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Je me confie en Jéhovah de tout mon cœurLa Tour de Garde 1974 | 15 mars
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norvégien, marin exilé de sa patrie. En partant, il a glissé quelque chose dans la main de frère Skinner : une somme représentant le montant exact des honoraires de l’avocat ! Le don a été renouvelé lorsque, après avoir perdu notre procès devant le tribunal de première instance, nous avons fait appel auprès d’une juridiction supérieure. Mais cette fois, la somme dépassait nos besoins.
Au cours des premières années de la guerre, le bureau de la filiale australienne nous a expédié une presse à pédale, et j’ai été envoyé à Kotayam, Kerala, pour y imprimer La Tour de Garde en malayalam. Je n’y connaissais rien en matière d’imprimerie, et encore moins en malayalam. De plus, le témoin envoyé pour m’aider ignorait l’anglais. Mais à l’aide d’ouvrages sur l’art d’imprimer et de nombreux gestes, nous avons monté la machine et composé le texte en caractères anglais et malayalam. Quelle joie quand notre premier numéro de La Tour de Garde est sorti !
Après la fin de la guerre et la levée des interdictions, de nouvelles difficultés ont surgi. Les Indiens, qui avaient aidé les Anglais pendant la guerre, demandaient maintenant leur indépendance, ce qui provoqua de violentes manifestations contre les Britanniques. Les agressions brutales contre les Européens se multipliaient. Toutefois, notre œuvre de témoignage s’intensifiait, même dans les régions les plus agitées. Puis nous avons appris que frère Skinner était invité à se rendre aux États-Unis, pour suivre les cours de Galaad, l’École biblique de la Watchtower. On m’a demandé de m’occuper de la filiale en son absence, prévue pour deux ans. J’avais certainement besoin de continuer de me confier en Jéhovah.
Un matin où les manifestations contre les Anglais étaient particulièrement violentes, j’ai appris l’arrivée au port d’un envoi de publications bibliques attendu depuis longtemps, le premier depuis la fin de la guerre. Transporté de joie et surexcité, j’ai enfourché ma bicyclette. Mais la route était barrée par une foule en colère. J’ai songé à passer par une rue latérale, mais celle-là aussi était bloquée. Force me fut donc de traverser la foule. Adressant à Jéhovah une courte prière, j’ai foncé en direction des gens et, arrivé près d’eux, je me suis mis à crier et à agiter vigoureusement les bras. J’ignore ce qu’ils ont pensé ; toujours est-il qu’ils m’ont cédé le passage. Certains m’ont même applaudi ! J’ai signé les papiers, puis je suis rentré par une autre route, plus sûre.
En 1947, l’Inde a obtenu son indépendance, et cet événement a été suivi d’un des plus grands massacres de l’Histoire, opposant musulmans et hindous. Des voisins qui vivaient côte à côte depuis des générations se sont levés pour se massacrer. Les témoins de Jéhovah qui rendaient témoignage dans les rues, voyaient des gens poignardés à côté d’eux.
À l’École de Galaad
L’année suivante, 1949, a été pour moi la plus stimulante de toutes, car j’ai été appelé à l’École de Galaad. Là, j’ai connu une joie extraordinaire. Jugez-en vous-même : frère Dunlap nous a fait étudier le livre Royaume, frère Schroeder a retracé l’histoire impure de la fausse religion depuis Babylone jusqu’à la chrétienté, frère Keller a prouvé que le nom divin se trouvait dans les écrits inspirés chrétiens et frère Friend nous a émus jusqu’aux larmes en lisant dans la Bible l’histoire de Joseph et de ses frères.
Je n’ai jamais vécu dans une ambiance aussi merveilleuse que lorsque N. H. Knorr, président de la Société, a fait connaître à chaque étudiant le pays où il était envoyé. Après la remise des diplômes, j’ai reçu une formation prolongée dans l’art de diriger et d’administrer une filiale, car j’allais avoir pour tâche la création d’une nouvelle filiale au Pakistan.
Après six années au Pakistan, j’ai décidé de me marier. Ma future épouse était Lilian, la fille de sœur Harding, chez qui j’avais achevé ma convalescence après ma typhoïde. J’avais alors cinquante-deux ans, et vingt-six des trente années que j’avais passées dans le ministère à plein temps s’étaient écoulées dans les territoires étrangers. Mais je ne voulais pas que mon mariage mît fin à mon service de pionnier. J’ai appris qu’il me serait plus facile de trouver un travail profane à mi-temps en Australie ; aussi ai-je décidé de m’établir dans ce pays. Dans mes prières, j’ai demandé à Dieu de me permettre de continuer à employer utilement la formation reçue à Galaad.
Nous sommes arrivés en Australie avec une petite réserve d’argent, et j’ai décidé de persévérer dans le ministère à plein temps aussi longtemps qu’elle ne serait pas épuisée. Je considérais soigneusement chaque dollar avant de le dépenser. Mon territoire était éloigné de près de cinq kilomètres ; mais je faisais le trajet à pied, à l’aller comme au retour, pour économiser le prix de l’autobus. Puis Lilian m’a annoncé qu’elle était enceinte. Marc est né, et j’ai demandé à Jéhovah de m’aider à l’élever de manière à ce qu’il devienne un de ses fidèles adorateurs. Nous avons loué une maison, et c’est tout juste si les meubles, don de frères pleins d’amour ou achetés d’occasion, ne sont pas entrés d’eux-mêmes pour se placer à l’endroit voulu.
Au cours des seize années suivantes, j’ai eu le privilège d’être surveillant-président et de voir la congrégation se développer et se scinder deux fois. En mai 1973, à l’âge de soixante-neuf ans, j’ai achevé quarante-six années de service à plein temps. Aujourd’hui, dans ma soixante-dixième année, je revois une vie remplie uniquement d’aventures heureuses et passionnantes, dont je ne vous ai raconté qu’une partie. Je m’interroge : Si je revenais au jour où j’ai accepté le livre Des millions, ma réaction serait-elle différente ? Je réponds : Non ! Jéhovah est fidèle à ses promesses, et il dirige les pas de ceux qui se confient en lui de tout leur cœur. Bien qu’engagé dans le service chrétien à plein temps, souvent avec très peu du point de vue matériel, j’affirme en toute sincérité que pas une seule fois je n’ai plongé la main dans ma poche sans y trouver le billet dont j’avais besoin. Cela est important, mais ce qui l’est bien davantage encore, c’est la ferme assurance d’être soutenu par la force et la tendre sollicitude de Jéhovah. Il n’existe rien d’autre au monde auquel un homme puisse attacher plus de prix !
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La Bible peut-elle vous aider ?La Tour de Garde 1974 | 15 mars
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La Bible peut-elle vous aider ?
L’IDÉE que la Bible, dont la rédaction remonte à des siècles, puisse aider des personnes à surmonter les difficultés de la vie moderne peut paraître étrange à beaucoup. C’est pourtant ce qu’elle a fait. La Parole de Dieu a aidé même des gens dont la situation semblait désespérée. Elle leur a donné un but dans la vie, donc une raison de continuer à vivre.
Aux Pays-Bas, une femme, témoin de Jéhovah, sortit d’un long état comateux dû à un accident de voiture. C’était une épave, tant sur le plan physique que sur le plan mental. On lui donnait deux chances sur cent de survivre et de recouvrer la santé. Mais elle se rétablit lentement. Elle apprit alors que son frère, sa belle-sœur et son mari, tous témoins de Jéhovah, avaient été tués dans l’accident qui l’avait estropiée. Avait-elle une raison de vouloir encore vivre ?
Oui, car elle sait que la promesse de la résurrection énoncée dans la Bible est fondée sur des preuves solides. Elle a l’assurance qu’elle reverra ses bien-aimés disparus. D’autre part, elle n’a pas perdu le désir d’aider ses semblables à reconnaître que, quelles que soient les circonstances, la vie a réellement un sens quand on sert le Créateur. Quoique paralysée du côté droit, elle désire servir Dieu et partager la vérité de la Bible avec autrui. “Je sers Jéhovah Dieu de mon mieux, dit-elle. C’est pourquoi j’ai appris à écrire de la main gauche, parce que je veux le servir. Si je renonçais à le faire, je ferais honte à mon mari. C’est pourquoi je m’empresse de parler de la gloire de Jéhovah.”
Dans le même pays, un témoin de Jéhovah a pu aider un homme qui avait voulu attenter à ses jours. Un soir, en regardant par la fenêtre de sa maison, il remarqua une certaine agitation de l’autre côté de la rue.
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