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Le sens ambigu d’une visite à la “fille aînée de l’Église”Réveillez-vous ! 1980 | 8 octobre
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Le sens ambigu d’une visite à la “fille aînée de l’Église”
CONSIDÉRÉE traditionnellement comme la “fille aînée de l’Église”, la France n’en montre pas moins des signes de désaffection à l’égard de la foi catholique, qu’il s’agisse de la crise des vocations sacerdotales, de la baisse de la pratique religieuse ou de la multiplication des divorces. “Combien y a-t-il de Catholiques?, demande L’Express. Quel critère choisir? Les 82 % de baptisés, les 74 % d’enfants catéchisés, ou les 15 % d’assidus à la messe hebdomadaire?”
C’est dans ce contexte déconcertant que Jean-Paul II est venu en France, au début du mois de juin dernier, “pour revivifier la religion populaire”.
Un pape à Paris! Voilà qui rappelle des souvenirs. Les deux derniers pontifes venus en France avaient reçu un accueil plutôt rude. En 1799, un officier municipal de Valence enregistrait le décès “dudit Giovanni Angelo Brasci, exerçant la profession de pontife”. Il s’agissait en l’occurrence de Pie VI. Quant à Pie VII, il n’apprécia guère son séjour de quelques mois à Paris, à l’occasion du sacre de Napoléon Ier, ni sa détention à Fontainebleau, puisqu’il ne put regagner Rome qu’après la chute de l’empereur. Depuis lors, aucun pape n’était venu sur la terre de France. Mais, 176 ans plus tard, la “fille aînée de l’Église” recevait Jean-Paul II avec éclat.
Un accueil fastueux
Nombre de catholiques n’ont pas apprécié que la visite de leur pontife tourne au spectacle, voire aux mondanités. Des mesures exceptionnelles de sécurité avaient été adoptées pour la circonstance. France-Soir titrait: “5 000 policiers pour protéger le Pape à Paris.” Et ce journal d’ajouter: “À titre de comparaison, en mai 1976, deux mille cinq cents policiers assuraient le service d’ordre de la réunion à Paris des treize ministres des Finances des pays membres de l’OPEP. Et trois mille cinq cents, l’année suivante, pour la visite officielle du maréchal Tito, chef de l’État yougoslave.” Gérard Marin exprimait l’opinion de la majorité silencieuse lorsqu’il écrivit dans les colonnes du Figaro: “La question doit être posée sans qu’on crie au sacrilège: N’était-il pas possible — sans contrecarrer les désirs du Saint-Père — de faire les choses plus simplement? De donner à cette visite un caractère moins fastueux, plus évangélique? (...) le sacré est plus dans le secret des cœurs que dans les déploiements grandioses. Le spectacle.”
De fait, dans une nation où l’Église et l’État vivent sous des régimes séparés depuis 1905, Jean-Paul II reçut les honneurs réservés à un chef d’État, situation équivoque que n’ont pas manqué de noter maints observateurs, tel Pierre Marthelot, qui écrit dans La Croix: “Les honneurs protocolaires, la très voyante protection policière accordés à l’hôte, sans qu’on puisse distinguer si l’on voyait en lui le souverain d’un (tout petit) État ou le chef de l’Église, se situaient évidemment à l’extrême limite de ce qui est possible en régime de ‘séparation’ et n’étaient sans doute pas tout à fait gratuits.”
Hymne à l’homme
L’un des temps forts du voyage était la réception du pape au siège parisien de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Devant cet organe de l’ONU, Jean-Paul II déclara: “Je veux souligner par ma présence à l’UNESCO l’intérêt que le Saint-Siège porte à la vie des organisations internationales, aux rencontres où se discutent les problèmes majeurs du monde contemporain et aux multiples efforts de coopération internationale qui visent à promouvoir à l’échelle du monde une vie en commun empreinte de justice et de respect pour les droits inaliénables de l’homme.”
Après avoir souligné qu’il considérait cette agence de l’ONU comme “l’organisation mondiale la plus compétente dans tous les problèmes de la culture”, le pape profita de la tribune qui lui était offerte pour prononcer un véritable hymne à l’homme: “C’est en pensant à toutes les cultures que je veux dire à haute voix ici, à Paris, au siège de l’UNESCO, avec respect et admiration: ‘Voici l’homme!’ Je veux proclamer mon admiration devant la richesse créatrice de l’esprit humain, devant ses efforts incessants pour connaître et pour affermir l’identité de l’homme: de cet homme qui est présent toujours dans toutes les formes particulières de culture. (...) Il faut affirmer l’homme pour lui-même, et non pour quelque autre motif ou raison: uniquement pour lui-même! Bien plus, il faut aimer l’homme parce qu’il est l’homme, il faut revendiquer l’amour pour l’homme en raison de la dignité particulière qu’il possède.”
Un tel plaidoyer en faveur de la dignité humaine ne pouvait de prime abord qu’inspirer la sympathie. Toutefois, cette apologie, voire cette glorification de l’homme, se trouve aux antipodes d’un passé qui n’est pas si lointain et qui justifia cette réaction de l’Union des athées, adressée au directeur de l’UNESCO, pour dénoncer l’invitation faite au pape par cette organisation comme “particulièrement injustifiée et malencontreuse”. Les signataires expliquaient ainsi leur attitude: “L’histoire de l’Église catholique romaine est, en effet, caractérisée par une violation systématique des droits de l’homme les plus élémentaires. L’inquisition et les bûchers l’attestent éloquemment. Ils se sont perpétrés tant que l’Église en a eu le pouvoir. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen, proclamée en 1789 par des républicains courageux, fut condamnée avec la plus grande vigueur par les papes qui se sont comportés constamment en dictateurs dans les territoires qu’ils gouvernaient.”
Des positions ambiguës
“Le 1er juin, au Bourget, on attendait un ou deux millions de personnes. Les gendarmes affectés au comptage n’en dénombrèrent que cent trente-cinq mille”, révèle L’Express. Il faut dire qu’il ne faisait pas beau. À titre de comparaison, le même mois, au même endroit, la “Fête de la liberté” organisée par l’UDF, le parti présidentiel, accueillait 230 000 personnes. Ces chiffres traduisent froidement l’indifférence des masses envers la religion. On attendait une “reprise en main” de la “fille aînée de l’Église” par le pape, particulièrement lorsqu’il conclut son homélie du Bourget par ces questions: “Permettez-moi, pour conclure, de vous interroger: France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême? Permettez-moi de vous demander: France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle?”
Dans l’avion qui ramenait Jean-Paul II à Rome, un journaliste lui demanda le sens exact de ces questions. “J’ai dit la même chose en Pologne, dit Jean-Paul II. C’est la question qu’il faut poser à tous les baptisés. Elle est posée chaque Samedi saint dans la liturgie.” Insistant, le journaliste demande s’il n’y avait pas un reproche dans cette question. “Je n’y pensais pas tellement, répond le pape. Les Français s’accusent eux-mêmes, peut-être plus qu’il n’est nécessaire.” Finalement, le sens exact de la “reprise en main” reste à préciser.
Devant le peu d’impact de la réunion du Bourget, la presse a préféré monter en épingle la veillée du pape avec les milliers de jeunes rassemblés au Parc des Princes, à Paris. L’animation était telle que l’organisateur de la soirée lança ces mots: “Le Pape n’est pas une équipe de foot.” Quelques formules chocs contribuèrent à galvaniser l’auditoire, par exemple: “Je suis l’un de vous.” Ou: “Le Christ rencontre tout homme.” Et encore: “Les femmes la conduisent [l’Église] tout autant [que les hommes].” La rencontre ne manquait d’ailleurs pas de pittoresque, comme le relate La Croix: “Un ‘Il faut apprendre le latin’, lancé à la suite d’un Ave Maria, n’a pas plu à la totalité des jeunes. Il a soulevé des sifflets significatifs. (...) Il y avait ceux qui utilisaient des jumelles ou qui portaient à l’oreille un transistor afin d’avoir des commentaires. Il y avait ceux qui se pressaient d’acheter 20 F un drapeau aux couleurs du Vatican à brandir.”
Peut-on parler de bilan?
Dans son billet du Figaro, André Frossard ne peut contenir sa stupéfaction devant le peu de réactions de l’Église après cette visite: “Jean-Paul II a quitté la France depuis dix jours, et jusqu’ici je n’ai vu passer aucun communiqué, aucune déclaration de l’autorité religieuse tirant les enseignements de ce voyage, ou remerciant simplement le Pape d’être venu.” De fait, l’évêque du Havre a dit: “Croire la France évangélisée parce qu’une foule impressionnante entoure le pape le 1er juin au Bourget serait une illusion.” La revue La Vie ajoutait que “Jean-Paul II a quelque peine à comprendre un pays où 90 % des habitants sont des baptisés et 15 % seulement des pratiquants”.
Même les bains de foule sont loin de faire l’unanimité. Beaucoup de commentateurs s’inquiètent de l’absence d’influence en profondeur de l’Église catholique auprès des masses. Le Monde écrit: “S’il est exact, pour reprendre l’expression d’un pape antérieur, que ‘l’Église a perdu la classe ouvrière au dix-neuvième siècle’ et si elle a tout l’air d’être en passe de perdre au vingtième siècle la jeunesse, ce n’est pas en troquant le prosélytisme contre la publicité, en faisant périodiquement la une des journaux ni en popularisant le visage sympathique et télégénique d’un pape apparemment moderne qu’elle parviendra à arrêter ou à inverser le mouvement.”
Dans le même journal, Henry Fesquet pose une question encore plus profonde sur le sens de cette visite: “Faut-il le dire? La conception de la papauté contemporaine n’a pas encore fait sa mue. Aujourd’hui un seul homme ne peut tout voir, tout savoir, tout décider. Institutionnellement parlant, le pape est ‘patriarche d’Occident’. Peut-il être aussi celui des trois autres aires de la planète? Au-dessous de la fonction pontificale il y a une sorte de vide immédiat. Est-il tout à fait sain d’espérer remplir l’espace monarchique grâce à un seul homme?”
Au neuvième siècle avant notre ère, un prophète de Dieu nommé Amos avait annoncé la crise spirituelle qui secoue notre siècle: “‘Voici que des jours viennent’, telle est la déclaration du Souverain Seigneur Jéhovah, ‘et j’enverrai une famine dans le pays, une famine, non pas de pain, et une soif, non pas d’eau, mais d’entendre les paroles de Jéhovah. Et, à coup sûr, ils iront en chancelant de la mer jusqu’à la mer, et du nord au levant. Ils continueront d’errer ça et là, recherchant la parole de Jéhovah, mais ils ne la trouveront pas.’” (Amos 8:11, 12). Cette faim et cette soif d’entendre la Parole de Dieu poussent de plus en plus de personnes à prêter une oreille attentive au message tiré de la Bible que proclament les Témoins de Jéhovah. Si vous désirez connaître le point de vue de Dieu exprimé dans la Bible et savoir sans détours ce qu’il dit du divorce, de l’avortement, etc., si vous souhaitez connaître le remède que Dieu préconise, face à la faillite de la chrétienté, alors n’hésitez pas à prendre contact avec les éditeurs de ce périodique ou bien avec les Témoins de Jéhovah de votre localité. Ils se mettront gratuitement à votre disposition pour vous aider.
[Illustration, page 24]
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Renouveau charismatique
Progressistes
Crise des vocations
Affaire Lefebvre
Régulation des naissances
Baisse de la pratique religieuse
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Divorce
Affaire Pohier
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Avortement
Intégristes
Taizé
Affaire Küng
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La chasse et la pêche à l’ancienneRéveillez-vous ! 1980 | 8 octobre
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La chasse et la pêche à l’ancienne
LA MAJORITÉ des gens qui vont à la pêche sont munis d’une gaule ou d’un filet. Quant à la chasse, elle se pratique en principe avec un fusil. Mais, dans le sud des Philippines, chez les Mandaya, j’ai appris à vivre de ma chasse et de ma pêche avec un tout autre équipement.
Ma formation a commencé dès l’âge de cinq ans. Peut-être quantité de lecteurs jugeront primitive la méthode que l’on m’a alors enseignée, mais, grâce à elle, notre famille puisait au garde-manger de la forêt toute la viande et tout le poisson qui lui étaient nécessaires. Il y a des milliers d’années, on utilisait certainement des techniques identiques, lorsque, peu après le Déluge, Dieu dit à l’humanité: “Tout animal qui se meut et qui est vivant pourra vous servir de nourriture.” — Gen. 9:2, 3.
La pêche dans la jungle
C’est ainsi que pour pêcher, nous ne nous servons ni de canne ni de filet. Alors comment s’y prend-on? Eh bien, avec les mains! Mon père m’a enseigné à attraper à la main les poissons, les crevettes, les crabes, les homards, aussi bien dans les rochers que dans les herbes. J’ai également appris à me servir de nasses en bambou ou en ronces. La nuit, je disposais des appâts à l’intérieur, et, le matin, en principe, j’avais pris quelque chose.
Dans notre tribu, la pêche se pratiquait souvent avec un arc et des flèches. J’ai appris à imiter le bruit d’un certain poisson tout en me tenant tapi sur une branche au-dessus de l’eau. Dès que le poisson venait à la surface, je lui décochais une flèche et je plongeais récupérer ma prise.
Une autre méthode pour attraper le poisson consistait à creuser dans la berge un trou d’environ 60 centimètres de haut sur 80 de long et 30 de profondeur. Je fermais ce trou par une claie en bambou qui comportait une ouverture faite de telle sorte que lorsqu’un poisson était entré, il ne pouvait plus ressortir.
Une autre méthode de pêche faisait intervenir de cinq à dix personnes. Nous édifiions une sorte de muret à l’extrémité d’un étang ou sur un ruisseau, puis nous progressions lentement dans sa direction en frappant la surface de l’eau avec des bâtons. Les poissons, les tortues et même de petits crocodiles se précipitaient vers notre enclos. Oui, oui, nous mangions aussi du crocodile...
Dans l’eau, on trouve souvent de grandes anguilles sous des troncs d’arbre, des racines, des branches ou des feuilles. Pour les attraper, il suffit d’enfoncer une lance dans tout ce qui traîne à la surface de l’eau. S’il s’y trouve une anguille et que nous l’ayons touchée, elle flotte à la surface.
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