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Les Églises dans l’arène politiqueLa Tour de Garde 1982 | 15 avril
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la défense de programmes qu’elles n’approuvaient pas.
Le Conseil œcuménique des Églises, qui a son siège en Europe, s’est immiscé dans la politique d’une autre manière encore, puisque, depuis 1970, cet organisme aurait fait don de trois millions de dollars à divers mouvements politiques révolutionnaires.
Des ministres ordonnés ont aussi cherché à se faire élire à des postes gouvernementaux. Mais voici, d’après une coupure de presse, ce qui est peut-être la dernière étape de l’engagement politique: “Des prêtres philippins abandonnent leurs paroissiens pour rejoindre les rebelles.” L’article parlait de quatre prêtres catholiques qui avaient rejoint un mouvement de guérilleros communistes. Cette participation active à des mouvements extrémistes est très fréquente, mais elle a déjà coûté cher. En Amérique latine, elle a entraîné la mort, l’enlèvement ou l’exil d’environ 850 prêtres, religieuses et laïques au cours des dix dernières années.
Que pensez-vous d’une telle activité politique de la part de chefs religieux? L’approuvez-vous? Êtes-vous partagé? Peut-être ne voyez-vous rien de mal à ce qu’une religion s’exprime discrètement sur des questions politiques, mais êtes-vous mal à l’aise de savoir que des prêtres prennent part à des révolutions?
Cependant, si nous approuvons l’immixtion de la religion dans la politique, il est difficile de dire où cela doit s’arrêter. S’il est convenable que des ministres ordonnés exercent certaines pressions dans une capitale en faveur de programmes qu’ils jugent bons, pourquoi serait-il mal que des fondamentalistes protestants organisent des groupes de pression à l’échelle nationale dans le but de favoriser des programmes qui leur paraissent importants? Maintenant, si la Majorité morale peut parler en faveur de la défense d’Israël, pourquoi le Conseil œcuménique des Églises ne pourrait-il pas contribuer financièrement aux causes militaires qu’il approuve? Et si cela non plus n’est pas mal, pourquoi des prêtres catholiques, en Amérique du Sud ou en Asie, ne pourraient-ils pas choisir de combattre et de donner leur vie plutôt que de payer pour que d’autres se fassent tuer?
Et pourtant, ne trouvez-vous pas qu’il y a quelque chose qui cloche dans ce raisonnement? Est-ce vraiment là le meilleur moyen d’aider les hommes en ces jours difficiles?
L’effort de la religion pour exercer une influence dans le domaine politique n’est pas chose nouvelle. Le tableau ci-dessous rappelle quelques événements importants dans lesquels religion et politique ont été intimement liées.
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Comment la religion peut-elle apporter un soulagement?La Tour de Garde 1982 | 15 avril
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Comment la religion peut-elle apporter un soulagement?
L’OPPRESSION, la faim, l’effondrement des mœurs, la drogue, la menace d’une guerre nucléaire — ce sont là quelques-uns des problèmes que les ministres ordonnés de certaines religions s’efforcent de combattre par leur activisme. Il est clair que tous les chrétiens sont concernés par ce genre de problèmes. Mais l’immixtion dans la politique est-elle le moyen d’apporter un soulagement?
Les chefs religieux font de la politique parce qu’ils veulent donner une “note morale” ou avertir les gouvernements lorsque ceux-ci prennent la “mauvaise voie”. Mais quand ce sont les ecclésiastiques eux-mêmes qui prennent la mauvaise voie? Aux États-Unis, par exemple, un prêtre dévoué à la cause du nationalisme serbe plastiqua la maison d’un consul yougoslave. On ne peut que condamner un tel acte de terrorisme, surtout de la part d’un prêtre. Quels que soient ses mobiles, un prêtre prétend représenter Dieu. Or, la Parole de Dieu avertit clairement tous les croyants en ces termes: “Ne vous vengez pas vous-mêmes (...); car il est écrit: ‘La vengeance est à moi; c’est moi qui paierai de retour, dit Jéhovah.’” (Romains 12:19). Des actes comme celui du prêtre serbe ne peuvent qu’affaiblir la direction morale que certaines religions s’efforcent de donner.
Même au sein de l’Église catholique, beaucoup doutent sérieusement des prêtres et des religieuses qui prennent part aux révolutions. Un jésuite de Colombie a dit: “Les premiers à souffrir d’une révolte armée sont les pauvres, pas le clergé ni les évêques. Comment peut-on donc soutenir le point de vue de ces derniers?” Le pape lui-même a essayé de couper court à l’activisme de certains ecclésiastiques, en disant que le devoir d’un prêtre ou d’une religieuse est de satisfaire les besoins spirituels du troupeau, et non d’organiser la rébellion.
L’aide financière que le Conseil œcuménique des Églises accorde à certains groupes révolutionnaires donne aussi matière à controverse, d’autant plus que parmi les groupes ainsi aidés, il en est qui avaient déjà persécuté des missionnaires. C’est d’ailleurs ce qui a conduit l’Armée du Salut à se retirer temporairement de l’organisme en question.
Même les groupes de pression protestants aux États-Unis se sont attiré des critiques. Un rédacteur en chef a fait remarquer: “Dans les activités de la droite chrétienne, tout ce qui reste de chrétien, c’est le nom de Jésus.” Cet homme avait manifestement l’impression qu’en se mêlant de politique, les ecclésiastiques se comportaient plus en politiciens sans scrupules qu’en ministres religieux. Cela nous rappelle l’avertissement de Jacques, qui écrivit que le vrai chrétien doit se garder “exempt de toute tache du côté du monde”. — Jacques 1:27.
Pour les personnes réfléchies, l’activisme religieux soulève donc des questions bien épineuses. Mais que faut-il penser des ecclésiastiques qui se contentent de donner un avis “discret” sur certaines questions politiques bien précises? Même cette façon de faire pose des problèmes, car les points de vue des chefs religieux sont contradictoires. Cela n’apporte donc aucun soulagement.
Aux États-Unis, par exemple, certains ecclésiastiques militent pour le désarmement. D’autres, par contre, veulent que leur pays ait “l’armée la plus puissante jamais vue depuis la création”. La Majorité morale travaille pour la “survie de l’Amérique” et de son système capitaliste. Cependant, un représentant du Conseil œcuménique des Églises a écrit: “Pour sauver l’humanité de la destruction, du saccage, de l’exploitation et de l’oppression que le système capitaliste a engendrés, il faut une révolution mondiale.” Sur quoi il s’est mis à louer la version cubaine de cette “révolution mondiale”.
Même en matière de sexualité, les chefs religieux donnent des avis divergents. Comment voulez-vous donc que l’observateur sache quel critère “moral” il faut suivre et quelle “mauvaise voie” il faut éviter? La notion de “bien” et de “mal” varie-t-elle suivant le pays où l’on naît, le parti politique auquel on appartient, la couleur de la peau ou le niveau de vie? Dieu n’a-t-il pas fixé des principes qui puissent s’appliquer à tous les hommes?
De bien des façons, l’immixtion de la religion dans la politique a donc semé la confusion plutôt que d’introduire une note de “piété” dans les affaires du monde. Mais cela signifie-t-il que la religion n’a aucun rôle à jouer? Ne
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