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Nécessité d’une espéranceLa Tour de Garde 1981 | 15 juillet
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Nécessité d’une espérance
“L’ESPOIR jaillit, éternel, dans le cœur de l’homme”, écrivit le poète anglais Alexander Pope dans son “Essai sur l’homme”. Deux mille ans plus tôt, le poète grec Théocrite exprima la même idée en ces termes: “Il y a de l’espoir tant qu’on est vivant.” Beaucoup plus tôt encore, le sage roi juif Salomon écrivit: “Pour tous ceux qui vivent il y a de l’espérance.” — Eccl. 9:4, Bible Segond.
Oui, tous les hommes ont de tout temps ressenti le besoin d’espérer. Aujourd’hui, ils sont des millions à dire que le seul espoir réside dans le monde nouveau du communisme. Pour eux, ce sont des révolutions qui apporteront aux masses des jours meilleurs. Ils citent le Français Gabriel Péri, martyr communiste, qui déclara que, grâce au communisme, les générations à venir connaîtraient des “lendemains qui chantent”. Certes, bien des gens ont vu les résultats décevants qu’ont obtenus les gouvernements fidèles aux principes marxistes, et ces gens ont déchanté. Néanmoins, le communisme reste l’“espoir” de millions d’hommes qui aspirent à un monde de justice sociale.
Le Coran offre à un demi-milliard de musulmans l’espoir d’une béatitude éternelle dans un paradis appelé le “Jardin”, où les bienheureux mèneront une vie de délices dans leurs corps ressuscités. Beaucoup de musulmans attendent même un millénium ou règne millénaire de paix sur la terre avant la venue du Jour de jugement. Ceux qu’Allah rejettera seront alors précipités dans le “lieu brûlant” pour y être tourmentés éternellement.
L’espoir de centaines de millions d’hindous et de bouddhistes est d’atteindre le nirvana. Pour les premiers, ce mot désigne littéralement l’extinction de la flamme de vie par son intégration au brahman ou âme impersonnelle de l’univers. Pour les bouddhistes, le nirvana est “l’état de parfaite félicité rendu possible par l’extinction de l’existence individuelle et par l’intégration de l’âme à l’esprit suprême”.
Enfin, pour des centaines de millions de membres des Églises de la chrétienté, l’espérance fait partie, avec la foi et l’amour, des trois “vertus théologales”. À propos de ces trois vertus, on peut lire dans la Cyclopædia de M’Clintock et Strong: “Dans l’arbre de la vie chrétienne, la foi est la racine, l’amour le tronc producteur de fruits et l’espérance le faîte qui touche au ciel.”
Convenant avec cet ouvrage protestant que l’espoir des membres de la chrétienté est d’aller au ciel, l’Encyclopédie catholique (angl.) dit sous le mot “Espérance”: “[L’espérance] se définit comme une vertu divine qui nous rend confiants que nous pourrons, avec l’aide de Dieu, atteindre la félicité éternelle (...). Tout cela ne peut se comprendre qu’en partant du principe, présumé établi, qu’il existe un ordre surnaturel et que la seule destinée ultime que l’on puisse imaginer pour l’homme dans la providence actuelle de Dieu réside dans cet ordre. (...) l’espérance trouve son principal objet dans l’union avec Dieu dans les cieux.” — C’est nous qui soulignons.
Ainsi donc, pour les catholiques comme pour la plupart des protestants, le seul espoir qui s’offre est une “félicité éternelle (...) dans les cieux”. Si cet espoir s’effondre, il n’en reste plus aucun. Le Dictionnaire catholique (angl.) dit: “Les damnés qui sont en enfer ne peuvent pas espérer, car ils n’ont aucune chance de salut.” C’est pourquoi l’inscription que Dante imagina gravée au-dessus des portes de l’enfer disait: “Vous qui entrez, laissez toute espérance.”
Mais ceux qui croient en Dieu et en Christ n’ont-ils donc d’autre alternative que la “félicité éternelle” dans le ciel ou la damnation éternelle et sans espoir dans l’“enfer”? Puisque les racines du christianisme s’enfoncent profondément dans la Bible, cherchons à savoir comment celle-ci définit l’espérance chrétienne et ce qu’elle dit au sujet d’un éventuel châtiment.
Puisque les millions d’inconditionnels du communisme ne sont visiblement pas dupes du “paradis céleste” que les Églises de la chrétienté présentent comme le seul espoir de l’homme, se pourrait-il que la Bible offre à ces gens — non pas pour la durée d’une vie humaine, mais pour l’éternité — l’espoir que le communisme leur a apporté, celui d’un monde d’“égalité économique et sociale pour tous” et d’une “société sans classes”?
Se pourrait-il, d’autre part, que la Bible offre aux millions de musulmans un espoir analogue à celui du “Jardin” paradisiaque dont parle le Coran, mais sans le danger de finir dans le “lieu brûlant”?
Et les centaines de millions d’adeptes de religions orientales auxquels on a appris que toute existence physique entraîne des souffrances et que la vie sur terre est un mal? Ces gens essaieraient-ils de mettre fin à leur existence individuelle et de trouver le nirvana, s’ils arrivaient à se convaincre qu’il n’était pas prévu que la vie sur terre soit un jour remplie des souffrances qu’ils ont connues? La Bible ne pourrait-elle pas modifier leur conception de la vie et leur donner une espérance qui correspondrait davantage aux aspirations naturelles des humains intelligents?
Ces questions présentes à l’esprit, examinons la Bible et l’histoire religieuse pour voir si l’humanité n’a vraiment d’autre espoir que d’“aller au ciel”. Et puisque, d’après la Bible, l’homme a reçu une espérance bien avant la fondation du christianisme, commençons par remonter dans l’Antiquité et voyons quel espoir le peuple juif nourrissait autrefois.
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Origines de l’espérance en un milléniumLa Tour de Garde 1981 | 15 juillet
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Origines de l’espérance en un millénium
À L’HEURE actuelle, on n’a guère l’embarras du choix lorsqu’on examine les espoirs et les craintes des croyants moyens, qu’ils soient catholiques, protestants ou juifs. Ils croient presque tous à l’immortalité naturelle de l’âme humaine et aux doctrines qui s’y rattachent, c’est-à-dire à un paradis céleste et aux tourments éternels dans un “enfer”.
Puisque la chrétienté se dit l’héritière du monothéisme des Juifs et qu’elle accepte les Écritures juives comme inspirées de Dieu, il serait intéressant de voir si les espoirs que nourrissent actuellement juifs et “chrétiens” correspondent à l’espérance présentée dans les Écritures hébraïques ainsi qu’aux croyances originelles du peuple juif.
L’ESPÉRANCE MESSIANIQUE
Si nous nous basons sur des textes tels que Genèse 3:15; 22:15-18; 49:10 et Deutéronome 18:18, pour ne citer que quatre des quatre cent cinquante-six passages de la Bible hébraïque que la vieille Synagogue juive considérait comme messianiques, qu’attendaient exactement les Juifs? Quelle espérance nourrissaient-ils?
Un ouvrage de référence juif qui fait autorité nous apprend ceci: “L’idée d’un Messie personnel se retrouve tout au long de l’Ancien Testament. Elle est l’aboutissement naturel de l’espérance prophétique. Le premier prophète qui donna une image précise du futur roi idéal fut Isaïe (ix. 1-6 [2-7 dans les Bibles non juives], xi. 1-10, xxxii. 1-5). (...) Le roi idéal que le prophète Isaïe annonce sera un scion [un rejeton] de la souche de Jessé sur lequel l’esprit de Dieu reposera en tant qu’esprit de sagesse, de courage et de religion, et qui régnera avec la crainte de Dieu, les reins ceints de justice et de fidélité (xi. 1-3a, 5). Il ne partira pas en guerre ni à la conquête d’autres nations; il détruira tout ce qui a trait à la guerre (ix. 4 [5]); son unique préoccupation sera d’établir la justice parmi son peuple (ix. 6b [7b]; xi. 3b, 4). Le fruit de son gouvernement juste sera la paix et l’ordre d’un bout à l’autre du pays. L’agneau ne craindra plus le loup, et le léopard ne fera plus de mal au chevreau (xi. 8 [6]); cela signifie, comme le verset És 11:7 suivant l’explique, que la tyrannie et la violence n’auront plus cours sur la sainte montagne de Dieu, car le pays sera rempli de la connaissance de Dieu comme les eaux couvrent la mer (voir xxxii. 1, 2, 16). Les gens du peuple n’aspireront plus à occuper un rang politique, mais mèneront une vie pastorale (xxxii. 18, 20). Dans de telles conditions idéales, le pays ne pourra que prospérer, sans avoir à craindre une attaque de l’extérieur (ix. 6a [7a], xxxii. 15). Le jeune scion de Jessé se dressera comme un signal pour les autres nations, et celles-ci viendront vers lui pour rechercher sa direction et lui soumettre leurs différends (xi. 10). On l’appellera à juste titre ‘Conseiller merveilleux’, ‘Héros divin’, ‘Père éternel’, ‘Prince de Paix’ (ix. 5 [6]).
“Cette image de l’avenir est en parfaite harmonie avec la conception d’Isaïe selon laquelle le jugement aboutira à une régénération spirituelle et introduira un état de perfection morale et religieuse.” — Encyclopédie juive (angl.), vol. 8, page 506.
Voilà en quoi consistait l’espérance messianique que les Saintes Écritures donnaient aux Juifs. Il n’est pas tellement question de “ciel” dans tout cela, n’est-ce pas? Que disaient, de leur côté, les écrits juifs non bibliques? L’ouvrage de référence précité dit un peu plus loin: “Dans la littérature apocalyptique des rabbins, le concept qui prime est celui d’un Messie terrestre, et c’est resté le seul concept officiel du judaïsme depuis la fin du premier siècle de notre ère.” — Page 510.
UNE ESPÉRANCE TERRESTRE
À l’origine, l’espérance des Juifs était donc terrestre. Rien, dans les Écritures, ne dit que leurs fidèles ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob, espéraient aller au ciel. La Loi transmise par Moïse n’offrait pas davantage une telle espérance, et l’on peut en dire autant des livres poétiques, des livres historiques et des Prophètes, dans les Écritures hébraïques.
Nous lisons à ce sujet dans le Dictionnaire de Théologie catholique, ouvrage autorisé: “Voyez, dans l’Ancien Testament, combien de prospérités temporelles espérait l’âme religieuse, pour elle-même, pour sa famille, pour sa patrie, sur la foi des promesses divines; ajoutez l’espérance de dons spirituels et moraux, l’espérance de la venue du Messie, et de son royaume.” — C’est nous qui soulignons.
Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible, ouvrage protestant, abonde dans le même sens. Il dit: “Les espérances de l’AT [l’Ancien Testament] ont été graduelles. Tout d’abord elles ont envisagé les avantages terrestres, la restauration politique, le rétablissement du peuple. (...) L’espérance se développe, elle devient universelle, Jéhovah est le maître du monde (...). Le ‘Serviteur de l’Éternel’ viendra: par la souffrance et l’humiliation il sauvera son peuple. És. 42: 1-4 montre que le monde espère en son enseignement. Puis ce sera la gloire du Serviteur de l’Éternel, l’ère messianique, la nouvelle humanité.” — C’est nous qui soulignons.
L’Encyclopédie juive (angl.) résume très bien l’espérance terrestre des Juifs. Elle dit: “Les Prophètes développèrent l’espoir d’un avenir messianique idéal grâce à un fils de la maison de David — l’âge d’or de la félicité paradisiaque (...). Il se présenterait sous forme d’un monde où toutes les créatures vivraient dans la paix et l’harmonie les plus complètes, comme un retour à l’état angélique de l’homme avant le péché (És. xi. 1-10; lxv. 17-25: ‘de nouveaux cieux et une nouvelle terre’). (...) ‘la conversion de toutes les créatures et leur réunion en un seul groupement pour faire la volonté de Dieu’ est l’objet principal de l’espoir messianique d’Israël; seule l’élimination du ‘royaume de violence’ doit précéder l’établissement du royaume de Dieu. (...) L’année universelle de douze mille ans des Perso-Babyloniens se transforma, dans l’eschatologie [étude des fins dernières de l’homme et du monde] juive en une semaine universelle de sept mille ans correspondant à la semaine de création. Le verset: ‘Mille ans sont à tes yeux comme le jour d’hier’ (Ps. xc. 5 [4 dans la version autorisée]) a suggéré l’idée que le présent monde de travail (ʽôlâm hazehʼ) doit être suivi d’un millénium sabbatique, ‘le monde à venir’ (ʽôlâm hababʼ [...]).” — Vol. 5, pages 209-211 (c’est nous qui soulignons).
LA RÉSURRECTION, NON PAS L’IMMORTALITÉ
Pendant des siècles, les Juifs ont rejeté la croyance païenne en l’immortalité de l’âme humaine. Ils formaient un peuple cultivé, et n’importe quel Juif alphabétisé pouvait lire dans les Écritures hébraïques des dizaines de textes affirmant en termes clairs que l’“âme” (en hébreu nèphèsh) peut mourir. Voici quelques-uns de ces textes: Genèse 19:19, 20; Nombres 23:10; Josué 2:13, 14; Psaume 22:29 (30 dans les Bibles juives); Ézéchiel 18:4, 20.
L’espérance originelle des Juifs de vivre sur la terre, dans un paradis rétabli par le Messie, reposait donc sur la croyance en la résurrection, et non pas en une immortalité naturelle de l’âme. L’Encyclopédie juive confirme ce fait en disant: “La résurrection faisait partie de l’espérance messianique (És. xxvi. 19; Dan. xii. 2). (...) Tout d’abord, on considéra la résurrection comme un don miraculeux qui n’était fait qu’aux justes (...), mais, plus tard, on lui donna une application universelle et on la rattacha au Jugement dernier (...). Quant à savoir si le processus de formation du corps à la résurrection est le même qu’à la naissance, Hillelites et Shammaïtes ne sont pas d’accord.” — Vol. 5, page 216.
Le même ouvrage autorisé dit, concernant la “Géhenne” (l’“enfer” de la chrétienté): “Il n’y a aucune raison biblique de croire en une rétribution des âmes après la mort; cette idée vint des Babyloniens et des Perses et prit une couleur juive avec le mot ‘Gehinnom’ (la vallée de Hinnom), que les feux des sacrifices offerts par Manassé à Molech avaient rendu détestable (II Rois xxiii. 10). — Ibid., page 217.
Comment se fait-il donc que les théologiens juifs de notre époque enseignent souvent les doctrines de l’immortalité naturelle de l’âme et du châtiment éternel? Le Supplément au Dictionnaire de la Bible nous donne l’explication suivante: “[Pour les Juifs] le salut avait été d’abord pensé en termes d’ici-bas (...); si brillantes qu’aient été entrevues les perspectives messianiques, si longue qu’ait été conçue la durée du règne à venir, au point qu’il semblait parfois affecté du signe de l’éternité, la qualité nationale et terrestre de cet âge religieux était une donnée majeure. Une perspective nouvelle s’était peu à peu affirmée, comme en surimpression: la ‘découverte’ d’une existence heureuse après la mort.” — C’est nous qui soulignons.
Comment les Juifs ont-ils “découvert” que l’homme possède une “âme” qui survit à la mort du corps? Une fois de plus, un coup d’œil dans quelques ouvrages de référence dignes de foi nous renseigne avec exactitude. L’Encyclopédie juive reconnaît: “Il a fallu que les Juifs fussent en contact avec la pensée perse et grecque pour que l’idée d’une âme séparée du corps et dotée d’une individualité propre prenne racine dans le judaïsme.” Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible vient confirmer cette explication par ces mots: “La notion de l’immortalité est un produit de l’esprit grec, tandis que l’espérance d’une résurrection appartient à la pensée juive. (...) À partir des conquêtes d’Alexandre, le judaïsme se pénétra lentement d’influences helléniques.”
Pour le lecteur qui aurait des doutes sur le fait qu’à l’origine, les Juifs ne croyaient pas à l’immortalité de l’âme, nous rappellerons simplement que même au premier siècle de notre ère la question n’était pas encore claire dans les esprits, comme en témoigne le fait que les Pharisiens croyaient à l’immortalité, alors que les Sadducéens n’y croyaient pas. — Voir l’historien Josèphe; Antiquités judaïques, livre 18, chapitre 1, paragraphes 3, 4; Guerres des Juifs, livre 2, chapitre 8, paragraphe 14; voir aussi Actes 23:8.
ALTÉRATION DE L’ESPÉRANCE MESSIANIQUE
Au fur et à mesure que les Juifs abandonnèrent leur espérance en une vie future grâce à la résurrection et qu’ils adoptèrent la conception païenne de l’immortalité naturelle d’une âme” distincte du corps, leur espérance messianique s’altéra, de sorte qu’au premier siècle de notre ère, elle était devenue une espérance politique nationaliste.
L’Encyclopédie juive (angl.) dit à ce sujet: “Ce n’est qu’après la chute de la dynastie maccabéenne, [au IIe siècle avant notre ère], quand le gouvernement despotique d’Hérode le Grand et de sa famille et la tyrannie de plus en plus oppressive de l’Empire romain eurent rendu leur condition de plus en plus intolérable que les Juifs cherchèrent refuge dans l’espérance d’un Messie personnel. Ils aspiraient à la venue du libérateur promis de la lignée de David, lequel les affranchirait du joug de l’usurpateur étranger détesté.”
Alfred Edersheim a écrit (dans Life and Times of Jesus the Messiah): “Toutes les espérances d’Israël tournaient autour du rétablissement et de la gloire de la nation. Tout le reste n’était que moyens pour parvenir à cette fin; le Messie lui-même n’était que le principal instrument du succès final. (...) Dans la conception rabbinique, le Messie n’était pas ‘une lumière pour les Gentils et la gloire de son peuple Israël’, autrement dit la réponse aux besoins de l’humanité.”
Edersheim ajoute qu’au premier siècle de notre ère, les chefs religieux juifs n’attendaient plus un Messie-Rédempteur. Il dit: “À en juger d’après leurs écrits, les anciens rabbins ne croyaient pas aux grandes doctrines du péché originel et du total asservissement de notre nature au péché. (...) Les rabbins n’éprouvant pas le besoin d’être délivrés du péché, on comprend pourquoi leur tradition ne faisait aucune place au sacerdoce du Messie et pourquoi même ses prétentions de Prophète de son peuple se trouvent presque entièrement éclipsées par son arrivée en tant que Roi et Libérateur. C’était d’un tel personnage que l’on éprouvait à chaque instant le besoin, besoin qui se faisait d’autant plus sentir que les souffrances de la nation d’Israël semblaient pratiquement inexplicables.”
C’est ainsi que les Juifs perdirent progressivement de vue leur espérance originelle. L’espérance en un Roi messianique qui ne régnerait pas seulement sur les Juifs, mais qui serait aussi un “signal pour les autres nations” fit place à l’attente fanatique d’un chef national qui les conduirait à la victoire sur leurs ennemis politiques et religieux. À l’espérance terrestre d’un “millénium sabbatique” au cours duquel le Messie instaurerait un “âge d’or de la félicité paradisiaque” “un monde où toutes les créatures vivraient dans la paix et l’harmonie les plus complètes”, on substitua une vague espérance céleste fondée sur le concept (emprunté aux Babyloniens, aux Perses et aux Grecs) de l’immortalité naturelle de l’âme.
Les années passèrent, et aucun Messie politique ne vint délivrer les Juifs ni les rassembler et les rétablir sur leur sol après la destruction de Jérusalem en l’an 70. Cette espérance messianique déformée finit donc par s’estomper, elle aussi, dans le cœur des Juifs. Edersheim écrit: “Pourquoi ce retard inexplicable dans la rédemption d’Israël et la venue du Messie? Sur ce point, la Synagogue se trouve en présence d’un mystère impénétrable. Les essais d’explication se réduisent, de l’aveu général, à des suppositions ou plutôt à des tentatives pour éluder la question. Il ne reste plus aux rabbins qu’à opposer à toutes les questions de ce genre un silence impérieux, le silence de la soumission triste et totale à l’inexplicable, disent-ils, (...) le silence de la déception et du désespoir perpétuels. La grande espérance de la Synagogue est comme écrite en épitaphe sur un morceau de pierre tombale et répétée par les milliers de gens qui, pendant de longs siècles, ont lavé les ruines du Sanctuaire de larmes inutiles.”
Heureusement, l’espérance originelle d’un paradis rétabli sur la terre sous le règne du Messie s’offre toujours aux Juifs sincères. Certains l’ont même déjà embrassée et ont séché leurs pleurs. Pour beaucoup de nos lecteurs, cependant, les questions suivantes restent en suspens: Quel rapport y a-t-il entre la venue du Messie, Jésus Christ, et l’espérance d’un “millénium sabbatique” durant lequel “toutes les créatures vivraient dans la paix et l’harmonie” sur la terre? Et si Christ a vraiment confirmé cette espérance, comment se fait-il que pratiquement aucun protestant ni aucun catholique ne la partage?
[Illustration, page 5]
Les “lendemains qui chantent” des communistes? Le nirvana des hindous ou des bouddhistes? Le “paradis céleste” des catholiques ou des protestants? Quelle espérance la Bible nous donne-t-elle?
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Le catholicisme abandonne l’espérance du milléniumLa Tour de Garde 1981 | 15 juillet
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Le catholicisme abandonne l’espérance du millénium
LE CIEL ou l’enfer — quelle alternative! Pourtant, c’est bien celle qui s’offre à des millions de catholiques, de protestants, de juifs et de musulmans. Pour les catholiques, il existe aussi un purgatoire sur la route du ciel. Mais dans cette alternative, la menace comme l’espérance sont si floues que beaucoup de croyants sincères les mettent en doute.
On comprend que Jacques Duquesne, écrivain religieux français, ait pu rapporter les conversations suivantes qu’il a eues avec deux catholiques pratiquants: (Avec un homme) “Vous croyez à l’existence de l’enfer? — Pas du tout; ah, pas du tout alors. (...) — Et le ciel? — C’est un endroit qui ne doit pas exister. Tout comme l’enfer.” (Avec une femme) “À votre avis, que se passe-t-il après la mort? — Après la mort? Eh bien, depuis quelques années, je crois qu’il n’y a plus rien. — C’est-à-dire? — Plus rien ne vit. Bien sûr, tout le monde peut constater que le corps ne vit plus. Eh bien, l’âme... L’âme c’est pareil. Non... je ne sais plus du tout, je ne sais pas. (...) — Mais vous croyez quand même fermement en Dieu? — Oui, tout à fait. — Qu’est-ce qui vous pousse à croire? — C’est pour espérer.” — Dieu pour l’homme d’aujourd’hui.
De toute évidence, l’Église catholique n’a pas donné à ses membres une espérance qui emporte la ferme conviction. Au contraire, les religions traditionnelles de la chrétienté sont en train de récolter, entre autres mauvais fruits, le doute et même l’incroyance. Dans nombre de pays à prédominance catholique, l’espérance confuse d’un “paradis céleste” s’est révélée insuffisante pour empêcher des millions de gens de perdre la foi et de se tourner vers le communisme pour réaliser leur désir naturel et légitime de connaître une vie décente sur la terre. Plutôt que d’entretenir l’espérance incertaine d’une “félicité éternelle” dans le ciel, beaucoup semblent préférer s’installer avec confiance pour “soixante-dix ans” de vie heureuse sur la terre. Mais cette espérance aussi s’avère illusoire.
LE MILLÉNARISME EST MÉPRISÉ
Aujourd’hui, beaucoup de “chrétiens” se sont attiédis et s’intéressent plus au moment présent qu’à la réalisation de l’espérance chrétienne. L’une des raisons est que les Églises de la chrétienté ont déformé cette espérance. Elles parlent avec mépris des chrétiens sincères qui placent leurs espoirs dans le millénium ou règne millénaire du Christ. Par exemple, le volumineux et très respecté Dictionnaire de Théologie catholique définit le “millénarisme” comme suit: “Erreur professée par ceux qui attendaient un règne temporel du Messie, règne dont ils fixaient parfois la durée à mille ans. (...) Passé le Ve siècle, on n’entend plus parler du millénarisme, sinon en de rares occurrences, dans quelques sectes d’illuminés.”
Néanmoins, tout en traitant avec mépris ceux qui croient au règne millénaire du Messie, cet ouvrage catholique autorisé reconnaît qu’avant le Ve siècle, on parlait effectivement du millénarisme. Autrement dit, l’espérance millénariste se perdit au cours du Ve siècle. Pour quelle raison? L’Histoire appuie-t-elle ce que la Bible dit, savoir que les premiers chrétiens croyaient au règne millénaire du Christ? Si oui, pourquoi les millions de catholiques et de protestants n’ont-ils plus cet espoir? Voyons quelle réponse des ouvrages réputés et des livres d’histoire apportent à ces questions.
LE TÉMOIGNAGE DES “PÈRES DE L’ÉGLISE”
Les ouvrages de référence catholiques reconnaissent que beaucoup des premiers “Pères de l’Église” croyaient au règne millénaire du Christ et enseignaient cette croyance. L’Encyclopédie catholique (angl.) déclare: “Plus tard, chez les catholiques, l’évêque Papias de Hiérapolis, disciple de saint Jean [l’apôtre], se présentait en défenseur du millénarisme. Il soutenait avoir reçu sa doctrine des contemporains des apôtres, et Irénée rapporte que le disciple Jean, que d’autres ‘Presbyteri’ [anciens] avaient vu et entendu, leur apprit à croire au millénarisme comme faisant partie de la doctrine du Seigneur. (...)
“La plupart des commentateurs retrouvent les conceptions millénaristes dans l’épître de saint Barnabé [début du IIe siècle] (...). Sous l’influence des compagnons de saint Polycarpe, saint Irénée de Lyon, originaire d’Asie Mineure, adopta les conceptions millénaristes qu’il discuta et défendit dans son ouvrage contre les gnostiques. (...) Dans son Dialogue avec Tryphon (chaps 80, 81), saint Justin de Rome, le martyr, oppose aux Juifs la doctrine d’un millénium. (...) Au IIe siècle, on trouve un témoin en faveur de la perpétuation de la croyance au millénarisme dans la province d’Asie en la personne de saint Mélito, évêque de Sardes. (...)
“Tertullien, le protagoniste du montanisme, enseigne que (...) à la fin des temps, le grand royaume de la promesse, la nouvelle Jérusalem, sera établi pour une durée de mille ans. Tous ces auteurs millénaristes se réfèrent à différents passages des livres prophétiques de l’Ancien Testament, à quelques passages des lettres de saint Paul et à l’Apocalypse [ou Révélation] de saint Jean.” — C’est nous qui soulignons.
QUI EST VRAIMENT “APOSTOLIQUE”?
L’un des principaux arguments invoqués par l’Église catholique pour prouver sa supériorité sur les Églises protestantes et surtout sur les Témoins de Jéhovah est qu’elle se prétend l’unique gardienne de la tradition chrétienne qui s’est transmise depuis l’époque des apôtres. Le Dictionnaire catholique (angl.) dit: “L’Église romaine est apostolique, parce qu’elle a pour doctrine la foi jadis révélée par les apôtres, foi qu’elle garde et explique sans y ajouter ni en retrancher quoi que ce soit.” — C’est nous qui soulignons.
Pourtant, les hommes que l’Encyclopédie catholique présente comme des enseignants du millénarisme, l’Église catholique les range parmi ses premiers “Pères”. Deux d’entre eux (Polycarpe et Papias) passent même pour avoir vu et entendu l’apôtre Jean et pour avoir rencontré des disciples qui avaient personnellement connu le Christ et certains apôtres. Les autres sont des “Pères” ou des “docteurs” du IIe siècle ou du début du IIIe et qui croyaient tous au règne millénaire du Christ.
Le fameux Dictionnaire de Théologie catholique dit même que des contemporains de Papias qui étaient encore plus ‘intelligents’ et plus ‘pénétrants’ que lui “croient, tout comme lui, au règne des mille ans, et font de cette croyance un des dogmes essentiels de la foi chrétienne”. Ce même ouvrage de référence dit que Justin le Martyr, tout en sachant que certains de ses contemporains ne partageaient pas ses opinions sur le millénium, pensait garder dans ce domaine “une doctrine plus entièrement orthodoxe”. Nous lisons aussi à propos d’Irénée: “Pour lui le millénarisme fait partie de l’enseignement traditionnel. (...) Le millénarisme semblait nécessaire à saint Irénée si l’on voulait expliquer correctement l’Écriture.” — Volume X, colonnes 1761, 1762 (c’est nous qui soulignons).
Qui se rapproche donc le plus de l’enseignement et de la tradition apostoliques véritables: l’Église catholique qui appelle dédaigneusement ‘secte d’illuminés’ ceux qui croient encore au règne millénaire du Christ, ou les Témoins de Jéhovah qui tiennent à cette espérance? Mais, au fait, comment celle-ci a-t-elle disparu de l’enseignement catholique?
L’APOSTASIE DÉFORME L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE
Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, l’apostasie qui eut lieu dans les derniers siècles de l’ère préchrétienne amena les Juifs à remplacer leur confiance dans la résurrection par la croyance païenne en l’immortalité naturelle de l’âme et à faire de leur espérance messianique originelle une espérance politique. De même, l’apostasie qui devait se produire parmi les chrétiens (Actes 20:29, 30; II Thess. 2:3; I Jean 2:18, 19) entraîna une déformation de l’espérance millénariste.
Le bibliste juif Hugh Schonfield déclare: “L’abandon par les chrétiens de l’espérance dans le Royaume terrestre de Dieu ne se généralisa qu’au IIe siècle.” “Malgré les appels à la fermeté, à la fidélité et à la persévérance, beaucoup de chrétiens déçus quittèrent l’Église ou suivirent les enseignants qui offraient des interprétations moins ‘terrestres’ de la nature du christianisme.”
À propos de cet “abandon” de l’espérance en un paradis rétabli sur la terre par le moyen du Royaume ou gouvernement messianique céleste, on peut encore lire ceci (dans The New International Dictionary of New Testament Theology, vol. 2, sous “Paradis”): “Au cours de l’histoire de l’Église, nombre de motifs, d’images et d’idées non bibliques se sont mêlés à la conception du paradis. (...) Au sein de l’Église, les spéculations sur le paradis et les conceptions de la piété populaire viennent aussi du fait que la doctrine de l’immortalité de l’âme finit par remplacer l’eschatologie du NT [Nouveau Testament], avec son espérance de la résurrection des morts et la nouvelle création (Rév. 21 et 22 suivant). Ainsi, l’âme passe en jugement après la mort et entre dans le paradis, que l’on situe maintenant dans l’autre monde.” — C’est nous qui soulignons.
Avec l’infiltration de la doctrine grecque de l’immortalité de l’âme, les chrétiens apostats décidèrent que le paradis n’était plus sur terre, mais dans les cieux, et ils abandonnèrent l’espérance originelle du millénium. L’Encyclopédie britannique (angl., 1977) confirme l’explication ci-dessus en disant: “L’influence de la pensée grecque sur la théologie chrétienne mina la conception millénariste du monde.”
LE NÉO-PLATONISME REMPLACE L’ESPÉRANCE DU MILLÉNIUM
L’espérance du millénium fut donc victime de l’apostasie. Ses ennemis la combattirent sans répit. Au sujet de l’un d’eux, le prêtre romain Caïus (fin du IIe siècle, début du IIIe), le Dictionnaire de Théologie catholique dit qu’il nia “absolument l’authenticité de l’Apocalypse [ou Révélation] et de l’Évangile de saint Jean pour venir à bout du millénarisme”. Le même ouvrage catholique nous apprend aussi que “saint” Denys, qui fut évêque d’Alexandrie au IIIe siècle, rédigea un traité contre le millénarisme et que, “pour empêcher les tenants de cette opinion de s’appuyer sur l’Apocalypse de saint Jean, [il] n’hésitait pas à déclarer que l’ouvrage ne pouvait pas être authentique”.
Toujours dans le même dictionnaire catholique en quinze gros volumes, nous apprenons qu’Origène, l’un des “Pères de l’Église” du IIIe siècle, condamna ceux qui croyaient aux bénédictions terrestres du millénium, parce qu’ils “interprètent les Écritures à la façon des Juifs”. Mais quelle autre raison Origène avait-il de s’opposer si violemment au millénarisme? L’Encyclopédie catholique nous le dit. “À cause du néo-platonisme sur lequel ses doctrines étaient fondées (...), il [Origène] ne pouvait prendre le parti des millénaristes.” Effectivement, en partageant la croyance de Platon à l’immortalité naturelle de l’âme, Origène était obligé de transférer dans les sphères célestes les bénédictions terrestres du règne messianique de mille ans.
AUGUSTIN DÉCRÈTE: ‘IL N’Y AURA PAS DE MILLÉNIUM’
L’homme qui donna le coup de grâce à l’espérance millénariste des catholiques et même des protestants fut incontestablement “saint” Augustin. L’Encyclopédie britannique parle de lui comme du “plus grand penseur de l’Antiquité chrétienne” et comme du “creuset dans lequel la religion du Nouveau Testament se fondit le plus complètement à la tradition platonicienne de la philosophie grecque”. Augustin s’insurgea vigoureusement contre l’espérance originelle en un paradis rétabli sur la terre au cours du règne millénaire de Christ. Nous lisons dans l’Encyclopédie catholique: “Finalement, saint Augustin acquit la conviction qu’il n’y aurait pas de millénium. (...) le célèbre docteur (...) nous donne une explication allégorique du Ré chapitre 20 de l’Apocalypse. Selon lui, la première résurrection dont traite ce chapitre s’applique à la renaissance spirituelle dans le baptême; le sabbat de mille ans qui succède aux six mille ans d’histoire représente la vie éternelle tout entière (...). Cette explication de l’illustre docteur fut adoptée plus tard par les théologiens occidentaux, et le millénarisme sous son aspect initial ne trouva plus de partisans.”
Mais les catholiques ne furent pas les seuls à perdre de vue l’espérance originelle et biblique du millénium; les protestants aussi. L’Encyclopédie britannique (Macropædia, 1977) dit ceci: “Le millénarisme allégorique d’Augustin devint la doctrine officielle de l’Église et repoussa l’apocalyptisme [l’attente d’une destruction définitive du mal et d’un triomphe du bien] dans l’ombre. (...) Loin d’être des partisans de l’apocalyptisme, les réformateurs protestants de tradition luthérienne, calviniste et anglicane restèrent fermement attachés aux conceptions d’Augustin.”
Les théologiens catholiques et protestants étendent à tous les justes l’espérance céleste que la Bible offre seulement à un nombre limité de chrétiens appelés à régner avec Christ en qualité de rois, de prêtres et de juges (Rév. 20:4-6; Luc 22:28-30). Ces théologiens proposent à leurs “fidèles” un vague espoir de “félicité éternelle” dans les cieux. Le dessein de Dieu, qui est que ‘sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel’, est totalement absent de leurs espérances (Mat. 6:10). Pourtant, la Bible offre le merveilleux espoir d’une vie éternelle, non seulement dans le ciel pour quelques élus, mais également sur la terre pour une multitude d’autres personnes. Les deux articles suivants développeront davantage cette double espérance étroitement liée au millénium ou règne millénaire du Christ.
[Illustration, page 10]
Tertullien croyait à l’établissement du royaume de la promesse pour une durée de mille ans.
[Illustration, page 11]
Origène partageait la croyance de Platon à l’immortalité de l’âme et niait la possibilité d’un règne millénaire sur la terre.
[Illustration, page 12]
Augustin mélangea la philosophie grecque aux enseignements de la Bible et soutint qu’il n’y aurait pas de millénium.
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Les chrétiens et l’espérance du milléniumLa Tour de Garde 1981 | 15 juillet
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Les chrétiens et l’espérance du millénium
“Que ton royaume vienne! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre!” — Mat. 6:10.
1. a) Comment la chrétienté parle-t-elle de l’espérance du millénium? b) Pourquoi cela ne dérange-t-il pas les Témoins de Jéhovah?
L’ÉGLISE catholique et même la plupart des grandes religions protestantes ne parlent jamais de l’espérance du millénium à leurs fidèles. Au contraire, elles la désignent avec mépris sous le nom de “millénarisme” et appellent ses adeptes des “millénaristes”. Les Témoins de Jéhovah, eux, n’ont pas honte de cette croyance, car des faits historiques irréfutables montrent que les premiers chrétiens la partageaient aussi.
LES PREMIERS CHRÉTIENS PORTAIENT LE SURNOM DE “MILLÉNARISTES”
2. Que disent deux encyclopédies au sujet de la croyance au millénium chez les premiers chrétiens?
2 Voici ce que dit l’Encyclopédie américaine (angl.) au sujet des chrétiens qui croient au règne millénaire du Christ: “Ceux qui pensent ainsi sont appelés millénaristes ou chiliastes, et leur doctrine est le chiliasme (du grec chilioi, mille). Tout le monde s’accorde à reconnaître que cette opinion était, sinon généralisée, du moins très répandue dans l’Église primitive.” L’Encyclopædia Universalis dit de son côté: “Dans l’Occident chrétien, le millénarisme [a connu] une grande vitalité dans le judéo-christianisme et dans le christianisme des trois premiers siècles. (...) Le millénarisme [était] très vivace dans le christianisme des premiers siècles.”
3, 4. a) Qu’est-ce qui indique que les chrétiens n’ont pas attendu la Révélation pour nourrir des espérances millénaristes? b) Quelle objection certains soulèveront-ils?
3 Nous avons tout lieu de penser que les chrétiens nourrissaient déjà des espérances en rapport avec le règne millénaire du Christ avant que l’apôtre Jean reçoive la Révélation à la fin du premier siècle de notre ère. En effet, la lecture des prophètes juifs leur avait donné un avant-goût de la merveilleuse espérance millénariste que le Christ présenta en Révélation, chapitres 20 et 21. C’est ce que confirme l’Encyclopédie britannique (édition de 1966), qui dit: La notion de millénarisme chez les premiers chrétiens (...) venait principalement des espérances eschatologiques juives [c’est-à-dire des espérances relatives aux fins dernières de l’homme et du monde].” La Nouvelle Encyclopédie britannique (édition de 1977 en 30 volumes) nous livre le commentaire suivant: “Le livre de la Révélation acheva l’incorporation de l’apocalyptisme juif [attente d’une destruction définitive du mal et d’un triomphe du bien] dans le christianisme. (...) Tout au long des cent premières années de l’histoire chrétienne [de 33 à 133 de notre ère], cette forme de millénarisme, ou de chiliasme (du grec “mille”), fut couramment enseignée et acceptée au sein de l’Église.” — C’est nous qui soulignons.
4 Certains rétorqueront: ‘Peut-être, mais l’espérance millénariste de ces premiers chrétiens ne se rapportait pas à la terre. C’était une espérance céleste.’ Voyons donc ce que nous apprennent la Bible et les faits historiques.
PERSISTANCE DE LA CROYANCE EN UN PARADIS TERRESTRE
5, 6. Que disent des ouvrages autorisés sur l’espérance des premiers chrétiens?
5 Comme de nombreuses preuves l’attestent, jamais les premiers chrétiens ne pensèrent que la venue du Messie ou Christ avait annulé l’ensemble des prophéties et des promesses consignées dans les Écritures hébraïques et relatives au rétablissement du paradis sur la terre. Le Dictionnaire de Théologie catholique reconnaît le fait suivant: “Les origines du millénarisme sont antérieures à l’ère chrétienne. Il faut chercher dans les espérances d’Israël le point de départ de la croyance au règne terrestre du Messie.”
6 Dans son Histoire du christianisme (angl.), l’historien Kenneth Scott Latourette écrivit encore ceci à propos des premiers chrétiens qui attendaient la seconde venue du Christ: “Beaucoup adoptaient l’opinion qu’avant la fin définitive de l’Histoire, avant le plein accomplissement du dessein de Dieu et l’exécution parfaite de sa volonté, choses que tous les chrétiens attendaient, le Christ reviendrait, établirait son royaume sur la terre et régnerait pendant mille ans. (...) Cette idée d’une ou de plusieurs époques de mille ans n’était pas propre aux chrétiens, mais se retrouvait également dans le judaïsme.”
7. Qu’est-ce qui indique que les premiers chrétiens ne confondaient pas ciel et paradis?
7 Nous sommes donc en face d’un amoncellement de preuves qui montrent que les premiers chrétiens étaient bien des “millénaristes”, puisque c’est ainsi qu’on appelait ceux qui espéraient en un règne millénaire de Christ le Messie. Jésus révéla qu’il régnerait du haut des cieux, mais il ne détruisit pas l’espérance messianique originelle des Juifs, celle d’un rétablissement du paradis sur la terre pendant le millénium. Notons, comme le reconnaît l’ouvrage catholique intitulé Supplément au Dictionnaire de la Bible, que “le mot de paradis, dans les écrits juifs comme dans l’ancienne littérature chrétienne, n’est pas normalement synonyme de ciel”. — C’est nous qui soulignons.
CHRIST N’A PAS DÉTRUIT L’ESPÉRANCE DU MILLÉNIUM
8. a) De quoi la venue de Jésus constituait-elle une garantie? b) En quels termes les Écritures montrent-elles que le paradis sera rétabli sur terre?
8 Dans son célèbre Sermon sur la montagne, Jésus déclara: “Ne pensez pas que je sois venu détruire la Loi ou les Prophètes. Je suis venu, non pas pour détruire, mais pour accomplir.” (Mat. 5:17). Une version anglaise (Today’s English Version) rend la dernière phrase comme suit: “Je ne suis pas venu pour les rejeter, mais pour faire se réaliser leurs enseignements.” Puisque tel était le but de la venue de Jésus, celle-ci constituait une garantie que les paroles des prophètes relatives au rétablissement du paradis sur la terre se réaliseraient. Vous trouverez quelques-unes de ces prophéties dans les passages suivants: Psaumes 37:11, 29; 72:1-8, 16-19; 115:16; Ésaïe 9:6, 7; 11:1-10; 45:18; Daniel 2:34, 35, 44, 45; 7:13, 14.
9. Quel rapport le Notre Père établit-il entre le Royaume et l’espérance du millénium?
9 Toujours dans son Sermon sur la montagne, Jésus montra très clairement que la terre a un rôle à jouer dans l’accomplissement de la volonté ou du dessein de Dieu. Il apprit à ses disciples à prier ainsi: “Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié! Que ton royaume vienne! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre!” (Mat. 6:9, 10). Par ces mots, il rattachait l’accomplissement de la volonté de Dieu sur la terre à la venue de son Royaume, qui n’est autre que le Royaume messianique. Ainsi donc, le Notre Père, que catholiques et protestants ont répété des millions de fois au fil des siècles, s’avère être, entre autres choses, une prière pour la réalisation des promesses messianiques liées à l’espérance en un millénium.
L’ESPÉRANCE DU MILLÉNIUM APPARAÎT CLAIREMENT
10. a) Quand et comment Jésus a-t-il fait clairement apparaître l’espérance du millénium? b) Quelles précisions réconfortantes a-t-il apportées?
10 Un quart de siècle après la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70 de notre ère (événement qui anéantit chez les Juifs l’espoir d’une libération nationale par un Messie politique), Jésus, le vrai Messie, fit apparaître clairement l’espérance du millénium. Dans sa description de la Révélation qu’il reçut de Dieu par Jésus Christ, l’apôtre Jean écrivit:
“Et j’ai vu un ange descendre du ciel avec la clé de l’abîme et une grande chaîne dans la main. Et il a saisi le dragon, le serpent originel, qui est le Diable et Satan, et il l’a lié pour mille ans. (...)
“Et j’ai vu des trônes, et il y avait ceux qui se sont assis dessus, et le pouvoir de juger leur a été donné. (...) Heureux et saint quiconque a part à la première résurrection; sur ceux-là la seconde mort n’a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant les mille ans.
“Et j’ai vu un nouveau ciel et une nouvelle terre (...). Alors j’ai entendu une voix forte venant du trône, qui disait: ‘Voici la tente de Dieu est avec les humains, et il résidera avec eux (...). Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu.’” — Rév. 20:1-6; 21:1-4.
EXPLICATION D’UN “SAINT SECRET”
11. Quelle ressemblance observe-t-on entre l’espérance du millénium que Jésus a fait apparaître et l’espérance messianique originelle des Juifs?
11 Ne voyez-vous pas la ressemblance entre cette description du règne millénaire du Christ et l’espérance messianique originelle des Juifs, c’est-à-dire, pour citer l’Encyclopédie juive, “l’espoir d’un avenir messianique (...) l’âge d’or de la félicité paradisiaque (...) un monde où toutes les créatures vivraient dans la paix et l’harmonie les plus complètes (...) ‘de nouveaux cieux et une nouvelle terrea’”?
12, 13. Comment les disciples de Jésus ont-ils montré qu’ils attendaient encore un règne terrestre du Messie?
12 Toutefois, il était clair que certains aspects importants du Royaume messianique avaient échappé aux Juifs. Même les douze apôtres et les premiers disciples du Christ avaient du mal à les comprendre. C’est pourquoi Jésus leur dit, peu après avoir prononcé son Sermon sur la montagne et leur avoir appris à prier pour que le Royaume de Dieu vienne et que sa volonté se fasse sur la terre comme au ciel: “À vous le saint secret du royaume de Dieu a été donné, mais pour ceux-là qui sont dehors, toutes choses arrivent en illustrations.” — Marc 4:11.
13 Tout au long de son ministère terrestre Jésus enseigna quantité de choses à ses disciples concernant le Royaume messianique. Même après sa mort et jusqu’au jour où il monta rejoindre son Père céleste, il continua à leur parler des “choses du royaume de Dieu”. Toutefois, cela ne les empêcha pas de lui poser cette dernière question: “Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël?” Ils montraient par là qu’ils s’attendaient encore à ce que le Messie rétablisse le royaume humain d’Israël (Actes 1:3, 6). Certes, ils avaient raison d’assimiler le Royaume messianique à un gouvernement, mais là où ils se trompaient, c’était en pensant que le Messie régnerait sur terre et que son gouvernement serait uniquement juif.
14. a) Qu’est-ce qui permit aux disciples du Christ de se dégager de leur espérance erronée? b) Quels aspects importants du “saint secret” les premiers chrétiens ont-ils découverts petit à petit?
14 Ce n’est qu’après l’effusion de l’esprit saint le jour de la Pentecôte que les disciples du Christ se dégagèrent de cette conception d’un royaume messianique nationaliste et qu’ils comprirent de nouveaux aspects importants du “saint secret du royaume de Dieu”. L’un de ces aspects était que le Messie serait un roi céleste et que son gouvernement siégerait au ciel (Jean 18:36; Actes 2:32-36; I Tim. 3:16). Mais il y avait d’autres points saillants du “saint secret”, d’autres vérités qui apparaissaient nouvelles et révolutionnaires au Juif fidèle dont l’esprit avait été façonné par l’Écriture et non par la philosophie grecque. Il y avait par exemple le fait qu’un nombre limité d’humains seraient choisis pour être des “saints” et pour devenir les adjoints du Messie dans son Royaume, que ceux-ci régneraient avec lui dans les cieux et qu’ils seraient pris, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils ou non-Juifs. — Dan. 7:13, 14, 27; Luc 12:32; 22:28-30; Jean 14:1-3; Éph. 3:3-6; Col. 1:26, 27.
UNE ESPÉRANCE ENTIÈREMENT NOUVELLE
15. Pourquoi l’idée d’aller au ciel paraissait-elle révolutionnaire au fidèle reste juif?
15 Tout cela était entièrement nouveau. Comme nous l’avons vu sous le titre “Origines de l’espérance en un millénium”, l’espérance messianique originelle des Juifs était terrestre, et ce fut seulement à une époque avancée de leur histoire, sous l’influence des traditions et de la philosophie païennes, que certains d’entre eux se mirent à croire à l’existence d’une âme immortelle. Le fidèle reste juif qui demeura attaché aux Écritures hébraïques d’inspiration divine et qui accepta Jésus comme le vrai Messie ne croyait pas à cette immortalité naturelle de l’âme. Pour ces gens, l’idée que le Messie gouvernerait la terre du haut des cieux et qu’eux-mêmes allaient devoir monter au ciel pour régner avec lui semblait donc d’autant plus révolutionnaire.
16. Qu’a dit Pierre au sujet de cette nouvelle espérance?
16 Dans une lettre qu’il écrivit aux premiers chrétiens qui avaient reçu cette invitation particulière à devenir prêtres et rois aux côtés du Messie céleste, l’apôtre Pierre déclara: “Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, car, selon sa grande miséricorde, il nous a donné une nouvelle naissance, pour une espérance vivante, grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, immaculé et inflétrissable. Il vous est réservé dans les cieux. (...) Mais vous, vous êtes ‘une race choisie, une prêtrise royale’.” — I Pierre 1:3, 4; 2:9.
17. Comment Paul a-t-il montré que l’appel à la vie céleste était quelque chose de nouveau?
17 Toujours en rapport avec cet appel exceptionnel à la vie céleste, l’apôtre Paul écrivit: “Il [Dieu] nous a sauvés et nous a appelés par un saint appel, (...) à présent elle [la faveur imméritée] est devenue tout à fait perceptible grâce à la manifestation de notre Sauveur, Christ Jésus, qui a aboli la mort, mais a éclairé la vie et l’incorruptibilité.” (II Tim. 1:9, 10). Si l’espérance du fidèle reste de Juifs avait déjà été de vivre au ciel, pourquoi Christ aurait-il eu à ‘éclairer’ ce “saint appel” à l’incorruptibilité? C’est que cet appel était bien quelque chose d’entièrement nouveau pour les premiers chrétiens, Juifs et non-Juifs.
L’ESPÉRANCE CÉLESTE DE QUELQUES “ÉLUS”
18, 19. En quels termes la deuxième lettre de Paul à Timothée et la première lettre de Pierre montrent-elles que ceux qui espèrent vivre éternellement ne seront pas tous rois et prêtres avec Christ dans les cieux (Rév. 5:9, 10)?
18 Mais ceux qui acceptent Christ et qui espèrent vivre éternellement reçoivent-ils tous ce “saint appel” pour une vie céleste incorruptible? Pour montrer qu’il s’agit d’un appel spécial réservé à un nombre limité d’“élus”, Paul ajoute: “C’est pourquoi je continue à tout endurer à cause des élus, pour qu’eux aussi obtiennent le salut qui se trouve dans l’union avec Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Elle est fidèle, cette parole: oui, si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous continuons à endurer, nous régnerons aussi avec lui.” — II Tim. 2:10-12.
19 Si tous ceux qui sont sauvés sont appelés à la “gloire éternelle” pour ‘régner’ avec Jésus Christ, qui gouverneront-ils? De même, si tous doivent faire partie de la “prêtrise royale”, en faveur de qui exerceront-ils leur sacerdoce?
20. Comment Paul a-t-il montré, dans ses lettres aux Galates et aux Romains, que le nombre des Israélites spirituels est limité?
20 Réfléchissez également à ceci: Dans sa lettre aux Galates, Paul écrivit aux chrétiens juifs et non juifs qui avaient été “baptisés en Christ” qu’ils étaient “vraiment la postérité d’Abraham, héritiers quant à une promesse”, et il les appela l’“Israël de Dieu”. (Gal. 3:26-29; 6:16.) Dans sa lettre aux Romains, le même apôtre parle du “saint secret” de l’appel des Gentils par suite du “manque de foi” de nombreux Juifs. Paul ajoute, et il s’agit là d’un passage-clé: “Jusqu’à ce que soit entré le nombre au complet [“le nombre total”, Parole vivante] des gens des nations.” Il explique qu’“ainsi”, c’est-à-dire par l’appel des Gentils en vue d’atteindre le nombre prévu, “tout Israël sera sauvé”. Paul veut manifestement parler ici de l’Israël spirituel, de “ceux qui ont été choisis” d’entre les Juifs comme d’entre les non-Juifs et qui sont “véritablement ‘Israël’”. — Rom. 11:7, 17-26; 9:6; 2:28, 29.
21. a) Combien y a-t-il d’Israélites spirituels? b) Quel texte des Écritures montre qu’ils ne sont pas choisis parmi les anges?
21 Puisque les non-Juifs devaient seulement recevoir ce “saint appel” jusqu’à ce que le “nombre au complet” des membres de l’“Israël de Dieu” soit atteint, nous en déduisons que ce nombre est limité. Le connaît-on? Lisez Révélation 7:1-8. Dans ce texte, le nombre des chrétiens qui deviennent membres de l’Israël spirituel et qui reçoivent le “sceau” est fixé avec précision. Que ces élus ne sont pas des anges, c’est ce que montre Révélation 14:1-4, qui cite le même nombre et dit que les élus ont été “achetés de la terre” et “achetés d’entre les humains comme prémices pour Dieu et pour l’Agneau”.
22. Quelle espérance la Bible offre-t-elle aux 144 000?
22 L’espérance que la Bible offre à ces 144 000 chrétiens engendrés de l’esprit et oints est une espérance céleste. Après avoir eu part à la “première résurrection”, “ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant les mille ans”. — Rév. 20:6.
23. Quelles questions les termes “prémices” et “rois” soulèvent-ils?
23 Mais, logiquement, si les “élus” sont des “prémices”, la récolte doit continuer, et s’ils doivent ‘régner’, il faut qu’ils aient des sujets. Qui seront ces derniers, et quel espoir s’offre à eux? C’est ce que nous allons voir dans la suite de notre étude.
[Note]
a Voir l’article “Origines de l’espérance en un millénium”.
[Encadré, page 14]
Papias de Hiérapolis, Irénée de Lyon et Justin de Rome, que l’Église catholique reconnaît comme des “saints” et des “Pères” du IIe siècle, étaient tous des millénaristes. — Encyclopédie catholique.
[Encadré, page 15]
Dans leur lutte contre l’espérance millénariste, “saint” Denys et le prêtre romain Caïus n’hésitèrent pas à nier l’authenticité de la Révélation reçue par l’apôtre Jean. — Dictionnaire de Théologie catholique.
[Illustration, page 17]
Pendant le millénium, Jésus régnera depuis les cieux sur une terre transformée en paradis.
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Triomphe de l’espérance en un milléniumLa Tour de Garde 1981 | 15 juillet
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Triomphe de l’espérance en un millénium
1. Quelles questions la venue du Messie a-t-elle soulevées?
QUAND le Messie tant attendu se présenta aux Juifs, a-t-il confirmé leur croyance originelle en une vie future après la résurrection, ou bien s’est-il prononcé en faveur de leur nouvelle conception païenne de l’immortalité naturelle de l’âme? En révélant une espérance céleste, voulait-il indiquer que tous ceux qui seraient sauvés iraient au ciel? Les Écritures hébraïques et grecques n’offrent-elles pas plutôt à des millions de personnes l’espoir de vivre éternellement sur la terre?
UNE VIE FUTURE APRÈS LA RÉSURRECTION
2. Qu’a enseigné Jésus en rapport avec l’espérance d’une vie future?
2 Loin d’enseigner le concept païen de l’immortalité naturelle de l’âme humaine, Jésus montra que l’espérance d’une vie future dépend obligatoirement de la résurrection. Il déclara: “De même, en effet, que le Père a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné aussi au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme. Ne soyez pas surpris de ceci, car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux commémoratifs entendront sa voix et sortiront, ceux qui ont fait des choses bonnes, pour une résurrection de vie, ceux qui ont pratiqué des choses mauvaises, pour une résurrection de jugement.” — Jean 5:26-29.
3. Que reconnaissent certains théologiens de la chrétienté au sujet de l’âme?
3 Fait intéressant, des théologiens modernes de la chrétienté en arrivent à la conclusion que l’immortalité naturelle ne repose ni sur les Écritures hébraïques ni sur les Écritures grecques. Un dictionnaire (The New International Dictionary of New Testament Theology, vol. 3, 1978) souligne “combien la notion d’une âme distincte du corps et qui se sépare de lui à la mort est étrangère à l’AT [Ancien Testament]”. Il dit encore. “Matthieu 10:28 n’enseigne pas l’immortalité potentielle de l’âme, mais l’irréversibilité du jugement divin pour le pécheur non repentant. (...) Le NT [Nouveau Testament] considère l’homme essentiellement comme un tout et promet la transformation de la personne tout entière, non la survivance d’une partie seulement de l’individu. (...) Il ne peut y avoir d’immortalité sans une résurrection préalable.”
UNE ESPÉRANCE CÉLESTE ET UNE ESPÉRANCE TERRESTRE
4. Qu’est-ce que les Témoins de Jéhovah admettent? Que nient-ils? Pourquoi?
4 Les Témoins de Jéhovah ne nient pas que, d’après les Écritures grecques chrétiennes, certains chrétiens reçoivent l’“appel céleste”. (Héb. 3:1.) En revanche, ce qu’ils nient effectivement, c’est que cet “appel” ait remplacé le dessein originel de Dieu qui était de voir la terre cultivée, transformée en paradis et remplie d’hommes et de femmes justes. Ils ne peuvent croire que toutes les prophéties des Écritures hébraïques relatives au rétablissement du paradis sur la terre soient devenues lettre morte. Ils en sont d’autant plus convaincus que les Écritures grecques chrétiennes ont confirmé la promesse d’une “nouvelle terre” dans laquelle “la justice doit habiter”. — II Pierre 3:13; Rév. 21:1-4.
5, 6. En quels termes la Bible montre-t-elle clairement qu’il existe une espérance a) céleste et b) terrestre?
5 Une étude attentive de la Bible a donné aux Témoins de Jéhovah la conviction que l’espérance chrétienne est double: don de l’immortalité dans le ciel pour quelques-uns et vie éternelle sur la terre pour le plus grand nombre. L’espérance céleste de ‘régner’ avec Christ, Dieu l’a offerte aux 144 000 “élus”, à commencer par les apôtres et les premiers disciples du Christ, comme une “grâce” (Bible Segond) ou une “faveur imméritée” exceptionnelle (Luc 12:32; Rom. 5:17; 8:33; Rév. 5:9, 10; 7:1-4; 14:1-4). Seul un “reste” de ‘ceux qui ont survécu jusqu’à la présence du Seigneur’ vivent donc actuellement sur la terre. — I Thess. 4:14-17; Rév. 12:17.
6 L’espérance terrestre est l’espérance originelle, celle qu’Adam et Ève auraient pu voir se réaliser s’ils étaient restés soumis à la souveraineté de Jéhovah Dieu et s’ils n’avaient pas recherché leur autonomie morale (voir les trois premiers chapitres de la Genèse 1-3). L’homme est “terrestre” par nature (I Cor. 15:47, Bible de Jérusalem). Ses aspirations naturelles et ses désirs sont terrestres. “Pour ce qui est des cieux, à Jéhovah appartiennent les cieux, mais la terre, il l’a donnée aux fils des hommes.” (Ps. 115:16). La Bible dit clairement que Jéhovah ‘n’a pas créé la terre pour rien, qu’il l’a formée pour être habitée’. (És. 45:18.) L’espérance d’une vie éternelle sur la terre, dans des conditions paradisiaques, est donc à la fois biblique et naturelle. Il n’y a pas de quoi en avoir honte.
DEUX CLASSES ATTENDENT LE MILLÉNIUM
7. Quelle espérance la promesse abrahamique et la prophétie de Daniel offrent-elles aux habitants de la terre?
7 Étant donné que les 144 000 Israélites spirituels sont “vraiment la postérité d’Abraham” et les “héritiers quant à une promesse” (Gal. 3:26-29), il faut nous rappeler que cette promesse que Dieu lui a faite disait: “Grâce à ta postérité se béniront assurément toutes les nations de la terre.” (Gen. 22:16-18). Le prophète Daniel parla aussi des “peuples, groupements nationaux et langues” qui seraient soumis ‘au royaume et à la domination’ célestes du “fils d’homme”, domination qu’il exercera avec les “élus”, aussi appelés les “saints du Dieu suprême”. — Dan. 7:13, 14, 27; II Tim. 2:10.
8. Comment Paul et Jean ont-ils montré qu’ils comprenaient que les “élus” ne seraient pas les seuls à être sauvés?
8 Les premiers chrétiens connaissaient ces prophéties relatives à deux catégories de personnes: la “postérité” et les “nations”, les “saints” et les “groupements nationaux”. L’apôtre Paul fit, lui aussi, cette distinction. Après avoir parlé des futurs “cohéritiers de Christ” qui doivent être “glorifiés avec lui” dans les cieux, l’apôtre parle en effet de la “création” humaine dont l’“attente impatiente” est d’être “libérée de l’esclavage de la corruption” ou du péché, et de “jouir de la liberté glorieuse des enfants de Dieu”. (Rom. 8:15-21.) À des chrétiens qui, comme lui, nourrissaient une espérance céleste, l’apôtre Jean parla de Christ comme d’un “sacrifice propitiatoire pour nos péchés [ceux des “élus”], et pas seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier”. — I Jean 2:2; 3:1-3.
9. a) Qu’est-ce que Jean avait vraisemblablement déjà vu lorsqu’il écrivit sa première lettre? b) Comment ses visions confirment-elles l’existence de deux catégories de personnes sauvées?
9 Quand Jean écrivit ces paroles, il avait vraisemblablement déjà reçu la Révélation au cours de laquelle il vit, après les 144 000 Israélites spirituels marqués du “sceau”, “une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes nations et tribus et peuples et langues”. Ces gens survivent à la “grande tribulation”, et l’“Agneau”, Jésus Christ, les conduit “vers des fontaines d’eaux de la vie”. (Rév. 7:4-17.) Bien sûr, c’est dans le cadre de cette même Révélation que Jean eut une vision du règne millénaire du Christ, vision où l’on retrouve deux catégories de personnes: ceux qui ont “part à la première résurrection” et qui “régneront”, et les “humains” que Dieu bénira et qui “seront ses peuples”. — Rév. 20:1 à 21:8.
10. Quelles sont les deux classes qui partagent aujourd’hui l’espérance du millénium? Comparez leurs nombres respectifs.
10 À l’heure actuelle, l’espérance du millénium triomphe dans le cœur des membres du “petit troupeau” appelés à ‘s’asseoir sur des trônes’ dans les cieux pour régner avec Christ pendant mille ans (Luc 12:32; 22:28-30). Cette espérance d’un millénium est aussi devenue celle de la “grande foule” qui s’est jointe au reste des chrétiens oints dans la prédication de “cette bonne nouvelle du royaume (...) en témoignage pour toutes les nations”. (Mat. 24:14.) Ces deux classes étaient représentées lors de la célébration du Repas du Seigneur, le 31 mars 1980. Dans le monde entier, seules 9 564 personnes participèrent au pain et au vin emblématiques. Ce n’était vraiment qu’un petit “reste” des 144 000 chrétiens qui doivent régner avec Jésus dans son Royaume millénaire. Cependant, 5 717 092 autres personnes assistèrent à la fête en tant qu’observateurs et montrèrent ainsi leur reconnaissance pour la disposition merveilleuse que Jéhovah a prise en offrant son Fils en sacrifice. Ces personnes-là se préparent avec joie à vivre éternellement dans un paradis terrestre.
L’ESPÉRANCE DU MILLÉNIUM RESTE VIVACE
11. Quand et comment l’espérance du millénium deviendra-t-elle réalité?
11 Oui, l’espérance du millénium reste très vivace. Elle deviendra réalité après la “grande tribulation”, quand Christ et les 144 000 “élus” commenceront à régner dans les cieux pour mille ans, et quand la “grande foule” de “brebis”, grossie par les milliards de ressuscités, entrera dans le domaine terrestre de ce Royaume messianique et en goûtera les indescriptibles bienfaits. — Mat. 25:34; Rév. 20:12, 13.
12. Quelle définition du millénium trouve-t-on dans une encyclopédie?
12 L’humanité a grand besoin d’une telle espérance, et les hommes que le monde dit “sages” la connaissent. Voici d’ailleurs la définition que l’Encyclopédie britannique (Macropædia, 1977) donne du millénium: “Cette période de mille ans appelée millénium apparaît comme une époque durant laquelle les aspirations de l’homme — vivre en paix, être libéré du mal, voir la justice régner sur la terre — se réaliseront finalement par la puissance de Dieu. (...) le millénarisme s’occupe de l’avenir terrestre de la famille humaine. (...) il essaie de répondre par des images vivantes à des questions telles que celles-ci: Quelle est la destinée ultime de ce monde? L’homme réalisera-t-il jamais son rêve séculaire de vivre dans un paradis terrestre ou périra-t-il dans un feu destructeur, conséquence de sa propre folie ou du jugement de Dieu?” — C’est nous qui soulignons.
13. a) Croyez-vous que la terre sera détruite par le feu? Pourquoi? b) Quel était le dessein originel de Dieu à l’égard de la terre?
13 Pour certains rédacteurs d’encyclopédies comme pour certains chefs religieux sans foi, ces questions peuvent ne présenter qu’un intérêt purement spéculatif. Mais pour beaucoup de personnes droites du monde entier, ces problèmes sont tout à fait concrets, actuels et dignes du plus grand intérêt. Les Témoins de Jéhovah ont trouvé la réponse à ces questions dans la Bible. Pour eux, l’espoir de vivre éternellement “dans un paradis terrestre” n’est pas un “rêve séculaire”. Cet espoir repose, au contraire, sur le fondement sûr d’une bonne connaissance de la Bible. Les Écritures hébraïques et grecques montrent que Dieu ne laissera pas les méchants anéantir la terre “dans un feu destructeur”. (Rév. 11:18; És. 45:18.) Lui-même ne la détruira pas davantage (Ps. 104:5). Après avoir créé l’homme et l’avoir placé dans un paradis qui se limitait à une petite région, Dieu lui fit part de son dessein: l’homme devait ‘soumettre’ la terre en étendant le paradis sur tout le globe et la ‘remplir’ (non la faire déborder) d’hommes et de femmes justes qui seraient ‘à la ressemblance de Dieu’. — Gen. 1:26-28; 2:15.
14. Pourquoi peut-on dire que l’espérance du millénium entre dans le cadre du ‘dessein éternel’ de Dieu?
14 C’est cette même “volonté” que Dieu accomplira “sur la terre comme au ciel” grâce à son Royaume messianique (Mat. 6:10, Bible de Jérusalem). Le contenu de la Bible montre à l’évidence que Dieu n’a pas abandonné son dessein originel (És. 46:9, 10). Le millénium ou règne millénaire du Christ entre dans le cadre du “dessein éternel” de Dieu qui est, entre autre, de “réunir de nouveau toutes choses dans le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre”. (Éph. 3:11; 1:8-10.) En d’autres termes, le millénium n’est pas une fin en soi, mais un moyen de parvenir au but que représente l’accomplissement du dessein originel de Dieu à l’égard de la terre.
UN “RÊVE MATÉRIALISTE”?
15, 16. Comment un prêtre catholique a-t-il appelé l’espérance du millénium? Que semble-t-il avoir oublié?
15 Des adversaires religieux se moquent des Témoins de Jéhovah parce que ceux-ci prêchent l’espérance du millénium. En revanche, ces moqueurs sont très contents d’envoyer tous les bons au ciel et tous les méchants dans les flammes éternelles de l’enfer, laissant ainsi la terre complètement à l’écart du “dessein éternel” de Dieu. Le prêtre dominicain français H. Chéry, qui a pour spécialité de critiquer les Témoins de Jéhovah, appelle l’espérance en un paradis rétabli sur la terre un “rêve matérialiste”.
16 Tout d’abord, ce prêtre catholique oublie que jamais l’Église n’a formellement condamné l’espérance millénariste ni ne l’a qualifiée d’hérétique. Quoi de surprenant, d’ailleurs, puisque cette espérance s’appuie sur la Bible et que la plupart des premiers et des plus célèbres “Pères de l’Église” y ont vu l’“un des dogmes essentiels de la foi chrétienne”. Polycarpe, Papias, Irénée, Justin le Martyr et Tertullien caressaient-ils aussi des ‘rêves matérialistes’?
17. Pourquoi personne ne peut-il accuser les Témoins de Jéhovah de caresser des rêves matérialistes?
17 Il est exact que certains d’entre eux et, plus tard, d’autres personnes, ont discrédité l’espérance du millénium en faisant une application charnelle des bénédictions prédites et en leur donnant parfois un tour politico-social. Mais personne ne saurait accuser en toute bonne foi les Témoins de Jéhovah d’agir ainsi aujourd’hui. Même dans notre monde hédoniste, ces chrétiens combattent vigoureusement pour que le matérialisme et la recherche des plaisirs ne s’installent pas dans leur vie personnelle ni dans leurs congrégations. Ils mettent l’accent sur les valeurs spirituelles, pleinement conscients que si l’un d’entre eux tombait dans le matérialisme en ce “temps de la fin”, il risquerait de ne jamais voir le millénium (Luc 21:34-36; Dan. 12:4). Ces chrétiens ne comptent pas non plus instaurer le millénium par des programmes de réforme sociale. Ils comptent uniquement sur l’intervention de Dieu par le moyen de son Roi messianique. Le “Roi des rois” combattra à la tête des armées célestes et mettra lui-même fin à toute méchanceté sur la terre. — Rév. 19:11 à 20:3.
UN PARADIS SPIRITUEL ET UN PARADIS PHYSIQUE
18. Peut-on s’attendre voir le paradis spirituel se développer pendant le millénium?
18 Les Témoins de Jéhovah vivent déjà dans un paradis spirituel, mais ils comptent bien augmenter encore leur spiritualité tout au long du règne millénaire du Christ, quand seront “ouverts” les “rouleaux” symboliques renfermant les exigences divines. — Rév. 20:12.
19. Pourquoi faudra-t-il faire preuve d’abnégation et travailler dur pendant le millénium?
19 Une lecture attentive des textes bibliques qui parlent du règne millénaire du Christ (par exemple Révélation 20:11 à 21:8) a aussi appris aux Témoins de Jéhovah que ceux qui ont une espérance terrestre devront faire preuve d’une grande abnégation pendant le millénium. En effet, la culture et l’embellissement de la terre demanderont beaucoup de travail, et il ne s’agira pas de cultiver égoïstement un coin de paradis pour soi et sa famille. En fait, pour ceux qui survivront à la toute prochaine “guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant”, le règne millénaire du Christ constituera un “jour” de jugement (Actes 17:30, 31; Rév. 16:14, 16)a. Ce sera aussi un jour de jugement pour les millions de morts qui seront ressuscités et jugés selon les œuvres qu’ils feront dans le paradis (Jean 5:28, 29; Luc 23:42, 43). Ceux qui vivront déjà sous le règne millénaire du Messie devront donc enseigner avec dévouement à ces innombrables ressuscités les voies de la justice (voir Ésaïe 11:1-9). Non, tout cela n’a rien d’un “rêve matérialiste”. Les chrétiens s’attendent au contraire à devoir travailler dur, y compris sur le plan spirituel.
20. Qu’arrivera-t-il après la fin des mille ans? Quel avenir s’ouvrira devant les fidèles?
20 Mais le millénium ne sera qu’un commencement. À l’issue d’une épreuve finale, après la fin des mille ans, les hommes et les femmes qui seront restés fidèles à la souveraineté universelle de Dieu recevront la vie éternelle dans le paradis terrestre.b — I Cor. 15:24-28; Rév. 20:7-10.
CETTE ESPÉRANCE PEUT DEVENIR VÔTRE
21, 22. a) Qu’est-ce que les Témoins de Jéhovah font avec joie? b) Qu’espèrent-ils connaître dans un avenir proche?
21 Voilà quelle espérance nourrissent plus de deux millions de témoins chrétiens de Jéhovah dispersés dans plus de deux cents pays. Elle est si vivante dans leur esprit et dans leur cœur qu’ils se font toujours une joie de donner ‘la raison de l’espérance qui est en eux’. — I Pierre 3:15.
22 Depuis 1914, les événements mondiaux accomplissent les prophéties bibliques et montrent que nous sommes au “temps de la fin”, la veille d’un “temps de détresse” sans précédent (Dan. 12:1-4; Mat. 24:3-21). Mais le reste des “élus” et la “grande foule” de leurs compagnons ont reçu la promesse qu’ils survivront à cette “grande tribulation”. (Mat. 24:22; Rév. 7:9, 10, 14.) Chacune de ces deux classes verra enfin se réaliser ses espérances. En êtes-vous convaincu? “Que le Dieu qui donne l’espérance vous remplisse de toute joie et paix, parce que vous croyez, pour que vous abondiez en espérance.” — Rom. 15:13.
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