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Des milliers d’édifices religieux fermés en FranceRéveillez-vous ! 1970 | 22 novembre
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Séminaires, monastères et couvents
En outre, des dizaines d’autres édifices religieux à travers la France ont fermé leurs portes ou, ayant été vendus, sont affectés aujourd’hui à d’autres usages.
Même en Bretagne, l’une des citadelles du catholicisme, on a annoncé la fermeture du séminaire de Quimper. En Normandie, trois grands séminaires ont cessé de fonctionner : ceux de Bayeux, de Coutances et de Sées. Ils sont remplacés, depuis le mois d’octobre, par un établissement unique à Caen. L’énorme séminaire de Bayeux formait des prêtres depuis 1675, tandis que celui de Sées fut fondé en 1653.
Dans le nord de la France, les séminaires de Cambrai et d’Arras ferment également. Depuis le mois d’octobre, les candidats au sacerdoce de ces diocèses doivent faire leurs études à Lille. Ces exemples ont été recueillis dans l’ouest et le nord de la France, mais il en existe de nombreux autres à travers le pays. Un journal régional déclara : “Le Nord était, avec l’Ouest, la seule région n’ayant pas encore procédé à cette refonte [des séminaires].” — La Voix du Nord, 14 mars 1970.
De plus, un grand nombre de monastères, de couvents et d’abbayes annoncent leur fermeture, certains, comme l’abbaye de Sénanque, dans le Midi, après huit siècles ou davantage d’existence.
Affectés à des usages étonnants
Après leur désacralisation, ces édifices religieux sont affectés à des usages surprenants. À Lisieux, célèbre lieu de pèlerinage, l’église Saint-Jacques, qui date du quinzième siècle, est utilisée pour des expositions de fleurs et des concerts. Le touriste qui s’arrête au “Restaurant Henry” à Saint-Paul-de-Vence (à quelques kilomètres de la côte d’Azur), s’étonnera d’apprendre qu’il dîne dans l’ancienne chapelle de “Notre-Dame de Lourdes” ! À peu de distance de là, à La-Colle-sur-Loup, le restaurant “Chez Joseph” est installé dans un ancien monastère datant du onzième siècle.
À Gazinet, près de Bordeaux, une chapelle catholique a été transformée en salle de judo exploitée par le curé de la localité. Pas mal d’églises ont été converties en cinémas, en musées et en garages. Signalons encore entre autres usages étranges, ceux de bâtiment à bestiaux, de marché au beurre, d’établissement de bains-douches, d’entrepôt de vins, de caves de dégustation et de salle de répétitions théâtrales. Des séminaires et des écoles religieuses ont été laïcisés ; certains de ces établissements servent même de bureau de poste. Des temples protestants ont été transformés en garage, en atelier de serrurerie et même en séchoir à tabac ! Une synagogue dans l’est du pays sert de salle de vente et une autre de magasin agricole.
Parlant de cet état de choses, un rédacteur du Nouvel Observateur dit : “L’on peut en particulier penser au cas de Senlis où, sur les cinq églises que possède la ville, l’une sert de marché, l’autre de garage, la troisième de cinéma et la quatrième de salle de bal. Je sais bien que la religion doit se moderniser (...). Mais je ne pense pas que la pratique hebdomadaire de la danse ou la vente de la salade soient les meilleurs emplois que l’on puisse imaginer pour une église désaffectée.” — 1er mars 1970.
Il est intéressant de noter qu’à quelques kilomètres de Senlis on fait aujourd’hui un excellent emploi d’une ancienne chapelle catholique. Nettoyée et modernisée par des volontaires chrétiens, elle est devenue la Salle du Royaume des témoins de Jéhovah de Creil !
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Pourquoi les églises ferment leurs portesRéveillez-vous ! 1970 | 22 novembre
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Pourquoi les églises ferment leurs portes
L’ARTICLE précédent vous a mis au courant d’une situation que vous ignoriez peut-être, mais il n’a pas expliqué la raison de la fermeture de tant d’églises et autres établissements religieux en France.
Pourquoi les séminaires ferment-ils ?
Les autorités religieuses essaient de donner une explication satisfaisante à ces fermetures en prétendant qu’elles reflètent le besoin d’une réorganisation. L’évêque de Bayeux et de Lisieux, s’efforçant de justifier la fermeture des trois grands séminaires de la Normandie, établis depuis de longues années, déclara : “Il a été recherché une formule permettant un accueil plus facile des jeunes qui pensent à une vocation sacerdotale.” — Ouest-France, 27 février 1970.
Cependant, par quel effort d’imagination peut-on prétendre qu’en privant deux diocèses de leurs séminaires, on facilite la tâche des jeunes qui désirent devenir prêtres ? Ils devront se rendre désormais dans un troisième diocèse où la spacieuse école pour prêtres ferme également ses portes. Les cours seront donnés dans une autre ville où le séminaire unique pour les trois diocèses partagera le bâtiment utilisé par une autre institution catholique. Ne ferait-on pas preuve de plus de réalisme en admettant que des dizaines de séminaires ferment leurs portes tout simplement en raison de la pénurie de candidats au sacerdoce ?
Commentant le regroupement des séminaires français, La Voix du Nord a reconnu que cette mesure a été dictée “principalement par le manque de vocations”. Un bulletin paroissial de Bretagne cite les paroles suivantes de l’évêque de la région : “Un des plus grands soucis de l’évêque, pour le présent déjà, mais combien plus pour l’avenir, est la baisse des vocations sacerdotales et religieuses. Le phénomène est général et dépasse les limites de la France. Tous les Instituts sont atteints et toutes les sortes de vocations : contemplatives, enseignantes, hospitalières, missionnaires.” Pour appuyer ces paroles de l’évêque, le bulletin paroissial donne les chiffres suivants qui se rapportent au séminaire de Quimper :
Année Séminaristes
1961 150
1964 103
1968 67
Il n’est donc pas étonnant que l’article du bulletin porte comme titre “Le Grand Séminaire de Quimper fermé”. — Kemper, juin-juillet 1969.
Soulignant toute la gravité de la situation, L’Express disait dernièrement :
“Il [le clergé français] perd chaque année, depuis 1961, l’effectif complet de diocèses moyens comme Bordeaux, Nice ou Clermont-Ferrand, parce que les prêtres qui meurent [environ 900 par an] ou quittent le ministère sont loin d’être tous remplacés. (...)
“Le clergé français, numériquement l’un des plus importants du monde, avec un peu plus de 40 000 prêtres, est en effet un clergé âgé. (...) En 1975, un tiers de ses membres auront plus de 60 ans. (...)
“Une confidence du cardinal Alexandre Renard, archevêque de Lyon, à ses conseillers, a révélé au début du mois l’ampleur de la crise des vocations. En octobre, 475 jeunes seulement sont entrés dans les
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