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De la Rome païenne à la chrétientéRéveillez-vous ! 1972 | 22 septembre
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Les persécuteurs Marc Aurèle et Dioclétien
Le règne suivant, celui d’Antonin le Pieux (138-161), fils adoptif d’Hadrien, fut très probablement le plus paisible de tous. Vint ensuite Marc Aurèle (161-180)a. Durant cette période, Rome connut sa plus grande expansion. L’Empire s’étendait sur une superficie d’environ 4 700 000 kilomètres carrés et comptait une population de quelque 55 millions de personnes. Le règne de Marc Aurèle fut néanmoins assombri par des inondations, des incendies, des tremblements de terre, des invasions d’insectes, des insurrections, des guerres de conquête et la persécution des chrétiens. Des soldats revenant de leurs campagnes militaires ramenèrent une peste qui fit des ravages dans tout l’Empire.
Marc Aurèle était très religieux. En passant par la Grèce, il s’était initié aux mystères d’Éleusis. À l’âge de huit ans, il était prêtre salien. Sur les derniers bas-reliefs représentant ses triomphes, on le voit en tant que prêtre sacrifiant à l’autel. Quand on considère sa ferveur religieuse, on comprend qu’il persécutât les chrétiens.
Marc Aurèle était aussi un vaillant homme de guerre. Pendant des années, il conduisit lui-même ses soldats sur le champ de bataille.
Ses “Pensées” étaient censées servir de guide à son fils Commode. Mais ce dernier, qui régna de 180 à 192, fut le plus mauvais de tous les empereurs romains. Il se montra dédaigneux, tyrannique, sanguinaire et extravagant. Il était si fier de ses prouesses physiques qu’il avait ordonné qu’on l’adorât comme l’Hercule romain. Cependant, certains Romains, prévenus qu’ils allaient être ses prochaines victimes, prirent les devants et le firent mourir.
Avec Commode, l’Empire romain entra dans sa période de décadence. L’assassinat de cet empereur n’apporta aucune amélioration dans le gouvernement, mais fut suivi d’un siècle d’anarchie et de confusion. Pendant une période de soixante-sept ans, il y eut jusqu’à vingt-neuf empereurs et prétendants, dont quatre seulement ne moururent pas de mort violente. Durant ce temps, les chrétiens furent violemment persécutés par Decius (249-251) et Valérien (253-260). Ces persécutions cessaient à la mort de chaque empereur qui les avait ordonnées.
Dioclétien (284-305) s’efforça désespérément, mais par des moyens despotiques, de redonner à l’Empire sa gloire et sa puissance passées. Il portait un diadème royal et avait emprunté à l’Orient un cérémonial de cour minutieux qui, aux yeux du peuple, contribuait à donner à sa personne un caractère mystérieux et sacré. Vers la fin de son règne commença une terrible persécution des chrétiens qui dura près de dix ans (303-313), car elle se prolongea durant le gouvernement de ses successeurs.
Sous Constantin l’Empire devient “chrétien”
Pendant vingt ans, on assista à des luttes sanglantes pour le pouvoir. Finalement, en 324, Constantin “le Grand” devint l’unique souverain incontesté et il entreprit la réunification de l’Empire (Dioclétien l’avait divisé, lui-même s’était établi en Orient et Maximien en Occident). Pour arriver à ses fins, Constantin livra “aux bêtes des rois ‘barbares’ et des milliers de leurs sujets”, et il fit périr une de ses femmes et un de ses fils.
Selon la légende, c’est au cours d’une de ses campagnes pour le pouvoir que l’empereur aurait eu la vision d’une croix entourée des mots “par ce signe tu vaincras”. On raconte qu’il put ainsi remporter la victoire. Il fit de Byzance sa capitale, à la place de Rome, et lui donna le nom de Constantinople (la ville de Constantin). Il prétendait s’être converti au christianisme, mais il ne reçut le baptême que sur son lit de mort.
Le prétendu “édit de Milan”, par lequel Constantin et son collègue Licinius auraient accordé la liberté religieuse aux chrétiens, n’était qu’une lettre adressée “à quelques fonctionnaires d’Orient leur recommandant de veiller à la bonne exécution de l’édit de Galère”. Ce Galère avait poussé Dioclétien à persécuter les chrétiens. Peu avant sa mort, ayant cependant reconnu l’injustice ou l’inutilité de cette mesure, il avait promulgué un édit accordant la liberté religieuse.
Déçu de voir les soi-disant chrétiens divisés sur le plan doctrinal, Constantin réunit le concile de Nicée dans l’espoir de les unir. Il présida lui-même cette assemblée. Comme la majorité approuvait la doctrine de la trinité, exposée par Athanase, Constantin la confirma officiellement. Il bannit Arius et ses partisans, qui croyaient que Jésus avait été créé par Dieu et qu’il lui était inférieur.
Constantin fit donc du catholicisme romain la religion de l’Empire et il persécuta ceux qui ne partageaient pas cette croyance. Dans son livre L’Église catholique romaine (1969, angl.), McKenzie, théologien jésuite, déclare : “J’estime que le catholicisme romain a commencé avec la conversion de Constantin.” De persécutée, l’Église devint persécutrice. À ce sujet, un historien moderne écrit :
“Le quatrième siècle fut pour l’Église chrétienne une époque de progrès stupéfiants. Au début de ce siècle, les chrétiens étaient persécutés par un empereur païen, quoiqu’ils ne fussent qu’une petite minorité. À la fin du même siècle, le christianisme était l’unique religion officielle de l’Empire (...). Elle était protégée par un empereur chrétien qui avait édicté des lois contre (...) tous ceux qui s’écartaient de quelque façon des doctrines de l’Église d’État.
“Néanmoins, ces progrès rapides n’ont pas apporté que des avantages à l’Église. Un afflux d’indifférents et d’égoïstes fit inévitablement baisser le niveau moyen de la moralité et le zèle religieux. En même temps, des éléments non chrétiens s’introduisaient dans la doctrine et les pratiques.” — Études de la civilisation européenne (angl.) de Ferguson et Bruun.
De Constantin à la chute de l’Empire
Après la mort de Constantin, survenue en 337, l’Empire, en pleine décadence, connut une période de luttes intestines. L’empereur Julien (361-363) se retourna contre la religion qu’on lui avait imposée et s’efforça de rétablir le paganisme. Avant de mourir, il reconnut son échec. Cependant, si l’on considère ses principes, il semble avoir été supérieur à bien d’autres empereurs qui se prétendaient chrétiens. Durant le règne de Théodose (379-395), le catholicisme romain devint la religion d’État et tout autre culte fut interdit.
Tandis que l’administration séculière s’affaiblissait, minée par la décadence morale et par les invasions “barbares”, les évêques romains affermissaient leur pouvoir. Après qu’Alaric, roi des Wisigoths, eut pillé Rome en 410, Innocent Ier, évêque de cette ville, en dirigea la reconstruction. En même temps, il s’efforça de faire reconnaître sa primauté par les évêques de l’empire d’Occident.
Léon Ier alla même plus loin, et on peut dire qu’il fut vraiment le premier pape, car l’empereur Valentinien III lui accorda la juridiction sur tous les évêques de l’empire d’Occident.
En 476, le roi Odoacre (Odovakar), général de descendance germanique, détrôna Romulus Augustule et laissa le trône vacant. Cela marqua la fin de l’Empire romain — du moins de l’Empire d’Occident — après cinq cents ans d’existence.
Rome fut le plus puissant de tous les empires mondiaux de l’Antiquité. Il était aussi le plus étendu. Dans la Bible, il est représenté comme “un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort ; il avait de grandes dents de fer”. (Dan. 7:4-14 ; 2:36-44.) Pourquoi alors s’est-il affaibli pour s’effondrer complètement ? Selon un historien, “c’est là la plus grande énigme de l’Histoire”.
Cependant, pour ceux qui connaissent bien les principes bibliques, la décadence et la chute de Rome n’ont rien de surprenant. Jésus a dit en effet qu’une “maison divisée contre elle-même ne tiendra pas”. (Mat. 12:25.) Il est certain que les divisions et les luttes intestines ont hâté la ruine de l’Empire. La Bible dit encore : “Ce que sème un homme, c’est aussi ce qu’il récoltera.” — Gal. 6:7.
Citons encore l’ouvrage Histoire médiévale (angl.) de N. F. Cantor, qui dit : “La vie dans le monde romain avait certains aspects fort déplaisants que les humanistes préfèrent généralement ignorer : une énorme population d’esclaves, de vastes zones de taudis, une misère terrible, la pratique largement répandue de l’homosexualité.” À cela il faut encore ajouter la débauche effrénée et l’avarice, les festins orgiaques, la cruauté sadique, les pratiques religieuses révoltantes et la corruption politique flagrante. La ruine de l’Empire romain ne devrait donc pas être pour nous un sujet d’étonnement.
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Remarques d’un pasteur méthodisteRéveillez-vous ! 1972 | 22 septembre
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Remarques d’un pasteur méthodiste
PARMI les 1 649 personnes qui assistaient à une assemblée de témoins de Jéhovah à Taylor, au Texas, en janvier 1971, se trouvait un pasteur de l’église méthodiste locale. Non seulement le pasteur écouta le discours public, mais il eut également l’occasion d’observer la conduite et d’entendre les conversations des témoins des dix-huit congrégations qui s’étaient réunies. Une semaine plus tard, écrivant dans le journal de la paroisse, ce pasteur fit les remarques suivantes concernant l’assemblée des témoins :
“De nombreuses prières et conversations avaient pour objet des passages de la Parole de Dieu et traitaient de choses qui ont une valeur éternelle. Le nom de Jéhovah était profondément respecté et honoré. Ces témoins de Jéhovah sont curieux et dignes d’admiration. Ils ont une discipline bien définie. Ils étudient la Parole de Dieu de façon systématique et régulière. Ils occupent leurs enfants à des activités qui en valent la peine. La gaieté et la joie saine qui règnent parmi eux exercent une grande attirance. De plus, leur sérieux commande le respect. Ils savent ce qu’ils croient. Ils savent en qui ils ont foi. Et quand ils préparent une assemblée, ils ont du mal à trouver un endroit assez grand. Lorsque les autres religions organisent des congrès où sont éternellement débattues les mêmes questions hors de propos, elles ont au contraire bien du mal à trouver des endroits assez petits. Nous, chrétiens compliqués, pouvons-nous tirer une leçon du comportement de ces gens ? Ou bien avons-nous déjà accompli tout ce que nous étions capables de faire ?”
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