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Charlemagne était-il si “grand” ?Réveillez-vous ! 1973 | 22 août
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temps, de venir à sa cour pour “semer les graines du savoir dans l’État franc”. Il attira encore de nombreux autres étrangers. Le clergé reçut l’ordre d’établir des écoles dans les villes et les villages, afin que les parents puissent y envoyer leurs enfants gratuitement, à moins qu’ils ne désirent payer et n’aient les moyens de le faire. C’est pourquoi, les écoliers de France célébraient encore récemment la “Saint-Charlemagne” en l’honneur du “fondateur des écoles”.
L’empereur, s’intéressa également aux arts, de sorte qu’on peut parler d’une “renaissance carolingienne”.
Le type d’écriture employé dans la plupart des pays occidentaux s’est développé sous son impulsion. On l’appelle généralement écriture “romane” ou “latine” pour la distinguer de l’écriture gothique. Les efforts de Charlemagne en faveur de l’instruction portèrent de tels fruits que des années plus tard, le roi Alfred d’Angleterre fit venir des savants français pour réorganiser l’enseignement dans son pays. Comme un historien français l’a bien dit, “Charlemagne a posé les fondements de l’enseignement moderne tout entier”.
La religion
En ce qui concerne sa religion, on pourrait dire que Charlemagne ressemblait aux chefs religieux du temps de Jésus qui, en réalité, disaient : “Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais”, et qui filtraient le moucheron et avalaient le chameau (Mat. 23:2, 3, 24). Il s’imaginait avoir été divinement mandaté pour établir le Royaume de Dieu sur la terre, mais il a employé la ruse, l’intrigue et une extrême brutalité. Chacun de ses projets importants était revêtu d’une signification religieuse. Il détruisit les idoles et les bois sacrés des Saxons, et leur donna le choix entre le baptême et la mort. Cependant, vers la fin de son règne, Alcuin parvint à le persuader que des baptêmes forcés n’avaient aucun sens, car on pouvait obliger un homme à se faire baptiser mais pas à croire. Il professait un grand attachement pour le pape, et en plusieurs occasions, il lui vint en aide quand ce dernier était menacé par des forces armées. Cependant, aux dires d’un historien, “le résultat de sa politique semblait toujours être un camouflet pour le pape”.
Sur certaines questions religieuses, il se montrait supérieur au pape et aux évêques, et il leur faisait librement des remontrances concernant la doctrine, les mœurs et l’exercice de leurs fonctions. Dans tous ces domaines, leurs manquements étaient lamentables. Un des nombreux conseils d’ecclésiastiques qu’il convoqua avait pour but de condamner l’enseignement selon lequel Jésus était le fils adoptif et non le Fils véritable de Dieu. Le conseil devait condamner le culte des images, tout en laissant les gens libres de le pratiquer. Malgré les remontrances du pape, Charlemagne ne céda pas.
Il connaissait bien la Bible et aimait la citer pour appuyer les mesures qu’il prenait. Il montra l’intérêt qu’il portait au Livre en en faisant faire une révision avec l’aide d’Alcuin. À propos de ce travail, Charlemagne s’exclama : “Dieu nous aidant en toutes choses, nous avons déjà accompli une correction soigneuse de tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, que les copistes, dans leur ignorance, avaient altérés.” Quoique dans sa vie personnelle il ne se conformât pas aux justes exigences de Dieu, il avertissait ses sujets que son salut à lui dépendait de leur conduite à eux, car Dieu le tiendrait pour responsable de leurs actes.
Quant au rôle qu’il joua dans son couronnement par le pape Léon III le 25 décembre 800a, il y a une grande divergence d’opinion parmi les historiens. Beaucoup estiment qu’il était au courant de ce qui allait se passer et qu’il était tout à fait d’accord. D’autres partagent le point de vue de son biographe personnel, Eginhard, qui prétend que si Charlemagne avait su quelles étaient les intentions du pape, il ne serait pas entré dans la cathédrale ce jour-là. Certaines remarques semblent confirmer les affirmations d’Eginhard. En effet, plus tard, “la façon d’agir de l’empereur âgé (...) laisse entendre que le titre impérial n’a pas apporté grand-chose de nouveau pour ce qui était de l’administration du royaume. Parfois une action royale semblait en contradiction avec l’idée qu’on se fait d’un empire (...). En 813, après que deux de ses fils furent morts, il couronna personnellement Louis (le Pieux) comme son successeur, empêchant ainsi la papauté de prendre une part quelconque dans le choix ou l’intronisation de l’empereur”. — New Catholic Encyclopedia, tome 3, page 499.
Était-il vraiment “grand” ?
Peu d’hommes en vérité ont été comme Charlemagne, appelés “Grands” de leur vivant par beaucoup de leurs contemporains. Toutefois tous ne l’ont pas considéré ainsi. L’empereur se montrait si implacable dans la poursuite de ses ambitions qu’il s’est tramé plus d’un complot contre sa vie. L’un d’eux, qui impliquait son fils premier-né (méprisé par son père parce qu’il était bossu), faillit réussir. Mais, ce qui importe plus que l’opinion des hommes, c’est l’opinion de Dieu. Il regarde au cœur (I Sam. 16:7). Pour Charlemagne, la loi de Dieu sur la sainteté de la vie humaine et du sang n’avait aucune importance. Sans doute pensait-il que “la fin justifie les moyens”. Pire encore, alors qu’il faisait la morale aux autres, à commencer par le pape, et qu’il stigmatisait particulièrement le clergé, qui de son temps était bien connu pour son immoralité, lui-même avait des maîtresses et des concubines. Comme l’a dit un de ses biographes, “au cours de son règne, le meurtre, les purges et le pillage existaient conjointement avec les réformes, la civilisation et l’unification [d’une partie] de l’Europe”. À sa charge également, il faut compter les machinations peu scrupuleuses qui lui ont permis d’acquérir la Bavière et d’anéantir les Avars. Il était même disposé à épouser la cruelle impératrice Irène, afin d’unir l’empire byzantin au sien.
Les historiens considèrent généralement que le massacre, en un seul jour, de 4 500 Saxons rebelles est “la plus grande flétrissure de sa vie”. Tandis qu’il exprimait souvent son inquiétude quant à la manière dont Dieu le traiterait, rien ne permet de penser qu’il ait jamais éprouvé du remords pour cet acte sanguinaire. Il avait voulu donner une leçon aux Saxons, mais la rébellion reprit de plus belle. Dans sa vanité, Charlemagne ambitionnait d’être un nouveau “roi David”, mais contrairement à celui-ci, ses guerres n’étaient justifiées par aucun commandement divin. De plus, après avoir péché, David éprouva un chagrin et un repentir sincères.
On a dû aussi reconnaître que l’unité de son empire dépendait principalement de sa forte personnalité. Il n’a pas bâti solidement, car selon Winston, un de ces biographes, “la structure politique que Charlemagne a créée s’est désintégrée (...) rapidement après sa mort”. Bien qu’il soit connu comme Charles “le Grand”, il n’est grand ni aux yeux de Dieu, ni aux yeux de ceux qui vivent selon les principes de la Parole divine.
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“Au nom de Dieu”Réveillez-vous ! 1973 | 22 août
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“Au nom de Dieu”
Dans son livre Les hommes que j’ai tués (angl.), F. P. Crozier, général de brigade, raconte ses souvenirs de la Première Guerre mondiale. Il attire l’attention sur les faits suivants : “On fait d’étranges choses au nom de Dieu et on se sert de lui pour de curieux usages. Les pouvoirs militaires l’adoptent comme protecteur et comme inspirateur, de sorte que chacune de leurs campagnes militaires devient une guerre légitime et juste, puisqu’ils ont mis Dieu de leur côté.” Au sujet du clergé, il fait cette remarque : “Quand la guerre éclate, la chaire se transforme immédiatement en bureau de recrutement du genre le plus subtil. Cette sorte de rituel militaire se déroule dans les deux camps.” — Pages 176, 179.
En revanche, dans l’Ave Maria du 9 août 1969, le Dr William Storey, de la faculté de théologie de Notre-Dame, écrit ce qui suit au sujet des premiers chrétiens : “L’Église préconstantine [avant 325] préconisait la solution non violente des conflits humains.” Les premiers chrétiens ne participaient donc pas aux guerres ; ils étaient pacifiques. — Rom. 12:18.
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