillée. La police saisit tous mes écrits bibliques ainsi que ma machine à écrire. De retour à la prison, j’appris que la maison d’Ernesto avait connu le même sort. Pour quel motif? On nous a accusé d’être antisociaux parce que nous croyons en la Bible et que nous parlons avec autrui des vérités qu’elle contient. On nous jugea dangereux et le tribunal nous condamna à trois ans de prison.”
José fut conduit à la prison d’Aguica, près de Colón, dans la province de Matanzas. Il a travaillé dans cette prison jusqu’à ce qu’on le transfère dans une plantation de canne à sucre. Puis les autorités l’ont expulsé de Cuba. On l’a amené à La Cabaña, la célèbre forteresse de La Havane. De là, il a été conduit près de Port Mariel où on l’a embarqué pour les États-Unis.
Bien que beaucoup de Témoins de Jéhovah aient été contraints de quitter le pays alors qu’ils étaient emprisonnés, d’autres ont fait l’objet de rafles pour être ensuite expulsés. Ils n’ont rien pu emporter avec eux, et parfois ils n’ont même pas pu dire au revoir à leurs proches. Voici ce que raconte Herminio Arroyo:
“La police a fait une descente chez nous à trois heures du matin. Nous étions couchés. Les agents avaient des mandats d’arrêt et ils nous ont demandé de nous habiller. On nous conduisit au bureau de l’immigration et, là, on nous fouilla entièrement pour essayer de trouver des objets de valeur. Le même jour, vers 18 heures, avec 300 autres personnes, nous avons été embarqués sur un crevettier, et notre voyage pour les États-Unis a commencé.”
Bien d’autres Témoins de Jéhovah ont connu pareilles expériences: irruption de la police à l’aube ou même avant, pour les expulser du pays. Départ précipité avec pour tout bien ce qu’ils avaient sur le dos. Confiscation des objets de valeur et même des alliances.
Qu’un gouvernement désire se débarrasser des malfaiteurs et des gens indésirables peut se concevoir, mais pourquoi ce besoin pressant d’expulser du pays ce groupe de chrétiens sincères? Quelle est l’origine de cette situation?
Début de la persécution
En 1962, le gouvernement cubain suspendit l’importation des écrits bibliques des Témoins de Jéhovah. L’État décréta que ces publications étaient “pernicieuses, réactionnaires et pro-impérialistes”. Ceux qui connaissent l’œuvre des Témoins de Jéhovah savent bien qu’il n’en est rien. Les Témoins de Jéhovah de Cuba sont les mêmes personnes honnêtes et braves qui sont connues sous toutes les latitudes pour leur bonne conduite.
Cependant, la persécution s’intensifia. Luis Alcantur, aujourd’hui réfugié aux États-Unis, s’en souvient: “En novembre 1965, une attaque de grande envergure fut menée contre les Témoins de Jéhovah et en particulier contre les jeunes en âge d’aller à l’armée. Des centaines de jeunes chrétiens se retrouvèrent dans différents camps de concentration, situés pour la plupart dans la province de Camagüey.”
Luis Alcantur raconte le tout début de ses années d’emprisonnement: “Pendant douze jours, ils ne nous ont rien donné à manger et nous avions de l’eau une seule fois par jour. Nous étions parqués debout, exposés au soleil, à la pluie et aux moustiques. Le onzième jour, ils nous ont immergé dans une citerne remplie d’eau.”
À l’époque, Luis avait 19 ans. On l’avait emprisonné parce qu’il avait refusé d’accomplir ses obligations militaires.
Alberto Sanchez, un autre réfugié, raconte comment il a été traité: “Comme nous ne transigions pas avec notre foi, on nous a battus, on nous a jeté de l’eau glacée pendant la nuit et on a attaché et traîné certains d’entre nous avec des jougs autour du cou. En une certaine occasion, ils ont braqué une arme sur ma tempe et ils m’ont dit d’avancer sans quoi ils tireraient. Par deux fois, des pelotons d’exécution ont été formés et nous avons été tenus en joue. L’ordre de nous fusiller a même été donné, mais ils n’ont pas tiré.
“On a forcé certains Témoins à vivre dans des locaux disciplinaires où seuls les homosexuels étaient enfermés. Mais après avoir expliqué aux détenus leur position de chrétiens, telle que la Bible l’enseigne, les Témoins ont été respectés. Cela eut seulement pour effet d’accroître la haine des militaires contre les Témoins.”
Dans d’autres camps, beaucoup de Témoins ont été affreusement traités. Ils ont connu les souffrances de la faim, de la nudité, des moustiques, et ils ont souffert cruellement du froid pendant les nuits d’hiver. On les a maintenus dans l’isolement et une menace de mort a toujours plané sur eux. Ursulo Brito, l’un de ces Témoins, a été pendu au plafond par les pieds pendant quelque temps.
La persécution s’étend
En 1968, le gouvernement intensifia la persécution. Les Témoins de Jéhovah furent l’objet d’attaques permanentes, tant dans la presse que sur les ondes et à la télévision. On les présenta sous un jour défavorable comme des assassins, des fanatiques et des agents subversifs, et on porta contre eux beaucoup d’autres accusations infâmes et mensongères. Par suite de cette campagne, la situation devint tendue même sur les lieux de travail. Un grand nombre de Témoins perdirent de bons emplois et en aucun cas ils ne purent faire appel de ces décisions. Ils furent contraints de prendre des emplois très mal rémunérés et méprisés de tous.
Outre ces attaques systématiques, le gouvernement édicta de nouvelles lois qui frappaient d’une peine d’emprisonnement tout père, toute mère et tout enseignant qui aurait appris aux enfants ce que la loi nomma “un manque de respect pour les emblèmes et les organisations patriotiques”. Les Témoins de Jéhovah n’enseignent pas un tel “manque de respect”. Mais le gouvernement taxa d’irrespectueux ce qu’ils enseignent sur la Bible, savoir: “C’est Jéhovah, ton Dieu, que tu devras adorer, et c’est lui seul que tu devras servir par un service sacré”, et aussi: “Petits enfants, gardez-vous des idoles.” — Mat. 4:10; I Jean 5:21.
Nombreux furent les pères et les mères de famille emprisonnés pour avoir suivi les instructions de la Parole de Dieu qui encouragent à ‘élever le garçon selon la voie pour lui’ en inculquant à l’enfant les principes du vrai culte (Prov. 22:6; Éph. 6:4). Une des filles de Herminio Arroyo s’en souvient: “Lorsque les enfants refusaient de saluer le drapeau, les autres élèves les traitaient durement et les professeurs appelaient souvent les autorités. À la suite de cela, les parents étaient condamnés à une peine de trois à six mois de prison.”
Les perquisitions
À de nombreuses reprises, les autorités perquisitionnèrent au domicile des Témoins. Elles cherchaient des éléments pour les accuser. À propos de l’une de ces investigations policières, Luis Alcantur raconte:
“Le 30 mars 1977, vers 17 heures, des agents de la Sécurité d’État (la police secrète) vinrent chez moi. À cette époque-là, leur méthode consistait à entrer et à fouiller à plusieurs la maison. L’un des agents cachait alors de la drogue ou des armes dans un endroit tandis qu’un autre prétendait les avoir découvert. De cette façon, ils étaient en mesure de nous accuser faussement.
“La perquisition s’acheva vers 23 heures. Les agents emportèrent avec eux ce qu’ils voulurent, y compris des objets personnels comme un rasoir électrique, des vêtements et de l’argent. Ils prirent aussi ma machine à écrire ainsi que des écrits bibliques. On m’accusa de posséder un document contre-révolutionnaire, mais cela ne fut pas retenu au cours du procès.”
On fait fi de la constitution
En considérant les deux décennies écoulées, il apparaît clairement que le gouvernement cubain a tenté de réduire à néant les Témoins de Jéhovah. Cristo Leon, l’un des réfugiés, a qualifié cette action “d’agression systématique du gouvernement cubain contre notre culte”. L’interdiction a frappé les Témoins de Jéhovah et l’importation de leurs imprimés. On a ordonné la fermeture des bureaux de leur filiale ainsi que de leurs lieux de culte. Leur prédication publique a été rendue illégale et on a prononcé contre eux des milliers de peines d’emprisonnement.
Cette attaque, qui est menée maintenant depuis vingt ans, viole, on ne peut plus nettement, la constitution de la république de Cuba, constitution qui “garantit” la liberté des cultes. L’article 54 énonce expressément ce droit: “L’État socialiste, qui fonde son action et qui éduque le peuple selon le concept d’un univers scientifique et matérialiste, reconnaît et garantit à chacun la liberté de conscience et le droit de faire profession de n’importe quelle religion ainsi que de pratiquer la croyance de son choix, dans les limites du respect de la loi.”
Ceux qui connaissent bien les Témoins de Jéhovah savent que le respect de la loi fait partie intégrante de leurs croyances religieuses. Ils sont connus sur toute la terre comme des gens respectueux des lois. En conséquence, on aurait dû les autoriser à ‘faire profession de leur religion et à la pratiquer’ comme c’est le cas dans la plupart des autres pays.
Et les autres religions?
L’attitude du gouvernement cubain contre les Témoins de Jéhovah suscite cette interrogation: Ce gouvernement persécute-t-il les autres religions?
À Cuba, il y a de nombreuses églises catholiques ouvertes aux fidèles. Il en est de même pour les temples protestants. Mais les lieux de réunion des Témoins de Jéhovah, eux, sont fermés par décret du gouvernement. Pourquoi y a-t-il donc deux poids, deux mesures?
Il est vrai que, pendant un temps, le gouvernement a fait pression sur certains autres groupements religieux. Mais ils se sont rapidement compromis et ont accepté d’être utilisés à des fins politiques. Les Témoins de Jéhovah ne peuvent se soumettre à pareille chose, car cela violerait leur foi. C’est pourquoi ils ont dû endurer la persécution violente au cours de toutes ces années.
Une question reste pourtant en suspens. Pourquoi les Témoins de Jéhovah suivent-ils un mode de vie religieux qui est pour eux la cause de tant de souffrances dans un pays comme Cuba?
Comment leur est-il possible de supporter pareille épreuve pendant une si longue période de temps, tout en restant fidèlement attachés à leurs croyances?
[Entrefilet, page 5]
“On nous a accusés d’être antisociaux parce que nous croyons en la Bible et que nous parlons avec autrui des vérités qu’elle contient.”
[Entrefilet, page 6]
Départ précipité avec pour tout bien ce qu’ils avaient sur le dos. Confiscation des objets de valeur et même des alliances.
[Entrefilet, page 7]
Nombreux furent les pères et les mères de famille emprisonnés pour avoir suivi les instructions de la Parole de Dieu qui encouragent à ‘élever le garçon selon la voie pour lui’.
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Ils sont restés inébranlablesRéveillez-vous ! 1981 | 22 juin
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Ils sont restés inébranlables
CUBA est loin d’être le seul pays où les Témoins de Jéhovah sont persécutés. Leur œuvre est interdite en Union soviétique, en Chine et dans d’autres pays communistes. Ces dernières années, ils ont été également persécutés en Argentine. Au Malawi, pendant de nombreuses années, plusieurs vagues de persécutions atroces se sont déchaînées contre eux. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, on a tenté de les exterminer en Allemagne nazie et beaucoup de Témoins moururent dans les camps.
Toutefois, la persécution contre les Témoins de Jéhovah n’est pas un fait nouveau. On les a accusés d’être séditieux et antisociaux, et cela non plus ne date pas d’hier. La Bible nous l’apprend, d’autres fidèles serviteurs de Dieu endurèrent la persécution et furent aussi faussement accusés. — Jean 19:12; Actes 16:19-21.
La neutralité
Ce que certaines nations n’ont pu comprendre, c’est que les Témoins de Jéhovah sont neutres quant aux affaires politiques. Là où ils habitent, ils ne se mêlent pas de politique ni ne causent du tort aux systèmes en place. Certaines nations interprètent mal l’attitude des Témoins et pensent qu’ils sont subversifs puisqu’ils ne participent pas aux guerres et ne rendent pas un culte aux emblèmes patriotiques, ce que les Témoins considéreraient comme un acte d’adoration.
Mais il leur est impossible d’agir de façon subversive. Un tel comportement serait contraire aux principes élevés de la Bible qui sont leurs. Si ceux qui ont des doutes à ce sujet s’informaient avec soin et sans partialité, ils constateraient que les Témoins de Jéhovah n’ont jamais fomenté de révoltes contre un gouvernement quelconque et qu’ils n’ont jamais ourdi de complots ni même incité les autres à le faire. Bien au contraire, ils blâmeraient sévèrement celui de leurs membres qui violerait les lois du pays concernant la conduite morale, le paiement des impôts et les autres responsabilités civiques. C’est pourquoi, dans chaque pays, on constate que les Témoins sont parmi les citoyens les plus soumis aux lois.
Les Témoins de Jéhovah ne croient pas que les problèmes de l’humanité seront résolus par les guerres, car la Parole de Dieu, la Bible, ne le dit pas. Bien au contraire, la promesse divine concerne une époque où “une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et ils n’apprendront plus la guerre”. (És. 2:4.) Dès à présent, les Témoins de Jéhovah obéissent au principe fondamental de cette prophétie. Ils vivent en harmonie avec le conseil de l’apôtre Paul contenu en Romains 12:18: “Pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes.”
Cela n’est pas nouveau. À propos de la conduite des chrétiens du premier siècle, Edward Gibbon fait ce commentaire dans le livre Histoire du christianisme (angl.): “Ils refusaient de prendre part à l’administration civile ou à la défense militaire de l’empire. (...) Mais les chrétiens, à moins de renoncer à l’exercice d’un devoir plus sacré, ne pouvaient se soumettre aux fonctions de soldats, de magistrats ou de princes.”
Toutefois, à la différence de beaucoup d’autres pays, Cuba ne prévoit aucune disposition pour l’exemption de ceux qui, par motif de conscience, ne peuvent accomplir leur service militaire. Par voie de conséquence, les jeunes chrétiens de Cuba ont souffert cruellement pour avoir maintenu leur fidélité aux principes contenus dans la Parole de Dieu. Les milliers de Témoins de Jéhovah encore à Cuba continuent de souffrir en raison de leur attachement aux lois divines.
Pourtant des gouvernements comme celui de Cuba devraient s’interroger ainsi: Qu’arriverait-il si tout le monde s’abstenait de prendre part aux guerres comme le font les Témoins de Jéhovah? La réponse est évidente: La guerre disparaîtrait pour toujours. À l’échelle mondiale, dès à présent la guerre a disparu parmi des millions de Témoins de Jéhovah et elle sera totalement supprimée de la terre dans le nouvel ordre de choses où Dieu exercera la justice. — Jean 13:34, 35; II Pierre 3:13.
En prison, ils gagnent le respect
L’emprisonnement des Témoins de Jéhovah exigeait d’eux qu’ils manifestent leur intégrité envers Dieu. C’est ce qu’ils ont fait et, par la même occasion, ils ont aussi partagé leur espérance avec d’autres prisonniers.
Samuel Izquierdo nous raconte ce qui s’est passé à la suite de son emprisonnement: “Je leur ai répondu que ma conscience ne m’autorisait pas à me soumettre à leurs préceptes politiques et que je ne pouvais accepter l’entraînement militaire. L’officier qui traitait mon affaire vociféra l’ordre de m’enfermer dans une cellule.
“Elle était construite en bois et mesurait à peine plus d’un mètre carré sur 1,50 m de haut. Je ne pouvais m’y tenir debout. Ils avaient répandu des excréments humains sur le sol et ils m’avaient enfermé là, dévêtu et pieds nus. L’odeur était absolument infecte.”
Mais ce Témoin explique comment il a pu maintenir son intégrité malgré ces conditions: “Pendant tout ce temps, j’ai pu garder avec moi une petite Bible qui comprenait uniquement la portion des Écritures grecques. Bien qu’ils aient trouvé ce livre lors d’une fouille, ils n’attachèrent aucune importance au petit livre comme ils l’avaient eux-mêmes appelé. Dès le premier jour où j’ai été mis en contact avec d’autres prisonniers, j’ai commencé à leur parler de l’espérance biblique d’un nouvel ordre de choses dirigé par Dieu. Plus de dix prisonniers étaient rassemblés avec moi. Je leur lisais la Bible et, comme ils le reconnurent eux-mêmes, je leur apportais un réconfort moral. Cela m’aida à rester spirituellement fort. Les prisonniers me témoignèrent du respect comme ils l’auraient fait pour un ministre du culte. Dans cette prison, les soldats finirent par me juger inoffensif et ils cessèrent de me malmener.”
Les réunions
La Bible ordonne aux chrétiens de ne pas “abandonner le rassemblement de nous-mêmes”. (Héb. 10:24, 25.) Si les lois cubaines interdisent aux Témoins de Jéhovah de se réunir librement, elles ne peuvent pour autant les empêcher de le faire autrement. Même en prison, ils trouvent le moyen de se réunir.
Eduardo Aboud raconte: “On éprouvait beaucoup de joie à se réunir en secret dans un endroit du camp pour y tenir des discussions bibliques. Chaque jour, l’un d’entre nous citait un passage biblique à commenter. Nous nous racontions les uns aux autres diverses expériences et les épreuves auxquelles notre foi avait été soumise et que nous avions pu surmonter. Puis nous étudiions la manière d’endurer les difficultés qui étaient susceptibles de surgir le lendemain.
“Nous avons tous eu la possibilité de parler du dessein de Dieu aux autres prisonniers qui n’étaient pas Témoins. Il y avait un Témoin dans chacun des baraquements du camp, et chaque Témoin considérait le baraquement comme son ‘territoire’ de prédication. Ainsi, je pus conduire deux études bibliques hebdomadaires en utilisant des connaissances apprises précédemment, puisque dans cette prison nous ne disposions d’aucun écrit, pas même d’une Bible. Néanmoins, chaque mois nous déployions une activité excellente en parlant des vérités bibliques aux prisonniers.”
Au-dehors, les réunions des Témoins de Jéhovah furent interdites. Des groupuscules ou même parfois la foule attaquèrent les Salles du Royaume. Les hommes, les femmes et les enfants qui s’y trouvaient furent battus. Les entrevues avec les autorités provinciales et les représentants du ministère de l’Intérieur se révélèrent inutiles. La même phrase revenait toujours dans leurs propos: “Nous avons des ordres de La Havane.”
Interdiction de l’activité de maison en maison
Outre la fermeture des Salles du Royaume, les autorités tentèrent d’empêcher les Témoins de Jéhovah d’accomplir leur activité de prédication dans les maisons. Chaque semaine, des milliers de Témoins furent arrêtés au cours de leur activité et ils furent condamnés à payer une amende ou à la prison.
Pourtant, les Témoins de Jéhovah de Cuba obéissent de nos jours à l’ordre divin d’annoncer à autrui toutes les bonnes choses qu’ils ont apprises dans la Parole de Dieu (Mat. 24:14; 28:19, 20; Actes 20:20). Ils accomplissent leur activité de bien des façons et ils réagissent comme le firent les chrétiens du premier siècle lorsqu’ils reçurent l’ordre “de ne parler ni d’enseigner nulle part en se servant du nom de Jésus”. En présence des autorités, les premiers chrétiens firent cette réponse: “S’il est juste aux yeux de Dieu de vous écouter plutôt que Dieu, à vous d’en juger. Mais quant à nous, nous ne pouvons cesser de parler des choses que nous avons vues et entendues.” De plus, ils ajoutèrent: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.” — Actes 4:18-20; 5:29.
Comme les réfugiés l’ont rapporté, la fidélité des Témoins de Jéhovah a rendu possible la propagation du nom et du dessein de Jéhovah dans toute l’île de Cuba. Nombre de personnes qui sont désireuses d’entendre la vérité en ont retiré de grands bienfaits, et dans les prisons un grand témoignage a été donné.
Il est à noter cette remarque de Luis Garcia, l’un des réfugiés: “Dans les prisons cubaines, ni l’œuvre ni même le nom de Témoins de Jéhovah n’étaient connus avant l’arrivée des premiers prisonniers Témoins. Avec le temps, un nombre toujours plus important de Témoins ont été emprisonnés. Par voie de conséquence, un témoignage exceptionnel a été donné tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des prisons. Le nom de ‘Témoins de Jéhovah’ est devenu à tous égards synonyme de courage, de bravoure, de fermeté, de fidélité et d’intégrité.”
Un grand nombre de prisonniers ont tiré profit de l’enseignement et de la conduite des Témoins de Jéhovah. Beaucoup de ces détenus ont appris à connaître Dieu et son dessein et ont changé leur vie afin de devenir ses serviteurs. Un homme, condamné pour vol, connut en prison le contenu de la Bible. Voici ce qu’il écrivit à celui qui l’avait enseigné en prison:
“Cher frère, Je souhaite de tout cœur que lorsque ces lignes te parviendront vous soyez, toi et ta famille, en bonne forme tant physique que spirituelle. Je suis en mesure de te dire que tout va bien pour moi. Sur le plan spirituel, je me sens fort et optimiste puisque ma foi grandit de jour en jour. Au fur et à mesure que le temps passe, je comprends mieux les choses et je constate avec un grand plaisir que l’esprit saint de Dieu agit sur moi. Bien que seul, j’ai pu placer très haut le nom du Dieu Tout-puissant puisque j’essaie d’appliquer ses enseignements dans ma vie.
“Pendant le peu de temps passé ensemble, j’ai développé un attachement très grand pour toi, cela malgré mon âge et bien que très attaché aux choses du monde. Auparavant, jamais je n’avais été traité comme tu l’as fait, car tous les gens que je fréquentais autrefois étaient des gens du monde, qui tôt ou tard ont montré leur vraie nature. Par contre, j’ai toujours trouvé chez toi de l’amour, de la sincérité et de la bonté.
“Sur le plan spirituel, tu as été un père pour moi et tu t’es révélé d’une grande aide. L’exemple que tu donnes en tant que serviteur de Dieu m’a également beaucoup aidé et me sera très utile dans l’avenir. Non seulement tu m’as appris ce que la Bible enseigne, mais en plus par ton comportement tu m’as fait connaître la bonne voie à suivre.
“Je ne suis pas encore mûr sur le plan spirituel et je manque de connaissance. Mais malgré ce handicap, je suis prêt à défendre la vérité, car on ne peut la cacher. Parfois je dis moins de choses que j’aimerais en exprimer, mais même avec quelques mots je peux défendre la vérité. Bien que j’aie éprouvé de la tristesse après ta mise en liberté, je suis resté très actif et j’ai parlé de la vérité. Cela a comblé le vide causé par ton absence.
“Je suis très heureux de connaître le dessein et les voies de Dieu. J’ai pris l’engagement de le servir quels que soient le moment et le lieu où je puisse me trouver, même si c’est au prix de ma vie (Luc 9:62; Actes 20:24). Bien qu’éloigné de toi, je n’ai pas oublié tes enseignements. Ton frère et ton ‘fils’ dans la foi. (Signature)”
Assurément, un gouvernement qui observe en toute conscience les serviteurs de Dieu est en mesure de constater les nombreux bienfaits qu’ils apportent à la collectivité. Ceux qui deviennent Témoins de Jéhovah se transforment en les meilleurs citoyens qui soient. Ils prennent un plus grand soin de leur famille, de leurs enfants, de leurs biens et de ceux de leurs semblables. De plus, les Témoins de Jéhovah attachent une importance primordiale à la moralité et à l’honnêteté.
Que souhaitent-ils?
Bien sûr, dans chacun des pays où ils habitent, les Témoins de Jéhovah aimeraient trouver de la compréhension auprès des gouvernements. Ils souhaiteraient pratiquer leur culte librement et joyeusement comme ils peuvent le faire dans la plupart des pays.
Pourtant Cuba ne leur offre pas cette liberté, bien que le désir en ait été exprimé dans un appel adressé le 16 décembre 1978 au gouvernement castriste. À la fin de ce document on pouvait lire: “Nous demandons aux hauts fonctionnaires du gouvernement révolutionnaire et à vous-même de comprendre avec raison notre position et, si cela est conforme à la volonté et aux décisions de Dieu, de nous faire réponse sans retard. La Bible nous exhorte à avoir pareille attitude, car elle déclare en I Timothée 2:1, 2: ‘J’exhorte donc, avant tout, à ce qu’on fasse des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces, à propos d’hommes de toutes sortes, à propos de rois et de tous ceux qui sont hauts placés; afin que nous continuions à mener une vie paisible et calme, avec piété et sérieux parfaits.’”
Toutefois, même si une telle pétition reste lettre morte, les Témoins de Jéhovah de Cuba continueront de servir fidèlement le Dieu Tout-Puissant en dépit de toute opposition, car la Bible déclare: “Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?” (Rom. 8:31). Les Témoins de Jéhovah placent leur confiance en Jéhovah et ils savent qu’il trouvera une solution à leur situation, en son temps et à sa manière.
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