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L’amour dans les Écritures grecques chrétiennesLa Tour de Garde 1961 | 1er juillet
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aime le Fils ”. C’est pourquoi Jésus assura ses disciples que le Père avait, non pas de l’amour simplement, mais de l’affection pour eux : “ Le Père lui-même a de l’affection pour vous. ” Pourquoi ? “ Parce que vous avez eu de l’affection pour moi ”, et non pas simplement parce qu’ils en avaient besoin. Oui, Dieu a de l’affection pour, ou considère comme amis uniquement ceux qui le méritent. — Jean 5:20 ; 16:27, NW ; Jacq. 2:23.
Il en est de même pour Jésus. Il éprouvait de l’amour (agapaô) pour le jeune chef riche, mais il éprouvait à la fois de l’amour et de l’affection (philéo) pour Jean son apôtre préféré (Marc 10:21 ; Jean 19:26 ; 20:2). Quand il s’adressa à Pierre après sa résurrection, les deux premières fois Jésus demanda à Pierre s’il avait de l’amour pour lui, mais la troisième fois il lui demanda s’il avait de l’affection pour lui. Chaque fois, en réponse, Pierre, plein d’ardeur, employa le mot plus intime : “ Maître, tu sais que j’ai de l’affection pour toi. ” — Jean 21:15-17, NW.
Aujourd’hui, comme nous le voyons partout, on fait valoir l’amour sexuel, érôs, tandis qu’il y a de moins en moins d’affection naturelle, storgê. Le monde ne sait rien de l’amour agapê qui est le fruit de l’esprit de Dieu et met en jeu l’esprit et la volonté, qui est absolument désintéressé et repose sur des principes. Jéhovah Dieu est la personnification même de cette sorte d’amour et il nous est ordonné de lui ressembler en cela. C’est cet amour que nous devons avoir pour Dieu, pour notre prochain, pour nos ennemis, oui, et même pour nous-mêmes. Mais en tant que chrétiens, ce n’est qu’à l’égard de nos compagnons chrétiens, eux seuls, que nous pouvons manifester de l’affection, philéo. — Mat. 5:44-48 ; I Cor. 15:33.
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Les Samaritains : peuple qui disparaîtLa Tour de Garde 1961 | 1er juillet
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Les Samaritains : peuple qui disparaît
DE MÊME qu’on appelle Chinois les habitants de la Chine, qu’on se réfère à ceux de l’Angleterre comme à des Anglais, les habitants de Samarie étaient connus sous le nom de Samaritains.
On pourrait dire que l’histoire du peuple samaritain a commencé vers 997 av. J.-C., au moment où les dix tribus septentrionales d’Israël, sous la direction de Jéroboam, se révoltèrent contre la domination de la maison de David. Quelque cinquante ans plus tard, le roi Omri, du royaume des dix tribus, acheta de Schémer la montagne de Samarie sur laquelle il bâtit la ville de Samarie, qui devint la capitale d’Israël. Après cela, le peuple d’Israël, les habitants de Samarie en particulier, en vinrent à être appelés Samaritains, et tout le territoire septentrional, Samarie. — I Rois 16:23, 24 ; Osée 8:5 ; II Rois 17:29.
La ville de Samarie n’était pas seulement une ville magnifique, située sur un promontoire à pic de près de 900 mètres de haut, mais encore une puissante forteresse. Elle fut assiégée plusieurs fois avant d’être prise. Mais, en 740 av. J.-C., Samarie tomba, après un siège de trois ans, aux mains du roi d’Assyrie, et le royaume des dix tribus fut détruit. La ville de Samarie fut démolie, et tous les personnages de marque, chefs de famille, prêtres et prophètes, furent exilés, loin de la patrie. C’est ainsi que les dix tribus qui s’étaient séparées de la maison de David furent complètement désolées, et ne retrouvèrent plus jamais leur force et leur importance. Il est probable que les pauvres furent laissés dans le pays, comme c’était la coutume des vainqueurs à l’époque. — II Rois 25:12.
Afin de prévenir toute rébellion contre la domination assyrienne de la part des Juifs restants, et empêcher que le pays ne devienne entièrement désolé par suite du manque d’habitants, le roi assyrien fit venir une foule mêlée de gens pour occuper les villes dépeuplées. Le roi Sargon d’Assyrie écrivit : “ Samarie, j’ai assiégé et conquis (...) 27 290 habitants j’ai emmenés en captivité (...) des gens de tous les pays, mes captifs de guerre, je les ai établis là ; mon intendant j’ai nommé gouverneur au-dessus d’eux ; tribut et taxes, comme aux Assyriens, je leur ai imposés. ” Le récit biblique rapporte : “ Le roi d’Assyrie fit venir des gens de Babylone, de Cutha, d’Avva, de Hamath et de Sepharvaïm, et les établit dans les villes de Samarie à la place des enfants d’Israël. ” (II Rois 17:24). Ces étrangers firent de Samarie leur principale ville, mais ils firent de Sichem le centre de l’adoration religieuse. À cette époque, tous les Israélites qui furent laissés dans le pays se trouvaient dans la condition décrite par le prophète Osée : “ Sans roi, sans chef, sans sacrifice, sans statue, sans éphod, et sans théraphim. ” (Osée 3:4). Ils furent dépouillés de tout, sauf de leurs souvenirs. Des adorateurs païens habitaient maintenant leurs belles villes là où jadis ils avaient exercé leur religion apostate.
Dans le laps de temps qui s’écoula entre le départ des Israélites en exil et la venue de ces étrangers dans les villes samaritaines dépeuplées, le pays fut infesté de bêtes sauvages. Le récit inspiré déclare : “ Lorsqu’ils commencèrent à y habiter, ils ne craignaient pas Jéhovah, et Jéhovah envoya contre eux des lions qui les tuaient. ” (II Rois 17:25, AC). Ces païens croyaient que chaque district, chaque pays avait son dieu propre et que, pour prospérer, il leur fallait apprendre la manière d’apaiser le dieu de ce pays. C’est pourquoi ils écrivirent à leur roi pour lui demander d’envoyer quelqu’un qui leur enseignerait les voies de Jéhovah, afin qu’ils pussent savoir comment adorer le Dieu d’Israël. Le roi envoya un prêtre samaritain, qui s’établit à Béthel. Il se mit à enseigner à ces étrangers les voies de Jéhovah. Les immigrants païens incorporèrent ce culte du Dieu d’Israël à leur adoration des démons. Une religion mixte en fut le résultat : la religion samaritaine. Le peu d’Israélites qui restaient se corrompirent lamentablement à la fois dans leur conduite et leur religion. Ils épousèrent des étrangères et engendrèrent une race mêlée, composée en partie d’Israélites, en partie d’immigrants. Cette race mélangée fut connue sous le nom de Samaritains. — Esdras 4:2, 10.
Ce syncrétisme religieux idolâtre se poursuivit pendant trois siècles environ, jusqu’à la construction du temple samaritain sur le mont Garizim par le gouverneur de Samarie, Sanballat, le Horonite, avec le consentement, dit-on, d’Alexandre le Grand. Au début des règnes d’Ézéchias et de Josias, quelques-uns retournèrent au véritable culte. Les hauts lieux du culte des démons à Samarie furent détruits, les autels profanés, les prêtres mis à mort et tout le reste d’Israël reconnut le temple sur le mont Sion ou, plus distinctement, sur le mont Morija contigu. Cependant, toute restauration de la vraie adoration fut de courte durée. À la mort de Josias, le pays de Samarie retomba dans le culte idolâtre.
LE SCHISME SAMARITAIN
On ne sait rien des Samaritains depuis le temps de Josias jusqu’à l’arrivée de Zorobabel et de Josué, le grand prêtre, en Palestine, en 537 av. J.-C. Ces hommes furent autorisés par le roi Cyrus à rebâtir le temple à Jérusalem. Les Samaritains vinrent auprès d’eux et offrirent de les aider dans leur programme de reconstruction, mais Zorobabel rejeta leur offre. Cette façon d’agir souleva la colère des Samaritains. Quand Esdras arriva sur les lieux à Jérusalem, près de soixante-dix ans plus tard, le ressentiment avait disparu et Juifs et Samaritains vivaient dans les meilleurs termes. En fait, dans des termes trop amicaux au gré d’Esdras, car Juifs et Samaritains s’étaient mariés entre eux. Esdras, le prêtre, déclara ces unions illégales, contraires aux instructions divines données dans Exode 34:16. Il invita les Juifs à se séparer de leurs épouses étrangères. Cela fit naître entre Juifs et Samaritains de vifs ressentiments. De nombreux Juifs influents refusèrent d’écouter l’appel d’Esdras et s’enfuirent à Samarie. Les Samaritains s’irritèrent du traitement infligé aux femmes de leurs familles et à leurs enfants. Cela aboutit à une séparation bien nette entre Juifs et Samaritains.
Lorsque Néhémie s’absenta de Jérusalem, vers 443 av. J.-C., les Juifs prirent encore pour femmes des Samaritaines. Quand il revint, il insista pour qu’ils renvoyassent leurs femmes étrangères. Il dit : “ Un des fils de Jojada, fils d’Éliaschib, le souverain sacrificateur, était gendre de Sanballat, le Horonite. Je le chassai loin de moi. ” (Néh. 13:28). Ce fut Néhémie et non pas l’opinion populaire juive qui expulsa le sous-prêtre indigne. Cela produisit plus de rancune encore.
La Bible ne dit rien de plus à ce sujet et n’associe en aucune façon ces événements au schisme samaritain. Cependant, l’historien juif, Josèphe, nous informe qu’un neveu de l’homme que Néhémie avait chassé loin de lui épousa une fille de Sanballat, gouverneur de Samarie. Son nom est Manassé. Les anciens de Jérusalem s’indignèrent vivement de voir un parent du grand prêtre épouser une étrangère. Ils demandèrent que Manassé divorce d’avec sa femme ou renonce à servir dans la prêtrise. Toute la ville de Jérusalem était en rumeur parce que de nombreux prêtres et Lévites se trouvaient impliqués dans ces unions. Lorsque Manassé refusa d’abandonner sa femme samaritaine, il fut expulsé du pays. Un certain nombre de prêtres, qui refusèrent également de se séparer de leurs femmes, se joignirent à lui.
Sanballat, gouverneur de Samarie, considéra le bannissement de son beau-fils comme une insulte. Pourquoi lui ou quelqu’un d’autre irait-il à Jérusalem pour adorer ? Jéhovah n’était-il pas le Dieu de toute la terre ? De plus, n’avait-il pas choisi le mont Garizim comme lieu d’où les bénédictions seraient prononcées sur le peuple ? Pour être bénis, les hommes devaient donc venir à Samarie, oui, ils devaient regarder avec raison du côté du mont Garizim. Sanballat prit des dispositions pour bâtir un temple, au sommet du mont Garizim, pour son gendre Manassé. Vers 330 av. J.-C., les Juifs exilés à Samarie avaient leur temple. Ils avaient leur prêtrise à eux, composée des fils d’Aaron ; tous étaient des prêtres lévites en exil. Ils emportèrent avec eux des copies de la loi de Moïse, qu’on lisait dans le temple et publiquement. Le même service était accompli dans le temple du mont Garizim et dans celui de Jérusalem. Le mont Garizim devint une montagne sainte pour les adorateurs. Les Samaritains rattachent au sommet du Garizim presque tous les événements sacrés du début de l’histoire. Éden n’était-il pas situé en cet endroit, disent-ils ? Dieu n’a-t-il pas utilisé la poussière du mont Garizim pour créer Adam, et ne sont-ce pas les sept marches de Garizim qu’Adam descendit lorsqu’il fut chassé de l’Éden ? N’est-ce pas en ce lieu qu’Abraham offrit Isaac, que Josué lut la loi, que les tombes de Joseph et de Josué sont situées, que Jotham déclama sa parabole, là que Débora rendait la justice, que Gédéon battait le blé et que Samuel, Saül, Élie et Élisée vécurent ? En un mot, n’est-ce pas là le pays d’Israël ? Voilà ce qu’ils croyaient, selon leurs déclarations.
Bientôt les Samaritains se prétendirent les seuls véritables Israélites, descendants de Joseph et d’Éphraïm, d’Abraham et de Jacob. Seule leur langue révélait leur origine douteuse. Cette langue était une conglomération de l’araméen avec d’autres éléments étrangers.
LES SAMARITAINS AU JOUR DE JÉSUS
Quand Jésus-Christ parcourut la terre, le mont Garizim était encore très important pour les Samaritains. La discussion de Jésus avec une Samaritaine au puits de Jacob à Samarie révéla la haine qui existait encore entre les deux peuples. La femme samaritaine dit à Jésus : “ Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? — Les Juifs, en effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains. ” Après que Jésus eut surmonté cette objection, la femme fit une autre remarque lumineuse : “ Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. ” Jésus lui répondit : “ Femme (...) crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père (...) les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. ” Montrant qu’elle croyait en la venue d’un Messie, la femme lui dit : “ Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. ” Jésus lui dit : “ Je le suis, moi qui te parle. ” La Bible déclare : “ Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus. ” Ils firent la remarque suivante : “ Nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. ” Jésus fut accueilli avec hospitalité en ce lieu. Mais en une autre circonstance, il fut considéré comme un intrus à Samarie et on ne le reçut pas. Cependant, Jésus ne nourrissait contre eux aucune rancune, mais montra, par son illustration du bon Samaritain, que Juifs et Samaritains pouvaient être de bons voisins grâce à des actes d’amour. — Jean 4:1-42 ; Luc 17:11-16 ; 9:52, 53 ; 10:29-37.
Dans les instructions qu’il donna à ses douze apôtres, Jésus fit une distinction entre Juifs et Samaritains, prouvant indiscutablement que les Samaritains ne descendent pas directement d’Abraham et de Jacob, comme ils l’affirment. Jésus ordonna nettement à ses apôtres : “ N’entrez pas dans les villes des Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. ” Si les Samaritains étaient Israélites, cet ordre n’aurait aucun sens. — Mat. 10:5, 6.
LES SAMARITAINS MODERNES
Depuis le jour de Jésus, les Samaritains ont supporté de grandes souffrances de la part de leurs conquérants. Pendant l’occupation romaine, on leur refusa le rite de la circoncision. Sous le régime byzantin, on ne leur permit pas d’élever de nouvelles synagogues ni de réparer les anciennes. Sous les Mahométans, ils cessèrent d’offrir des sacrifices. De même que pour les Juifs, le culte était alors pour les Samaritains celui de la synagogue exclusivement. Il y a deux siècles environ, la nation samaritaine avait plusieurs communautés en Égypte et en Syrie, mais aujourd’hui, il n’en existe qu’une seule dans la vallée de Sichem. Bien que les Juifs aient de nombreuses synagogues à travers le monde, les Samaritains n’en ont qu’une seule. Elle se trouve à Nablus, au flanc et au pied du mont Garizim, là où les Samaritains demeurent.
À l’instar du Juif moderne, le Samaritain croit que la prière a remplacé les sacrifices qu’ils offraient primitivement. Ils détestent encore les Juifs et ne les appellent pas Hébreux ou Israélites, parce qu’ils se croient les seuls membres
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