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Le nécessaire ou le superflu — que doit-on enseigner?Réveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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15 ans sont devenus experts dans l’art de choisir les cours les plus commodes et qui demandent le moins d’efforts dans ce ‘supermarché’ qu’est devenu le programme d’études.”
Un retour aux matières élémentaires
La consternation devant la baisse du niveau des études classiques, de l’école primaire à l’université, a fait du mouvement de “retour aux matières élémentaires” l’une des forces les plus puissantes dans le domaine de l’éducation en Amérique. En 1977, un sondage effectué par l’Institut Gallup a révélé que plus de 83 pour cent des Américains interrogés désiraient que l’on insiste davantage sur les matières élémentaires: la lecture, le calcul et l’écriture. Les écoles libres, notamment les écoles religieuses, prospèrent du fait du mécontentement général devant la médiocrité des résultats obtenus dans l’enseignement public. Quand on interpella le commissaire à l’Éducation de la Floride, État qui possède 300 écoles religieuses, pour savoir pourquoi ces écoles n’étaient pas assujetties à certains critères de niveaux, il répondit:
“Nous ne pourrons parler des critères des autres que lorsque nous aurons balayé devant la porte de l’Éducation nationale. Pour l’instant c’est l’hôpital qui se moque de la Charité.”
On procéda à une enquête dans 34 lycées qui avaient maintenu ou amélioré leurs résultats aux examens d’entrée dans les universités. Ces lycées étaient répartis à travers tout le pays, situés dans des quartiers riches aussi bien que dans des quartiers ouvriers, et ils représentaient les différentes catégories sociales et économiques. Le point commun à ces écoles est qu’elles veillaient à l’expérience de leurs professeurs, qu’elles s’attachaient à la qualité et ne souscrivaient pas aux “marottes pédagogiques, telles que le relâchement pédagogique symbolisé par le concept des fameuses ‘classes ouvertes’”. Les élèves qui obtiennent de bons résultats “suivent plus de cours classiques, c’est-à-dire de mathématiques, de langues étrangères, d’anglais et de sciences exactes que les candidats qui provenaient des écoles où la baisse est sensible”. Les parents soutiennent énergiquement ce combat des professeurs.
Il n’y a pas de raccourci pédagogique
Un professeur qui enseigna l’anglais en Amérique pendant vingt-huit ans se rendit en 1974 au Botswana, en Afrique, également pour y enseigner cette langue. “J’enseigne l’anglais, dit-il, à des garçons et à des fillettes pour qui c’est une langue étrangère. Ils s’en sortent mieux que mes élèves américains.” Cet enseignant n’approuve pas le laisser-aller. Au Botswana, il observe un programme strict qui ne laisse aucune place aux fantaisies pédagogiques.
“On me dira que la méthode est passée de mode, qu’elle repose sur la répétition et qu’elle est ennuyeuse. C’est vrai, mais les exercices ennuyeux sont aussi nécessaires pour apprendre à parler et à écrire correctement que les gammes pour jouer d’un instrument.” En Amérique, les professeurs ont peur d’étouffer l’“individualité” et la “créativité” de leurs élèves s’ils corrigent leur anglais. Le professeur compara ensuite cette méthode d’enseignement à un court de tennis sans filet, puis il ajouta: “Il nous faut arrêter de jouer au tennis sans filet et apprendre aux étudiants à s’exercer dans leur langue au même titre qu’ils s’exercent en sport ou en musique.”
Ces pensées sont parues dans un article intitulé “Les Américains ne savent pas lire”, publié dans la revue Human Nature d’août 1978. L’article donnait à travers des extraits de devoirs des exemples concrets de ce qu’il avançait. Le premier avait été écrit par un élève de terminale d’un lycée new-yorkais. Il s’agissait d’un compte rendu sur le célèbre Journal d’Anne Frank. Voilà ce que cela donne, en respectant les fautes de style et d’orthographe:
“C’est une type de drame la raison est que Anne Frank a traversé une vit très dure. Sa famille et Anne sont Allemands et Hitler aime pas les allemands, alors Hitler a voté une loi pour qu’on arrête les allemands et qu’on les fasse travailler et peut-être même qu’on les tue.”
Quel contraste avec cet extrait d’une dissertation sur les préjugés, dont l’auteur est un jeune Africain de 15 ans, Mbuso:
“L’histoire des préjugés raciaux en Afrique du Sud remonte à plusieurs siècles. C’est là le fond du problème. Ce n’est qu’avec l’indépendance, il y a dix ans, que le Botswana a émergé de cette longue période. Pendant des siècles, les Sud-Africains blancs considéraient les Noirs comme des laquais et des inférieurs incapables de réfléchir et d’agir comme des êtres civilisés et cultivés.”
Il n’est pas étonnant qu’un professeur new-yorkais qui enseigne l’anglais ait déclaré: “Notre mètre étalon pédagogique n’est peut-être plus qu’un simple double-décimètre.” Pour qu’il reprenne son rôle d’étalon, il faut que les sujets superflus cèdent la place aux matières élémentaires.
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Ces deux institutrices ont quitté l’enseignementRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Ces deux institutrices ont quitté l’enseignement
“Quand j’en suis arrivée à me rendre chaque jour en classe avec appréhension, j’ai compris qu’il était temps de m’en aller.”
VOICI plusieurs décennies que les enseignants s’efforcent de résoudre le problème suivant: Pourquoi l’élève américain moyen ne sait-il pas lire? Cet Américain, pendant tout ce temps, armé de son abécédaire, s’est attaqué à ce rude adversaire qu’est la page imprimée. Trop souvent, il était perdant dès le début, du fait que, dès sa première année, deux ou trois institutrices s’étaient succédé dans sa classe. À ce problème s’ajoutent encore ceux-ci: Pourquoi les enseignants s’en vont-ils et pourquoi leurs compétences pédagogiques sont-elles souvent nulles?
Qu’arrive-t-il à l’enseignement? Pourquoi des professeurs expérimentés et dévoués abandonnent-ils la profession pour d’autres carrières? C’est d’ailleurs là une question que l’on m’a également posée, puisque j’ai quitté l’enseignement plus de 10 ans avant l’âge de la retraite.
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