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Comment traduire le titre “Dieu” ?La Tour de Garde 1977 | 15 novembre
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Comment traduire le titre “Dieu” ?
LES livres de la Bible furent rédigés à une époque où la majeure partie de la population de la terre ne connaissait pas le vrai Dieu. Les gens adoraient plutôt de nombreux dieux et déesses. L’apôtre Paul décrivit cette situation avec exactitude à ses compagnons chrétiens de l’ancienne ville de Corinthe : “Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle “dieux”, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de ‘dieux’ et beaucoup de ‘seigneurs’, cependant pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père.” — I Cor. 8:5.
Dans le grec original, que Paul utilisait, le mot rendu par “Dieu” est Thé-osʼ, terme qui pouvait s’appliquer à n’importe lequel des nombreux dieux adorés par les Grecs de l’Antiquité ainsi que par les autres peuples. Toutefois, ni l’apôtre Paul, ni les autres rédacteurs des Écritures grecques chrétiennes, ni les traducteurs juifs de la Septante, la première version des Écritures hébraïques en grec, ne voyaient d’objection à utiliser ce terme lorsqu’ils se référaient au vrai Dieu.
Cependant, quand ils s’adressaient à ceux qui ne connaissaient pas le Créateur, les chrétiens du premier siècle utilisaient le terme Thé-osʼ d’une manière telle, que personne ne puisse assimiler le vrai Dieu à l’un de leurs nombreux faux dieux. Par exemple, s’adressant aux Athéniens, l’apôtre Paul déclara : “Tandis que je passais et que j’examinais vos objets de vénération, j’ai même trouvé un autel sur lequel est écrit : ‘À un Dieu inconnu.’ Ce que vous honorez pieusement sans le connaître, c’est donc cela que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant, — Il l’est, Celui-là, — Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits à la main, et il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, parce que c’est lui qui donne à toutes les personnes la vie et le souffle et toutes choses.” — Actes 17:23-25.
Grâce à cette explication concernant l’identité du vrai Dieu, ceux qui écoutaient n’avaient aucune difficulté à faire la différence entre le Créateur et les nombreux faux dieux qui étaient adorés à Athènes. Le fait que le titre Thé-osʼ était également utilisé pour désigner de fausses divinités n’obscurcissait en aucune manière l’identité du Créateur.
Aujourd’hui, les traducteurs devraient raisonnablement se laisser guider par l’usage que les chrétiens du premier siècle faisaient du terme Thé-osʼ. Le fait qu’un certain terme pour “Dieu” soit utilisé par des gens qui parlent la langue en question pour désigner de faux dieux n’implique pas nécessairement que ce mot soit à rejeter. Néanmoins, le terme utilisé pour traduire le mot Thé-osʼ devrait être un terme qui permette au lecteur ou à l’auditeur de comprendre aisément qu’il s’agit du Tout-Puissant. Ce terme ne devrait pas évoquer dans son esprit des idées contraires à la personnalité du vrai Dieu.
À titre d’exemple, la divinité suprême des Grecs de l’Antiquité était Zeus. Mais ce nom n’aurait pas été approprié pour traduire le mot hébreu désignant Dieu. Le nom “Zeus”, divinité suprême du panthéon grec, aurait évoqué à l’esprit l’image d’un dieu à forme humaine, et qui plus est d’un dieu immoral.
Un terme à sens large est par conséquent habituellement préférable à un autre dont le sens est plus restrictif. C’est alors le contexte qui peut permettre de limiter l’application du mot au vrai Dieu.
Il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter outre mesure de l’origine d’un terme particulier pour “Dieu”. Dans la Bible aussi, le même mot est employé à la fois pour le vrai Dieu et pour les nombreux faux dieux. En lui-même, ce mot n’a rien de sacré. Il n’y a donc aucune objection à utiliser un nom qui désignait exclusivement des faux dieux avant que les gens parlant cette langue n’en viennent à connaître le Dieu de la Bible.
C’est, en fait, ce qui s’est produit en rapport avec un grand nombre de langues modernes. Le mot japonais pour “Dieu” peut signifier littéralement “de nombreux petits dieux”. En amharique et en tigrinya, deux des langues les plus employées en Éthiopie, un mot couramment employé pour désigner Dieu est Egziabher. Littéralement, cette expression signifie “Seigneur des terres”, c’est-à-dire, ‘Seigneur des terres d’Éthiopie’. En ce qui concerne le mot anglais “God” (Dieu), un lexique (The Century Dictionary and Encyclopedic Lexicon of the English Language, vol. 3, p. 2561, édition de 1899) déclare qu’il était à l’origine neutre, et “généralement employé au pluriel, désignant des divinités païennes, avant d’être ennobli en prenant une signification chrétienne au moment de la conversion des peuples teutoniques”. Le livre Les origines des mots (angl.) de Wilfred Funk déclare : “Le mot autour duquel gravitent toutes les croyances est ‘God’ (Dieu), et l’histoire de ce titre nous amène à nous perdre en conjectures. Ce mot même est apparenté à d’autres termes semblables en danois, en saxon, en haut allemand et en d’autres langues, telles que les langues scandinaves. Il se peut même qu’il soit apparenté à un ancien mot lithuanien qui désignait quelqu’un qui pratiquait la magie.” — P. 279.
Bien qu’à l’origine, dans les langues mentionnées plus haut, le terme “Dieu” ne s’appliquait pas au Créateur, aujourd’hui il n’introduit aucune idée erronée dans l’esprit des lecteurs ou des auditeurs. On ne peut donc soulever aucune objection à son utilisation dans les traductions de la Bible. Tout bien considéré, le mot “Dieu”, ainsi que les termes correspondants dans les autres langues, n’est qu’un titre et non pas un nom propre. Ce qui différencie réellement le vrai Dieu des faux dieux, c’est son nom personnel, Jéhovah — Ps. 83:18.
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Questions des lecteursLa Tour de Garde 1977 | 15 novembre
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Questions des lecteurs
● Je me rends compte que d’après les Écritures il est mal de pratiquer l’avortement, car c’est la suppression volontaire d’une vie. J’ai compris que le texte d’Exode 21:22, 23 confirme ce fait. Mais j’ai lu dernièrement une version de la Bible qui donne à ces versets un sens différent. Que disent et que signifient vraiment ces versets ?
La Traduction du monde nouveau rend ainsi Exode 21:22, 23: “Et si des hommes sont aux prises et qu’ils heurtent une femme enceinte et que ses enfants sortent, mais sans qu’il se produise d’accident mortel, il faudra lui imposer sans faute une indemnité, selon ce que le propriétaire de la femme lui imposera, et il devra la donner par l’intermédiaire des magistrats. Mais s’il se produit un accident mortel, alors tu devras donner âme pour âme.”
Quelques autres traductions, cependant, rendent ce texte de telle manière qu’on pourrait en conclure que l’avortement n’atteint pas un tel degré de gravité. Par exemple, la Bible d’Osty rend ainsi ce passage : “Lorsque des hommes, en se battant, heurtent une femme enceinte et la font avorter, sans autre dommage, le coupable devra verser l’amende que lui imposera le mari de la femme (...). Mais s’il y a dommage, tu donneras vie pour vie.” On a l’impression à la lecture de ce texte qu’on ne s’inquiète réellement que pour la femme, et non pour le fœtus. Quelqu’un pourrait conclure, à la lecture de cette traduction, que si le choc provoquait un avortement sans autre dommage pour la femme, le fautif devait simplement être frappé d’une amende. Il semblerait donc que l’avortement ne soit pas très grave.
De telles traductions ont peut-être été influencées par la façon dont Flavius Josèphe, historien du premier siècle, paraphrasa ces versets. Il écrivit : “Si quelqu’un frappe du pied une femme grosse, et qu’elle accouche avant terme, il sera condamné à une amende envers elle, et à une
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