mise dans un cachot tout noir — où l’on enferme habituellement les fous — pendant trois semaines. Mais dès mon retour parmi les autres sœurs, je me suis de nouveau procuré des écrits bibliques dont je leur ai fait profiter.

“En 1954, toutes les femmes ont été transférées à Halle. Les responsables de la prison m’ont classée parmi les détenues particulièrement ‘dangereuses’, car l’un des gardiens, une femme, avait dit que je parlais de la Bible du matin au soir. On m’a donc mise dans une cellule au sous-sol avec d’autres témoins qui n’avaient pas le droit de travailler. Là, nous avons vraiment parlé du matin au soir de la Bible et des articles de La Tour de Garde dont nous nous souvenions encore. Puis, le 1^er novembre 1960 j’ai été libérée, après dix années de réclusion.”

Trois ans après ma femme, j’ai moi-​même été libéré, et l’on m’a permis de la rejoindre à Berlin Ouest. Dès que j’ai eu récupéré des forces, car j’étais très affaibli, j’ai repris la prédication à plein temps. Grâce à la faveur imméritée de Jéhovah, ma femme et moi sommes toujours dans ce service béni.

Une chose est certaine : Quand en 1922 j’ai connu la vérité de Dieu, je n’aurais jamais pensé que ma seconde femme et moi passerions quarante années dans les prisons et les camps de concentration. Mais, comme l’apôtre Paul, nous pouvons dire : “Dans les prisons (...), sous les coups, à l’excès, souvent à deux doigts de la mort (...), dans le travail et la peine”, nous sommes déterminés à demeurer fermes comme “ministres de Christ”. — II Cor. 11:23-27.

Prenez garde à l’impureté spirituelle

PARLANT de ses disciples, Jésus Christ a dit : “Ils ne font pas partie du monde, comme je ne fais pas partie du monde.” (Jean 17:14). Cela signifie-​t-​il que les vrais chrétiens doivent vivre en reclus et éviter tout contact avec leurs semblables ? Non, car il leur faudrait alors sortir du monde (I Cor. 5:10). Ils ne font “pas partie du monde” en ce sens qu’ils ne suivent pas le monde dans la recherche du pouvoir, des richesses, de la débauche et des pratiques illicites (Mat. 6:31, 32 ; I Pierre 4:3). La plupart d’entre eux occupent le même genre d’emploi, s’habillent de la même façon et ont des divertissements assez semblables. Mais ils ne s’associent pas aux efforts déployés par le monde en général, ni par les dirigeants et les chefs religieux en particulier, lesquels cherchent à perpétuer un système de choses décadent et décevant.

Si les chrétiens adoptaient les voies immorales, trompeuses et égoïstes du monde, ils seraient impurs et souillés aux yeux de Dieu. Jéhovah ne pourrait pas se servir d’eux comme de ‘vases pour un usage honorable’ dans son culte pur. — II Cor. 6:17 ; II Tim. 2:21, 22.

Pareillement, un chrétien ne peut espérer demeurer pur en marchant sur la ligne de démarcation entre les voies du monde et celles de Dieu. Un tel homme montrerait ainsi que son esprit est partagé et qu’il n’est pas complètement soumis à Jéhovah. Il ne tarderait d’ailleurs pas à devenir de plus en plus négligent vis-à-vis des choses spirituelles et à être inconstant dans son attachement à Dieu. — Jacq. 1:6-8.

UN EXEMPLE BIBLIQUE HISTORIQUE

Même la fréquentation étroite de personnes aussi négligentes peut nuire à notre spiritualité. C’est ce que Dieu a fait comprendre aux Israélites revenus d’exil en Babylonie, par l’entremise de son prophète Aggée. Dans sa bonté, Jéhovah les avait libérés. Durant leur longue et dangereuse traversée du désert, il avait protégé le petit nombre de Juifs qui avaient décidé de retourner à Jérusalem. À ce moment-​là, leur cœur était animé du désir de rétablir le culte de Jéhovah et de reconstruire son temple. En arrivant, ils ont vu la ville dans un état de désolation complète. Mais Jéhovah n’a cessé de les bénir tandis qu’ils jetaient les fondations du temple. Ils se sont ensuite mis à cultiver la terre et à se construire des maisons.

Tant qu’ils étaient fidèles, Jéhovah les avait abondamment bénis ; mais la plupart de ces rapatriés ont oublié la raison principale pour laquelle Dieu les avait ramenés d’exil. Ils sont devenus indifférents à l’égard de la construction du temple et de la glorification du nom de Dieu au moyen du culte pur. La décoration de leurs propres demeures les intéressait plus que la maison de Jéhovah. Mais Dieu les ramena à la raison. Par l’entremise de leurs prêtres qui connaissaient la Loi, il leur a fait prendre conscience de leur pauvreté spirituelle. Il leur demanda : “Si un homme porte de la chair sainte dans le pan de son vêtement et qu’il touche avec son pan du pain, ou un ragoût, ou du vin, ou de l’huile, ou toute sorte de nourriture, est-​ce que cela deviendra saint ?” Les prêtres répondirent : “Non !” — Aggée 2:10-12.

La “chair sainte” était celle d’un animal qui avait été offert en sacrifice à Jéhovah. La portion qui revenait aux prêtres devait être consommée dans un lieu “saint” ou “pur”. (Lév. 10:14, 17.) Quoique sainte, la chair qu’un homme portait dans son vêtement ne rendrait pas sainte une autre sorte de nourriture par simple contact entre le vêtement et la nourriture en question.

“Puis Aggée dit : ‘Si quelqu’un devenu impur de par une âme décédée touche à l’une quelconque de ces choses, est-​ce que celle-ci deviendra impure ?’ Alors les prêtres répondirent et dirent : ‘Elle deviendra impure.’” (Aggée 2:13 ; voir Nombres 19:11-13). Ici, les prêtres reconnaissaient que tout contact avec une chose impure rend automatiquement impur.

Puisque les Israélites négligeaient le culte de Dieu en s’occupant essentiellement de satisfaire leurs propres désirs égoïstes, ils étaient impurs et transmettaient cette impureté à tout ce qu’ils touchaient. Dieu dit en effet : “‘Ainsi est ce peuple, et ainsi est cette nation devant moi’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et ainsi est toute l’œuvre de leurs mains, et ce qu’ils présentent là. C’est impur.’” (Aggée 2:14). Aussi, ils avaient beau semer, Dieu ne bénissait pas leur récolte et l’œuvre de leurs mains. Au contraire, leurs céréales étaient frappées par le dessèchement et par la rouille. — Aggée 2:15-19.

Jéhovah ne pouvait les bénir tant qu’ils ne ‘reviendraient’ pas à lui et ne se purifieraient pas de leur indifférence. Certes, ils lui offraient encore des sacrifices, mais aux yeux de Jéhovah l’obéissance et un culte rendu d’un cœur sincère valent plus que de simples sacrifices ou qu’un culte purement formaliste. — I Sam. 15:22.

Heureusement, les Israélites ont écouté le conseil d’Aggée et de Zacharie, et ils ont achevé la reconstruction du temple. La Bible dit aussi qu’Israël a connu la prospérité, comme Dieu l’avait promis dans Deutéronome 28:1-14. — Aggée 2:18, 19.

UNE LEÇON POUR LES CHRÉTIENS DES TEMPS MODERNES

Tout ce que Jéhovah a dit aux Juifs et tout ce qu’il a fait pour eux ne l’a pas été uniquement pour leur profit. Dieu révélait ainsi ses pensées. Si nous prenons ces exemples du passé en considération, nous saurons mener une vie pure. L’apôtre Paul écrit : “Or ces choses leur arrivaient comme exemples, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous sur qui sont venues les fins des systèmes de choses.” — I Cor. 10:11.

Gardant les paroles de Paul présentes à l’esprit, considérons les propos relatifs à la pureté et à l’impureté échangés entre Aggée et les prêtres, et voyons comment ils peuvent nous servir d’avertissement. Nous dégagerons d’abord le principe suivant : Celui qui, tel un “vase” de Jéhovah, porte quelque chose de saint, ne peut communiquer automatiquement ou sans efforts cette sainteté à une autre personne. Par exemple, les vrais chrétiens ont la vérité ‘présente en eux’ et l’esprit de Dieu ‘habite en eux’, ce qui les rend purs ou saints aux yeux de Dieu (II Pierre 1:12 ; Rom. 8:9). Mais ils doivent néanmoins faire des efforts pour parler et vivre selon la vérité, et pour ‘posséder leur propre vase dans la sanctification et l’honneur’. (I Thess. 4:4.) Les gens du monde impur qui entrent en contact avec les chrétiens ne deviennent pas automatiquement saints ou purs. Même s’ils acceptent la vérité de la bonne nouvelle, il faut du temps et des efforts pour les enseigner et leur montrer le bon exemple ; de leur côté, ces personnes doivent faire l’effort d’écouter, d’apprendre et de purifier leur vie.

D’autre part, un chrétien peut facilement se laisser contaminer s’il fréquente ceux qui ne respectent pas la vérité et les principes bibliques. C’est ce que souligna l’apôtre chrétien Paul, en ces termes : “Ne savez-​vous pas qu’un peu de levain fait fermenter toute la masse ?” (I Cor. 5:6). Par conséquent, les chrétiens doivent veiller très attentivement à leurs fréquentations, car elles peuvent être un piège pour eux. Malheureusement, certains membres des congrégations de témoins de Jéhovah ne tiennent pas compte de cette mise en garde et pensent qu’il n’est pas dangereux de fréquenter étroitement ceux qui ne sont pas des serviteurs de Dieu baptisés. Ils prennent ainsi de gros risques.

Évidemment, parmi les personnes qui étudient la Bible avec nous, il y en a qui ont une personnalité agréable, qui font des progrès et aiment notre compagnie et celle des membres de la congrégation. Ces personnes ont besoin que nous les encouragions et les aidions. Mais il y a aussi ceux qui n’ont aucun intérêt pour la Bible et qui ne désirent pas écouter la bonne nouvelle. Certes, parmi eux se trouvent des gens honnêtes et respectables selon les critères du monde ; néanmoins, il serait mal de les fréquenter étroitement, car tous ceux qui ne sont pas des chrétiens voués font des choses qui déplaisent à Dieu et représentent un risque de contamination pour les serviteurs de Jéhovah. Ils peuvent accaparer leur temps, leur cœur et leur esprit, les détournant ainsi du culte pur. Dans Éphésiens 2:3, l’apôtre rappelle ce qui suit aux chrétiens : “Parmi eux, jadis, nous nous conduisions tous selon les désirs de notre chair, accomplissant les choses que voulaient la chair et les pensées, et nous étions par nature des enfants du courroux, oui, comme les autres.”

Pareillement, si un membre de la congrégation chrétienne est indifférent à l’égard du culte pur et du service de Dieu, sa négligence risque de devenir une sorte de levain, spirituellement parlant, qui contaminera les autres membres de la congrégation. En conséquence, si vous êtes chrétien, prenez garde. Vous pouvez devenir impur en négligeant le culte pur. Vous pourriez alors développer de l’indifférence à l’égard du peuple de Jéhovah, des réunions, du service du champ et des assemblées. Votre amour pour vos frères risquerait de se refroidir, et vous pourriez même perdre la foi, “le péché qui nous entrave facilement”. (Héb. 12:1.) Vous seriez alors un danger pour les autres. En fréquentant les gens du monde ou même des chrétiens qui ont le cœur partagé ou qui sont froids, craintifs ou indifférents à l’égard du vrai culte, vous risquez de perdre des bienfaits spirituels et même la vie.

LA PROSPÉRITÉ SPIRITUELLE APPARTIENT À CEUX QUI SONT PURS

Ceux qui veillent à leur pureté en gardant une foi solide et en restant attachés au culte pur et à leurs frères dans la foi, ne s’attendent pas à connaître une grande prospérité matérielle. Ils recherchent plutôt les bienfaits et la prospérité d’ordre spirituel. Toutefois, ils ont la certitude qu’en agissant ainsi ils auront le nécessaire sur le plan matériel (Mat 6:31-34). Sans aucun doute, Jéhovah a donné à notre époque une grande prospérité spirituelle à ses témoins. Ils ont fait tout leur possible pour étendre la prédication de la bonne nouvelle du Royaume aux extrémités de la terre. Ils sont actifs dans plus de 200 pays, et les centaines de milliers de personnes qui se joignent à eux chaque année pour pratiquer le culte pur sont une preuve éclatante que Jéhovah bénit leur zèle. Ce sont là des faits qui peuvent être vérifiés dans l’Annuaire des témoins de Jéhovah.

Jéhovah se montre vraiment plein d’amour à l’égard de son peuple, et il fera prospérer ceux qui l’aiment. Si nous continuons à nous montrer vigilants, nous connaîtrons la réalisation de cette promesse divine : “Or, nous ne sommes pas de ceux qui reculent pour la destruction, mais de ceux qui ont foi pour la conservation de l’âme en vie.” — Héb. 10:39.

Pourquoi une rançon si chère ?

AU COURS de l’Histoire, des hommes ont sacrifié leur vie pour permettre à d’autres de vivre quelques années de plus. C’est une attitude très noble et digne de louanges. Parmi ces hommes, il en est un dont la mort a eu des conséquences beaucoup plus grandes que la mort de tous les autres réunis. Il s’agit de Jésus Christ. En effet, sa mort sacrificielle a posé un fondement qui permet aux hommes non pas de prolonger leur vie de quelques années seulement, mais d’obtenir la vie éternelle.

La plupart des gens ont du mal à comprendre que la mort de Jésus Christ puisse avoir des conséquences aussi grandes. Dans d’autres cas, par exemple en cas d’incendie, d’inondation ou d’autre chose du même genre, on voit tout de suite la nécessité d’une intervention et les résultats de celle-ci. Mais il en a été autrement à propos du sacrifice de Jésus. Pour beaucoup de gens, la mort sacrificielle de Jésus sur un poteau de supplice a été un obstacle qui les a empêchés d’accepter le christianisme. Il y a plus de dix-neuf siècles, l’apôtre Paul écrivit : “Le langage du poteau de supplice, en effet, est sottise pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes en train d’être sauvés, il est puissance de Dieu. (...) Nous prêchons Christ attaché sur un poteau, sujet d’achoppement pour les Juifs et sottise pour les nations.” — I Cor. 1:18, 23.

D’après ces paroles de l’apôtre Paul, il est dangereux de qualifier la mort de Jésus et ses conséquences de “sottise” et de considérer cela comme une pierre d’achoppement. Comme le dit Paul, c’est ainsi que réagissent “ceux qui périssent”. Nous ferons donc preuve de sagesse en examinant pourquoi Jésus Christ ne pouvait racheter l’humanité autrement qu’en offrant sa vie en sacrifice.

LA RANÇON DANS LES ÉCRITURES HÉBRAÏQUES

Pour cela, il nous sera utile de considérer la manière dont les Écritures hébraïques utilisent le mot “rançon”. Il est employé