Coup d’œil sur le monde
Victoire sur la grippe...?
Dans un article intitulé Victoire sur la grippe (...) un vaccin révolutionnaire, Le Monde du 7 février 1973 rappelle la gravité de cette maladie infectieuse, en apparence bénigne. Il cite une déclaration d’un groupe de spécialistes internationaux réunis à l’Organisation mondiale de la santé, disant : “La grippe [et non pas les troubles intestinaux, les rhumes de cerveau ou les embarras bronchitiques que beaucoup qualifient de grippes] est la dernière de ces grandes pestes qui décimaient jadis et périodiquement l’espèce humaine. Elle reste l’une des plus importantes des maladies infectieuses devant laquelle nous nous trouvons encore presque complètement désarmés.” En 1918-1919, la grippe dite espagnole a causé la mort de 20 millions de personnes. Périodiquement, la grippe cause de grands ravages. Ainsi, en France, durant le seul mois de décembre 1968, elle a provoqué la mort de onze mille personnes. Malgré de nombreux efforts, les vaccins n’ont donné que des résultats très limités. En effet, le virus grippal se présente chaque année sous un jour différent (un “variant”), si bien que le vaccin est toujours en retard. On sait cependant que lorsque ces variations subtiles ont épuisé les ressources des possibilités chimiques, une grande mutation bouleverse brusquement la configuration tout entière du virus. Alors apparaît, tous les dix ou quinze ans environ, un “mutant” qui va se propager dans toute l’espèce humaine à une vitesse prodigieuse. Les études ont révélé que l’infection par une souche nouvelle immunise fortement contre les souches précédentes, mais ces dernières ne confèrent pas d’immunité contre les suivantes. Cela explique pourquoi les vaccins mis au point jusqu’à présent n’ont donné que de faibles résultats. Une équipe de médecins de l’Institut Pasteur a donc essayé d’accélérer artificiellement ce processus, afin de produire en laboratoire le dominant final qui confère une protection immunologique contre les précédents. Cela leur a permis de fabriquer un vaccin qui n’est donc pas en retard sur la nature, mais en avance de plusieurs guerres. Non seulement il protège contre toutes les souches actuellement connues du virus de Hong-Kong, mais aussi contre celles qui surgiront dans l’avenir, selon son évolution naturelle.
Cependant, certains médecins, notamment en Angleterre, expriment quelques doutes concernant ce vaccin révolutionnaire. Selon l’Observer de Londres du 11 février 1973, le Dr Schild déclara : “Personne ne peut dire que les variations dominantes dans la nature seront les mêmes que celles obtenues en laboratoire.”
Une “campagne de terreur” au Malawi
En septembre 1972, des milliers de témoins de Jéhovah avaient dû s’enfuir du Malawi où ils étaient cruellement persécutés par les partisans du président Banda. Ils s’étaient réfugiés en Zambie et au Mozambique. À la fin de l’année, 19 000 témoins ont quitté la Zambie pour retourner au Malawi. Le prince Sadruddin Khan, commissaire des Nations unies, a négocié le retour des réfugiés et obtenu des promesses qu’ils seraient bien traités. Cependant, dès leur retour, il leur a été dit que le parti du congrès du Malawi espérait qu’ils coopéreraient avec lui et qu’ils achèteraient la carte du parti, ‘sans quoi ils auraient de grandes difficultés et seraient sévèrement punis’. Selon l’Observer du 4 février 1973, 21 responsables auraient été arrêtés, y compris le “ministre-président des congrégations”. Ils seraient actuellement détenus à Blantyre et dans d’autres villes du Malawi.
Le problème de la jeunesse
Les Français ont été particulièrement émus d’apprendre que c’est un jeune garçon âgé de quatorze ans et demi qui a allumé l’incendie qui détruisit complètement un établissement scolaire de Paris et au cours duquel ont péri vingt et une personnes, la plupart étant des enfants. Ce drame a provoqué de nombreux commentaires et réactions. Ainsi, dans Le Monde du 13 février 1973, Pierre Viansson-Ponté écrivit : “Chaque jour, sans cesse, les images du Viêt Nam, les récits de meurtre et de sang, les évocations obsédantes de la cruauté humaine ; et puis, en même temps, la glorification d’un truand devenu auteur de best sellers, d’un général qui justifie le recours à la torture, de tous ceux qu’on fête et décore pour avoir mieux bombardé, mitraillé, assassiné que les autres (...). Tout ce matraquage de la haine, cette apologie de la force, cette exaltation de la violence, dont nous sommes sans cesse les victimes et dont on nous demande, en plus, d’applaudir les auteurs, tout cela nous laisse-t-il indifférents, intacts ? Si nous nous sentons parfois accablés, secoués, indignés, comment des enfants, des adolescents n’en seraient-ils pas bouleversés, choqués, traumatisés ?” De son côté, M. Christian Fouchet, ancien ministre français de l’Éducation nationale, fit ce commentaire : “Voilà où mènent l’absence d’élévation morale, l’abdication des adultes, le déferlement de la violence et de la pornographie.” Entre autres choses, M. Alain Peyrefitte, ancien ministre français de l’Éducation nationale, déclara : “Jamais la triste histoire de l’apprenti sorcier n’a été aussi actuelle. (...) Apprentis sorciers, ces adultes qui abdiquent leurs propres responsabilités, ces adultes qui combattent toute autorité parce qu’elle est l’autorité. Apprentis sorciers, certaines associations politisées de parents qui prennent systématiquement le parti d’un élève contre la direction ou contre le maître qui l’a puni. (...) Voilà où conduisent les doctrines de la contestation systématique.”
“C’est pire d’année en année”
Après le drame mentionné plus haut, un juge des enfants près d’un des tribunaux de la région parisienne, déclara au journal France-Soir (13 février 1973) : “Étonné ? Non, je ne le suis pas. Et c’est justement cela l’inquiétant. Ce que je vois est pire d’année en année. (...) Des jeunes en révolte, en rébellion. Des enseignants, des adultes dépassés, sans force devant eux. Démissionnaires. À quoi cela est-il dû ? Avant tout à la démission totale de beaucoup de parents, même en milieu social élevé. (...) Nous sommes désarmés devant les situations incroyables que nous découvrons chaque jour : un groupe de trois gosses de 10 à 13 ans en est à son quatre-vingtième vol de vélo. Le plus jeune sait que son beau-père boucle la porte à 8 h 30 du soir. Quand il a traîné, il couche dans une cave. Il n’a pas mis les pieds à l’école depuis un an. J’en connais des masses comme celui-là.”
Le tabac au banc des accusés
Dans le monde entier, les spécialistes lancent une offensive générale contre le tabac. Il s’agit d’un accusé privilégié quand on considère que cette année il rapportera au Trésor français neuf semaines du budget annuel (soit plus de 15 pour cent). Les statisticiens ont calculé qu’en 1973 les Français dépenseront 49 milliards de francs pour leur boisson ou leur tabac. Ils rapporteront ainsi à l’État 32 milliards de francs sous forme de taxes. Aux États-Unis, un éminent physiologue a affirmé que le fait de fumer dans un bureau menace aussi bien les amateurs de cigarettes que les abstinents qui respirent une atmosphère lourde d’éléments nocifs. Dans l’organe de l’Union pour l’avenir de la médecine, on trouve des chiffres affolants à propos de la France : “Les décès pour alcoolisme ont parfois triplé en cinq ans ; les cas de cirrhose ont triplé en vingt ans : 6 000 morts en 1950, 18 000 en 1970 ; quant aux cancers du poumon dus à l’abus de tabac, ils progressent de 100 % tous les six ans : 3 250 morts en 1960, 11 800 en 1970.” Le Parisien libéré du 18 janvier 1973 parle également des recherches effectuées par R. Retherford, spécialiste américain, pour préciser la part du tabac dans la surmortalité masculine entre 47 et 67 ans, pour un même pays et à une même époque. Voici ses chiffres : maladies du cœur : 51,8 pour cent ; maladies vasculaires cérébrales : 8,3 pour cent ; cancers broncho-pulmonaires : 14,3 pour cent ; autres cancers : 14,7 pour cent. Ainsi, “près de 90 % du surcroît de décès masculins causés par l’abus du tabac proviennent de maladies cardio-vasculaires ou du cancer, ce qui confirme les résultats d’études classiques”.
“Manifeste” pour l’avortement libre
En France, 330 médecins viennent de déclarer publiquement qu’ils pratiquent ou aident à pratiquer l’avortement. Dans ce “manifeste”, ces médecins déclarent entre autres choses : “Nous voulons (...) que l’avortement soit libre. (...) Les méthodes modernes, qui en font un acte simple, sans danger, doivent être portées à la connaissance de tous afin que les femmes puissent interrompre leur grossesse dans les meilleures conditions médicales et psychologiques. La liberté de l’avortement implique que chacun ne le décide ou ne le pratique qu’en fonction de ses convictions morales ou religieuses.” Après la publication de ce manifeste en faveur de la liberté totale de l’avortement, le professeur Lortat-Jacob, président du Conseil de l’ordre des médecins français, a déclaré : “Il n’est pas normal que, dans une société, quand on veut violer une loi plusieurs fois et qu’on veut la faire évoluer, il suffise de penser qu’en se groupant à deux ou à trois cents on puisse faire sauter la loi et donc se donner raison et bonne conscience.” Dans son commentaire sur ce manifeste, le cardinal Renard, archevêque de Lyon, indique en particulier : “Elle [l’Église] rappelle que le légal n’est pas nécessairement moral aux yeux de beaucoup qui peuvent être de bonne foi.” Effectivement, les vrais chrétiens se conforment dans tous les cas à la loi divine qui condamne tout acte meurtrier à quelque moment de la vie que ce soit.