Coup d’œil sur le monde
L’URSS contre le colonialisme
M. Malik, délégué de l’Union soviétique à l’ONU, a déclaré dernièrement à New York : “Nous n’accepterons jamais, ni en théorie ni en pratique, la conception d’une division du monde entre pauvres et riches, entre nord et sud, plaçant les États socialistes sur le même pied que les pays capitalistes, qui ont retiré tant de richesses des pays longtemps colonisés. Ni l’Union soviétique ni aucun autre pays socialiste n’est, d’aucune manière, responsable des conséquences de siècles de domination. L’Union soviétique n’a aucune responsabilité dans le retard économique des pays en développement.” Naturellement, M. Malik s’est bien gardé de parler des pays sous tutelle soviétique, comme la Hongrie. Il est vrai que tous les colonialismes n’osent pas dire leur nom...
L’URSS, la Chine et l’“expansionnisme”
L’Union soviétique a beau condamner le “colonialisme” classique, elle n’échappe pas à l’accusation de pratiquer une autre forme de colonialisme. En effet, l’agence de presse Chine nouvelle vient de mettre en garde le nouvel État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée contre “les manœuvres expansionnistes de l’impérialisme soviétique”. Elle prétend que l’aide que Moscou a promis d’accorder au nouvel État n’est qu’un moyen utilisé par “les sociaux impérialistes soviétiques” pour s’implanter dans cette région du Pacifique Sud. Mais, donnant, donnant, l’Union soviétique a accusé la Chine devant l’ONU d’avoir “remplacé le socialisme par un chauvinisme de grande puissance, un ultranationalisme et un désir effréné d’hégémonie mondiale. C’est exactement pour atteindre cet objectif qu’elle se dit ‘pays en voie de développement’, pour tenter d’endormir la vigilance des pays en voie de développement, pour entrer dans leurs rangs et utiliser ces pays comme moyens d’atteindre l’hégémonie”. En somme, la “domination” coloniale des pays occidentaux est condamnée par les Soviétiques qui eux-mêmes se voient traités de “sociaux-impérialistes” par les Chinois, accusés à leur tour de pratiquer un “chauvinisme de grande puissance” et de rechercher l’“hégémonie mondiale”.
“L’Église récolte (...) ce qu’elle a semé”
À la suite d’un sondage sur la baisse considérable de la pratique religieuse parmi les catholiques français, Mgr Coffy, président de la Commission épiscopale de la pastorale sacramentelle et liturgique, a déclaré : “Ce sondage est inquiétant, il faut le dire. Ensuite, il faut reconnaître que nous sommes responsables, sans doute, nous les évêques, les prêtres et aussi les militants (...), mais je crois qu’il faut prendre conscience que nous passons d’une religion de l’obligation à une religion de la pratique libre.” Commentant cette déclaration, Le Monde a écrit : “Mgr Coffy semble doser le chaud et le froid. (...) Son embarras est fondé, car personne ne sait aujourd’hui la manière de surmonter la crise religieuse. (...) Ne faut-il pas convenir que l’Église récolte pour une part ce qu’elle a semé ? (...) Il faut dire aussi — et c’est peut-être le plus important — qu’en devenant plus évangélique, c’est-à-dire en donnant effectivement la primauté à la liberté et à la vie intérieure sur les actes disciplinaires, en écartant la morale de la peur (enfer) au profit d’une ‘morale ouverte’, (...) l’Église hiérarchique s’est mise presque brusquement à faire le contraire de ce qu’elle enseignait pratiquement auparavant. Certes, l’Église est désarmée pour changer le cours d’une civilisation décadente. (...) Mais elle possède un atout dont on comprendrait mal qu’elle l’utilise timidement : la mise en œuvre de l’Évangile.” En effet, quel paradoxe que l’Église catholique ait attendu si longtemps avant de songer à ‘mettre en œuvre l’Évangile’ !