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Les premiers chrétiens et l’empire romainLa Tour de Garde 1952 | 1er mai
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Tertullien relate comment les païens mangeaient du sang humain — parfois pour sceller un pacte, parfois en guise d’initiation ou encore pour guérir l’épilepsie. Mais il n’en était pas ainsi des chrétiens. Il dit : “ Votre erreur éclate aux yeux des chrétiens, car même le sang des animaux est banni de notre nourriture. Sous ce rapport, nous nous abstenons d’animaux étranglés ou morts de mort naturelle pour ne pas risquer d’être souillés par du sang, même si celui-ci est absorbé avec la viande. Finalement, quand vous mettez des chrétiens à l’épreuve, vous leur offrez des saucisses pleines de sang sachant naturellement très bien que cela est interdit parmi eux, mais vous voulez les faire pécher. ”7
“ Les premiers chrétiens qui voulaient se garder de l’idolâtrie étaient regardés comme de grands ennemis de la société. Jamais ils ne parurent dans les fêtes et réjouissances publiques. Ils ne participaient jamais aux divertissements du cirque ou de l’amphithéâtre. ”8, 9 10 Pourquoi cela ? Cyprien qui vécut à ce moment-là donne, outre l’idolâtrie, les raisons suivantes : “ Un combat de gladiateurs se prépare pour satisfaire des spectateurs cruels assoiffés de sang. On met un homme à mort pour le plaisir de ses semblables, le meurtre devient une profession, et l’on ne se contente pas de pratiquer le crime, on l’enseigne. ”2
Les agents romains accusaient faussement les chrétiens à seule fin de dresser contre eux le peuple et le gouvernement.2 La populace violente se déchaînait contre les fidèles chrétiens qui subissaient alors de terribles outrages et parfois même la mort.8
QUI FAUT-IL SERVIR, DIEU OU L’ÉTAT ?
C’est la même et vieille question : À qui les serviteurs de Dieu doivent-ils obéir et qui doivent-ils adorer ? Jésus-Christ déclara que nul ne peut servir deux maîtres, et les vrais adorateurs ne transigeront jamais sur cette question (Mat. 6:24 ; Actes 4:19, 20). Comme ils ont refusé de dire “ Heil Hitler ” hier, ainsi avaient-ils refusé, il y a dix-neuf siècles, de saluer l’image de César, de s’incliner ou de brûler de l’encens devant elle.8 “ Rome s’était graduellement remplie de gens embrassant des cultes étrangers et n’hésitant pas à jurer fidélité et obéissance à l’esprit divin de l’empereur. Les chrétiens néanmoins, forts dans leur foi, refusaient de prêter de semblables serments de loyauté. Et comme ils ne juraient pas fidélité et obéissance à ce que nous considérerions aujourd’hui comme analogue au DRAPEAU, ils étaient tenus pour dangereux du point de vue politique. ”11
Ces hommes de Dieu savaient que “ le droit divin des rois ” n’était qu’un mythe, que le drapeau ou emblème de l’État n’était pas un symbole de salut et qu’ils ne pouvaient donc pas lui vouer obéissance. Néanmoins, ils se montraient loyaux et obéissants envers l’État dans tous les cas où il ne s’agissait pas d’adoration.12 Jésus-Christ leur défendit de se rebeller contre l’État. “ Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ”, leur ordonna-t-il, et c’est ce qu’ils firent (Marc 12:17). Justin le Martyr déclare : “ Nous payons plus scrupuleusement que n’importe qui les impôts et les droits à ceux que vous avez désignés, suivant en cela l’enseignement que nous avons reçu de lui (Mat. 22:21). C’est pourquoi nous n’adorons que Dieu seul tout en vous servant de plein gré sous tous les autres rapports. ”2 Parlant de la même question, Tertullien dit : “ L’image de César frappée sur les pièces de monnaie doit être rendue à César, et l’image de Dieu qui est dans l’homme doit être rendue à Dieu ; par conséquent, tu dois certainement donner l’argent à César, mais ta personne à Dieu ; car si tout appartient à César, que restera-t-il pour Dieu ? ”2
“ Les premiers chrétiens étaient prêts à mourir pour leur foi. Ils refusaient d’adorer les dieux de la Rome païenne. Puisqu’ils croyaient en la paix, ils ne voulaient pas servir dans les armées impériales romaines. ”13 Pour les Romains, “ ceux qui faisaient objection au service militaire semblaient inutiles à l’État ” ;9 mais cela ne changeait en rien le point de vue de Dieu sur la question, et, finalement, c’est cela qui comptait.
Ces chrétiens n’essayaient pas de s’opposer à l’enrôlement des païens dans l’armée de César. En réalité, César avait parfaitement le droit de le faire car les païens appartenaient à ce vieux monde. Mais lorsque César demandait aux ministres de Dieu, qui appartenaient au royaume de Jéhovah et non au monde du Diable, de prendre une part active dans les guerres de ce vieux monde, ce n’était plus du tout la même chose. Aussi l’argument spécieux de personnes comme Celse (écrivain latin du deuxième siècle) n’est-il que vaines paroles. “ L’empereur ne vous punit-il pas à juste titre ? ”, demandait Celse, “ car si tous faisaient ce que vous faites, l’empereur serait bientôt seul, sans personne pour le défendre ; les barbares les plus sauvages parviendraient à dominer le monde entier, et parmi les hommes on ne trouverait même plus la trace de la vraie sagesse, ni même de votre religion, car ne croyez pas que votre Dieu tout-puissant descendrait des cieux combattre pour nous. ”2, 12
PERSÉCUTÉS À CAUSE DE LA JUSTICE
“ S’ils m’ont persécuté, ” avait dit Jésus, “ ils vous persécuteront aussi... ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom. ” (Mat. 5:10, 11 ; Luc 21:12 ; Jean 15:20, 21). C’est bien ce qui arriva. “ Il apparaît d’une manière concluante d’après la lettre de Pline et le rescrit de Trajan, que les chrétiens pouvaient être punis pour le nomen seulement, c’est-à-dire simplement pour avoir fait profession de christianisme, sans qu’il fût nécessaire d’avoir une description précise des transgressions ou des preuves. ”1 Partout, ils rencontraient de l’opposition. — Actes 28:22.
Les chrétiens de cette époque furent attaqués par des lettrés tels que Lucien, Celse, Porphyre et Hyéroclès, et, comme nous l’avons déjà dit, ils étaient souvent attaqués et malmenés par la foule excitée.14 Mais en de nombreuses autres circonstances, les éléments dirigeants étaient directement responsables. Les réunions des chrétiens étaient interrompues, leurs Bibles brûlées, leurs privilèges de citoyens romains ôtés ; ils étaient jetés en prison et parfois on les faisait monter sur le bûcher, on les mettait à la torture, ou on les jetait dans l’arène où ils étaient déchirés par des animaux sauvages. “ On leur fit subir les tortures les plus raffinées, et le paganisme, qui luttait pour son existence, ne laissa échapper aucun moyen pour essayer d’exterminer une secte méprisée et redoutée à la fois. ”8
Certains historiens15 ont débattu la question de savoir pourquoi le peuple de Dieu était mis à l’index et persécuté outre mesure, mais quand on considère la question, c’est fort simple. Une lettre adressée à Diognètus qui vécut au début du deuxième siècle disait : “ Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni dans leur demeure terrestre, ni par le langage, ni par les coutumes ; ils n’habitent nullement des villes spéciales, ils n’ont pas un langage particulier, ni un mode de vie singulier. — Ils habitent dans les villes des Grecs ou des Barbares, là où le hasard a fixé leur demeure et dans la mesure où ils suivent les coutumes du pays, pour ce qui est du vêtement, de la nourriture et d’autres choses semblables, ils font preuve d’un caractère et d’une conduite surprenants et remarquables pour tous les hommes. Ils obéissent aux lois en vigueur ; bien plus, leur conduite l’emporte sur la loi. ”2
Ainsi donc les chrétiens ne furent pas persécutés parce qu’ils étaient d’étranges fanatiques. C’étaient des gens comme les autres, des gens ordinaires, quand il s’agissait de la vie de tous les jours (I Cor. 1:26-29). Mais ce fait même provoqua les railleries de Celse qui “ trouva un sujet de moquerie dans le fait que des travailleurs, des cordonniers, des fermiers, les hommes les plus ignorants et les plus rustres, soient des prédicateurs zélés de l’Évangile. ”2
En réalité Rome n’eut pas de meilleurs sujets, car bien qu’étant considérés comme des indésirables, les chrétiens portaient plus de véritable respect au gouvernement, à la loi, et à l’ordre que quiconque.16 Tertullien invoqua le témoignage des magistrats pour prouver que parmi ceux qui journellement étaient coupables de meurtre, de corruption, de vol, etc., les criminels étaient des païens et non des chrétiens. Il est vrai que les prisons étaient remplies de chrétiens, mais le seul reproche qu’on pouvait leur faire, c’était d’être chrétiens.17 Dans l’empire romain tous les faits ont prouvé que les fidèles serviteurs de Jéhovah étaient “ un groupe d’hommes des plus inoffensifs, de bon caractère, qui ne nourrissaient jamais dans leur esprit un désir ou une pensée hostile au bien de l’État ”.18
C’est étrange, n’est-ce pas, de voir d’aussi bonnes personnes constamment haïes et persécutées sans pitié ? En voici la raison, selon Tertullien : “ Ils ne rendent aucun honneur vain, faux ou insensé à l’empereur ” et ils refusent de participer aux fêtes licencieuses des païens.5 Les Romains se montraient tolérants à l’égard de quiconque consentait à se prosterner devant l’État totalitaire et à adorer son dieu élevé par les hommes, l’empereur déifié.18 Même les Juifs firent de nombreux compromis sur ce point.1 “ Mais la conduite des chrétiens ”, nous dit Mosheim, “ était tout à fait l’opposé car, mettant de côté toute espèce de crainte, ils s’efforçaient avec zèle d’amener les Romains à renoncer à leurs vaines et ridicules superstitions, exhortant continuellement les citoyens à abandonner et à abolir ces rites sacrés. ”18 “ Leur évangile n’était pas un mystère ésotérique, mais quelque chose qu’il fallait proclamer sur les toits, et ils se faisaient un devoir de se conformer à l’ancienne devise des prophètes : Annoncer la bonne nouvelle. ”3
LISTE DES OUVRAGES CITÉS DANS CET ARTICLE
1. “ Christianity and the Roman Government ” (Le christianisme et le gouvernement romain), de E. G. Hardy, réimpression de 1925 de l’édition de 1894, p. 122, 130, 95, 18, 19.
2. “ The History of the Christian Religion and Church During the Three First Centuries ” (Histoire de la religion chrétienne et de l’église durant les trois premiers siècles), de Augustus Neander, traduit de l’allemand par Henry John Rose, 2e éd. 1848, p. 46, 182, 183, 162, 52, 159, 160, 52, 53, 40, 41.
3. “ Christianity Goes to Press ” (Le christianisme et la presse), de Edgar J. Goodspeed, p. 11, 36, 76, 14, 75.
4. “ The Decline and Fall of the Roman Empire ” (Le déclin et la chute de l’empire romain), de Edward Gibbon, édition The Modern Library, vol. 1, chap. 16, p. 450, 451.
5. “ A Source Book of Roman History ” (Recueil de textes originaux sur l’histoire romaine), de Dana C. Munro, 1904, p. 170.
6. “ History of the Christian Church ” (Histoire de l’église chrétienne), de Philip Schaff, vol. 2, p. 124.
7. “ Tertullian’s Apologeticus ” (Apologeticus de Tertullien), traduit par T. R. Glover, IX, 9-15.
8. “ Early European Civilization ” (Débuts de la civilisation européenne), de Hutton Webster, 1933, p. 132, 233, 333, 334.
9. “ A History of Rome ” (Histoire de Rome), de George Willis Botsford, 1901, p. 263.
10. “ The History of Medieval Europe ” (Histoire de l’Europe du Moyen Âge), de Lynn Thorndike, 1917, p. 64.
11. “ The Book of Culture ” (Le livre de culture), de Ethel Rose Peyser, 1934, p. 549.
12. “ A Short History of Rome ” (Précis d’histoire romaine), de Guglielmo Ferrero et Corrado Barbagallo, 1919, p. 280, 382.
13. “ From the Old World to the New ” (Transition entre deux mondes), de Eugene A. Colligan et Maxwell F. Littwin, 1932, p. 88.
14. “ Cyclopœdia of Biblical, Theological, and Ecclesiastical Literature ” (Encyclopédie de la littérature biblique, théologique et ecclésiastique), de McClintock & Strong, 1871, vol. 2, p. 271.
15. “ The Ancient World ” (L’ancien monde), de Willis Mason West, 1913, p. 538, 539.
16. “ History of Europe ” (Histoire de l’Europe), de James H. Breasted, 1920, p. 272.
17. “ History of the Christian Church ” (Histoire de l’église chrétienne), de Henry C. Sheldon, 1894, vol. 1, p. 180.
18. “ Historical Commentaries on the State of Christianity ” (Commentaires sur l’histoire du christianisme), de John Laurence von Mosheim, traduit de l’allemand par Robert S. Vidal et édité par James Murdock, 1853, vol. 1, p. 129, 130.
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Questions de lecteursLa Tour de Garde 1952 | 1er mai
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Questions de lecteurs
● En établissant la durée des sept temps des Gentils, on emploie un temps ou année de 360 jours pour obtenir 2 520 jours qui deviennent 2 520 années quand on applique Ézéchiel 4:6. Cependant, lorsque nous comptons de 607 av. J.-C. à 1914 ap. J.-C., les 2 520 années sont des années solaires de 365 jours 1/4 chacune, et non des années lunaires de 360 jours. Est-ce correct ? — N. N., Nouvelle-Zélande.
La Bible ne se sert pas de l’année solaire de 365 jours 1/4 pour le calcul du temps normal et du temps prophétique. On tenait compte de la lune pour fixer les mois, et du début de la saison printanière pour déterminer le commencement de l’année en relation avec la lune. Ceci rendait nécessaire l’addition, 7 fois tous les 19 ans, d’un treizième mois, un mois intercalaire ou mois Ve-Adar. Par conséquent, puisque la longueur de l’année juive ne comptait pas 365 jours, 366 pour les années bissextiles, la prophétie établit un système pour calculer ses périodes de temps, en fixant à 360 jours la durée d’une année ou temps, et à 30 jours pleins la longueur d’un mois au lieu de 29 jours 1/2, durée réelle d’une lunaison. Genèse 7:11, 24 ; 8:3, 4 montre que Noé comptait approximativement 30 jours pour un mois. Cette unité de temps prophétique est encore confirmée dans Apocalypse 11:2, 3 où 42 mois correspondent à 1 260 jours ; il s’ensuit qu’une année de 12 mois comprend 360 jours. Notez aussi que, lorsque l’Apocalypse (12:6, 14) fait correspondre 3 années 1/2 ou 3 temps 1/2 à 1 260 jours, elle entend par là que chaque temps ou année symbolique est égal à 360 jours et non à 365 jours 1/4. Dans ce dernier cas elle dirait que 3 temps 1/2 équivalent à 1 278 jours plus une fraction de jour. En 3 années 1/2 (ou temps) il devait y avoir au moins un mois intercalaire, peut-être deux, comme l’explique La Tour de Garde du 1er septembre 1948, page 267. Cependant, l’Apocalypse ne tient pas compte de ces mois intercalaires lorsqu’elle donne le nombre des jours que comprennent 3 temps 1/2. Nous calculons donc selon la méthode de Dieu révélée dans la Bible ; aussi, notre fondement est-il solide lorsque nous déclarons que les sept temps symboliques équivalent à 2 520 ans. On comptera ces 2 520 années en années solaires, parce que les années lunaires juives de 360 jours, sur de longues périodes de temps, marchaient de pair avec les années solaires grâce aux mois intercalaires ajoutés à intervalles fixes, elles maintenaient toujours par ce moyen l’harmonie indispensable entre le commencement de l’année et les saisons.
Que l’emploi de cette méthode de calcul pour nous amener de 607 av. J.-C. à 1914 soit correct, c’est ce que confirment les faits physiques qui se sont déroulés depuis 1914, en accomplissement des prophéties de Matthieu 24 et 25, Marc 13, Luc 21, et d’autres prédictions relatives à la seconde présence du Christ, au temps de la fin.
● Combien de résurrections y a-t-il ? Certains en comptent trois : la première, la meilleure et la résurrection générale. D’autres disent qu’il n’y en a que deux : la résurrection des justes et celle des injustes ; ou, une résurrection de vie et une résurrection de jugement. Laquelle de ces pensées est correcte ? — B. C., Michigan.
En réalité, il n’y a que deux sortes ou types de résurrections : la résurrection spirituelle ou céleste, et la résurrection matérielle ou terrestre. Les “ brebis ” ointes qui composent le petit troupeau sont ressuscitées pour la vie spirituelle dans la bergerie céleste afin de régner avec le Christ, comme le montre l’apôtre Paul dans le verset suivant : “ Il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. ” (I Cor. 15:44). Toutes les autres personnes qui recevront la vie par la résurrection feront partie de la bergerie terrestre des “ brebis ” de Jéhovah. Dresser la liste des résurrections d’après le temps et l’importance, comme on essaie de le faire dans la question, est peu concluant. Par exemple, la première résurrection s’applique aux membres du corps du Christ : elle est la première dans le temps et en importance. Cependant, il se peut que certains des hommes fidèles du passé soient ressuscités avant que les derniers membres de ceux qui participent à la “ première résurrection ” aient été changés instantanément de chair en esprit. Parfois, on se réfère à la résurrection de ces hommes du passé comme à une résurrection “ meilleure ”, mais cette désignation ne prouve rien, puisqu’elle signifie simplement une résurrection meilleure que celles dont parlent les Écritures hébraïques ; dans ces résurrections, les personnes qui furent rappelées à la vie moururent de nouveau quelques années plus tard. Mais toutes les résurrections, maintenant et dans le monde nouveau, sont et seront meilleures que celles du passé. Non seulement les résurrections célestes mais certaines des résurrections terrestres seront des résurrections pour la vie ; le terme “ meilleur ” ne se limite donc pas à un seul groupe. Envisagée du point de vue scriptural, la résurrection comprendra la résurrection
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