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Le Québec fait un bond en avant : la révolution tranquilleRéveillez-vous ! 1975 | 8 juillet
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Québec. Citons le concile Vatican II, réuni par le pape Jean XXIII. Les changements qui s’ensuivirent dans l’Église troublèrent beaucoup de catholiques.
Le Star de Montréal explique que l’idée d’une domination catholique absolue a fait place “à un point de vue très répandu parmi les intellectuels québécois, à savoir que l’Église a de tout temps fait du tort au Québec”.
Les victoires que les témoins de Jéhovah ont remportées devant la Cour suprême du Canada ont introduit une ère nouvelle pour ce qui est des libertés civiles et de la liberté de la presse au Québec. La censure a été déclarée contraire à la constitution. Les orateurs publics et les écrivains ne craignent plus qu’on fasse appel à un procureur du gouvernement autoritaire pour arrêter la publication légitime des informations.
L’avènement de la télévision est un autre facteur qui a eu une grande influence sur la vie au Québec. Aussi longtemps que les habitants d’un village ne connaissaient que ce que le prêtre voulait bien leur dire, ils pouvaient facilement être abusés et croire que leur pasteur les conseillait bien. Mais quand la télévision a pris place dans leur vie, ils ont commencé à se rendre compte de ce qui se passait dans le reste du monde et à quel point leur village contrôlé par l’Église était en retard.
La Révolution tranquille n’a pas été faite avec des fusils, mais elle a provoqué d’énormes changements au Québec. Que devenait l’Église catholique dans tout cela ?
Déclin de la puissance de l’Église
On peut lire dans Canada 70: “Il était inévitable que l’Église catholique soit un jour obligée de renoncer à la domination absolue qu’elle exerçait sur le peuple. Mais au Québec, l’Église perdit son pouvoir d’une manière soudaine et dramatique.”
Ralph Surette a écrit dans le Star de Montréal : “La puissance de l’Église catholique au Québec s’est désintégrée ; l’angoisse et l’indifférence, aussi bien chez les laïques que parmi le clergé, trahissent un état de crise (...). La crise est connue. La commission reconnaît (et confirme) ce qui est connu de tous : la diminution considérable des assistants à la messe, les prêtres qui abandonnent le sacerdoce, les difficultés financières dans beaucoup de paroisses.”
Le même article parlait aussi des conséquences pour le clergé, disant : “Le pouvoir absolu du clergé commença à s’affaiblir à cette époque [1949], préparant la voie à l’État qui devint dans les années 1960 la principale institution dans la vie des Québécois (...). En relativement peu d’années, le prêtre québécois a perdu ‘et sa position sociale et son audience’.”
Les problèmes de l’Église catholique étaient devenus si graves qu’à la demande des évêques le gouvernement constitua une commission, la commission Dumont, qui fut chargée de faire un rapport sur “Les laïques et l’Église”. Le rapport de 315 pages de cette commission fut publié en décembre 1971. La plus grande partie de ce rapport ne faisait que confirmer ce que les personnes bien informées savaient déjà, c’est-à-dire que l’Église avait perdu la confiance des gens et que le clergé comme les laïques quittaient l’Église.
Pour beaucoup de Québécois, ‘l’Église avait disparu’, du moins pour ce qui était de leur province.
‘Les fidèles quittent l’Église’
Une Église dépend essentiellement du soutien de ses fidèles. Or, le rapport Dumont révèle ce qui s’est produit sous ce rapport au sein de l’Église catholique : “Depuis dix ans, la pratique religieuse décroît rapidement. Cela est plus évident pour les jeunes, mais le déclin atteint aussi progressivement et plus discrètement les plus vieux.”
Le périodique Relations, publié à Montréal à l’intention des prêtres, montre avec quelle rapidité ce phénomène s’est produit. Dans le numéro de mars 1974, il était indiqué qu’en dix ans ‘la pratique religieuse dominicale est tombée de 65 à 30 pour cent, et que parmi les jeunes, entre 15 et 35 ans, elle est réduite à 12 pour cent’.
Léo Blais, évêque de Westmount, a déclaré publiquement que ‘les fidèles quittent l’Église à pleine porte’.
Le remplacement des prêtres est également un problème très grave. Des séminaires ont été fermés à Nicolet, à Joliette, à Rimouski et à Sherbrooke. Les bâtiments ont été achetés par le gouvernement qui en a fait des collèges, et une école de police à Nicolet.
Les chiffres concernant les jeunes gens qui se destinent à la prêtrise sont éloquents. Le rapport Dumont déclare : “Le chiffre annuel des vocations sacerdotales (prêtres et religieux) est passé, dans notre Église, de 2 000 en 1946 à un peu plus d’une centaine en 1970.”
Le numéro de mars 1974 du périodique Relations disait : “En 1968, le recrutement ministériel commença à baisser rapidement. (...) Bien des pasteurs quittent le ministère. En même temps, le recrutement ministériel atteint un minimum : trois nouveaux séminaristes cette année.” Ce chiffre concerne le diocèse de Montréal qui compte 1 700 000 catholiques, soit plus du tiers de la population catholique de toute la province.
Le nombre des membres des diverses organisations catholiques diminue lui aussi très rapidement. La Ligue du Sacré-Cœur, qui comptait 28 000 membres il y a dix ans, n’en compte plus que 3 000.
Outre les problèmes spirituels et les difficultés de recrutement, les églises du Québec ont également bien du mal à s’en sortir financièrement. Un grand nombre d’entre elles sont au bord de la faillite.
Des églises bien connues de Montréal ont été démolies ou utilisées à d’autres fins qu’au culte. On peut citer l’église Notre-Dame d’Alexandrie, dans la rue Amherst. Pourtant, Benjamin Tremblay, son curé, était heureux de voir les démolisseurs détruire l’église. Pourquoi ?
Il aurait déclaré publiquement que l’Église devait désormais s’occuper de la vie sociale et économique de la région et que le nouveau centre aiderait le quartier, très pauvre, à se développer. Quelques années auparavant, il avait dit qu’il valait mieux vendre ces églises “plutôt que d’entretenir des éléphants blancs [objets encombrants et inutiles]”. Onze églises importantes de Montréal ont été fermées depuis 1967, et d’autres attendent d’être vendues ou démolies.
Les causes du déclin de l’Église
Que s’est-il donc passé ? Qu’est-ce qui a provoqué le déclin spectaculaire de l’Église toute-puissante ?
Le manque de confiance dans les chefs religieux a engendré le doute, ce qui n’est d’ailleurs pas particulier au Québec. Andrew Greeley, jésuite qui critique la hiérarchie catholique des États-Unis, fit ce commentaire : “En toute honnêteté, je crois que le gouvernement actuel de l’Église a failli sur les plans moral, intellectuel et religieux. Nous n’avons pas de chefs qui puissent nous indiquer la direction à suivre.”
Les auteurs de l’étude sociologique, Canada 70 ont remarqué au sein de l’Église du Québec “un manque de crédibilité considérable. Ce phénomène a atteint des proportions telles que les laïques ont eu des raisons de suspecter pratiquement tous les mouvements dans la hiérarchie de l’Église”.
L’évêque Léo Blais, déjà cité, incrimine lui aussi le clergé. Selon lui, certains prêtres provoquent actuellement la confusion au sein de l’Église à Montréal. Il pense que “notre indiscipline et notre désobéissance (...) ont jeté la confusion dans les esprits et dérouté bien des catholiques”.
“L’Église est-elle morte ?”
Tel était le titre d’un article paru dans La Patrie, hebdomadaire de langue française de Montréal.
Répondant à cette question, le prêtre Hubert Falardeau écrivit que les papes et les évêques ont “oublié que l’Église n’était pas une société temporelle, mais spirituelle. On voulait avoir une quantité de membres, et non des membres de qualité. Pour garder les gens dans l’Église, il fallait des préceptes. Les gens n’étaient pas tellement instruits, alors on les bourrait de préceptes. Tout — les fêtes, les cérémonies à grand déploiement — tout était fait pour attirer beaucoup de gens”.
Puis il ajouta : “Il y a déchristianisation parce qu’il n’y a pas eu christianisation. Dans les débuts de l’Église, on baptisait les gens à l’âge adulte. Puis on a présupposé que tous les gens étaient chrétiens et on s’est mis à les baptiser à leur naissance.”
Ce prêtre catholique montrait donc la nécessité d’une véritable christianisation, du baptême des adultes et d’une activité missionnaire auprès des gens. C’est ce que font les témoins de Jéhovah, et cela a contribué dans une large mesure au succès de leur activité. Personne ne se demande si l’œuvre des témoins de Jéhovah est morte. Leur activité et leur œuvre missionnaire dévouée qu’ils effectuent dans toutes les parties du monde montrent qu’ils sont bien vivants. Ce ne sont pas des paroles, mais des actes.
Les témoins de Jéhovah se sont engagés dans une œuvre missionnaire qui consiste à aller de porte en porte pour rendre visite aux habitants du Québec. On demanda un jour à Everett Carlson, témoin de Jéhovah de Joliette, au Québec, ce qu’il avait remarqué chez les catholiques qui pouvait expliquer leur changement d’attitude envers l’Église ; il répondit : “Depuis 1970, on observe un changement d’attitude très net chez les gens. Ils ont moins peur de parler aux témoins de Jéhovah, de poser des questions et de donner leur point de vue sur les changements au sein de l’Église. Ils reconnaissent volontiers que les modifications apportées à la doctrine de l’enfer, à l’interdiction de manger de la viande le vendredi et à beaucoup d’autres pratiques ont ébranlé leur foi.”
Toutefois, si l’Église catholique a perdu pratiquement tout son pouvoir au Québec, il serait faux de croire qu’elle a disparu de la scène. La plupart des jeunes lui ont retiré leur soutien, mais les générations plus âgées, tant parmi les laïques que parmi le clergé, continuent de lui accorder un appui non négligeable. Les coutumes et les habitudes meurent difficilement.
Cependant, on a assisté à des changements très rapides au Québec entre les années 1960 et 1974. La Révolution tranquille a provoqué des transformations très utiles.
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Une ère de liberté au QuébecRéveillez-vous ! 1975 | 8 juillet
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Une ère de liberté au Québec
QUE verriez-vous si vous visitiez le Québec aujourd’hui ? La société québécoise ressemble beaucoup à celle du reste de l’Amérique du Nord. La crainte et l’oppression auxquelles étaient soumis les gens quand l’Église catholique était toute-puissante ont disparu. Les Québécois peuvent maintenant décider en toute liberté pour ce qui est de l’enseignement, du travail, du planning familial ou de la religion, sans se soucier d’avoir l’approbation du curé.
Depuis 1964, le gouvernement a réformé et amélioré l’enseignement. Le commerce et les sciences attirent beaucoup plus les jeunes que la théologie et la philosophie. Les jeunes gens du Canada français ont maintenant beaucoup plus de possibilités de se faire une place dans le monde du commerce ou de l’industrie.
La presse et les autres moyens d’information sont libres d’enquêter sur les problèmes d’actualité et de publier leurs conclusions. Les Québécois sont mieux instruits et mieux informés que jamais, et l’opinion publique ainsi éduquée exige un gouvernement meilleur.
Les minorités, telles que les témoins de Jéhovah, jouissent au Québec de la même liberté qu’ailleurs. L’atmosphère est tout à fait nouvelle, et il existe une liberté intellectuelle qui était totalement inconnue avant la “Révolution tranquille”.
Le Québec est sorti de la nuit des temps pour entrer dans le monde moderne grâce à un formidable bond en avant. Si ces changements dans les domaines profanes ont permis une amélioration des conditions matérielles, il faut néanmoins considérer autre chose dont les hommes ont grand besoin.
Le vide religieux : Qui peut le combler ?
La disparition soudaine de ce qui constitue le noyau d’une société laisse un grand vide. Que s’est-il donc passé au Québec après le déclin rapide du pouvoir qu’exerçait l’Église catholique ?
Dans le Star de Montréal, l’écrivain Ralph Surette fit ce commentaire : “L’Église catholique a été le noyau de la société franco-canadienne pendant 300 ans. (...) Que se passe-t-il quand disparaît ce genre de force ? (...) L’angoisse et l’indifférence, tant chez les laïques que parmi le clergé, sont apparues là où l’Église était autrefois solidement établie.”
Qu’est-ce qui peut donc combler ce vide religieux ? Quelles personnes peuvent apporter aux Québécois le réconfort spirituel et l’instruction biblique dont ils ont grand besoin ? Dans le passé, la plupart des religions du Canada hésitaient à étendre leurs activités au Québec par crainte de l’Église catholique alors toute-puissante. C’est pourquoi elles ne sont pas prêtes pour pourvoir aux besoins religieux des Québécois.
Pourtant, il y a une exception qui mérite d’être signalée. En effet, au cours des cinquante dernières années, les témoins de Jéhovah n’ont jamais cessé, en période difficile comme en période favorable, de montrer qu’ils s’intéressaient avec amour aux Canadiens français. Ils se sont offerts pour donner une instruction biblique et un réconfort spirituel à tous ceux qui le désiraient. Les témoins de Jéhovah sont bien implantés au Québec. Dans cette province, ils ont maintenant 130 congrégations, et plus de 7 000 prédicateurs participent activement à l’œuvre d’enseignement biblique. Ils sont prêts à combler le vide religieux qui existe au Québec, et ils en sont capables. Mais peuvent-ils mériter la confiance des gens ?
Ils ont gagné le respect et la confiance
Il est devenu tout à fait évident que l’opposition des Québécois aux témoins de Jéhovah était due aux faux renseignements que les chefs religieux et politiques de l’époque avaient répandus sur leur compte. Depuis, les Québécois ont appris à connaître eux-mêmes les témoins de Jéhovah, et leur opinion sur eux a bien changé.
André Rufiange, chroniqueur canadien francophone, a écrit dans Le Journal de Montréal du 30 juillet 1973: “C’est Duplessis qui a dû se retourner dans sa tombe, lui qui, à l’époque, prenait les témoins de Jéhovah pour des épouvantails à moineaux. Et qui nous avait convaincus, nous, les écoliers du temps, que c’était là une secte de ‘méchants’. (...) Je ne suis pas Témoin. Mais je suis témoin que les Témoins témoignent d’efficacité et de correction. (...) Des gens vraiment très sympathiques. S’il n’y avait qu’eux sur terre, nous n’aurions pas, la nuit venue, à verrouiller nos portes et à brancher le système d’alarme.”
Les témoins de Jéhovah et leur œuvre pacifique qui consiste à enseigner la Bible aux gens dans leur foyer, sont maintenant bien connus et acceptés au Québec. Les personnes qu’ils rencontrent leur demandent souvent : “L’Église a disparu. Que va-t-il se passer ? Où allons-nous ?” N’ayant plus confiance dans l’Église qui les a dominés si longtemps, beaucoup de Québécois se tournent maintenant vers les témoins de Jéhovah. Eux seuls s’intéressent sincèrement à leurs problèmes et à leurs besoins religieux.
Les témoins de Jéhovah sont de plus en plus nombreux, mais ils grandissent aussi en qualité et en maturité. Ces dix dernières années, les témoins ont organisé des cours de français à Montréal. Ils ont pu ainsi aider plus de 1 200 personnes venues d’autres régions du Canada pour servir au Québec, où le besoin en prédicateurs est plus grand.
D’autre part, en été 1974, les témoins de Jéhovah ont publié une traduction française de la Bible, exacte et fidèle, à un prix très modique, de sorte que tout le monde peut se la procurer. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour fortifier spirituellement les habitants du Québec. Ils parlent souvent de la grande joie que leur procure leur ministère auprès des Québécois, peuple intéressant et à l’enthousiasme communicatif.
Confirmant que les témoins de Jéhovah ont gagné le respect des Québécois, Georges Bherer, journaliste au Soleil de Québec, fit un commentaire très intéressant après avoir assisté à l’assemblée “Le dessein divin”, qui eut lieu à Québec en août 1974. Il écrivit : “La secte des Témoins de Jéhovah connaît, depuis quelques années, dans la province de Québec, une expansion vertigineuse. (...)
“Pour le Témoin de Jéhovah, la religion est un mode de vie et non un ensemble de rites. Mettant l’accent sur l’honnêteté et la pureté morale, ils prêchent que le Christ est bien le fils de Dieu et que tout espoir de vie future dépend de la foi qu’on exerce en lui. Il croit que, dans un avenir très proche, durant notre propre génération, le Royaume de Dieu détruira le système mauvais actuel.”
Par le succès et l’efficacité de leur activité, les témoins de Jéhovah ont gagné le respect et la confiance des Québécois. Dans son numéro du 28 juillet 1974, Le Petit Journal de Montréal a montré publiquement que d’un côté c’est le déclin, alors que de l’autre côté on enregistre un grand accroissement. Il disait : “Tandis que les religions traditionnelles déclinent lentement, que les églises et les temples se vident de leurs fidèles, les Témoins de Jéhovah voient leurs rangs s’élargir et ils se portent acquéreurs d’églises désaffectées et de nouveaux locaux pour accueillir leurs nouveaux membres.
“Alors qu’en 1945 ils ne comptaient que 356 membres [au Québec], en 1974, c’est au nombre de 7 000 environ qu’on les dénombre à travers la province, répartis en 120 congrégations qui touchent 125 villes.
“En 1973, les Témoins de Jéhovah ont vu leur effectif s’accroître de 22 pour 100. À cause de cet important accroissement des Témoins au Québec, plusieurs salles et églises ont été achetées pour répondre au besoin de réunion. Le plus important immeuble acheté dans la banlieue de Montréal est la salle de danse Dorémi à Saint-Luc qui peut contenir jusqu’à 1 800 personnes assises.” Cette salle de Saint-Luc, au Québec, est devenue une Salle d’assemblées des témoins de Jéhovah.
La ville de Joliette, au Québec, était un centre important du catholicisme. Le bâtiment le plus important de la ville était un immense séminaire. En 1949, des missionnaires témoins de Jéhovah avaient été chassés de la ville par des groupes de catholiques. — Voir Awake! du 8 avril 1950.
Il y a maintenant à Joliette une congrégation de témoins de Jéhovah très active. Elle se réunit dans une belle Salle du Royaume qui est située dans l’une des rues principales de la ville. Quant au séminaire, il a été acheté par le gouvernement qui en a fait un lycée. Les témoins de Jéhovah ont utilisé deux fois cet ancien séminaire pour y tenir leur assemblée de circonscription semestrielle.
En 1949, Roland Gagnon, commerçant à Joliette, était du nombre des catholiques qui chassèrent les témoins de Jéhovah de la ville. Aujourd’hui, il est membre de la congrégation des témoins de Jéhovah de Joliette.
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