Coup d’œil sur le cornouiller
QUEL plaisir de contempler les arbres en fleurs au printemps ! L’un des plus beaux est le cornouiller.
Il pousse dans les régions tempérées de l’hémisphère nord, bien qu’une espèce croisse au Pérou. Il est répandu dans tout l’est des États-Unis, prospérant de la Floride au sud du Canada et vers l’ouest jusqu’au Kansas et en Oklahoma. C’est un arbre touffu qui atteint rarement plus de douze mètres. Dans les régions boisées le cornouiller croît souvent sous des arbres plus hauts. Il en existe plus de quarante espèces dont quatorze poussent aux États-Unis.
En Angleterre, au début du dix-septième siècle, on se servait d’une décoction diluée de sanguinelle (Cornus sanguinea) pour laver les chiens galeux et soigner les morsures de chien.
L’écorce du cornouiller contient les mêmes substances que celle du quinquina, mais en proportions différentes. Comme vous le savez peut-être, l’écorce du quinquina fournit la quinine dont les propriétés fébrifuges sont connues depuis l’époque des conquistadores. Mais, pendant la guerre de Sécession, on donnait aux blessés et aux malades un tonique à base d’écorce de cornouiller, à la fois fébrifuge et antiseptique.
La légende du cornouiller
Quand on parle du cornouiller, la plupart des gens pensent à ses fleurs renommées pour leur beauté. Elles portent des bractées et non des pétales. Ces bractées, blanches ou roses, entourent gracieusement un groupe de minuscules fleurs jaunes qui constituent la fleur proprement dite. Chaque bractée présente à son extrémité une encoche entourée d’un soupçon de couleur rouille.
Cette teinte a donné lieu à une légende selon laquelle le poteau sur lequel Jésus Christ a été cloué était fait de cornouiller. Par compassion pour cet arbre et afin qu’il ne serve plus d’instrument de torture, Jésus aurait décrété qu’il deviendrait plus petit et que ses bractées porteraient la marque des clous. C’est pourquoi, dit la tradition, un soupçon de couleur rouille entoure les encoches. Cette légende est devenue si populaire qu’aujourd’hui c’est la seule chose à laquelle beaucoup de gens pensent quand ils voient un cornouiller. N’oublions pas toutefois qu’il ne s’agit que d’une tradition sans rapport avec la Bible.
À la fois beau et utile
En faisant le cornouiller, le Créateur a produit non seulement un bel arbre, mais encore un arbre utile. Outre les propriétés fébrifuges de son écorce, les colons américains avaient découvert que le cornouiller est un bois dur, lourd, au grain serré, qui convient bien pour faire les manches d’outils, les navettes de tisserand, les planches et les supports des graveurs ainsi que du charbon de bois pour la poudre à canon. Ils confectionnaient de l’encre noire en mélangeant de l’écorce de cornouiller avec du sulfate de fer. Cette même écorce servait aussi à préparer une décoction contre la fièvre intermittente. Quant aux brindilles de l’arbre, elles étaient employées comme brosses à dents. Avec le tronc et les branches basses on fabriquait des meubles, et les rameaux servaient de bois de chauffage. Les feuilles, riches en calcium, constituaient un bon fourrage pour le bétail. De plus, les colons savaient que les Indiens teignaient leurs couvertures et leurs ceintures avec une teinture écarlate provenant des racines du cornouiller.
Aimeriez-vous avoir un cornouiller dans votre jardin toute l’année ? Vous pouvez évidemment en acheter un spécimen chez un pépiniériste, mais on peut aussi greffer des cornouillers, en faire pousser à partir d’une bouture ou planter des graines. Le fruit d’un rouge vif (la drupe) mûrit en automne quand l’arbre est écarlate. Il est à la fois décoratif et utile, car il contient deux graines. Avant de les planter il faut les faire tremper toute une nuit dans de l’eau de pluie, puis enlever l’enveloppe extérieure. Les cornouillers poussent volontiers à partir de boutures prises sur du bois adulte ; d’ailleurs, en Amérique du Nord, on en greffe depuis 1731. Un greffon d’un arbre rose pâle enté sur un sujet rouge foncé, ou le contraire, produit un effet splendide au moment de la floraison.
Quelques suggestions utiles
Les cornouillers prospèrent aussi bien en plein soleil qu’à l’ombre des grands arbres ; néanmoins ils préfèrent le soleil. Ils s’adaptent à presque tous les sols, du plus riche au plus pauvre. Les spécimens provenant des pépinières se plantent facilement, mais ils ne demandent pas d’engrais, car celui-ci pourrait les tuer. On doit les planter peu profondément, bien les arroser et leur donner de l’humus, surtout pendant le premier été. Une clôture placée autour du jeune arbre le protégera des hommes et des machines jusqu’à ce qu’il soit plus grand et moins vulnérable.
Pendant la floraison, vous désirerez peut-être embellir votre intérieur avec quelques branches fleuries. Voici un conseil qui vous permettra de garder les fleurs plus longtemps : fendez les tiges et pelez-en les bouts sur quatre ou cinq centimètres. Plongez-les ensuite durant une minute dans l’eau chaude, mais non bouillante. Cela arrêtera l’action des capillaires et prolongera la fraîcheur de la fleur. Vous devrez aussi changer chaque jour l’eau des vases.
Avec ses branches horizontales et son feuillage coloré, le cornouiller a vraiment belle apparence. On comprend que la Virginie et la Caroline du Nord, de même que la Colombie britannique (Canada), aient pris sa fleur comme emblème. L’arbre lui-même est l’emblème de l’État du Missouri. Le cornouiller convient aussi bien à un petit jardin qu’à un parc. Mais pour beaucoup d’entre nous, il est un bel hommage à Jéhovah Dieu, le Créateur de la végétation qui rend la vie si agréable pour l’humanité.