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Les écoles ont failli à leur missionRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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“Nous réalisons ce que les enseignants auraient dû faire. Des gens qui ont un diplôme universitaire ne savent même pas rédiger un rapport. Ceux qui sortent du lycée ne savent ni lire, ni écrire correctement, ni rédiger; les dactylos ont une vitesse de frappe lamentable. Tous disposent d’un vocabulaire restreint. Douze ans à l’école, c’est beaucoup. Pourtant, quand ils en sortent, ils ignorent même le b a ba de l’éducation.”
Quand on pense que ce triste commentaire s’applique à la nation qui a réalisé la fission de l’atome, envoyé des hommes sur la lune et lancé vers Jupiter un vaisseau spatial qui a transmis des photos à la terre! Malgré tous ces exploits, cette nation n’a pas su apprendre à ses citoyens adultes à remplir une demande d’emploi ou à calculer la monnaie à la caisse d’un supermarché. Il doit bien y avoir un remède.
Mais lequel?
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Attaques contre les enseignantsRéveillez-vous ! 1980 | 8 mars
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Attaques contre les enseignants
Certains ne sont vraiment pas à la hauteur, tandis que d’autres servent de boucs émissaires. Mais tous s’exposent à des risques sérieux dans l’exercice de leur profession.
“RICHARD et Jeanne sont nuls en lecture, en calcul et en rédaction parce que leurs professeurs le sont aussi.” Telle était l’accusation publiée l’an dernier par The Wall Street Journal, qui citait des exemples à l’appui de ses dires. À La Nouvelle-Orléans, des enseignants en grève ont manifesté avec des banderoles qui portaient une magnifique faute d’orthographe. En Virginie, un manuel d’étude pour les enfants du cours élémentaire renfermait une énorme faute. Un professeur de l’Alabama a écrit à des parents une petite note au sujet de leur fils. Celle-ci comportait plusieurs fautes d’orthographe et de grammaire. Une fillette rentra en larmes chez elle parce qu’elle avait correctement écrit un mot dans sa dictée, et que le professeur l’avait “corrigé” par une faute d’orthographe.
Une telle incompétence n’est pas le fait de tous les enseignants, mais elle se retrouve dans tous les États-Unis. Aussi, dans de nombreux États, on exige des nouveaux professeurs qu’ils se soumettent à divers contrôles. Certains dirigeants de syndicats d’enseignants ont protesté, prétendant qu’on rendait les professeurs responsables de la baisse générale des résultats scolaires. Il y a du vrai dans cette protestation. Beaucoup de professeurs sont compétents, et les échecs des établissements scolaires sont à imputer à plusieurs facteurs. Mais il reste que certains enseignants sont incompétents et qu’il est donc légitime d’organiser des examens pour les écarter.
Toutefois, ces examens sont très faciles, même dans les matières fondamentales. “Un simple jeu d’enfant, titrait le New York Post. D’après une enquête, l’examen écrit de langue pour les candidats au poste de professeur dans notre ville est si facile, que des élèves du secondaire ont obtenu des résultats presque aussi bons que les postulants.”
Les risques du métier
Beaucoup de travailleurs de l’industrie s’exposent à des produits chimiques cancérigènes qui risquent de les tuer dans 20 ou 30 ans. Mais, pour nombre d’enseignants, les dangers sont immédiats, car ils risquent des blessures et parfois leur vie. L’Institut américain de l’éducation estime que chaque mois, 5 200 professeurs de second cycle sont attaqués et 6 000 dévalisés; 282 000 lycéens sont agressés, 112 000 sont dévalisés. Beaucoup de ces actes de violence sont commis par des gens de l’extérieur qui se sont introduits dans l’établissement.
La revue U.S.News & World Report du 21 mai 1979 dévoilait certaines de ces agressions. Nous lisons:
“Devant sa classe de cours élémentaire, un intrus a forcé une institutrice californienne à se déshabiller, puis, sous la menace de son revolver, il l’a violée. En partant, il a emporté ses vêtements et son argent. Les enfants ont couvert leur maîtresse de leurs chandails et de leurs vestes.
“À La Nouvelle-Orléans, une institutrice a regardé sans intervenir deux écoliers qui jetaient un petit enfant par le balcon du premier étage. Elle avait peur que ceux-ci ne s’en prennent ensuite à elle.
“Des lycéennes de Los Angeles, furieuses d’avoir reçu de mauvaises notes, ont lancé des allumettes enflammées sur leur professeur et mis le feu à ses cheveux. Le professeur en a fait une dépression nerveuse.
“À Alexandria, en Virginie, des vandales ont tailladé les pneus d’une voiture de police garée dans le parking du lycée. Ils ont peint sur les murs de la bibliothèque des graffiti en faveur de la drogue et ont arraché les portes du lycée. Ils ont également brisé des fenêtres, saccagé un tapis avec de la colle, fait détoner un explosif dans une permanence, découpé des trous béants dans le grillage de clôture de l’école, versé de l’huile de vidange dans le hall d’entrée, abattu la hampe du drapeau avec un coupe-tube et passé ce mât dans une fenêtre du bureau du proviseur. Plus tard, l’école a dû être fermée à la suite d’un incendie. On pense que le sinistre est d’origine criminelle.
“À Austin, au Texas, le fils de 13 ans de George Christian, ancien secrétaire de presse à la Maison Blanche, a tué son professeur d’anglais avec un fusil demi-automatique, sous les yeux de ses trente condisciples. Le professeur lui avait donné une mauvaise note.”
Durant plusieurs années, on a exhorté les enseignants à ne pas dénoncer les actes de violence, sous prétexte que cela nuisait au prestige de l’école et donc à ses administrateurs. Un membre des forces de l’ordre, chargé d’intervenir dans le New Jersey pour réprimer les crimes et délits, a déclaré: “Les administrateurs n’hésitent pas à intimider leur personnel pour qu’il passe sous silence les incidents.” Quand les élèves savent que la violence sera suivie de l’arrivée de la police, la situation s’améliore aussitôt.
Ils fuient la zone de combat
Beaucoup d’enseignants souffrent de commotion d’anxiété et de névrose, au même titre que les soldats d’une zone de combat. Certains gardent dans leur bureau des bombes lacrymogènes, des sifflets, voire des armes à feu. Mais la plupart sont plutôt passifs, idéalistes, peu faits pour ce genre de combat et peu disposés à l’engager. Alors ils s’en vont. Au cours de ces dernières années, les démissions et les retraites anticipées ont taillé des coupes sombres parmi les enseignants expérimentés et dévoués. Cette perte touche aussi bien les enfants que les parents, les établissements scolaires et la société. Mais les professeurs en portent aussi une certaine responsabilité. En fait, tout le monde y a une part.
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