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Votre pire ennemi — Est-ce vous?Réveillez-vous ! 1984 | 8 septembre
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communément admise, la violence n’est pas l’unique réaction de l’animal en face du danger; il écrit en substance: ‘L’instinct de fuite joue (...) un rôle aussi important, voire plus important, dans le comportement animal que l’inclination à se battre.’ Ainsi, même pour celui qui accepterait la théorie de l’évolution qui soulève tant d’interrogations, l’idée que l’homme est un animal foncièrement violent apparaît douteuse. Mais si le pire ennemi de l’homme n’est pas l’homme lui-même, alors quel est-il?
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Votre pire ennemi — Qui est-ce?Réveillez-vous ! 1984 | 8 septembre
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Votre pire ennemi — Qui est-ce?
PERSONNE ne nie, bien entendu, que l’homme soit souvent la cause du mal. Le véritable problème est plutôt de savoir si l’homme est le seul responsable de la cruauté et de la violence prodigieuses dont notre génération a été témoin. Beaucoup se refusent à chercher en dehors de l’homme une autre origine au mal. Mais faut-il renoncer à une telle éventualité sans même approfondir le sujet? Si l’imagerie populaire d’un Diable à cornes portant une longue queue et vêtu d’une cape rouge est pour le moins risible, l’escalade de la méchanceté, elle, ne l’est pas du tout.
Ne paraît-il pas inconcevable que l’homme, cette créature capable de tendresse et d’amour, soit aussi l’auteur des bombes atomiques et des camps de concentration où se pratique la torture? Si le mal n’est qu’une question de psychologie ou d’environnement, pourquoi a-t-il atteint un degré effroyable à une époque où l’homme en sait apparemment davantage sur lui-même et sur son environnement que jamais auparavant? Pourquoi les nations, dans leur presque totalité, signalent-elles une augmentation de la criminalité? Pourquoi notre siècle a-t-il été envahi par des formes de méchanceté virtuellement inconnues autrefois? Si la méchanceté est seulement le fait de l’homme, pourquoi les efforts conjugués des humains en vue de l’éliminer se sont-ils traduits par des échecs retentissants?
Eugène Ionesco, le célèbre auteur dramatique, a-t-il eu raison de dire: “L’Histoire serait incompréhensible si l’on ne tenait pas compte du Malin.”
L’étrange silence du clergé
Bien que ce soient les théologiens qui semblent les mieux placés pour répondre à la question de l’existence du “Malin”, ils sont, chose curieuse, aussi divisés que les scientifiques sur ce problème. Un périodique (Providence Journal Bulletin) a questionné des membres du clergé sur le thème “Satan existe-t-il vraiment?”. Certains d’entre eux ont prétendu avoir exorcisé des démons, d’autres croyaient au Diable, mais avaient des difficultés à le personnifier (‘Je le conçois davantage comme une force qui est le contraire de la volonté de Dieu’), et d’autres encore disaient que le Diable n’est pas une personne (‘Je ne pense pas que nous ayons à le personnifier’).
L’Église catholique elle-même s’est montrée étrangement silencieuse sur le sujet du Diable, bien que la croyance au Diable fasse partie de la doctrine officielle de l’Église. Comme le fait remarquer E. Walter dans l’ouvrage Disguises of the Demonic (Le Démon et ses masques), l’Église a réagi au scepticisme moderne. En comparant deux éditions de The Catholic Encyclopedia, celles de 1907 et de 1967, E. Walter a noté l’existence de “plus d’une divergence subtile” dans les rubriques “Démons”, “Démoniaques”, “Possession diabolique” et “Exorcisme”. Alors que l’encyclopédie la plus ancienne soutient le caractère authentique de la possession démoniaque, l’édition plus récente adopte, elle, une approche plus nuancée en ces termes: “La psychiatrie (...) a montré que les actes du subconscient expliquent une grande partie, si ce n’est la plupart, des phénomènes anormaux que les générations précédentes attribuaient à l’activité du Diable.”
Toutefois, le pape Paul VI a provoqué des remous sur le plan théologique en déclarant en 1972: “Nous savons que cet être obscur et gênant [le Diable] existe bel et bien et qu’il continue à opérer avec une habileté perfide.” Ces propos suscitèrent un mouvement de recul chez les théologiens libéraux, et l’Église patronna une étude sur ce thème. Quels furent les résultats? Un document qui était intitulé “La foi chrétienne et la démonologie”. Le texte réaffirmait la croyance de l’Église catholique dans le Diable. Mais comme Herbert Haag l’a noté dans une revue (Journal of Ecumenical Studies), la publication de cette étude par l’Église est passée inaperçue, une méthode pour le moins étrangea. En outre, ce qui marque une rupture avec la tradition, l’auteur de l’étude ne s’est pas fait connaître. Et H. Haag de conclure: “Rome a choisi la voie de l’anonymat, ce qui ne peut être guère interprété autrement que par la reconnaissance d’une certaine incertitude.”
Peut-on envisager “sérieusement” l’existence du Diable?
Bien que les médias et le monde en général aient passé sous silence le document publié par le Vatican, la question de l’existence du Diable ne peut être écartée. Les conséquences ont une portée beaucoup trop considérable. Si le Diable n’existait pas, comment voudriez-vous concilier l’existence d’un Dieu d’amour avec le caractère permanent du mal? Ce thème est abordé par Howard Burkle dans son livre God, Suffering & Belief
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