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Comment je poursuis le but de ma vieLa Tour de Garde 1956 | 1er mars
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huit ans. Une jeune sœur du groupe de ma localité natale, désirant devenir pionnier mais ayant besoin d’aide pour se libérer entièrement, se joignit à moi. Pendant plusieurs années nous travaillâmes ensemble dans le Sud. Elle alla ensuite à Galaad et sert maintenant en qualité de missionnaire au Salvador.
Lorsque, en 1941, nous travaillâmes des territoires éloignés du Kentucky occidental, nous assistâmes à l’assemblée de zone (maintenant appelée assemblée de circuit) à Cape Girardeau, Missouri. Là, je fus appelée au téléphone au moment où je préparais le souper au buffet. On me demandait si je serais disposée à soigner frère Rutherford, gravement malade dans un hôpital à Elkhart, Indiana. Consternée de cette nouvelle et accablée par la grande responsabilité que je devais assumer, je pensais refuser. Mais, après avoir prié, j’acceptai de peur qu’aucun service ne me fût plus offert. Je quittai l’assemblée sur-le-champ afin de me préparer à ma nouvelle tâche. Trente-six heures plus tard je pénétrais dans la chambre de notre frère souffrant. Une semaine plus tard j’eus le privilège d’accompagner frère Rutherford et sa suite en Californie. Pendant huit semaines, c’est-à-dire jusqu’à sa mort survenue le 8 janvier 1942, nous habitâmes Beth-Sarim, la “ maison des princes ”. Ce service particulier, précieux, ne m’aurait pas été confié si je n’avais pas été pionnier, car tous ses collaborateurs et auxiliaires étaient des proclamateurs à temps complet.
De Californie je me rendis directement auprès de mon ancien groupe à Somerset, Kentucky. Là nous rencontrâmes une forte opposition, fûmes maintes fois arrêtées et passâmes un certain temps en prison. Mais le tribunal suprême du Kentucky se prononça en notre faveur, ce qui a permis d’y travailler librement jusqu’à ce jour.
1943 est une année particulière dans l’histoire théocratique, c’est celle de l’ouverture de l’école de Galaad. À ma très grande joie je fus invitée à faire partie de la deuxième classe ; l’immatriculation devait avoir lieu en septembre. Durant l’été de cette année je visitai ma mère devenue veuve et l’accompagnai à l’assemblée de district à Denver. Ma joie déborda lorsque j’assistai à son baptême. Puis j’allai à Galaad où, pendant cinq mois, j’éprouvai la joie la plus pure de ma vie.
L’année suivante je dus soutenir un vrai combat. Je soupirais si ardemment après l’atmosphère de Galaad, celle du monde nouveau, que je faillis devenir mécontente du territoire qui m’avait été attribué à Perth Amboy, New-Jersey. Mais, afin de poursuivre le but de ma vie, je me forçai à aller de l’avant, surmontai finalement les difficultés et eus de nouveau beaucoup de joie dans mon service.
Puis nous apprîmes que quatre d’entre nous devaient aller travailler au Panama. Dans les tropiques chauds et humides ! Je ne vivrai pas longtemps dans cette chaleur, pensai-je d’abord. Mais je m’encourageai en pensant aux personnes qui vécurent là depuis des générations. Pourquoi ne pourrais-je pas y travailler ? Neuf années d’activité missionnaire dans l’isthme de Panama ont prouvé l’inanité de mes craintes. Lors de mon arrivée, le 28 décembre 1945, j’eus conscience d’une autre vérité : Ma famille, mon peuple, se trouve dans le monde entier et, en qualité de missionnaire, je ne saurais avoir le mal du pays ni me sentir seule. Le lendemain de notre arrivée un proclamateur de la côte du Pacifique se tenait de bon matin devant la porte pour nous conduire en auto à Colón, notre territoire. Bien que sa peau fût beaucoup plus foncée que la nôtre, un sourire rayonnant éclairait son visage, et, comme nos frères du Béthel, il fit preuve du même tact et du même désir d’aider. Depuis le moment où nous fîmes connaissance, et pendant les quatre années au cours desquelles nous travaillâmes en commun, lui et les autres frères et sœurs ne refusèrent jamais, en objectant leurs occupations ou la fatigue, de nous aider à résoudre les problèmes qui se présentaient à nous dans notre nouvelle résidence. Leur désir de nous assister était si grand et leur coopération si bonne qu’avec joie nous constatâmes comment ce petit groupe d’environ 15 proclamateurs devint un groupe bien organisé de près de 100 proclamateurs. Après avoir travaillé pendant deux ans, la fondation d’un groupe espagnol fut jugée nécessaire et, bien que je parlasse insuffisamment l’espagnol, j’eus le privilège de collaborer avec ce groupe dès sa formation et d’y obtenir même un service.
Lorsque les groupes des villes des deux bouts du Canal fonctionnèrent bien, la Société résolut d’aider les hommes de bonne volonté au centre du Panama. Je me trouvai donc, en 1950, parmi les quatre missionnaires devant se rendre à Chitre. Quand nous essayâmes de présenter le précieux message du Royaume en un espagnol compréhensible, nous comprîmes, enfin, la portée du miracle opéré par Jéhovah à la tour de Babel. Après avoir reçu une instruction élémentaire à Galaad, nous avions continué d’étudier et pouvions déjà lire couramment. Mais nous comprîmes bientôt combien notre espagnol était insuffisant pour faire face aux nombreuses situations très différentes qui se succédaient. Environ un an plus tard un groupe fut organisé, dans lequel des services nous furent confiés, à nous les quatre sœurs. Lorsque, en décembre 1952, nous fûmes appelées à Panama City, nous laissâmes à Chitre un groupe de huit proclamateurs indigènes dont quelques-uns avaient été instruits pour devenir des serviteurs. Entre-temps, grâce à la bénédiction de Jéhovah, le groupe à Chitre a doublé.
En mai 1954 un groupe fut organisé dans la zone du canal. Au début huit proclamateurs remettaient des rapports, un an plus tard ils étaient vingt. Les bénédictions de Jéhovah nous enrichissent tous et nous fortifient spirituellement. Dans de nombreux territoires nous travaillons toute la journée dans la crasse et la saleté des maisons locatives bondées. Mais le soir, nous trouvons en rentrant un home missionnaire propre et confortable, entretenu par la Société, nos frères. Ainsi donc, les vingt-trois dernières années se sont fort bien écoulées en poursuivant le but de ma vie. J’espère rester dans le service à temps complet quel que soit le travail que, dans sa bonté, Jéhovah me confiera.
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Les Églises se compromettent avec le mondeLa Tour de Garde 1956 | 1er mars
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Les Églises se compromettent avec le monde
Les premiers chrétiens ne se sont jamais compromis avec l’ancien monde païen. Mais, dès le temps de Constantin en particulier, les prétendus chrétiens ne tardèrent pas à sanctionner ou à adopter les pratiques païennes en vue des avantages qu’ils pouvaient retirer de pareille manière d’agir. C’est ainsi que Henry Dwight Sedgwick, écrivant dans In Praise of Gentlemen, fait le commentaire suivant : “ Le christianisme, tel que nous le possédons, n’a pas triomphé du monde, mais s’est compromis en le laissant continuer comme auparavant, à condition qu’il s’appelle chrétien, transforme les temples en églises, mette les saints dans les niches à la place des demi-dieux, et revête une soutane par-dessus la tunique païenne. ”
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