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L’unification du monde est-elle pour bientôt?Réveillez-vous ! 1979 | 22 juin
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L’unification du monde est-elle pour bientôt?
DROGUE
CRIMINALITÉ
TERRORISME
GUERRE
NATIONALISME
HAINE
ÉGOÏSME
L’HUMANITÉ aurait tout intérêt à ce que le monde soit uni. Mais n’est-ce là qu’une utopie, un rêve, ou bien existe-t-il de bonnes raisons de penser que cet objectif est enfin à notre portée?
Si vous êtes de ces gens qui voyagent beaucoup, vous avez certainement remarqué combien il est difficile de gérer convenablement son budget en passant d’un pays à l’autre, surtout lorsqu’il faut jongler avec les taux de change pour savoir ce que représentent dans votre monnaie d’origine les deutsche marks que vous avez convertis en lires, puis en livres anglaises ou en dollars, voire en yens. Nul doute qu’après vous être livré à un tel calcul mental, vous ne soyez pleinement conscient des avantages qu’apporterait l’unification du monde, ne serait-ce qu’en instituant une monnaie commune.
Que dire également de ces vérifications de passeport fastidieuses ainsi que des contrôles douaniers qui n’en finissent plus? Si le monde était uni, on éviterait toutes ces contraintes et ces pertes de temps. C’en serait fini des “Veuillez ouvrir vos valises”, “Combien de temps comptez-vous séjourner ici?”, “À quel endroit?”, “Pour quelle raison?”; oui, toutes ces questions qui vous feraient presque passer pour un indésirable n’auraient plus lieu d’être.
Certes, il y a des problèmes autrement plus graves que ces inconvénients, somme toute mineurs, mais l’unification du monde les résoudrait eux aussi. Alors, il n’y aurait plus de divergences politiques, plus de critiques ni d’échanges acerbes, avec tout leur cortège de représailles, qui vont de l’embargo économique et au contrôle des changes jusqu’à la rupture des relations diplomatiques, voire à la guerre, avec tout ce qu’elle comporte de misère et de souffrances inutiles.
Vous représentez-vous les sommes d’argent énormes qui pourraient être affectées ailleurs qu’à la défense nationale si les différends politiques prenaient fin? Il y aurait alors largement de quoi fournir à chacun un logement décent, un emploi correct et d’excellentes conditions de travail. Les régions défavorisées pourraient devenir habitables, et il y aurait encore de quoi bâtir des routes, construire des hôpitaux et améliorer le système scolaire. Oui, la liste de tout ce qui deviendrait possible est pratiquement illimitée.
Vu les nombreux bienfaits qui découleraient de l’unification du monde, on comprend que l’on ait tenté à plusieurs reprises d’y parvenir. Ces efforts furent d’ailleurs couronnés de succès, tout au moins en partie, avec l’unification de peuplades éparses pour former de grandes puissances. Ainsi se sont constitués successivement le Saint-Empire romain, l’Empire britannique et, plus récemment, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
D’autres tentatives, qui ne répondaient pas forcément à un objectif d’intégration politique, n’en ont pas moins contribué à étendre l’unité de pensée et d’action entre certains groupements nationaux. Citons par exemple la Ligue arabe et l’Organisation des Nations unies.
Nombreux sont ceux pour qui l’unification mondiale n’en reste pas moins une utopie. Ils ne manquent pas de faire observer que le Saint-Empire romain ainsi que l’Empire britannique ont fini par se disloquer avec le temps et que même des gouvernements fédéraux stables rencontrent des problèmes, par exemple au Canada où l’on redoute que le Québec fasse sécession.
Il apparaît donc que l’unification du monde, pour désirable qu’elle soit, se heurte à un courant de forces qui s’y opposent. Abba Eban, ex-ministre des affaires étrangères de l’État d’Israël, fit cette remarque: “L’un des paradoxes de notre temps, c’est que, parallèlement à la recherche de formes d’intégration élargies, telles que les Nations unies, le Marché commun, l’Organisation des États d’Amérique ou l’Organisation de l’Unité africaine, il se produit une véritable prolifération de petits États souverains.” Les quatorze années qui se sont écoulées depuis que ces paroles ont été prononcées n’ont fait que confirmer leur justesse, puisque beaucoup de nouvelles nations sont apparues, telles que l’Angola, le Bangladesh et le Botswana, pour ne citer que ces trois-là. Aujourd’hui, les Nations unies comptent 150 États membres, le plus haut chiffre jamais atteint.
Est-il réaliste de parler d’unification mondiale, alors qu’on assiste à une telle recrudescence du nationalisme? Eh bien oui! Nous considérons que l’unification mondiale est non seulement souhaitable et possible, mais qu’elle est même inéluctable. Nous pensons également qu’elle apportera à l’humanité des bienfaits dont on ne peut actuellement que rêver.
Mais une question demeure, c’est de savoir comment au juste cet objectif sera atteint. En Europe occidentale, beaucoup semblent considérer que la construction de l’Europe politique serait un pas en avant dans la bonne direction. Mais un tel projet, à supposer qu’il aboutisse, s’avérerait-il être un progrès décisif? L’unification du monde deviendrait-elle grâce à lui un objectif enfin réalisable? Laissons parler quelques faits.
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L’Europe politique — un pas dans la bonne direction?Réveillez-vous ! 1979 | 22 juin
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L’Europe politique — un pas dans la bonne direction?
PENDANT des siècles, l’Europe représenta le centre de la civilisation et de la culture dans le monde. Elle fut en effet le théâtre de la Renaissance; elle vit éclore la révolution industrielle et organisa les grandes explorations vers des terres “inconnues” qui devinrent par la suite des colonies dont certains des habitants furent convertis au christianisme, ou tout au moins à ce que l’on appelait ainsi par opposition au paganisme. Même aujourd’hui, l’influence de l’Europe se fait encore sentir en maintes régions de la terre.
C’est ce qui explique pourquoi tant de gens pensent qu’une union européenne, voire des “États-Unis d’Europe”, auraient une influence bénéfique sur le reste du monde. Serait-ce là un pas dans la bonne direction, c’est-à-dire dans le sens de l’unification du globe?
Les tentatives d’unification
En 1849 se tint à Paris un congrès présidé par Victor Hugo, dont l’objectif était d’instaurer une paix universelle par la création d’États-Unis d’Europe. Plus tard, dans un esprit identique,
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