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  • Des chrétiens fuient de cruelles persécutions au Malawi
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Des chrétiens fuient de cruelles persécutions au Malawi

      CES derniers mois, des milliers de chrétiens, hommes, femmes et enfants, ont fui le Malawi, en Afrique orientale.

      Environ 11 600 de ces chrétiens se sont réfugiés au Mozambique, pays voisin. Une dépêche de Zambie parue dans le Daily Telegraph de Londres déclarait qu’à la mi-octobre 8 925 personnes s’étaient réfugiées en Zambie, et que d’autres continuaient à arriver chaque jour. Certaines avaient parcouru à pied jusqu’à 560 kilomètres avec comme biens uniquement ce qu’elles avaient pu porter. Le Times of Zambia déclara que le pays devait faire face au “problème des réfugiés”. D’autres encore ont fui en Rhodésie.

      Pourquoi un si grand nombre de chrétiens ont-​ils fui le Malawi ?

      Les déclarations de milliers de témoins oculaires ont permis de se faire une idée de l’horrible persécution sadique qui s’est abattue sur ce pays, persécution qui a rarement été égalée durant l’histoire moderne. Parmi les milliers de chrétiens qui vivent maintenant dans des camps de réfugiés hâtivement construits, nombreux sont ceux qui portent encore les traces des coups et des tortures cruelles qu’ils ont dû subir.

      La commission des réfugiés de l’Organisation des Nations unies envoya un représentant, le Dr Hugo Idoyaga, à la frontière entre la Zambie et le Malawi. Il rapporta “qu’un grand nombre de réfugiés portaient des entailles et des balafres apparemment causées par des coups de panga, grand couteau courant en Afrique orientale”. — New York Times, 22 octobre 1972.

      Tous ces réfugiés étaient des témoins de Jéhovah. Ils constituaient l’énorme majorité des quelque 23 000 témoins de Jéhovah africains vivant au Malawi.

      Pour beaucoup d’entre eux, ces souffrances n’étaient pas nouvelles. En 1967, ils avaient connu de grandes difficultés à cause d’une vague de persécutions. Par milliers, leurs maisons, leurs magasins et leurs lieux de culte avaient été détruits ou saccagés ; un certain nombre de témoins avaient été tués, et des centaines de femmes violées, parfois à plusieurs reprises. Leur activité chrétienne, leurs écrits bibliques et leurs réunions pour le culte avaient été officiellement interdits.

      Cinq ans plus tard, une vague de persécutions sauvages s’est abattue sur eux avec une intensité jamais égalée. Dans tout le pays, des efforts ont été faits pour détruire le groupe chrétien uni que constituent les témoins de Jéhovah au Malawi, en les privant de toute possibilité d’emploi et de ce qui est nécessaire pour se nourrir et se loger. On estime qu’il y a eu au moins dix tués, et que ce nombre peut s’élever jusqu’à soixante.

      Aussi incroyables que puissent paraître ces faits au vingtième siècle, ils sont pourtant vrais. Lisez les récits des témoins oculaires des actes de violence écœurants qui eurent lieu au Malawi. Puis demandez-​vous si de telles choses peuvent être justifiées. Vous conviendrez, nous en sommes convaincus, qu’il s’agit là d’un crime contre l’humanité qui doit cesser rapidement.

  • Des crimes contre l’humanité
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Des crimes contre l’humanité

      TANT à l’intérieur qu’à l’extérieur du Malawi, les gens honnêtes ont été révoltés par les actes commis dans ce pays contre une minorité sans défense.

      Cette violence a commencé sur une petite échelle au milieu de l’année 1972. Elle a atteint d’énormes proportions en automne. À cette époque de l’année, un vent d’émeute et de violence fut soulevé par la réunion annuelle du parti du Congrès, parti unique du Malawi. Cette réunion fut clôturée par trois résolutions très dures visant les témoins de Jéhovah. Depuis juillet, les membres de la Ligue de la jeunesse et ses Jeunes pionniers avaient pris la tête des attaques menées contre les témoins de Jéhovah ; mais désormais ils allaient mener une véritable guerre contre eux. Ils s’organisèrent en bandes groupant de douze à une centaine de jeunes gens. Puis ils sont allés de village en village, armés de gourdins, de massues, de pangas et de haches, recherchant les témoins de Jéhovah, les attaquant et détruisant leurs biens.

      Comme le fait remarquer Guy Wright, journaliste au San Francisco Examiner (17 octobre 1972), c’était “une guerre à sens unique, opposant la force à la foi”. Mais la foi s’est vraiment révélée la plus forte, car les témoins ont démontré que celle-ci ne pouvait être détruite par la violence.

      Voici quelques-uns des centaines de récits qui ont été faits par des témoins des atrocités commises contre eux :

      ● Le rapport suivant de David Banda de Kaluzi, dans la région de Lilongwe, illustre bien ce qui s’est passé dans de nombreux autres villages : “Le 23 septembre, M. Gideon Banda, ministre du parlement, est venu prononcer un discours public. Les haut-parleurs m’ont permis d’entendre la majeure partie de son discours, car ma maison se trouve à quelques mètres du lieu où était organisée la réunion. M. Banda commença par rapporter aux assistants ce qui avait été dit à la réunion annuelle du parti. Puis il parla des témoins de Jéhovah. Je l’ai entendu dire que la réunion annuelle avait décidé d’agir sans pitié contre les témoins de Jéhovah parce qu’ils refusaient d’acheter la carte de membre du parti.

      “Le 25 septembre au soir, frère Swila est venu me dire qu’il avait vu des groupes de jeunes gens s’approcher. Nous avons aussitôt prévenu les frères ; mais avant que nous n’ayons pu faire quoi que ce soit, les jeunes gens se sont lancés à l’attaque en brisant les fenêtres et les portes de nos maisons et en frappant les frères. Comme il faisait nuit et que nous étions tous dispersés, nous ne savions pas exactement quel était le sort de chacun de nous. Je me suis caché et, le lendemain matin, je suis allé au commissariat de police pour rapporter les faits. Au lieu de m’écouter, l’agent de police m’a éconduit. Alors que j’étais encore au commissariat, j’ai vu des groupes de frères et sœurs d’autres congrégations venir rapporter des faits identiques. La police leur a ordonné de retourner dans leur village.”

      Cependant, les témoins ont refusé de s’en retourner sans être protégés ; ils se sont rendus sur la place du marché. David Banda rapporte ce qui s’est passé alors :

      “Quand les jeunes gens ont appris que les témoins s’étaient rendus sur la place du marché, ils y sont allés et se sont mis à battre les frères et sœurs à coups de poing et de bâton et à leur donner des coups de pied. La police n’a rien fait pour les arrêter. Ces actes de violence se sont alors multipliés dans toute la ville de Lilongwe. Cependant, les frères ont réussi à s’échapper et finalement à fuir en Zambie.”

      ● Evans Noah, du village de Mwalumo, rapporte ceci : “Le 18 septembre 1972, je suis allé rendre visite à un frère. Nous avons vu s’approcher une voiture dont j’ai reconnu le conducteur ; c’était M. Gamphani, membre du parlement du Malawi. Il y avait avec lui deux jeunes gens. Ils semblaient me chercher, car, alors qu’ils s’approchaient, j’ai entendu l’un d’eux dire : ‘Le voici.’ La voiture s’est arrêtée, et M. Gamphani m’a ordonné d’y monter. Il s’est alors dirigé vers le poste de police. Après m’avoir demandé pourquoi je ne possédais pas une carte de membre du parti, il ordonna aux agents de police de m’incarcérer. Je suis resté sept jours en prison, durant lesquels on ne m’a donné ni à manger ni à boire.

      “Quand les agents de police ont vu que j’étais très faible physiquement, ils ont commencé à se moquer de moi en me disant de transformer l’herbe en nourriture. Finalement, voyant que tous leurs efforts pour me faire acheter une carte étaient vains, ils m’ont relâché et m’ont ordonné de retourner chez moi par mes propres moyens. N’ayant pas mangé, j’étais très faible ; cependant, j’ai pu parcourir à pied les trente-cinq kilomètres et rentrer chez moi sain et sauf.”

      Toutefois, peu après, Evans Noah et une dizaine d’autres témoins ont été obligés de s’enfuir de leur village et de quitter le Malawi.

      ● Dans la région de Blantyre, principale ville du Malawi, Richadi Nyasulu, Greyson Kapininga et d’autres témoins de Jéhovah furent conduits au quartier général du parti du Congrès du Malawi (PCM) pour la région sud. On leur a demandé pourquoi ils n’avaient pas acheté la carte de membre du parti. Les témoins ayant répondu qu’ils ne faisaient absolument pas de politique en raison de leurs croyances bibliques, ils ont été remis à quelque seize Jeunes pionniers et membres de la Ligue de la jeunesse. Ceux-ci ont battu chaque témoin à tour de rôle. Comme ils refusaient toujours d’acheter la carte politique, les jeunes gens leur ont frotté les yeux avec un mélange de sel et de poivre rouge. Certains témoins ont été frappés sur le dos et sur les reins avec une planche garnie de clous. Comme aucun d’eux ne laissait échapper un cri de douleur, leurs bourreaux les ont frappés encore plus violemment en disant : “Que votre Dieu vienne à votre secours !” Ils ont ensuite brisé une bouteille et, au moyen d’un tesson, ont ‘rasé’ quelques témoins. Le 22 septembre, Jasteni Mukuna, de la région de Blantyre, fut si violemment battu qu’il en eut le bras cassé.

      ● À Cape Maclear, à l’extrémité sud du lac Malawi, Zelphat Mbaiko, témoin de Jéhovah, fut recouvert d’herbe arrachée autour de lui. On versa de l’essence sur l’herbe et on y mit le feu. Il mourut brûlé vif.

      Personne n’est épargné

      La sauvagerie des agresseurs était telle qu’aucun témoin ne fut épargné en raison de son âge ou de son sexe. Tous les témoins de Lilongwe n’ont pu s’enfuir. Ainsi, Mme Magola, témoin de Jéhovah, qui était enceinte et alourdie par l’enfant qu’elle portait, ne put courir assez vite. Des membres du PCM l’ont rattrapée et l’ont battue à mort sur la place du marché, à la vue de nombreux habitants dont aucun n’est venu à son aide. Quand on demanda à un policier pourquoi il n’était pas intervenu, il répondit que l’on avait ‘retiré tout pouvoir à la police’.

      ● Dans la région de Ntonda, au sud de Blantyre, Smith Bvalani, sa mère très âgée et d’autres témoins de Jéhovah, parmi lesquels des hommes et des femmes, furent battus par des membres de la Ligue de la jeunesse jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent. Ayant trouvé de l’argent dans les poches d’un témoin de Jéhovah, un des jeunes gens acheta pour chacun d’eux une carte de membre du parti sur laquelle il inscrivit leur nom et qu’il laissa à côté des témoins inconscients. Les jeunes gens déclarèrent alors autour d’eux que les témoins avaient cédé et renoncé à leur foi. Quand la mère de Smith Bvalani est revenue à elle et a vu la carte, elle a dit aux jeunes gens qu’elle ne l’accepterait pas même si elle devait en perdre la vie. Ils l’ont alors battue jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse de nouveau.

      ● Israël Phiri, âgé de soixante-treize ans, du village de Khwele, près de Mchinji, fait ce rapport : “En juillet 1972, nous avons entendu dire que le parti du Congrès projetait de mener une campagne pour vérifier si les habitants du pays possédaient une carte du parti. Comprenant que cela signifiait des ennuis pour les témoins de Jéhovah, nous avons décidé de quitter le village et de nous cacher dans la brousse. Nous étions une trentaine de témoins. Nous sommes restés cachés pendant deux mois. Mais brusquement, le 5 octobre, nous avons été entourés par une bande importante de jeunes gens. Je n’en connaissais aucun.

      “Alors que j’essayais de m’enfuir, quelques-uns d’entre eux m’ont attrapé et se sont mis à me frapper sur tout le corps à coups de pied et avec des bâtons. Je n’ai pas pu voir ce qu’ils ont fait aux autres témoins. Finalement, ils m’ont abandonné inconscient sur le sol. Après être revenu à moi, j’ai essayé de retrouver les autres frères, mais en vain. J’ai donc décidé de quitter le Malawi pour la Zambie. Bien que mon corps fût couvert d’hématomes et que mes yeux fussent injectés de sang, avec l’aide de Jéhovah j’ai pu parcourir à pied de nombreux kilomètres pour atteindre l’hôpital de Thamanda, en Zambie.”

      ● À Kavunje, au sud-est de Blantyre, tous les témoins, hommes et femmes, furent cruellement battus et obligés de marcher nus sur la route. Un de leurs enfants est mort à cause des coups qu’il avait reçus. À Nkhotakota, dans la région nord du Malawi, une femme enceinte, témoin de Jéhovah, fut dévêtue et cruellement battue. Le chef local du PCM incita de petits enfants à lui donner des coups de pied dans le ventre dans l’intention de provoquer une fausse couche.

      Traitements révoltants infligés aux femmes

      Les viols qu’ont dû subir les femmes des témoins de Jéhovah furent trop nombreux et trop répugnants pour qu’on les rapporte tous. Voici quelques exemples :

      ● Une jeune fille âgée de dix-sept ans, Rahabu Noah, de Mtontho, près de Kasungu, fait ce récit : “Le 26 septembre 1972, nous avons été informés que des jeunes gens allaient de village en village, attaquant les témoins de Jéhovah et détruisant leurs maisons et leurs biens. Les frères nous ont suggéré de nous cacher dans la brousse et de profiter de la nuit pour nous enfuir en Zambie. Nous étions cinq sœurs et trois frères. Nous avons quitté le village, mais alors que nous suivions un sentier, nous avons rencontré un groupe d’une vingtaine de jeunes gens. Ils ont commencé par nous demander nos cartes. Comme personne d’entre nous n’en possédait une, ils ont commencé à nous frapper à coups de poing et de bâton. Puis ils nous ont tous dévêtus et ont continué de nous battre. Une dizaine d’entre eux m’ont entraînée à l’écart. Pendant que quelques-uns me tenaient par les mains et par les pieds, huit d’entre eux m’ont violée. Je n’en connaissais aucun. Après nous avoir battus sauvagement, ils nous ont laissés. Plus tard, j’ai appris qu’une autre sœur de notre groupe avait été violée.”

      ● Funasi Kachipandi, jeune femme de Nyankhu, dans la région de Lilongwe, nous rapporte : “Le 1er octobre 1972, après avoir appris que les témoins de Jéhovah étaient l’objet d’agressions, j’ai décidé de m’enfuir en Zambie. Je suis donc partie avec Dailes Kachipandi, ma fille de dix-neuf ans. Mais nous avons vite été rattrapées par un groupe de jeunes gens que je ne connais pas. Ils nous ont demandé nos cartes, mais nous n’en avions pas. Ils nous ont conduites à leur bureau, près du marché de Chileka. Sous mes yeux, cinq jeunes gens ont violé ma fille. Puis l’un d’eux m’a jetée par terre. J’ai essayé de le dissuader de me violer, car j’étais enceinte de neuf mois et très faible. Mais il ne manifesta pas la moindre pitié. Il me viola en présence de ma fille. Ensuite, il nous ont relâchées. J’ai rapporté ce qui s’était passé aux agents de police. Ils en ont pris note, mais n’ont rien fait. Le lendemain matin, j’ai donné naissance à un enfant et, le jour même, nous sommes parties pour la Zambie. Nous reposant de temps à autre, nous avons finalement pu atteindre ce pays.”

      Dans de nombreux autres cas, les victimes connaissaient les noms de leurs agresseurs. Certains d’entre eux occupaient des fonctions officielles au sein du parti du Congrès du Malawi.

      ● À Kamphinga, Matilina Chitsulo, du village de Gwizi, fut violée par un nommé Kachigongo, responsable de la section locale du parti. À Mkombe, le 2 octobre 1972, Velenika Hositeni fut retenue une nuit entière dans une pièce du quartier général du PCM par le président de la section locale et le secrétaire du parti. Tous deux l’ont violée. Dans le même endroit, sept hommes ont violé une autre femme témoin de Jéhovah, nommée Nezelia. Après avoir réussi à s’enfuir en Zambie, ces deux femmes ont été hospitalisées à Misale à cause des mauvais traitements qu’elles avaient subis.

      Nous répétons que ces faits ne sont pas des exceptions. Il ne s’agit que de quelques exemples parmi des centaines d’autres qui nous ont été rapportés.

      Cependant, il y a un autre facteur expliquant pourquoi les persécutions subies par les témoins de Jéhovah sont encore plus cruelles que celles qu’ils ont dû supporter à partir de 1967.

  • Résolution : ‘Que ces gens soient rejetés de la société humaine !’
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Résolution : ‘Que ces gens soient rejetés de la société humaine !’

      TELLE est essentiellement la déclaration faite par l’assemblée annuelle du parti du Congrès du Malawi pour 1972 concernant les témoins de Jéhovah de ce pays.

      Réunis dans l’École secondaire catholique de Zomba, la capitale, les délégués du parti adoptèrent le 16 septembre une série de motions. Nous citons ici le MANA Daily Digest du 18 septembre 1972, publié par le ministère de l’Information et de la Radiodiffusion du Malawi. À la page 17, on trouve le texte des résolutions adoptées par les délégués du parti :

      “a) Nous déplorons le fait que certaines sectes religieuses fanatiques agissant à l’exemple de celle des témoins de Jéhovah, qui est interdite, gênent le développement politique et économique du pays.

      “b) Nous déclarons que tous les membres de ces sectes religieuses fanatiques employés dans le commerce et dans l’industrie doivent être congédiés sur-le-champ et qu’il faut annuler la licence de toute entreprise commerciale ou industrielle qui ne se conformerait pas à cette résolution.

      “c) Nous déclarons que tous les membres de ces sectes religieuses fanatiques employés par le gouvernement doivent être congédiés sur-le-champ et qu’il faut décourager les activités commerciales ou agricoles de tout membre de ces sectes travaillant à son compte.

      “d) Nous déclarons que tous les membres de ces sectes doivent être chassés des villages où ils habitent, et nous prions le gouvernement d’accorder un maximum de protection aux membres du parti qui s’occuperont des membres de ces sectes.”

      En réalité, seuls les témoins de Jéhovah étaient concernés par ces résolutions. Aucun autre groupe religieux du Malawi n’a souffert comme eux.

      Que signifiaient en réalité ces résolutions ? Elles voulaient tout simplement dire que les témoins de Jéhovah du Malawi devaient se voir refuser tout emploi lucratif, quel qu’il soit et en quelque endroit que ce soit. Il ne fallait même pas leur permettre de produire la nourriture dont ils ont besoin. Il fallait les chasser de leur village. Qu’allait-​il en résulter pour eux ?

      Il ne leur restait plus qu’une chose à faire : vivre dans la forêt ou dans la brousse comme les animaux sauvages, comme des parias de la société humaine.

      Mais n’est-​ce pas nous qui interprétons de cette façon ? Ces résolutions ne sont-​elles pas que de simples condamnations sans qu’il soit vraiment question de priver des hommes des choses indispensables à la vie ?

      Les faits démontrent que ces paroles ont été comprises par ceux qui les ont entendues comme une sentence de proscription, et pratiquement de mort, prononcée contre les témoins de Jéhovah.

      Voyons de quelles façons ont été ‘découragées’ les activités ‘commerciales ou agricoles’ des témoins ‘travaillant à leur compte’.

      Des commerçants sont ruinés

      ● À son retour de Salisbury, en Rhodésie, où il avait assisté à une assemblée chrétienne, B. Lameek Chirwa, témoin de Jéhovah et commerçant au Malawi, trouva son frère Beneya inconscient. Ce dernier, propriétaire d’une épicerie, avait été sévèrement battu par les membres de la Ligue de la jeunesse parce qu’il était témoin. Il ne revint à lui que cinq heures plus tard et fut transporté à l’hôpital, où il demeura trois jours.

      Mais un membre de la Ligue de la jeunesse avait vu Lameck porter secours à son frère. Peu après, des membres de la Ligue sont arrivés dans son magasin de Zingwangwa. Ils lui ont demandé s’il avait une carte de membre du parti. Comme il n’en avait pas, ils ont fermé sa maison et son magasin et lui ont enlevé toute possibilité de rentrer chez lui. Ensuite, ils l’ont emmené à Limbe, où il possédait un magasin de vêtements dirigé par sa femme. Quand celle-ci adopta la même attitude que lui à propos de la carte politique, les jeunes gens fermèrent également ce magasin. Lameck décida d’aller trouver Aleke Banda, secrétaire général du parti du Congrès du Malawi. Mais il s’aperçut que les membres de la Ligue de la jeunesse avaient dégonflé les pneus de sa voiture et emporté les clés de celle-ci. Les fonctionnaires du gouvernement qu’il interrogea ne lui donnèrent aucun espoir d’intervention favorable à moins qu’il n’achète une carte de membre du parti. Son compte en banque, ainsi que celui de tous les autres témoins connus, fut bloqué. Finalement, il put retirer l’argent d’une assurance et prendre un avion pour la Rhodésie, laissant derrière lui des maisons, des meubles, des stocks de vêtements, du matériel, un camion de sept tonnes et une automobile. Tout cela avait une valeur de plus de 600 000 francs français. Il était dans les affaires depuis 1959. Il a tout perdu.

      ● Un autre témoin et commerçant du Malawi, nommé Chinondo, dirigeait une auto-école à Blantyre, la principale ville du Malawi. On lui confisqua toutes ses voitures. Plus tard, il les aperçut en stationnement près du bureau régional du PCM pour la région du sud.

      ● William McLuckie, âgé de 64 ans, vivait au Malawi depuis près de quarante ans. Il possédait une boutique de bibelots à Blantyre. Outre les onze personnes qui travaillaient directement pour lui, il achetait régulièrement des bibelots auprès de 120 sculpteurs du Malawi, eux-​mêmes chefs de famille. McLuckie a estimé que 600 à 700 personnes vivaient de son commerce. Étant témoin de Jéhovah, il fut emmené au tribunal où on lui donna quarante-huit heures pour quitter le pays. Un jour après son expulsion, sa femme et ses trois enfants furent invités à quitter le pays dans les vingt-quatre heures.

      ● Cependant, certains témoins de Jéhovah n’ont pas seulement perdu leur commerce. Le Sunday Mail de Rhodésie du 1er octobre 1972 déclare qu’un “homme d’affaires important du Malawi” fut “battu à mort”. Il s’agissait de M. L. Chirwa, propriétaire d’une épicerie et d’un entrepôt de bouteilles à Blantyre. Rapportant le même événement, The Rhodesia Herald déclara : “Jusqu’à maintenant, la mort de M. Chirwa n’a provoqué aucune action officielle.”

      ‘Qu’ils soient congédiés sur-le-champ !’

      La résolution selon laquelle tous les témoins devaient être congédiés de leur emploi ne fut pas non plus une simple menace.

      ● M. R. Kalitera travaillait dans l’administration des postes depuis 1949. Après vingt-trois ans de service, il fut congédié sans salaire ni retraite.

      ● M. Kadewere, témoin de Jéhovah, travaillait au ministère de la Santé comme inspecteur des hôpitaux. Il avait été formé aux États-Unis. En rentrant chez lui, à Zomba, il s’aperçut que ses champs de maïs avaient été répartis entre plusieurs membres de la Ligue de la jeunesse. Retournant à Blantyre, il apprit qu’il avait été congédié. M. Kadewere est père de neuf enfants.

      ● Après avoir passé un concours pour être secrétaire, William Nsangwe a travaillé pendant cinq ans à la mairie de Blantyre. Quand les témoins ont commencé à rencontrer des difficultés, le secrétaire de mairie a convoqué Nsangwe dans son bureau et l’a interrogé. Plus tard, il fut également interrogé par le maire. Dans les deux cas, malgré leurs efforts pour l’inciter à acheter ou à accepter une carte de membre du parti, il refusa pour des motifs de conscience. Quand on lui dit d’‘aller parler à sa femme, à sa mère et à son père de cette question’, il répondit que ‘cela concernait sa propre foi et que celle-ci ne dépendait ni de son père, ni de sa mère, ni de sa femme’. Il fut congédié. Joy, sa femme, diplômée de l’université du Malawi et institutrice, fut également congédiée, ainsi qu’une autre femme témoin de Jéhovah, Venencia Kabwira, également diplômée et enseignante.

      Les témoins de Jéhovah travaillant comme fonctionnaires ne furent pas les seuls à être congédiés. Ce fut également le cas de ceux qui travaillaient pour des maisons privées.

      ● W. Lusangazi travaillait pour la société Mandala Motors de Blantyre depuis plus de dix ans. Il fut congédié, ainsi que Widdas Madona, qui travaillait depuis autant d’années pour la société Horace Hickling de Blantyre. Un autre témoin, M. Lihoma, travaillait pour la société United Transport depuis quinze ans. Lui aussi fut congédié.

      Un certain nombre d’employeurs protestèrent vigoureusement contre les pressions exercées sur eux pour congédier leurs employés témoins de Jéhovah.

      ● Des hommes de loi de Blantyre sont même intervenus auprès du président lui-​même pour essayer de garder les deux employés en qui ils avaient le plus confiance, Luwisi Kumbemba et L. D. Khokwa, mais cela fut vain (la femme de Khokwa, qui était institutrice, a également perdu son emploi).

      ● Quand le propriétaire d’une maison de confection de Blantyre, un Hindou, revint de voyage, il s’aperçut que l’employé à qui il avait confié la direction de son affaire durant son absence avait été congédié de force. C’était un témoin, Skennard Mitengo. Le propriétaire déclara qu’il allait fermer son atelier, car, selon lui, il ne pouvait travailler sans les services précieux de cet employé. On s’attendait à ce qu’une société appartenant à des fonctionnaires du gouvernement, la Presse Trading, rachète l’affaire.

      Ce ne sont là que quelques cas pris parmi la longue liste des témoins qui ont ainsi perdu leur emploi. À notre connaissance, aucun témoin de Jéhovah du pays n’a gardé son emploi. Cependant, la campagne menée contre les témoins de Jéhovah ne se limitait pas là.

      Privés des choses indispensables à la vie

      Le Malawi est un pays agricole plutôt qu’industriel. La grande majorité de ses habitants vivent de l’agriculture en cultivant autour de leurs petits villages les lopins de terre qui leur sont transmis par héritage. La plupart des témoins de Jéhovah du Malawi se trouvaient dans cette situation. Comme tous les humains, ils ont besoin de choses aussi essentielles que la nourriture, l’eau, le vêtement et l’abri. Cependant, des efforts concertés furent faits pour les priver même de ces choses.

      ● À Supuni, dans la région du Chikwawa, on enleva leurs jardins à tous les témoins de Jéhovah et on les empêcha même de puiser de l’eau à la fontaine du village. Pour avoir l’eau indispensable, ils devaient aller jusqu’à la rivière éloignée de plus de six kilomètres.

      Des milliers de leurs maisons ont été incendiées ou détruites. Rien que dans le village de Jali, dans la région de Zomba, quarante maisons appartenant à des témoins de Jéhovah furent incendiées.

      ● De la région de Chiromo, à l’extrémité sud du pays, nous est parvenu ce rapport : “Dans les districts de Chiromo, de Bangula et de Nguluwe, toutes les maisons des frères ainsi que leurs biens ont été détruits par la Ligue de la jeunesse. Tous les frères et les sœurs du village de Chamera ont été dispersés et se trouvent dans la brousse. Tous leurs biens ont été détruits.”

      ● De Gorden, près de Zomba, le rapport suivant nous a été communiqué : “Toutes les maisons appartenant aux frères et aux sœurs ont été détruites. Les chefs locaux leur ont pris leur nourriture et leurs biens. Tous les frères et sœurs se sont enfuis du village.”

      Le rapport suivant résume la situation concernant le logement des témoins : “Pour de nombreuses familles de témoins de Jéhovah, c’est la même situation. Des femmes et des enfants dorment dehors. D’autres dorment dans les gares, dans les stations d’autobus ou dans n’importe quel endroit où ils ne seront pas molestés.”

      ● Dans un village proche de Blantyre, Mme Mazongoza, une veuve âgée de soixante ans, fut abordée par des membres de la Ligue de la jeunesse qui lui demandèrent d’acheter une carte de membre du parti. Elle refusa par motif de conscience. Après cela, durant toute une semaine, du 24 au 30 septembre, ils tuèrent l’un après l’autre ses poulets, puis, comme elle refusait toujours, ses chèvres. C’étaient ses seuls biens. Ensuite ils menacèrent de la tuer, ce qui l’incita à s’enfuir du village.

      De nombreux rapports sont très brefs. Cependant, pour quiconque connaît les conditions de vie au Malawi, ils signifient beaucoup de choses.

      De façon typique, ils parlent de ‘portes et fenêtres (“6 carreaux chacune”) brisées ou emportées’. Ces détails peuvent paraître étranges. Toutefois, dans les villages du Malawi, la plupart des maisons ont des murs de terre et des toits de chaume. Quand une maison comporte une porte ou une fenêtre, c’est la partie la plus précieuse de tout l’édifice.

      Les très nombreux rapports semblables qui nous sont parvenus parlent de la destruction ou du vol de choses comme ‘3 matelas, 3 couvertures, 2 chaises, 1 table, 1 nappe, 2 cravates, 8 paniers d’arachides décortiquées, 1 grenier d’arachides non décortiquées’. Les personnes vivant dans des pays très industrialisés penseront peut-être que ce sont là des pertes bien mineures. Mais pour les gens qui en ont été dépossédés, cela représente parfois tout le mobilier de leur modeste demeure et la perte de la seule récolte leur permettant de gagner un peu d’argent. La ‘nappe’ en question était peut-être la seule chose permettant à une femme témoin de Jéhovah d’égayer sa maison.

      Parfois, on a dérobé aux témoins une bicyclette, un poste de radio ou une machine à coudre. Mais dans ce pays, la perte d’une bicyclette correspond à la perte d’une automobile pour un habitant d’autres pays. Ces différents objets peuvent correspondre à plusieurs mois de salaire. Ou bien, pour se les procurer, il a fallu un an ou plus de travail agricole et d’économies.

      Un rapport venant directement du camp de Sinda Misale, en Zambie, parle en ces termes des milliers de témoins de Jéhovah qui y sont réfugiés :

      “Du bétail, des brebis, des poulets, des porcs et des chèvres ont été dérobés aux frères. On a pris à un grand nombre d’entre eux leurs vêtements et leur literie, si bien qu’ils n’avaient pour tout bien que ce qu’ils portaient sur eux. Une des sœurs ne pouvait pénétrer dans le camp de réfugiés parce qu’elle était nue, les jeunes du PCM l’ayant complètement dévêtue. D’autres sœurs, qui se trouvaient dans le camp, ont dû lui faire parvenir quelques vêtements pour qu’elle se couvre, afin de pouvoir entrer. Pratiquement tous les frères qui se sont enfuis du Malawi n’ont rien pu sauver. En d’autres termes, ils n’ont aucun bien matériel qu’ils pourraient retrouver à leur retour.”

      De tels traitements peuvent-​ils se justifier ? Considérez les accusations portées contre les témoins du Malawi et jugez-​en vous-​même.

  • Sont-ils coupables de ‘gêner le développement du Malawi’ ?
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Sont-​ils coupables de ‘gêner le développement du Malawi’ ?

      SUPPOSONS qu’il soit exact, comme le prétend la résolution du parti du Congrès du Malawi, que les témoins de Jéhovah constituent ‘une secte fanatique’ qui ‘gêne le développement politique et économique’ du pays. Cela justifierait-​il pour autant les coups, les viols, la destruction des maisons et des biens des témoins de Jéhovah, la perte de leur emploi et le meurtre de quelques-uns d’entre eux ?

      Le Malawi est une république dotée d’une constitution fondée sur des principes démocratiques. Elle dispose d’un code de lois ayant pour but le maintien de la paix, de la justice et de l’ordre. Il existe dans ce pays un système judiciaire comprenant des tribunaux et des juges capables et instruits. Le pays dispose également d’une police avec un personnel qualifié.

      Si les témoins de Jéhovah transgressent effectivement la loi, pourquoi alors ne pas utiliser ces services gouvernementaux pour régler cette affaire ? Pourquoi n’applique-​t-​on pas la loi en les accusant officiellement, en les arrêtant, en les jugeant ou même en les emprisonnant ? Pourquoi l’autorité et les devoirs qui reviennent normalement à des hommes mûrs et qualifiés devraient-​ils être abandonnés à des bandes de jeunes gens sans maturité, non qualifiés et indisciplinés ? Pourquoi un gouvernement permettrait-​il à des éléments anarchistes d’assumer les responsabilités qui lui incombent ? Ne s’abaisse-​t-​il pas lui-​même et ne se montre-​t-​il pas incapable de résoudre le problème par les moyens légaux et constitutionnels ?

      Les buts louables du Malawi

      Le parti du Congrès du Malawi a déclaré qu’il veillait à ce que la conduite des habitants du pays soit régie par des principes élevés. Le Times du Malawi du 14 septembre 1972 rapporta que les délégués à l’assemblée annuelle du parti pour 1972 avaient, entre autres sujets, souligné “l’importance d’une conduite convenable et paisible”. Le journal ajoutait que les délégués avaient “insisté sur le fait que les habitants du Malawi devaient apprendre à faire les choses de sorte qu’on ne les considère pas comme ‘honteuses et qu’elles n’affectent pas la réputation du Malawi’”.

      Le Dr H. Kamuzu Banda, président à vie du Malawi, aurait parlé avec force dans le même sens. Le News du Malawi du 19 septembre 1972 déclara : “Commentant la résolution adoptée par l’assemblée annuelle de 1972 du parti du Congrès du Malawi, son Excellence, le président à vie, a souligné l’importance des bonnes mœurs et du maintien de la tradition.” Le journal ajouta que le président à vie “exhorta son peuple à faire revivre la tradition en apprenant aux enfants à respecter les aînés et les parents. Il encouragea également les enseignants à inculquer aux enfants les bonnes mœurs”.

      Ces déclarations encourageant la bonne conduite sont très louables. Elles rejoignent les paroles que prononça le président Banda dans son discours d’ouverture, au cours duquel il mit l’accent sur “l’édification de la nation sur des fondements moraux et spirituels, car il s’agit là de la pierre d’angle sur laquelle une nation disciplinée peut être fondée”.

      Les questions suivantes se posent donc : Comment les agressions brutales dont les témoins de Jéhovah ont été victimes peuvent-​elles s’accorder avec ces déclarations publiques ? Comment pourraient-​elles ne pas affecter “la réputation du Malawi” ? Comment pareille violence peut-​elle ‘édifier la nation sur des fondements moraux et spirituels’ ?

      Qu’est-​ce qui empêche d’atteindre ces objectifs ?

      Les témoins de Jéhovah du Malawi ont fait de grands efforts pour instruire moralement et spirituellement leurs semblables en organisant avec eux des études gratuites de la Bible, la Parole de Dieu. Ils ont appris à des milliers d’habitants du Malawi à lire et à écrire. Eux-​mêmes se sont efforcés de mener une vie exemplaire, moralement pure, et de témoigner de l’amour pour Dieu et pour leur prochain. Il est certain que cela ne nuit pas aux intérêts du Malawi, tant de son gouvernement que de ses habitants.

      En revanche, quand les autorités permettent à des jeunes gens de mener dans tout le pays une violente campagne contre une minorité, en détruisant ses maisons et ses biens et en blessant hommes, femmes et enfants, cela peut-​il aider à atteindre ces objectifs ou favoriser les intérêts du pays ?

      Qu’est-​ce qui prouve qu’après avoir commencé à détruire, à piller, à agresser et à violer leurs semblables, ces bandes de jeunes gens changeront de conduite et vivront de nouveau de façon paisible et ordonnée, satisfaits d’avoir fait disparaître le groupe de personnes proposées comme victimes ? Est-​on certain qu’ils ne rechercheront pas de nouvelles victimes et qu’ils ne deviendront pas un problème épineux pour le gouvernement ? En n’intervenant pas pour empêcher de tels actes de violence, le gouvernement ne soulève-​t-​il pas en réalité le couvercle d’une ‘boîte de Pandore renfermant tous les maux’ ?

      En se livrant à des agressions contre les témoins de Jéhovah, les membres de la Ligue de la jeunesse se vantaient fréquemment ‘d’être la police’. Ces jeunes gens ne tenaient aucun compte des instructions selon lesquelles ils devaient s’en référer à la police. Cela démontre qu’ils méprisent les autorités légales.

      Ce ne sont pas les agresseurs, mais les victimes, les témoins de Jéhovah, qui ont manifesté du respect pour l’autorité. Comment cela ? Parce que, comme l’ont confirmé les journaux du Malawi, ils se sont toujours tournés vers la police quand ils étaient attaqués. Ils ont fait les dépositions exigées par la loi et ont demandé la protection que celle-ci accorde aux habitants du Malawi. Ils n’ont pas cherché à appliquer eux-​mêmes la loi.

      En faisant appel aux autorités légales conformément à leurs droits, les témoins de Jéhovah n’ont fait qu’imiter les premiers chrétiens. Alors que les soldats qui venaient d’arracher Paul à la foule déchaînée contre lui s’apprêtaient à le flageller, l’apôtre invoqua sa citoyenneté romaine. Les soldats renoncèrent aussitôt à le fouetter (Actes 21:30-34 ; 22:24-29). Plus tard, il fit de nouveau valoir ses droits en faisant appel à César. — Actes 25:9-12.

      Rendez à César ce qui est à César

      Jésus-Christ donna cette instruction à ses disciples : “Rendez les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu.” (Marc 12:17). Les agresseurs des témoins de Jéhovah ont parfois cité ces paroles et prétendu que les témoins ne les respectaient pas, ce qui justifiait leurs souffrances. En fait, c’est exactement le contraire.

      En lisant le contexte de ce passage biblique, vous vous rendrez compte que Jésus parlait du paiement des impôts. Il est bien connu dans le monde entier que les témoins de Jéhovah sont parmi les citoyens qui paient leurs impôts avec la plus grande conscience.

      Commentant les événements du Malawi, Guy Wright, journaliste au San Francisco Examiner, déclara à propos des témoins de Jéhovah : “Vous pouvez les considérer comme des citoyens modèles. Ils paient rapidement leurs impôts, soignent les malades et combattent l’analphabétisme.” De même, dans le New York Times du 22 octobre 1972, un éditorial disait que les témoins croient que les “lois profanes doivent être respectées, tel le paiement des impôts”. Dans chaque pays, y compris le Malawi, les registres des impôts prouvent qu’il en est bien ainsi. Au Malawi, entre 1953 et 1972, les témoins de Jéhovah ont même officiellement exclu de leurs congrégations dix-huit personnes qui refusaient de payer leurs impôts. Les témoins n’excusent pas la désobéissance à ces lois.

      Le nœud de l’affaire, c’est que si les témoins de Jéhovah ‘rendent les choses de César à César’, ils veillent tout autant à rendre “les choses de Dieu à Dieu”, et non pas à César.

      S’agit-​il d’une ‘secte religieuse fanatique’ ?

      Mais n’est-​ce pas se montrer ‘fanatique’ que de refuser d’adhérer à un parti politique en achetant une carte de membre ? Du moins, ne faut-​il pas être ‘fanatique’ pour adopter pareille attitude face à la mort ?

      Si c’est du ‘fanatisme’, nous devons alors considérer les chrétiens du premier siècle comme des ‘fanatiques’. Dans la Rome antique, l’empereur, le chef de l’État, exigeait que tous les citoyens offrent des sacrifices en son honneur en signe de soumission. Il suffisait de faire brûler une pincée d’encens sur l’autel. Quelle fut l’attitude des premiers chrétiens ? L’Histoire répond :

      “Les chrétiens refusaient de (...) sacrifier au génie de l’empereur — ce qui aujourd’hui équivaut approximativement au refus de saluer le drapeau ou de répéter le serment d’obéissance. (...) Les chrétiens qui se rétractaient étaient en petit nombre, bien qu’on gardât généralement à leur intention, dans l’arène, un autel sur lequel brûlait un feu. Verser une pincée d’encens sur l’autel, voilà tout ce qui était requis d’un prisonnier ; on lui donnait alors un Certificat de Sacrifice et il était libre. On lui expliquait aussi, avec soin, qu’il n’adorait pas l’empereur : il reconnaissait simplement le caractère divin de l’empereur comme chef de l’État romain. Cependant, presque aucun chrétien ne saisissait cette occasion d’échapper.” — “Those About to Die”, Daniel B. Mannix, pp. 135, 137.

      Dans son Livre de la culture (angl.; p. 549), Ethel Rose Peyser écrivit :

      “Rome s’était graduellement remplie de gens embrassant des cultes étrangers et n’hésitant pas à jurer fidélité et obéissance à l’esprit divin de l’empereur. Les chrétiens, par contre, affermis dans leur foi, ne prêtaient pas un tel serment de loyauté. Parce qu’ils ne voulaient pas jurer fidélité à ce que nous appellerions aujourd’hui le drapeau, on les considéra comme politiquement dangereux.”

      À notre époque, il ne s’agit peut-être pas d’une pincée d’encens et de l’obtention d’un Certificat de Sacrifice, mais du salut au drapeau ou de l’achat d’une carte politique. Mais, pour les témoins de Jéhovah, c’est une question de conscience, et leur attitude ne les rend certainement pas “politiquement dangereux”. Leur position de neutralité par rapport aux affaires politiques est fondée sur la Bible, la Parole de Dieu.

      Séparés du monde

      Le Fils de Dieu déclara qu’à son exemple ses disciples ne ‘feraient pas partie du monde’ et qu’“à cause de cela le monde vous hait”. (Jean 15:19.) Jésus-Christ s’est abstenu de participer aux affaires politiques du monde. Il n’était ni partisan ni adversaire du roi Hérode.

      Les témoins de Jéhovah adoptent la même position de stricte neutralité en ne se mêlant jamais de politique. Ils ne participent ni aux soulèvements, ni aux émeutes, ni aux révoltes, ni aux coups d’État. Ils ne sont une menace pour aucune autorité légale. Cependant, ils fondent leur espérance sur le Royaume ou Gouvernement de justice établi par Dieu et dirigé par son Fils, et ils lui accordent une obéissance et un soutien entiers. Cela revient à Dieu. Ils ne peuvent donc l’accorder à aucun dirigeant ou gouvernement humain. Quand on leur ordonne d’agir contrairement à la Parole de Dieu, ils ne peuvent faire autrement qu’imiter les apôtres en répondant : “Nous devons obéir à Dieu comme chef plutôt qu’aux hommes.” — Actes 5:29.

      Ils ne gênent pas le ‘développement économique’

      Les témoins de Jéhovah gênent-​ils le développement économique du Malawi ? Bien au contraire ; ils y contribuent. Leurs employeurs peuvent témoigner de leurs bonnes habitudes de travail, de leur honnêteté et de leur zèle. Comme l’indiquent certains rapports, des employeurs ont même risqué de s’attirer le courroux des fonctionnaires en intervenant en faveur de leurs employés témoins de Jéhovah à qui ils avaient confié des positions importantes de responsabilité.

      Dès le 11 février 1964, Jerker A. Johansson, surveillant de la filiale de la Watch Tower, avait eu une entrevue avec le Dr H. Kamuzu Banda et lui avait rapporté que les chefs de village avaient loué les témoins parce qu’ils avaient été les premiers à soutenir les projets de construction locaux. Au cours des années, les témoins de Jéhovah ont offert leurs services pour fabriquer des briques, pour couper de l’herbe pour les écoles, pour construire des écoles, des maisons pour les instituteurs, des routes et des ponts. Il s’agissait de travaux volontaires, non rémunérés. En fait, les témoins ont souvent donné de leur argent et de leurs matériaux.

      L’achat de la carte de membre du parti

      Le nœud de l’affaire est le refus des témoins de Jéhovah d’acheter la carte de membre du parti du Congrès du Malawi. C’est l’unique accusation portée constamment contre eux. L’achat d’une telle carte n’a rien à voir avec le paiement d’un impôt. Elle permet de devenir membre d’un parti politique.

      Or, les agressions commises contre les témoins de Jéhovah, parce qu’ils n’achètent pas cette carte, vont à l’encontre de déclarations antérieures faites par des dirigeants du parti du Congrès.

      En effet, en 1967, les témoins de Jéhovah de ce pays ont été l’objet de persécutions intenses et ont été interdits. Le 30 novembre 1967, sous le titre “UNE CALOMNIE HAINEUSE, DÉCLARE LE PRÉSIDENT, The Times de Blantyre citait les paroles suivantes du président H. Kamuzu Banda : “Nous n’interdisons pas les témoins de Jéhovah parce qu’ils n’adhèrent pas au parti du Congrès du Malawi. Il s’agit d’une propagande haineuse menée contre moi personnellement et contre le gouvernement en particulier.”

      Deux ans plus tard, quand le président revint d’une tournée dans la région du centre, les témoins de Jéhovah eurent de nouveau la vedette de l’actualité. Dans un article de première page, The Times de Blantyre rapporta : “Le président déclara que, par exemple, ce n’étaient pas les prières de la secte interdite ‘qui me font dire que les gens doivent être libres de renouveler leur carte volontairement, sans y être forcés’.” — 6 octobre 1969.

      La personnalité la plus importante du Malawi déclarait donc publiquement s’opposer à l’usage de la force pour inciter les gens à acheter la carte de membre du parti.

      Une fois de plus, il s’agit de savoir si les événements et les actes s’accordent avec les paroles. Si le président à vie du Malawi désire réellement que personne ne soit obligé d’acheter une carte de membre du parti, n’a-​t-​il alors ni le pouvoir ni l’autorité nécessaires pour faire respecter son désir dans tout le pays ? Ou bien a-​t-​il perdu le contrôle de certains éléments du parti du Congrès dont il est le chef ? Il est évidemment impossible que le président ne soit pas au courant de l’importante campagne de violence menée contre les témoins de Jéhovah dans toutes les régions du Malawi.

      Il était présent le dernier jour de l’assemblée annuelle du parti quand ont été adoptées les résolutions visant les témoins de Jéhovah qui ont déclenché une vague de persécutions cruelles contre eux. Après cette assemblée, les journaux du Malawi ont rapporté que le président Banda aurait parlé des témoins de Jéhovah comme des “témoins du Diable” et comme d’une secte “stupide” qui “ne respecte pas le gouvernement” et qui “ne désire pas payer l’impôt”. (The Times, 18 septembre 1972.) Puisqu’il est bien connu que les témoins de Jéhovah respectent le gouvernement et paient leurs impôts, les journaux ne se rendent-​ils pas coupables de ‘propagande haineuse’ quand ils publient de telles déclarations virulentes en les attribuant à la personnalité la plus importante du pays ?

      De même, les membres de la Ligue de la jeunesse et les Jeunes pionniers ne mènent-​ils pas une ‘propagande haineuse’ quand, se servant de la question de la carte du parti comme d’un prétexte, ils se livrent à des agressions contre les témoins ? Vont-​ils à l’encontre du désir exprimé par la personnalité la plus élevée du Malawi ?

      Fait beaucoup plus grave encore, que faut-​il penser de la présence répétée de députés comme Gwanda Chakuamba Phiri et J. Kumbweza Banda, là où les témoins ont été battus et où leurs maisons et leurs biens ont été détruits ? Ces personnalités agissent-​elles contrairement au désir du président en sanctionnant ces actes par leur présence ?

      Considérez également le renvoi de M. R. Kalitera, après vingt-trois années de service dans les postes. Qui donna l’ordre de le congédier ? Il reçut une lettre de A. N. C. Chadzala, ministre des postes, disant :

      “Suite à notre discussion de ce matin durant laquelle vous avez reconnu être membre des témoins de Jéhovah et déclaré ne pas être disposé à acheter ni à renouveler la carte de membre du parti du Congrès du Malawi, je me vois dans l’obligation de vous congédier sans salaire à dater de ce jour, le 4 octobre 1972.

      “2. Cela fait suite à l’instruction de son Excellence le Président à vie selon laquelle tout fonctionnaire qui se révélerait membre des ex-témoins de Jéhovah doit être congédié s’il refuse de donner sa démission.”

      M. Kalitera ayant demandé une explication sur son renvoi, il reçut une lettre du Chef du personnel. Le second paragraphe disait :

      “2. Je désire confirmer ce que le ministre des postes vous a déjà dit, à savoir que son Excellence le Président à vie a donné des instructions selon lesquelles tout fonctionnaire qui refuse d’acheter une carte du PCM ne peut demeurer au service du gouvernement et doit démissionner de son poste. En raison de votre refus, je dois donc accepter votre démission des services publics à dater du 4 octobre 1972.”

      Tous les autres témoins, fonctionnaires du gouvernement, qui ont été congédiés, ont reçu une lettre semblable. Ces hauts fonctionnaires ont-​ils été à l’encontre des désirs du président à vie et ont-​ils présenté sous un faux jour son point de vue à ce sujet en faisant de telles déclarations concernant l’administration ?

      Fuite hors du pays

      Les témoins de Jéhovah espéraient que le gouvernement du Malawi, et plus particulièrement son chef, le président à vie H. Kamuzu Banda, interviendraient pour leur accorder la protection prévue par la loi. Comme il n’en a rien été, ils ont été obligés de s’enfuir pour sauver leur vie. En cela ils ont suivi le conseil du Fils de Dieu, disant : “Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre.” (Mat. 10:23). Comme ils ne pouvaient fuir dans une autre ville ou dans un autre village du Malawi, ils ont dû s’enfuir dans d’autres pays.

      Mais pourquoi Dieu permet-​il que ceux qui désirent le servir soient l’objet de telles persécutions cruelles ? À quoi cela sert-​il ?

      [Illustration, page 21]

      Les journaux du Malawi attribuent au président à vie de ce pays des déclarations virulentes contre les témoins de Jéhovah.

      The Times

      BLANTYRE, THURSDAY, NOVEMBER 30, 1967

      VICIOUS SLANDER SAYS PRESIDENT

      The Times

      BLANTYRE, MONDAY, SEPTEMBER 18, 1972

      President hits at banned sect ‘DEVIL’S WITNESSES’

      ‘THEY ARE STUPID’

      The Times

      BLANTYRE, MONDAY, OCTOBER 6, 1969

      ‘WITNESS MEMBERS ARE LIARS’

      THEY ARE DETRIMENTAL TO THE GOOD GOVERNMENT OF MALAWI — PRESIDENT

      [Illustration, page 22]

      M. R. Kalitera, témoin de Jéhovah, travaillait dans les postes du Malawi depuis 1949. Il a été congédié en 1972. Comme vous pouvez le vérifier, il n’a pas été renvoyé pour avoir refusé de payer ses impôts, mais pour avoir refusé d’acheter une carte de membre du parti politique.

  • Pourquoi Dieu permet-il de telles persécutions ?
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Pourquoi Dieu permet-​il de telles persécutions ?

      À CHILOMONI, près de Blantyre, les hommes qui attaquaient les témoins de Jéhovah leur ont dit : “Si Dieu existe, il devrait voir ce qui arrive aux témoins de Jéhovah et les exaucer. Il peut voir, n’est-​ce pas ?”

      À Chalunda, quarante-deux témoins ont été conduits devant E. Y. Zenengeya, chef local du parti, qui a donné à des membres de la Ligue de la jeunesse l’ordre de les battre. L’un des jeunes, nommé Chimombo, a dit : “Que votre Dieu vous sauve ! S’il existe, qu’il me jette une bombe pour me tuer !”

      De telles déclarations pourraient nous amener à nous poser la question suivante : Pourquoi Dieu permet-​il que ceux qui l’adorent subissent des atrocités ?

      La raison des persécutions

      Selon la Parole divine, la raison pour laquelle Dieu tolère de telles persécutions aujourd’hui est celle-là même qui l’amena à permettre que son Fils subisse des affronts, des souffrances et la mort par la main de ses ennemis. Jésus-Christ fut arrêté, battu et ridiculisé. Pendant qu’il était cloué au poteau et en train de mourir, certains hommes se moquèrent de lui, en disant : “Il en a sauvé d’autres ; il ne peut se sauver lui-​même ! Il est Roi d’Israël ; qu’il descende maintenant du poteau de torture et nous croirons en lui. Il a mis sa confiance en Dieu ; qu’Il le secoure maintenant, s’Il a besoin de lui, car il a dit : ‘Je suis Fils de Dieu’.” (Mat. 27:39-44). Pourtant, Dieu ne foudroya pas ces moqueurs. Pourquoi ?

      C’est à cause d’une grande question qui concerne toutes les créatures du ciel et de la terre. Cette question met en doute la légitimité de la souveraineté de Dieu dans l’univers. La Bible révèle que cette question fut soulevée par l’adversaire de Dieu. Dans les Écritures hébraïques, le mot traduit par “adversaire” est satan, et de ce fait l’adversaire principal de Dieu est appelé “Satan”. La question qu’il souleva en Éden il y a des milliers d’années ne concernait pas la puissance divine. En effet, le Dieu tout-puissant peut écraser sur-le-champ toute opposition à son gouvernement (Nomb. 16:45). Il s’agissait plutôt d’une question morale. Elle mettait en doute l’attachement et la fidélité de toutes les créatures au gouvernement de Dieu, qualités qu’elles devaient démontrer en obéissant à ses lois et à sa volonté révélée. — Gen. 3:1-5 ; Job 1:6-12.

      Jéhovah Dieu a laissé s’écouler assez de temps pour que cette question universelle soit réglée une fois pour toutes. Il a permis aux hommes sur la terre de démontrer s’ils sont en faveur de son gouvernement ou non. Ceux qui aiment la justice ont l’occasion de prouver pleinement leur fidélité dans l’épreuve.

      Ainsi, le but de l’Adversaire est de porter atteinte à la fidélité de ceux qui adorent Dieu. Satan ne sert guère sa cause en provoquant la mort de quelqu’un qui maintient son intégrité envers Dieu. C’est pourquoi le Fils de Dieu pouvait dire à ses disciples la dernière nuit avant de mourir : “J’ai vaincu le monde.” (Jean 16:33). Tous les efforts que l’adversaire de son Père avait déployés pour le détourner de la voie de l’intégrité avaient échoué. En gardant sa fidélité à Dieu jusqu’à sa mort sur un poteau de torture, Jésus-Christ fournit la réponse par excellence à la question soulevée par Satan, car il démontra qu’aucune souffrance ne pouvait diminuer son amour pour son Père ni sa fidélité envers la souveraineté divine.

      Des milliers d’années auparavant, Job, un homme juste habitant en Orient, subit lui aussi des épreuves. Le récit historique de son cas relate comment l’adversaire de Dieu fit perdre à Job ses enfants et ses biens. Les maraudeurs qui volèrent son bétail et tuèrent les hommes qui les gardaient ont pu penser que Dieu ne s’occupait pas de ce qu’ils faisaient. Ils ont pu dire : ‘Où est Jéhovah ? S’il est Dieu, pourquoi n’envoie-​t-​il pas une épée ou du feu pour nous tuer ?’ Certes, Dieu ne les détruisit pas sur-le-champ, mais l’Adversaire invisible qui les avait envoyés subit une défaite totale. En quel sens ? Satan et ses agents furent vaincus parce qu’“en tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu”. Il garda sa foi en Dieu et son intégrité dans l’épreuve. — Job 1:22.

      Notez qu’à la différence de Jésus, Job ne perdit pas la vie pendant l’épreuve. Il survécut à son adversité et connut une longue vie de bonheur. De même, l’immense majorité des témoins du Malawi ont survécu aux persécutions. Le fait que Job et la plupart des témoins du Malawi ont survécu signifie-​t-​il qu’ils ont été favorisés par Dieu plus que ceux qui sont morts dans les persécutions ? Non, évidemment, car Jéhovah Dieu permit que son propre Fils soit tué. En revanche, le fait que certains ont perdu la vie prouve indéniablement que ni la mort ni les menaces ne peuvent amener les vrais serviteurs de Dieu à désobéir à sa Parole et à ses justes principes.

      Comme dans les temps anciens, aujourd’hui encore les serviteurs de Dieu passent par une grande variété d’épreuves. Ils fournissent ainsi une réponse complète à la question soulevée par Satan, car aucun aspect de leur fidélité ou de leur endurance n’échappe à l’épreuve. À propos de certains des serviteurs de Dieu du passé qui furent torturés, nous lisons qu’ils moururent “afin d’acquérir une meilleure résurrection”, alors que “d’autres subirent leur épreuve par des moqueries et des flagellations, et même bien plus que cela, par des liens et des prisons. Ils furent lapidés, ils furent éprouvés, ils furent sciés en deux, ils moururent égorgés par l’épée, ils allèrent çà et là, sous des peaux de brebis, des peaux de chèvres, alors qu’ils étaient dans le besoin, dans la tribulation, maltraités”. (Héb. 11:35-37.) Mais ils restèrent fidèles à Dieu et jouirent de sa faveur. À l’heure prévue, ils recevront la récompense de la vie dans l’ordre nouveau promis par Dieu, qui est “le rémunérateur de ceux qui le cherchent sincèrement”. — Héb. 11:6.

      À notre époque, certaines femmes fidèles ont dû supporter des atrocités, des traitements inhumains, scandaleux et répugnants. Cependant, elles prouvent ainsi qu’aucune forme de souffrance, — même le viol, — ne peut briser l’intégrité des témoins de Dieu. Certains sévices laissent des cicatrices sur le corps ; d’autres, tels que des outrages sexuels ou le fait de voir son enfant succomber sous des coups, peuvent laisser des marques mentales ou affectives.

      Mais sous le règne du Royaume de son Fils, Jéhovah Dieu effacera toutes ces cicatrices. À propos de telles souffrances, il accomplira la promesse suivante qu’il fit jadis au peuple d’Israël : “On ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l’esprit.” Les bénédictions de cet ordre nouveau et juste feront disparaître toutes les anciennes souffrances, qui céderont la place à des joies et à un bonheur sans fin (És. 65:17-19). Considérées rétrospectivement, toutes ces épreuves paraîtront, pour reprendre les termes de l’apôtre Paul, ‘momentanées et légères’, à côté de la merveilleuse récompense éternelle. — II Cor. 4:17, 18.

      D’autres raisons

      D’autres choses très utiles sont accomplies grâce à la permission divine de la persécution. L’une d’elles concerne les persécuteurs.

      Certains persécuteurs peuvent ressembler à Saul de Tarse, qui ‘respirait la menace et le meurtre’ contre les disciples du Christ. Il approuvait le meurtre des chrétiens et s’acharnait après eux dans toute la Palestine (Actes 9:1 ; 7:58 à 8:3). Mais dès qu’il vit les choses sous leur vrai jour, il devint l’un des plus zélés des apôtres du Christ. Il dut alors prouver sa propre fidélité dans les persécutions. Il fut profondément reconnaissant envers Dieu et lui rendit grâce de sa grande patience et de sa bonté imméritée, qui lui avaient permis de se détourner du mauvais chemin. — I Cor. 15:9, 10.

      On voit donc que les chrétiens qui souffrent aujourd’hui peuvent se réjouir à la pensée que la patience divine permettra peut-être à certains de leurs persécuteurs de changer de conduite et d’obtenir la vie éternelle dans l’ordre nouveau promis par Dieu. Par ailleurs, en étant témoins de ces persécutions ou en en lisant le récit, bien d’autres personnes pourront mieux comprendre la vérité et prendre position pour Dieu.

      Mais il y a plus. Avec le temps, la permission divine de la persécution démasque ceux qui sont les ennemis acharnés de Dieu et qui refusent de changer. Le fait qu’ils persistent à s’opposer aux chrétiens malgré les preuves de leur innocence, les condamnera comme ennemis volontaires de Dieu. Ainsi, Dieu sera pleinement justifié lorsqu’il les jugera dignes d’être détruits et que, sous peu, il mettra fin au présent système de choses inique et violent qui prévaut sur toute la terre. — II Thess. 1:6-9.

      Jadis, l’apôtre Pierre écrivit à ses frères chrétiens : “Bien-aimés, ne soyez pas intrigués, comme s’il vous survenait une chose étrange, par l’incendie qui est au milieu de vous, lequel vous arrive pour vous éprouver.” (I Pierre 4:12). De nos jours, les témoins de Jéhovah du Malawi et d’ailleurs ne sont pas intrigués par ce qui leur arrive. Ils comprennent pourquoi Dieu permet les persécutions, et ils sont sûrs du résultat final, à savoir que Dieu sera glorifié et qu’eux-​mêmes recevront des bénédictions éternelles.

  • Ce que feront les témoins de Jéhovah et ce que vous pouvez faire
    Réveillez-vous ! 1973 | 8 février
    • Ce que feront les témoins de Jéhovah et ce que vous pouvez faire

      LES témoins de Jéhovah du Malawi, comme ceux des autres pays, ont la conscience tranquille. Ils n’ont rien à se reprocher, ni vis-à-vis des hommes ni vis-à-vis des gouvernements. En se montrant loyaux et intègres à l’égard des lois divines, ils évitent d’irriter Dieu. Ils peuvent dire avec l’apôtre Paul : “Je m’exerce continuellement pour avoir cette conscience que je ne commets pas d’offense contre Dieu et les hommes.” — Actes 24:16.

      Les témoins de Jéhovah n’ont nullement l’intention de cesser d’être fidèles à Dieu. Ils sont bien décidés à continuer d’obéir à sa Parole. D’autre part, comme de vrais disciples de Jésus-Christ, ils se montreront soumis aux “autorités supérieures” du pays où ils habitent (Rom. 13:1). Ils n’essaieront pas de faire justice en se vengeant de leurs persécuteurs. Le Fils de Dieu n’agit pas de la sorte. À son sujet, l’apôtre Pierre écrivit : “Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle pour que vous suiviez attentivement ses traces. Il n’a pas commis de péché et il ne s’est pas trouvé non plus de tromperie dans sa bouche. Quand il était injurié, il ne rendait pas l’injure. Quand il souffrait, il ne menaçait pas, mais il s’en remettait sans cesse à celui qui juge avec justice.” — I Pierre 2:21-23.

      Si les témoins de Jéhovah recouraient à des menaces, essayaient d’exercer des pressions politiques et économiques ou fomentaient des troubles, ils ne feraient qu’imiter leurs ennemis. Ils perdraient l’approbation de Dieu. Ils suivent plutôt ce conseil donné par l’apôtre Paul : “Ne rendez à personne le mal pour le mal. (...) Ne vous vengez pas vous-​mêmes, bien-aimés, mais cédez la place au courroux ; car il est écrit : ‘La vengeance est à moi ; moi je rendrai, dit Jéhovah ! (...) Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais ne cesse de vaincre le mal par le bien.” (Rom. 12:17-21). Ainsi, les témoins de Jéhovah comptent sur les moyens justes que Dieu emploiera pour leur apporter une délivrance réelle et durable.

      Confiants que Dieu peut les soutenir

      C’est grâce à leur foi dans les promesses divines que les témoins de Jéhovah peuvent adopter cette ligne de conduite. Bien que Dieu permette qu’ils soient éprouvés pendant un certain temps, il ne les abandonnera jamais. Leurs ennemis ont beau les priver de leurs moyens d’existence, cette promesse divine reste toujours valable : “Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai en aucune façon.” Aussi ont-​ils bon courage, et ils peuvent dire : “Jéhovah est mon secours ; je n’aurai pas peur. Que peut me faire l’homme ?” (Héb. 13:5, 6). Ils savent que Dieu les soutiendra matériellement et autrement à l’heure de l’épreuve, et que même s’ils doivent mourir, il leur redonnera la vie dans son ordre nouveau. — Actes 24:15.

      Les témoins de Jéhovah sont encouragés parce qu’ils reçoivent individuellement l’aide de Dieu, qui leur accorde la force d’endurer et la sagesse pour résoudre leurs problèmes. Comme Paul et ses frères chrétiens, les témoins au Malawi ou dans les camps de réfugiés peuvent dire : “Nous sommes pressés de toute manière, mais non à l’étroit sans pouvoir bouger ; nous sommes perplexes, mais non absolument sans issue ; nous sommes persécutés, mais non laissés là ; nous sommes renversés, mais non détruits. Toujours nous endurons en tous lieux dans notre corps la manière meurtrière dont on a traité Jésus.” — II Cor. 4:8-10.

      Ces chrétiens sont réellement réconfortés lorsqu’ils se souviennent que Jéhovah Dieu ne permettra jamais que ses serviteurs soient dispersés et détruits. Ils perdront peut-être leurs maisons et leurs biens, et certains, — en général seule une minorité d’entre eux, — peuvent même être tués. Néanmoins, ils savent que puisque Dieu soutient son peuple par le moyen du juge céleste qu’il a établi, à savoir Jésus-Christ, il ne permettra jamais qu’ils soient anéantis.

      Les témoins de Jéhovah continueront d’être obéissants aux lois des systèmes politiques de ce monde, et se garderont de manquer de respect à leur égard. En même temps ils se tiendront inébranlablement séparés du monde. Ils ne cesseront de prendre fait et cause pour le Royaume de Dieu, le gouvernement qui jouit de leur confiance et constitue leur véritable espérance, sinon ils ne garderaient pas l’approbation divine. — Jean 18:36.

      Efforts en faveur des chrétiens persécutés

      Les témoins de Jéhovah du Malawi ont prié Dieu pour qu’il les aide à supporter l’épreuve avec succès et à garder leur fidélité. Leurs frères spirituels dans le monde entier prient également pour eux, comme le firent les premiers chrétiens lorsque l’apôtre Pierre fut emprisonné et menacé de mort (Actes 12:5). L’apôtre Paul demanda aux frères de prier pour qu’il soit délivré des incroyants de Judée (Rom. 15:30, 31). Vous aussi, vous pouvez joindre votre voix à celles qui prient Dieu en faveur des chrétiens qui souffrent injustement à l’heure actuelle.

      Jadis, le Fils de Dieu compara les habitants de la terre à des brebis et à des boucs qui seraient séparés par un berger. Dans cette illustration, il expliqua que lui-​même accomplirait cette œuvre de séparation à l’époque où il serait présent pour juger. Sa présence serait invisible. La preuve en est que certains hommes lui diraient : “Seigneur, quand t’avons-​nous vu avoir faim et t’avons-​nous nourri, ou avoir soif et t’avons-​nous donné à boire ? Quand t’avons-​nous vu étranger et t’avons-​nous reçu avec hospitalité, ou nu et t’avons-​nous vêtu ? Quand t’avons-​nous vu malade ou en prison et sommes-​nous allés auprès de toi ?” Jésus déclara qu’il leur répondrait : “Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” — Mat. 25:31-40.

      Certains habitants du Malawi et d’autres pays ont observé les souffrances des témoins chrétiens de Jéhovah et les ont aidés et consolés. Reconnaissant leur innocence et la véracité de leur message, certaines personnes ont pris position pour la justice avec les témoins. Parfois, de telles personnes ont elles aussi été persécutées. Mais elles peuvent se réjouir, car Jéhovah Dieu et son Fils les voient et les récompenseront. Aux “brebis”, Jésus dira : “Venez, vous qui avez la bénédiction de mon Père, héritez le royaume qui vous a été préparé.” Elles éviteront ainsi d’aller “au retranchement éternel”, la destruction totale réservée à ceux qui adoptent la position adverse. — Mat. 25:34, 46.

      Nous espérons que beaucoup de personnes au Malawi témoigneront encore de la compassion à l’égard des témoins chrétiens de Jéhovah, et qu’elles admireront leur foi inébranlable et leur attachement indéfectible au Royaume de Dieu et de son Fils. Nous osons espérer également que les dirigeants reconnaîtront que les témoins de Jéhovah ne constituent pas un danger pour leur pays, mais qu’au contraire ils représentent une force de justice et de moralité, qualités qui apportent aux habitants de n’importe quel pays des bienfaits durables. Nous espérons que les gouvernants prendront des mesures pour réparer les torts faits aux témoins de Jéhovah, et qu’ainsi leur nation retrouvera sa dignité aux yeux de tous.

      Les témoins de Jéhovah du Malawi, qu’ils soient encore dans leur pays ou dans des camps de réfugiés ailleurs, demandent simplement que le gouvernement leur applique les garanties de la Constitution de la république du Malawi. Dans son premier chapitre, ce document déclare :

      “(III) Le gouvernement et le peuple du Malawi reconnaîtront sans cesse le caractère sacré des libertés personnelles énoncées dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme des Nations unies, et ils adhéreront à la Loi des nations ;

      “(IV) Nul ne sera privé de sa propriété sans recevoir une juste indemnité, et seulement lorsque l’intérêt public l’exige ;

      “(V) Tous les hommes jouissent des mêmes droits et des mêmes libertés, sans distinction d’origine, de race ou de religion.”

      Les récents événements au Malawi impliquant les témoins de Jéhovah fournissent l’occasion aux dirigeants les plus élevés du pays de démontrer leur attachement à ces garanties de la Constitution de la république du Malawi. Agiront-​ils dès maintenant pour redonner ces droits légaux aux témoins chrétiens de Jéhovah qui sont citoyens du Malawi ?

      Peut-être désirez-​vous vous exprimer personnellement en faveur de ceux qui ont tant souffert au Malawi. Vous pouvez écrire aux autorités compétentes de ce pays, en leur exprimant votre inquiétude et votre compassion à l’égard des chrétiens persécutés, et en demandant qu’ils soient rapidement aidés. Voici la liste des personnages à qui il conviendrait d’envoyer votre appel :

      ADRESSES

      His Excellency the Life President, Dr. H. Kamuzu Banda

      Central Government Offices

      Box 53

      Zomba, Malawi

      The Honourable A. A. Muwalo Nqumayo, M.P.

      Minister of State (President’s Office)

      Central Government Offices

      Box 53

      Zomba, Malawi

      The Honourable A. M. Nyasulu, M.P.

      Speaker of National Assembly

      Central Government Offices

      Box 53

      Zomba, Malawi

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