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Ce mal du siècle: le stressRéveillez-vous ! 1981 | 8 janvier
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Ce mal du siècle: le stress
ÊTES-VOUS contaminé?
Ce serait étonnant qu’il en soit autrement, car l’épidémie touche le monde entier. Le célèbre cardiologue Denton Cooley a dit qu’“aucun de nos contemporains, homme ou femme, n’y échappe”.
Mais cette “infection” ne se combat pas à coups d’antibiotiques ni par une intervention chirurgicale. Le remède ne se trouve pas non plus dans les cachets.
On a comparé le stress à un dangereux virus qui aurait envahi l’homme moderne. Sans doute en avez-vous noté les symptômes, peut-être même sur votre propre personne: c’est par exemple la tension que l’on ressent comme une boule au creux de l’estomac. Ce sont aussi les maux de tête lancinants consécutifs aux pressions de la vie quotidienne. C’est encore l’impression que l’on va ‘exploser’, que l’on est ‘au bout du rouleau’. C’est enfin cette fatigue qui n’arrive pas à partir.
Notons cette remarque parue dans une revue sud-africaine (“To The Point”): ‘Après avoir éclaté au milieu du XIVe siècle, la peste a gagné toute l’Europe, tuant près du quart de la population. Aujourd’hui, six siècles plus tard, l’Europe et l’Occident doivent affronter une épidémie moins dramatique, mais tout aussi dévastatrice et bien plus insidieuse. Ce fléau moderne est multiforme, quoique toutes ses manifestations traduisent une même cause: le stress. Surnommé le “tueur du XXe siècle”, le stress est avant tout le produit des tensions psychologiques qu’exige la vie.’
Un fléau qui tue
Peut-on parler sérieusement du stress comme d’une affection “mortelle”? Faut-il vous en inquiéter, aussi bien pour vous-même que pour votre famille? La réponse est OUI!
Les chercheurs ont découvert que ce fléau moderne contribue ou donne naissance à quantité d’affections; il est aussi responsable de maints décès. Le reportage paru dans la revue précitée se poursuivait ainsi: “Les maladies organiques qui découlent du stress sont chaque année à l’origine de nombre d’hospitalisations et de décès: au moins plusieurs dizaines de millions.”
Dernièrement, un autre journal (“The Wall Street Journal”) publiait ce gros titre sur cinq colonnes: “Les recherches montrent qu’il y a un rapport étroit entre le stress et les maladies physiques.” Le reportage expliquait “que le stress aigu ou prolongé peut sensibiliser l’organisme à diverses maladies, qui vont des éruptions cutanées et du rhume jusqu’aux crises cardiaques et au cancer”.
Certes, tant qu’il s’agit de quelques éruptions ou d’un rhume, les choses ne sont pas trop graves. Mais l’on est bien obligé de prendre au sérieux une affection qui est à l’origine de crises cardiaques et de cancers. Même si ces maladies épouvantables ne nous ont pas touchés, nous connaissons certainement des gens qui en sont victimes.
Peut-être d’aucuns s’imaginent-ils que ce fléau, avec toutes les conséquences qu’il entraîne, ne concerne que certains adultes qui travaillent sous pression. Mais, si tel était le cas, pourquoi le docteur Cooley aurait-il dit que ce fléau nous touche tous? En fait, aujourd’hui, jeunes et moins jeunes souffrent du stress, y compris quantité de gens qui ne nous semblent pas en être victimes.
Dans un article intitulé “Le stress transmet aux enfants des maladies d’adultes”, le quotidien japonais “Daily Yomiuri” signalait qu’à cause du stress, quantité de jeunes souffrent d’ulcères, de troubles cardiaques, de diabète, d’obésité et d’épuisement.
Nombre d’adultes qui ont affaire aux jeunes souffrent également de la pathologie du stress. Une étude effectuée au Canada, dans la province de l’Ontario, montrait “que les enseignants meurent en moyenne quatre ans plus tôt que les membres des autres professions et que l’un des facteurs qui y contribuent est le stress”. Maintes mères de famille n’auront aucune peine à comprendre cela. Avec un ou deux enfants, une mère subit bien souvent aujourd’hui de telles pressions qu’elle se sent continuellement “à plat”.
Le cas des enfants se pose également dans un autre domaine. Après avoir effectué plusieurs années de recherches en Europe et au Canada, le docteur D. Stott est parvenu à la conclusion suivante: “Les stresses que subissent les femmes enceintes, en particulier les tensions liées à l’échec conjugal, sont à l’origine de troubles physiques, mentaux et affectifs très courants chez l’enfant qui se trouve encore dans le sein maternel.” — Star de Toronto.
Même si vous avez pleinement conscience du stress que l’on subit à l’heure actuelle, et si vous avez le sentiment d’en être victime ou bien qu’il touche un être qui vous est cher, pouvez-vous expliquer ce qu’est exactement ce “stress”? Quelle influence exerce-t-il sur l’organisme? Et, plus important encore, comment, de manière pratique, peut-on se prémunir contre ce fléau?
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Qu’est-ce donc que le “stress”?Réveillez-vous ! 1981 | 8 janvier
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Qu’est-ce donc que le “stress”?
VOTRE chef vous crie dessus, même quand c’est quelqu’un d’autre qui a commis une erreur.
À l’école, le maître se moque de vous devant toute la classe.
Alors que vous vous dépêchez de préparer le dîner, votre enfant renverse un vase au moment où le téléphone se met à sonner.
Eh bien oui, le stress, vous savez ce que c’est, tout au moins dans une certaine mesure.
Quand on y pense, ce mot évoque pour nous les pressions de la vie ou des traumatismes plus sévères, tels que la perte d’un conjoint ou une pile de factures à régler. Mais combien d’entre nous savent exactement ce qui se passe dans leur organisme lors d’un stress? De quelle façon les modifications organiques consécutives à ce traumatisme peuvent-elles avoir des répercussions sur notre santé? Quels sont les symptômes qui attestent qu’un stress nous a fait du mal? Quelle est la meilleure façon d’affronter le stress, sans perdre pour autant sa joie et sa tranquillité d’esprit?
La nature du stress
Le mot “stress” recouvre différentes notions d’une personne à une autre. Chez la plupart des gens il évoque une idée de tension ou de pressions. Mais ce n’est là qu’un aspect du tableau.
Dans les journaux, on parle souvent d’accidents d’avion provoqués par la fatigue du métal, fatigue qui est responsable d’une défaillance mécanique et, partant, d’une catastrophe aérienne. La perturbation provient d’une force de torsion ou de traction qui s’est exercée sur une pièce de métal. Finalement, le métal a cédé, et l’avion s’est écrasé.
C’est un peu aussi ce qui se passe chez l’homme qui est victime du stress. Le stress recouvre en effet des perturbations physiques ou psychiques qui entraînent des répercussions sur l’organisme et auxquelles il faut s’adapter, faute de quoi l’on en subit les conséquences. En voici quelques exemples: Vous sortez vous promener au soleil par une chaude journée. Votre organisme s’échauffe. C’est une forme d’agression. Ou encore vous vous dépensez en jouant au ballon ou en bêchant votre jardin. Vos muscles se fatiguent, du fait qu’un déséquilibre chimique provisoire est intervenu en eux. Là encore, c’est un stress. Toutefois, vous disposez d’une régulation interne qui compense ces perturbations et rétablit l’équilibre nécessaire à la santé. L’un de ces mécanismes est la transpiration, qui contribue à rafraîchir l’organisme. Un autre facteur positif est une bonne nuit de sommeil, car elle permet aux muscles de récupérer, et le trauma ou stress disparaît.
Mais, aujourd’hui, il est courant de rattacher le stress aux tensions et aux pressions psychologiques, qui sont également à l’origine de modifications organiques. Si l’on n’est pas conscient des bouleversements qui surviennent dans un tel cas, on risque de ne pas savoir coopérer avec les efforts que fournit le corps pour maintenir son équilibre.
“Le combat ou la fuite”
Sans vouloir vous rendre particulièrement nerveux, nous vous invitons à vous représenter la scène suivante: Vous marchez le soir dans une rue mal éclairée. Devant vous surgissent trois loubards qui traversent la rue à votre rencontre. Que se passe-t-il alors en vous?
Devant le danger imminent, vous ressentez comme un signal d’alarme. Tous vos sens sont en éveil; votre respiration se fait plus ample. Votre organisme libère une hormone, l’adrénaline, dans votre circulation sanguine. Votre foie libère lui aussi du sucre. Dans votre sang, les taux de sucre et de graisses, sous forme de cholestérol, s’élèvent, pour vous fournir l’énergie indispensable à un effort spécial. Votre cœur se met à battre plus vite. Vos muscles se gorgent de sang. Vous voilà sur le qui-vive, prêt à agir ou à prendre très rapidement une décision. Cette réaction “de combat ou de fuite” est consécutive à des émotions, telles que la peur ou la colère.
Mais cette réaction ne présente rien de nuisible ou de préjudiciable en soi. Dans le cas présent, elle vous permettrait de courir plus vite que vous ne vous l’êtes jamais imaginé. Ou bien elle vous aiderait à rester maître de vous et à répondre à l’insulte par une parole douce (Prov. 15:1; Mat. 5:39). C’est également une réaction qui vous rend fin prêt à exécuter un travail productif ou à jouer une partie acharnée. La balle arrive brusquement sur vous. Il faut que vous la bloquiez et la renvoyiez au plus vite. Tous vos sens sont en éveil, prêts à réagir.
Mais que se passe-t-il si les tensions se prolongent, par exemple s’il vous faut rester constamment en alerte, éveillé, sans que votre organisme puisse se défouler, comme il en éprouve le besoin?
C’est par exemple le cas d’un homme qui doit inspecter les pièces sur une chaîne de montage à défilement rapide ou qui éprouve le sentiment que son patron a de l’aversion pour lui, ou encore qui doit effectuer une tâche fastidieuse ou frustrante. Ce peut être aussi une femme que son conjoint vient de quitter. Elle se sent rejetée, au moment même où elle doit affronter les soucis d’un emploi, soucis auxquels s’ajoutent ceux de sa maison et de ses enfants lorsque sa journée de travail est finie.
Quand on est continuellement dans une telle situation, sans trouver de soulagement ni connaître la bonne manière de réagir, on voit alors apparaître le stress. D’ailleurs, certaines autorités préfèrent parler de “détresse” que de stress, car c’est au stress prolongé, aigu et brutal que l’on doit les lésions organiques.
Ce bouleversement constant et intense menace l’équilibre normal de l’organisme. Entre autres choses, il est responsable d’une accumulation de cholestérol dans les artères et du durcissement des vaisseaux sanguins. Les répercussions s’étendent également au système lymphatique et aux globules blancs, ce qui joue sur les facultés de réaction de l’organisme face à une agression toxique ou infectieuse.
Les symptômes à surveiller
Peut-être croyez-vous que vous n’avez besoin de personne pour vous dire quand vous êtes sous tension. En êtes-vous bien sûr? Il est vrai que l’on se rend parfois compte que l’on est tendu ou sous pression. Mais, dans bien des cas, les gens ne voient pas le rapport entre certains symptômes et le stress. C’est ainsi qu’ils se contenteront, au mieux, de traiter les symptômes, sans toucher à leur cause sous-jacente. Peut-être même est-ce le cas de certains d’entre nous.
Citons par exemple le cas de cet homme de 39 ans qui occupait un poste particulièrement exigeant et qui l’obligeait depuis des mois à rester concentré et à faire des heures supplémentaires le soir et le week-end. Il commença à avoir des difficultés à trouver le sommeil, puis il ressentit des douleurs lombaires récalcitrantes à tout traitement. Les troubles du sommeil provenaient-ils des douleurs lombaires ou bien était-ce l’inverse? En fait, la période de travail intense passée, les deux symptômes disparurent. Quelle en était la raison? Qu’en pensez-vous?
Voici quelques-uns des symptômes les plus courants en cas de tension excessive et de stress:
Une irritabilité inhabituelle: Les autres la remarquent et soulignent même que vous vous mettez plus facilement en colère ou que vous prenez plus mal qu’avant les petites contrariétés.
Les troubles du sommeil: Le sommeil met plus longtemps à venir, ou bien vous vous réveillez et ne parvenez à vous rendormir qu’au bout de plusieurs heures.
Les troubles respiratoires: Sans raison apparente, vous avez une respiration courte, superficielle.
Les raideurs musculaires: Elles ne s’expliquent ni par un effort particulier ni par un travail normal.
Les troubles ou les douleurs digestifs: Ce peut être une perte de l’appétit ou bien une impression de réplétion au bout de quelques bouchées.
L’excitation: La personne normale devient tout à coup un intarissable bavard, ou bien un rien lui provoque des tremblements.
Évidemment, il ne faut pas croire que l’un ou l’autre de ces symptômes prouve à lui seul que l’on est victime d’un stress aigu et pathologique. On peut avoir mal au dos parce que l’on manque d’exercice ou bien à la suite d’une contracture musculaire consécutive à un faux mouvement. On peut avoir de la peine à trouver le sommeil parce que l’on a mangé juste avant de se coucher ou que l’on a bu du café ou du thé. Mais si vous présentez l’un de ces symptômes, sans raison apparente, peut-être devriez-vous vous demander si vous n’êtes pas victime du stress, vous aussi.
Réfléchissez aux causes
Personne n’aime évoquer les pressions qui s’exercent sur lui. Pourquoi ne pas oublier ses soucis? C’est l’avis de beaucoup. Mais, comme le stress peut avoir des conséquences néfastes, il serait bien de noter quelques-unes des causes courantes qui le font apparaître. Si nous les gardons présentes à l’esprit et nous montrons capables de les reconnaître, si jamais certaines nous concernent, nous seront mieux armés pour réagir devant ce type d’agression.
Le tableau publié en encarté relève quelques-unes des situations les plus stressantes de la vie, telles que les chercheurs les ont classées. L’une d’elles vous concerne-t-elle? Alors, vous savez certainement ce que le stress représente.
Beaucoup de gens trouvent leur environnement traumatisant. Peut-être vivent-ils dans une ville populeuse où il faut toujours être sur ses gardes et où l’on subit des cohues et des embouteillages. Un autre facteur de stress est le bruit continuel, qu’il soit fort ou agressif. Ce facteur intervient notamment chez les gens qui doivent travailler dans le bruit et qui, pour se “détendre”, infligent à leur système auditif une musique stridente, avec des percussions ou des cuivres agressifs. Une mauvaise ventilation contribue elle aussi à aggraver le stress.
Nous avons déjà mentionné quelques aspects stressants de la vie, en particulier dans le domaine de l’emploi. Mais, pour beaucoup, le problème est accentué par l’esprit de compétition, qui repose sur l’arrivisme ou le désir d’acquérir les mêmes biens que les autres. (Voir Ecclésiaste 2:22-24; 4:4.) Des médecins d’Allemagne de l’Ouest “attribuent au ‘Leistungsgesellschaft’ ou ‘société de rendement’ la majeure partie du stress dont souffrent les habitants, à cause de la poursuite des biens matériels et de la course aux biens de consommation qui caractérisent la société née du ‘miracle économique’ allemand”.
Si le manque de sommeil apparaît chez certains comme un symptôme du stress, chez d’autres, il en est la cause. Ils abusent de leurs forces; leurs journées sont trop remplies, si bien qu’ils se privent d’un sommeil qui leur est nécessaire. Il est également mauvais de rester trop tard devant la télévision, particulièrement pour suivre des émissions qui excitent l’esprit. La tension qui en résulte se répercute tant sur la quantité que sur la qualité du sommeil.
D’autres facteurs d’agression relevés dans le public sont les suivants: La conduite d’un véhicule au milieu d’un trafic dense; les mésententes au foyer ou avec la belle-famille; les soucis liés à l’inflation ou à la baisse du pouvoir d’achat; le changement d’école ou de quartier; l’accumulation de petites contrariétés qui finissent, même en l’absence de leur cause, par provoquer une irritation permanente.
Bien que nous soyons conçus physiquement et psychologiquement pour réagir au stress, les effets des différents traumatismes sont cumulatifs. Un autre facteur qui vient compliquer le tableau est que l’âge (dont le stress fait peut-être sentir plus durement les effets) diminue nos facultés d’adaptation devant les perturbations.
Mais il n’y a pas là de quoi se désespérer, comme si le stress était encore un de ces fléaux que l’on ne peut ni éviter ni vaincre. L’enquête montre au contraire que près du quart des survivants des camps de concentration nazis, qui ont assurément subi un stress aigu et prolongé, n’ont pas eu par la suite de troubles organiques imputables à ce stress.
Vous pouvez donc faire quelque chose face au “stress”. De plus, il y a de bonnes raisons d’envisager un soulagement permanent aux situations de crise auxquelles vous confronte la vie.
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