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Le glas a-t-il sonné pour les Jeux olympiques?Réveillez-vous ! 1984 | 8 novembre
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Le glas a-t-il sonné pour les Jeux olympiques?
8 mai 1984:
“Le Comité olympique de l’URSS est obligé d’annoncer que la participation des sportifs soviétiques aux Jeux de Los Angeles est impossible.”
CETTE nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le monde du sport olympique. Les Soviétiques ne participeraient pas aux Jeux de Los Angeles, et en l’espace de quelques jours leur exemple a fait école dans d’autres nations communistes.
À quoi était dû ce soudain retrait de l’URSS des Jeux olympiques? D’après le communiqué russe de l’agence Tass, la raison principale était la SÉCURITÉ. Selon ce texte, “des manifestations politiques hostiles à l’Union soviétique ont été préparées et des menaces non dissimulées pèsent sur le Comité national olympique de l’URSS, sur les sportifs et les officiels soviétiques”. Par ailleurs, le message précisait que l’attitude des autorités américaines a constitué “une raillerie grossière de l’idéal et des traditions du mouvement olympique”.
L’absence de sécurité était-elle vraiment l’unique raison de l’attitude soviétique? Existe-t-il d’autres motifs dans le dédale inextricable de la politique internationale? La presse occidentale s’est livrée à un examen du mouvement des superpuissances sur l’échiquier international et elle a proposé d’autres explications possibles au retrait des Soviétiques. Un seul mot peut les résumer: la POLITIQUE.
Citons cet extrait de l’hebdomadaire anglais The Economist: “Depuis la non-participation des Américains aux Jeux de Moscou en 1980, l’éventualité de représailles soviétiques n’a jamais été écartée.” Aussi, pour de nombreux observateurs, l’attitude soviétique a été simplement la réponse du berger à la bergère. De plus, 1984 est l’année des élections présidentielles aux États-Unis. Ainsi, la revue U.S.News & World Report a fait le commentaire suivant: “Une fois de plus, un monde plein de lassitude regarde d’un air consterné les Jeux olympiques (...) être pris en otages par les grandes puissances de la politique (...), l’impact réel du boycott étant de nature politique.” La revue ajoutait: “La principale cible visée par le retrait des Soviétiques était Ronald Reagan.” Dans Newsweek, on pouvait lire que la ‘bombe’ de Moscou “était un rude indice de l’antagonisme profond éprouvé par le Kremlin à l’égard de Ronald Reagan”. Selon l’un des rédacteurs du New York Times, “la décision du Kremlin a été indissociable de la vive hostilité qui a plané sur les relations américano-soviétiques ces dernières années”.
C’est déjà la cinquième fois consécutive que les Jeux olympiques sont d’une façon ou d’une autre les victimes de la politique. Depuis 1968, ils ont été entachés par des sous-entendus de cette nature et ils ont été utilisés de plus en plus comme un moyen d’exprimer des ressentiments et des protestations d’ordre politique. Les terroristes ont transformé l’arène olympique en scénario d’effusion de sang. À présent, les deux superpuissances ont montré comment les Jeux olympiques peuvent devenir un pion dans leur lutte pour la suprématie. Aussi est-il logique de se demander: Quels effets cela va-t-il avoir sur l’avenir des Jeux?
Des effets à long terme
Les Jeux vont-ils survivre à ce nouveau coup porté à leur image? Certains officiels conservent leur optimisme. C’est le cas de William Simon, président du Comité olympique américain, qui aurait dit: “Le mouvement olympique est fort. Malgré toutes ses verrues, il reste une force positive en faveur de la paix.” Tous ne partagent pas un tel sentiment. Citons Alberto Salazar, un marathonien, détenteur du record mondial: “Ce qui s’est produit [le retrait des Soviétiques] m’attriste; je sens que cela sera un coup mortel porté aux Jeux olympiques.” Newsweek a été jusqu’à écrire que cet état de choses “peut laisser prévoir la destruction définitive du mouvement olympique lui-même”.
À vrai dire, de graves questions sont soulevées autour du financement des Jeux. Quelle ville ou quel groupement voudra accepter les engagements financiers liés à l’organisation des Jeux s’ils sont toujours sacrifiés comme un pion dans des querelles politiques? Les athlètes accepteront-ils indéfiniment de subir un entraînement sévère si leur participation ne peut être assurée en raison de questions de politique internationale? Ce ne sont là que quelques-uns des doutes exprimés aujourd’hui. Mais d’autres questions sont soulevées: Que dire du nationalisme? De l’emploi des drogues? Que penser de la participation d’amateurs qui n’en sont pas? En d’autres termes, l’idéal olympique est-il sur le déclin? Est-il démodé?
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Les Jeux olympiques — Pour la “gloire du sport”?Réveillez-vous ! 1984 | 8 novembre
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Les Jeux olympiques — Pour la “gloire du sport”?
UNE fête religieuse tenue à Olympie, dans le sud de la Grèce, il y a plus de 2 760 ans, fut le précurseur des événements de Los Angeles qui ont sans doute captivé votre intérêt. Cette fête était donnée en l’honneur du dieu Zeus, censé régner sur le mont Olympe. De là sont nés les Jeux olympiques qui furent célébrés pour la première fois en l’année 776 avant notre ère. Tous les quatre ans, les différentes cités-états de la Grèce antique envoyaient leurs meilleurs athlètes pour y concourir.
Cette tradition se perpétua jusqu’en 393 de notre ère, année où les Jeux antiques se déroulèrent pour la dernière fois. L’année suivante, ils furent interdits par Théodose, empereur ‘chrétien’ qui bannit toutes les pratiques païennes de l’Empire romain. Alors, comment se fait-il qu’ils existent encore aujourd’hui?
À la fin du XIXe siècle, un Français, Pierre de Coubertin, fut vivement impressionné par l’utilisation du sport dans les collèges anglais. Il détenait la conviction que le sport doit être inclus dans une éducation digne de ce nom. Par la suite, comme l’a écrit un biographe, “il devint obsédé par le rétablissement des Jeux olympiques”. Coubertin mena sa démarche au succès et, en 1896, les Jeux olympiques se déroulèrent à nouveau dans un cadre tout à fait approprié, à Athènes, en Grèce.
Entre autres choses, Coubertin pensait que les Jeux quadriennaux serviraient à consolider la paix du monde. Les faits allaient le démentir. Depuis 1896, les Jeux ont connu deux interruptions en raison des deux guerres mondiales et ils ont souvent été entachés par la politique. En 1974, Lord Killanin, président du Comité international olympique, fut contraint de déclarer: “Je dis à tous les sportifs, hommes ou femmes, de ne pas venir aux Jeux olympiques s’ils désirent se servir du sport à des fins politiques.”
En 1976 et en 1980, ses conseils ne furent pas écoutés. De nombreux pays boycottèrent les Jeux, précisément pour souligner leurs doléances en matière politique. Aussi, lors de la clôture des Jeux olympiques de Moscou en 1980, Lord Killanin lança cet autre appel: “J’implore les sportifs du monde entier de s’unir dans la paix avant qu’un holocauste ne se produise (...). Les Jeux olympiques ne doivent pas servir à des fins politiques.” Le seul fait que ces appels aient été rendus nécessaires révèle le danger que présente la politique pour l’idéal olympique, et la non-participation de plusieurs pays communistes aux Jeux de Los Angeles ne fait que donner du poids à cette assertion.
“Pour la gloire du sport”?
Dans l’Antiquité, les Jeux olympiques étaient-ils forcément empreints d’esprit sportif et de fair-play? Dans sa critique de l’ouvrage The Olympic Games: The First Thousand Years (Les Jeux olympiques: Le premier millénaire), l’auteur anglais Enoch Powell a écrit: “Ils étaient essentiellement déloyaux et pas très sport. Le jeu importait peu: tout ce qui comptait, c’était la victoire à tout prix. Il n’y avait pas de ‘seconds’, mais une victoire, même si elle était remportée par la tricherie (...), était une victoire au même titre que les autres. Les Jeux étaient dangereux et brutaux.” En fait, le livre apporte cette précision: “Les concurrents priaient ‘soit pour la couronne [la victoire], soit pour la mort’.”
De nos jours, les Jeux olympiques ont en apparence une plus noble motivation. Ainsi la charte olympique déclare en substance: “Le plus important dans les Jeux olympiques n’est pas de gagner, mais de participer, tout comme la chose la plus importante dans la vie n’est pas le triomphe, mais la lutte. L’essentiel n’étant pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu.” Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux, un athlète répète le serment olympique au nom de tous les participants. On le doit à Pierre de Coubertin et il contient ces mots: “Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux olympiques respectueux des règlements qui les régissent et désireux de participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport.”
Ces paroles font entendre un son noble, mais elles ont l’accent d’un autre âge. Quelle est la réalité aujourd’hui? Les Jeux de Los Angeles, où des milliers d’athlètes ont concouru pour quelques centaines de médailles, ont-ils reflété ces idéaux? Les athlètes ont-ils disputé les épreuves en fonction de l’idéal fixé par Coubertin? Quelle est la force véritable qui se cache derrière les Jeux olympiques? Est-ce l’esprit sportif et le fair-play? Ces Jeux consolident-ils la paix et l’amitié internationales? Ou bien sont-ils une autre arène dans laquelle s’opposent des rivalités politiques?
[Illustration, page 5]
Dans l’Antiquité, les Jeux olympiques étaient “essentiellement déloyaux (...). Ils étaient dangereux et brutaux”.
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L’idéal olympique est menacéRéveillez-vous ! 1984 | 8 novembre
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L’idéal olympique est menacé
L’UN des règlements des Jeux olympiques veut que seuls les athlètes amateurs soient autorisés à concourir. Jusqu’à une époque encore récente, tout athlète qui avait perçu l’équivalent d’une somme supérieure à 50 dollars (environ 400 francs français), à la suite d’un exploit athlétique était disqualifié.
Si ce règlement devait s’appliquer aujourd’hui, les Jeux auraient été purement et simplement annulés. Cette définition surannée de l’amateurisme est un reliquat de l’époque où le sport était le passe-temps des rentiers.
D’ailleurs, Phil Mahre, médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver, a déclaré récemment que l’amateurisme “n’existe pas du tout dans le sport de haut niveau”. Aussi de nombreux athlètes posent la question suivante: Qui peut consacrer aujourd’hui la majeure partie de son temps à essayer d’atteindre le niveau olympique sans recevoir de soutien financier? De ce fait, les athlètes ‘amateurs’ perçoivent de l’argent par des circuits parallèles, ce qui évite de leur donner la marque du professionnalisme.
Esprit sportif ou nationalisme?
Un autre idéal olympique est que l’esprit sportif doit l’emporter sur le nationalisme. Les Jeux sont censés mettre en compétition des individus et non des nations. Dès lors, le Comité olympique ne désigne aucune nation comme “championne”. Toutefois, la presse et la télévision remédient à cette carence en publiant le décompte des médailles obtenues par chaque pays. Par conséquent, les Jeux se sont politisés. La presse les a transformés en une compétition opposant les nations dites capitalistes et les pays communistes. L’ex-champion olympique Harold Connolly a déclaré que, pour certains, les Jeux sont devenus “un champ de bataille idéologique du sport”.
Dans son ouvrage Sports in America (Les sports en Amérique), James Michener parle des “tentatives faites aux États-Unis pour forger une alliance entre le sport et le nationalisme. Nos responsables politiques ont poussé le sport à servir trois rôles inconvenants (...): 1) On a demandé au sport de servir de moyen de propagande pour des partis politiques; 2) on l’a mis à contribution pour soutenir des objectifs militaires; 3) on l’a mal employé de façon flagrante pour fabriquer un patriotisme flou et superficiel”. Cet auteur a ajouté ce commentaire: “Je commence à me sentir mal à l’aise quand je vois le sport être sollicité pour devenir serviteur de la politique, du militarisme et d’un patriotisme extravagant.”
James Michener a-t-il remarqué cette même tendance lors des Jeux olympiques? “Lors des Jeux de 1936, explique-t-il, Hitler a été le premier à utiliser le sport à des fins nationalistes.” Il cite d’autres exemples provenant des Jeux de 1968 et de 1972, et ajoute: “Selon certaines critiques sérieuses, si cette forme de nationalisme effréné devait se maintenir, il faudrait mettre un terme aux Jeux olympiques.”
Lors des Jeux, les media sont-ils les seuls à mettre l’accent sur le nationalisme et le patriotisme? Ou bien les participants sont-ils eux aussi gagnés par cette vague? Les derniers Jeux d’hiver de Sarajevo, en Yougoslavie, ont éclairé ce point. Peter et Kitty Carruthers, des patineurs américains, y ont obtenu la médaille d’argent. Quelle fut leur réaction? Voici le commentaire publié par le New York Times: “Lorsque le drapeau américain a été hissé, a dit Peter, ce fut pour moi un moment inoubliable.” “J’ai seulement vu le drapeau se déployer, a confié Kitty, et cela m’a fait très plaisir.”
L’Américain Scott Hamilton a remporté une médaille d’or aux Jeux de Sarajevo. “Après son exploit, il prit un drapeau américain des mains d’un spectateur au premier rang et se mit à le brandir tout en accomplissant un dernier tour d’honneur sur la patinoire.” (D’après le New York Times du 17 février 1984). Oui, tant les athlètes que les spectateurs transforment souvent les Jeux olympiques en une vitrine du nationalisme avec les drapeaux comme principaux symboles.
Toutefois, l’auteur sportif George Vecsey a fait ce commentaire: “Au départ, on supposait les Jeux olympiques exempts de nationalisme; ils donnaient soi-disant une chance à des individus d’opposer leur adresse à celle des meilleurs athlètes du monde.” Tout cela a changé. “L’embarras supplémentaire dans les Jeux, a-t-il ajouté, c’est le nationalisme.”
Bien entendu, tous les athlètes ne sont pas touchés par un patriotisme extrême. Phil Mahre, un Américain, médaille d’or en slalom, aurait dit qu’il skiait ni pour sa famille ni pour son pays, mais pour son propre plaisir. Il a ajouté: “Je n’ai jamais fait de sport pour remporter une victoire. Je suis venu ici pour la compétition et pour utiliser mes capacités. J’ai fait du sport parce que j’aimais ça.”
Toutefois, le désir de gagner à tout prix a atteint un tel degré, qu’une autre influence insidieuse s’exerce désormais sur les Jeux olympiques: l’usage de la drogue.
La gloire olympique, grâce à la drogue?
Le fléau de la drogue a pénétré dans l’univers des Jeux à cause du critère selon lequel il faut obtenir la victoire à tout prix. On savait depuis longtemps que, dans de nombreuses disciplines, les sportifs avaient recours à des anabolisants hormonaux pour accroître leur masse musculaire, à de la testostérone et à d’autres substances pour améliorer leurs performances. Toutefois, c’est en août 1983 que le scandale a éclaté lors des Jeux panaméricains. Treize athlètes américains se sont volontairement retirés de la compétition. Qu’est-ce qui a provoqué leur décision? La disqualification soudaine de 11 autres athlètes pour usage de substances interdites. Le correspondant du New York Times a décrit leur disqualification comme “le plus grand coup de balai donné dans l’histoire du sport international”.
Le lendemain, le Comité olympique des États-Unis, responsable des athlètes américains qui allaient participer aux Jeux de 1984, donna l’ordre qu’on soumette à des analyses des athlètes de la sélection américaine pris au hasard. Tous ceux qui auraient fait usage de produits interdits seraient exclus des Jeux olympiques de Los Angeles.
Conséquence de la propagation des drogues dans le sport, un centre antidopage d’une valeur de 12 millions de francs français a été construit sur le campus de l’université de Californie à Los Angeles. On y a fait des analyses pour s’assurer qu’aucun athlète olympique ne disposait d’un avantage supplémentaire grâce à l’emploi d’une drogue interdite.
Les Jeux olympiques — “La plus grande force sociale du monde”?
En 1964, Avery Brundage, qui était alors président du Comité international olympique, déclara: “Le mouvement olympique est peut-être la plus grande force sociale du monde.” C’était alors une opinion contestable et elle l’est restée. Leonard Koppett, un journaliste sportif, s’est prononcé sur cette question dans son ouvrage Sports illusion, Sports Reality (Le sport, illusion et réalité): “Les sports portent l’empreinte des conditions sociales, ils ne les engendrent pas (...). De plus, les sports revêtent leur forme actuelle parce qu’ils ont été façonnés par la société dans laquelle ils se sont développés. (...) Toutes les fois que la société change, les sports changent eux aussi (...), mais les sports ne sont pas les promoteurs du changement.”
Comme tout ce qui compose notre monde moderne, les Jeux olympiques sont sujets aux pressions suscitées par les progrès récents, que ce soit dans le domaine des affaires, de la compétition, de la violence ou de l’emploi des drogues. De ce fait, de nombreuses personnes liées au sport posent des questions gênantes sur l’avenir du mouvement olympique. L’idéal prôné par Coubertin doit-il être maintenu? Les Jeux olympiques peuvent-ils rester au stade de l’amateurisme dans le vrai sens du terme? La pression exercée par le monde des affaires sur de nombreux athlètes mettra-t-elle un terme à l’ère des prétendus amateurs? Pourra-t-on contenir l’exacerbation de la politique et du nationalisme? Le fair-play et l’esprit sportif seront-ils sapés par la philosophie de la victoire à tout prix? Parviendra-t-on à la devise olympique Citius, Altius, Fortius (Plus vite, plus haut, plus vaillamment) grâce seulement au talent et à la force, ou bien à l’aide de drogues? Seules les années à venir nous fourniront des réponses.
D’autres questions se posent pour les chrétiens: Un sentiment religieux se mêle-t-il aux Jeux olympiques? Existe-t-il une contradiction entre les Jeux et les principes chrétiens? Comment les chrétiens doivent-ils considérer la participation au sport? Le sport doit-il constituer le principal pôle de l’existence? L’article qui suit aborde ces différents thèmes.
[Encadré, page 7]
“Tout ce qui brille n’est pas or”
“Les athlètes olympiques s’évertuent pendant des années à remporter les premiers prix, mais la valeur des médailles d’or, d’argent et de bronze qu’on leur décerne est plus symbolique que réelle”, a expliqué le New York Times du 17 février 1984. Contrairement à ce que l’on croit en général, la médaille d’or n’est pas en or pur. Ce fait fut découvert avec regret par Charlie Jewtraw, premier médaillé d’or aux premiers Jeux olympiques d’hiver qui se déroulèrent à Chamonix (France), en 1924. Parmi les médaillés d’or de ces Jeux, il est aujourd’hui le seul à être encore en vie. Il a déclaré récemment: “Cela m’a profondément ennuyé de découvrir que la médaille n’était pas en or. Ce n’était pas la valeur de la chose, mais le principe qui m’a choqué.”
Les médailles d’or décernées lors des Jeux d’hiver de Sarajevo (1984) étaient faites de 120 grammes d’argent recouvert de 6 grammes d’or pur. Quelle est leur valeur commerciale? Environ 1 000 francs français. En or pur, chaque médaille aurait coûté au moins dix fois plus cher!
[Illustration, pages 8, 9]
L’idéal olympique sera-t-il perdant devant les affaires commerciales, la drogue, le nationalisme et la violence?
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Les Jeux olympiques, le sport et la religion — Y a-t-il conflit?Réveillez-vous ! 1984 | 8 novembre
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Les Jeux olympiques, le sport et la religion — Y a-t-il conflit?
“LES derniers Jeux de l’Antiquité se sont tenus en 393 de notre ère. L’année suivante, l’édit de l’empereur Théodose en interdit le déroulement.” (History of the Olympic Games [Histoire des Jeux olympiques] de Xénophon Messinesi). Pourquoi l’empereur ‘chrétien’ interdit-il les Jeux? Il voulait extirper de l’Empire toutes les pratiques païennes. Mais pourquoi les Jeux olympiques étaient-ils jugés païens?
L’auteur précité ajoute: “Nous apprenons qu’au cours des sacrifices offerts à Zeus (...), un prêtre se tenait à l’extrémité du stade avec une torche à la main. Les athlètes, au nombre des adorateurs, (...) couraient en direction du prêtre vers l’extrémité du stade (...); le vainqueur avait le privilège d’allumer le feu sur l’autel des sacrifices. La flamme brûlait symboliquement pendant tout le déroulement des Jeux (...). C’est cette partie de la cérémonie qui a été ressuscitée dans les Jeux modernes.”
L’origine païenne des Jeux s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui de diverses manières. La flamme olympique est allumée par la concentration de rayons solaires lors d’une cérémonie qui se déroule dans le bois sacré à Olympie, en Grèce. Un prêtre en chef et des prêtresses y participent. La flamme sacrée est ensuite acheminée jusqu’à la ville organisatrice des Jeux. Des millions de téléspectateurs suivent sur leur petit écran le voyage de la flamme. L’émotion atteint son comble lorsque le flambeau arrive sur le stade olympique pour y allumer la flamme qui brûlera pendant la durée des Jeux.
L’historien Messinesi ajoute l’explication suivante: “Aucune de toutes les cérémonies ne semble créer une aussi forte impression que celle de l’arrivée de la flamme olympique. (...) Elle établit un lien entre l’ouverture des Jeux et le sentiment religieux sanctifié au cours des siècles.” (C’est nous qui soulignons). Cette opinion est confirmée par les termes du fondateur moderne du mouvement olympique, le baron Pierre de Coubertin qui, l’année précédant sa mort, déclara: “Depuis le début du rétablissement de l’olympisme, je crois avoir eu raison de tenter de ranimer une conscience religieuse.” — C’est nous qui soulignons.
Comme on a pu l’observer lors des Jeux de Los Angeles, une atmosphère quasi religieuse marque les cérémonies: l’hymne national du pays d’accueil est joué, le drapeau olympique est hissé et la foule entonne l’hymne olympique. En présence d’un pareil spectacle, comment un chrétien doit-il considérer les Jeux olympiques? De plus, quels idéaux doivent lui servir de guide? Est-ce que seul compte le fait d’arriver premier? Ou bien la simple participation peut-elle constituer en soi une récompense?
Le sport dans la Bible
Tout lecteur des écrits des apôtres chrétiens Pierre et Paul doit admettre que les sports de leur époque ne leur étaient pas étrangers. Ainsi, Paul conseilla dans les termes suivants les Corinthiens qui étaient au courant des rencontres athlétiques qui se déroulaient lors des Jeux isthmiques: “Ne savez-vous pas que les coureurs, dans une course, courent tous, mais qu’un seul reçoit le prix? Courez de manière à l’obtenir. (...) Mais eux, naturellement, le font pour recevoir une couronne corruptible [qui sera bien vite fanée, Kuen]; nous, au contraire, pour recevoir une couronne incorruptible [qui ne se flétrira jamais].” — I Corinthiens 9:24, 25.
Paul disait-il que seul compte le fait d’arriver premier? Pas du tout. Il souligna que dans une course classique il n’y a qu’un premier prix, alors que dans la course chrétienne tous peuvent remporter le premier prix. C’est pourquoi, courez en fixant votre esprit sur l’obtention du prix.
À son tour Pierre fit allusion à la couronne du vainqueur. Les deux apôtres savaient que des couronnes étaient décernées lors des différents Jeux: couronne de feuilles d’olivier lors des Jeux olympiques, couronne de laurier lors des Jeux pythiques, couronne de pin lors des Jeux isthmiques. Toutes ces couronnes finissaient par se faner et se flétrir. C’est pourquoi Pierre recommanda “la couronne de gloire qui ne se flétrit pas” aux chrétiens occupant la fonction d’anciens. — I Pierre 5:4.
Ainsi, l’accent est mis sur ce point: la gloire obtenue dans le sport n’est que passagère. C’est pourquoi Paul put dire: “L’exercice corporel, en effet, est utile à peu de chose, mais la piété est utile à tout, puisqu’elle possède la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir.” (I Timothée 4:8). Paul souligne clairement qu’un peu d’entraînement ou d’exercice physique est bénéfique, mais n’a qu’une valeur limitée. Toutefois, cet entraînement ne devrait pas supplanter ou remplacer l’offrande faite par un chrétien de sa personne à Dieu. C’est le Royaume de Dieu et non le sport qui doit occuper la première place dans la vie de tout chrétien (Matthieu 6:33). Quel serait l’intérêt pour un chrétien d’avoir un corps d’athlète si son esprit s’avilissait ou dégénérait? Qu’adviendrait-il s’il devenait apostat en prenant part à des rencontres sportives empreintes de paganisme religieux (II Corinthiens 6:14-17)? Et c’est là que réside le danger aujourd’hui. De nombreuses choses dans la philosophie du sport moderne, ainsi que ceux qui la défendent, transigent sur l’idéal et les principes chrétiens. Comment peut-il en être ainsi?
Il ne suffit pas d’être vainqueur
Aujourd’hui, le sport engendre d’énormes pressions. D’importantes sommes d’argent sont versées au grand jour ou de façon dérobée à bon nombre d’athlètes. Récemment, un joueur de football américain a signé un contrat d’un montant de quarante millions de dollars (320 millions de francs français). Contre une telle somme d’argent, et même pour un montant plus faible, l’athlète doit ramener des victoires. Il doit faire le plein de spectateurs dans les stades et attirer les contrats publicitaires.
Ces athlètes de haut niveau sont les exemples, les modèles de tout premier ordre pour des millions d’enfants et d’adolescents. Leur comportement batailleur et leur esprit de compétition rejaillissent jusqu’aux échelons les plus bas du monde sportif. Ainsi, l’expression “les gars sympa finissent derniers” reflète les comportements négatifs rencontrés dans le sport moderne.
Il est implicite que pour être un gagnant il faut d’habitude être violent et sans pitié. On n’exagère rien en disant que pareille attitude est très répandue, même à l’échelon scolaire. John McMurtry, un ancien joueur de football du championnat canadien, a écrit: “D’une manière progressive et inexorable, alors que j’atteignais le niveau du lycée, de l’université et de l’équipe professionnelle, mon physique était disloqué. ‘Pièce par pièce.’ On peut affirmer que briser le corps est le but même du football [américain] comme tuer et mutiler le sont de la guerre. (...) La compétition, les coups bas organisés sont partie intégrante de notre vie moderne, et le football offre le miroir le plus fidèle de tout ce processus: une sorte de jeu empreint de morale qui nous montre combien il est excitant et combien il vaut la peine de démolir son prochain.”
Jésus Christ, le modèle parfait des chrétiens, exhorta ses disciples en ces termes: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” “Donc, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous devez, vous aussi, le faire de même pour eux.” (Matthieu 19:19; 7:12). La force maîtresse poussant à la victoire à tout prix, force qui motive tant de sports aujourd’hui, est, de toute évidence, incompatible avec les enseignements du Christ. Quelqu’un de pondéré n’a pas besoin de gagner à tous les coups pour retirer un bienfait de la pratique d’un sport. Cela peut sembler difficile à comprendre pour certains, mais c’est une question qui mérite réflexion. Le sport devrait favoriser la santé et être un passe-temps délassant. Il est certain que l’amateur moyen retire de la satisfaction en prenant part à un sport. Autrement, pourquoi des milliers de gens participeraient-ils à un sport alors qu’il n’y a qu’une poignée de gagnants? L’immense majorité d’entre eux savent qu’ils ne peuvent l’emporter. Pourtant, bon nombre de ces sportifs trouvent du plaisir à participer à l’épreuve et à la terminer.
L’esprit de compétition conduit à des divisions, à l’orgueil et à la vantardise. Alors la dignité du perdant n’est pas respectée. À cause de cet esprit propre au monde, les chrétiens ne voudront pas être entraînés dans des équipes de championnat, ni même se livrer entre eux à des compétitions. Ils ne souhaiteront pas non plus faire jouer des congrégations l’une contre l’autre dans un sport quelconque. Rappelez-vous que, malgré la philosophie communément admise, l’essentiel n’est pas de gagner. À cet effet, James Michener écrit: “Perdre un jeu ne signifie pas que l’on meurt. Ne pas être le numéro Un ne fait pas de moi un être inférieur.”
Les qualités que nous développons en tant qu’imitateurs du Christ sont de loin beaucoup plus importantes que tous les exploits réalisés dans le domaine sportif. Vaincre les autres dans le sport ne nous rend pas meilleurs. Il se peut même que nous devenions encore pires. Aussi, suivons le conseil donné par l’apôtre Paul: “Ne devenons pas vaniteux, suscitant des rivalités entre nous, nous enviant les uns les autres.” “Mais que chacun constate ce qu’est son œuvre personnelle, et alors il aura sujet d’exulter par rapport à lui seul et non par comparaison à un autre.” — Galates 5:26; 6:4.
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