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TchécoslovaquieAnnuaire 1972 des Témoins de Jéhovah
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mensongères, le clergé parvint à faire arrêter certains de ces frères et à les faire expulser du pays.
Le Photo-Drame de la Création se révéla une aide précieuse pour prêcher la bonne nouvelle. Il avait déjà été projeté ici en 1927 et en 1928, devant des assistances nombreuses à Prague, à Brno et dans d’autres chefs-lieux comme Most et Chomutov. Mais de 1931 à 1935 le Photo-Drame accomplit vraiment sa mission. Il fallut du temps pour traduire son texte dans les principales langues du pays, mais en 1934 le Photo-Drame avait traversé le pays tout entier d’ouest en est, ayant été projeté dans toutes les grandes villes.
Les frères qui participaient à la diffusion des feuilles d’invitation et qui organisaient les réunions et les services qui s’y rattachaient travaillaient avec un enthousiasme extraordinaire. Voici quelques chiffres qui ont été conservés sur l’activité avec le Photo-Drame :
Le périodique L’Âge d’Or (maintenant Réveillez-vous !) se révéla être un autre moyen efficace pour augmenter le témoignage rendu au public. Ce journal fut publié en tchèque pour la première fois en 1932, et cette année-là 71 200 exemplaires furent remis entre les mains du public.
UNE FILIALE EST ÉTABLIE
À cette époque-là, la plupart de nos publications étaient imprimées à Magdeburg, et la filiale allemande continuait à diriger l’œuvre en Tchécoslovaquie. Mais en 1933, Hitler s’empara du pouvoir en Allemagne, et bientôt il y eut de sévères persécutions dans ce pays et l’imprimerie fut confisquée. Il devint donc nécessaire d’ouvrir une filiale à Prague. Frère Edgar Merk, de Magdeburg, fut nommé serviteur de filiale, et frère Karel Kopetzky désigné comme serviteur du Béthel. La nouvelle filiale fut une bénédiction du ciel pour les pionniers et les groupes dans tout le pays. Par ailleurs, à mesure que les conditions empiraient en Allemagne, de nombreux pionniers, chassés de ce pays, vinrent nous prêter leur concours.
En 1934, de nouvelles lois plus sévères entrèrent en vigueur en Tchécoslovaquie, si bien que la majorité des frères étrangers durent quitter le pays. Depuis ce temps-là, l’œuvre a été effectuée principalement par des frères locaux. Le pays entier fut divisé en 124 territoires, qui furent attribués soit à des congrégations soit à des pionniers. Cette année-là, 110 de ces territoires furent visités en entier ou en partie, et certains d’entre eux reçurent le témoignage deux fois au cours de l’année.
Au printemps de 1934, la Société transféra sa filiale dans un local plus spacieux situé au 16 rue Tylova, Smíchov, Prague. De nombreuses machines nous furent envoyées de Magdeburg, ce qui nous permit d’imprimer pendant plusieurs années nos feuilles d’invitation, des éditions mensuelles de La Tour de Garde et de L’Âge d’Or en tchèque et en hongrois, ainsi que de nombreuses brochures en tchèque, en slovaque, en allemand, en hongrois, en polonais et en roumain.
Les chiffres suivants, représentant les résultats obtenus au cours de deux périodes de témoignage internationales, donnent la mesure de l’accroissement de l’œuvre du Royaume à cette époque-là :
Comme il fallait s’y attendre, l’expansion des activités du Royaume suscita de l’opposition et une résistance acharnée de la part du clergé, qui voulait empêcher la diffusion de la vérité biblique. Expliquant en partie ce qui se produisit, l’Annuaire de 1935 (en allemand) déclarait :
“Au début de l’année de service, les témoins de Jéhovah ont commencé à subir de grandes persécutions dans ce pays. Ils ont été accusés d’espionnage, le bureau de la Société a été perquisitionné et un grand nombre de pionniers ont été arrêtés. Finalement, toutes les accusations portées contre la Société à l’instigation du clergé ont été réfutées, et dès que le gouvernement a appris la vérité sur cette affaire, il a arrêté les persécutions. Pendant la seconde moitié de l’année de service, l’œuvre a pu se poursuivre sans obstruction juridique. Cependant, les pionniers ont dû supporter les persécutions que le clergé leur a infligées dans tout le pays. Au début de l’année, 281 procès intentés aux témoins étaient en cours, et durant l’année 109 nouvelles actions juridiques ont été entreprises contre eux. À la fin de l’année de service, 182 jugements avaient été rendus, si bien que 208 procès restaient en suspens. Dans 142 des jugements rendus, les accusés ont été acquittés.”
SOUS LA DIRECTION DU BUREAU DE L’EUROPE CENTRALE
Au printemps de 1936, frère Rutherford décida de placer la filiale de Prague sous la direction du bureau de l’Europe centrale que la Société avait établi à Berne, en Suisse. Frère Harbeck en était le directeur. Ce changement fut apporté à cause des dissensions continuelles entre frères responsables. Le nouveau serviteur de filiale était frère Heinrich Dwenger qui, après avoir travaillé à la filiale de Magdeburg, servait depuis 1933 dans d’autres pays comme représentant itinérant de la Société.
Entre-temps, en août 1936, la Société avait organisé un congrès international à Lucerne, en Suisse. Quatre-vingt-dix personnes venues de la Tchécoslovaquie eurent la joie d’assister à cette assemblée merveilleuse. Certes, l’évêque catholique de Lucerne fit de son mieux pour empêcher le public d’écouter le discours de frère Rutherford intitulé “Harmaguédon”, et la police entoura la salle et empêcha d’y entrer tous ceux qui ne portaient pas l’insigne du congrès. Néanmoins, frère Rutherford put donner sa conférence très opportune.
Un an plus tard, du 28 au 30 août, un autre congrès international fut organisé, cette fois-ci à Prague. Dans la salle principale, le programme fut présenté en tchèque et en allemand, tandis que dans deux autres salles les frères hongrois et polonais purent suivre les discours dans leur langue respective. Le point culminant fut le discours public intitulé “Intolérance” prononcé en anglais par frère Harbeck et traduit en tchèque par frère Bahner. L’auditoire de 1 500 personnes comprenait des délégués venus de l’Autriche, de la Pologne, du Danemark et de la Suisse. Pour la première fois dans l’histoire de l’œuvre dans ce pays, les discours des représentants de la Société, y compris celui prononcé en anglais par frère Dey de la filiale danoise, furent radiodiffusés par une station émettrice à ondes courtes.
Malgré les problèmes qui commencèrent à surgir pour les frères à cause du service militaire, l’œuvre du Royaume était maintenant vraiment prospère. Quatorze frères et sœurs travaillaient au bureau et à l’imprimerie de la filiale, et bientôt il n’y avait pas assez de place. Aussi la Société loua-t-elle une autre maison située au 89 rue Podvinni, Vysočany, à Prague, et tous les services de la filiale furent transférés à cette adresse. La prédication pénétrait dans tout le pays, aussi bien les grandes villes que les hameaux et même les maisons isolées dans les montagnes. Voici ce que déclara l’Annuaire 1938 (en allemand) au sujet de la diffusion de la bonne nouvelle : “À Serna, un village hongrois d’à peu près 2 000 habitants, il y avait environ cinquante témoins dont l’influence était tellement forte que les gens n’allaient plus à l’église. Se trouvant dans l’impossibilité de changer cette situation, le prêtre quitta le village. Le magistrat local hésitait à accepter son remplacement par un autre prêtre ; lui-même ne fréquentait plus l’église, et il déclara que s’il voulait apprendre davantage concernant la Bible, il préférerait s’adresser aux témoins de Jéhovah.”
PRESSIONS EXERCÉES PAR LES NAZIS
Mais des nuages menaçants s’amoncelaient à l’horizon. L’Allemagne s’était retirée de la Société des Nations et était totalement militarisée. La plupart des Allemands habitant les régions frontalières de la Bohême et de la Moravie étaient attirés par le système nazi. La majorité d’entre eux étaient catholiques et leur Église ne s’opposait pas au national-socialisme. Dans ces régions, les frères durent faire face à l’opposition acharnée et à l’influence politique du parti de Henlein, porte-parole de l’Allemagne nazie. Seules les régions tchèques permirent aux témoins de déployer à peu près librement leur activité. Les Tchèques ne se laissaient pas influencer outre mesure par la propagande catholique. Ils se sentaient plus libres que le reste de la population de lire et d’examiner pour eux-mêmes le message du Royaume. Ainsi passa la première partie de 1938. Puis, l’été venu, Hitler fit connaître ses revendications territoriales en Tchécoslovaquie. La succession rapide d’événements politiques amena de grandes difficultés. Déjà au mois d’août de cette année-là, toutes les réunions furent interdites, ce qui obligea les frères à se réunir par petits groupes pour les études et les réunions de service.
Peu de temps après, les armées de Hitler occupèrent les régions frontalières de la Bohême et de la Moravie, avec l’approbation de l’Église catholique romaine. Les maisons des témoins de Jéhovah furent constamment surveillées, nombre de frères furent battus et détenus en prison, et certains d’entre eux, y compris des frères âgés, furent envoyés dans des camps de concentration allemands. L’œuvre du Royaume dans ces régions fut complètement paralysée.
L’OCCUPATION ET LA GUERRE
Pendant la première moitié de l’année de service 1939, seul un petit nombre de proclamateurs, ceux qui habitaient en dehors de la zone soumise à l’influence allemande, envoyèrent leurs rapports au bureau de Prague. Mais ces proclamateurs ont persévéré fidèlement.
Hitler ne perdit pas de temps dans la réalisation de sa politique expansionniste. Le 15 mars 1939, ses armées traversèrent la frontière et marchèrent sur Prague. Non seulement les régions à forte population allemande, mais toute la Bohême et la Moravie furent déclarées protectorat du Reich allemand. Entre-temps la Hongrie avait occupé une grande partie de la Slovaquie, et ce qui en restait devint un État indépendant dirigé par le prélat catholique Tiso. La filiale de la Société reçut immédiatement l’ordre de démonter toutes les machines de son imprimerie et de les expédier hors du pays. En deux semaines, toutes les machines étaient prêtes pour être exportées vers les Pays-Bas, et quelques jours plus tard il en fut de même de tout le reste du matériel de l’imprimerie. Les autorités tchèques donnèrent l’autorisation de les exporter en nous dispensant de remplir toutes les formalités normalement requises.
Le 30 mars, des agents de la Gestapo visitèrent pour la première fois le bureau de Prague et saisirent une faible quantité de publications et de Bibles en allemand. Un frère, qui avait déjà été arrêté en Allemagne, fut arrêté de nouveau à cette occasion. Puisque les frères de nationalité tchèque n’étaient pas encore inquiétés, trois frères, František Kapinus, Bohumil Müller et Vojtech Matejka, purent rester et liquider les affaires de la filiale.
Frère Müller raconte comme suit ses souvenirs de ce printemps-là : “À l’époque seul frère Kapinus était connu de la Gestapo. Au début du mois d’avril, frère Kapinus suggéra que j’évite de me faire connaître d’elle. Il nous conseilla de fermer à clef la porte principale du Béthel, pour que la Gestapo soit obligée de sonner. Cela permettrait à frère Kapinus de regarder par la fenêtre du premier étage et de me prévenir si c’était la Gestapo, en me laissant le temps de traverser la cour derrière le Béthel et de me cacher dans un grand jardin à côté. Ainsi, lorsque la Gestapo visitait le Béthel, comme elle le fit souvent à cette époque-là, j’étais toujours caché dans les arbustes. En parlant des publications en tchèque, lors de sa première visite la Gestapo avait dit : ‘Vous pouvez donner tout ce que vous voulez aux Tchèques.’ Mais lorsque ses agents revinrent en avril et ne trouvèrent même pas une brochure, ils étaient surpris et fâchés. Tout le stock de publications avait été mis en lieu sûr dans l’appartement vide d’une sœur âgée, avant d’être dispersé un peu partout dans la ville, dans les foyers des proclamateurs.”
En mai 1939, les trois frères décidèrent de fermer la filiale et d’entrer dans la clandestinité. Frère Müller resta à Prague pour réorganiser l’œuvre, frère Kapinus rentra chez lui dans une ville en Moravie, où il consacra une partie de son temps à la traduction, et frère Matejka rentra en Slovaquie, où il y avait déjà des problèmes de communication. Cette décision s’avéra sage, car pendant les années 1940-1945, les frères de Bohême et de Moravie durent supporter de cruelles persécutions de la part de la Gestapo, certains d’entre eux mourant pour leur foi. En Slovaquie, une fois les premières difficultés résolues, l’œuvre progressa sans heurt, bien que clandestinement. Frère Kapinus finit par être arrêté en 1940, et frère Müller le fut en 1941. Avant la fin de la guerre, ces deux frères furent incarcérés dans plusieurs prisons nazies et dans des camps de concentration. À partir de 1943, le nombre des arrestations augmenta, et bientôt la moitié des témoins de Jéhovah de Bohême et de Moravie se trouvait en prison.
Ceux qui étaient encore libres ne cessèrent de rendre témoignage en faveur de Jéhovah et de son Royaume. Les publications leur manquaient, mais à l’aide de la seule Bible ils visitaient les gens et les instruisaient relativement à la volonté de Dieu. Même dans ces conditions difficiles, certaines personnes parvinrent à une connaissance de Jéhovah Dieu et de son chemin du salut. D’autres apprirent la vérité de la Parole de Dieu dans les camps de concentration, et lorsqu’ils rentrèrent chez eux après la guerre, ils étaient complètement transformés. Ils étaient partis comme prisonniers politiques, et ils rentrèrent comme témoins du Dieu suprême. Les frères fidèles qui survécurent aux horreurs des camps nazis revinrent affaiblis physiquement mais fortifiés par les épreuves qu’ils avaient subies. L’ennemi s’était montré incapable de détruire leur foi et leur fidélité envers Dieu.
LA RECONSTRUCTION APRÈS LA GUERRE
Après la capitulation des armées nazies en mai 1945, les survivants des camps de concentration revinrent chez eux les uns après les autres. Beaucoup d’entre eux furent accueillis avec joie dans leurs congrégations et leurs groupes d’étude. Mais pour d’autres, la rentrée fut assombrie par des peines de cœur. Leurs maisons avaient été démolies ; leurs parents bien-aimés avaient disparu. Certaines familles attendaient le retour d’un de leurs membres, même si elles avaient été informées qu’il était mort. Elles ne désespéraient pas de le retrouver.
La première étape de la reconstruction théocratique consistait à retrouver les congrégations et les groupes de proclamateurs isolés et de les remettre en contact avec la filiale qui fonctionnait de nouveau. Cette tâche n’était pas facile, car de nombreuses adresses n’étaient plus valables, soit parce que les gens étaient morts, soit parce qu’ils avaient déménagé, ou bien la maison était un amas de décombres. La situation était plus facile dans le territoire de l’ancien État slovaque, où les persécutions avaient été moins sévères et où l’organisation avait fonctionné et s’était développée même pendant la guerre. D’autre part, nombre de nos frères et sœurs d’expression allemande en Bohême et en Moravie avaient connu de grandes persécutions, et bien qu’ils n’aient commis aucun délit contre la République tchécoslovaque, ils avaient été chassés de chez eux et obligés d’émigrer en Allemagne en compagnie du reste de la population qui parlait l’allemand.
La guerre ayant interrompu la plupart des moyens de communication et de transport, il fut d’abord très difficile de se mettre en rapport avec les autres filiales de la Société ou avec le bureau de Brooklyn. Mais dès que le contact fut rétabli, frère Bohumil Müller fut nommé serviteur de filiale. Ce fut en automne 1945. Le Ministère de l’Intérieur fut informé que nos associations reprenaient leurs activités. Ce ministère accusa réception de notre lettre. Des dispositions furent également prises pour ouvrir le bureau auxiliaire de l’Association internationale des Étudiants de la Bible à Bratislava, en Slovaquie.
À cause de la pénurie de logements à Prague, pendant quelque temps il fut pratiquement impossible de trouver un local approprié pour le siège de la filiale. Enfin, au début de 1946, nous avons réussi à louer deux grandes pièces et une plus petite pour le bureau, ainsi qu’une salle des ventes située dans la rue Mladoňovicova, à Žižkov, que nous avons aménagée en dépôt de publications. À la fin de l’année, nous avons eu la joie d’acheter une maison à deux étages presque neuve à Suchdol, près de Prague.
En dépit des problèmes de l’après-guerre, y compris le rationnement du papier et une surveillance exercée par le Ministère de l’Information, nous avons pu imprimer de grandes quantités de brochures ainsi que La Tour de Garde en tchèque, des tracts, des feuilles d’invitation pour notre campagne de réunions publiques, et d’autres imprimés. En outre, nous avons reçu en cadeau des publications expédiées par le bureau de Brooklyn, dont un des envois remplissait à lui seul tout un wagon de chemin de fer.
L’aide matérielle reçue des frères américains et canadiens toucha le cœur des frères et des sœurs de Tchécoslovaquie. Deux envois importants de vêtements et de chaussures et un autre de denrées alimentaires furent distribués parmi les pionniers et les proclamateurs de congrégation nécessiteux. Pendant cette période de reconstruction, ces dons venaient à point nommé et étaient d’une valeur inestimable.
En 1946, il y eut une moyenne mensuelle de 974 proclamateurs, et un chiffre de pointe de 1 209. Il y avait 159 congrégations, dont la majorité étaient plutôt petites. Plusieurs frères furent invités à venir au Béthel pour quelques mois afin d’y recevoir une formation avant d’être envoyés pour visiter les congrégations et les fortifier. La prospérité de l’œuvre du peuple de Jéhovah était bien connue des ennemis de Dieu et de la justice. Ce ne furent pas les athées, mais les chefs des Églises catholiques et protestantes qui s’opposaient à la diffusion de la vérité biblique. Par des déclarations tendancieuses faites à la presse, ils s’efforcèrent de présenter les témoins sous un faux jour. Dans les régions catholiques de la Slovaquie, le clergé alla plus loin encore. Sa méthode préférée consistait à soulever la colère des paroissiens fanatiques et de les inciter à manifester avec violence leur haine du peuple de Jéhovah.
Dans une commune de Slovaquie orientale, quelques témoins prêchaient le Royaume de maison en maison. Dès que le prêtre de l’Église catholique grecque l’eut appris, il se mit en colère et incita des hommes et des femmes à molester ces prédicateurs paisibles. Non content de cela, il courut à l’école et persuada l’instituteur d’envoyer quelque 300 écoliers lapider les témoins. Les proclamateurs furent emmenés au poste de police et interrogés. Cependant, les policiers leur parlèrent avec amabilité, acceptèrent des publications et les laissèrent partir en leur serrant la main. Mais la foule, plus déchaînée que jamais, les chassa du village avec des bâtons et des pierres.
À Klenová, également en Slovaquie orientale, un prêtre monta la population contre les témoins. Ces derniers furent malmenés par la foule en émeute, jusqu’à l’arrivée d’une patrouille de gardes-frontières. Quelle hypocrisie de la part de ces ecclésiastiques ! Pendant la guerre, ils essayaient de convaincre les Nazis que les témoins étaient des communistes, et maintenant ils accusaient ces mêmes témoins de s’opposer au régime communiste et de menacer la liberté de la République !
Pendant la période 1945-1948, Jéhovah manifesta de plusieurs manières son souci bienveillant à l’égard de son peuple. L’École du ministère théocratique fut une aide merveilleuse nous permettant d’améliorer notre prédication dans le champ et de former des orateurs publics. Une campagne vigoureuse de réunions publiques fut organisée, si bien que pendant ces trois années 1 885 discours publics furent prononcés. Le nombre des pionniers et des pionniers spéciaux ne cessa d’augmenter. De grands congrès furent organisés. Quelque 1 400 frères assistèrent à l’assemblée tenue à Brno en 1946. Presque 1 700 personnes écoutèrent le discours public intitulé “Le Prince de la paix”, et 131 nouveaux proclamateurs symbolisèrent par le baptême l’offrande de leur personne à Dieu.
Puis, en 1947, frères Knorr et Henschel, du siège de Brooklyn, furent présents à une autre grande assemblée organisée à Brno. Cette fois-ci, quelque 2 300 personnes écoutèrent attentivement et avec un grand intérêt le discours de frère Knorr intitulé “La joie pour tous les hommes”. Il y eut 173 candidats au baptême. Ces trois journées de joyeuse compagnie fraternelle sont inoubliables.
Cependant, notre meilleur congrès se tint du 10 au 12 septembre 1948 dans la belle Salle Lucerna à Prague. Incontestablement, le programme tout entier fut conçu pour préparer les frères en vue des épreuves à venir. Le point culminant fut la conférence publique intitulée “Le Royaume, espérance de toute l’humanité”, prononcée par frère Müller et écoutée attentivement par un auditoire de 2 862 personnes. D’autres traits saillants de l’assemblée furent le baptême de 254 nouveaux frères et sœurs et l’adoption par l’ensemble des 2 135 assistants d’une Résolution exprimant leur détermination de rester fidèles à leur mission comme témoins de Jéhovah, en époque favorable et en époque difficile.
Seulement onze semaines plus tard, bien des membres du peuple de Jéhovah en Tchécoslovaquie furent obligés de prouver la réalité de la détermination qu’ils avaient exprimée dans cette Résolution.
DE NOUVEAU DANS LA CLANDESTINITÉ
Tôt le lundi matin 29 novembre 1948, la police secrète vint perquisitionner au bureau de la filiale et au Béthel ainsi que dans les maisons de nombre de surveillants de congrégation et d’autres serviteurs, situées un peu partout dans le pays. Les bureaux furent mis sous scellés et beaucoup de publications dans les congrégations furent confisquées. Trois jours plus tard, les dix membres de la famille du Béthel et trois serviteurs de la congrégation de Prague furent arrêtés. Après deux semaines d’interrogatoires, ils furent remis aux juges de la Cour d’État de Prague chargés d’instruire l’affaire. En avril, frère Kapinus fut informé de l’interdiction de toutes nos activités et de la confiscation de tous les biens de la Société. Comme ce frère se trouvait déjà en prison à Pankrác, il ne pouvait pas faire grand-chose.
En juillet 1949, lorsque les activités de la Société et de ses administrateurs eurent fait l’objet d’une enquête complète et que rien de répréhensible ne put être retenu contre les accusés, le procès fut arrêté faute de preuves. Pourtant, aucun des frères et des sœurs en prison ne fut libéré. Au contraire, le 22 juillet, ils furent transférés dans divers camps, les frères devant travailler dans des mines de charbon et des carrières et les sœurs dans les champs. Ce ne fut que bien plus tard qu’ils furent informés d’avoir été condamnés à deux ans de travaux forcés.
Les frères qui étaient encore libres continuèrent à prêcher clandestinement. La Tour de Garde et l’Informateur furent de nouveau polycopiés en tchèque, en slovaque, en allemand et en hongrois. Les circonscriptions furent réorganisées de manière à permettre aux serviteurs de les visiter à temps partiel, pour éviter qu’ils ne soient constamment en danger d’être arrêtés. De petites réunions privées furent organisées dans les maisons des frères pour étudier La Tour de Garde.
Vers le début de 1950, avant le terme de leur peine et contre toute attente, les frères se trouvant dans les camps de travail furent libérés les uns après les autres. Puisqu’il n’y avait plus de Béthel, ils s’engagèrent dans l’œuvre clandestine, encourageant les autres proclamateurs et, au besoin, apportant leur aide à l’organisation du ministère. Au début, l’emprisonnement de ces frères eut un effet défavorable sur l’œuvre, de sorte que pendant l’année de service 1949 le nombre des proclamateurs diminua d’environ 17 pour cent. Mais Jéhovah bénit abondamment les années qui suivirent, et bientôt la diminution de 1949 fut effacée. En 1950, les activités du Royaume s’accrurent de 86 pour cent, et en 1951 de 38 pour cent.
Le clergé catholique et non catholique s’efforça sans cesse d’inciter les autorités à prendre des mesures sévères contre les témoins. Par des lettres et des interviews, des dignitaires des Églises accusèrent le peuple de Jéhovah de mener des activités subversives, et calomnièrent les serviteurs de Dieu dans leurs journaux religieux. Le Messager évangélique publié dans la région des Tatras soutint ces assauts livrés contre les témoins en publiant une série d’articles injurieux et diffamatoires. Le Synode de l’Église luthérienne de Slovaquie recommanda à l’ensemble de son clergé de saisir toutes les occasions au cours de plusieurs semaines pour parler contre les témoins du haut de la chaire. “Babylone la Grande”, couverte d’infamie dans la Bible, combattait énergiquement pour maintenir sa position.
Le 4 février 1952, le serviteur de filiale et d’autres frères furent de nouveau arrêtés et leurs logements fouillés. Durant les mois suivants, 104 frères et cinq sœurs furent arrêtés et détenus pendant de longs mois par les services de sécurité de l’État. Après treize mois de détention, certains des serviteurs responsables de l’organisation comparurent enfin devant un tribunal à Prague. Le procès dura trois jours, et le jugement fut rendu le 31 mars 1953, à savoir : le serviteur de filiale fut condamné à dix-huit ans d’emprisonnement, et les autres serviteurs à des peines de dix à quinze ans avec la confiscation de tous leurs biens et la privation des droits civils.
Naturellement l’œuvre devait maintenant être dirigée par des hommes moins expérimentés. Ils firent de leur mieux pour faire progresser les intérêts du Royaume et il est hors de doute que Jéhovah les aida dans leurs efforts sincères. Certes, en 1952 et en 1953, l’œuvre du Royaume dans ce pays subit une baisse sensible, mais la diminution de 23 pour cent en 1953 fut compensée par un accroissement de 23 pour cent en 1954. En 1952, frère Konstantin Paukert fut chargé de la direction de l’œuvre puis, lorsqu’il fut arrêté en 1954, frère Vladimir Matejka le remplaça. À la fin de 1957, un comité fut organisé et chargé de la responsabilité générale de toutes les activités du Royaume dans ce pays.
Les conditions s’améliorèrent considérablement en 1960, lorsqu’une amnistie générale amena la libération de la plupart des frères incarcérés. Depuis ce temps-là, la police agit çà et là contre des proclamateurs, mais bien que l’interdiction soit toujours en vigueur, aucune difficulté sérieuse n’a été rencontrée jusqu’à cette année 1971. Bien entendu, les frères doivent toujours garder présent à l’esprit l’excellent conseil donné par leur Chef Jésus-Christ lorsqu’il déclara : “Montrez-vous donc prudents comme les serpents et cependant innocents comme les colombes.” (Mat. 10:16). L’interdiction de l’œuvre de la Société n’a pas arrêté la proclamation de la bonne nouvelle !
Au cours des dix années écoulées, nous avons eu l’occasion d’aider les congrégations à croître et les proclamateurs à progresser dans la maturité. Des efforts ont été déployés pour améliorer la qualité du ministère du champ grâce à des études bibliques à domicile plus efficaces. Le nombre de personnes qui s’intéressent au message ne cesse de croître, et ces gens acquièrent une meilleure intelligence des desseins et des principes de Jéhovah. Depuis le printemps de 1961, l’École du ministère du Royaume aide les surveillants à mieux comprendre leurs obligations et à s’en acquitter fidèlement avec la douceur chrétienne. En tout, jusqu’ici quelque 574 serviteurs ont reçu cette formation, dont certains pendant une période de quatre semaines et d’autres de douze jours.
En 1969, frère Müller a eu l’immense joie de visiter le siège de la Société à Brooklyn, New York, et pendant son séjour là-bas il a participé au cours spécial de formation donné aux serviteurs de filiale. Il a également assisté à l’assemblée “Paix sur la terre” tenue au Yankee Stadium. D’autres frères de Tchécoslovaquie ont eu le bonheur d’assister à l’assemblée de Nuremberg.
Lorsque nous regardons en arrière et voyons par quel chemin Jéhovah nous a conduits, nous ne pouvons que lui rendre grâces de la manière dont il a protégé ses serviteurs fidèles. Malgré les attaques motivées par la haine religieuse et les innombrables difficultés causées par l’interdiction, il est vraiment encourageant de constater qu’entre 1948 et 1960 le nombre des proclamateurs augmenta de 261 pour cent. Au cours des dix années écoulées, de 1960 à 1970, nous avons enregistré un accroissement de 76 pour cent. Nous tous qui sommes en Tchécoslovaquie remercions Jéhovah de toutes les preuves qu’il nous a données de sa bonté de cœur, et notre prière est qu’il continue à nous employer dans son service éternellement.
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République DominicaineAnnuaire 1972 des Témoins de Jéhovah
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République Dominicaine
La république Dominicaine est un pays aux ressources naturelles très riches comme l’or, le fer, la bauxite, le marbre et l’ambre ; c’est également une terre bien arrosée dont les ressources essentielles fournies par l’agriculture font vivre la population. Son climat est caractérisé par des nuances très sensibles : chaud et humide dans la région côtière et frais dans les montagnes. C’est un pays au ciel bleu où l’on trouve des palmiers. Occupant une superficie de 48 442 kilomètres carrés, la république Dominicaine représente les deux tiers de la deuxième île en importance des Grandes Antilles, un chapelet d’îles qui s’étend en croissant de l’extrémité de la péninsule de Floride au Venezuela. Sa plus haute montagne, Pico Duarte, s’élève à plus de 3 000 mètres, telle une sentinelle surveillant les côtes de la mer des Caraïbes.
Les premiers habitants connus, des Indiens chasseurs, pêcheurs et fermiers, ont depuis longtemps disparu, victimes de l’avidité, de la cruauté et du fanatisme religieux des “conquistadores” catholiques venus d’Espagne. Christophe Colomb atteignit l’île en 1492 et l’appela “Hispaniola”, car elle était connue sous le nom de Quisqueya. La capitale Saint-Domingue, fondée par son frère
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