Comme dans le cas du mouvement protestant, le développement du Renouveau charismatique catholique ne fut pas non plus spontané. Selon le livre Les nouveaux charismatiques (angl.), même avant la ‘manifestation de Duquesne’, “il y eut des catholiques qui, au niveau individuel, reçurent la manifestation pentecôtiste — souvent par le truchement d’amis pentecôtistes”.

Que dire des participants aux manifestations de Duquesne qui semblent être à l’origine de l’essor rapide de l’expérience charismatique dans le monde catholique? En août 1966, des membres de la faculté de l’Université Duquesne prirent connaissance, par l’intermédiaire de leurs amis, de diverses publications qui préconisaient le mode de penser pentecôtiste. Un écrivain commente ainsi la chose: “En fin de compte, le groupe décida de faire la connaissance de chrétiens de l’endroit qui détenaient la manifestation pentecôtiste.” Cette réunion conduisit au “week-end de Duquesne”.

Après quoi, les croyances ainsi que les manifestations pentecôtistes s’introduisirent au sein de certaines églises. D’autre part, la plupart des personnes sensibilisées à ce courant étaient à la recherche d’un mode de culte plus joyeux, plus énergique et plus émouvant, ou subissaient l’influence de personnes qui avaient connu la manifestation charismatique.

Toutefois, depuis ces efforts, les faits ne témoignent pas en faveur d’un véritable renouveau opéré spontanément par l’esprit saint. Au contraire, nous avons constaté le transfert de croyances et de pratiques religieuses propres à un groupe vers un certain nombre d’autres groupements, avec personne pour orienter les résultats obtenus ou les concentrer sur des objectifs de valeur.

“Mais que dire des manifestations que nous avons vécues?”

Malgré l’accumulation de preuves contraires, des gens croient qu’ils ne peuvent en toute conscience renier ce qu’ils ont vécu. N’ont-​ils pas senti au fond d’eux-​mêmes agir une puissance? N’ont-​ils pas été témoins, voire l’objet, d’une guérison? Ne se sont-​ils pas répandus en propos dans des langues qui leur étaient inconnues?

Bien qu’il puisse en être ainsi, il est primordial de garder présent à l’esprit que la Bible avertit de l’existence d’esprits démoniaques et trompeurs (I Jean 4:1). Ils sont décrits comme “faisant des miracles” et égarant des dirigeants puissants (Apocalypse 16:14, Darby). Ces esprits peuvent se servir d’humains pour produire des œuvres de puissance; cependant, les effets visibles n’apportent pas la preuve que ces œuvres viennent de Dieu. Quelqu’un demandera: “Même si elles sont faites au nom du Seigneur Jésus?” Jésus lui-​même répond: “Beaucoup me diront: ‘Seigneur, Seigneur, nous avons annoncé en ton nom des messages reçus de Dieu, nous avons chassé en ton nom des esprits mauvais, nous avons accompli en ton nom de nombreux miracles!’ Alors je leur déclarerai: ‘Je ne vous ai jamais connus.’” — Matthieu 7:22, 23, Nouveau Testament, Bonnes Nouvelles aujourd’hui.

Même à leur origine, les pentecôtistes se soucièrent de l’influence des démons. W. Seymour, un pentecôtiste éminent du début du siècle, pria expressément son enseignant de venir l’aider à Los Angeles, parce que des “forces hypnotiques et des contorsions charnelles” s’exerçaient au cours de ses réunions. Il ressentait le besoin d’un conseil pour “discerner le vrai du faux et pour arracher ce qui ne venait pas de Dieu”.

Sur le fait que Satan se transforme en ange de lumière afin de tromper (II Corinthiens 11:14), un jésuite qui pratique la glossolalie déclare: “Le parler en langues peut être une expérience hystérique ou pour certains un phénomène diabolique.” Un recteur épiscopalien, qui lui-​même parle en langues, ajoute sur ce sujet: “Le diable peut opérer sur nous de bien des manières. Lorsque nous recevons le baptême de l’esprit saint, il attaque bel et bien.”

Autre chose mérite considération: Si ces dons particuliers, dons de langues, de guérisons ou de prophéties, sont aussi indispensables à notre époque, alors pourquoi l’apôtre Paul écrivit-​il: “Les prédications inspirées passeront, les prières en langues cesseront.” (I Corinthiens 13:8, Nouveau Testament, A. Kuen). Les faits montrent qu’avec la disparition des apôtres et de ceux sur qui ils avaient ‘posé les mains’, les dons miraculeux de l’esprit saint disparurent eux aussi. — Actes 8:17; 14:3.

Aujourd’hui, il est quelque chose de bien plus important que les chrétiens peuvent montrer comme un indice que Dieu agit sur eux. Ce quelque chose, tous les serviteurs de Dieu doivent le posséder. La Bible déclare en effet: “En somme, trois choses demeurent: la foi, l’espérance et l’amour, mais la plus grande d’entre elles c’est l’amour,” (I Corinthiens 13:13, Kuen). Puisqu’il en est ainsi, une personne ne devrait pas s’arrêter sur des choses comme le parler en langues et les considérer comme des preuves solides de l’action de l’esprit saint à notre époque.

Alors, de quels moyens disposons-​nous pour identifier les chrétiens qui manifestent cet amour indispensable? Peut-​on voir chez eux les fruits de l’esprit saint de Dieu en action, montrant ainsi qu’ils sont semblables aux chrétiens du premier siècle? Examinons les preuves.

Un tout autre esprit

L’ESPRIT saint opérait au premier siècle. Cela est évident. L’un des moyens par lequel il se manifestait consistait à doter certains serviteurs de Dieu de pouvoirs que les autres ne possédaient pas. La possibilité de ‘parler en langues’ était l’un d’entre eux.

Cependant, alors qu’un individu recevait la possibilité de s’exprimer dans une langue qui lui était inconnue auparavant, les auditeurs appartenant à ce groupe linguistique comprenaient ce qu’il disait. Ainsi, lors de la Pentecôte, ceux qui entendirent parler en langues dirent: “Comment se fait-​il donc que nous entendions, chacun de nous, notre propre langue, celle dans laquelle nous sommes nés? (...) nous les entendons parler, dans nos langues, des choses magnifiques de Dieu.” — Actes 2:5-11.

L’apôtre Paul déclara au sujet des réunions chrétiennes: “Et si quelqu’un parle dans une langue, que cela se borne à deux ou trois tout au plus, et à tour de rôle; et que quelqu’un traduise. Mais s’il n’y a pas de traducteur, qu’il se taise dans la congrégation.” (I Corinthiens 14:27, 28). Quelle différence avec les charismatiques d’aujourd’hui qui parlent tous en même temps! En outre, nul ne peut comprendre ou traduire leurs propos.

Le parler en langues fut l’un des “dons” accordés aux chrétiens du premier siècle par l’esprit saint pour aider les gens à reconnaître l’organisation que Dieu utilisait. De plus, ce “don” particulier servait un dessein pratique, celui d’étendre la prédication de la “bonne nouvelle” aux autres groupes linguistiques.

En outre, certains de ceux qui avaient l’esprit saint détenaient aussi le pouvoir de ressusciter les morts (Actes 9:36-41; 20:7-12). Si c’était le même esprit qui opérait aujourd’hui, les charismatiques devraient détenir ce même pouvoir. Or ce n’est pas le cas. Par conséquent, il est évident que l’“esprit” responsable de semblables manifestations miraculeuses chez les charismatiques, n’est pas l’esprit que Dieu faisait opérer sur les chrétiens du premier siècle.