Coup d’œil sur le monde
“Rupture à l’ONU”
Commentant la récente réunion tenue à l’ONU au sujet du problème des matières premières, le journal France-Soir a écrit sous ce titre : “Pauvres contre riches, monde contre monde... pourtant certains avaient cru que l’affrontement n’aurait pas lieu, que l’ONU, au cours de sa session consacrée aux matières premières, trouverait un compromis entre les ‘riches’ (les pays industrialisés) charitables et généreux et les ‘pauvres’ (le tiers monde) compréhensifs et modestes. Il n’en a rien été.
“La nuit dernière, aux Nations unies, le tiers monde (qui comprend aussi bien les émirats pétroliers que des pays africains ravagés par la sécheresse et la famine) a lancé un défi au monde riche et développé. La charte qu’il a adoptée proclame hautement ses droits : ses richesses sont à lui, il peut quand bon lui semble les nationaliser sans qu’aucune indemnisation ne soit explicitement prévue. Ce que l’Algérie d’abord, et la Chine ensuite, avaient ardemment souhaité est donc en train de se réaliser : le tiers monde fait bloc et semble préférer l’affrontement (à l’exemple de l’embargo pétrolier) à l’entente avec les ‘riches’.
“La cassure est nette. Les États-Unis et plusieurs pays occidentaux ont aussitôt fait savoir qu’ils considéraient comme inacceptable le ‘nouvel ordre économique’ préconisé par les ‘pauvres’.
“Reste maintenant à étudier les conséquences du défi lancé par le tiers monde. Ce dernier est loin d’être uni si l’on considère la présence dans le même groupe d’États où le pétrole se transforme immédiatement en or et d’autres où la misère (l’Inde par exemple) semble être une triste vocation définitive.
“Quant aux ‘riches’, il y a entre eux des divisions politiques (la France était favorable à cette session de l’ONU, mais pas les États-Unis) qui tôt ou tard reviendront à la surface. La rupture intervenue hier à l’ONU a rejeté les uns et les autres chacun dans son camp. Mais on s’apercevra très vite qu’il y a autant de différence entre certains ‘pauvres’ qu’entre certains ‘riches’.”
La famine continue en Afrique
Dans un appel lancé en faveur des victimes de la sécheresse au Sahel, le Comité national du mouvement de la paix a diffusé un texte dont voici quelques extraits : “Le 2 avril, à Genève, la Ligue des sociétés de Croix-Rouge a déclaré : ‘Le sort inéluctable de centaines de milliers de malheureux de Haute-Volta, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad semble être de mourir de faim avant que l’année n’arrive à son terme.’ Il est impensable que de nos jours un tel drame soit plus longtemps accepté comme une fatalité. Comment parler de fatalité, alors que l’on est capable, à tout moment, de transporter en quelques heures des milliers d’hommes armés, des centaines de chars et de canons d’un bout à l’autre du monde ?” Après avoir dénoncé l’“indifférence” et l’“inertie” de nombre de gouvernements et d’organisations internationales devant le drame qui se joue en Afrique, l’appel parle de “l’ampleur des ravages causés par la sécheresse : extension à outrance, dans la période coloniale, puis néo-coloniale, des cultures d’exportation qui ruinent les sols, déforestation, refus de mettre en œuvre (ou d’aider sérieusement) une politique d’ensemble de maîtrise de l’eau alors que les ressources en eaux superficielles et souterraines sont globalement suffisantes”. D’après ce rapport, il semble donc qu’au moins en partie la cupidité humaine soit responsable des souffrances actuelles de ces populations africaines.
1973 : Temps capricieux
D’après un rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale, l’année 1973 a été très capricieuse du point de vue météorologique. Suivant les régions de la terre, elle a battu des records à la fois de chaleur, de froid, de pluie et de sécheresse ! Les pays les plus touchés par la sécheresse sont ceux du Sahel africain, où les pluies ont été très inférieures à la moyenne. Mais d’autres pays encore ont connu une pluviosité insuffisante. Il en a été ainsi de la Hongrie, de la Grande-Bretagne, de l’Iran, du Japon, du Chili, de la Nouvelle-Zélande, des Antilles françaises et de la Nouvelle-Calédonie. Par contre, des régions de l’Inde et du Pakistan, Hong-Kong, l’Australie, l’Argentine et l’Italie ont eu des pluies diluviennes. D’autre part, des régions tempérées des États-Unis, telles que l’Alabama et la Caroline du Sud, ont été recouvertes de soixante centimètres de neige, ce qui ne s’était pas vu depuis plus d’un siècle et demi.
“Une faillite”
Sous le titre “Une faillite — Quand les voyantes jouent à colin-maillard...”, Jean-Pierre Castel écrivit dans Le Monde des 5-6 mai 1974: “Peu de faillites auront l’ampleur de celle qui vient d’éclater aux yeux d’une clientèle de curieux exigeants à l’occasion de la mort du président Georges Pompidou. À ma connaissance, pas une voyante, pas un distillateur d’horoscopes n’a annoncé l’événement, ni en début d’année lorsqu’il est de coutume de dresser le tableau des prédictions pour les douze mois à venir, ni même, ni surtout, dans les bulletins hebdomadaires qui avertissent à court terme des faits qui peuvent survenir. Si le contraire s’est produit qui m’aurait échappé, on le saurait par quelque publicité qui ameuterait la clientèle, comme cela se produisit lorsqu’un ‘mage’ se vanta d’avoir vu dans les nuées de l’avenir l’assassinat de Kennedy. Or des prédictions telles que ‘Un chef d’État sera en péril’ sont si fréquentes qu’on se félicite qu’elles ne se vérifient que très rarement. Il est tellement plus facile d’annoncer sans risques un amour contrarié chez une vedette de l’écran ou de la chanson, l’inquiétude, d’année en année, grandissante dans l’entourage du pape, un coup d’État en Amérique latine ou en Afrique, quelque catastrophe aérienne et des hécatombes sur les routes ! Mais l’attentat contre la princesse Anne, enfant chérie de la presse à sensation, qui est précisément la tribune des mages et des voyantes ? Et maintenant le président de la République. Deux ratages sensationnels. Imperturbables, les devins, point du tout confus, poursuivent leurs exercices. Puisqu’on leur en redemande !”
Un nouveau Transsibérien
Avec le concours de jeunes volontaires, le gouvernement soviétique vient de commencer la construction d’une nouvelle ligne de chemin de fer transsibérienne. D’après M. Brejnev, cette nouvelle ligne a pour but la création d’“une importante région industrielle” en Sibérie orientale, face à la Chine. Le premier secrétaire du parti communiste soviétique a affirmé que cette nouvelle voie de communication permettra la naissance de villes et d’entreprises industrielles et minières, ainsi que la mise en valeur de nouvelles terres. Ce nouveau Transsibérien sera long de 3 200 kilomètres. Les autorités soviétiques ont commencé les travaux à l’aide de jeunes volontaires, mais pour les achever le plus rapidement possible elles recherchent l’aide financière des Japonais.
L’Église luthérienne et l’homosexualité
Un rapport publié dernièrement par la Commission d’enquête sur les problèmes de l’homosexualité, commission créée par le Synode des évêques luthériens, a été l’objet du commentaire suivant du journal suédois Expressen : “La commission, qui était composée d’un théologien et de deux laïcs (un médecin et un psychologue), distingue ces catégories d’homosexuels : ‘épisodiques’, ‘prostitués’ et ‘par nature’. Ces derniers représentent environ 4 pour cent de la population suédoise. Elle estime que les couples d’homosexuels réguliers — appartenant à la troisième catégorie — devraient pouvoir obtenir une bénédiction de l’Église luthérienne, sans être ‘mariés’ au sens traditionnel du terme. Le mariage est, en effet, selon la Bible ‘une institution divine impliquant une union entre un homme et une femme’. La commission rejette l’idée que l’homosexualité est ‘contre nature’. ‘Personne ne peut affirmer avec certitude ce qui est naturel, souligne-t-elle. Les hétérosexuels, aussi bien que les homosexuels, peuvent vivre d’une façon morale ou immorale. La commission recommande que l’Église luthérienne collabore à l’étude des problèmes concernant l’homosexualité et les examine dans le cadre de l’enseignement théologique universitaire, comme dans celui de l’enseignement religieux donné dans les écoles.’”
Les catholiques italiens divisés
Le référendum sur le divorce organisé dernièrement en Italie a gravement divisé les catholiques de ce pays. La question posée aux votants était la suivante : “Voulez-vous que soit abrogée la loi du 1er décembre 1970, numéro 898, concernant les cas de dissolution du mariage ?” Le Parti démocrate chrétien (catholique) et le Mouvement social italien (néo-fasciste) étaient en faveur de l’abrogation de la loi. Tous les autres partis étaient contre, donc en faveur de la possibilité de divorcer. Tout l’épiscopat catholique a fait ouvertement campagne pour l’annulation de la loi de 1970. Quelques jours avant le référendum le pape Paul VI déclara aux évêques italiens : “En ce moment, nous ne pouvons pas taire notre pleine adhésion à la position que, par fidélité à l’Évangile et au magistère constant de l’Église universelle, l’épiscopat italien a prise dans les circonstances présentes (...). Votre affirmation de pasteurs sages et responsables de toute la communauté ecclésiale italienne, sur l’indissolubilité du mariage, fondée sur la parole du Christ et sur l’essence même de la société conjugale, exige de nous, et de nous en tout premier lieu, une confirmation ouverte.” Le pape semble avoir oublié que l’Évangile, reproduisant les paroles du Christ, déclare : “Je vous dis que celui qui renvoie sa femme — sauf pour fornication — et en épouse une autre, commet l’adultère.” (Mat. 19:9, Bible catholique d’Osty, 1973). La Bible autorise donc le divorce en cas d’infidélité conjugale, d’ordre hétérosexuel ou homosexuel. En tout cas, nombre de catholiques italiens n’ont pas suivi les conseils de leurs évêques, ni même du pape, puisque, par 59,1 pour cent contre 40,9, ils ont conservé la loi de 1970, autorisant le divorce.