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La publicité — À quoi sert-elle?Réveillez-vous ! 1988 | 8 février
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La publicité — À quoi sert-elle?
UN PAON bleu surgit dans un magnifique flamboiement de couleurs. Déployant en éventail sa superbe traîne ocellée — cinq fois plus longue que son corps — il la fait miroiter au soleil. Puis, majestueusement, il se pavane devant sa future conquête. Quelle paonne pourrait rester indifférente à ce spectacle qu’on a décrit comme “la plus splendide (...) des publicités”? La publicité est un phénomène mondial. Dans les articles suivants, notre correspondant en Grande-Bretagne analyse ses objectifs et son influence.
Qu’est-ce que la publicité? Au départ, c’est une action visant à faire connaître quelque chose. Dans la nature, elle est souvent indispensable à la défense et à la propagation de la vie.
Ainsi, les loups hurlent afin de signaler leur présence et de ne pas tomber inutilement sur une autre horde en train de chasser de son côté. Lorsqu’il cherche à s’accoupler, le mâle de la phalène, un papillon, le fait savoir en dégageant une substance chimique appelée phérormone, qu’une femelle est capable de percevoir à plusieurs kilomètres de distance, même à l’état de traces. Les oiseaux de proie évitent sagement de s’en prendre à la tyria, un autre papillon, dont les rayures jaunes et noires, très voyantes, la désignent comme un mets non seulement désagréable au goût, mais franchement toxique.
Qu’en est-il des humains? Nous avons franchi un palier supplémentaire et avons fait de la publicité un commerce. En voici quelques exemples:
La publicité commerciale
Un papyrus égyptien découvert à Thèbes est sans doute la plus ancienne des annonces commerciales. Rédigée il y a plus de 3 000 ans, elle promettait une récompense à qui ramènerait un esclave en fuite.
Les crieurs publics de la Grèce antique, puis, plus tard, ceux des cités européennes, n’étaient rien d’autre que des agents de publicité itinérants qui attiraient l’attention du public sur leurs proclamations.
Au Moyen Âge, en Angleterre, la profession de prêteur était annoncée par trois boules d’or suspendues, un emblème qui s’inspirait des armes des Médicis, une famille de banquiers italiens. Aujourd’hui encore, cette enseigne désigne les bureaux de prêteurs sur gages en Grande-Bretagne.
Au XVIIIe siècle, le londonien Samuel Johnson se plaignait en ces termes: “La publicité est aujourd’hui tellement répandue que l’on n’y jette plus qu’un coup d’œil distrait. (...) La publicité est maintenant si proche de la perfection qu’il est difficile de proposer quelques améliorations.” Mais depuis, les choses ont bien changé. Au cours des 50 dernières années, ce métier est devenu une véritable industrie.
Oui, la publicité est une industrie, et même une grosse industrie. Les journaux, les panneaux d’affichage, les magazines luxueux, les enseignes lumineuses, la radio et la télévision sont autant de supports qui rivalisent pour capter notre attention en nous bombardant continuellement de messages percutants, tantôt tapageurs, tantôt étonnamment astucieux et subtils.
Un fort ronronnement attire notre regard sur des dirigeables, énormes publicités suspendues en plein ciel. De petits avions traînent derrière eux des slogans. L’imagination dans ce domaine semble être sans limite. Mais tout cela est-il vraiment nécessaire?
Comment la publicité agit-elle? Les consommateurs que nous sommes se trouveraient-ils avantagés ou désavantagés par une diminution de la publicité? Quel rôle joue-t-elle dans notre vie?
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La publicité — Ou le pouvoir de persuasionRéveillez-vous ! 1988 | 8 février
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La publicité — Ou le pouvoir de persuasion
LA PUBLICITÉ répond à un besoin qui existe depuis que l’homme fait du commerce. Avec le temps, elle a pris de plus en plus d’ampleur.
C’est après la Seconde Guerre mondiale que la publicité moderne prit vraiment son essor. Dans les années 50, le développement industriel engendra une vague de prospérité qui déborda sur la décennie suivante, ce qui fit dire avec juste raison à Harold Macmillan, alors premier ministre britannique: “Vous n’avez jamais été aussi bien.”
Qui dit prospérité dit pouvoir d’achat supérieur, ce qui incita à produire davantage et nécessita, par conséquent, de vendre davantage. Dans ce cycle de l’offre et de la demande, la publicité joua le rôle de pivot.
De nos jours, vendre est une profession qui va de pair avec la prolifération des cartes de crédit. Dans ce domaine, la Grande-Bretagne arrive en tête des pays européens avec 22,6 millions de cartes en service.
À la fin du siècle dernier, les annonceurs qui achetaient des espaces publicitaires dans la presse se contentaient de faire savoir qu’ils avaient un produit à vendre. “Appareils photo Eastman Kodak”, lisait-on par exemple. Il y a une centaine d’années, la firme Kodak consacrait l’équivalent d’un peu plus de 2 000 francs français par an à l’ensemble de son budget publicitaire dans les magazines américains. Mais de nos jours, aux États-Unis, ce sont plus de 2 000 francs français par habitant qui sont consacrés chaque année à l’ensemble de la publicité.
Les États-Unis sont incontestablement le berceau de la publicité moderne. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays occidentaux suivent leur exemple, et, à présent, les pays en développement prennent le même chemin. Par leur extension, les multinationales contribuent à ce phénomène.
La publicité, ce n’est pas seulement un volume d’affaires considérable, mais aussi une industrie au pouvoir étendu, certains la qualifiant même de science. Il devient de plus en plus difficile d’échapper à son ingérence dans notre vie. Où que nous regardions, quoi que nous fassions, la publicité est là, qui nous fait signe, tour à tour cajoleuse, suppliante, raisonneuse, tapageuse. Que nous en soyons conscients ou non, nous subissons tous son influence, pour le meilleur ou pour le pire.
Qui tient les commandes de cette puissante machine à persuader? Quels en sont les mécanismes?
Comment passer une annonce?
Pour insérer une annonce dans un journal local, il suffit d’un coup de téléphone au bureau du journal en question. Mais c’est une autre affaire que de passer un message à la télévision ou d’organiser une campagne d’affichage dans tout le pays. Il devient alors nécessaire de faire appel à une agence de publicité. Il en existe aujourd’hui beaucoup dans le monde, mais nous allons d’abord nous arrêter à New York, sur Madison Avenue — souvent appelée “Ad Alley” (la rue de la pub) — là où les premières agences ont vu le jour.
En 1954, environ dix ans après avoir contribué au lancement et au développement de l’agence Ted Bates and Company sur Madison Avenue, Rosser Reeves a révolutionné la technique de la publicité. À partir de presque rien, il a édifié une agence qui possède aujourd’hui des filiales dans 50 pays et qui, en 1984, valait 3 milliards de dollars. D’autres ont suivi son exemple, profitant du boom industriel de l’après-guerre pour faire fortune.
Jusqu’à il y a seulement cinq ans, la plupart des agences de publicité en Grande-Bretagne étaient des filiales de sociétés américaines. Ce n’est plus le cas depuis que l’entreprise britannique Saatchi and Saatchi a racheté Ted Bates and Company en 1986, devenant du même coup le premier groupe mondial de publicité. Malgré cela, plus de la moitié de l’argent consacré à la publicité chaque année dans le monde passe encore par des agences américaines.
Combien coûte la publicité? Pas moins de 900 milliards de francs français par an, sur lesquels, selon la revue The Economist, les agences de publicité prélèvent une commission de près de 140 milliards de francs.
Mais le vrai pouvoir de la publicité ne réside pas dans l’argent. Voici ce que déclare Bill Bernbach, un des concepteurs les plus en vue sur Madison Avenue: “Par l’utilisation des médias, nous façonnons la société. Nous pouvons la rendre vulgaire, l’abêtir ou au contraire l’élever.” C’est là que réside l’inquiétant pouvoir de la publicité, et la question qui se pose est de savoir jusqu’à quel point ceux qui manient cet instrument sont conscients de leur responsabilité.
La “publicité dure”
Selon l’Association britannique de publicité, “la publicité dure est incisive, persuasive, énergique”. Les Américains la définissent comme “une technique de vente agressive”, expression encore plus explicite. C’est l’antithèse de la “persuasion en douceur”, ou “publicité douce”. En quoi consiste-t-elle et comment nous influence-t-elle?
Lorsqu’un marché arrive à saturation, les industriels qui luttent pour conserver ou accroître leur part du marché recourent à cette propagande agressive. Ainsi, dans de nombreux pays occidentaux, où l’on assiste à un engorgement des ventes, les automobiles, les téléviseurs et d’autres articles de ce genre font à présent l’objet d’une publicité dure.
Aux États-Unis, ce qui se passe en ce moment dans le monde médical illustre bien la raison d’être de ce type de publicité. “La publicité dure fait son entrée dans les hôpitaux”, titrait la revue Time. Elle prend le dessus à cause du nombre croissant de lits d’hôpitaux inoccupés et de la concurrence entre cliniques et hôpitaux. Ainsi, une réclame pour un centre médical en Californie dit ceci: “Calculs rénaux? Appelez Stonebusters [les brise-calculs]!”
Cependant, l’un des inconvénients de la publicité dure réside dans son caractère souvent irrésistible. Son pouvoir de persuasion est tel qu’elle pourrait nous contraindre à acheter un article dont nous n’avons pas besoin ou à agir contre nos intérêts. Illustrons ce point par deux exemples bien connus.
Biberon contre allaitement
Le code de l’Organisation mondiale de la santé interdit désormais de distribuer gratuitement aux mères des échantillons de lait en poudre. Cette disposition vise à préserver l’allaitement, car le lait maternel contient des anticorps, qui contribuent à protéger l’enfant contre les maladies. En outre, en supprimant l’ovulation l’allaitement joue un rôle contraceptif des plus utiles dans les pays où l’on ne dispose pas d’autres moyens de limitation des naissances.
La récente distribution de tels échantillons dans quelques hôpitaux de Grande-Bretagne a fait réapparaître un flot de souvenirs et de craintes. Une enquête menée pendant cinq ans à Liverpool (Angleterre) a révélé que “les mères ne comprenaient pas les instructions marquées sur les étiquettes [des boîtes de lait en poudre] et [que] les biberons et les tétines étaient conservés dans de mauvaises conditions d’hygiène”. Le docteur A. Stephens a expliqué sans détours que “les substituts du lait maternel sont absolument sans danger, pourvu qu’ils soient mélangés convenablement et hygiéniquement”. (C’est nous qui soulignons.) Mais quand ce n’est pas le cas, des difficultés surgissent.
Un article bouleversant paru dans la revue Africa Now en 1983 a révélé que l’alimentation au biberon serait chaque année responsable de dix millions de cas de maladies infectieuses et de sous-alimentation chez les enfants. Auparavant, en 1974, l’organisation humanitaire War on Want (Guerre à la misère) avait affirmé que l’emploi de lait en poudre provoquait tous les ans la mort d’un million de bébés dans les pays en développement. D’après Africa Now, c’est “la commercialisation et la publicité agressives des succédanés du lait maternel” qui en étaient responsables.
Tous n’étaient pas à même de respecter les conditions d’hygiène requises dans la préparation de ce genre d’aliments. Voici ce qu’a déclaré le quotidien The Observer à propos des drames qui en ont résulté: “De nombreux témoignages en provenance des pays pauvres [indiquent] que la publicité a persuadé des mères sans instruction que le lait en poudre valait le lait maternel, et ainsi des bébés sont morts à cause d’une mauvaise stérilisation des biberons.” Parfois, des mères qui avaient reçu des échantillons gratuits n’avaient pas les moyens par la suite d’acheter ces produits. Mais entre temps, leur lactation s’était tarie. Les conséquences de la publicité dure furent tragiques.
Les méfaits du tabac
Depuis le début des années 80, la publicité promouvant la cigarette auprès des femmes remporte un grand succès en Grande-Bretagne. À tel point qu’en dépit des effets nocifs reconnus du tabac, le nombre de fumeuses dans ce pays n’a diminué que de 20 % durant les 15 dernières années, contre plus de 30 % chez les hommesa. En conséquence, remarque le Sunday Times de Londres, “le cancer du poumon chez la femme fait désormais presque autant de victimes que le cancer du sein, et de plus en plus de femmes sont atteintes des maladies ‘masculines’ que sont les troubles cardiaques et respiratoires”.
Cette situation préoccupe grandement le Conseil britannique de l’éducation pour la santé, mais comment, avec un budget publicitaire limité à 1,5 million de livres, peut-il lutter contre l’industrie du tabac, qui investit 100 millions de livres dans la publicité?
L’un des moyens consiste à limiter la publicité pour le tabac. Certains pays l’ont déjà totalement interdite; c’est le cas de la Norvège depuis 1975, imitée entre autres par la Finlande trois ans plus tard et par le Soudan en 1983. Dans beaucoup d’autres endroits, comme en Allemagne fédérale, aux États-Unis et en Afrique du Sud, des groupes de pression militent avec opiniâtreté pour que l’on réduise encore la publicité sur les cigarettes.
Mais en Grande-Bretagne, où le marché de la cigarette est très disputé, la publicité dure s’exerce encore dans la presse, particulièrement dans les magazines féminins. Pourquoi cette cible? C’est tout simplement, explique le Sunday Times, parce que “la population féminine constitue une énorme source de revenus”. Quand un publicitaire se voit confier la promotion d’un produit, il ne regarde pas forcément à la morale.
L’utilisation du sport
Il semble logique de voir des industriels parrainer les sports qui se rattachent à leur activité — les manufacturiers de pneus et les compagnies pétrolières dans les courses automobiles par exemple. Mais que viennent faire sur ce terrain les marques de cigarettes qui, en Angleterre, ont investi la coquette somme de 82 millions de francs français dans cette forme de promotion commerciale en 1985? “Le sport est censé favoriser une bonne santé et le tabac rend malade, a fait observer un membre du Parlement britannique. Le parrainage par des fabricants de cigarettes est donc incompatible avec l’idée d’améliorer la santé par le sport.” Ces investissements sont pourtant rentables. Voyons pourquoi.
En premier lieu ces réclames permettent d’associer directement l’événement sportif à l’annonceur, mais ce n’est pas tout. On peut également toucher des millions de téléspectateurs sans rien verser à la télévision, et ce en disposant judicieusement de grands panneaux publicitaires lorsqu’une épreuve sportive est retransmise. Ce procédé permet en outre aux industriels de la cigarette de contourner l’interdiction de publicité télévisée à laquelle le tabac est soumis au Royaume-Uni depuis 20 ans.
En 1982, 350 millions de téléspectateurs dans 90 pays auraient assisté à la victoire de Martina Navratilova lors du tournoi de tennis de Wimbledon. À cette occasion, la championne arborait une tenue aux couleurs d’une célèbre marque de cigarettes. “Cela n’a rien à voir avec la cigarette. Et de toute façon, qui s’en inquiète?” fut la réaction de l’un des organisateurs face aux protestations de la chaîne de télévision BBC. On a imposé des restrictions plus rigoureuses pour lutter contre ce genre de provocation sportive, mais il est difficile d’empêcher ces formes subtiles de persuasion.
Une publicité constructive
La publicité peut créer des emplois et stimuler l’économie — ce qui rend service à la société. Elle peut même faire apparaître un marché là où il n’en existait pas. Témoin ce qui s’est passé au Japon avec le diamant.
Si dans les pays occidentaux la coutume veut qu’on marque le succès des fréquentations par l’achat d’une bague de fiançailles rehaussée d’un diamant, il en va différemment au Japon. En 1968, moins de 5 % des Japonaises se voyaient offrir une bague de fiançailles. Mais grâce à une campagne de promotion du diamant qui a débuté cette année-là, ce chiffre est passé à 60 % en 1981. “Il a suffi de 13 années pour modifier radicalement 1 500 ans de tradition japonaise”, a écrit E. Epstein dans son livre L’invention du diamant (angl.). Voilà qui illustre bien le pouvoir de persuasion de la publicité.
On peut également recourir à la publicité pour prévenir la population d’un danger. En 1986, le gouvernement britannique a ainsi chargé une agence de publicité londonienne de mettre le pays en garde contre la grave menace du SIDA. Outre la distribution gratuite de dépliants dans chaque foyer, des avertissements ont été lancés à la radio, à la télévision, dans les journaux et dans les magazines.
Mais le plus extraordinaire succès publicitaire remonte à près de 2 000 ans; il est le fait d’hommes intrépides, les premiers disciples de Jésus Christ. Savez-vous à quel point ces premiers chrétiens s’y entendaient pour faire de la publicité? C’est une histoire passionnante.
[Note]
a La Grande-Bretagne compte 17 millions de fumeurs — soit 32 % des femmes et 36 % des hommes.
[Encadré, page 6]
Le coût de la publicité
LA PUBLICITÉ moderne coûte cher. Un message publicitaire passé à la télévision, dans un journal ou un magazine à fort tirage peut atteindre plusieurs centaines de milliers de francs. Sera-t-il lu? Sera-t-il retenu? Influencera-t-il le comportement des consommateurs? Pour s’en assurer, on fait maintenant de plus en plus intervenir la science dans la préparation d’une publicité. Grâce à une caméra spéciale qui enregistre les mouvements oculaires du sujet par le moyen de rayons infrarouges, on peut connaître rapidement les éléments du message qui retiennent le plus l’attention. Mais par la suite, c’est de l’incitation à acheter que vont dépendre les ventes. Les psychophysiologistes disent pouvoir vérifier la présence de cette incitation en étudiant les réactions du cerveau. Une vérité demeure cependant: “Un message publicitaire télévisé est d’autant plus convaincant qu’il est agréable”, affirme le Centre Ogilvy de recherche et de développement.
[Illustration, page 8]
Au Japon, la publicité a eu une incidence considérable sur le marché des diamants sertis.
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La publicité — Une arme puissante du christianismeRéveillez-vous ! 1988 | 8 février
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La publicité — Une arme puissante du christianisme
APRÈS la mort de Jésus Christ, les premiers chrétiens furent dispersés et persécutés. Voici ce que dit à leur sujet le professeur K. Latourette dans son Histoire du christianisme: “Les chrétiens furent qualifiés d’athées parce qu’ils refusaient de participer aux cérémonies païennes. Étant donné qu’ils s’abstenaient dans une large mesure de prendre part à la vie de la communauté, — aux fêtes païennes, aux divertissements publics qui, selon eux, étaient entachés de croyances et de pratiques païennes ainsi que d’impureté, — on les traitait avec dérision d’ennemis du genre humain.”
Que le christianisme ait survécu et se soit répandu dans le monde connu à l’époque en dépit d’une telle opposition, voilà qui est tout à fait extraordinaire. Comment cela a-t-il été possible? Une part du secret réside dans la prédication, qui est une forme de publicité!
Dans son livre L’Église primitive et le monde (angl.), le professeur C. Cadoux parle de Jésus comme d’un prédicateur et enseignant persuasif. Il écrit: “Son art de la persuasion devait s’appuyer aussi bien sur ses paroles que sur ses actes. D’où l’obligation d’avoir une vie et un enseignement publics. (...) C’est la plupart du temps en public que commençait son enseignement — et ses disciples faisaient de même.” À propos de l’activité des disciples après la mort de Jésus, le professeur Cadoux ajoute: “Ils recherchaient la publicité. Les témoins annonçaient le message avec une grande franchise.”
Quel genre de personnes étaient-ils? Voici comment Edmond de Pressensé les présente dans son livre Histoire des trois premiers siècles de l’Église chrétienne: “L’enseignement n’avait pas la forme d’une prédication proprement dite; c’était une parole soudaine jaillissant du cœur. Les apôtres n’étaient pas seuls à prendre la parole; les autres chrétiens parlaient comme eux spontanément des choses magnifiques de Dieu.” Les chrétiens étaient leurs propres agents de publicité, chacun d’eux ayant à cœur de communiquer sa foi à autrui par la prédication et l’enseignement.
Dans son livre Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, Edward Gibbon signale que “les grands chemins qui avaient été construits pour l’usage des légions [romaines] ouvraient aux missionnaires de l’Évangile une route facile depuis Damas jusqu’à Corinthe, depuis les confins de l’Italie jusqu’aux extrémités de l’Espagne et de la Bretagne (...). Tout nous porte à croire que la foi avait été prêchée dans toutes les provinces et dans toutes les grandes villes de l’empire, avant les règnes de Dioclétien et de Constantin”.
Pour propager leur foi, les chrétiens employèrent tous les moyens disponibles. C’est ce que révèle le traducteur biblique Edgar Goodspeed dans son livre Le christianisme et l’imprimerie (angl.): “Ils achetaient et lisaient plus d’ouvrages que la moyenne. Ils traduisaient et prêchaient également. (...) [En 140 de notre ère], les prédicateurs chrétiens (...) utilisèrent le livre à feuilles, le codex, et le trouvèrent si pratique (...) que son emploi devint une de leurs caractéristiques.”
La proclamation au XXe siècle
De nos jours, les Témoins de Jéhovah se montrent aussi zélés et dynamiques que leurs prédécesseurs du Ier siècle pour proclamer la foi chrétienne dans le monde — et pour utiliser des moyens modernes. Considérez ces étapes marquantes du XXe siècle:
● 1914. “Le Photo-Drame de la Création.” Il s’agissait d’une projection d’images fixes mêlées à des images animées synchronisées avec des discours et de la musique enregistrés. On avait fait œuvre de pionnier dans le domaine du film sonore.
● 1920. “Des millions d’hommes actuellement vivants ne mourront jamais.” Pendant deux ans, on attira l’attention des foules sur ce discours public et sur le livre qui en avait été tiré. On eut recours aux panneaux d’affichage et à la publicité dans les journaux pour appuyer une campagne mondiale qui visait à toucher les gens individuellement.
● 1922. “Annoncez le Roi et le Royaume.” Il s’agissait du thème stimulant de l’assemblée de Cedar Point, dans l’Ohio (États-Unis). L’exhortation à ‘annoncer, annoncer, annoncer le Roi et son Royaume’ montra aux Témoins de Jéhovah que chacun devait désormais prendre part à la proclamation publique du Royaume.
● 1924. WBBR, la station de radiodiffusion de la Société Watch Tower. Elle fut créée afin de tirer parti des toutes premières transmissions radiophoniques. En 1933, année record, 408 stations faisaient connaître le message de la Bible dans six continents.
● 1934. Le phonographe portatif et le disque 78 tours. Pendant dix ans, les Témoins de Jéhovah utilisèrent ce moyen de communication, très moderne à l’époque. Ils fabriquèrent environ 20 000 phonographes pour répondre à la demande.
Un formidable témoignage final
En 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin, les Témoins de Jéhovah étaient sur le point de donner à l’œuvre de prédication une dimension jamais atteinte. Jésus avait dit que, s’ils avaient foi, ses disciples ‘feraient des œuvres plus grandes’ que les siennes. Il voulait parler de l’étendue de la prédication. Cette prophétie s’est révélée on ne peut plus exacte. — Jean 14:12.
Au cours de l’année 1987, quelque 3 400 000 Témoins dans 210 pays ont consacré plus de 700 millions d’heures à la prédication et à l’enseignement. “Quel que soit l’endroit de la terre où vous vivez, il est très difficile de ne pas rencontrer des Témoins de Jéhovah”, écrit Jack Roundhill, pasteur de l’Église anglicane. Il ajoute: “Ils donnent leur témoignage sur les places de marché, du haut d’une estrade, et partout où ils trouvent un auditoire. Mais la méthode caractéristique des Témoins consiste à faire pénétrer le message dans le foyer même de quiconque leur ouvre la porte. Bien souvent, ils ne dépassent pas le seuil de la maison et c’est alors le pas de la porte qui leur sert de chaire.”
Cette forme de publicité orale produit une moisson abondante puisque plus de 230 000 nouveaux Témoins ont été baptisés au cours de l’année écoulée. Près de neuf millions de personnes se sont réunies dans les Salles du Royaume à l’occasion du Mémorial, la commémoration annuelle de la mort de Jésus Christ.
Leurs nombreuses imprimeries implantées dans le monde entier déversent un flot sans cesse croissant de millions de livres, de brochures et de dépliants dans plus de 200 langues. Avec un tirage confondu de 46 millions d’exemplaires par mois, Réveillez-vous! et La Tour de Garde sont les revues religieuses les plus diffusées dans le monde. Mais elles n’ont jamais renfermé de publicités commerciales. En outre, un des livres édités par les Témoins de Jéhovah, La vérité qui conduit à la vie éternelle, a été imprimé à plus de 106 millions d’exemplaires en 116 langues. Parmi leurs autres ouvrages bibliques, certains atteignent un tirage de plusieurs dizaines de millions d’exemplaires.
Les Témoins de Jéhovah sont non seulement zélés, mais également bien équipés pour annoncer le Roi et son Royaume, ce Gouvernement juste qui va bientôt prendre en main les affaires de la terre. Avec une telle perspective à faire connaître, leur publicité enthousiaste est effectivement une arme puissante pour les chrétiens.
[Illustrations, page 9]
On utilisait des phonographes pour prêcher.
À l’époque, le Photo-Drame attira de nombreux spectateurs.
[Illustrations, page 10]
Les Témoins prêchent aujourd’hui dans plus de 200 pays.
Les Témoins annoncent le Royaume de Dieu dans environ 54 000 congrégations.
Dans le monde entier, des centaines de millions de publications bibliques éditées en quelque 200 langues sortent de presses comme celle-ci.
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