Coup d’œil sur le monde
Un monde “multipolaire”
Parlant à Paris devant l’Association française pour la Communauté atlantique, le général américain Alexander Haig, commandant suprême des forces atlantiques en Europe, a déclaré : “Le monde, qui était bipolaire [l’Est et l’Ouest] est devenu multipolaire.” Soulignant les changements qui se sont produits dans le monde au cours des dernières années, le chef de l’OTAN a affirmé, premièrement, que les pays dominés par l’Union soviétique subissent des “pressions centrifuges” consécutives à l’accroissement du nationalisme et des difficultés socioéconomiques internes, deuxièmement, que les nations de l’Ouest se trouvent sous une dépendance accrue du tiers-monde en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières et en “énergie de plus en plus rare”, et, troisièmement, que ce tiers-monde est lui-même secoué par des changements “brutaux”, bon nombre de pays étant actuellement assujettis à des “régimes dictatoriaux de gauche ou de droite”. Le général Haig encourage les alliés de la Communauté atlantique à garder un bon équilibre entre l’indifférence et un alarmisme exagéré. Par exemple, il ne pense pas que l’Union soviétique lancera une attaque surprise en Europe occidentale ; en revanche, il estime que les flancs nord et sud de l’Europe sont plus vulnérables. Il est d’avis que les pays de l’OTAN devraient augmenter leurs efforts militaires de 5 pour cent, pour contrebalancer le renforcement du potentiel militaire soviétique, qui, d’après lui, serait de l’ordre de 4 ou 5 pour cent par an.
“Jésus, connais pas”
C’est sous ce titre que l’hebdomadaire français L’Express a publié un article qui déclarait notamment : “Ce jour-là, le professeur d’une ‘école active’ emmène ses élèves voir une exposition de primitifs italiens. Il fait remarquer ‘les lointains bleutés’ et ‘la naissance de la perspective’ quand Emmanuel, 7 ans, demande : ‘Mais qui c’est, la dame avec un bébé sur les bras qu’on voit partout ? Et le bébé, qui c’est ?’ Les premières questions sur Marie et Jésus en suscitent d’autres, élémentaires. Ces élèves viennent pourtant d’un milieu dit ‘privilégié’. Si certains ignorent tout du christianisme, religion la plus répandue en France, ils ne savent rien non plus du judaïsme et de l’islam. Ni la famille ni l’école ne leur ont fourni ces informations nécessaires à une simple culture générale. ‘Le succès de la laïcité a dépassé ses objectifs’, explique Monique Gilbert (...). Pourquoi ? ‘Quand l’enseignement français est devenu laïc, les éducateurs français pensaient qu’il serait complété par le catéchisme catholique, l’école du dimanche protestante ou le Talmud juif. Mais l’imprégnation religieuse a diminué ; d’où une lacune dans l’éducation.’ (...) Selon le psychanalyste Jacques Lacan, ‘le fait de ne jamais se poser de question religieuse est un signe de grave anomalie psychique’.”
Mutilations sexuelles
Selon un rapport publié par la Gazette de Lausanne, des millions de fillettes et d’adolescentes en Afrique et au Proche-Orient seraient victimes de coutumes barbares. Le journal suisse a déclaré : “Des millions de petites filles déchirées et mutilées dans la partie la plus intime de leur être — couture du sexe, ablation du clitoris — dans des conditions absolument primitives, sous le prétexte d’une ‘initiation sexuelle rituelle’, telle est la pratique séculaire autant que barbare qu’Edmond Kaiser, agissant au nom de Terre des Hommes, a dénoncée lundi à Genève, devant la presse internationale.” De son côté, le journal parisien Le Monde a écrit : “Au cours d’une conférence de presse, Terre des Hommes a présenté deux films dont la vue était à peine soutenable, montrant la douleur des enfants, maintenues de force, baignant dans le sang tandis qu’on leur mutilait le sexe, le tout dans une atmosphère de fête et de terreur. Le docteur Gérard Zwang, président de la Société française de pathologie sexuelle, a souligné que les mutilations des fillettes ont lieu sans anesthésie aucune.” Le journal vaudois a posé cette question pertinente : “Comment ces coutumes, qui se pratiquent dans vingt à vingt-cinq pays de plusieurs continents, sont-elles encore possibles au temps de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé ? Cette dernière association a bien été saisie, il y a bientôt vingt ans, d’une requête du Conseil économique et social des Nations unies, l’invitant à entreprendre une étude sur ‘la persistance des coutumes consistant à soumettre les filles à des opérations rituelles et sur les mesures prises et projetées pour mettre fin à ces pratiques’. L’OMS a rejeté cette requête, arguant que ‘les opérations rituelles en question résultent de conceptions sociales et culturelles dont l’étude n’est pas de la compétence de l’OMS’.” Le journal suisse a qualifié cette attitude de “conspiration du silence”.
L’URSS durcit sa position
Depuis quelque temps l’Union soviétique adopte une attitude plus ferme aussi bien à l’égard du monde occidental qu’envers la Chine et même vis-à-vis des partis communistes de certains pays occidentaux. M. Michel Zimianine, secrétaire du comité central du parti communiste de l’URSS, qui passe pour être l’idéologue numéro deux du régime soviétique, après M. Souslov, a déclaré : “La position de la Chine est directement préjudiciable à la lutte anti-impérialiste et à la cause de la paix.” Les Russes reprochent aux Chinois de s’être opposés à l’extension de l’influence soviétique en Afrique, notamment lors des conflits de l’Angola et du Zaïre. S’en prenant aux Américains, M. Zimianine a encore affirmé : “Les rapports entre l’URSS et les États-Unis ne peuvent reposer que sur l’égalité et la sécurité réciproque des parties, sur le strict respect de la non-ingérence.” À ce propos, il a dénoncé “la campagne démagogique et provocatrice déclenchée en Occident, sous le prétexte fallacieux de lutter contre la violation des droits de l’homme dans les pays socialistes (...). Cette préoccupation, ajouta-t-il, est une hypocrisie honteuse, une tentative pour créer un écran de calomnie antisocialiste, afin de camoufler la réalité enviable de l’impérialisme. À l’endroit des partis communistes occidentaux, ce théoricien soviétique a critiqué ceux d’entre eux “qui trahissent la cause de la révolution socialiste, qui versent dans l’opportunisme, la conciliation avec la bourgeoisie, s’écartent du léninisme et cherchent à le réviser”. M. Zimianine a préconisé le retour à deux idées forces du communisme ‘classique’ : la dictature du prolétariat et l’internationalisme prolétarien.
Le “faxogramme”
Les PTT suisses ont mis en service dans les principales villes de la Confédération un dispositif bien pratique : le faxogramme. Il s’agit de la reproduction à distance de documents : manuscrits, croquis, graphiques, etc. Ce procédé est plus rapide que le télex. Il n’exige pas de frappe mécanique, et il permet la restitution exacte de l’original. Ce système comporte un émetteur, qui enregistre le document à transmettre au moyen d’un rayon lumineux. Cet enregistrement est transformé en impulsions électriques, qui sont transmises à destination par l’intermédiaire du réseau téléphonique normal. Le récepteur reconvertit ces impulsions en image. Le destinataire est informé par téléphone de l’arrivée du document, lequel lui est envoyé par lettre exprès. Déjà utilisé depuis quelque temps par des entreprises privées (journaux, banques, services météorologiques, etc.), ce service est désormais étendu au grand public à des tarifs très modiques.
Israël : beurre ET canons
Un haut fonctionnaire du ministère israélien de la Défense a déclaré dernièrement : “Il y a deux domaines où nous sommes parvenus à des réalisations dont nous sommes particulièrement fiers : l’agriculture et la défense. Les premières ont de profondes motivations idéologiques. Les secondes nous ont été imposées par nos adversaires. Nous avons résolu le dilemme classique : ‘du beurre ou des canons’, en produisant les deux.” En effet, l’année, dernière Israël a exporté des matériels de guerre pour une valeur de 320 millions de dollars, se hissant ainsi au niveau d’autres pays ‘marchands de canons’ comme la Suisse, la Suède et l’Italie. La panoplie d’armes fabriquées en Israël et vendues à l’étranger comporte un avion de combat (le Kfir, équipé d’un réacteur américain), un tout nouveau char de combat (le Merkava, qui pèse 56 tonnes et est armé d’un canon de 105 mm), des mortiers, des obus, des missiles air-air, air-sol et mer-mer, des téléphones de campagne, des appareils de signalisation optique et d’autres appareils électroniques.
L’Église s’inquiète des “sectes”
Sous le titre “Un prêtre pour suivre les sectes dans cinquante-cinq diocèses”, le journal Ouest-France a publié un article de Madeleine Garrigou-Lagrange, qui déclarait notamment : “Du début à la fin de 1975, le nombre des ‘proclamateurs’, qui font le porte-à-porte pour annoncer la bonne nouvelle des Témoins de Jéhovah, a augmenté en France de 13 pour cent. Ils sont 64 091 [en fait plus de 67 000], leur moyenne d’âge avoisine 30 ans, et si cette expansion se poursuit au même rythme, vers 1980 ils seront à la fois beaucoup plus jeunes et plus nombreux que les religieux et les religieuses en France. Les Témoins de Jéhovah ne sont qu’une des innombrables religions ‘sauvages’ qui prolifèrent en même temps que se poursuit le dépérissement des religions officielles. Le Père Vernette, qui a été directeur national du catéchuménat, a été frappé par l’ampleur du phénomène, et notamment par un fait : tandis que le nombre annuel des baptêmes catholiques d’adultes est redescendu à 1 000, près de 10 000 adultes ont été baptisés chez les Témoins de Jéhovah, et 500 chez les Pentecôtistes. À la demande de l’épiscopat français, il vient d’étudier pendant trois ans la manifestation de ce réveil du sentiment religieux qui, a-t-il dit, jeudi, dans une conférence de presse, atteint toutes les couches de la société. (...) Selon le Père Vernette, il ne s’agit pas seulement d’un phénomène de civilisation lié au désarroi de la jeunesse et à l’éclatement des cultures. C’est aussi, et surtout, un phénomène que l’on retrouve dans l’histoire de toutes les religions, quand les hommes se lèvent pour retrouver la pureté des origines. (...) Il est temps pour l’Église, pense le Père Vernette, d’ouvrir les yeux et de cesser de marginaliser ce phénomène en parlant de secte et d’hérésie. Il s’agit plutôt de savoir en quoi le christianisme mis en accusation par ces religions sauvages doit changer pour devenir crédible. Premier signe de l’intérêt nouveau que l’épiscopat commencerait à manifester : depuis novembre, dans 55 diocèses, un prêtre est spécialement chargé de ce problème.”