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L’évolution fausse la pensée religieuseLa Tour de Garde 1957 | 15 juin
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Press, datée du 14 août 1953 : “ Selon nous il n’y a pas de contradiction. Il se peut que l’évolution soit une partie de la révélation indirecte de Dieu. ” La même dépêche citait la déclaration du Dr Handy de l’Union Theological Seminary concernant le protestantisme : “ Presque tous les ministres en sont venus à voir qu’il n’y a pas de contradiction entre l’évolution et la création divine. ” La revue Life (7 novembre 1955) rapporta la déclaration du ministre baptiste Harry Emerson Fosdick : “ Aujourd’hui, l’idée générale de l’évolution est considérée comme établie comme l’est la gravitation. ”
TROP FAIBLE POUR RÉSISTER À LA PERVERSION
La difficulté, c’est justement cela : l’évolution est considérée comme chose établie. Qu’importe que les hommes de science ne puissent la prouver ? Qui sont les membres du clergé qui demandent des preuves pour quoi que ce soit ? Ils ne peuvent prouver des doctrines telles que la trinité et l’immortalité de l’âme. Pourquoi demander des preuves pour cette nouvelle doctrine qu’ils ajoutent à leurs credo ? Parce qu’ils leur sont serinés continuellement, des millions de personnes croient aux faussetés scientifiques et aux mensonges religieux. Les aveugles guident les aveugles, les faibles conduisent les faibles. Par conséquent, où, dans les systèmes religieux de la chrétienté, un homme affamé peut-il trouver la nourriture spirituelle pour édifier une force indéfectible ? Les prédicateurs et les paroissiens étant pauvres en justice et en intégrité, qui se donne du mal pour mettre en pratique les principes qui, admettons-le, sont encore prêchés de temps en temps et sonnent si agréablement ?
Parfois le clergé se plaint de l’apathie indifférente de ses paroissiens, mais comment l’affamé peut-il être fort ? C’est la Bible, et non la science, qui contient l’eau spirituelle, mais ce soi-disant peuple de Dieu a faim et soif : “ Car mon peuple a commis un double péché : ils m’ont abandonné, moi qui suis une source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau. ” Les conducteurs religieux ne s’attachent pas à la Parole de Dieu mais se tournent vers les citernes crevassées de la science évolutionnaire. Il en résulte que le clergé est affamé spirituellement, et comment l’affamé peut-il nourrir celui qui meurt de faim ? Jéhovah a prédit les conditions de famine des systèmes religieux de la chrétienté : “ Voici que des jours viendront, dit le Seigneur, Jéhovah, où j’enverrai une faim sur la terre, non une faim de pain, ni une soif d’eau, mais d’entendre les paroles de Jéhovah. ” — Jér. 2:13 ; Amos 8:11, AC.
Cependant, le clergé de la chrétienté continue à se faire passer pour chrétien, à prétendre avoir foi en la Bible. Mais ses membres ressemblent à des girouettes qui tournent au vent de l’opinion publique, se rangeant du côté de ce qui est couramment populaire, étant emportés comme des feuilles tombées par un jour de grand vent. Et, dans tout cela, ils essaient de traîner la Bible avec eux, la pliant et la dénaturant pour s’adapter aux caprices populaires qui les courbent et les pervertissent. Modelés eux-mêmes par l’évolution, ils veulent aussi modeler la Bible à l’avenant.
ILS NE PEUVENT FAUSSER LA BIBLE
Elle ne se pliera pas à leur volonté, elle ne s’adaptera pas à leur philosophie scientifique. On ne peut faire dire à la Bible que le corps de l’homme se développa à partir des animaux inférieurs, parce que chaque espèce créée le fut pour reproduire seulement son espèce, “ selon son espèce ”. L’évolution affirme juste le contraire, qu’une espèce engendre une espèce nouvelle et différente. Mais la science n’a aucune preuve pour le démontrer. Non seulement, à l’évolution il manque le premier chaînon, celui de la génération spontanée de la vie, comme point de départ, mais il lui en manque des milliers. Cette chaîne fictive n’est pas confirmée par le témoignage des fossiles. Les changements génétiques, appelés mutations, ne peuvent combler les vides entre les espèces. Les mutations fournissent une grande variété au sein d’une même espèce, c’est vrai ; mais n’engendrent pas une nouvelle espèce. Le clergé, acceptant des compromis, peut s’attacher à l’évolution, mais la Bible qui ne transige pas ne s’associera pas à de telles relations antiscripturales. — Gen. 1:11, 12.
En outre, quand le clergé essaie de diviser l’homme en deux parties, un corps humain vivant et une âme spirituelle immortelle, et qu’il affirme que le corps a évolué mais que l’âme a été directement implantée par Dieu, son point de vue religieux est faussé. Le corps humain fut fait directement de la poussière et Dieu mit en mouvement le processus de la vie, de la respiration, et l’homme devint une âme vivante, comme les animaux avant lui avaient été créés pareillement âmes vivantes : “ (Jéhovah) Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante. ” “ Dieu créa donc les grands poissons, et toute âme vivante et ayant le mouvement. ” “ Que la terre produise des âmes vivantes selon leur espèce, des animaux domestiques, des reptiles et des bêtes de la terre selon leurs espèces. ” — Gen. 2:7, GV ; Gn 1:21, 24, GV.
L’homme n’a pas d’âme spirituelle, immortelle, séparée du corps, qui continue à vivre après la mort du corps. L’homme lui-même est une âme, et “ l’âme ” humaine “ qui pèche, c’est celle qui mourra ”. Même dans le cas de l’âme sans péché de Jésus, nous lisons : “ Il a livré son âme à la mort. ” Les hommes qui sont morts peuvent ressusciter, mais la mort elle-même est la même pour l’homme que pour tout autre animal, et c’est vanité que de penser différemment : “ J’ai dit en mon cœur, au sujet des fils de l’homme, que Dieu les éprouverait, et qu’eux-mêmes verraient qu’ils ne sont
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La Bible, comment nous fut-elle donnée ?La Tour de Garde 1957 | 15 juin
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langue populaire de l’Europe occidentale. Vers la fin du quatrième siècle, un homme appelé Jérôme traduisit la Bible en latin ; c’est la “ Vulgate latine ”. Mais, avec le temps, le latin devint une langue morte pour le peuple. D’autres langues prirent sa place. L’une d’elles fut l’anglais.
Malgré ce changement dans les langues, tout ce que le peuple possédait, c’était une Bible en latin, une Bible qu’il ne pouvait comprendre. Cependant, toute idée de mettre la Bible à la disposition du peuple dans sa langue était frappée de malédiction par les autorités de l’Église catholique romaine. Le pape Innocent III déclara en 1199 : “ Les mystères de la foi ne devraient pas être expliqués à tous les hommes en tous lieux, puisqu’ils ne peuvent être partout compris par tous les hommes. ” D’autres papes condamnèrent l’emploi de la Bible par le commun peuple. Il avait la Bible en latin, c’est vrai, mais une telle Bible, dans une langue inconnue, était comme une Bible qui n’aurait jamais existé.
Vers la fin du quatorzième siècle, un prêtre catholique, Jean Wycliffe, savant et docteur en théologie d’Oxford, dénonça l’indifférence et l’ignorance spirituelles qu’il rencontrait parmi le haut et le bas clergé. Si l’ignorance de la Bible était impressionnante parmi le clergé, que dire du commun peuple, beaucoup de gens ne sachant même pas qu’un livre tel que la Bible existât ! Wiclef déclara : “ Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ. ” C’est ainsi que Wiclef prit la Bible en latin et en fit une première traduction complète en anglais, vers 1382.
L’Église catholique romaine n’apprécia pas les efforts de Wiclef. Il fut cruellement combattu. Écrivant au pape en 1412, l’archevêque Arundel appelait Wiclef “ ce misérable et pernicieux coquin d’odieuse mémoire (...) qui mit le comble à son iniquité en traduisant les Écritures dans la langue maternelle ”. Les autorités catholiques mirent l’interdit sur toute nouvelle traduction de la Bible en anglais.
Mais voici ce qui se produisit : En 1453, Constantinople tomba. Il en résulta la dispersion des nombreux savants de cette ville au sein de l’Occident. Ces érudits emportaient avec eux une connaissance de la langue grecque, chose que l’Ouest avait presque oubliée. Vers la même époque Jean Gutenberg inventa l’impression en caractères mobiles. Ces deux événements coïncidents sont à l’origine de l’intense activité consistant à présenter les pensées de Dieu dans la langue familière au peuple.
Au premier plan de l’œuvre visant à donner au peuple les pensées de Dieu se trouve William Tyndale. William Tyndale était un savant de grande valeur professant dans les universités d’Oxford et de Cambridge. Il s’aperçut que Wiclef n’avait pas traduit la Bible anglaise des langues bibliques originales mais de la Bible latine, de sorte que sa version n’était que la traduction d’une traduction. Tyndale voulut traduire la Bible directement des langues originales. Il désirait rendre l’original avec exactitude.
Les chefs religieux se méfiaient de Tyndale. Souvent le savant se trouva mêlé à des discussions. “ Il vaut mieux ”, dit l’un de ses adversaires, “ que nous soyons sans les lois de Dieu que sans celles du pape ”. Tyndale s’en indigna violemment. Il s’écria : “ Si Dieu me prête vie, je ferai en sorte qu’un jour le jeune paysan qui laboure en Angleterre ait une plus grande connaissance des Écritures que le pape. ” Tyndale tint parole.
L’“ INVASION DE L’ANGLETERRE ”
Souvent sur le point d’être arrêté, Tyndale s’enfuit sur le continent. Bien qu’il travaillât secrètement, sa vie était constamment en danger, mais, en 1525, la traduction de Tyndale des Écritures grecques chrétiennes en anglais était prête à être imprimée. Alors, un agent de l’église eut connaissance de l’œuvre de Tyndale et écrivit à Henri VIII une lettre pour l’avertir au sujet de l’“ invasion de l’Angleterre ” par la Bible. La lettre conseillait fortement au roi de surveiller les ports dans le dessein de confisquer la “ pernicieuse marchandise ”. Les Bibles durent être introduites en fraude en Angleterre dans des balles de coton et des sacs de farine. Une fois en Angleterre, elles trouvaient rapidement des acheteurs. Le clergé fut alerté. Il acheta autant d’exemplaires qu’il put afin de les brûler. L’évêque de Londres alla trouver un marchand nommé Pakington, qui avait des relations d’affaires avec Anvers, et lui demanda d’acheter tous les exemplaires se trouvant là-bas.
“ Mon seigneur ”, lui répondit Pakington, qui était un ami secret de Tyndale, “ à cet égard, je pourrais probablement faire davantage que n’importe quel marchand en Angleterre. Je peux vous donner l’assurance que j’aurai tous les livres qui resteront invendus. ”
“ Procurez-vous-les pour moi ”, repartit l’évêque, “ et je vous donnerai avec joie tout ce qu’ils peuvent coûter. Je les détruirai tous et les brûlerai devant la cathédrale de Saint-Paul. ”
Quatre semaines plus tard, le marchand trouva Tyndale dont les ressources s’épuisaient. “ Maître Tyndale ”, dit-il, “ je vous ai trouvé un bon acquéreur pour vos livres ”. “ Qui est-ce ? ” demanda Tyndale. “ Mon seigneur de Londres ! ” “ Mais si l’évêque veut les livres ”, dit Tyndale, “ c’est sûrement pour les brûler. ” “ Eh bien ! Qu’est-ce que cela fait ? ” répondit l’autre. “ L’évêque les brûlera de toute façon, le mieux c’est que vous ayez l’argent qui vous permettra d’en imprimer d’autres à la place. ”
Le marché fut conclu. L’évêque reçut les Bibles et Tyndale l’argent. “ Je suis très content ”, dit Tyndale, “ car deux bienfaits en découleront : J’aurai l’argent pour régler mes dettes, et le monde entier se récriera contre le fait de brûler la Parole de Dieu. Le surplus de l’argent me permettra d’apporter des corrections au dit Nouveau Testament, et de l’imprimer une nouvelle fois, et j’espère que la deuxième édition sera bien meilleure que la première. ” C’est ainsi que l’ennemi le plus acharné de la Bible, l’évêque de Londres, finança Tyndale pour traduire la Bible.
Après cela les Bibles pénétrèrent en masse en Angleterre et les autorités ecclésiastiques constatèrent bientôt qu’elles étaient incapables de détruire la Bible imprimée. C’est alors que le clergé anglais attaqua la Bible anglaise du haut de la chaire. Pendant ce temps-là, Tyndale étudiait l’hébreu pour traduire les Écritures hébraïques directement de l’original. Il réussit à en traduire une partie. Mais, en 1535, les autorités religieuses se saisirent de lui. L’année suivante, il fut condamné comme hérétique, étranglé et brûlé au poteau. Mais la mort de Tyndale ne mit pas fin à son œuvre.
Au cours des soixante-quinze années qui suivirent la mort de Tyndale, six importantes Bibles anglaises parurent. Ce furent celles de Coverdale, de Matthieu, la Grande Bible, la Bible de Genève, la Bible des évêques et celle de Douay-Reims. Cette dernière était traduite du latin, mais les autres étaient essentiellement des révisions de la traduction de Tyndale.
En Angleterre, la plus influente des traductions faites pendant les seizième et dix-septième siècles était encore à venir. Ce fut la King James Version (version du roi Jacques) ; on estime que 90 pour cent de cet ouvrage ont été tirés de la traduction de Tyndale.
Tyndale avait bien fait son travail ; il avait fait connaître au commun peuple les pensées de Dieu. Alors, pourquoi y eut-il donc tant de révisions de la Bible anglaise ? Pourquoi la King James Version parut-elle, puisque l’ouvrage de Tyndale était fait avec une telle compétence ? La réponse à ces questions, en même temps qu’une discussion éclairée de la King James Version, seront présentées dans une édition ultérieure de La Tour de Garde.
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