Coup d’œil sur le monde
Opinion publique et désarmement
“Si tu veux la paix, prépare la guerre”, disait un vieil adage romain. À l’heure des superpuissances et des bombes à neutrons on n’a jamais tant parlé de paix : Les conférences sur le désarmement se multiplient, de même que les rencontres entre chefs d’État qui souhaitent éviter le pire. Le public, lui aussi, réagit, comme l’a montré un document intitulé “Opinion publique et désarmement”. Ce document, signé par des lauréats du prix Nobel et du prix Lénine, a été présenté dans une salle du Sénat à Paris, le 1er décembre 1976 par MM. Albert de Smaele, ancien ministre belge, et François Perroux, du Collège de France. Le lendemain, le journal Le Monde donnait le texte de ce document qui soulignait le dilemme posé par la course aux armements. Ou bien on consacre des sommes astronomiques à une recherche militaire qui ne servira jamais, ce qui constitue un gaspillage insensé, ou bien, si cette recherche est susceptible tôt ou tard de servir, elle devient la “préparation volontaire et criminelle d’un holocauste”. Un peu plus loin, ce même document faisait remarquer que “la guerre ne peut pas être un sujet réservé aux professionnels de la guerre ; les peuples appelés à en faire les frais doivent en être informés”, et il proposait ensuite au public un questionnaire conçu autant pour connaître son opinion que pour le faire réfléchir sur les questions posées par la course aux armements.
Les paroles et les actes
Le numéro des 5-6 septembre 1976 du journal Le Monde annonçait que “les États-Unis et l’Union soviétique ont réussi à faire adopter par le comité de la conférence sur le désarmement (...) un projet de traité prévoyant l’interdiction définitive de ‘modifications à des fins militaires ou hostiles de l’environnement ayant des effets étendus durables ou graves’ pour la population et l’environnement, en d’autres termes, la guerre météorologique”. Beaucoup de délégués à cette conférence ont regretté l’imprécision et les lacunes volontaires du texte.
Pendant ce temps les techniciens continuent de parfaire leur panoplie. Selon Le Monde du 4 mai 1977, “le Pentagone modernisera cinq cent cinquante Minuteman-III (...). Lorsqu’ils seront équipés du nouveau système de téléguidage, ils auront cinquante pour cent de chances de tomber à 200 mètres seulement de leur cible. En automne 1979, lorsque les ogives MK-12A remplaceront les MK-12, les missiles seront équipés de composants miniaturisés et ils porteront le double de leur charge actuelle”.
Du côté soviétique on ne se croise pas les bras non plus. Le Monde du 30 avril 1977 citait l’Institut international d’études stratégiques de Londres qui s’inquiétait de l’accroissement du potentiel stratégique à l’est : “Apparition d’une nouvelle gamme de missiles intercontinentaux ou de portée moyenne, mise en œuvre d’un nouvel avion tactique et d’un char d’un modèle nouveau, entrée en ligne d’un nouveau système de défense aérienne, intégration à la flotte opérationnelle du premier véritable porte-avion soviétique. En même temps, les forces armées de l’URSS ont commencé d’opérer dans des zones où on les voyait rarement, les détroits danois par exemple.”
“Les macrophytes du Léman”
C’est là le titre d’un livre que M. J.-B. Lachavanne, professeur au département de biologie végétale de l’université de Genève, a rédigé avec la collaboration de M. R. Wattenhofer. L’auteur a consacré trois années d’études à l’ensemble des plantes “macroscopiques” (les “macrophytes” pour les spécialistes) dont la présence dans les eaux riveraines du lac Léman joue le rôle d’indicateur quant au degré de pollution de la nappe.
Il ressort de cet ouvrage que malgré l’établissement des stations d’épuration, une partie seulement des éléments polluants est retenue, soit environ 35 pour cent. Le reste provient de sources diverses qu’il conviendrait d’identifier. On devine la complexité de la tâche. Pensons par exemple aux engrais employés en agriculture et dont les excès sont entraînés par les eaux de pluie, surtout sur la rive suisse. En effet, M. Lachavanne a affirmé : “Il est tout à fait faux de prétendre que la côte française est plus polluée que celle d’en face.”
L’Église et l’État en Suisse
Le peuple suisse dispose d’un droit particulier : celui “d’initiative”. Il peut proposer l’adjonction ou la suppression d’une disposition constitutionnelle, grâce à l’appui d’un nombre fixé de signatures. Vingt-quatre Heures, Feuille d’Avis de Lausanne du 13 avril 1977, mentionnait qu’une “initiative” revêtue de la signature de 61 500 citoyens vient d’être déposée auprès des autorités. Elle demande que le domaine de l’Église soit complètement séparé de celui de l’État. Ce projet, outre qu’il s’accorde avec la disposition constitutionnelle (articles 49 et 50) qui garantit aux citoyens la liberté de conscience et la liberté du culte, cadre bien avec une décision récente : la suppression des articles de la constitution dits “confessionnels”, nés des luttes religieuses du siècle passé.
L’initiative actuelle revient à mettre en cause la situation religieuse de vingt-cinq cantons suisses. Aussi l’autorité centrale, près de qui est déposée cette initiative, tient-elle à s’informer avant de faire une recommandation aux chambres législatives en vue d’un référendum. En effet, des conséquences sociales pourraient résulter de la décision définitive, aussi ce questionnaire est-il adressé également aux partis politiques, aux Églises réformée, catholique, néo-apostolique et adventiste ainsi qu’à la communauté israélite et aux libres penseurs, ce qui permet de mesurer l’ampleur de la question.
La femme et le sport
Un entraînement intensif en vue d’une compétition sportive peut, semble-t-il, avoir des conséquences sur l’organisme féminin. Doris Brown, skieuse américaine, avoua au professeur Ken Foreman, de l’université de Seattle (États-Unis), que son cycle menstruel s’était arrêté depuis six mois. Une enquête conduite sur des bases scientifiques a permis d’établir que sur 47 femmes athlètes qui participèrent aux championnats nationaux de 1971 à 1973, 27 avaient des retards peu importants (inférieurs à 6 jours), 9 avaient des écarts d’une à quatre semaines, et 11 des écarts très importants : seulement une ou deux ovulations par an. Soumis à un endocrinologue, ce problème a permis d’aboutir à la conclusion que l’entraînement intensif est cause d’un abaissement du taux des lipides (les graisses). Les athlètes dont le cycle menstruel est troublé n’avaient que 5 à 6 pour cent de tissu graisseux, alors que la moyenne varie entre 24 et 34 pour cent.
Quelle qu’en soit l’explication, les conséquences d’un effort intensif sur l’organisme sont manifestes. La preuve en est que, lorsque cet effort cesse, le rythme normal de l’ovulation se rétablit.
Télescope européen au Chili
Depuis novembre 1976, un télescope européen est installé au Chili, sur le mont La Silla, au nord de Santiago, à 2 400 mètres d’altitude. L’endroit est désertique, aussi l’air est-il très pur et aucune lumière d’agglomération ne vient gêner les observations, comme c’est le cas au mont Palomar, qui souffre du voisinage de Los Angeles. Un astronome français, M. Charles Fehrenbach, a récemment indiqué que les premiers clichés permettent de voir des astres de magnitude 23,7, et on espère atteindre la magnitude 24,5. Le journal Le Monde du 16 avril 1977 fait remarquer qu’on peut observer ainsi des étoiles cent millions de fois plus faibles que celles qui sont tout juste visibles à l’œil nu, et il ajoute que l’hémisphère sud est beaucoup moins équipé en télescopes que l’hémisphère nord. Aussi les astronomes n’auront-ils que l’embarras du choix pour trouver des objets d’études. Selon ce même journal, “un grand télescope a aussi pour vocation d’observer les galaxies lointaines (...). Ainsi a-t-on pu observer un groupe de trois galaxies distantes de 300 millions d’années-lumière et résoudre en étoiles une galaxie plus proche”.
La méthode Suzuki
Non, il ne s’agit pas d’un moyen de rouler sur un engin de transport mais de bien autre chose. Penseriez-vous qu’un enfant puisse développer les mêmes facultés pour apprendre à jouer d’un instrument de musique, le violon par exemple, que celles qu’il a utilisées pour acquérir le langage de ses parents ? Et cela par la simple imitation, les répétitions, mais aussi la joie de vaincre peu à peu toutes les difficultés, de pouvoir s’exprimer ?
Le numéro du 2 décembre 1976 du journal suisse Coopération rapportait que le musicien japonais Schinichi Suzuki, violoniste, a eu l’idée de remettre d’abord à la mère l’instrument auquel il doit initier l’enfant. Elle fait elle-même les exercices qu’on va enseigner à l’enfant et celui-ci s’exerce par la suite en compagnie de sa mère. Ce procédé, basé sur l’imitation et l’encouragement continus, tandis que sont surmontées l’une après l’autre les difficultés, produit d’excellents résultats.
Madame A.-M. Gründer, violoniste réputée et professeur au conservatoire de Lausanne, formée pourtant selon les méthodes traditionnelles, a remarqué la qualité du jeu des enfants instruits selon les principes de la méthode Suzuki, et elle s’efforce de les pratiquer avec ses élèves. Une telle manière d’agir est riche d’enseignements, et sa portée peut s’étendre à bien d’autres domaines que celui de la musique.
Le lion mangera de la paille
Dans une interview qu’il a accordée au journal la Gazette de Lausanne, P. Schauenberg, professeur de zoologie chargé de recherches au Muséum d’histoire naturelle de Genève, a parlé de la nourriture des félins, dont il s’occupe particulièrement. Il a dit qu’en captivité, il était nécessaire de leur fournir “viandes, os, oligo-éléments, herbes, etc.”. De l’herbe ? “Oui, parce que tous les félins broutent. On a découvert récemment que les tigres et les lions broutaient, eux aussi.”
Il est intéressant de rapprocher cette déclaration, émanant d’un scientifique, du passage biblique d’Ésaïe 11:6, 7 où il est dit ceci : “La vache et l’ourse paîtront (...). Et même le lion mangera de la paille comme le taureau.”