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Les femmes envahissent le marché du travailRéveillez-vous ! 1978 | 8 janvier
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Les femmes envahissent le marché du travail
IL Y À quelques années, si vous aviez demandé à une petite fille ce qu’elle voulait être quand elle serait grande, elle aurait sans doute répondu: “Je voudrais être maman.” Aujourd’hui, si vous posiez la même question à une petite Américaine, il est probable que la réponse serait: “Je voudrais être la présidente”, ou “astronaute et maman”.
Pendant un temps, on plaignait et on critiquait les mères qui travaillaient hors du foyer alors qu’elles avaient des enfants en bas âge. Mais il s’est produit un tel revirement d’opinion que désormais de plus en plus de femmes s’excusent presque de n’être “que maîtresse de maison”.
Aux États-Unis, plus de 47 pour cent des femmes travaillent et leur nombre ne cesse d’augmenter. Elles représentent environ 40 pour cent de la population active de ce pays. Rien que pour l’année 1976, un million et demi de femmes sont venues grossir les rangs des travailleurs.
Cette arrivée massive des femmes sur le marché du travail a dépassé les prévisions des économistes et du ministère du Travail. Ils la qualifient d’“extraordinaire”, ou encore de “phénomène le plus marquant du siècle”. On ne s’attendait pas à voir les femmes représenter plus de 40 pour cent de la population active, tout au moins pas avant 1985.
On observe le même phénomène dans d’autres pays. En Belgique, un fonctionnaire du ministère de la Santé a prétendu que les femmes qui travaillent au-dehors sont en partie responsables de la multiplication récente de la vermine, des puces et des cafards signalée dans ce pays. “De plus en plus, l’homme et la femme partent travailler tous les deux le matin, a-t-il déclaré, et souvent ils sont trop fatigués pour nettoyer la maison quand ils rentrent le soir.”
Dans l’armée israélienne, des femmes sont chargées de l’instruction des troupes masculines. “Cela stimule les hommes, expliqua l’une d’elles; quand je cours trois kilomètres à la tête de ma section, pas un soldat n’abandonne en cours de route.”
Des observateurs américains sont surpris par le nombre de femmes qui veulent travailler et aussi par leur âge. Ces deux dernières années, en particulier, la plus forte augmentation a été enregistrée parmi les femmes âgées de 25 à 44 ans, âge où d’habitude elles restaient à la maison pour élever leurs enfants. Un grand nombre d’entre elles ont décidé de travailler, bien que leur mari subvienne à leurs besoins, parce que, à leurs yeux, exercer un métier vaut mieux que “n’être qu’une [simple] maîtresse de maison”.
Un marché oscillant
En ce qui concerne la main-d’œuvre féminine, le marché du travail a alterné entre la pénurie et l’abondance. Avant la Première Guerre mondiale, les femmes travaillaient rarement hors de chez elles et presque uniquement à des tâches considérées comme proprement féminines. Jusqu’à la fin des années 1880, même la dactylographie et le secrétariat étaient réservés aux hommes. Mais la guerre créa un besoin pressant de main-d’œuvre et fit affluer les femmes sur le marché. Ensuite, lors de la grande crise économique qui éclata en 1929, les femmes furent les premières victimes de la vague de licenciements qui couvrit les États-Unis et gagna ensuite les autres pays.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes étaient encore plus nombreuses à participer à l’effort de guerre. Elles ont alors occupé toutes sortes d’emplois considérés jusque-là comme strictement masculins, produisant la plus grande partie du matériel de guerre. À l’époque, “Rosie la riveuse” était l’héroïne des Américains. Mais, la paix revenue, un grand nombre de femmes retournèrent à leur foyer, licenciées parce que les usines d’armement fermaient leurs portes et parce qu’il fallait céder la place aux millions de soldats qui revenaient du front.
Beaucoup d’entre elles étaient heureuses de rentrer chez elles, et l’état d’esprit qui régnait dans le pays à cette époque n’encourageait pas les femmes à entreprendre une carrière professionnelle. Le temps de la guerre avec son chiffre record de personnel féminin (37 pour cent du total des femmes) fit place à la période qui connut le plus grand pourcentage de mariages et de naissances du vingtième siècle. Cependant, vers 1950, les femmes commencèrent à reprendre le travail et, en 1962, leur nombre représentait 36 pour cent des femmes, pourcentage à peine inférieur à celui de la Seconde Guerre mondiale; à présent, il atteint plus de 47 pour cent et continue de grimper.
Ce phénomène a soulevé une question brûlante. Quelle est la place de la femme: à la maison, au travail ou aux deux? Mais nous allons d’abord examiner les raisons qui poussent tant de femmes à se présenter sur le marché du travail.
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Les raisons pour lesquelles les femmes veulent travaillerRéveillez-vous ! 1978 | 8 janvier
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Les raisons pour lesquelles les femmes veulent travailler
SELON les sociologues, il existe plusieurs raisons pour lesquelles les femmes recherchent un emploi. D’une part, la femme moderne est moins prise par les travaux ménagers que ne l’était sa grand-mère. D’autre part, la femme d’aujourd’hui vit plus longtemps, a moins d’enfants, dispose de toutes sortes d’appareils ménagers et peut préparer rapidement à manger, si bien qu’elle se retrouve, souvent à l’âge de 35 ans, son dernier enfant à l’école et ne sachant que faire de son temps.
Beaucoup de femmes estiment que prendre un emploi au-dehors quand les enfants sont tous grands ou à l’école est une bonne solution. C’est pourquoi la moyenne d’âge des femmes salariées était de 42 ans en 1962, tandis qu’elle était de 26 ans en 1900 et de 37 ans en 1950.
La multiplication du nombre des divorces (rien qu’aux États-Unis, un million de femmes divorcent chaque année) vient grossir le nombre des femmes en quête de travail. Bien souvent, elles sont obligées de travailler pour vivre. Une enquête récente a montré que la plupart des pensions alimentaires accordées par les tribunaux, même lorsqu’elles sont versées régulièrement, représentent moins de la moitié des frais de l’éducation d’un enfant. Cet état de choses explique pourquoi les femmes séparées ou divorcées constituent près des deux tiers de la population féminine active.
Qui plus est, bien des femmes qui voient leurs amis, leurs voisins et même leurs parents divorcer, se demandent s’il ne serait pas plus prudent de prendre dès à présent des dispositions, au cas où elles se trouveraient un jour dans l’obligation de subvenir à leurs propres besoins. Est-il réaliste, se demandent-elles, de penser qu’un homme pourvoira à vos besoins toute votre vie? En conséquence, pour une femme mariée, l’emploi représente la garantie qu’elle ne se retrouvera pas, à quarante ans, divorcée avec plusieurs enfants à charge et sans expérience ni références professionnelles.
D’autre part, beaucoup de femmes mariées cherchent du travail parce que le salaire de leur mari est insuffisant. En effet, à cause de l’inflation, certaines familles n’arrivent plus à joindre les deux bouts. D’autres femmes désirent simplement acheter des biens de consommation que la famille ne pourrait pas s’offrir autrement. Ou bien elles souhaitent un niveau de vie que le salaire du mari n’autoriserait pas à lui seul.
Si l’emploi du mari est saisonnier ou irrégulier, le salaire de la femme équilibre le budget et permet de faire face aux périodes difficiles. Cela est d’autant plus vrai que la plupart des femmes travaillent souvent dans des secteurs moins rapidement touchés par le chômage que les professions traditionnellement masculines, telles que le bâtiment ou l’industrie.
Une influence majeure
Bien que les facteurs cités ci-dessus aient contribué à faire venir beaucoup de femmes sur le marché du travail, le mouvement de libération de la femme semble être le principal responsable de cette tendance. Les idées qu’il défend ont amené beaucoup de femmes qui ne militent pas pour autant dans ce mouvement à se désintéresser du travail domestique. Désormais, elles veulent exprimer leur personnalité et affirmer leur indépendance au-dehors du foyer. Elles souhaitent que leur monde cesse de se confiner à leur famille.
Pour certaines femmes, le mariage lui-même est une institution périmée qui n’est plus viable dans un monde moderne doté d’une nouvelle morale. Par conséquent, elles sont de plus en plus nombreuses à rejeter le rôle de mère de famille dévolu traditionnellement à la femme. Aux États-Unis, la moyenne des naissances est à son niveau le plus bas: elle est passée de 3,7 enfants par famille en 1957, à 1,8 en 1975, et elle a continué de baisser en 1976.
Alors que, dans les années 1950, les mères avaient tendance à ne pas travailler tant que leurs enfants n’allaient pas à l’école, la plupart des femmes d’aujourd’hui ne veulent plus attendre. La vie de femme au foyer et de mère, avec la part d’isolement qu’elle comporte, est axée essentiellement sur le dévouement aux autres, aussi leur semble-t-elle démodée et astreignante.
“Après la naissance de ma première fille, j’avais le sentiment de lui avoir donné la vie mais d’avoir perdu la mienne”, a déclaré une jeune maman de deux enfants, diplômée de l’université et habituée à travailler. “J’avais cessé d’exister sur le plan individuel; je n’étais plus indépendante, ouverte au monde extérieur.”
Malgré ses efforts, cette jeune femme trouva qu’une vie entièrement vouée aux soins de la maison et des enfants était déprimante. “J’ai décidé de recommencer à travailler quand j’ai vu que je me mettais à acheter des journaux féminins pour apprendre à faire toutes sortes de choses économiques, a-t-elle déclaré. Je me suis dit que j’y gagnerais plus en prenant un travail.” Alors, laissant en garde ses deux filles, dont l’une était âgée de quelques mois seulement, elle a recommencé à travailler.
Le point de vue selon lequel le rôle de la ménagère la situe “au dernier rang de l’échelle sociale” a incité beaucoup de femmes à travailler au-dehors. “Si vous restez chez vous, les gens pensent que vous êtes trop bête pour gagner votre vie”, expliqua une jeune femme. De plus en plus de maris, d’ailleurs, incitent leur femme à trouver du travail. Peu après la naissance de son premier enfant, une jeune femme a repris son emploi à contrecœur, sur l’insistance de son mari. Pourquoi?
“C’est plutôt par égoïsme de ma part, déclara-t-il. Je n’ai pas envie de rentrer à la maison pour apprendre que le prix des carottes a doublé.” Il redoutait que sa femme finisse par l’importuner si elle restait à la maison. “Je pense à sa mère, expliqua-t-il. Au début, c’était une femme intelligente, mais maintenant tout ce qu’elle raconte est strictement sans intérêt. Elle n’a rien fait d’autre que de s’occuper de sa maison, et à présent elle est complètement abrutie. Je ne veux pas que ma femme devienne comme elle. Presque tout ce qu’elle fait pour le bébé est purement mécanique, par exemple cuire les légumes, les écraser, etc. Évidemment, on peut tirer gloire d’un travail bien fait, mais je ne trouve pas que ce soit très drôle ni bien intéressant.”
Les résultats de deux enquêtes permettent de mesurer l’effet produit par cet état d’esprit sur le rôle traditionnel de la femme. Lors d’un sondage d’opinions effectué dans les années 1960, avant que l’influence des mouvements de libération de la femme se fasse sentir, 72 pour cent des femmes interrogées avaient déclaré qu’elles aimaient vraiment leur tâche de femme au foyer. La plupart faisaient avec plaisir ou du moins sans ennui des besognes jugées aujourd’hui fastidieuses, comme le ménage. Par contre, lors d’un sondage récent, la moitié seulement des femmes déclarèrent que les tâches ménagères leur apportaient “un certain plaisir”.
Mais quels sont les sentiments des femmes mariées et mères de famille qui cumulent les responsabilités d’un emploi et d’un foyer? En retirent-elles du contentement et du bonheur?
[Illustration, page 5]
LES FEMMES EXIGENT L’ÉGALITÉ
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Les problèmes des femmes qui travaillentRéveillez-vous ! 1978 | 8 janvier
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Les problèmes des femmes qui travaillent
LES journaux annoncent souvent en gros titres que tel poste prestigieux et rémunérateur qui était autrefois l’apanage des hommes est maintenant occupé par une femme. Des femmes sont devenues présidente de leur pays, ministres, présentatrices du journal télévisé, agents de change, etc. Mais, à vrai dire, l’immense majorité des femmes exerce un métier mal rémunéré, sans prestige et sans possibilité d’avancement.
En dépit de victoires juridiques et de nouvelles lois qui proscrivent la discrimination contre les femmes qui travaillent, leur situation semble empirer au lieu de s’améliorer. “Des progrès? Quels progrès?, reconnut l’année dernière l’Organisation américaine pour les femmes. Nous faisons marche arrière. Nous ne pouvons même pas dire que notre niveau se maintient.”
Des statistiques récentes montrent que ces vingt dernières années l’écart entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes a augmenté au lieu de diminuer. Aux États-Unis, plus de 80 pour cent des femmes salariées, contre 38 pour cent des hommes, gagnent moins de 10 000 dollars par an. Selon le bureau des statistiques américain, le salaire de certaines femmes diplômées de l’université ne représente que 60 pour cent de celui de leurs collègues masculins. D’autre part, l’étude d’un bureau de recherches new-yorkais révèle que d’ici à 1985 plus des deux tiers des nouveaux emplois féminins consisteront en de modestes travaux de bureau et que les salaires des femmes se maintiendront loin derrière ceux du personnel masculin.
Autrement dit, si une femme espère trouver un travail intéressant et assez lucratif pour être indépendante financièrement, elle risque fort d’être déçue. Non seulement son travail sera probablement monotone et insignifiant, mais si elle doit en plus payer quelqu’un pour garder ses enfants pendant son absence, elle aura du mal à équilibrer son budget, car elle aura très probablement d’autres frais: transport, déjeuners au restaurant, garde-robe plus fournie, achat de nourriture vite prête mais plus coûteuse, frais de blanchisserie et de coiffeur. Tout cela engloutira une bonne partie de sa paye.
Problèmes rencontrés sur les lieux de travail
Bien souvent, l’ambiance qui règne au travail met à l’épreuve les nerfs des employées. Beaucoup d’entre elles n’aiment guère les médisances, les clans, la rivalité, voire la malhonnêteté, qui sévissent dans le monde impitoyable des affaires. De plus, le climat moral n’y est pas toujours édifiant. Combien de femmes entendent à longueur de temps des propositions de leurs collègues masculins ou de leur patron?
Une enquête sur ce sujet, réalisée par le Programme des affaires humaines de l’université Cornell, montre que 92 pour cent des femmes interrogées estiment que les sollicitations d’ordre sexuel qu’elles subissent sur leur lieu de travail constituent un problème sérieux, et 70 pour cent des employées ont déclaré qu’elles avaient eu personnellement à y faire face. Ce sondage révélait que ces sollicitations, qui vont des œillades et des regards vicieux à toutes sortes de tentatives pour serrer, pincer ou toucher le corps des femmes, ainsi que les propositions immorales appuyées de menaces de licenciement et, dans les cas les plus extrêmes, le viol, existaient dans toutes les catégories de travail, quels que soient l’âge, la situation maritale ou l’échelon hiérarchique des employées.
Que devient le foyer?
Les mères qui travaillent doivent faire face à un autre problème. Leur emploi les épuise, mais quand elles rentrent à la maison, il leur reste encore beaucoup de choses à faire. Dans bien des cas, la mère de famille qui travaille à l’extérieur n’est pas plus aidée à la maison par son mari qu’elle ne l’était avant de prendre un emploi.
Voyez, par exemple, le résultat d’une enquête réalisée en 1976 auprès de femmes médecins de la région de Detroit, aux États-Unis. Selon ce sondage, les trois quarts de ces doctoresses à plein temps faisaient aussi toute la cuisine et les courses, prenaient soin des enfants et géraient le budget familial. Les deux tiers avaient une femme de ménage un ou deux jours par semaine pour la lessive et le nettoyage, mais un tiers d’entre elles devaient faire tous les travaux ménagers.
Une vie aussi épuisante finit par poser de graves problèmes à celles qui cherchent à accomplir cette tâche surhumaine pendant trop longtemps. Les femmes qui s’y sont essayées reconnaissent franchement que la maison finit inévitablement par en souffrir. Une mère qui exerce un métier au-dehors avoue que maintenant elle sort les serviettes du séchoir et les jette telles quelles dans son armoire, sans prendre le temps de les plier. Une autre a déclaré qu’autrefois son mari se plaignait qu’elle ne repassait pas ses mouchoirs; maintenant qu’elle travaille, il est bien content si elle a seulement pris la peine de les sortir du séchoir et de les mettre dans son tiroir.
Le sort des enfants
Si, de nos jours, nombre de maris consentent à se passer des services qu’ils attendaient de leur femme auparavant, il est une autre tâche dont les mères qui travaillent ne se débarrassent pas si facilement; il s’agit de pourvoir aux besoins affectifs de leurs enfants. Elles diront peut-être que c’est la qualité du temps qu’elles passent avec leurs enfants et non la quantité qui compte, et dans un sens elles ont raison. Cependant, la mère qui travaille peut être si éreintée que la qualité aussi bien que la quantité du temps qu’elle consacre à ses enfants en souffrent.
Les auteurs d’un livre qui encourage les femmes à travailler reconnaissent ce problème. Voici la suggestion qu’ils font aux mères qui rentrent à la maison pour se voir assaillies par les enfants désireux de leur raconter ce qu’ils ont fait dans la journée: “Dites à ces charmants bambins de tenir leur langue un petit moment et de laisser maman se reposer toute seule dans sa chambre pendant un quart d’heure, jusqu’à ce que vous ayez eu le temps de vous remettre, de vous changer, et, pourquoi pas, de vous servir un apéritif. Enfermez-vous à clé s’il le faut. À notre avis, c’est un moment indispensable dans l’emploi du temps de la mère qui travaille.”
Avec ce genre de bons conseils, le problème est que la maman qui travaille risque de découvrir (comme certaines en ont fait l’expérience) que lorsqu’elle est enfin prête pour ses enfants, ceux-ci ne s’intéressent plus à elle. Cette spontanéité précieuse à partager avec leur mère les choses qui leur semblent importantes s’est évanouie pour faire place à une barrière de silence.
Un psychiatre, spécialiste des conflits affectifs des femmes qui travaillent, a déclaré que les enfants n’aiment pas que leur mère travaille, un point, c’est tout. Il a ajouté: “Alors que les enfants se plaignent rarement que le père travaille au-dehors, ils expriment clairement leur mécontentement si leur mère s’absente. Ils estiment que la mère devrait être pour eux tout seuls.”
Selon ce psychiatre, depuis le développement du mouvement de libération de la femme, celles qui veulent faire carrière ne supportent plus la moindre forme de dépendance. “En ce qui concerne les mères de famille, déclare-t-il, cela veut dire qu’elles s’attendent à ce que leurs enfants soient grands dès leur naissance. Elles veulent qu’ils soient comme elles, autonomes et indépendants. Malheureusement, les enfants ne sont pas aptes à cela.”
D’ailleurs, il n’y a pas que les petits qui ont besoin d’attention, comme le fait remarquer une ménagère, mère de deux enfants adultes et d’un fils de 16 ans qui vivent encore chez leurs parents. Elle déclare: “Il faut encourager les enfants, leur prouver que l’on s’intéresse vraiment à eux et à ce qui leur est arrivé pendant la journée. Ils ne vont pas vous en parler d’eux-mêmes. Or, si vous n’êtes pas chez vous pour discuter de ces choses avec eux, ils iront se confier à quelqu’un d’autre. Quelle assurance avez-vous qu’ils ne prendront pas pour confident un ami dépourvu de moralité ou de jugement?”
Cette mère ajoute: “Deux jeunes filles du voisinage dont les mères travaillent viennent souvent chez moi après la classe, jusqu’au retour de leurs parents. Elles me confient des choses qu’elles ne diraient jamais à leurs mères. Quand je suggère qu’elles leur en parlent, elles rétorquent que leurs mères sont trop affairées pour s’occuper d’elles.”
La réussite pose des problèmes
Certaines femmes réussissent très bien dans les affaires. Elles gagnent beaucoup d’argent, exercent une influence considérable et sont respectées par leurs collègues. Mais leur profession les oblige souvent à faire des heures supplémentaires et même à voyager. Pour une mère de famille, cela signifie qu’elle doit fréquemment se séparer non seulement de ses enfants, mais aussi de son mari. Or, si elle ne s’y résout pas, elle risque de perdre son emploi.
Une femme qui occupe à la Bourse de New York un poste de cadre habituellement réservé aux hommes, est obligée de passer plus du tiers de son temps en déplacements. Mais elle a aussi deux jumelles en bas âge. Comment a-t-elle résolu le problème? Elle a une employée de maison pendant la journée et, quand elle est en voyage, c’est son mari qui garde les enfants le soir lorsqu’il rentre du travail. Durant ses déplacements, ses journées de travail commencent en moyenne à 6 heures du matin pour finir à 11 heures du soir. Un tel emploi du temps lui enlève toute possibilité de s’occuper de ses filles, même si elle ne travaillait pas loin d’elles.
Ainsi, pour la femme qui veut faire carrière, le foyer et la famille doivent passer au second plan. En effet, comme le fait remarquer l’anthropologue Margaret Mead, “les soins constants accordés aux jeunes enfants, à un mari et à un foyer sont généralement incompatibles avec la poursuite assidue d’une carrière. Le mode de vie d’une bonne épouse et mère de famille est entièrement différent de celui d’une chercheuse scientifique, d’une artiste ou d’une femme d’affaires”.
Les tentatives pour concilier sa carrière avec les soins d’une famille ont souvent tourné au désastre. Une femme dont le mariage venait de se briser déclara: “Mon travail est presque devenu mon amant. Quand je dis que ma carrière tient une grande place dans ma vie, c’est qu’en fait elle est ma vie.”
Même les femmes qui ne cherchent pas à faire carrière doivent admettre que leur travail trouble profondément leurs rapports familiaux. Une femme qui a repris une occupation au-dehors après vingt ans de mariage fait ce commentaire: “Je pense que cela prive beaucoup mon mari de ne plus m’avoir à la maison. (...) Et maintenant, il m’agace avec ses ‘Viens m’aider à faire ma valise’. Je me dis: ‘Fais donc ta valise tout seul!’ Je ne réagissais pas comme cela auparavant. J’étais toujours heureuse de l’aider parce qu’il me semblait que c’était mon rôle.”
Cela nous ramène aux questions suivantes: Quelle est la place de la femme: au foyer ou au travail? Quel rôle doit-elle jouer?
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Les femmes devraient-elles travailler?Réveillez-vous ! 1978 | 8 janvier
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Les femmes devraient-elles travailler?
JADIS, la place traditionnelle de la femme était au foyer, et non au-dehors à exercer un métier. En ce temps-là, elle avait beaucoup à faire chez elle, comme le rappelle ce proverbe: “L’homme travaille du lever au coucher du soleil, mais le travail de la femme n’est jamais fini.”
D’aucuns prétendent que la place de la femme est toujours à la maison, même si dans certains pays la situation a considérablement changé. Par exemple, aux États-Unis, dans 47 pour cent des foyers, l’homme et la femme travaillent tous les deux à l’extérieur.
Même de nombreuses femmes mariées et mères de famille travaillent. Aux États-Unis, près de la moitié des femmes dont les enfants ont moins de 18 ans exercent un métier au-dehors du foyer. Il en est de même pour un tiers de celles dont les enfants ne vont pas encore à l’école. Désormais, il est courant de les mettre à la garderie.
Le ministère américain du Travail souligne cette évolution des mœurs et fait le commentaire suivant: “Le schéma d’une famille de plusieurs enfants avec le père pour seul soutien financier et la mère au foyer garde son utilité pour illustrer de nombreux aspects de la vie, mais il n’est pas le reflet de la famille américaine du milieu des années 1970.”
Est-ce là une situation souhaitable? La solution est-elle vraiment que la femme exerce un métier au-dehors? Le problème est-il différent si elle est mariée et mère de famille?
Quand une femme doit travailler
De nos jours, beaucoup de femmes sont obligées de travailler. Par exemple, des millions d’entre elles sont divorcées ou séparées de leur mari et ont parfois des enfants à élever. Elles n’ont peut-être pas d’autre ressource que de travailler pour subvenir à leurs besoins. Beaucoup d’autres sont célibataires, mais en attendant de se marier il faut qu’elles gagnent leur vie. Par contre, qu’en est-il des femmes qui ont un mari et des enfants?
L’inflation oblige certaines d’entre elles à travailler. Le salaire du mari est parfois insuffisant pour couvrir les besoins de la famille, aussi la femme doit-elle prendre un emploi au-dehors (Jacq. 5:4). Mais y a-t-il vraiment beaucoup de familles qui ont besoin de deux salaires?
Un grand nombre de gens sont de cet avis. On lit ceci dans un document publié en 1970 par le Service américain des affaires publiques: “Vingt et un millions de femmes environ travaillent parce qu’elles et leur famille ont besoin de cet argent pour se nourrir, se vêtir et se loger.” Le rédacteur ajoute: “Ces chiffres devraient détruire le mythe, cher encore à quelques personnes, selon lequel un grand nombre de femmes travaillent uniquement parce que cela leur plaît ou parce qu’elles veulent avoir leur argent.”
Il ne fait aucun doute que certaines mères de famille, même si elles ont leur mari, ont besoin de travailler pour pouvoir boucler le budget familial. Le travail de ces femmes mariées est en accord avec le dessein de Dieu qui désire que la femme soit une “aide” pour son mari (Gen. 2:18). Toutefois, le mari et sa femme, surtout s’ils ont des enfants, devraient examiner sérieusement ensemble leur situation pour déterminer si la femme a vraiment besoin de travailler hors du foyer.
Une mère doit-elle vraiment travailler?
Cette question est extrêmement importante, parce que les enfants ont beaucoup plus besoin de leur mère qu’on ne l’imagine généralement. Le Créateur a donné aux femmes la faculté de procréer, mais il a fait bien plus. Il a institué le mariage et la famille, et a doté la mère des moyens de nourrir ses petits et de leur donner tous les soins affectueux dont ils ont vraiment besoin (Mat. 19:4-6; I Thess. 2:7). S’ils étaient pleinement conscients de cette disposition, maris et femmes pourraient peut-être organiser leur vie de sorte que la mère puisse rester à la maison auprès de ses enfants.
En se penchant sur son passé, une jeune femme avoua qu’elle se serait volontiers dispensée de bien des choses matérielles si elle avait pu bénéficier en échange de la présence et de la direction de sa mère. Elle s’expliqua en ces termes:
“Après avoir quitté la maison, j’ai vécu pendant quelque temps avec une jeune fille qui avait grandi dans un foyer beaucoup plus pauvre que le mien; elle m’a appris à faire la différence entre ce dont on a vraiment besoin et ce dont on croit avoir besoin. Elle savait être heureuse avec une omelette et des haricots, et portait des vêtements d’occasion. Je n’avais pas été habituée à cela. Elle m’a appris à être plus économe et grâce à elle je me suis rendu compte que ma famille dépensait beaucoup plus d’argent qu’il n’était nécessaire.
“Si nous nous étions contentés de moins, ma mère aurait peut-être pu rester à la maison. Deux de mes sœurs ont mal tourné depuis, et l’une d’elles s’est même mise à la drogue. Aussi, je me demande souvent ce qui serait arrivé s’il y avait eu quelqu’un à la maison pour surveiller ma sœur. Les jeunes subissent l’influence du monde toute la journée à l’école. Comment les parents peuvent-ils neutraliser cette influence s’ils ne sont pas à la maison pour bavarder avec leurs enfants et passer du temps avec eux à faire, mettons un gâteau, ou autre chose?”
Les parents feraient bien de réfléchir sérieusement à cette question. De nos jours, un nombre croissant de jeunes ont des problèmes, et l’absence de la mère, occupée à travailler au-dehors, contribue sans aucun doute largement à cet état de choses. Une journaliste, dont le travail était très intéressant, a fait ce commentaire: “Sans être une militante féministe, j’avais adopté le point de vue du mouvement de libération de la femme selon lequel n’importe quel emploi vaut mieux que de s’occuper d’enfants, activité réputée fastidieuse.” Pourtant, cette femme a quitté son emploi pour s’occuper de son fils et, après une période d’adaptation, elle préfère maintenant sa condition de femme au foyer.
Quoique toutes les mères n’aient pas la possibilité de renoncer complètement à une activité rémunératrice, il leur serait peut-être possible de se contenter d’un travail à mi-temps qui leur permettrait de ne s’absenter du foyer qu’aux heures où les enfants sont à l’école. Les femmes qui cherchent du travail à mi-temps peuvent s’adresser aux petites entreprises, aux organisations sans but lucratif, aux banques, aux magasins, aux sociétés fiscales, aux agences intérimaires et aux sociétés qui emploient beaucoup de personnel féminin.
Votre décision
Faut-il en déduire que si une femme n’a pas d’enfant elle devrait se chercher un emploi à l’extérieur si cela lui fait envie? Pas nécessairement. Ce sujet doit être débattu par le couple lui-même. Certains hommes n’aiment pas que leur femme travaille, car ils préfèrent être le seul soutien financier de la famille. Ils peuvent tenir particulièrement à ce que leur femme prenne bien soin du foyer, ce qui est généralement incompatible avec un emploi à plein temps au-dehors.
C’était le cas d’un couple dont la femme avait commencé à travailler, une fois ses enfants élevés. Elle s’exprime ainsi: “J’ai compris que cette situation l’irritait. Nous étions mariés depuis trop longtemps pour que cela m’échappe. Nous avons donc discuté de la question et j’ai bien examiné les faits. Cet emploi était-il autre chose qu’un moyen de satisfaire une vanité personnelle? Je devais payer une femme de ménage qui me coûtait presque autant que ce que je gagnais; cela n’offrait donc aucun intérêt du point de vue pécuniaire. J’ai quitté mon travail sans regret. J’ai compris que mon mari a besoin de moi pour l’aider à supporter le poids de ses responsabilités.”
Mais pourquoi tant de femmes se sentent-elles insatisfaites si elles n’exercent pas un métier? La propagande actuelle en est largement responsable. Nous avons déjà vu que les tâches ménagères ont perdu de leur prestige aux yeux du monde. On considère souvent que la femme au foyer est trop bête pour trouver un emploi. C’est une erreur, car pour être une bonne maîtresse de maison il faut de grandes qualités.
Réfléchissez: la femme doit acquérir des talents de décoratrice, d’enseignante, de secrétaire, d’infirmière, de femme de chambre, de blanchisseuse et de cuisinière. Un spécialiste déclare ceci quant à “la tâche complexe qui consiste à tenir un intérieur”: “C’est assurément l’une des opérations les plus difficiles et les plus complexes qui soient demandées à quelqu’un.” Les maris qui ont dû tenir la maison temporairement se sont rendu compte qu’il est très difficile de bien accomplir cette tâche.
Toutefois, une femme aime recevoir l’assurance que le travail qu’elle accomplit au foyer a du prix et qu’il est apprécié à sa valeur. Une femme fit cette remarque: “Quand on est chez soi à longueur de journée, on se dit qu’on se rend utile, mais personne n’est là pour vous répondre que c’est vrai.” Alors, un bon mari, surtout de nos jours, félicitera l’épouse qui travaille dur pour que le foyer soit le nid propre et douillet où il fait bon rentrer. Or, il suffit de lire dans la Bible la longue description des diverses activités d’une bonne épouse pour comprendre que cette tâche n’est pas facile. — Prov. 31:10-31.
De toute évidence, les temps ont changé; la situation est différente de ce qu’elle était dans le passé et elle exige que plus de femmes travaillent au-dehors. Malgré tout, s’ils suivent le conseil biblique qui encourage les femmes à être “occupées dans la maison”, les couples jouiront d’une vie de famille plus stable et plus heureuse. — Tite 2:3-5.
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Que vaut ce serment?Réveillez-vous ! 1978 | 8 janvier
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Que vaut ce serment?
Dans la Grèce antique, Hippocrate, surnommé parfois “le père de la médecine”, exigeait que ses élèves prêtent serment. Depuis plus de deux mille ans, dans de nombreux pays les jeunes médecins prêtent ce serment lorsqu’on leur remet leur diplôme. Mais que signifie aujourd’hui cette promesse, quand on pense qu’elle contient l’engagement suivant: “Je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif.”
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