-
Le secret de l’affection fraternelleLa Tour de Garde 1993 | 15 octobre
-
-
Le secret de l’affection fraternelle
“Ajoutez à votre (...) piété l’affection fraternelle.” — 2 PIERRE 1:5-7.
1. Quelle est l’une des raisons principales pour lesquelles les rassemblements du peuple de Jéhovah sont des moments aussi joyeux?
UN JOUR, un médecin qui n’était pas Témoin de Jéhovah assistait à la remise des diplômes de Galaad, l’École biblique de la Société Watch Tower, où sa fille venait de recevoir une formation de missionnaire. La foule joyeuse qu’il y a vue lui a fait une telle impression qu’il a pensé: ‘Il ne doit pas y avoir beaucoup de malades parmi ces gens.’ Pourquoi ces personnes étaient-elles si heureuses? Et, à vrai dire, qu’est-ce qui rend si joyeux tous les rassemblements du peuple de Jéhovah, que ce soit dans les congrégations ou lors des assemblées de circonscription ou de district? N’est-ce pas l’affection fraternelle que chacun manifeste aux autres? Il ne fait pas de doute que l’affection fraternelle est l’une des raisons pour lesquelles on a dit qu’aucun autre mouvement religieux ne retire de la religion autant de joie, de satisfaction et de bonheur que ne le font les Témoins de Jéhovah.
2, 3. Quels sont les deux mots grecs qui traitent des sentiments que nous devrions éprouver les uns pour les autres, et qu’est-ce qui les distingue l’un de l’autre?
2 Nous devrions nous attendre à voir une telle affection fraternelle au sein du peuple de Dieu, car l’apôtre Pierre a écrit en 1 Pierre 1:22: “Puisque vous avez purifié vos âmes par votre obéissance à la vérité, — et il en est résulté une affection fraternelle sans hypocrisie, — aimez-vous les uns les autres profondément, du fond du cœur.” Un des éléments du terme grec rendu par “affection fraternelle” est philia (affection). Son sens a un lien étroit avec celui de agapê, mot habituellement traduit par “amour”. (1 Jean 4:8.) Bien qu’ils soient souvent employés indifféremment, “affection fraternelle” et “amour” ont des caractéristiques distinctes. Nous ne devons pas les prendre l’un pour l’autre, comme le font tant de traducteurs de la Bible. (Dans cet article et dans le suivant, nous allons examiner chacun de ces mots.)
3 Sur la différence entre philia et agapê, un helléniste a fait remarquer que philia désigne “sans l’ombre d’un doute des relations chaleureuses, intimes et affectueuses”. Agapê, quant à lui, se rapporte davantage à l’esprit. Ainsi, alors qu’il nous est demandé d’aimer (agapê) nos ennemis, nous n’avons pas d’affection pour eux. Pourquoi? Parce que “les mauvaises compagnies gâtent les saines habitudes”. (1 Corinthiens 15:33.) On trouve une autre indication de la différence qui existe entre ces mots dans les paroles suivantes de l’apôtre Pierre: “Ajoutez à votre (...) affection fraternelle l’amour.” — 2 Pierre 1:5-7; voir Jean 21:15-17a.
Exemples d’une affection fraternelle toute particulière
4. Pourquoi Jésus et Jean éprouvaient-ils l’un pour l’autre une affection particulière?
4 La Parole de Dieu nous donne quelques excellents exemples d’une affection fraternelle toute particulière. Cette affection ne tient pas de la fantaisie; elle est fondée sur la valeur que l’on accorde aux qualités d’autrui. L’exemple le plus connu en est sans doute celui de l’affection que Jésus Christ éprouvait pour l’apôtre Jean. Bien sûr, Jésus ressentait, non sans raison, de l’affection fraternelle pour tous ses fidèles apôtres (Luc 22:28). Il l’a montré notamment en leur lavant les pieds, leur donnant ainsi une leçon d’humilité (Jean 13:3-16). Cependant, Jésus avait une affection particulière pour Jean, ce que l’apôtre signale à plusieurs reprises (Jean 13:23; 19:26; 20:2). Si Jésus avait des raisons de manifester son affection à ses disciples et à ses apôtres, il est fort probable que Jean lui donnait des raisons d’éprouver pour lui une affection particulière, parce qu’il accordait encore plus de prix aux qualités de Jésus. C’est ce qu’attestent les écrits de Jean, tant l’Évangile qu’il a rédigé que ses lettres divinement inspirées. Il y parle très souvent de l’amour. Le grand cas que Jean faisait des qualités spirituelles de Jésus est manifeste dans ce qu’il a écrit en Jean chapitres 1 et 13 à 17, ainsi que dans ses allusions répétées à l’existence préhumaine de Jésus. — Jean 1:1-3; 3:13; 6:38, 42, 58; 17:5; 18:37.
5. Que peut-on dire de l’affection particulière que Paul et Timothée ressentaient l’un pour l’autre?
5 Pareillement, nous ne voudrions pas passer sous silence l’affection fraternelle toute particulière que l’apôtre Paul et son compagnon chrétien Timothée éprouvaient l’un pour l’autre et qui, assurément, était fondée sur l’estime qu’ils se témoignaient en raison de leurs qualités. Les écrits de Paul contiennent des remarques élogieuses à l’égard de Timothée; on y lit par exemple: “Je n’ai personne d’autre qui soit de bonne volonté comme lui, pour prendre réellement souci de ce qui vous concerne. (...) Vous savez qu’il a fait ses preuves: comme un enfant avec son père, avec moi il a servi comme un esclave la cause de la bonne nouvelle.” (Philippiens 2:20-22). La façon dont, en de nombreux endroits de ses lettres, Paul parle de Timothée révèle toute l’affection qu’il ressentait pour lui. Ainsi lit-on en 1 Timothée 6:20: “Ô Timothée, garde ce qu’on laisse en dépôt chez toi.” (Voir 1 Timothée 4:12-16; 5:23; 2 Timothée 1:5; 3:14, 15). Si l’on compare les lettres de Paul à Timothée et sa lettre à Tite, on peut voir l’affection particulière qu’il éprouvait pour Timothée. Ce dernier a dû éprouver le même sentiment d’amitié à son égard, ce que montrent les paroles de Paul rapportées en 2 Timothée 1:3, 4: “Je me souviens sans cesse de toi dans mes supplications, (...) désirant ardemment te voir, me souvenant de tes larmes, afin d’être rempli de joie.”
6, 7. Quel sentiment David et Jonathan éprouvaient-ils l’un pour l’autre, et pourquoi?
6 Les Écritures hébraïques fournissent également de beaux exemples, tel celui de David et Jonathan. Nous lisons qu’après que David eut tué Goliath, il advint “que l’âme de Jonathan se lia à l’âme de David, et Jonathan se mit à l’aimer comme sa propre âme”. (1 Samuel 18:1.) Jonathan a sans doute été sensible à l’exemple de zèle pour le nom de Jéhovah que David a donné et au courage dont il a fait preuve en se portant volontaire pour combattre le géant Goliath, ce qui explique l’affection particulière qu’il a ressentie pour lui.
7 Jonathan avait une telle affection pour David qu’il l’a défendu contre le roi Saül au péril de sa vie. Jamais il n’en a voulu à David d’avoir été choisi par Jéhovah comme futur roi d’Israël (1 Samuel 23:17). De même, David éprouvait une profonde affection pour Jonathan, ce que montrent les paroles qu’il a prononcées lorsqu’il a pleuré sa mort: “Je suis dans l’angoisse pour toi, mon frère Jonathan, tu étais pour moi plein de charme. Ton amour était pour moi plus merveilleux que l’amour des femmes.” Véritablement, une estime réciproque caractérisait leur amitié. — 2 Samuel 1:26.
8. Quelles femmes ont fait preuve d’une affection particulière l’une pour l’autre, et pourquoi?
8 On trouve dans les Écritures hébraïques un autre bel exemple d’une affection particulière qui a existé entre deux femmes, Naomi et sa belle-fille, Ruth, qui était veuve. Souvenons-nous des paroles que Ruth a adressées à Naomi: “Ne me supplie pas de t’abandonner, de m’en retourner d’auprès de toi; car où tu iras j’irai, et où tu passeras la nuit je passerai la nuit. Ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu, mon Dieu.” (Ruth 1:16). N’est-il pas logique de penser que la conduite de Naomi et la façon dont elle parlait de Jéhovah ont contribué à ce que Ruth s’exprime ainsi? — Voir Luc 6:40.
L’exemple de l’apôtre Paul
9. Qu’est-ce qui montre que Paul était d’une affection fraternelle exemplaire?
9 Comme nous l’avons vu, l’apôtre Paul éprouvait pour Timothée une affection fraternelle toute particulière. Mais il a aussi donné un merveilleux exemple en manifestant une chaleureuse affection fraternelle à l’ensemble de ses frères. Il a dit aux anciens d’Éphèse que “pendant trois ans, nuit et jour, [il n’avait] cessé d’avertir chacun avec larmes”. N’est-ce pas là la preuve d’une chaleureuse affection fraternelle? Sans aucun doute! Et ces sentiments étaient réciproques. En effet, lorsque ces anciens apprirent qu’ils ne verraient plus Paul, “parmi eux tous il se versa pas mal de larmes, et ils se jetèrent au cou de Paul et l’embrassèrent tendrement”. (Actes 20:31, 37.) C’était là de l’affection fraternelle fondée sur une estime mutuelle. L’affection fraternelle de Paul se voit également dans ce qu’il a dit en 2 Corinthiens 6:11-13: “Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s’est élargi. Vous n’êtes pas à l’étroit au-dedans de nous, mais c’est dans vos tendres affections à vous que vous êtes à l’étroit. Aussi, en retour et en manière de rétribution, — je parle comme à des enfants, — vous aussi, élargissez-vous.”
10. Quel manque d’affection fraternelle a poussé Paul à parler de ses épreuves (2 Corinthiens, chapitre 11)?
10 Manifestement, beaucoup parmi les Corinthiens n’éprouvaient pas pour l’apôtre Paul suffisamment de cette affection fraternelle fondée sur l’estime. Voilà pourquoi certains d’entre eux se plaignaient, disant: “Ses lettres (...) ont du poids et de la force, mais sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable.” (2 Corinthiens 10:10). Cela explique que Paul ait fait mention de leurs “super-apôtres” et parlé des épreuves qu’il avait endurées, comme on peut le lire en 2 Corinthiens 11:5, 22-33.
11. Qu’est-ce qui témoigne de l’affection que Paul éprouvait pour les chrétiens de Thessalonique?
11 La chaleureuse affection que Paul éprouvait pour ceux auprès de qui il exerçait son ministère est particulièrement évidente en 1 Thessaloniciens 2:8: “Ayant pour vous une tendre affection, nous étions contents de vous communiquer non seulement la bonne nouvelle de Dieu, mais encore notre propre âme, parce que vous nous étiez devenus chers.” De fait, il avait pour ces nouveaux frères une affection telle que, n’y tenant plus — tant il désirait savoir comment ils enduraient la persécution — il a envoyé Timothée, qui lui a fait parvenir des nouvelles très réconfortantes (1 Thessaloniciens 3:1, 2, 6, 7). Voilà pourquoi on peut lire dans l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible qu’il s’était “noué un étroit lien d’affection fraternelle entre Paul et ceux qu’il avait servis”.
L’estime: secret de l’affection fraternelle
12. Quelles raisons avons-nous de témoigner une chaleureuse affection à nos frères?
12 Indubitablement, c’est l’estime qui permet d’avoir de l’affection fraternelle pour quelqu’un. Les serviteurs de Jéhovah n’ont-ils pas tous des qualités que nous apprécions, qui suscitent notre affection, qui font que nous les estimons? Tous, nous cherchons d’abord le Royaume de Dieu et Sa justice. Tous, nous livrons un rude combat contre nos trois ennemis communs: Satan et ses démons, le monde méchant qui se trouve sous la coupe de Satan, et les tendances égoïstes et héréditaires de la chair déchue. Ne devrions-nous pas toujours partir du principe que nos frères font de leur mieux en fonction des circonstances? Où qu’ils habitent sur la terre, tous les humains sont soit du côté de Jéhovah, soit du côté de Satan. Nos frères et sœurs sont du côté de Jéhovah, oui, de notre côté; ils méritent donc notre affection fraternelle.
13. Pourquoi devons-nous éprouver une chaleureuse affection pour les anciens?
13 Et les anciens, les estimons-nous? Ne devraient-ils pas avoir une place de choix dans notre cœur pour tout ce qu’ils font en faveur de la congrégation? Comme chacun d’entre nous, il leur faut subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leur famille. En outre, ils ont les mêmes obligations que nous en ce qui concerne l’étude individuelle, l’assistance aux réunions de la congrégation et la participation au ministère. Qui plus est, ils doivent préparer des exposés en vue des réunions, donner des discours publics et régler les problèmes qui surviennent dans la congrégation, ce qui parfois se traduit par des heures d’audition judiciaire. Véritablement, nous voulons ‘continuer à chérir des hommes tels que ceux-là’. — Philippiens 2:29.
Exprimons notre affection fraternelle
14. Quels passages des Écritures nous enjoignent de manifester notre affection fraternelle?
14 Pour être agréables à Jéhovah, nous devons exprimer la chaleureuse affection fraternelle que nous éprouvons pour nos compagnons dans la foi. C’est ce que Jésus Christ et Paul ont fait; nous lisons à ce propos: “Quant à [l’affection fraternelle], ayez une tendre affection les uns pour les autres.” (Romains 12:10, Traduction interlinéaire du Royaume, angl.). “Pour ce qui est de [l’affection fraternelle], vous n’avez pas besoin que nous vous en écrivions, car vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer les uns les autres.” (1 Thessaloniciens 4:9, ibid.). “Que votre [affection fraternelle] demeure!” (Hébreux 13:1, ibid.). Assurément, il est agréable à notre Père céleste que nous manifestions notre affection fraternelle à ses enfants terrestres.
15. Quelles sont quelques façons d’exprimer son affection fraternelle?
15 Aux temps apostoliques, les chrétiens avaient coutume de se saluer par un “saint baiser” ou un “baiser d’amour”. (Romains 16:16; 1 Pierre 5:14.) Voilà une belle expression d’affection fraternelle! Aujourd’hui, dans bien des pays du monde, il est plus habituel de voir s’exprimer l’affection par un sourire amical et une ferme poignée de main. Chez les peuples latins, comme par exemple les Mexicains, il arrive de prendre un ami dans ses bras, ce qui est une véritable marque d’affection. La chaleureuse affection des chrétiens qui appartiennent à ces peuples pourrait en partie expliquer le grand accroissement qu’ils connaissent.
16. Quelles occasions avons-nous de manifester notre affection fraternelle à la Salle du Royaume?
16 Lorsque nous entrons dans la Salle du Royaume, faisons-nous tout ce que nous pouvons pour exprimer notre affection fraternelle? Cela nous incitera à avoir des paroles encourageantes, surtout pour ceux qui semblent déprimés. Il nous est dit d’avoir “des paroles consolantes pour les âmes déprimées”. (1 Thessaloniciens 5:14.) Voilà une manière de communiquer notre chaleureuse affection fraternelle. Nous pouvons également dire à un orateur combien nous a plu le discours public (ou l’exposé) qu’il a présenté, ou féliciter un élève pour les efforts qu’il fait à l’École du ministère théocratique, et ainsi de suite.
17. Comment un ancien a-t-il gagné l’affection de la congrégation?
17 Pourquoi ne pas inviter divers frères à prendre un repas, même léger, après la réunion, s’il n’est pas trop tard? Ne devrions-nous pas nous laisser diriger par le conseil que donne Jésus en Luc 14:12-14? Un jour, un ancien missionnaire a été nommé surveillant-président d’une congrégation dont tous les membres étaient d’une race différente de la sienne. Sentant qu’il n’y avait pas suffisamment d’affection fraternelle dans cette congrégation, il a cherché à remédier à la situation. Comment? Au fil des dimanches, il a invité les différentes familles à prendre un repas. À la fin de l’année, tous lui manifestaient une chaleureuse affection fraternelle.
18. Comment pouvons-nous montrer notre affection fraternelle à nos frères et sœurs qui sont malades?
18 Lorsque nos compagnons chrétiens sont malades, qu’ils soient chez eux ou hospitalisés, l’affection fraternelle nous pousse à leur faire savoir que nous tenons à eux. Et ceux qui sont en maison de retraite? Pourquoi ne pas leur rendre visite, leur passer un coup de téléphone ou leur envoyer un mot pour leur faire part de notre affection?
19, 20. Comment pouvons-nous montrer que notre affection fraternelle s’est élargie?
19 Lorsque nous exprimons ainsi notre affection fraternelle, nous pouvons nous poser cette question: ‘Mon affection fraternelle est-elle partiale? Des éléments comme la couleur de la peau, l’instruction ou le niveau social influencent-ils la façon dont je la manifeste? Ai-je besoin de m’élargir dans mon affection fraternelle, comme l’apôtre Paul l’a conseillé aux chrétiens de Corinthe?’ Grâce à l’affection fraternelle, nous avons une bonne opinion de nos frères et nous apprécions leurs points forts. L’affection fraternelle nous aide également à nous réjouir des progrès spirituels de nos frères au lieu de les envier.
20 L’affection fraternelle devrait également nous sensibiliser quant à l’aide que nous pouvons apporter à nos frères dans le ministère. Il devrait en être comme le dit un de nos cantiques (numéro 92):
“Nous soutiendrons du faible les pas
Et hardiment il témoignera.
Si le petit a notre assistance,
Il sera plus fort et sans réticence.”
21. Quels résultats notre affection fraternelle produit-elle?
21 Par conséquent, n’oublions pas que le principe énoncé par Jésus dans son Sermon sur la montagne vaut également pour l’affection fraternelle: “Appliquez-vous à donner, et l’on vous donnera. On versera dans votre giron une belle mesure, pressée, secouée et débordante. Car de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous en retour.” (Luc 6:38). Quand nous faisons preuve d’affection fraternelle et que nous exprimons notre estime à nos compagnons, qui, comme nous, servent Jéhovah, nous nous faisons du bien à nous-mêmes. Ceux qui prennent plaisir à manifester leur affection fraternelle sont vraiment heureux!
[Note]
a Voir l’article suivant: “L’amour (agapê): ce qu’il n’est pas et ce qu’il est”.
-
-
L’amour (agapê): ce qu’il n’est pas et ce qu’il estLa Tour de Garde 1993 | 15 octobre
-
-
L’amour (agapê): ce qu’il n’est pas et ce qu’il est
“Ajoutez à votre (...) affection fraternelle l’amour.” — 2 PIERRE 1:5, 7.
1. a) Quelle qualité la Bible met-elle en avant? b) Quels sont les quatre mots grecs souvent traduits par “amour”, et duquel est-il question en 1 Jean 4:8?
S’IL est une qualité, une vertu, que la Parole de Dieu (la Bible) met en avant, c’est bien l’amour. En grec, la langue dans laquelle les Écritures chrétiennes ont été rédigées, quatre mots sont souvent traduits par “amour”. L’amour qui nous intéresse ici n’est pas érôs (terme que l’on ne trouve pas dans les Écritures grecques chrétiennes), qui est fondé sur l’attirance sexuelle; ce n’est pas non plus storgê, sentiment issu des liens du sang; ni philia, chaleureuse amitié qui naît d’une estime mutuelle, et dont nous avons parlé dans l’article précédent. Il s’agit bien plutôt d’agapê, amour fondé sur les principes et que l’on peut considérer comme synonyme de désintéressement; c’est de cet amour que parlait l’apôtre Jean quand il a dit: “Dieu est amour.” — 1 Jean 4:8.
2. Qu’a-t-on fort justement dit à propos de l’amour (agapê)?
2 À propos de cet amour (agapê), le professeur William Barclay a écrit (New Testament Words): “Agapê (...) se rapporte à l’esprit; il ne s’agit pas simplement d’un sentiment qui naît spontanément dans le cœur [comme ce peut être le cas pour philia], mais d’un principe dont l’application résulte d’un choix délibéré. Agapê est avant tout lié à la volonté. Il exprime une conquête, une victoire, une réalisation. Nul n’a jamais éprouvé naturellement de l’amour pour ses ennemis. Aimer ses ennemis, c’est l’emporter sur tous ses sentiments et ses tendances naturelles. Cet agapê (...) désigne en fait la faculté d’aimer ceux qui ne sont guère attachants, d’aimer les personnes qui ne nous attirent pas.”
3. Quelle importance Jésus Christ et Paul ont-ils accordée à l’amour?
3 En effet, l’importance accordée à cette sorte d’amour est une des choses qui distinguent le culte pur de Jéhovah Dieu de toutes les autres formes de culte. En conséquence, Jésus Christ a dit des deux plus grands commandements: “Le premier c’est: ‘(...) Tu dois aimer Jéhovah, ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de tout ton esprit, et de toute ta force.’ Voici le second: ‘Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.’ Aucun autre commandement n’est plus grand que ceux-là.” (Marc 12:29-31). Au chapitre 13 de 1 Corinthiens, l’apôtre Paul a fait, lui aussi, une large place à l’amour. Après avoir dit que l’amour était la qualité la plus indispensable, il a conclu par ces paroles: “Or maintenant demeurent la foi, l’espérance, l’amour, ces trois-là; mais le plus grand des trois, c’est l’amour.” (1 Corinthiens 13:13). Jésus a bien dit que l’amour serait la marque distinctive de ses disciples. — Jean 13:35.
Ce que l’amour n’est pas
4. Combien d’aspects négatifs et positifs de l’amour Paul mentionne-t-il en 1 Corinthiens 13:4-8?
4 On a avancé qu’il est plus facile de dire ce que l’amour n’est pas que de dire ce qu’il est. Cette pensée n’est pas fausse, car l’apôtre Paul, dans son chapitre sur l’amour (1 Corinthiens 13:4-8), mentionne neuf choses que l’amour n’est pas et sept choses qu’il est.
5. Comment a-t-on défini la jalousie, et en quel sens positif ce mot est-il employé dans les Écritures?
5 Voici, selon les paroles de Paul, la première chose que l’amour n’est pas: l’amour “n’est pas jaloux”. Ce point requiert une petite explication, car la jalousie a un aspect positif et un aspect négatif. Un dictionnaire définit le “jaloux” comme quelqu’un “qui ne tolère pas la rivalité” et “qui veut être aimé et servi exclusivement, sans partage”. C’est ainsi que Moïse déclare en Exode 34:14: “Tu ne devras pas te prosterner devant un autre dieu, parce que Jéhovah, dont le nom est Jaloux, c’est un Dieu jaloux.” En Exode 20:5, c’est Jéhovah qui dit: “Moi, Jéhovah, ton Dieu, je suis un Dieu qui réclame un attachement exclusif.” Quant à l’apôtre Paul, il a écrit dans le même ordre d’idées: “Je suis jaloux à votre sujet, d’une jalousie conforme à la volonté de Dieu.” — 2 Corinthiens 11:2.
6. Quels exemples bibliques montrent pourquoi l’amour n’est pas jaloux?
6 Cependant, le mot “jalousie” a en général un sens péjoratif, ce qui explique qu’il figure parmi les œuvres de la chair citées en Galates 5:20. En effet, cette jalousie-là est égoïste et elle engendre la haine; or la haine est le contraire de l’amour. C’est la jalousie qui a poussé Caïn à haïr Abel au point de l’assassiner, et qui a incité les dix demi-frères de Joseph à le haïr jusqu’à vouloir le tuer. L’amour ne convoite pas jalousement les biens ou les avantages d’autrui, comme le roi Achab convoita jalousement la vigne de Naboth. — 1 Rois 21:1-19.
7. a) Quel événement montre que Jéhovah n’aime pas les vantards? b) Pourquoi l’amour ne se vante-t-il pas, même sans le vouloir?
7 Paul nous dit ensuite que l’amour “ne se vante pas”. La vantardise trahit un manque d’amour, car celui qui se vante se place au-dessus des autres. Jéhovah n’aime pas les vantards, comme on peut le voir dans la façon dont il a humilié le roi Nébucadnezzar, qui s’était vanté (Daniel 4:30-35). On se vante souvent sans en avoir conscience, parce qu’on est très content d’un succès que l’on a eu ou d’un bien que l’on possède. Certains ont peut-être tendance à se flatter de leurs résultats dans le ministère chrétien. D’autres ressemblent à cet ancien qui n’a pas pu se retenir de téléphoner à ses amis pour leur annoncer qu’il venait d’acheter une voiture au prix de 250 000 francs. Toutes ces attitudes manquent d’amour, car elles placent le vantard dans une position de supériorité par rapport à ceux qui l’écoutent.
8. a) Comment Jéhovah agit-il envers ceux qui se gonflent d’orgueil? b) Pourquoi l’amour ne se conduit-il pas ainsi?
8 Puis il nous est dit que l’amour “ne se gonfle pas d’orgueil”. Celui qui se gonfle d’orgueil, qui est hautain, manque d’amour et s’élève au-dessus des autres. Un tel état d’esprit n’est pas très avisé, car “Dieu s’oppose aux hautains, mais il donne sa faveur imméritée aux humbles”. (Jacques 4:6.) L’amour, quant à lui, agit de façon opposée; il considère les autres comme supérieurs. Paul a écrit en Philippiens 2:2, 3: “Comblez ma joie par ceci: soyez bien d’accord et ayez un même amour, étant assemblés par l’âme, pensant à une seule et même chose; ne faites rien par esprit de rivalité, rien par vanité, mais, avec humilité d’esprit, considérez les autres comme supérieurs à vous.” Cette attitude met les autres à leur aise, alors que celui qui est hautain et qui a un esprit de rivalité indispose les autres.
9. Pourquoi l’amour ne se conduit-il pas avec indécence?
9 Paul dit ensuite que l’amour “ne se conduit pas avec indécence”. Quelqu’un d’indécent est quelqu’un qui fait injure aux bonnes manières ou aux bonnes mœurs. Celui qui se conduit avec indécence (qui n’a donc pas d’amour) ne respecte pas les sentiments des autres. Certaines versions traduisent par “ne fait rien d’inconvenant” l’expression grecque employée ici. Celui qui est indécent manque de respect envers ce que l’on tient généralement pour correct et de bon goût. Assurément, celui qui a des égards pleins d’amour pour les autres ne fait rien qui puisse être inconvenant ou indécent et qui, par voie de conséquence, pourrait offenser, voire choquer.
D’autres choses que l’amour ne fait pas
10. En quel sens peut-on dire que l’amour ne cherche pas son intérêt?
10 Paul poursuit en disant que l’amour “ne cherche pas son propre intérêt”, lorsque, bien sûr, les intérêts de plusieurs personnes sont en conflit. L’apôtre écrit ailleurs: “Jamais personne n’a haï sa propre chair; au contraire, il la nourrit et l’entoure de soins.” (Éphésiens 5:29). Cependant, quand notre intérêt s’oppose à celui d’autrui et qu’aucun autre principe biblique n’est en jeu, nous devrions agir comme Abraham l’a fait envers Lot, et laisser le choix à l’autre. — Genèse 13:8-11.
11. Que signifie le fait que l’amour ne s’irrite pas?
11 En outre, l’amour ne s’offense pas rapidement. Voilà pourquoi Paul nous dit que l’amour “ne s’irrite pas”. L’amour n’est pas susceptible. Il se maîtrise. Maris et femmes devraient particulièrement prendre à cœur ce conseil et se garder de hausser le ton avec impatience ou de crier l’un contre l’autre. Dans certaines circonstances, il est difficile de ne pas s’irriter; c’est pourquoi Paul a éprouvé le besoin de donner le conseil suivant à Timothée: “Un esclave du Seigneur ne doit pas entrer en lutte, mais il doit être doux envers tous, capable d’enseigner, se dominant sous le mal [il ne doit donc pas s’irriter], instruisant avec douceur ceux qui ne sont pas animés de bonnes dispositions.” — 2 Timothée 2:24, 25.
12. a) En quel sens peut-on dire que l’amour ne tient pas compte du mal subi? b) Pourquoi n’est-il pas avisé de tenir compte du mal subi?
12 Poursuivant sur les choses que l’amour ne fait pas, Paul donne ce conseil: “L’amour (...) ne tient pas compte du mal subi.” Il ne faut pas en déduire que l’amour n’est pas sensible au mal. Jésus a montré comment nous devons agir lorsque nous avons subi un préjudice grave (Matthieu 18:15-17). Cependant, l’amour ne nous autorise pas à garder du ressentiment, de la rancune. Ne pas tenir compte du mal subi, c’est pardonner et oublier la chose une fois qu’elle a été réglée conformément aux Écritures. Ainsi, ne nous tourmentons pas et ne nous rendons pas malheureux en ressassant le même grief, en tenant compte du mal subi!
13. Que signifie ne pas se réjouir de l’injustice, et pourquoi l’amour ne se réjouit-il pas de l’injustice?
13 En outre, il nous est dit que l’amour “ne se réjouit pas de l’injustice”. Le monde, lui, se réjouit de l’injustice, comme le montre le succès remporté par les publications, les films et les émissions de télévision violents et pornographiques. Cette façon de se réjouir est égoïste, sans égard aucun pour les justes principes de Dieu ni pour le bonheur des autres. Celui qui agit ainsi sème en vue de la chair; viendra un jour où il récoltera de la chair la corruption. — Galates 6:8.
14. Pourquoi peut-on dire avec confiance que l’amour ne passe jamais?
14 Voici maintenant la dernière chose que l’amour ne fait pas: “L’amour ne passe jamais.” En premier lieu, l’amour ne passe ou ne finit jamais parce que Dieu est amour et qu’il est le “Roi d’éternité”. (1 Timothée 1:17.) Romains 8:38, 39 nous en donne l’assurance, l’amour que Jéhovah éprouve pour nous ne passera jamais: “Je suis convaincu que ni mort, ni vie, ni anges, ni gouvernements, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre création ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Christ Jésus notre Seigneur.” Ensuite, l’amour ne passe jamais en ce sens qu’il n’est jamais déficient. L’amour est à la hauteur de toutes les situations, de toutes les épreuves.
Ce qu’est l’amour
15. Pourquoi Paul cite-t-il la longanimité en premier parmi les aspects positifs de l’amour?
15 Venons-en maintenant à l’aspect positif de la question: ce qu’est l’amour. Paul écrit pour commencer: “L’amour est longanime.” On a dit qu’il ne pouvait pas y avoir de bons rapports entre chrétiens sans la longanimité, c’est-à-dire la faculté de supporter patiemment autrui. Il en est ainsi parce que nous sommes tous imparfaits, et que nos défauts mettent les autres à l’épreuve. Rien d’étonnant à ce que l’apôtre Paul cite en premier cet aspect de l’amour!
16. De quelles façons peut-on être bon au sein de la famille?
16 Paul déclare en outre que l’amour est “bon”. Autrement dit, l’amour est serviable, attentionné, plein d’égards pour autrui. La bonté se manifeste dans les grandes comme dans les petites choses. Le Samaritain hospitalier a incontestablement fait preuve de bonté envers l’homme qui avait été attaqué par des brigands (Luc 10:30-37). L’amour se fait un régal de dire “s’il te plaît”. Dire: “Passe-moi le pain”, c’est donner un ordre. Cette injonction devient une demande si on la fait précéder d’un “s’il te plaît”. Les maris sont bons envers leurs femmes lorsqu’ils tiennent compte du conseil contenu en 1 Pierre 3:7: “Vous les maris, de même, continuez à demeurer avec elles selon la connaissance, leur assignant de l’honneur comme à un vase plus faible, le vase féminin, puisque vous aussi, vous êtes avec elles héritiers de la faveur imméritée de la vie, afin que vos prières ne soient pas entravées.” Les femmes sont bonnes envers leurs maris lorsqu’elles leur témoignent un “profond respect”. (Éphésiens 5:33.) Les pères sont bons envers leurs enfants quand ils suivent la recommandation d’Éphésiens 6:4: “Pères, n’irritez pas vos enfants, mais continuez à les élever dans la discipline et l’éducation mentale de Jéhovah.”
17. Citez les deux manières dont l’amour se réjouit avec la vérité.
17 L’amour ne se réjouit pas de l’injustice, mais “se réjouit avec la vérité”. Amour et vérité vont de pair: Dieu est amour, mais il est aussi “Dieu de vérité”. (Psaume 31:5.) L’amour se réjouit de voir la vérité triompher du mensonge et le dévoiler; c’est ce qui explique en partie le grand accroissement que connaît aujourd’hui le peuple de Jéhovah. Toutefois, puisque c’est à l’injustice que la vérité est opposée, l’idée peut être aussi que l’amour se réjouit dans la justice. L’amour se réjouit de voir triompher la justice; c’est ainsi que Jéhovah commande à ses adorateurs de se réjouir de la chute de Babylone la Grande. — Révélation 18:20.
18. En quel sens l’amour supporte-t-il tout?
18 Paul nous dit également que l’amour “supporte tout”. Comme le montre la Traduction interlinéaire du Royaume (angl.), il faut comprendre ici que l’amour couvre tout. Il ne ‘révèle’ pas le “défaut” d’un frère, ce qui est la tendance des méchants (Psaume 50:20; Proverbes 10:12; 17:9). On trouve la même pensée en 1 Pierre 4:8: “L’amour couvre une multitude de péchés.” Bien sûr, la fidélité nous empêche de couvrir les péchés graves commis contre Jéhovah et contre la congrégation chrétienne.
19. En quel sens l’amour croit-il tout?
19 L’amour “croit tout”. L’amour est optimiste, il n’est pas négatif. Cela ne signifie pas que l’amour soit crédule. Il n’est pas prompt à croire au sensationnel. Cependant, pour acquérir la foi en Dieu, il faut avoir la volonté de croire. Par conséquent, l’amour n’est pas sceptique et ne critique pas sans raison. Il ne résiste pas à la croyance, comme l’athée, qui déclare dogmatiquement qu’il n’y a pas de Dieu; et il ne ressemble pas à l’agnostique, qui affirme péremptoirement qu’il est tout à fait impossible de savoir d’où nous venons, pourquoi nous sommes ici et quel sera l’avenir. Dans tous ces domaines, la Parole de Dieu nous donne des assurances. En outre, l’amour est prêt à croire parce qu’il est confiant, et non suspicieux.
20. Quel lien existe-t-il entre l’amour et l’espérance?
20 L’apôtre Paul nous assure en outre que l’amour “espère tout”. Étant optimiste, et non pessimiste, l’amour a une solide espérance dans tout ce que promet la Parole de Dieu. Il nous est dit: “Celui qui laboure doit labourer dans l’espérance, et celui qui bat le grain doit le faire dans l’espérance d’en avoir une part.” (1 Corinthiens 9:10). De même qu’il est confiant, l’amour est optimiste: il espère toujours les meilleures choses.
21. Relativement à l’endurance de l’amour, quelle assurance trouve-t-on dans les Écritures?
21 Enfin, nous recevons l’assurance que l’amour “endure tout”. Il le peut en raison de ce que l’apôtre Paul nous dit en 1 Corinthiens 10:13: “Aucune tentation ne vous est survenue qui ne soit commune aux hommes. Or Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de ce que vous pouvez supporter, mais avec la tentation il ménagera aussi l’issue, afin que vous puissiez l’endurer.” L’amour nous incite à nous tourner vers les nombreux exemples bibliques de serviteurs de Dieu qui ont enduré les épreuves, en tête desquels, comme nous le rappelle Hébreux 12:2, 3, se trouve Jésus Christ.
22. Nous qui sommes enfants de Dieu, quelle qualité dominante devons-nous toujours veiller à manifester?
22 Véritablement, l’amour (agapê) est la qualité dominante que les chrétiens, les Témoins de Jéhovah, doivent cultiver, à la fois dans ce qu’il n’est pas et dans ce qu’il est. Nous qui sommes enfants de Dieu, puissions-nous toujours veiller à manifester ce fruit de Son esprit! Agir ainsi, c’est ressembler à Dieu, car, souvenons-nous-en, “Dieu est amour”.
-