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La fin des corvéesRéveillez-vous ! 1982 | 22 avril
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La fin des corvées
La robotique peut vous libérer de la corvée que représentent de longues heures de travail harassant. Elle peut faire plus en vous délivrant d’une monotonie fastidieuse et de l’ennui d’une chaîne de montage. Qui plus est, les cols d’acier que sont les robots ne remplacent pas seulement les cols bleus. Ils pénètrent aussi dans le monde des cols blancs. Eh! oui, les robots arrivent!
L’INVASION grandissante de la robotique n’amène pas les gens à prendre leur retraite mais ouvre le champ à des carrières plus motivantes. Au fur et à mesure que les robots se substituent aux humains et les soulagent de tâches dangereuses, pénibles, répétitives et monotones, les gens atteignent des situations où l’intelligence humaine et une formation spécialisée sont indispensables — des emplois qui dépassent les facultés d’un robot. Aujourd’hui, il est à la mode d’élever les robots au-dessus des humains et de considérer leur cerveau électronique comme supérieur à celui de l’homme. Cependant, nous ne devons pas oublier que c’est l’homme qui a conçu les robots et leurs “cerveaux”, et non le contraire. Une fois cette chose établie, nous pouvons apprécier à leur juste valeur les services que nous rendent les robots lorsqu’ils nous soulagent des corvées.
Aujourd’hui, le Japon est leader dans le domaine de la robotique, mais d’autres nations prennent conscience des occasions qu’elle offre ou plutôt, de façon plus précise, elles savent que pour être compétitives, elles doivent adopter cette nouvelle technologie. Une nouvelle usine Toyota utilise les robots dans tous les stades de montage. D’autres constructeurs d’automobiles japonais utilisent les robots non seulement pour restreindre le nombre des ouvriers, mais aussi pour augmenter la qualité de la fabrication. L’usage de la robotique ne se limite plus seulement aux grosses usines, mais de petites entreprises y font aussi appel. La polyvalence des robots augmentant rapidement, ceux-ci envahissent non seulement les usines mais aussi les bureaux et les foyers.
Ainsi, un “robot d’entretien” sert aussi de veilleur de nuit. Un “robot secrétaire” rédige des lettres, y appose la signature de la direction, établit des programmes et se souvient des rendez-vous. Un “robot médical”, équipé de 25 “doigts”, examine la poitrine d’une femme et transmet ses observations à un ordinateur qui dépiste les tumeurs cancéreuses ou d’autres anomalies. Un autre robot peut encore..., mais nous en apprendrons davantage en laissant la parole à un robot.
Ce récit paraîtra par endroits empreint de vantardise, mais si nous montrons de l’indulgence pour cette faiblesse humaine, l’histoire de ce robot nous impressionnera. Écoutons-le.
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Si un robot parlait...Réveillez-vous ! 1982 | 22 avril
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Si un robot parlait...
JE SUIS un robot.
Cela vous étonne. Jusqu’à ces derniers temps, beaucoup croyaient que les robots n’existaient pas. Ils pensaient que nous étions seulement sortis de l’imagination d’un producteur de cinéma. Mais aujourd’hui, ils savent que nous existons bel et bien, que nous sommes des milliers, et que des milliers d’autres robots vont arriver.
Je suis un robot de seconde génération. Cela peut aussi vous surprendre. J’ai été assemblé par d’autres robots. Je peux marcher, parler, “voir” et d’une certaine façon “palper”. Certes, je ne marche pas aussi vite que vous, mais ma démarche est assurée. Mon vocabulaire comporte de nombreux mots qui vous surprendront sans doute.
Je peux avoir la résistance d’un homme ou la douceur d’une femme, soulever 225 kilos avec facilité ou saisir un œuf sans en fendre la coquille. Je peux également exploiter le charbon au fond de la mine, et remuer la tasse de café d’un compagnon humain au moment de la pause. S’il vous faut de l’aide pour construire une machine, faites appel à moi. Si vous avez besoin d’un aide ménager dans la cuisine, faites-moi signe également. Quoique je sache le faire, je refuse cependant de nettoyer les vitres.
Vous ne me reconnaîtrez pas toujours. Si vous avez de moi l’image d’un homme mécanique qui avance maladroitement sur un écran de cinéma en émettant un bip-bip ou une sonnerie, et en lançant des éclairs, alors chassez ce cliché de votre esprit. En fait, je suis d’une complexité bien plus grande. J’existe sous les formes et les tailles les plus diverses. Ma main peut comporter plusieurs doigts semblables à ceux de l’homme ou des pinces ressemblant à celles d’un homard, mais toutefois difformes et inélégantes. Ma hauteur varie entre quelques dizaines de centimètres et la taille d’une girafe. Il arrive que je ressemble à une araignée mécanique monstrueuse ou à une corbeille à papier renversée. Cependant, dans une école de médecine en Floride, j’ai pris la forme d’un humain, avec une chevelure, des yeux, des oreilles, un nez et une bouche. Ma peau est en plastique et j’ai des veines, des artères et même un cœur. Avec lui, j’apporte mon concours à la société en faisant la démonstration d’au moins quarante maladies cardiaques. Même dans les films de fiction, je n’ai jamais paru aussi vrai.
On dit de certains individus qu’ils donneraient volontiers leur bras gauche pour passer dans le Johnny Carson Show [une émission de télévision américaine]. Mais pour ma part, non seulement j’étais présent lors de cette émission en 1966, mais en plus, je dirigeais l’orchestre. En 1976, avez-vous suivi un autre de mes exploits, lors d’un show d’automates, quand je prélevais des échantillons sur le sol de la planète Mars et que les caméras de télévision transmettaient mon image partout dans le monde? Ces caméras me montraient alors sous mon meilleur jour. Au fait, m’aviez-vous reconnu? On m’a vu également sur les écrans de télévision sous forme de modèles expérimentaux: j’ai pu ainsi vous montrer ce que je suis capable de faire et la façon dont je m’exprime.
Certes, notre existence ne vous surprend pas, car notre venue a fait couler beaucoup d’encre. Certains auteurs ont écrit: “Les robots arrivent!” et d’autres: “Les robots sont déjà parmi nous.” D’autres encore ont ajouté: “Les robots, ce sont seulement quelques écrous et quelques boulons dépourvus d’intelligence.” Avec tout cela, vous n’avez pu rester dans l’ignorance de notre rapide développement.
Vous souvenez-vous des poupées avec lesquelles vous jouiez? Parfois vous les remontiez et elles traversaient la pièce à pas mesurés. Un peu plus tard, d’autres poupées bougèrent leurs bras et leurs mains au même rythme que leurs pieds et on leur fit battre du tambour. Avec le temps, elles devinrent plus complexes, elles apprirent à pleurer comme des bébés et se mirent à parler. Dans certains pays, les poupées firent de rapides progrès, parvinrent à écrire et à dessiner de façon mécanique. Au Japon, des poupées traversaient une pièce et servaient de petites tasses de thé à leurs fabricants. Les enfants introduisaient des pièces de monnaie dans une machine et manœuvraient des pelles mécaniques à vapeur, modèles réduits, pour obtenir un prix. Ces mêmes enfants sautaient de joie lorsqu’un joli bibelot tombait dans le distributeur pour les récompenser de leur habileté. Mais ce n’était qu’un début!
“Pourquoi ne pas concevoir de plus grands robots?”, demandèrent certains. “Il en faut de beaucoup plus grands”, ajoutèrent d’autres. À leur tour, les innovateurs les plus doués s’interrogèrent ainsi: “Pourquoi ne pas les doter d’un cerveau?” “Ne serait-il pas agréable de les faire travailler pour nous?” D’autres allèrent plus loin encore. En 1921, l’écrivain tchèque Karel Tchapek devint célèbre pour sa pièce intitulée “Les Robots universels de Rossom”. Là, pour la première fois, le terme “robot” fut inventé et introduit dans le monde pour nous décrire, nous, ces personnages mécaniques qui se mirent en guerre contre les humains au siècle des machines et de la technologie de pointe. Enfin, nous sortions du cocon après une longue métamorphose.
Dans le même temps où les fabricants de jouets perfectionnaient leurs poupées pour qu’elles marchent, parlent, pleurent, amusent et divertissent leurs utilisateurs, des techniciens habiles étaient hantés par la mise au point de leurs “jouets” ou “robots” comme on nous appelle. Ils se préoccupaient de nous doter de presque toutes les compétences humaines. Mais leur but n’était pas de s’amuser ni de se distraire. Ces hommes avisés prévoyaient de faire de nous leurs esclaves.
On nous a conçus pour être plus qu’une simple machine. Les machines, après tout, ne datent pas d’hier: elles existent depuis l’invention de l’essieu et de la roue. Un batteur à œufs n’est, par exemple, qu’une machine. C’est un instrument qui permet à une ménagère d’homogénéiser rapidement un œuf. Mais si on nous confiait, à nous robots, la tâche d’homogénéiser les œufs, nous le ferions entièrement par nous-mêmes et sans aide extérieure. En plus, nous pourrions continuer notre travail en versant les œufs dans une casserole ou dans un bol. Pour des œufs au plat, nous faisons en sorte qu’ils soient faits selon les souhaits de Madame, plutôt moelleux ou cuits d’un seul côté. Mais notre travail ne serait pas achevé sans servir à Madame, dans son assiette préférée, ce délice accompagné de frites et d’un toast beurré. Une simple machine pourrait-elle opérer toutes ces tâches? N’insultez pas notre intelligence. Nous sommes des robots!
Quand je jette un coup d’œil rétrospectif, je me rends compte que nous sommes semblables à l’homme de fer, dans “Le magicien d’Oz”, qui courait partout sans avoir de cœur — à la seule différence que nous, nous n’avons pas de cerveau. Pourtant, le grand magicien qu’est la technologie est venu à notre secours! Avec le développement de l’informatique et la miniaturisation des composants, on nous a dotés d’un “cerveau”, inférieur toutefois au modèle véritable. Ainsi, sur une plaquette de silicium de 10 centimètres de côté, tiennent 200 puces électroniques, et chacune d’elles est en mesure de traiter 8 millions de données à la seconde. C’est notre “matière grise” et notre banque de données. Si on nous apprend à préparer une omelette qui convienne à votre palais délicat, nous ne l’oublierons pas. En Australie, lorsqu’un propriétaire de ranch apprend à l’un de nous à tondre un mouton, il peut être sûr que nous ferons toujours ce travail avec la même délicatesse que le professeur lui-même.
Cher lecteur, si vous connaissiez seulement nos capacités, vous resteriez stupéfait et peut-être même inquiet. Comme l’un de mes frères robots l’a dit dans la pièce de Karel Tchapek citée précédemment: “L’autorité de l’homme est tombée. C’est l’aurore d’un nouveau monde: la domination du robot.” En dictant ces phrases, j’ai acquis la conviction que nous sommes tout à fait infaillibles, clic, infaillibles, clic, infaillibles, clic, clic, clic...
[Entrefilets, page 6]
“Avec le développement de l’informatique et la miniaturisation des composants, on nous a dotés d’un cerveau.”
“J’ai acquis la conviction que nous sommes tout à fait infaillibles, clic, infaillibles, clic, infaillibles, clic, clic, clic...”
[Illustration, page 5]
“Je peux soulever 225 kilos avec facilité ou saisir un œuf sans en fendre la coquille.”
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Nous sommes envahis par les robotsRéveillez-vous ! 1982 | 22 avril
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Nous sommes envahis par les robots
Les cols d’acier menacent-ils votre emploi?
DANS un entrepôt mal éclairé, un rôdeur à la mine patibulaire se dirige à l’aveuglette entre les piles de cartons et de caisses. L’éclairage de la rue projette des ombres inquiétantes sur les murs et le plafond, et le rôdeur aperçoit sa propre silhouette. Cette forme grotesque et arrondie sur le mur rappelle en silence le projet malveillant du visiteur. Tout à coup, l’homme se rend compte qu’une autre ombre se déplace derrière la sienne. Ça y est! Il est suivi. Il active le pas, mais l’autre le suit toujours. Il se met à courir et ce sont maintenant deux ombres qui courent. L’homme heurte le mur devant lui et tombe à terre sans force. L’ombre rampante n’est plus une simple silhouette. Elle se tient maintenant devant lui avec un air menaçant. Le prétendu voleur, le visage tendu par la peur, ne croit pas ce qu’il voit. Un être mécanique de la taille d’un homme le regarde froidement avec dédain. Oui, c’est un robot qui vient de s’emparer du malfaiteur!
En Angleterre, dans une confiserie, un ouvrier regarde sa montre. Il est fatigué. Son corps endolori lui indique que sa journée de travail devrait s’achever, mais sa montre précise qu’il reste encore quatre heures à faire. L’homme sourit en se souvenant que depuis des années, des comiques se servent à l’écran de cette routine pour faire rire leur public: saisir (sur une bande transporteuse qui ne s’arrête pas) deux chocolats à la seconde pour les mettre dans leur emballage. Notre homme est envahi par un mélange d’émotions. Dans l’heure qui suit, un nouvel arrivant prendra la relève de ce travail qui atteint les nerfs. “Il est très rapide”, dit le patron en parlant du remplaçant. “Il ne sera jamais fatigué ni ne se plaindra”, promet le chef du personnel sur un ton hâbleur. Faites de la place pour le col d’acier. Eh! oui, c’est d’un robot qu’il s’agit!
Depuis quelque temps déjà, les robots font concurrence aux ouvriers dans le monde des cosmétiques pour assurer le même travail de routine: prendre des flacons de lotion pour les mains et les mettre dans des boîtes qui défilent sur une chaîne. Les robots rivalisent aussi d’agilité avec les humains, quand il faut tester de minuscules thermomètres, un procédé qui consiste entre autres à secouer les bulles de gaz microscopiques dans de fragiles tubes de verre.
Même la forge légendaire se met à pâlir et cède le pas devant les robots: on est passé rapidement du tablier de protection du forgeron à la cotte d’acier du robot. Les bras tendus dans les fourneaux de forge, dont la température atteint le chiffre ahurissant de 930 °C, ces hommes mécaniques en retirent des pièces de métal chauffées à blanc et les déposent avec soin dans des machines qui en feront des pales de turbine. Pendant ce temps, les ouvriers, que les robots ont remplacés, regardent faire avec un mélange de soulagement et d’émerveillement.
Les robots ont envahi l’industrie automobile et aéronautique, et accomplissent des tâches difficiles qui, une fois de plus, laissent sceptiques leurs compagnons de travail humains. En outre, les robots sont entrés en concurrence avec les meilleurs soudeurs et les meilleurs peintres de l’industrie automobile. On les a envoyés sur d’autres planètes et ils y ont prélevé des échantillons du sol. Sous peu, ils descendront inspecter dans la mer les digues et la carène des navires. D’après les experts, d’ici à 15 ans, les robots exploiteront tout le charbon des mines.
Dès à présent, on a mis en route de grands projets pour l’utilisation des robots, projets qui vont du plus banal au plus extraordinaire: il est en effet question de les envoyer de nouveau dans l’espace. Selon des rapports rendus publics, si les vols de la navette spatiale se déroulent normalement, les responsables de la NASA prévoient d’envoyer un robot à bord de la navette autour de 1986. Le robot serait alors essayé pour accomplir des tâches simples. Par la suite, il pourrait faire des travaux plus compliqués, telles la réparation de satellites dans l’espace ou la construction de stations orbitales. L’invasion des robots est en cours!
Dans quelle mesure sommes-nous envahis par ces hommes mécaniques? Selon certains rapports, la population mondiale des robots serait de 17 500. D’autres rapports avancent le chiffre de 20 000; c’est au Japon qu’ils sont les plus nombreux, tant au niveau du nombre fabriqué que de la quantité en service. Les États-Unis arrivent loin derrière, suivis par la République fédérale d’Allemagne, la Suède, la Pologne, la Grande-Bretagne, la Norvège, la Finlande, le Danemark et les Pays-Bas. Toutefois ces informations changent presque quotidiennement. Rien qu’aux États-Unis, la production des robots a augmenté de 35 pour cent en un an. Une entreprise se vante de sortir tous les mois 55 robots de ses chaînes de montage et de les vendre dès leur fabrication achevée. D’autres grosses sociétés ont noté que l’industrie réclamait ses cols d’acier. Elles ont donc pris le train en marche et s’équipent pour la fabrication des robots.
Ainsi au Japon, une usine a ouvert ses portes en janvier 1981 et elle peut fabriquer 350 robots par mois. Il faut ajouter à cela que dans ce pays les robots construisent d’autres robots 24 heures sur 24. Tout récemment encore, la Grande-Bretagne ne s’intéressait pas aux hommes mécaniques. Cependant la situation a bel et bien changé aujourd’hui. Les sociétés qui vendent des robots ont été assaillies de demandes émanant de propriétaires et de directeurs d’usines, et le nombre de robots qui pénètrent dans le monde du travail va sans cesse croissant dans ce pays.
L’institut américain de robotique, un groupe commercial établi à Dearborn, dans le Michigan, se porte garant de l’invasion de ces hommes mécaniques en prévoyant que le montant de la vente des robots aux États-Unis passera de 380 millions de francs français en 1980 à plus de 1 200 millions de francs français en 1985.
Pour bien comprendre l’invasion soudaine des robots dans le monde du travail et de l’industrie, il est nécessaire de saisir la différence existant entre les machines automatisées qui sont utilisées dans l’industrie depuis des décennies et ce qu’on appelle des robots. L’Institut américain de robotique fournit sans doute la meilleure des définitions de ce qu’est un robot: “Un manipulateur programmable et polyvalent destiné aux déplacements de matériaux, de pièces, d’outils ou de mécanismes, en fonction de trajectoires différentes que le robot mémorise pour accomplir diverses tâches.”
Une machine automatisée est destinée à accomplir une seule tâche. Ainsi, si vous êtes abonné à “Réveillez-vous!”, le périodique que vous avez entre les mains a été plié et enveloppé par une machine prévue à cet usage. C’est là la seule fonction de cette machine. Elle ne peut rien faire d’autre. Par contre, un robot peut être programmé pour accomplir plusieurs tâches. Il peut nettoyer les vitres, cuire un œuf, peindre, souder ou mettre sous pli ce périodique. Pour l’industrie, c’est là que réside toute la valeur d’un robot.
Les mouvements d’un robot sont souples et on peut les décrire en termes anthropomorphiques: rotation du tronc, de l’épaule, du coude et du poignet, inclination du bras et du poignet. Un robot peut copier presque tous les mouvements d’un bras et d’un poignet humain, même quand il s’agit de remuer le contenu d’une tasse de café. Au grand plaisir des employeurs, les mouvements des robots sont programmables et ils peuvent exécuter sans cesse la même tâche ou s’arrêter pour passer à autre chose. Les robots sont destinés à travailler avec les humains et à leur rythme, pour ne pas entraver le fonctionnement des systèmes existants. Le robot serait-il ainsi le dernier serviteur de l’homme?
Ah! mais ce n’est pas tout! Les atouts d’un robot ne se limitent pas là. En effet, on apprend facilement à un robot même les opérations les plus compliquées. Remarquez combien cela est facile à la lecture de ce manuel publié par un fabricant de robots:
“En utilisant une structure légère d’apprentissage, on apprend au robot son travail en le prenant pour ainsi dire par la main pour lui montrer la tâche à accomplir. La vitesse d’exécution d’une tâche donnée est indépendante de la vitesse à laquelle elle a été enseignée. Ainsi une certaine opération apprise lentement peut être accomplie avec précision à très grande vitesse. Cette méthode d’enseignement assure une bonne organisation du temps, une adaptation rapide à un nouveau type de travail, et permet d’intervenir promptement sur un programme. Le robot est en mesure de mémoriser de nombreux programmes, auxquels on peut faire appel si nécessaire. Pour faciliter la réalisation de travaux difficiles, il est possible d’apprendre au robot des sous-programmes et d’intervenir sur certaines parties d’un programme sans interrompre pour autant la production. Les programmes peuvent être enregistrés sur bande magnétique pour une utilisation ultérieure. On est également en mesure d’étendre la capacité de mémoire d’un robot pour qu’il assure des tâches plus compliquées.”
Avez-vous eu une fois le sentiment que vous étiez un ouvrier indispensable? Vous sentez-vous subitement menacé? Si vous travaillez en usine, quel pourcentage de votre journée consacrez-vous réellement au travail? Vous plaignez-vous souvent? Êtes-vous plus souvent en arrêt de maladie que vos collègues de travail? Prenez garde. Un robot pourrait bien vous remplacer. Il se peut même que votre employeur étudie déjà les avantages liés à l’embauche d’un robot. Les robots ne se fatiguent jamais. Ils sont en mesure de travailler jour et nuit. Ils ne se plaignent jamais, ne réclament pas d’augmentations, ne demandent pas d’arrêt de maladie, commencent toujours à l’heure et ne partent pas en vacances. En outre, ils ne font pas de pause café et leur patron n’a pas besoin de les chasser des distributeurs de boissons. Songez bien à cela: il existe une raison à l’invasion des robots.
La firme General Motors se sert de 400 robots dans ses usines. Dans un premier temps, on les utilise pour la soudure, la peinture, la pulvérisation, la manipulation de pièces et le moulage sous pression. L’un des robots les plus récents est utilisé pour le contrôle des carrosseries. Dotés de caméras, les robots ont montré une habileté avec laquelle les humains ne peuvent rivaliser. Bien qu’elle n’en ait que 400 aujourd’hui, la General Motors annonce que 5 000 robots seront installés en 1985 et, selon certains rapports rendus publics, leur nombre serait de 14 000 en 1990. Soit dit en passant, aux États-Unis, le coût de revient horaire d’un robot est de l’ordre de 30 franc français. Ce chiffre comprend le prix d’achat et l’entretien. En comparaison, une heure de travail d’un ouvrier dans l’industrie automobile revient à environ 100 francs français. Il y a de quoi se laisser séduire par les robots.
Cependant, il faut tenir compte d’un fait: lorsque les robots sont installés, ils remplacent des effectifs humains. Ainsi au Japon, lorsqu’une entreprise d’électricité mit en place un robot servi par un ordinateur pour fabriquer des pièces d’aspirateurs, on constata que le robot et quatre employés pouvaient accomplir le travail exécuté auparavant par 120 personnes. Avec l’aide des robots, les effectifs utilisés pour assembler les postes de télévision au Japon sont inférieurs à la moitié de ceux qui sont nécessaires aux fabricants américains. Dans l’usine Volkswagen de Wolfsburg, en République fédérale d’Allemagne, quatre robots “embauchés” comme soudeurs ont remplacé 22 ouvriers. Les études menées sur l’utilisation des robots révèlent que pour chaque robot utilisé, entre cinq et sept emplois sont supprimés.
Dans l’industrie, les défenseurs des robots soutiennent que les travailleurs devraient accueillir les cols d’acier dans leur usine, surtout lorsqu’il s’agit d’exécuter des manipulations dangereuses ou pour accomplir des tâches serviles que les ouvriers jugent ennuyeuses. En apparence, cet argument paraît digne d’éloges, mais il devient équivoque quand on sait que c’est l’employeur plutôt que l’ouvrier qui détermine quels sont les travaux dangereux et fastidieux.
La direction des entreprises qui utilisent ou qui envisagent l’emploi des robots avance également un autre argument: les cols bleus que les robots remplacent seront mutés et deviendront des cols blancs. Ces mots sonnent agréablement sur les lèvres des dirigeants. Mais combien d’ouvriers mutés seront qualifiés pour assurer les emplois de bureau qui se créeront?
Bien que l’on puisse prêter aux robots une plus grande productivité et une très haute qualité dans l’exécution du travail, ils posent cependant un problème pour les ouvriers mutés. Abordant le sujet de l’automatisation, Robert Lund, directeur adjoint du Centre des méthodes de remplacement à l’Institut de technologie du Massachusetts, a déclaré que des “problèmes toucheraient tous ceux que concerne cette nouvelle technologie, tant dans l’atelier que dans le bureau”. Puis il a ajouté: “Les ouvriers devront se déplacer, apprendre de nouvelles techniques et changer d’emploi — toutes ces choses entraînent des difficultés.” Mais qui devra faire face aux plus grandes difficultés? Un jeune ouvrier peut accepter le changement, le fait d’apprendre une nouvelle technique et la mutation de poste comme autant de défis audacieux. Mais qu’en est-il pour les travailleurs d’âge moyen et pour ceux qui ont dépassé cet âge? Accueilleront-ils avec plaisir ces mesures et le changement?
Actuellement, c’est dans l’industrie automobile que l’on utilise le plus grand nombre de robots. Les firmes General Motors, Ford et Chrysler embauchent toutes des robots. Dans de nombreux pays européens, les constructeurs d’automobiles utilisent aussi des robots. Le magazine Business Week du 3 août 1981 commentait l’étude entreprise par l’Université Carnegie-Mellon sur la force d’impact des robots. L’étude s’achevait par ces mots: “Les robots, plus les appareils équipés de capteurs ‘sensoriels’ rudimentaires, assureraient environ sept millions d’emplois dans les usines, soit 45 pour cent des emplois liés par contrats syndicaux.” Et le magazine Business Week d’ajouter: “L’United Auto Workers [L’Union des travailleurs de l’industrie automobile], l’un des syndicats qui essaie d’envisager les conséquences de la robotisation, s’attend à voir le nombre de ses adhérents passer de 1 000 000 en 1978 à 800 000 en 1990, tout en supposant une progression annuelle de 1,8 pour cent des ventes d’automobiles sur le territoire national.”
En Europe, où l’on construit les Volkswagen et les Fiat, on craint de plus en plus une augmentation importante du nombre des ouvriers remplacés, à la suite de l’invasion des robots. Dès à présent, le groupe Fiat a décidé de supprimer 7 500 emplois. Les ouvriers de chez Volkswagen accueillirent avec joie l’intégration des cols d’acier qui devaient assurer les tâches les plus désagréables. Maintenant, ils pensent tout autrement. Ils prennent conscience que les robots sont conçus avec un Q. I. élevé et qu’ils sont en mesure de “voir” et de “sentir”. De ce fait, ils chassent les ouvriers de leurs postes ou ils les confinent dans des tâches subalternes — en quelque sorte de l’intégration à contre-courant.
Presque chaque semaine, les media traitent des robots et évoquent le pour et le contre de cette technologie. Pour certains, la solution réside dans la semaine de travail de quatre jours. Cependant, à cause de l’inflation, d’autres soutiennent que les gens préfèrent effectuer des heures supplémentaires plutôt que d’obtenir une diminution du temps de travail. Quelles que soient les positions favorables ou hostiles adoptées par les uns et les autres, le robot, lui, maintient avec assurance une position intermédiaire. Bien qu’il soit innocent, il faut malgré tout en tenir compte. Eh! oui, c’est vrai: Les robots sont déjà parmi nous!
[Entrefilet, page 9]
On a envoyé les robots sur d’autres planètes et ils y ont prélevé des échantillons du sol. Sous peu, ils descendront dans la mer inspecter la carène des navires.
[Entrefilets, page 10]
Au Japon, les robots construisent d’autres robots 24 heures sur 24.
Ils ne se plaignent jamais, ne réclament pas d’augmentations, ne demandent pas d’arrêt de maladie, commencent toujours à l’heure et ne font pas de pause café.
[Entrefilets, page 11]
Aux États-Unis, le coût de revient horaire d’un robot est de l’ordre de 30 francs français. En comparaison, une heure de travail d’un ouvrier dans l’industrie automobile revient à environ 100 francs français.
Le robot et quatre employés peuvent accomplir le travail exécuté auparavant par 120 personnes.
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De deux maux, le moindre?Réveillez-vous ! 1982 | 22 avril
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De deux maux, le moindre?
En Floride, une étudiante a découvert qu’une certaine araignée préférait les blattes aux mouches. Plus tard, elle déménagea et s’installa dans une maison où 300 blattes l’avaient précédée. Elle lâcha 15 araignées dans son foyer. Quatre semaines plus tard, il n’y avait plus de blattes. Ces araignées ne sont pas venimeuses et ne tissent pas de toiles. En outre, elles sortent la nuit. L’étudiante décida qu’il était préférable d’avoir ce genre de locataires, plutôt que des blattes. Partagez-vous son avis?
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Une étrange leçon de “catéchisme”Réveillez-vous ! 1982 | 22 avril
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Une étrange leçon de “catéchisme”
Un jeune couple italien, en visite à l’étranger, commença à discuter de la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Ils eurent rapidement des doutes au sujet du choix religieux auquel ils étaient exposés et, de retour dans leur petite ville en Italie, ils cessèrent d’étudier la Bible.
Quelque temps plus tard, le frère de la jeune femme fit des préparatifs de mariage. Le prêtre de la ville le visita et eut avec lui une discussion sur les responsabilités conjugales. Au cours de la conversation, à laquelle le jeune couple assistait, le prêtre sortit un petit livre bleu. À la vue du livre, le jeune couple fut stupéfait. Ne s’agissait-il pas du livre “La vérité qui conduit à la vie éternelle” que les Témoins de Jéhovah utilisent souvent au cours de discussions gratuites de la Bible? Eh! oui, c’était bien cet ouvrage.
Le prêtre fit sa leçon de “catéchisme” en se basant sur ce livre et il utilisa le chapitre “Comment s’assurer une vie de famille heureuse”. Le couple demanda au prêtre pourquoi il employait cet ouvrage. L’ecclésiastique répondit qu’on pouvait quand même trouver de bonnes choses dans ce livre. Le couple décida que si le prêtre utilisait ce manuel, tous deux pouvaient eux aussi l’étudier. Ils reprirent leurs conversations avec les témoins et devinrent des Témoins de Jéhovah. Deux autres membres de leur famille commencèrent également à fréquenter la congrégation locale.
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