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Ce que les guerres mondiales ont fait à ma familleRéveillez-vous ! 1979 | 22 avril
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grand-oncle, c’est-à-dire le frère de ma grand-mère, avait dix-sept ans. Il était sur le point d’achever ses études secondaires. Le lendemain de la remise des diplômes, il fut incorporé dans l’armée et partit au service militaire. Allait-il lui aussi devoir porter les armes contre des membres de sa famille qui ne lui étaient pas inconnus, bien qu’il ne les ait jamais vus?
Et qu’était-il advenu de mes grands-oncles qui vivaient en Allemagne, les frères de mon grand-père Rudy? L’un d’eux était prisonnier de guerre en Russie. Un autre était détenu en France, dans un camp militaire américain. Les prisonniers y étaient si mal nourris qu’un jour mon grand-oncle captura un chat qui s’aventurait près de la clôture de barbelés, le tua, l’écorcha et le mangea tout cru! Le jour même de l’armistice, le troisième frère voyageait en train dans un convoi militaire qui fut bombardé. Ce grand-oncle-là fut tué.
D’autres événements dramatiques se déroulaient dans le petit village d’Einberg où les quatre frères avaient grandi. Max, mon arrière-grand-père, s’était remarié quelques années auparavant et avait eu deux autres enfants. L’Allemagne était en train de perdre la guerre et les soldats des forces d’occupation se répandaient partout dans les campagnes. Les pères ayant pour la plupart quitté leur foyer pour rejoindre le front, les familles restaient sans aucune protection.
Il y eut des cas de brigandage, de pillage et de viol. Quand les villageois étaient avertis de l’arrivée des soldats, ils faisaient sortir leurs filles et les cachaient sous les meules de foin pour les soustraire au danger.
La guerre prit fin, mais la signature des traités de paix n’en effaça pas les traces. Mes grands-oncles rentrèrent en Allemagne, à Einberg, sauf bien sûr celui qui avait trouvé la mort dans le convoi. Mais, pour eux, la vie ne fut plus jamais la même. Le premier ne fit que se traîner d’hôpital en hôpital, pour finalement connaître une mort prématurée. Bernhard, le second, est venu dernièrement nous rendre visite en Californie. Son fils a déjà fait son service militaire en Allemagne, et mes autres oncles ont fait de même, ici en Amérique. À quoi tout cela rime-t-il? Et jusqu’où cela va-t-il nous mener?
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C’est bien beau de vouloir la paix — encore faudrait-il que les nations désarmentRéveillez-vous ! 1979 | 22 avril
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C’est bien beau de vouloir la paix — encore faudrait-il que les nations désarment
JAMAIS on ne souhaite tant la paix que lorsqu’on réfléchit aux horreurs de la guerre. La guerre du Viêt Nam, par exemple, a fait des millions de morts et de blessés horriblement mutilés. Mais ses conséquences ne s’arrêtaient pas là: six mois après leur retour aux États-Unis, 38 pour cent des anciens combattants américains se retrouvaient séparés ou en instance de divorce, 175 000 d’entre eux étaient héroïnomanes et un demi-million avaient fait au moins une tentative de suicide depuis leur démobilisation.
Pour illustrer les suites des atrocités de la guerre, voici le cas typique de Claude Eatherly, cet aviateur décédé l’été dernier qui était aux commandes du B-29, lorsque ce bombardier largua une bombe atomique sur Hiroshima. Ce militaire fut rendu à la vie civile en 1947 parce que les examens psychiatriques montraient chez lui “une névrose avancée associée à un complexe de culpabilité”. Dès lors, il ne fit plus que se traîner d’hôpitaux psychiatriques en hôpitaux psychiatriques. “Je le revois encore, raconta
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